LES NATIONS UNIES COMPTENT DÉSORMAIS 190 ÉTATS MEMBRES AVEC L’ADMISSION DE LA SUISSE
Communiqué de presse AG/1306 |
Assemblée générale
Cinquante-septième session
1ère séance plénière – après-midi
LES NATIONS UNIES COMPTENT DÉSORMAIS 190 ÉTATS MEMBRES AVEC L’ADMISSION DE LA SUISSE
L’élaboration d’une convention contre le terrorisme:
une priorité du Président de la 57ème session de l’Assemblée générale
Ouvrant cet après-midi les travaux de sa cinquante-septième session, l’Assemblée générale a admis la Confédération suisse à l’Organisation des Nations Unies, adoptant pour cela sans vote une résolution* présentée par M. Dominique de Villepin, Ministre des affaires étrangères de la France.
Le Président de la Confédération suisse, M. Kaspar Villiger, a expliqué que la question de la pleine admission de la Suisse a suscité des divisions au sein de la population suisse, certains se demandant si les Nations Unies étaient réellement en mesure d’atteindre ses nobles objectifs, d’autres rejetant le principe du droit de veto comme incompatible avec la définition de la démocratie, tandis que certains craignaient que l’accession aux Nations Unies porte préjudice à la tradition de neutralité.
Le principe de la neutralité qui anime la Suisse, a ajouté le Président, constitue en fait un rejet de la violence et de la guerre sans qu’il ne serve à fermer les yeux sur les injustices et la pauvreté. La Suisse ne participera donc pas à des opérations d’imposition de la paix mais elle est disposée à fournir une aide dans le cadre du maintien de la paix et d’activités humanitaires. Il n’y a pas et il n’y aura pas de neutralité en cas d’actes de terrorisme et criminels.
Les pays suivants, au nom de groupes régionaux, ont fait part de leurs félicitations à la Suisse; Côte d’Ivoire, au nom des pays africains; République islamique d’Iran, au nom des Etats d’Asie; Ukraine, au nom des pays d’Europe orientale; Suriname, au nom des pays d’Amérique latine et des Caraïbes; Portugal, au nom des Etats d’Europe occidentale et des autres Etats; Etats-Unis, au nom du pays hôte.
M. Jan Kavan, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque et Président de la cinquante-septième session de l’Assemblée générale, a fait part de ses priorités, à savoir la lutte contre le terrorisme international et la préservation de la coalition internationale, à cette fin. Il a souligné, ce faisant, l’importance de l’élaboration d’une convention générale contre le terrorisme et d’une définition du terrorisme international.
Le Président a énuméré d’autres priorités, tels la prévention des conflits, la lutte contre la pauvreté et le VIH/Sida ainsi que le développement durable.
Le Président a informé l’Assemblée générale que le Secrétaire général fera une brève présentation de son rapport annuel le jeudi 12 septembre avant l’ouverture du débat général.
L’Assemblée a par ailleurs nommé les neuf membres suivants au Comité de vérification des pouvoirs: Argentine, Barbade, Belgique, Chine, Mali, Namibie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Fédération de Russie et Etats-Unis.
Elle a en outre autorisé les organes subsidiaires suivants à tenir des réunions au Siège des Nations Unies pendant une session ordinaire de l’Assemblée générale: le Comité des relations avec le pays hôte; le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien; le Groupe de travail sur le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient; le Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement; le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et le Comité des conférences.
En début de séance, le Président de la cinquante-septième session de l’Assemblée générale a indiqué que 16 Etats Membres sont en retard dans le paiement de leurs contributions au sens de l’article 19 de la Charte des Nations Unies qui stipule qu’un membre des Nations Unies en retard dans le paiement de sa contribution ne peut participer au vote à l’Assemblée générale si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées. Les 16 Etats Membres sont les suivants: Burundi, Comores, Géorgie, Guinée-Bissau, Iraq, Kirghizistan, Libéria, Mauritanie, Niger, République centrafricaine, République de Moldova, Sao Tomé-et-Principe , Somalie, Tadjikistan, Tchad et Vanuatu.
* résolution parue sous la cote A/57/L.1
Déclarations
M. JAN KAVAN, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque et Président de la cinquante-septième session de l’Assemblée générale, a déclaré que son pays a toujours mis l’accent sur le rôle indispensable de l’ONU dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le renforcement de la coopération économique, humanitaire ainsi que le développement et la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Rappelant que son pays a servi l’Organisation de différentes manières, il a dit son intention d’assumer la présidence de l’Assemblée générale avec responsabilité et engagement pour contribuer à un renforcement plus avant du rôle de l’ONU.
Enumérant ses priorités, le Président a cité la lutte contre le terrorisme international et la préservation de la coalition internationale, à cette fin. Il a placé au centre des préoccupations le renforcement des instruments des Nations Unies. Nous ne disposons toujours pas d’une convention générale contre le terrorisme ni d’une définition du terrorisme international, a t-il noté en lançant un appel aux Etats membres pour qu’ils poursuivent leurs efforts au sein du Groupe de travail de la Sixième Commission. L’Assemblée, a-t-il ajouté, doit aussi poursuivre son travail dans le domaine de la prévention des conflits. A ce propos, le Président a estimé que le rapport pertinent du Secrétaire général doit servir de guide pour accroître la capacité de l’ONU en la matière et passer d’une culture de la réaction à une culture de la prévention. Il a insisté sur le conflit au Moyen-Orient en exprimant sa volonté de contribuer le plus possible aux efforts visant un règlement politique.
Le Président a dit son intention de suivre étroitement les dossiers de la lutte contre la pauvreté, VIH/sida et du développement durable. Cette session de l’Assemblée, a-t-il souligné, doit être celle d’un examen approfondi de la Déclaration du Millénaire, du Consensus de Monterrey et des résultats du Sommet mondial pour le développement durable. Il a dit sa détermination à améliorer la coopération entre l’Assemblée générale, le Conseil économique et social et les grandes commissions. Cette session, a-t-il rappelé M. Kavan, aura la tâche importante de préparer le Dialogue de haut niveau qui se tiendra en 2003 en tant que suivi du Consensus de Monterrey. La mise en place de partenariats mondiaux pour le développement est la clé du succès de ce dialogue, a-t-il estimé avant de donner la priorité à une coopération plus étroite entre les Nations Unies et les principales parties prenantes, notamment, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ainsi que les autres institutions multilatérales et les représentants des secteurs privé et public ainsi que ceux de la société civile.
Rappelant les résultats du Sommet mondial pour le développement durable, le Président s’est dit conscient que ce dernier n’a pas répondu à toutes les attentes. Il s’est déclaré confiant que le compromis atteint permettra aux Nations Unies de créer les mécanismes nécessaires pour une mise en oeuvre en temps voulu des engagements pris à Johannesburg. En ma qualité de Président de l’Assemblée générale, j’appuierai un suivi rapide du Sommet avec l’intention de me concentrer sur les initiatives régionales comme le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
Tout en rejetant le lien entre la pauvreté et le terrorisme, le Président s’est toutefois dit convaincu que l’extrême pauvreté est un des ingrédients les plus importants qui, conjugué à d’autres comme de longs conflits politiques, peut produire un mélange explosif. Nous devons, par conséquent, en a-t-il conclu, mettre en œuvre les objectifs de développement du Millénaire et lutter contre la pauvreté non seulement pour des raisons morales et humanitaires mais aussi comme partie intégrante de la lutte contre le terrorisme et l’intolérance extrême afin d’assurer un monde sûr et plus juste. La solidarité humaine, la lutte contre la pauvreté et la dignité humaine sont des tâches auxquelles nous devons nous atteler, a insisté le Président.
S’agissant de la réforme des Nations Unies, il a dit son intention de continuer à travailler à la revitalisation de l’Assemblée générale et pour ce faire, de tenir des tables rondes sur les questions d’intérêt général ainsi que des consultations informelles sur les questions qui nécessitent plus d’informations et un dialogue interactif. Il a souligné qu’un Conseil de sécurité plus représentatif et reflétant les réalités en mutation du monde actuel est de l’intérêt de tous les Etats membres.
Nous venons tous, a-t-il conclu, d’horizons différents et la diversité de nos points de vues et de nos cultures faitde nos discussions des échanges riches, puissants et parfois dramatiques. D’un autre côté, nous avons beaucoup en commun, en particulier notre désir de vivre dans un monde pacifique et sûr dans lequel les valeurs et les principes contenus dans la Charte des Nations Unies sont respectés.
M. DOMINIQUE DE VILLEPIN, Ministre des affaires étrangères de la France, au nom des cinq pays voisins et amis, s’est dit heureux de recommander à l’Assemblée générale l’adoption du projet de résolution portant l’admission de la Suisse aux Nations Unies. Cette admission, a-t-il dit, réjouit la France en raison des liens entre les deux pays mais aussi parce que l’entrée de la Suisse confortera les Nations Unies et les valeurs sur lesquelles elles doivent bâtir l’avenir. Rendant hommage à la tradition de terre d’asile de la Suisse, le Ministre a indiqué que les liens qui unissent son pays à la Suisse sont marqués par une confiance jamais démentie. Le rayonnement de la Suisse dépasse la Francophonie, elle, qui a accueilli les premiers efforts visant à créer une communauté internationale fraternelle, dont Genève est aujourd’hui, le siège d’une quinzaine d’institutions spécialisées. La Suisse pourra apporter aux Nations Unies toutes les qualités qu’on lui connaît car c’est le seul Etat dans l’histoire à avoir adhéré à l’ONU à la suite d’un référendum populaire. La Suisse renforcera donc l’inspiration démocratique de l’ONU.
Son caractère multiculturel et multilinguiste fournira une contribution essentielle au dialogue entre les civilisations aujourd’hui indispensable à la communauté des Etats. Au-delà de ses propres richesses culturelles, la Suisse est une terre d’accueil pour les grands créateurs. Le rôle de la Suisse est déjà fondamental sur les questions de développement, de droit international et des questions humanitaires. L’adhésion de la Suisse aux Nations Unies lui permettra, dans le respect de sa neutralité, de disposer de nouvelles possibilités d’action et d’influence et mettre tout en œuvre pour faire avancer l’agenda de la paix, de sécurité et de prospérité de l’humanité.
M. KASPAR VILLIGER, Président de la Suisse, a fait part de la fierté que lui inspire l’admission de son pays au sein des Nations Unies. Les Nations Unies sont plus que jamais indispensables. La paix reste un rêve dans de nombreuses régions du monde, le terrorisme est devenu un défi mondial tandis que l’équilibre écologique est menacé. Un pays, même le plus vaste, ne peut pas répondre à ces défis à lui seul. Nous étions conscients de l’importance que revêtent les Nations Unies pour l’humanité et avions collaboré étroitement avec les Nations Unies depuis des années avec l’appui du peuple suisse. Mais sur la question de la pleine admission de la Suisse, les avis étaient partagés.
D’un côté, notre politique étrangère correspond aux objectifs de paix, de justice, de solidarité des Nations Unies. Nous avons toujours été fiers d’accueillir l’Office des Nations Unies à Genève. Nous avons toujours été conscients de l’importance du droit international pour un petit pays comme le nôtre. Cependant, d’un autre côté, certains se sont demandés si les Nations Unies étaient réellement en mesure d’atteindre ses nobles objectifs. Pour beaucoup, le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité n’était pas compatible avec leur définition de la démocratie. Ils craignaient également que l’accession aux Nations Unies porterait préjudice à la tradition de neutralité qui est ancrée profondément dans notre culture.
Le Président a expliqué que la Suisse est unie par une volonté commune mais que cette cohésion ne repose pas sur une langue ou une culture commune. L’élément central de la cohésion nationale repose sur la démocratie directe. Il était donc évident que seul le peuple prendrait la décision d’adhérer ou non aux Nations Unies. A la suite d’un débat controversé, le peuple et les cantons ont voté en faveur de l’adhésion à l’Organisation.
Le principe de la neutralité qui anime la Suisse, a ajouté le Président, constitue en fait un rejet de la violence et de la guerre. Toutefois, cette neutralité ne nous sert pas à fermer les yeux sur les injustices et la pauvreté. Cette neutralité s’accompagne de solidarité. La Suisse ne participera pas à des opérations d’imposition de la paix mais elle est disposée à fournir une aide dans le cadre du maintien de la paix et d’activités humanitaires. A la veille de la commémoration des attaques terroristes atroces du 11 septembre, je réaffirme qu’il n’y a pas et il n’y aura pas de neutralité lorsque des actes de terrorisme et criminels sont en cause. La Suisse est impliquée activement dans la lutte contre le terrorisme.
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