LE SECRETAIRE GENERAL PLACE LE 57EME DEBAT GENERAL SOUS LE SIGNE DE VALEURS INCONTOURNABLES DU MULTILATERALISME, CONSACREES PAR LA CHARTE
Assemblée générale AG/1308
2ème Séance- matin 12 septembre 2002
LE SECRETAIRE GENERAL PLACE LE 57EME DEBAT GENERAL SOUS LE SIGNE DE VALEURS INCONTOURNABLES DU MULTILATERALISME, CONSACREES PAR LA CHARTE
Le Président Bush demande à la communauté internationale
de ne plus permettre au régime iraquien de bafouer l’autorité de l’Organisation
L’action multilatérale est notre seul espoir de prévenir efficacement et durablement le terrorisme, a déclaré, en substance ce matin, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, lançant ainsi le débat général de la 57ème session de l’Assemblée générale. Aucun Etat, si grand ou si petit soit-il, ne peut choisir ou rejeter la voie du multilatéralisme en fonction de ce qui lui convient sur le plan politique, a-t-il clairement averti, ajoutant que plus un pays a recours aux institutions multilatérales, plus il a de chances de jouer réellement un rôle de chef de file. Et dans ce contexte, l’ONU joue bien entendu un rôle tout particulier.
Rien ne saurait remplacer la légitimité que seule l’ONU peut conférer, dans le cas où les Etats décident de faire usage de la force face à une menace sur la paix et la sécurité mondiales. Et le Secrétaire général de rappeler qu’il y a 12 ans, pour libérer le Koweït, les Etats Membres ont montré qu’ils étaient disposés à prendre, sous l’autorité du Conseil de sécurité, des mesures qu’ils n’auraient pas voulu prendre autrement. Responsable du système de sécurité internationale, le Conseil doit donc avant de se saisir d’un différend, aux yeux de M. Annan, se demander avant toute chose si la paix mondiale est gravement menacée.
Une menace qui dans le cas de l’Iraq ne fait aucun doute, pour M. George Bush, Président des Etats-Unis. Le régime de Saddam Hussein personnifie selon lui la plus grande crainte que l’on puisse avoir, à savoir la crainte que les terroristes trouvent un régime hors-la-loi sympathisant prêt à leur fournir les technologies qui leur permettent de commettre des meurtres en masse. Des membres d’Al-Qaïda se trouveraient d’ailleurs sur le sol iraquien, a indiqué M. Bush. En dépit des engagements pris au lendemain de la guerre du Golfe, le dirigeant iraquien n’a eu que mépris et dédain à l’égard des multiples résolutions du Conseil de sécurité. Croire en la bonne foi de ce régime est en fait mettre sur la sellette la vie de millions de personnes et la paix du monde : un risque que nous n’avons pas le droit de prendre. Aujourd’hui, ayant tout essayé, l’ONU se trouve à la croisée des chemins et doit décider si elle veut véritablement remplir sa mission ou perdre simplement sa pertinence. Les Etats-Unis vont donc travailler avec le Conseil à l’élaboration d’une nouvelle résolution, mais si l’Iraq l’ignore
(à suivre)
à nouveau, alors il faudra agir de manière déterminée et lui demander de rendre compte, a clairement prévenu M. Bush. Il a fait ainsi écho au Secrétaire général qui avait reconnu que si l’Iraq continuait de braver le Conseil de sécurité, ce dernier devrait faire face à ses responsabilités.
La guerre contre le terrorisme ne doit toutefois pas servir de prétexte pour semer la haine contre l’Islam et les musulmans, a, pour sa part, mis en garde le Président du Pakistan, le Général Pervez Musharraf. Il a, à cet égard, demandé à l’Assemblée générale d’adopter une déclaration sur la compréhension religieuse et culturelle, l’harmonie et la coopération. De l’avis du Président pakistanais, comme de celui du Président de l’Afrique du Sud, en cette ère de mondialisation, la guerre la plus importante à mener, n’est pas tant celle contre le terrorisme que celle contre la pauvreté. Du Sommet du Millénaire à celui de Johannesburg, en passant par Doha et Monterrey, les cibles de cette guerre ont été clairement définies et ce qu’il faut désormais, c’est pleinement respecter les engagements pris. Pour ce faire, M. Mbeki a estimé que l’ONU et ses institutions spécialisées devraient donner la priorité au développement des ressources humaines et du renforcement des capacités nationales, à la modernisation de l’économie africaine et à la gestion du problème de la dette. Le Président péruvien, M. Alejandro Toledo, a, quant à lui, proposé la création d’un mécanisme de solidarité financière pour la défense de la démocratie et de la bonne gouvernance, alors qu’au nom de l’Union européenne, le Premier Ministre du Danemark, M. Anders Fogh Rasmussen, suggérait que le système des Nations Unies assure le suivi de la mise en œuvre des objectifs et de l’agenda du Sommet pour le développement durable.
Un enthousiasme que le Président du Zimbabwe, M. Robert Mugabe, n’a guère partagé estimant que le Sommet de Johannesburg avait montré le manque de volonté de certains pays développés de s’engager plus avant dans la réalisation des objectifs internationaux définis, préférant se retrancher derrière des conditions de plus en plus complexes liées à la démocratie, à la bonne gouvernance et au respect des droits de l’homme dans le monde en développement.
Si les suggestions ont été variées, le mot d’ordre est lui resté le même, de la lutte contre le terrorisme à celle contre la pauvreté et les maladies: le succès ne sera au rendez-vous que par le biais des Nations Unies et de la coopération que chacun doit entretenir avec cette Organisation réellement universelle.
L’Assemblée générale a également entendu le Président de la Bulgarie, M. Georgi Parvanov ; la Présidente de la Lettonie, Mme Vaira Vike-Freiberga ; le Président de la Lituanie, M. Valdas Adamkus ; le Président de Nauru, M. René Harris, et le Ministre des affaires étrangères du Brésil, M. Celso Lafer.
Le débat général se poursuivra cet après-midi à 15 heures, avec notamment les allocutions de MM. Hamid Karzaï, Président de l’Afghanistan, et Vojislav Kostunica, Président de la République fédérale de Yougoslavie.
Déclaration du Secrétaire général
Au lendemain du premier anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001, M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a estimé que ces actes criminels étaient une manifestation extrême d’un fléau planétaire devant lequel le monde entier doit réagir sans fléchir, sur tous les fronts. Pour lui, on ne viendra à bout du terrorisme que si toutes les nations unissent leurs forces pour le vaincre et s’arment de patience et de persévérance. Et cette démarche ne peut aboutir que si l’on utilise au mieux les institutions multilatérales, ajoutant que c’était d’ailleurs le multilatéraliste qu’il est par tradition, par principe, par devoir et en vertu de la Charte des Nations Unies qui s’adresse à l’Assemblée générale aujourd’hui. Tous les États ont manifestement intérêt à soutenir le droit international et à maintenir l’ordre international. A la vérité, ce n’est pas seulement leur intérêt, mais aussi incontestablement leur responsabilité, a insisté M. Annan. Les pères fondateurs de l’Organisation avaient compris qu’en acceptant un exercice conjoint de la souveraineté, les États pourraient avoir une meilleure prise sur les problèmes qu’aucun d’entre eux ne pourrait résoudre seul. Aujourd’hui, à l’heure de la mondialisation, très rares sont les problèmes auxquels une quelconque nation peut prétendre faire face seule et même les pays les plus puissants savent qu’il leur faut collaborer avec d’autres, dans le cadre des institutions multilatérales, s’ils veulent parvenir à leurs fins. L’action multilatérale est notre seul espoir de donner aux populations des pays les moins avancés la possibilité d’échapper aux horreurs de la pauvreté, de l’ignorance et de la maladie.
Un précepte encore plus vrai, aux yeux du Secrétaire général, dans le cas de la prévention du terrorisme. Un État peut réagir en frappant le groupe terroriste qui l’a attaqué ou le pays qui abrite celui-ci. Mais le seul espoir réel de barrer le chemin aux terroristes passe par une concertation, une vigilance et une coopération auxquelles participent tous les États, l’information circulant entre eux en permanence et de manière systématique. Dans ce domaine, aucun État, si grand ou si petit soit-il, ne peut choisir ou rejeter la voie du multilatéralisme en fonction de ce qui lui convient sur le plan politique, a affirmé le Secrétaire général, ajoutant que les répercussions de ce choix dépassent largement le contexte immédiat. Plus un pays a recours aux institutions multilatérales – c’est-à-dire plus il respecte les valeurs communes et accepte les obligations et les contraintes qui en découlent –, plus il gagne la confiance et le respect des autres, et plus il a de chances de jouer réellement un rôle de chef de file. Dans ce contexte, l’ONU, organisation universelle, occupe une place toute particulière. Au-delà du droit naturel de légitime défense, inscrit à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, si les États décident de faire usage de la force face à des menaces plus générales pesant sur la paix et la sécurité internationales, rien ne saurait remplacer la légitimité que seule l’ONU peut conférer, a-t-il clairement averti. Il a rappelé, à cet égard, que les États Membres avaient montré, il y a 12 ans pour libérer le Koweït, qu’ils étaient disposés à prendre sous l’autorité du Conseil de sécurité des mesures qu’ils n’auraient pas voulu prendre autrement. C’est en effet sur l’autorité du Conseil que repose l’existence d’un système de sécurité internationale efficace et la première question qu’il doit se poser pour décider de se saisir ou non d’un différend n’est pas de savoir si les parties sont prêtes à l’écouter, mais si la paix mondiale est gravement menacée.
Or, pour le Secrétaire général, quatre menaces pèsent aujourd’hui sur la paix mondiale et face auxquelles le besoin se fait terriblement sentir d’une véritable autorité et d’une action efficace. Il s’agit premièrement du conflit israélo-palestinien. Il faut s’atteler de nouveau à la recherche d’un règlement global, qui seul peut apporter la paix et la sécurité aux deux peuples. On sait bien quelle forme prendra en définitive un règlement de paix au Moyen-Orient. Les principes en ont été définis en effet depuis longtemps par le Conseil de sécurité dans ses résolutions 242 et 338, puis encore plus précisément dans sa résolution 1397 : c’est le principe de “la terre contre la paix”; c’est la fin de l’occupation et de la terreur; ce sont deux États vivant côte à côte, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues. La méthode par étapes a échoué et il faut maintenant agir rapidement sur tous les fronts à la fois, a estimé M. Annan, avant de demander à ce que la conférence de paix internationale prônée par le Quatuor ait lieu sans délai. Il s’agit deuxièmement du fait que les dirigeants de l’Iraq continuent à faire fi des résolutions impératives du Conseil de sécurité, placées sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Il faut donc continuer à s’efforcer d’obtenir que l’Iraq se conforme à ces textes. A cet égard, le Secrétaire général a demandé à tous ceux qui ont l’oreille des dirigeants iraquiens de leur faire comprendre qu’il faut absolument qu’ils acceptent la reprise des inspections, premier pas indispensable si l’on veut que les sanctions soient suspendues et, à terme, levées. Mais, a-t-il prévenu, si l’Iraq continue de braver le Conseil de sécurité, celui-ci devra faire face à ses responsabilités.
L’Afghanistan constitue pour le Secrétaire général la troisième menace à désamorcer et, pour ce faire, il a exhorté tous les dirigeants de la communauté internationale à ne pas fléchir dans leur attachement à cette cause. C’est en effet parce que la communauté internationale a honteusement négligé l’Afghanistan pendant les années 90 que le pays a sombré dans l’anarchie, offrant des conditions favorables au développement d’Al-Qaïda. Aujourd’hui, l’Afghanistan a besoin qu’on l’aide, d’urgence, sur deux plans. Il faut aider le Gouvernement à établir son autorité sur tout le territoire, et il faut aussi que les donateurs s’acquittent de leurs engagements en contribuant aux efforts de redressement, de reconstruction et de développement. La quatrième menace enfin se situe en Asie du Sud, puisque le monde est passé très près d’un conflit direct entre deux pays dotés d’une capacité nucléaire. Et si la situation s’est calmée, elle reste dangereuse, a mis en garde M. Annan. Il a donc recommandé que l’on s’attaque à ses causes profondes et a estimé, que si une nouvelle crise éclatait, la communauté internationale pourrait avoir un rôle à jouer. En conclusion, le Secrétaire général a demandé aux dirigeants mondiaux d’honorer l’engagement pris il y a deux ans au Sommet du Millénaire, celui de “faire de l’Organisation des Nations Unies un instrument plus efficace” au service des peuples du monde entier. Nous devons tous être conscients, dans les capitales de tous nos pays, petits et grands, que l’intérêt de la planète n’est autre que l’intérêt de chacun de nos pays
Ouverture du débat général
M. CELSO LAFER, Ministre des affaires étrangères du Brésil, s’est félicité de l’entrée prochaine au sein des Nations Unies du Timor oriental et l’arrivée de ce nouveau pays au sein de la communauté des États lusophones. Il a également souhaité la bienvenue à la Suisse en tant que nouveau Membre des Nations Unies. En ces temps difficiles, le Brésil considère que le multilatéralisme est le principe directeur des relations entre les États. Le Président brésilien, M. Fernando Henrique Cardoso, a mis l’accent au cours de ses huit années de mandat, sur les questions prioritaires suivantes: renforcer la prise de décision démocratique; combler le déficit de gouvernance dans les relations internationales; développer la conception d’une nouvelle architecture financière et fournir des solutions efficaces pour lutter contre la volatilité des flux de capitaux; promouvoir un commerce multilatéral équilibré et juste; corriger les distorsions résultant de la mondialisation de l’économie qui ne s’accompagnent pas du processus correspondant en matière de mondialisation politique et institutionnelle; réaffirmer les valeurs des droits de l’homme et du développement durable. Ce sont des défis que le Brésil ne peut relever tout seul. C’est pourquoi, le Président Cardoso souhaite renforcer le MERCOSUR en même temps que l’intégration des États d’Amérique du Sud, comme un instrument de promotion de la paix, de coopération et d’une meilleure compétitivité.
Le Brésil se dit prêt à participer à l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, et soutient la Cour pénale internationale et place le développement social au centre de ses priorités. De même, il souhaite promouvoir le désarmement nucléaire et des armes conventionnelles. Le problème du flux des capitaux, du protectionnisme et toutes les formes de barrières commerciales qui continuent d’étouffer les économies des pays en développement sont d’autres domaines qui préoccupent le Brésil. S’agissant de la question de l’Iraq, le Gouvernement brésilien réaffirme qu’il incombe au Conseil de sécurité de déterminer les mesures nécessaires pour assurer le plein respect des résolutions pertinentes, réduire les tensions et éviter des conséquences dévastatrices. Par ailleurs, le Brésil appuie la création d’un État palestinien sûr et économiquement viable, ainsi que le droit d’Israël de vivre en toute sécurité dans des frontières internationalement reconnues. Plus les défis sont grands, plus il est nécessaire de trouver des réponses grâce à des décisions communes, car seul le dialogue permettra une coalition unie de nations. Il faut défendre les règlements négociés par le biais du multilatéralisme. A cet égard, la réaction de la communauté internationale après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 a été exemplaire. Des solutions à tous les fléaux du monde exigent une coopération internationale et une réponse multilatérale. Le Conseil de sécurité doit être réformé par un élargissement de la composition de ses membres dans un souci de légitimité.
M. GEORGE W. BUSH, Président des États-Unis d’Amérique, a déclaré qu’un an et un jour après l’attaque terroriste qui a endeuillé son pays et de nombreux autres, il est urgent aujourd’hui de protéger d’autres vies humaines, sans illusion et sans crainte. L’Organisation des Nations Unies est née de l’espoir de voir le monde progresser vers la justice et échapper aux vieux schémas des conflits et de la peur. Le Conseil de sécurité a été établi pour qu’à l’inverse de la Société des Nations, les délibérations soient plus que de simples paroles et que les résolutions soient plus que des vœux pieux. La communauté internationale s’est alors engagée en faveur d’un système de sécurité défendu par tous. Or, aujourd’hui, ces normes de dignité humaine et ce système de sécurité sont remis en question.
La défense de la dignité humaine est mise en péril par la persistance de la pauvreté et des maladies. Les souffrances sont énormes et nos responsabilités à cet égard sont claires. Pour témoigner de leur contribution à cette lutte, les États-Unis rejoindront bientôt à nouveau les rangs de l’UNESCO. Cette Organisation ayant été réformée, les États-Unis participeront désormais pleinement à sa mission de défense des droits de l’homme, de tolérance et de connaissance. La sécurité mondiale est, quant à elle, mise en péril, par les conflits régionaux qui font rage. Au Moyen-Orient, par exemple, où il n’y aura pas de paix sans liberté pour les deux parties, de chaque côté. Les États-Unis appuient l’idée d’une Palestine indépendante et démocratique, vivant aux côtés d’Israël en paix et en toute sécurité. Ils continueront donc d’encourager les parties à s’acquitter de leurs responsabilités dans la recherche d’un règlement juste et global du conflit.
Mais c’est avant tout par des groupes hors-la-loi et des régimes qui n’acceptent aucune morale et aucune limite à leurs ambitions violentes que nos principes et notre sécurité sont menacés, a averti le Président Bush. Cette menace se tapit dans de nombreuses nations, y compris aux États-Unis La plus grande crainte à avoir est que les terroristes trouvent un régime hors-la-loi sympathisant, prêt à leur fournir les technologies qui leur permettent de commettre des meurtres en masse. Or, tous ces dangers, dans leur forme la plus mortelle et la plus agressive, sont rassemblés en un lieu et en un régime. Il y a 12 ans, l’Iraq envahissait le Koweït sans provocation et si Saddam Hussein avait été apaisé au-lieu d’être arrêté dans sa course, il aurait tout simplement mis en danger la paix et la stabilité du monde. En retour de la cessation des hostilités, le dictateur iraquien a accepté un certain nombre de conditions. Au lieu de s’y conformer, il n’a montré que mépris pour l’ONU, rompant chacun de ses engagements. Il s’est ainsi condamné lui-même.
En 1991, le Conseil de sécurité a exigé que l’Iraq renonce à toute implication et à toute aide au terrorisme: une autre promesse non tenue. Le pays continue de soutenir des organisations terroristes menant des actions violentes contre plusieurs pays dont des pays occidentaux. Aujourd’hui, des membres d’Al-Qaïda se trouveraient dans le pays. En 1991, l’Iraq s’est aussi engagé à détruire et à stopper le développement de toutes les armes de destruction massive et à accepter des inspections rigoureuses. Or, l’Iraq a bafoué cet engagement fondamental de A à Z. Les inspections menées par les Nations Unies ont démontré que le pays conservait des stocks de gaz moutarde et autres armes biologiques et que le régime détenait toujours l’infrastructure nécessaire à la production d’une arme nucléaire. A vrai dire, il ne lui manque plus que d’acquérir de la matière fissile pour produire en moins d’un an une telle arme, a prévenu M. Bush. En 12 ans, Saddam Hussein s’est joué des multiples résolutions du Conseil de sécurité. Croire en la bonne foi de ce régime est en fait mettre sur la sellette la vie de millions de personnes et la paix du monde; un risque que nous n’avons pas le droit de prendre, a insisté le Président américain. L’attitude iraquienne est aussi une menace à l’autorité des Nations Unies. L’Organisation se trouve donc à une croisée des chemins, va-t-elle faire respecter ses résolutions, va-t-elle servir sa mission ou va-t-elle simplement perdre sa pertinence ? Les nations qui la composent doivent aujourd’hui faire clairement entendre au régime iraquien ce qu’elles veulent. Si ce régime veut la paix, il doit, entre autres, immédiatement détruire toutes les armes de destruction massive et arrêter tout trafic illicite mené hors du Programme «pétrole contre nourriture». Alors, l’ONU pourra examiner la possibilité d’aider à établir dans le pays un Gouvernement représentant l’ensemble des Iraquiens. Les États-Unis vont travailler avec le Conseil de sécurité à l’élaboration d’une nouvelle résolution afin d’atteindre ces objectifs communs. Mais si l’Iraq méprise à nouveau la communauté internationale, il faudra agir de manière déterminée et exiger du régime iraquien qu’il rende compte, car après avoir perdu sa légitimité, il perdra aussi son pouvoir. Certes, le résultat n’est pas assuré, a reconnu M. Bush en conclusion, mais les États-Unis, par tradition et par choix, défendront à tout prix la sécurité, la primauté du droit et l’espoir; une attitude que les membres des Nations Unies ont aussi le pouvoir d’adopter.
M. THABO MBEKI, Président de l’Afrique du sud, a rappelé qu’il y a deux ans, les dirigeants du monde se réunissaient ici même pour réaffirmer, par le biais de la Déclaration du Millénaire, leur détermination à réaliser les objectifs de paix, de prospérité et de justice. Aucun des dirigeants qui a pris la parole à cette occasion ne savait qu’un an après, la paix aux États-Unis et dans le reste du monde serait brutalement compromise par les attaques meurtrières du 11 septembre. Nous avons à présent le devoir collectif de réaffirmer notre détermination à créer un monde exempt de la menace du terrorisme et de faire en sorte que cette Organisation déploie tous les efforts nécessaires pour assurer la paix. C’est à l’accomplissement de cette tâche que cette Assemblée générale doit consacrer ses efforts. Les peuples d’Afrique se sont unis pour relever ce défi en constituant l’Union africaine fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies. Cette Union est le résultat de la transformation de l’Organisation de l’unité africaine qui a permis de créer l’unité et l’indépendance de l’Afrique pendant près de quarante ans. Son programme de revitalisation socioéconomique est le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui doit nous aider à éradiquer la pauvreté et le sous-développement du continent et de réaliser les objectifs contenus dans la Déclaration du Millénaire.
M. Mbeki, au nom des peuples unis de l’Afrique, s’est également félicité des processus de paix encourageants en Angola, au Burundi, en République démocratique du Congo, au Soudan et aux Comores qui permettent à des millions d’Africains de réaffirmer leur foi dans le caractère sacré de la vie humaine et de s’atteler à la reconstruction de leur pays. L’Afrique du Sud est également convaincue que les Nations Unies entendent travailler étroitement avec l’Union africaine. Les Nations Unies et leurs institutions spécialisées doivent donner la priorité au développement des ressources humaines et des capacités, à la modernisation de l’économie africaine et à la gestion du problème de la dette. Elles doivent également s’efforcer d’accélérer l’émancipation des femmes, de combattre les maladies transmissibles et de lutter contre la dégradation de l’environnement.
Le Sommet de Johannesburg qui s’est tenu récemment a permis de confirmer la nécessité de coopérer en vue d’assurer une prospérité accessible à tous par le biais du développement durable. Les États Membres se sont engagés à fournir les moyens financiers et techniques nécessaires à la réalisation des objectifs définis dans le Plan d’action. Il est très important que les accords conclus soient mis en oeuvre. Cependant, les objectifs définis ne pourront être réalisés que par le biais de la coopération avec les Nations Unies, car le système multilatéral de la gouvernance mondiale est la seule réponse internationale aux défis que nous devons relever, en particulier celui de la mondialisation.
Cela a été un plaisir pour l’Afrique du Sud de présider pendant quatre ans le Mouvement des pays non alignés. Ce Mouvement a tenu un dialogue constant entre les pays du Nord et les pays du Sud qui a permis de confirmer que les éléments de l’avenir de l’humanité sont interdépendants. Le Mouvement des pays non alignés demeure engagé sur la voie d’un règlement pacifique de tous les conflits, y compris en Palestine et en Israël, de même qu’en Iraq, en respect des résolutions pertinentes des Nations Unies. Les programmes internationaux et régionaux doivent permettre d’assurer que la mondialisation devienne une force positive pour tous les peuples du monde et un processus utile qui apportera un développement durable profitable à tous.
M. ALEJANDRO TOLEDO, Président de la République du Pérou, a réaffirmé l’engagement de son gouvernement et de son peuple dans la lutte pour la démocratie et la sécurité internationale. Réaffirmant sa condamnation des horribles attentats terroristes du 11 septembre 2001, le Pérou s’associera à tous les efforts mis en œuvre pour lutter contre le terrorisme international dans le respect du droit international, des conventions internationales en vigueur, de la démocratie et des droits de l’homme. Le Pérou a eu la triste expérience de vivre quinze années de violences terroristes qui ont coûté la vie à plus de 20 000 personnes et causé des pertes matérielles s’élevant à de nombreux milliards de dollars. Conscient que la paix est la principale valeur que les pays partagent, le Gouvernement péruvien privilégie comme axe principal de sa politique étrangère, la limitation des dépenses d’armements au niveau régional, avec l’objectif de libérer ces ressources au profit de l’investissement social et la lutte contre la pauvreté. En 2002, le Pérou a décidé de réduire de 20% ses dépenses militaires au profit de l’éducation, de la santé et du développement social. Conformément aux dispositions de la Convention d’Ottawa, le Gouvernement péruvien a engagé la destruction de son arsenal de mines antipersonnel. Il soutient en outre la création d’une zone de paix et de coopération sud-américaine ainsi que la Charte andine pour la paix et la sécurité adoptée en juin dernier par les Ministres des affaires étrangères de la communauté andine.
En juillet dernier, le Gouvernement péruvien a signé l’Accord national, qui a permis pour la première fois dans le pays aux institutions politiques et aux représentants de la société civile de convenir des priorités de la politique de État dans des domaines comme la démocratie, l’égalité et la justice sociale, la compétitivité et la transparence dans les affaires politiques et publiques. C’est sur l’initiative du Pérou qu’a été signée la Charte pour la démocratie interaméricaine approuvée par l’Organisation des États américains en septembre 2001, comme un effort visant à intégrer les normes d’actions collectives dans la région. Le Pérou est conscient de la nécessité de soutenir le multilatéralisme pour renforcer les démocraties et c’est pourquoi, il propose la création d’un mécanisme de solidarité financière pour la défense de la démocratie et de la bonne gouvernance, notamment en direction des jeunes démocraties et des démocraties les plus fragiles. Nous sommes engagés à faire face aux grands défis de notre temps et, notamment le terrorisme international, par le biais de la promotion de la démocratie dans un monde plus juste et plus solidaire. C’est pourquoi, le Pérou soutient la réforme de l’Organisation des Nations Unies et du Conseil de sécurité dans le souci de démocratiser le processus de décisions et de faciliter les relations entre ses plus importants organismes.
M. PERVEZ MUSHARRAF, Président du Pakistan, a rappelé que l’Assemblée générale s’est réunie l’an passé sous le spectre de l’attaque terroriste qui a frappé New York. L’horreur qui a régné ce jour là a galvanisé la communauté internationale et l’a mené à combattre ce mal des temps modernes qui menace de déstabiliser nos sociétés. Le Pakistan est à l’avant-poste de cette lutte et a consenti à cet effet de grands sacrifices. Il est résolu à empêcher quiconque d’utiliser son territoire à des fins terroristes, que les actes soient commis au Pakistan ou en dehors. Malheureusement, certains veulent utiliser la guerre contre le terrorisme et en faire un vecteur de haine contre l’Islam et les musulmans. Or, le terrorisme n’a ni foi, ni religion et en cette ère de mondialisation, la diversité religieuse et culturelle ne devrait en aucune manière servir une nouvelle confrontation idéologique. C’est pourquoi, M. Musharraf a proposé que l’Assemblée générale examine l’adoption d’une déclaration sur la compréhension religieuse et culturelle, l’harmonie et la coopération. Il faut aussi avant tout s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, notamment le sentiment de frustration et d’impuissance devant une injustice persistante. Les actes de terrorisme perpétrés par des groupes ou des individus ne doivent pas servir de prétexte pour mettre hors-la-loi la lutte juste d’un peuple pour son autodétermination et sa libération d’une occupation étrangère. Lutter contre ces actes ne peut non plus justifier le terrorisme d’État.
Abusant de cette guerre contre le terrorisme, l’Inde s’efforce de «délégitimer» la lutte pour la liberté au Cachemire. Les élections que l’Inde prévoit d’y tenir, une fois de plus truquées, ne contribueront pas à la paix et à l’inverse, la feront reculer. Le peuple du Jammu et Cachemire doit pouvoir exercer son droit à l’autodétermination conformément à ce que prévoient les résolutions pertinentes des Nations Unies. Le Pakistan n’engagera pas une guerre avec l’Inde, mais si un conflit lui est imposé, alors il exercera pleinement et efficacement son droit à l’autodéfense, a prévenu le Président Musharraf. La gestion de crise ne peut pas se substituer à la recherche d’un règlement politique et le dialogue doit reprendre entre les deux, sur la base de l’accord conclu avec le Premier Ministre indien, M. Vajpayee. Toutefois, le Pakistan estime que la population du Cahemire doit pleinement y être associée. Pour assurer une paix et une stabilité durable dans la région, toute solution à la question du Cachemire devrait s’accompagner de mesures sur la retenue nucléaire et l’équilibre en armement conventionnel entre les deux pays. La communauté internationale doit combattre l’extrémisme hindou qui fleurit en Inde et donne lieu à de nombreux massacres, ayant notamment causé la mort de 2 000 musulmans innocents à Gujrat en février dernier.
Le Pakistan, quant à lui, s’attache à restaurer sa tradition d’un Islam tolérant et à se transformer en un État islamique progressiste, moderne et démocratique. Depuis trois ans, les fondations d’un développement et d’une démocratie durables ont été posées et dans un mois, les élections nationales et provinciales qui auront lieu, viendront compléter cet édifice de restauration de la démocratie. Dans le même ordre d’idées, le Pakistan se félicite des changements positifs intervenus en Afghanistan et appuie pleinement le Président Karzaï. La pleine application des Accords de Bonn et des engagements de Tokyo est essentielle au succès des efforts accomplis dans ce pays, a estimé M. Musharraf, ajoutant qu’il est aussi fondamental assurer une sécurité véritable à Kaboul et dans les autres centres du pays au moyen d’une présence internationale étendue, ainsi que la récente tentative d’assassinat contre le Président Karzaï l’a clairement démontré. La communauté internationale doit aussi relancer rapidement le processus de paix au Moyen-Orient. Mais à l’heure de la mondialisation, la lutte la plus importante à mener est, aux yeux du Président pakistanais, celle contre la pauvreté. Les cibles de cette guerre ont été clairement définies au Sommet du Millénaire, à Doha, à Monterrey et à Johannesburg et il faut continuer à respecter les engagements pris. Il faut aussi réformer le système bancaire international pernicieux qui a cours actuellement, afin notamment de lutter véritablement contre la corruption. La communauté internationale doit saisir l’élan de l’esprit d’humanisme mondial qui se fait jour pour faire avancer la cause de la prospérité et de la paix universelle. Un travail qui ne peut être réalisé que par l’intermédiaire des Nations Unies.
M. GEORGI PARVANOV, Président de la Bulgarie, a estimé que cette session de l’Assemblée générale doit être l’occasion de relever les défis posés à la paix et à la sécurité internationale, en premier lieu la lutte contre le terrorisme. Cette session doit également permettre de contribuer au règlement des problèmes continuels du sous-développement, de la pauvreté et de la propagation des maladies. Malheureusement, l’ordre du jour de cette Assemblée générale est toujours dominé par les crises et les conflits régionaux dans le monde entier. A cet égard, la Bulgarie souscrit aux efforts pour la réalisation d’une paix juste et durable au Moyen-Orient. Le Gouvernement bulgare partage l’idée selon laquelle la paix dans la région ne sera réalisée que sur la base du dialogue et de la coopération entre les parties concernées et par un engagement actif du Quatuor dans le processus de paix. Le Gouvernement afghan a, quant à lui, besoin d’appui pour renforcer la sécurité et la stabilité de ce pays. La Bulgarie a donc suggéré d’annuler la dette extérieure de l’Afghanistan afin de stimuler son développement économique. L’application sans condition des résolutions du Conseil de sécurité par l’Iraq est par ailleurs d’une importance cruciale. Le Conseil de sécurité devrait agir afin de faire respecter son autorité et sa crédibilité en tant que seul organe responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Il est nécessaire d’agir avec détermination afin d’adopter sans délai une position très claire sur cette question.
La lutte contre le terrorisme est au centre des priorités de la communauté internationale. Cependant, elle ne devrait ni mener à la persécution des ethnies et des groupes religieux ni violer les droits de l’homme. La lutte contre le terrorisme exige une refonte des approches actuelles de la coopération. Nous savons que le terrorisme est souvent lié à la criminalité organisée, au trafic des stupéfiants, à la corruption, au trafic illégal des êtres humains et au commerce illégal des armes. La Bulgarie a conclu et participe activement à de nombreux accords de coopération internationale et régionale sur ces questions.
La Bulgarie estime que les conséquences des conflits en Europe de l’Est peuvent être surmontées et que la paix, la stabilité et la sécurité règneront finalement dans la région, notamment par le biais d’une intégration européenne. Devenir membre de l’Union européenne et de l’OTAN est pour la Bulgarie une priorité stratégique. Nous devons dépasser l’approche nationaliste et ethnocentriste traditionnelle pour avancer sur la voie de la coopération régionale. Durant les années de crise et de conflit en Europe de l’Est, la Bulgarie a montré sa capacité à garantir la stabilité et la sécurité dans la région, notamment par l’envoi de soldats de maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo.
Les Nations Unies devraient en outre pouvoir répondre plus rapidement et plus efficacement aux violations graves des droits de l’homme. A cet égard, la Bulgarie appuie les réformes en cours des mécanismes de suivi de la Commission des droits de l’homme, de même que celles initiées par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, visant à permettre aux Nations Unies de mieux assumer leurs responsabilités et de répondre promptement et efficacement aux crises.
Mme VAIRA VIKE-FREIBERGA, Président de la République de Lettonie, s’est félicitée de l’admission récente de la Suisse et de celle à venir du Timor oriental aux Nations Unies. Elle a salué la contribution inestimable de la Suisse aux travaux des Nations Unies et les efforts de la communauté internationale pour promouvoir un climat de paix et de sécurité au Timor oriental. La Lettonie exprime la solidarité de son pays à l’endroit du peuple américain qui a dû faire face aux terribles actes terroristes du 11 septembre 2001. Le courage et la manière avec laquelle les citoyens new-yorkais ont fait face à cette tragédie nous ont tous inspirés. Ces actes ne sont pas seulement une attaque contre les États-Unis, mais un assaut frontal contre tout le monde civilisé. Nous sommes prêts, en coopération avec les Nations Unies, l’Union européenne et l’OTAN, à tout mettre en œuvre pour lutter contre le terrorisme international. Nous sommes inquiets qu’un pays membre continue d’ignorer les appels répétés du Conseil de sécurité et de la communauté internationale pour permettre aux inspecteurs des Nations Unies de reprendre les inspections en Iraq. Les activités clandestines de ce pays portent non seulement atteinte à la stabilité de la région, mais également à la sécurité du monde entier.
Par ailleurs, la Lettonie a ratifié le Protocole de Kyoto, cet été, et faisant sien le vœu du Secrétaire général de voir le récent Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg stimuler l’engagement des membres des Nations Unies en faveur de la protection de l’environnement, alors que les objectifs de la Conférence de Rio de 1992 sont toujours loin d’être atteints. Les Nations Unies doivent renforcer leur bonne gouvernance. Grâce à l’initiative du Secrétaire général, M. Kofi Annan, des améliorations ont eu lieu, notamment en ce qui concerne la réforme des opérations de maintien de la paix et le niveau de collaboration entre ses différents organismes.
Malgré certaines insuffisances, les Nations Unies ont apporté une contribution considérable au développement économique et social de nombreux États Membres, y compris la Lettonie, grâce à l’intervention de différents fonds et programmes et, en particulier du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD. La Lettonie a aujourd’hui un des taux de croissance les plus élevés en Europe, une monnaie stable et un faible taux d’inflation. Dans quelques mois, la Lettonie espère être invitée à rejoindre l’Union européenne et l’OTAN. La Lettonie, en coopération avec le Canada et l’Union européenne, a apporté une assistance technique à l’Ukraine, la Géorgie et la Croatie. Le Gouvernement lettonien est convaincu que la réduction de la disparité des revenus et des niveaux de vie entre les peuples du monde est essentielle pour consolider la paix et la sécurité sur toute la planète. C’est pourquoi, il a libéralisé son régime commercial à destination de 49 pays parmi les moins développés en accord avec les principes de Doha sur le développement. Ensemble, nous devons faire face à de nombreux défis et je suis convaincue que c’est en unissant nos ressources et nos expériences que nous réussirons à réduire la pauvreté, protéger notre environnement, lutter contre la propagation des maladies, et faire de cette planète un endroit plus sain et plus sûr.
M. VALDAS ADAMKUS, Président de la République de Lituanie, a rappelé l’attachement de son pays aux valeurs de solidarité et de soutien mutuel. Le groupe informel de Vilnius, auquel la Lituanie appartient, cherche depuis sa création à faciliter l’accession de ses membres à l’OTAN et à l’Union européenne. Les pays qui en sont membres ont pris des mesures concrètes dans la lutte contre le terrorisme et sont prêts à faire plus encore.
La tragédie du 11 septembre doit nous souder dans la lutte contre le terrorisme. Elle doit nous donner le courage et la détermination de travailler ensemble en s’attaquant aux racines du terrorisme, en réagissant au non-respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et aux violations flagrantes des normes internationales, en combattant la terreur partout dans le monde et en privant les terroristes de l’accès à des armes de destruction massive.
Il est ainsi regrettable qu’un membre des Nations Unies ne tienne pas ses engagements. Le régime iraquien doit laisser les inspecteurs des Nations Unies faire leur travail. Nous devons tout faire pour l’en persuader, c’est un test pour notre solidarité et notre unité en tant que communauté internationale. La Lituanie soutient les efforts des États-Unis pour éliminer les menaces à la sécurité internationale et à la liberté individuelle. La coopération internationale est aussi importante sur la question de la non-prolifération et du contrôle des armements. La Lituanie cherche à devenir membre du Traité révisé sur les forces conventionnelles en Europe.
M. RENE R. HARRIS, Président de la République de Nauru, a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur le Communiqué final de la 33ème réunion du Forum du Pacifique qui s’est tenue à Fidji, le mois dernier. Faisant part des termes de ce communiqué, il s’est attardé sur les questions environnementales. Le Président s’est déclaré déçu de l’absence d’objectifs réels dans le Plan de mise en oeuvre de Johannesburg. Il a néanmoins fait part de sa conviction que les engagements pris en matière de ressources nouvelles et de partenariats contribueront à accélérer la réalisation du développement durable. Saluant les décisions de l’Inde, du Canada, de la Fédération de Russie et de la Chine relatives au Protocole de Kyoto, il a appelé les États-Unis et l’Australie à en faire autant.
Évoquant particulièrement la question des océans, le Président a appelé les utilisateurs internationaux à travailler avec les pays de sa région à la conservation des ressources naturelles des océans et à s’assurer que les États insulaires bénéficient équitablement du commerce de ces ressources. A ce propos, il a annoncé l’adoption à la même réunion de Fidji d’une politique commune sur les océans et a souscrit aux préoccupations de ces pays quant au transport de déchets nucléaires.
Sur le plan national, Nauru dénonce, une nouvelle fois, l’initiative de l’OCDE concernant la fiscalité et l’établissement d’une liste noire. L’engagement de Nauru en faveur de lutte contre le blanchiment d’argent ne peut être remis en question. Le Président a conclu sur les questions de l’énergie et de l’accès à l’eau potable pour dire l’attachement de son pays aux sources d’énergie renouvelables et son espoir que les initiatives de partenariats annoncées au Sommet mondial pour le développement durable à Johannesburg fourniront l’élan nécessaire en la matière. Il a, à cet égard, salué la décision du Sommet mondial de procéder, en 2004, à un examen décennal de la mise en oeuvre du Programme d’action de la Barbade sur les petits États insulaires en développement.
M. ROBERT GABRIEL MUGABE, Président du Zimbabwe, a indiqué que le terrorisme représente une menace à la paix et à la sécurité internationales. Quelles que soient les formes qu’il prend, les endroits où il sévit ou la nature de ses cibles, le fléau du terrorisme doit être condamné et combattu fermement en conformité avec les idéaux et les principes de la Charte des Nations Unies. L’adoption de mesures unilatérales par certains pays est non seulement contre productive mais sape le mandat et l’efficacité des Nations Unies. Lutter contre le terrorisme suppose une identification par la communauté internationale de ses causes profondes, telles que la pauvreté, la négation des libertés fondamentales et l’absence de justice sociale.
La question palestinienne doit être réglée sans autre délai. Israël doit retirer ses forces des terres palestiniennes. Les Palestiniens doivent quant à eux pouvoir disposer de leur propre État et de la possibilité d’élire les dirigeants de leur choix. Nous notons avec inquiétude que certains pays souhaitent s’arroger le droit de choisir ou d’imposer des dirigeants dans les pays en développement en renversant des gouvernements démocratiquement élus. Cela représente non seulement une négation des principes démocratiques mais également une ingérence directe dans les affaires intérieures États souverains indépendants. Mon peuple m’a élu, a poursuivi M. Mugabe, et cette élection a été considérée comme étant valable par l’Afrique, par le biais de l’Union africaine, et par la communauté internationale, par le biais des Nations Unies. Cependant, l’Europe a dit non. Qui allons-nous écouter? Les blancs qui nous ont colonisés ou les noirs qui m’ont élu?. Nous devons écouter les noirs car ils sont notre peuple.
Le Zimbabwe se félicite de l’émergence de la paix en Angola et exhorte les deux parties à demeurer engagées dans le protocole d’accord signé plus tôt cette année. De même, nous nous félicitons du processus de pays en République démocratique du Congo et lançons un appel aux Nations Unies pour qu’elles prennent des mesures très fermes contre ceux qui violent les accords de cessez-le-feu. A cet égard, le Zimbabwe est heureux d’annoncer qu’il retire actuellement les forces qui restent en la République démocratique du Congo.
M. Mugabe a également formulé l’espoir que les décisions prises au cours des conférences et sommets des Nations Unies donnent lieu à une coopération entre les partenaires du développement. Dans ce contexte, il a accueilli favorablement les appels lancés pour un accroissement de l’aide au développement. Malheureusement, le Sommet pour le développement durable a démontré le manque de volonté de quelques pays développés de s’engager plus avant dans les objectifs internationaux définis, préférant à la place se cacher derrière des conditions de plus en plus complexe liées à la démocratie, à la bonne gouvernance et au respect des droits de l’homme dans le monde en développement. Alors que nous chérissons tous ces valeurs, nous regrettons qu’elles soient utilisées par les pays développés pour instaurer des menaces politiques et freiner le développement économique des pays dont les gouvernements ne leur conviennent pas. L’Assemblée générale des Nations Unies doit exprimer son refus des tentatives malhonnêtes de ces pays et lancer un appel pour qu’ils cessent de remettre en cause les accords internationaux pour imposer leurs propres intérêts à des petites nations.
Nous lançons également un appel pour l’amélioration de la bonne gouvernance mondiale par le biais de la démocratisation des organisations multilatérales telles que les Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce. Dans le même sens, la gestion du processus de mondialisation ne doit pas être laissée aux seules forces du marché mais permettre de renverser la tendance à la marginalisation de la plupart des pays en développement. En ce qui concerne les échanges mondiaux, nous demandons que les pays en développement disposent d’un accès plus large aux marchés internationaux pour l’exportation de leurs produits et lançons un appel pour la levée des subventions à l’agriculture et une annulation de la dette.
Le Zimbabwe, comme de nombreux autres pays de l’Afrique australe, est confronté à la pandémie du VIH/sida. Nos propres efforts pour combattre ce fléau sont insuffisants et requirent par conséquent la contribution des pays qui disposent des ressources financières nécessaires à la lutte contre sa propagation. Nous lançons un appel à la communauté internationale et aux entreprises privées pour qu’elles accélèrent leurs efforts afin de rendre accessibles des médicaments à des prix abordables. Le Zimbabwe est actuellement confronté à une crise humanitaire qui est la conséquence de la sécheresse qui a frappé la saison céréalière de cette année. A cet égard, le Zimbabwe se félicite de la conclusion du programme de redistribution des terres qui a été introduit en juillet 2000 et qui visait au transfert des terres à la majorité noire sans terre. Ce programme a fait l’objet de protestations véhémentes et d’une mauvaise publicité. Cependant, nous sommes déterminés à lutter contre les forces puissantes qui souhaitent préserver les vestiges de la colonisation. L’Assemblée générale est priée d’informer la Grande Bretagne et son Premier Ministre que le Zimbabwe a cessé d’être une colonie en 1980. Le peuple du Zimbabwe a livré une bataille révolutionnaire armée pour son indépendance et est déterminé à lutter de la même façon pour la préserver. Nous refusons d’être un prolongement de l’Europe.
M. ANDERS FOGH RASMUSSEN, Premier Ministre du Danemark, s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, a déclaré que l’Union européenne soutient pleinement les initiatives des Nations Unies pour combattre le terrorisme. Nous sommes prêts à assister les pays dans leurs efforts de mise en œuvre de la résolution 1373 du Conseil de sécurité. Le rôle clef des Nations Unies dans ce domaine nous rappelle que l’Organisation est née de l’espoir qui s’est développé sur les cendres de la seconde guerre mondiale. Avec la Déclaration du Millénaire, les Nations Unies ont renouvelé leurs impératifs pour répondre, au niveau mondial, à la prévention des conflits, la gestion des crises, l’assistance humanitaire, le développement et la reconstruction post-conflit ainsi que le désarmement et le contrôle des armes. En ce qui concerne le Moyen-Orient, l’Iraq demeure une grande source d’inquiétude en matière d’armements de destruction massive. L’Iraq doit permettre le retour des inspecteurs d’armes des Nations Unies et l’Union européenne est prête à apporter tout son soutien aux efforts des Nations Unies visant à encourager ce pays à s’acquitter de ses obligations. Par ailleurs, l’Union européenne, consciente de ses responsabilités, reste fermement engagée dans la mission de paix en Sierra Leone et celle pour la construction d’un Kosovo démocratique et prospère, ainsi que dans toutes les initiatives visant à renforcer les opérations de maintien de la paix.
Mais il ne faut pas oublier que ce qui est au cœur des conflits, c’est la condition humaine. Les droits de l’homme sont essentiels à la vie et à la dignité de tous les être humains. Le premier objectif des Nations Unies est d’aboutir au plein respect des droits de l’homme, par tous les États et partout dans le monde. Car, les droits de l’homme sont fondamentaux pour la prospérité humaine et le développement, et l’Union européenne soutient fermement tous les efforts du Secrétaire général visant à intégrer ces principes à toutes les activités des Nations Unies. Elle appuie également l’adoption du projet de Protocole des Nations Unies contre la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants.
Par ailleurs, l’Union européenne encourage vivement l’abolition universelle de la peine de mort. Nous sommes convaincus que tant que les femmes n’auront accès à tous leurs droits et ne pourront prendre en main leur destinée, le développement durable restera au stade du rêve. C’est pourquoi, l’Union européenne reste engagée à lutter contre toutes les formes de discrimination. En matière de justice, elle appuie la Cour pénale internationale qui devrait contribuer à renforcer le droit humanitaire international et les droits de l’homme. En matière de lutte contre la pauvreté, des résultats significatifs ont été obtenus, mais il faut persévérer si on souhaite atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire. L’aide, à elle seule, ne pourra éliminer la pauvreté et l’initiative du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) et des dirigeants africains illustre la prise en charge par les pays en développement de leur avenir. A Doha, à Monterrey et à Johannesburg, la communauté internationale a atteint un consensus sur ce qui reste à faire. Ce consensus n’est pas suffisant, car les dirigeants mondiaux doivent s’assurer que ce qui reste à faire, le soit effectivement. L’Union européenne - en tant que partenaire commercial le plus important des pays en développement et le plus grand donateur au monde, fournissant presque la moitié de toute l’assistance au développement – reste plus que jamais engagée à appliquer ce consensus. Dans ce contexte, nous avons décidé de faciliter l’accès de nos marchés aux exportations des pays en développement. La réalisation des objectifs de lutte contre la pauvreté pour garantir un développement durable exige une forte volonté politique et un partenariat authentique pour le développement. C’est pourquoi, l’Union européenne propose que le système des Nations Unies assure le suivi de la mise en œuvre des objectifs et de l’agenda de Johannesburg. Elle souhaite la bienvenue à la Suisse et au Timor oriental, deux nations - une ancienne et une jeune, l’une du nord et l’autre du sud – qui reflètent toute la multiplicité et la diversité des Nations Unies. De la lutte contre le terrorisme à la quête de justice en passant par la lutte contre la pauvreté, nous avons besoin d’une Organisation des Nations Unies efficace.
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