En cours au Siège de l'ONU

AG/1286

LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT IDENTIFIES COMME LA CAUSE PRINCIPALE DES RESULTATS MITIGES DE L’AFRIQUE EN MATIERE DE PROMOTION DES DROITS DE L’ENFANT

08/05/02
Communiqué de presse
AG/1286


Assemblée générale

Session extraordinaire consacrée aux enfants

2e séance plénière – après-midi


LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT IDENTIFIES COMME LA CAUSE PRINCIPALE DES RESULTATS MITIGES DE L’AFRIQUE EN MATIERE DE PROMOTION DES DROITS DE L’ENFANT


La session extraordinaire est une occasion de redynamiser les engagements internationaux pour réaliser une vision globale favorable aux enfants d’aujourd’hui et de demain, a déclaré, cet après-midi, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Mme Carol Bellamy s’adressait ainsi à la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants qui procède, depuis ce matin, à l’examen des progrès accomplis dans la réalisation des 27 objectifs fixés dans la Déclaration et le Plan d’action adoptés, en 1990, lors du Sommet mondial sur les enfants.  En donnant leur évaluation des progrès en la matière, la grande majorité des délégations a souscrit à l’analyse faite par le Secrétaire général de l’ONU dans son rapport intitulé “Nous les enfants : honorer les promesses du Sommet mondial sur les enfants”.  Le rapport fait, en effet, état de résultats mitigés, à l’exception du domaine de la santé. 


Si, l’UNICEF indique que dans 63 pays, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans a pu être réduit d’un tiers, il signale néanmoins que 11 millions d’enfants meurent chaque année de cause évitable.  Aux côtés de ces chiffres, il faut citer les 50 millions d’enfants mal nourris, les 120 millions d’autres exclus des circuits scolaires, les 10 millions travaillant dans des conditions abusives, les millions d’autres victimes d’exploitation sexuelle ou encore les 300 000 enfants soldats.  La moitié des 21 millions de réfugiés et de personnes déplacées est âgée de moins de 18 ans, a indiqué, pour sa part, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), M. Ruud Lubbers.


Face à ces chiffres, de nombreuses délégations, en particulier les représentants de l’Afrique, ont énuméré les obstacles à la réalisation des objectifs fixés et à l’application de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, en particulier en Afrique.  Au premier rang de ces obstacles ont été cités la pauvreté et le sous-développement dont les défis ont été compliqués, au cours de ces dernières années, par la pandémie du VIH/sida qui a déjà rendu orphelins quelque 13 millions d’enfants.  Ainsi, le Vice-Président du Botswana a indiqué que dans son pays, 12% des enfants de moins de 14 ans ont au moins perdu un parent biologique, en soulignant les conséquences économiques de cette situation. 


(à suivre – 1a)


L’investissement dans l’éducation, la santé et dans tout domaine lié au développement humain devient problématique en raison de l’impact négatif des programmes d’ajustement structurel et dans un contexte de ressources limitées par le manque d’accès des produits aux marchés mondiaux, la fluctuation des prix des produits de base, l’augmentation de la dette extérieure et la chute de l’aide publique au développement (APD), ont expliqué des intervenants comme le Président de l’Ouganda, le Vice-Président du Ghana et la Ministre des affaires féminines du Nigéria qui a, par exemple, indiqué que, l’année dernière, son pays a consacré 1,7 milliard au service de la dette contre 300 millions de dollars au secteur social.  Elle a proposé, dans ce cadre, la conversion de la dette extérieure en un fonds pour l’élimination de la pauvreté chez les femmes et les enfants.


La communauté internationale s’est donc vue rappeler l’appel de la Déclaration du Caire sur une action en faveur des enfants africains.  Elle a le devoir moral d’honorer ses engagements, a dit le Président du Cameroun, rejoignant le plaidoyer du Président ougandais qui, après avoir énoncé les succès enregistrés par son pays dans le domaine de l’éducation, a appelé de la tribune, aux côtés d’enfants africains, à une assistance au “Mouvement mondial pour l’éducation en Afrique”.  Dans le même ordre d’idées, le Vice-Président des Comores a dit attendre de cette session extraordinaire une définition claire des mécanismes de “solidarité internationale”.  Outre le concours des traditionnelles sources de financement, le Ministre de l’action sociale et de la solidarité nationale de l’Algérie a jugé utile d’encourager les alliances entres les secteurs public, privé et la société civile.  Pour lui, l’amélioration de la situation des enfants est tributaire d’une nouvelle dynamique de la coopération internationale.  Annonçant “une première en Afrique”, la Ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille du Mali, a indiqué que son pays a signé avec la Côte d’Ivoire une Convention bilatérale en matière de lutte contre le trafic des enfants..


Résumant le sentiment général, le Vice-Président du Malawi a demandé à la communauté internationale une “déclaration de guerre” contre le sida, la tuberculose et la malaria, le financement du Fonds mondial pour la santé, l’allocation par les gouvernements de 15% de leur budget national au secteur de la santé, et la réalisation de l’objectif visant à accorder 0,7% du PNB à l’APD.  L’Union européenne travaillera sur le “Consensus de Monterrey” pour forger une nouvelle collaboration entre pays conformément à l’objectif de 0,7% du PNB à l’APD, a affirmé le représentant de l’Espagne qui a aussi rappelé l’engagement des membres de l’Union européenne d’octroyer d’ici 2006 une moyenne de 0,39% de leur PNB à l’APD. 


Outre les orateurs cités et le Prince du Royaume du Bhoutan, les Présidents, Vice-Présidents, Premiers Ministres, Vice-Premiers Ministres, Ministres et représentants des pays suivants ont pris la parole : Bangladesh, République centrafricaine, Liechtenstein, Bosnie-Herzégovine, Mozambique, Finlande, Saint-Kitts-et-Nevis, Honduras, Chine, Thaïlande, Islande, Philippines, Barbade, République arabe syrienne, Fidji, Nicaragua, Burkina Faso, Guyana, El Salvador, Hongrie et Madagascar.


La session extraordinaire poursuivra ses travaux demain jeudi 9 mai à 9 heures.


Déclarations


La Bégum KHALEDA ZIA, Premier Ministre du Bangladesh, a reconnu les progrès qu’ont effectués les nations du monde dans la promotion et la protection des droits de l’enfant et a cité une série de mesures importantes qui ont été prises dans son pays.  La Bégum a estimé toutefois que les succès enregistrés ne peuvent prêter à aucune autosatisfaction.  Au Bangladesh comme dans d’autres pays en développement, les enfants continuent de souffrir de la pauvreté, de la malnutrition, des maladies, des conflits et des guerres.  La Ministre a jugé que les efforts de lutte contre la pauvreté sont essentiels.  L’investissement dans la santé et la nutrition des mères et des enfants ont une importance cruciale.  Les nations du monde doivent également travailler, a-t-elle poursuivi, à créer un monde non violent offrant un environnement sûr pour les enfants.  Dans ce cadre, il faut garder à l’esprit l’importance de l’éducation en particulier pour les fillettes.


L’adoption de mesures aux niveaux national, régional et international est essentielle à la réalisation des objectifs fixés.  Il nous faut mobiliser les ressources financières requises, au niveau international, pour compléter les efforts nationaux dans la promotion des enfants.  Les gouvernements et la société civile doivent travailler de concert en faveur de cette cause commune qu’est le bien-être des enfants.


M. MARTIN ZIGUELE, Premier Ministre de la République centrafricaine, a déclaré que la lecture actuelle du taux de mortalité infantile dans son pays traduit une augmentation vertigineuse en l’an 2000.  De même, son pays connaît un des taux de mortalité maternelle les plus élevés de la sous-région et la couverture vaccinale contre les maladies de la petite enfance reste encore faible.  La pandémie du sida sévit au niveau de la jeunesse, ce qui à terme privera la nation des bras nécessaires à son développement.  Le taux de scolarisation a quant à lui littéralement baissé entre 1996 et 2000, passant de 62,7% à 42,9%.  En ce qui concerne la protection, il est institué en République centrafricaine une Commission nationale de suivi de la Convention relative aux droits de l’enfant et, sur le plan judiciaire, un Tribunal des enfants a été établi non seulement à Bangui mais également dans les sept régions du pays.  Un Parlement des enfants a en outre été créé et, en vue de familiariser les enfants aux techniques de prévention et de règlement des conflits, une structure dénommée « Les Ambassadeurs de la paix », constituée de jeunes de 16-18 ans, a été mise en place.  En 1997 le Président de la République a promulgué le Code de la famille dont plusieurs dispositions offrent les garanties nécessaires pour une meilleure protection des droits de l’enfant. 


Le Premier Ministre a expliqué que le niveau de la mise en exécution du plan national d’action demeure en deçà des attentes en raison du contexte sociopolitique et économique hostile marqué par quelques éléments perturbateurs au premier rang desquels on trouve la dévaluation du Franc CFA, les troubles militaro-politiques de 1996, 1997 et 2001, la réduction de l’aide publique au développement et la rareté des ressources propres à l’Etat.  M. Ziguele a également renouvelé l’engagement de son pays à faire de la lutte contre le sida la priorité du Gouvernement.  Ce dernier n’épargnera en outre aucun effort pour promouvoir et favoriser le droit des enfants à prendre part davantage aux décisions les concernant et pour promouvoir l’acquisition de compétences psychosociales ainsi que l’éducation dans le domaine de la santé et de l’hygiène.  Enfin, le Premier Ministre a lancé un appel à la communauté internationale pour que soit accélérée l’application effective de l’initiative de réduction de la dette en faveur des pays pauvres très endettés et que soit accordé à son pays le bénéfice du traitement réservé aux pays dits « post-conflits ». 


M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, a rappelé que les États Membres s’étaient entendus en 1990 sur une série d’objectifs : améliorer la santé et la nutrition des enfants ; diminuer la mortalité des nourrissons et des enfants; garantir un accès universel à l’éducation de base aux enfants d’âge scolaire; et des conditions sanitaires décentes satisfaisantes aussi bien pour les enfants que pour les mères.  Ils s’étaient également engagés à tout faire pour éradiquer la pauvreté et garantir une croissance soutenue en investissant dans des domaines prioritaires pour les enfants.  Le Président a présenté ensuite les mesures prises dans son pays, et notamment le Programme en faveur de l’éducation primaire pour tous.  Avant le lancement de ce programme, a-t-il précisé, 2,5 millions d’enfants étaient inscrits dans le primaire tandis que ce chiffre est aujourd’hui passé à 6 millions dans les écoles publiques et à 734 000 dans le privé.  Il a ajouté que 300 000 enfants se présentent chaque année à l’examen de fin de cycle primaire mais l’année prochaine, ce chiffre devrait passer à 1 million.  Pour parvenir à ces résultats, le Gouvernement ougandais qui comptait 47 674 classes en 1999, avec une capacité de 80 élèves par classe, est parvenu à faire passer le nombre de classes à 66 712 en 2001, avec une capacité de 40, l’objectif étant d’atteindre 148 670 salles de classes dans le primaire d’ici 2007.  S’agissant du nombre d’enseignants, il est passé de 81 564 en 1997 à 113 232 aujourd’hui tandis qu’il nous manque encre 48 000 enseignants.  Le Gouvernement mobilise toutes les ressources disponibles afin de garantir une éducation gratuite dans les écoles publiques destinées aux plus pauvres.  Il a ensuite insisté sur l’importance de l’enseignement supérieur ciblé, soulignant que plus de 505 millions de dollars sont transférés en Ouganda de la part de nationaux expatriés mais qui le plus souvent font un travail non qualifié, M. Museveni estimant que s’ils étaient qualifiés, grâce à une structuration des programmes scolaires et de formation, ces expatriés pourraient rapporter davantage.


M. Museveni a rappelé que le taux de pauvreté est passé dans son pays de 56% en 1993 à 35% en 2000 et, se félicitant de ce recul, il a toutefois regretté les problèmes rencontrés dans la commercialisation des cultures traditionnelles, telles que le café, et d’autres ressources.  Il a précisé ensuite que la couverture en eau potable des zones rurales est passé à 60% et dans les villes à 65%, tandis que le taux de mortalité infantile est passé de 122 pour mille à 80 pour mille.  Le taux de prévalence du VIH/sida est passé chez les adultes de 30% en 1991 à 6,5% en 2001 a ajouté le Président, qui a souligné que son Gouvernement a mis en place un programme qui permet d’informer les enfants dans le cadre de la lutte contre le sida.  Il a revendiqué la possibilité pour les produits africains de pénétrer les marchés des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique(OCDE), estimant que la part de l’Afrique dans le commerce mondial est actuellement trop faible pour lui permettre de développer pleinement les capacités de ses enfants et de ses jeunes. 


M. PAUL BIYA, Président du Cameroun, a déclaré qu'il appartient à la communauté internationale de pleinement appliquer, à tous les niveaux, la Convention sur les droits de l'enfant qui est le traité international le plus ratifié.  Comment en effet accepter aujourd'hui que des millions d'enfants meurent encore chaque année de maladies telles que la diarrhée ou la rougeole faute de traitements et de prévention.  Jusqu'à quand continuera-t-on de tolérer que 150 millions d'enfants ne puissent pas manger à leur faim?  Est-il digne au 21ème siècle que près de 100 millions d'enfants, en majorité des filles, n'aient pas accès à l'éducation.  On estime aujourd'hui qu'à travers le monde, près de 300 000 enfants sont enrôlés de forces à partir de l'âge de cinq ou six ans pour participer à des affrontements armés.  Pas moins des deux tiers d'entre eux sont Africains.  Nous allons préconiser lors de la mise en place de l'Union africaine, la création d'un mécanisme spécifique en charge de cette question au sein de l'organe de prévention, de gestion et de règlement des conflits.


L'action concertée de la communauté internationale pour l'élimination de la pauvreté constitue le fer de lance de tout combat en faveur du respect des droits des enfants.  Force est de constater que les résolutions  sur les droits économiques, sociaux et culturels des enfants prises lors du Sommet mondial sur l'enfance sont loin d'avoir été suivies d'effet, notamment en ce qui concerne l'Afrique.  La communauté internationale a le devoir moral d'honorer ses engagements et chacun de nos Etats doit s'efforcer de développer une politique constante en faveur de l'enfance.  C'est la raison pour laquelle le Cameroun a ratifié la quasi-totalité des instruments internationaux se référant aux droits de l'enfant.  Notre programme d'action, inspiré des recommandations du Sommet mondial sur les enfants, a accordé la priorité à la protection de la petite enfance, le développement de l'éducation de base pour tous, l'approvisionnement en eau potable et l'assainissement, la réforme du système de santé faisant une large place aux campagnes de vaccination et aux soins pédiatriques, la lutte contre le VIH/sida chez la mère et l'enfant, la protection des enfants en situation difficile et la promotion de l'éducation sociale.


M. HAMADA BOLERO, Premier Ministre des Comores, a reconnu que la situation actuelle de l’enfant est grave et qu’elle mérite bien une réunion de cette envergure.  Il s’est dit convaincu qu’avec de la volonté, de la solidarité à tous les échelons de décisions de la planète, et dans chaque pays, cette situation peut rapidement être inversée.  Il a ainsi indiqué que la campagne du vote “oui” pour les enfants a tracé dans son pays, les grandes priorités qui guideront la politique et la protection des enfants au cours de la prochaine décennie, à savoir, l’instruction et l’éducation pour tous, la lutte contre la pauvreté et le VIH/sida et enfin la protection de tous les enfants contre toute forme d’exploitation et de violence. 


Dans ce contexte, le Premier Ministre a fait part  de sa conviction qu’une vision partagée et solidaire des réalités peut conduire à des actions capables de défendre efficacement le système de valeurs qui est celui de ce monde.  Faisant part de l’issue heureuse des quatre années de crises séparatistes qu’a connues son pays, le Premier Ministre a rappelé que, le 14 avril dernier, son pays a élu son Premier Président.  En effet, a-t-il indiqué, M. Azali Assoumani a été déclaré depuis ce matin, Président de l’Union des Comores.  Après les prochaines échéances électorales, a-t-il

indiqué, les Comores auront retrouvé la capacité institutionnelle nécessaire à tous les niveaux pour garantir une meilleure défense du droit de l’enfant sur l’ensemble du territoire.  Insistant sur la question de la solidarité, il a demandé une définition claire des mécanismes de cette “complémentarité” indispensable à la cause de l’enfant.


M. OTMAR HALSER, Premier Ministre de la Principauté du Liechtenstein, a rappelé que son pays attache une importance particulière à la coopération régionale en matière de lutte commune pour la protection des droits des enfants, en particulier dans le cadre du Conseil de l’Europe.  Alors que nous examinons dix ans d’activité intense en matière de protection des droits de l’enfant, nous pouvons nous réjouir du fait que la Convention  relative aux droits de l’enfant est le traité de protection des droits des personnes qui compte le plus grand nombre d’adhésions.  De même, les Protocoles facultatifs à la Convention et les autres instruments juridiques tels que le Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale permettent de fournir une protection supplémentaire aux enfants dans les régions où ils sont particulièrement menacés.


Douze ans après le Sommet de 1990, il existe nombre de normes juridiques mais la question qui se pose, a fait remarquer le Ministre, est celle de leur mise en œuvre.  Le Document final qui sera adopté établira un fondement solide pour la mise en application des mesures à venir.  La situation des enfants touchés par les conflits armés, leur exploitation sexuelle et par le travail ainsi que leur vulnérabilité face au Sida ont retenu l’attention internationale mais il est indispensable de prendre des mesures supplémentaires.  En effet, ces questions représentent des crises à large échelle et nous devons nous attaquer à leurs causes profondes.  L’éducation joue en particulier un rôle crucial dans cette lutte car c’est grâce à l’éducation que les enfants peuvent développer leur potentiel.  Ils doivent également pouvoir participer aux prises de décision sur les questions qui les concernent.  Enfin, le Ministre a rappelé que le rôle de la famille qui reste la cellule de base de la société, doit être renforcé.


M. BERIZ BELKIC, Président de la Bosnie-Herzégovine, a jugé que cette session recouvre une importance particulière car elle permettra de relever les défis des droits de l’enfant, aux niveaux national, régional et mondial.  Il a souhaité que les objectifs du Millénaire touchant aux enfants puissent être mis en œuvre au lendemain de cette rencontre en insistant notamment sur les dispositions relatives à la protection des enfants, à leur éducation et à la lutte contre le VIH/sida.  Il a rappelé que la Bosnie avait été très active dans le processus de préparation régional européen et avait coprésidé la rencontre de Berlin qui a permis à 27 États d’adopter une position commune.  22,5% de la population a moins de quinze ans en Bosnie-Herzégovine, a précisé le Président qui a regretté les violences domestiques qui conduisent les jeunes filles à quitter très tôt leurs foyers.  Il a déclaré que son Gouvernement se mobilise pour inverser cette tendance et pour faire de la cause des enfants et de leur protection une priorité.  La Bosnie-Herzégovine veut offrir le meilleur départ dans la vie aux enfants et, pour cela, elle a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant ainsi que le Protocole additionnel sur la protection des enfants dans les conflits armés.


M. JOAQUIM ALBERTO CHISSANO, Président du Mozambique, a déclaré qu'il était déconcertant de constater que 10 millions d'enfants meurent chaque année de causes qui auraient pu être prévenues, que 150 millions souffrent de malnutrition, que 100 millions ne sont pas scolarisés, 60% d'entre eux étant des filles.  On estime à plus de 300 000 le nombre d'enfants de moins de 18 ans enrôlés dans les conflits armés.  Nous sommes cependant encouragés par la volonté politique dont ont fait preuve les dirigeants de la planète lors du Sommet du Millénaire pour que la cause des enfants occupe une place centrale dans l'ordre du jour international.  L'adoption lors de la Conférence africaine réunie à Maputo en avril 1999 d'une résolution visant l'élaboration d'une convention internationale interdisant l'utilisation d'enfants de moins de 18 ans dans les conflits armés est également un pas dans la bonne direction.  Les Etats africains se sont ensuite réunis au Caire et à cette occasion ils ont adopté une position africaine commune réitérant leur engagement à veiller à la promotion et à la protection des droits de l'enfant. 


La meilleure contribution du Mozambique à la protection de l'enfant à été l'avènement de la paix en 1992 et le maintien de cette paix, après une guerre destructrice.  Ceci nous a permis de remplir nos obligations au regard des décisions prises lors du Sommet de l'enfant de 1990.  Nous avons déjà soumis notre rapport national sur la mise en oeuvre de la Déclaration mondiale sur la survie, la protection et le développement des enfants.  Des avancées ont eu lieu dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'alimentation, de l'approvisionnement en eau potable et de l'assainissement.  Le taux de couverture vaccinale a largement augmenté pour atteindre les 99% pour la tuberculose en 1998, 77% pour la polio/DPT III et 82% pour la rougeole. Les cas de diarrhée chez les enfants âgés de quatre ans est passé de 197 277 à 178 148 au cours de la période 1997-1998.  Des progrès ont également été réalisés pour ce qui est de la sécurité alimentaire et l'accès à l'éducation.  Le Mozambique a ratifié les conventions internationales et régionales comme la Convention relative aux droits de l'enfant et la Charte africaine des droits de l'enfant et nous avons mis récemment en place un Parlement composé d'enfants.  La réduction de la pauvreté est notre préoccupation majeure et le gouvernement a approuvé un Document stratégique de réduction de la pauvreté pour 2001-2005.  L'éducation et la santé en sont des composantes prioritaires.


Mme TARJA HALONEN, Présidente de la Finlande, a estimé que pour prévenir la marginalisation des enfants, il est nécessaire d’établir une coopération étroite entre les familles, les écoles et les autorités publiques.  Se déclarant, par ailleurs, préoccupée que dans notre environnement “mondialisé”, la concurrence et le rythme du travail soient si dures qu’elles empêchent les parents d’accorder tout le soin et le temps requis aux enfants, la Présidente a également plaidé pour une coopération étroite entre les autorités publiques et les organisations du marché du travail pour promouvoir un juste équilibre entre le travail et la vie familiale.  Parlant de l’issue de la session, la Présidente a averti que les bonnes résolutions en soit ne changent pas le monde.  Il faut les mettre en oeuvre et donner la possibilité aux enfants de participer à la prise de décisions les affectant.  Les enfants, a souligné la Présidente, sont une partie de la solution pas le problème.  Que cette session extraordinaire soit le pilier de notre engagement renouvelé en faveur de la cause des enfants, a-t-elle conclu.


M. DENZIL L. DOUGLAS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a rappelé que depuis plus de trente ans son pays a été à l’avant-garde de l’accès universel à l’éducation secondaire gratuite entre 5 et 16 ans, ce qui a permis d’obtenir un taux d’alphabétisation de 98%.  Aucun enfant ne doit être laissé de côté et mon gouvernement est convaincu que la santé est un élément important.  Dans ce cadre, un système de soins médicaux et dentaires a été institué partout dans le pays afin que chaque enfant puisse avoir accès aux soins.  La couverture vaccinale est de 100%.  Le représentant a lancé un appel aux sociétés pharmaceutiques et aux Nations Unies pour que tout soit fait afin d’assurer un accès à des médicaments moins coûteux pour les malades du sida.  Les structures traditionnelles doivent également être repensées, a-t-il poursuivi, afin de faire face aux changements en cours dans les familles. 


Une délimitation claire du rôle de la police, des agences de santé et d’éducation est par ailleurs en cours d’élaboration eu égard à la question des sévices faits aux enfants, a poursuivi le Premier Ministre.  Mon gouvernement, a-t-il dit, a identifié les domaines d’action prioritaires pour la prochaine décennie.  Parmi ceux-ci, on peut souligner l’accès universel à des services de qualité en matière de développement de la petite enfance, la mise en œuvre de cadres législatifs et politiques en partenariat avec les secteurs publics et privés et en collaboration avec l’UNICEF, la signature et la ratification d’autres instruments des droits de l’homme, la mise en place d’un mécanisme de suivi  garantissant la protection et la promotion des droits des enfants, le recueil de données systématique pour aider au suivi des progrès réalisés, la mise en place de cliniques tenant compte des besoins particuliers des enfants ainsi que le développement de l’éducation en matière de santé reproductive et sexuelle. 


Son Altesse royale DASHO JIGME KHESAR NAMGYEL WANGCHUCK, Prince héritier du Royaume du Bhoutan, a rendu hommage à tous ceux qui consacrent leur vie à la cause des enfants et redonnent ainsi espoir à ceux qui souffrent de la faim, de la maladie et de la peur.  Il a notamment salué le rôle essentiel joué par l’UNICEF et les autres organisations qui s’investissent dans le Mouvement mondial pour les enfants.  Se félicitant ensuite des progrès réalisés pour placer les enfants au cœur des préoccupations nationales et internationales, le Prince héritier a mis en garde contre toute complaisance face à un constat qui demeure inquiétant puisque des millions d’enfants sont encore victimes de maladies, d’analphabétisme et d’exploitation.  « Même dans le monde développé, les questions de drogues, de crimes, d’inégalité d’accès à l’éducation et de désintégration des structures familiales traditionnelles sont des menaces au développement des enfants et des jeunes », a-t-il dit.  Au Bhoutan, au cours des deux dernières décennies, l’investissement dans les secteurs sociaux clés a dépassé les 26% du budget annuel tandis qu’un système public de soins de santé primaires couvre actuellement 90% des besoins de la population.  L’espérance de vie est passée à 66 ans tandis que le taux de mortalité infantile est en recul de 40% et que le taux de scolarisation est de 80%.  Il a salué le rôle joué par les partenaires au développement et a souhaité que les efforts soient accentués pour pouvoir changer le monde des enfants. 


M. JUSTIN MALEWEZI, Vice-Président du Malawi, a fait part des progrès réalisés dans son pays, notamment pour ce qui est du taux de couverture vaccinale qui est de 75% pour tous les antigènes depuis plus de huit ans.  Il n'y a pas eu de cas de polio depuis 1992 ni de cas de rougeole en 2000 et 2001. Le tétanos néonatal a été éliminé.  Malgré cela, nous sommes confrontés à de nombreux défis dans le domaine de la santé maternelle et infantile.  La mortalité maternelle a presque doublé au cours de la décennie passée et l'état nutritionnel des enfants n'a pas évolué depuis 1992.  Presque la moitié des enfants souffrent de malnutrition et connaissent des retards de croissance.  Le Document stratégique national sur la réduction de la pauvreté accorde la priorité à ces questions, mais nous appelons la communauté des donateurs à soutenir nos efforts pour promouvoir la sécurité alimentaire dans les foyers en accroissant entre autres l'accès des agriculteurs aux technologies permettant de meilleurs rendements. 


L'éducation est un droit de l'homme fondamental et un facteur clé de réduction de la pauvreté et de promotion de la démocratie, de la tolérance et du développement.  L'introduction au Malawi d'une éducation primaire universelle gratuite en 1994 a constitué une étape historique.  Le taux d'inscription scolaire est alors passé de 1,9 millions à 3,4 millions en 1995.  Cet accroissement soudain a toutefois eu pour conséquence une surcharge des classes, avec un enseignant pour 140 enfants, et nous avons dû recruter un grand nombre d'enseignants non formés ce qui a eu un impact négatif sur la qualité de l'éducation.  Malgré nos efforts pour redresser la situation, les progrès sont ralentis par la dégradation du corps enseignant en raison de la pandémie du VIH/sida. 


La pandémie du VIH/sida constitue une menace à la réalisation des objectifs du Sommet mondial pour les enfants et les objectifs de développement du Millénaire.  Le VIH/sida causera plus de morts que toutes les guerres du 20ème siècle et laissera 40 millions d'orphelins d'ici 2010 si rien n'est fait.  Le sida a un impact dévastateur unique sur les processus de développement.  La lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria doit prendre la forme d'une déclaration de guerre commune.  Un allègement plus important de la dette permettrait d'allouer des ressources à la mise en oeuvre de programmes de réduction de la pauvreté, a estimé le Vice-Président.  La communauté internationale devrait financer le Fonds mondial santé.  Elle devrait mettre en oeuvre les recommandations en matière de santé de la Commission économique.  Elle devrait accroître son aide pour atteindre 0,7% du PIB et accroître la proportion de l'aide consacrée aux pays les plus pauvres. Les Gouvernements devraient consacrer 15% de leur budget à la santé.


M. ALHAJI ALIU MAHAMA, Vice-Président du Ghana, a rendu compte des progrès réalisés par son pays dans la réalisation des droits de l’enfant avant d’imputer les résultats incomplets en la matière au caractère limité des ressources dont dispose le Ghana.  Il a donc appelé la communauté internationale à répondre à l’appel de la Déclaration du millénaire de lancer une action en faveur des enfants d’Afrique.  Le Vice-Président a également appelé la communauté internationale à appuyer les efforts des gouvernements nationaux dans la réalisation des objectifs du Sommet mondial sur les enfants, et ce dans un esprit de solidarité internationale.  De notre côté, a poursuivi, le Vice-Président, nous essaierons de déployer tous les efforts pour mobiliser les ressources nationales afin d’améliorer la situation des enfants par le biais d’un programme intitulé “Partenariat national pour les enfants”.  Un Fonds d’affectation a d’ailleurs été créé pour les enfants dans le besoin et une campagne pour le “vote oui” a été lancé pour impliquer chaque citoyen aux efforts mondiaux. 


Abordant la question des enfants dans les conflits armés, le Vice-Président a souhaité que la communauté internationale soit plus ferme et traduise en justice les responsables des crimes de guerre contre les femmes et les enfants afin de dissuader ceux qui seraient tentés de perpétrer ce type de crimes.  Il a aussi lancé un appel aux pays membres de l'Organisation des Nations Unies pour qu’ils mettent fin à l’enrôlement des enfants soldats et ratifient rapidement le deuxième Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant.  La lutte contre l’immunité en la matière viendra aussi de la ratification universelle du statut de la Cour pénale internationale, a estimé le Vice-Président, avant de lancer un appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle contrôle plus efficacement le mouvement des armes légères. Le Vice-Président a aussi fait part de sa préoccupation au sujet trafic des enfants aux fins d’esclavage ou d’exploitation sexuelle.


Mme ARMIDA DE LOPEZ CONTRERAS, Vice-Présidente du Honduras, a indiqué que dans son pays la lutte pour la protection des droits de l’enfant s’est matérialisée par la mise en place d’un Plan d’action national qui a donné des résultats satisfaisants dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’assainissement.  Dans le même temps, le Honduras développe un processus de transformation dans le domaine de l’éducation avec pour priorité la diversification et la décentralisation de la gestion.  Les problèmes liés à l’enfance, a poursuivi la représentante, doivent être réglés au sein de son véritable contexte, à savoir la famille.  Le bien-être des enfants dépend en effet en grande partie des moyens que les Etats se donnent pour aider les familles à remplir leurs fonctions naturelles de génératrices de vie et pour éduquer les enfants.  L’adhésion de la délégation du Honduras au compromis qui devrait être adopté à l’issue de cette session se fait sur la base des principes moraux, éthiques, religieux et culturels qui régissent notre société.  Dans ce sens, le Honduras reconnaît comme droit inviolable la dignité de tout être humain, depuis le moment de sa conception jusqu’à sa mort et la famille comme élément naturel et fondamental de la société.  Mon pays, a ajouté la Vice-Présidente, réaffirme l’importance de la responsabilité paternelle et de l’abstinence de même que le rôle de la famille en matière d’éducation des enfants. 


Les pays les moins avancés ont besoin plus que jamais de la collaboration de la communauté internationale et de la mobilisation de ressources additionnelles, d’une réduction de la dette, d’une aide au développement et d’échanges commerciaux plus équilibrés.  Une possibilité pourrait être celle encouragée par l’Union européenne, l’Organisation des Etats africains et la Banque mondiale qui consiste à définir et à mettre en œuvre des programmes pour réduire la pauvreté urbaine et rurale concentrée dans les zones frontalières.  Une autre possibilité est la mise en œuvre du programme « E.gouvernement » sous l’auspice des Nations Unies et de l’Italie qui consiste à incorporer dans l’administration publique les avantages de l’informatique, de la technologie et de la communication au bénéfice de l’enfance.  Le Gouvernement du Honduras entend mettre ces options à exécution afin de réduire la pauvreté extrême des habitants qui sont privés de services de base, dont la moitié sont des enfants.


M. SERETSE KHAMA IAN KHAMA, Vice-Président de la République du Botswana, a estimé que cette session devait être l’occasion pour les États Membres de faire le bilan des réalisations dans le domaine de la protection de l’enfant, et en particulier, de tirer les conséquences des échecs et de réaffirmer leurs engagements pris en 1990 et lors du Sommet du Millénaire.  Il a rappelé que le Botswana avait signé la Déclaration finale du Sommet mondial pour les enfants en 1992 et que depuis, son Gouvernement a adopté un Programme d’action national pour la décennie 1993-2003.  Le développement des enfants a été ainsi placé au cœur de l’agenda politique au Botswana a déclaré le Vice-Président, faisant observer qu’au départ, son pays a très rapidement dépassé les objectifs fixés en 1990.  Cependant, le Botswana est confronté maintenant aux lourdes conséquences de la pandémie du VIH/sida qui a inversé les statistiques.  Ainsi, alors que le pays devait avoir réduit à 30 pour 1000 son taux de mortalité infantile et à 38 pour 1000 celui des enfants qui meurent avant l’âge de 5 ans, et malgré les efforts massifs dans le domaine de la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, les indicateurs se sont sérieusement détériorés. 


La pandémie du sida a également conduit à l’augmentation du nombre d’orphelins, 12% des enfants âgés de moins de 14 ans ayant perdu au moins un parent biologique.  Pour répondre à cette situation, le Gouvernement du Botswana a mis en place des programmes d’assistance pour les orphelins, a précisé M. Khama Ian Khama.  Abordant la question de la malnutrition, le Vice-Président a observé que le taux de malnutrition dans son pays était encore de 12,5% en l’an 2000 tandis que le taux de malnutrition aggravé est passé de 1% en 1993 à 2,4% aujourd’hui.  Il a imputé cette progression à la disparition des parents consécutive à la progression du VIH/sida et a ajouté que les taux de mortalité maternelle étaient demeurés élevés et bien au-delà des objectifs fixés pour 2003.  En revanche, il a souligné les progrès significatifs en matière de développement rural, expliquant que le taux de couverture des zones rurales en eau potable est passé de 68% en 1993 à 90,5% en 2000 tandis qu’il plafonne à 99% pour les zones urbaines.  Concernant l’accès à l’éducation primaire, il est passé de 75% en 1991 à 86% en 2000, a précisé le Vice-Président, selon une répartition de 89% pour les zones urbaines et de 81% en zones rurales.  Pour répondre à cette situation, le Gouvernement du Botswana entend mettre en œuvre des programmes d’éducation dans le primaire et le secondaire visant à la prévention contre le sida et à la sensibilisation sur la santé reproductive, mais également d’autres programmes centrés sur le développement des enfants dans les stades préscolaires.  Il a assuré que le Botswana poursuivra d’adopter sa législation et ses institutions pour les rendre conformes à la Convention sur les droits de l’enfant et à ses protocoles additionnels. 


Mme WU YI (Chine) a déclaré que pour répondre efficacement aux nouveaux problèmes et défis de demain, il faut que "les enfants d'abord" soit le principe qui gouverne les processus de développement des enfants.  Les gouvernements devraient intégrer le développement de l'enfant dans leurs stratégies nationales de développement socio-économique et définir des objectifs à atteindre.  Des efforts doivent tendre vers le renforcement de la protection des droits et intérêts des enfants, l'amélioration des lois et règles et créer un environnement favorable à leur croissance.  Il est également nécessaire de mobiliser toutes les forces de la société. L'élimination de la pauvreté est une précondition au développement de l'enfant.  De plus, il est nécessaire de combler le fossé entre les régions et les nations pour que tous les enfants bénéficient des dividendes de la mondialisation et des progrès technologiques. 


Pour la représentante, il est également nécessaire de définir les priorités de demain.  Nous estimons que la priorité devrait être donnée à l'avenir à la maternité et à l'éducation des enfants, à l'éducation élémentaire, au contrôle de la pandémie du VIH/sida et à la protection des droits légitimes et des intérêts des enfants pour lesquels il est nécessaire de disposer de davantage de ressources. La coopération internationale est également indispensable, les pays développés ayant le devoir de fournir une aide financière aux pays en développement, de procéder à des transferts de technologies, et de contribuer à renforcer les capacités des pays dans le domaine du développement de l'enfant.  Plus important encore, les pays développés doivent honorer leurs engagements en matière de commerce et d'allègement de la dette.  Ils doivent créer les conditions favorables à la réduction du fossé entre le Nord et le Sud afin que les pays en développement soient en mesure de consacrer plus de ressources à la survie, à la protection et au développement de l'enfant.


M. KORN DABBARANSI, Vice-Premier Ministre de la Thaïlande, a déclaré que son pays a réalisé des progrès impressionnants en matière de protection de l’enfant mais, a-t-il convenu, des efforts considérables restent encore à faire.  Il a ainsi indiqué que la nouvelle constitution de 1997 et le neuvième Plan de développement économique ont en leur centre  les droits de l’homme et le développement humain.  Partant, les principes de la Convention relative aux droits de l’enfant sont incorporés dans les nouvelles lois et le nouveau programme d’action pour la protection de l’enfant.  La Thaïlande, a estimé le Vice-Premier Ministre,  ne saurait se contenter des résultats actuels.  Il a donc plaidé pour une ferme détermination politique afin d’améliorer les politiques et les programmes en faveur des enfants.  Il faut tout faire pour que le monde soit digne des enfants et passer à l’action, a insisté l’orateur en prévenant que les enfants présents à cette session extraordinaire reviendront un jour comme adultes et ne manqueront de juger ce qui a été fait en leur faveur.


M. PALL PETURSSON, Ministre des affaires sociales d’Islande, a fait remarquer qu’une comparaison internationale montre que les enfants islandais sont privilégiés dans la mesure où ils connaissent la paix et la sécurité et où ils peuvent jouir d’un bon système de protection sociale et d’éducation.  Nous devons cependant reconnaître que les enfants méritent une attention particulière, que leurs droits et leurs besoins doivent être reconnus et que la situation doit être améliorée.  Leur participation dans la société doit être assurée en respect de leur liberté d’expression.  Dans ce contexte, le Gouvernement d’Islande reste impliqué dans la mise en œuvre de la Convention sur les droits de l’enfant et ses deux protocoles facultatifs et a pris au cours de ces dernières années des mesures en faveur des enfants.  Chaque parent islandais peut notamment disposer d’un congé maternel ou paternel de trois mois.  Un Ombudsman pour l’enfant a également été établi et une attention particulière a été accordée à la protection de l’enfant par le biais d’une opération de l’agence gouvernementale de la protection de l’enfant.  De même, le nombre de traitements et de structures de réinsertion pour les jeunes alcooliques ou toxicomanes a été augmenté.  Enfin, le représentant a mentionné que, conformément aux résolutions adoptées par le Parlement islandais, son Gouvernement a élaboré une politique publique globale sur les questions relatives aux enfants. 


Mme CORAZON JULIANO-SOLIMAN, Présidente du Conseil national pour le bien-être de l’enfant des Philippines, s’est félicitée des progrès enregistrés dans la réalisation des objectifs définis en 1990, notamment à l’échelle régionale et a souligné l’adoption de la Déclaration ministérielle de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), en août 2001.  Par cette Déclaration, l’ANASE s’engageait en faveur des enfants et à promouvoir l’échange d’informations entre ses membres sur les droits de l’enfant, les programmes éducatifs, le planning familial ou encore la création d’emplois.  Elle a ajouté que les Philippines ont ratifié les deux protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant le 23 avril 2002.  Au cours de la dernière décennie, a-t-elle précisé, 24 lois ont été adoptées par le Congrès philippin, qui établissent notamment un système de protection de la petite enfance, et un plan d’action d’une durée de 25 ans a été mis en œuvre par le Gouvernement en partenariat avec la société civile et les partenaires étrangers afin de couvrir les besoins des enfants.  Le taux de scolarisation dans le primaire est passé de 85% en 1992 à 96,4% en 2000 tandis que les taux de mortalité infantile et maternelle ont largement diminué, ainsi que le taux de prévalence.  L’accès des populations à l’eau potable est toutefois passé de 68% à 81% en dix ans.  Mme Juliano-Soliman a toutefois fait remarquer que le nombre d’enfants ayant besoin d’une protection particulière a augmenté, même si le Gouvernement, grâce à un partenariat avec le secteur privé, la société civile et les bailleurs de fonds, a pu venir en aide aux enfants de la rue, aux enfants soumis au travail précoce et forcé et aux enfants exploités, afin de les réinsérer socialement.  Nous n’investissons pas en faveur des enfants, a-t-elle dit, suggérant une augmentation des ressources et des mesures orientées vers la consolidation du rôle de la famille pour assurer l’avenir des enfants.  Elle a jugé qu’il faudrait promouvoir les droits et le bien-être des enfants et des autres groupes vulnérables qui sont les premières victimes des conflits et méritent qu’on leur assure un monde meilleur. 


M. HAMILTON LASHLEY, Ministre de la transformation sociale de la Barbade, a expliqué que le programme de développement socioéconomique de son pays avait fait du développement humain une priorité, en particulier le développement des femmes et des enfants.  Ceci s'est manifesté par la ratification de la Convention relative aux droits de l'enfant en 1990 et par la fourniture de services sociaux de qualité.  Nous avons l'intention de lancer le Mouvement mondial pour les enfants à la fin de ce mois.  Les principes fondamentaux de la Convention sont incarnés dans notre Constitution et notre législation sociale.  En 1997, nous avons lancé un vaste programme de vaccination.  La polio a été éliminée de la sous-région des Caraïbes depuis 1994.  L'éducation est gratuite et elle est obligatoire de 5 à 16 ans.  Reconnaissant les effets négatifs de la pauvreté, la Barbade a établi un Bureau et un Fonds pour l'élimination de la pauvreté. 


La pandémie du VIH/sida est un défi émergent qui touche principalement la population âgée de 15 à 45 ans.  Nous avons mis en place une Commission nationale chargée de la gestion de la pandémie.  L'éducation en matière de santé accorde une place importante à la prévention.  Par ailleurs, avec la désagrégation des structures familiales élargies, les parents se tournent de plus en plus vers le secteur formel en conjonction avec le secteur privé.  Nous nous sommes également lancés dans un programme permettant aux habitants de combler leurs lacunes technologiques.  Le Ministre a ajouté que la guerre constituait la menace la plus sérieuse au bien-être des enfants.  Nous lançons un appel à la communauté internationale en faveur de la promotion de la paix. 


M. MOHAMMED IYAD AL-SHATTI, Ministre de la santé de la République arabe syrienne, a indiqué les progrès faits dans pays, en particulier en ce qui concerne la santé des enfants.  Il a ainsi souligné que le taux de mortalité des enfants de moins d’un an est passé de 33 sur 1000 à 18 sur 1000 et pour les enfants de moins de 5 ans de 44 sur 1000 à 19 sur 1000.  L’accès aux services médicaux a été élargi dans toutes les provinces, a dit le Ministre en soulignant que le programme “Santé des villages” a contribué considérablement à ces succès grâce à la participation des ONG.  La mise en valeur des ressources humaines reçoit beaucoup d’attention de la part des dirigeants politiques, a-t-il affirmé en affirmant aussi que grâce aux valeurs de la société syrienne, le VIH/sida, les maladies sexuellement transmissibles et les maladies liées à l’abus des drogues ne sont pas de vrais problèmes.  Les défis en matière de promotion des droits de l’enfant, a estimé le Ministre, exigent davantage de travail et une coopération franche et honnête exempte de pensées racistes.  A cet égard, il a attiré l’attention sur les actions d’Israël contre les citoyens des territoires occupés et ce, en violation des résolutions pertinentes du Conseil.  Le Ministre a voulu que la communauté internationale assure une protection aux enfants palestiniens avant de réitérer sa condamnation des attaques du 11 septembre au même titre que les pratiques israéliennes arbitraires.  Il a aussi déploré les souffrances du peuple iraquien victime de sanctions.


M. RO TEIMUMU KEPA, Ministre de l’éducation de Fidji, a indiqué que dans la mesure où la mondialisation impose une série de nouveaux défis qui détruisent la protection sociale traditionnelle.  Les gouvernements et les Nations Unies doivent donc trouver des solutions appropriées aux problèmes rencontrés par les jeunes.  Dans ce contexte, Fidji dispose d’un Comité de coordination sur les enfants qui a été établi en 1993 et qui est composé du gouvernement, d’organisations non gouvernementales et d’institutions internationales.  Le gouvernement harmonise en outre la législation fidjienne avec les principes et les dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant.  Le Comité de coordination a lancé une étude afin d’évaluer l’impact de la crise politique de mai 2000 sur les enfants de Fidji et élabore actuellement un plan d’action stratégique pour appliquer la Convention sur la période 2003-2005. 


M. Kepa a également fait remarquer que les efforts nationaux ont été facilités par l’aide des donateurs et des institutions partenaires, y compris l’UNICEF dans le domaine de la mobilisation sociale et de la sensibilisation aux questions touchant les enfants.  La communauté internationale doit rester particulièrement sensible aux problèmes des petits Etats insulaires en développement en raison de`leurs spécificités géographiques.  La session actuelle doit mettre en place des mécanismes qui améliorent l’articulation entre les processus sous-régionaux et les processus mondiaux dans le cadre des objectifs de développement internationaux.  Enfin, M. Kepa a formulé l’espoir que le plan d’action qui sera adopté dégage des objectifs réalistes permettant de combler les lacunes car il n’y a pas d’autres solutions que de cultiver chez les enfants les qualités et les connaissances qui en feront des citoyens responsables.


Mme LILA T. ABAUNZA DE BOLANOS, Ministre d’Etat du Nicaragua, a exprimé son intérêt pour la cause du devenir des enfants, non en qualité de Première dame du pays, mais à la fois en tant que femme, en tant que fille, en tant qu’épouse et en tant que mère de famille.  Elle a lancé un appel à ceux qui croient encore dans l’institution de la famille qui est la seule à même de servir de fondement à une société à visage humain.  La famille est le lien entre l’homme et la femme qui sont tous deux des créatures divines et symbolisent, côte à côte, l’avenir.  Pour elle, la famille et l’amour permettent de surmonter la souffrance infligée par la misère et d’apporter une éducation à leurs enfants.  Elle s’est dit inquiète du nombre d’enfants nés dans des situations irresponsables, de mères célibataires, des enfants qui ne connaissent pas leurs pères et ne disposent pas du cadre de vie adéquat à leur développement. 


M. GILBERT OUEDRAOGO, Ministre de l'action sociale et de la solidarité nationale du Burkina Faso, est revenu sur les mesures prises par son gouvernement en faveur des enfants avant de reconnaître que ces actions connaissent des limites tant au niveau de la mobilisation sociale et financière qu'au plan juridique où subsistent des insuffisances.  Et pourtant, les enfants représentent 48 % de la population et les moins de 18 ans 56% sur une population totale estimée à plus de 10 millions d'habitants en 1996.  Les difficultés sont dues à la persistance de la pauvreté et aux pesanteurs socioculturelles, à l'insuffisance des actions d'information, d'éducation et de communication ainsi qu'à l'insuffisance de données ventilées sur la situation des enfants, ce qui ne permet pas de disposer d'indicateurs précis permettant des actions ciblées. 


Toutefois, a ajouté le Ministre, le soutien sans faille de nos partenaires au développement nous encourage à persévérer.  Nous envisageons d'organiser des concertations entre partenaires et de développer des initiatives impliquant les communautés, à travers des stratégies appropriées et opérationnelles.  Un processus d'introduction des droits de l'enfant dans les programmes scolaires est en cours depuis 1999 et le Parlement des enfants va être renforcé pour une plus grande participation des enfants à la prise de décision. Il est en outre envisagé d'élaborer un texte global tandis que des initiatives permettant de créer des tribunaux pour enfants et la spécialisation de juges pour enfants sont en cours.  Nous souhaitons que tous les Etats sans exception adhèrent aux décisions qui seront adoptées.  Il est nécessaire dans ce contexte de tenir compte d'un pays comme la République de Chine à Taiwan dont l'expérience, l'esprit de solidarité et les capacités en matière de coopération peuvent énormément contribuer à l'avancée des droits de l'enfant.


M. DJAMEL OULD ABBES, Ministre de l’action sociale et de la solidarité nationale de l’Algérie, s’est demandé “Comment en sommes-nous arrivés là alors même que nous pensions avoir mis en place les mécanismes et les garde-fous nécessaires à la protection des enfants”.  Apportant des éléments de réponse, il a estimé que la rupture des équilibres subtils sur lesquels s’étaient longtemps appuyés la famille et la société, les bouleversements des modes de vie et de pensée liés aux pressions sociales inhérentes à la compétitivité et aux impératifs de rendement ont entraîné l’émergence d’une nouvelle société humaine âpre au gain facile et d’où semblent bannies l’éthique et la morale.  C’est ainsi, a-t-il estimé, que des milliers d’enfants sont victimes des réseaux criminels, livrés à la délinquance et à la prostitution ou exploités sans scrupules.


La pauvreté, a poursuivi le Ministre, fait le lit des atteintes aux droits de l’enfant et ne cesse d’étendre son aire de privations et de frustrations menaçant certains acquis obtenus au prix de lourds sacrifices.  A cet égard, la globalisation rend encore plus complexe l’équation entre un développement soutenu et durable et la mobilisation des ressources financières nécessaires à l’amélioration de la condition sociale.  Il est incontestable, a-t-il encore dit, que la baisse drastique de l’APD, le lourd fardeau de la dette extérieure ainsi que l’impact négatif des programmes d’ajustement structurel sur les services sociaux de base ont une répercussion directe sur la qualité de vie des populations et en particulier des enfants.  C’est pourquoi, a-t-il conclu, le renouvellement de notre engagement politique en faveur des enfants est nécessaire.  Mais plus que cet engagement, l’amélioration de la situation est tributaire d’une nouvelle dynamique de la coopération internationale.  Outre, le concours effectif des traditionnelles sources de financement, il y lieu d’encourager les initiatives d’autres partenaires tels le secteur privé et les ONG et les alliances entre les secteurs public, privé et la société civile.


Mme HAJIA AISHA ISMAIL, Ministre des affaires sociales et du développement de la jeunesse du Nigéria, a souligné qu’il n’y a pas d’autre continent que le continent africain où les problèmes et les difficultés auxquels sont confrontés les enfants sont aussi profonds et répandus.  L’Afrique connaît en effet le taux le plus élevé d’enfants orphelins du sida, le plus grand nombre d’enfants qui ne sont pas scolarisés, qui souffrent de malnutrition et qui meurent avant l’âge de cinq ans.  La pauvreté est la cause principale de ce problème et la lutte contre ce fléau est le seul moyen de faire en sorte qu’il n’y ait plus aucun enfant qui meure de faim.


Les pays en développement, en particulier en Afrique, sont pris dans la spirale de l’endettement.  Ils sont donc confrontés au défi du développement avec des ressources financières très faibles et l’expérience nigérienne montre que les programmes globaux qui ont été définis afin de lutter contre la pauvreté des enfants et des femmes ont été paralysés par le manque de ressources financières.  C’est pourquoi le Nigeria continue de lancer un appel en faveur de l’annulation de la dette extérieure.  Nous sommes en effet convaincus que la dette extérieure est non seulement un fardeau mais également un obstacle à la mise en œuvre de programmes destinés à libérer les enfants et les femmes de la pauvreté.  Une solution serait que les nations créditrices annulent ces dettes en les convertissant dans des fonds développement au bénéfice des enfants.  Cela représente le moyen le plus sûr de construire un monde libre pour nos enfants.


Mme BIBI S. SHADICK, Ministre du travail, des services sociaux et de la protection sociale du Guyana, s’est félicitée du fait que la Convention relative aux droits de l’enfant soit aujourd’hui l’instrument juridique le plus ratifié, constituant par ailleurs le fondement de toute action nationale ou régionale en direction des enfants.  Afin de faire de notre planète un monde digne des enfants, elle a souligné qu’il fallait admettre dans un premier temps la vulnérabilité des enfants et des adolescents et déployer tous les efforts possibles pour promouvoir les droits des enfants.  Elle a insisté sur le droit à la santé, les campagnes de prévention et de vaccination, l’accès équitable à une éducation de qualité, l’accès à une alimentation équilibrée et à l’eau potable, comme autant de principes fondateurs du développement des enfants.  Mme Shadick a ajouté la lutte contre le VIH/sida dans les priorités à mettre en œuvre au plan national avant de plaider pour une répartition plus équitable des progrès technologiques et scientifiques dans le monde.  Elle a ensuite fait part de certaines initiatives prises dans son pays, en particulier le Plan d’action national pour les enfants qui cible  prioritairement les enfants mais aussi les femmes, ces deux groupes faisant l’objet des préoccupations sociales majeures de son pays.  Ce programme couvre des domaines variés tels que l’alimentation des zones urbaines et rurales en eau potable, le renforcement des structures sanitaires dans le but de faire chuter les taux de mortalité infantile et maternelle, le développement de la recherche de traitements anti-rétroviraux pour prévenir la transmission du virus du sida de la mère à l’enfant. 


Mme Shadick a également fait part des réformes juridiques et institutionnelles afin d’améliorer le respect des droits de l’enfant conformément à la Constitution du Guyana qui dispose que chaque citoyen a droit à une éducation et à une protection sociale et sanitaire de base.  Parmi les réformes prioritaires cette année, le Guyana prévoit la création d’une cour familiale, l’élaboration d’une loi qui intègre les éléments de la Convention relative aux droits des enfants et enfin la mise en place d’un système pour délivrer les certificats de naissance.  Elle a demandé que la dette soit annulée pour permettre aux États en développement de répondre aux objectifs visant à bâtir un monde digne des enfants et Mme Shadick a également souligné le déséquilibre posé par les barrières commerciales qui privent ces pays de ressources. 


M. PIO CABANILLAS, Ministre porte-parole de l'Espagne, a déclaré au nom de l'Union européenne et des pays associés, que les quatre principes de la Convention relative aux droits de l'enfant- l'intérêt de l'enfant, sa survie, la non-discrimination, le développement et la participation- guident les initiatives de l'Union européenne.  Depuis l'adoption de la Convention et la tenue du Sommet mondial sur les enfants, nous avons réalisé des progrès dans tous les domaines relatifs aux droits de l'homme et dans la mise en oeuvre d'un cadre global de réduction de la pauvreté.  La Charte européenne des droits fondamentaux réaffirme l'obligation d'agir dans le meilleur intérêt de l'enfant et de tenir compte de leur opinion.  Des mécanismes de contrôle de la mise en oeuvre de la Convention ont été établis.  La création de postes de médiateurs s'est faite dans de nombreux pays.  Au niveau international, nous avons toujours plaidé en faveur de l'intégration d'une approche fondée sur les droits dans le travail des organisations régionales et internationales comme l'UNICEF. 


Au rang de nos priorités pour créer un monde digne des enfants figure la nécessité de faire de la Convention relative aux droits de l'enfant la base légale de toute action.  Nous appelons instamment tous les Etats à retirer leurs réserves et à ratifier ses Protocoles facultatifs.  Une autre priorité est de parvenir à l'abolition de la peine de mort et nous lançons un appel pressant pour que soit mis un terme à cette pratique et à l'emprisonnement à vie pour ceux qui avaient moins de 18 ans au moment de leur crime.  Par ailleurs, la santé reproductive a été négligée.  Chaque année, des adolescentes donnent naissance à 30 millions d'enfants.  Il faut que les jeunes soient en mesure de faire des choix sans risque dans ce domaine.  Pour réduire les taux de mortalité infantile de deux tiers et les taux de mortalité maternelle de trois quarts d'ici 2015, nous devons développer des services de santé préventifs et curatifs ainsi que des services sociaux accessibles.  Nous soulignons également l'importance d'éliminer le travail des enfants.  Les Etats doivent également fournir une éducation de base et de qualité gratuitement, y compris aux enfants frappés de handicaps physiques et mentaux.  Nous comptons tirer parti du Consensus de Monterrey pour forger de nouveaux partenariats.  Les pays membres de l'Union européenne ont décidé de consacrer d'ici 2006 0,39% du PIB de l'Union européenne à l'aide au développement.


Mme DIARRA AFOUSSATOU THIERO, Ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille du Mali, a rappelé que son pays a abrité la première rencontre internationale pour l’harmonisation des législations nationales contre l’exploitation des enfants dans l’espace francophone et autres pays africains.  Cette importante rencontre a formulé les principes directeurs dans les domaines de la protection des enfants contre toutes les formes d’exploitation sexuelle et/ou économique, les formes de maltraitance, et ou de violence, de l’éducation, du travail des enfants ainsi que de la situation des enfants dans les conflits armés et des enfants déplacés et réfugiés.  Le Mali, a-t-elle dit, a pris d’autres initiatives ayant abouti à l’adoption d’un plan d’action 1992-2000 comprenant les volets “survie, développement et protection de l’enfant”.  De même, le Mali a élaboré et mis en oeuvre un plan d’action conjoint Gouvernement-société civile pour le suivi du mouvement mondial en faveur des enfants.  Dans le même ordre d’idées, il a élaboré un plan d’action de lutte contre le trafic des enfants et signé avec la Côte d’Ivoire une Convention bilatérale en matière de lutte contre le trafic des enfants, ce qui est une première du genre en Afrique.  En outre, le Mali a organisé en mai 2001, la rencontre des premières Dames d’Afrique de l’Ouest et du centre sur la réduction de la mortalité maternelle et néonatale.


M. ROBERTO INTERIANO, Vice-Ministre des relations extérieures et de la coopération internationale d’El Salvador, a fait savoir que son pays des pris des mesures institutionnelles et juridiques importantes qui ont eu une incidence directe sur les enfants.  Même si El Salvador est un pays très vulnérable par rapport aux catastrophes naturelles, il a mis en place des réformes importantes en matière d’éducation qui ont impliqué une politique de décentralisation et la participation de la société civile.  A partir de 1999, mon gouvernement a initié des consultations publiques avec les enfants, des entités étatiques et la société civile afin de formuler une politique nationale pour le développement intégral de l’enfant en respect de ses droits fondamentaux.  Ces consultations ont eu pour objectif d’harmoniser la législation, d’améliorer la gestion locale et de mettre en place des mécanismes de protection et de contrôle.  Par ailleurs, l’Institut de protection de l’enfant du Salvador créé en 1993 a été réorganisé et détient actuellement un rôle majeur en matière de promotion, de supervision et d’évaluation des besoins.  De plus, il a permis le développement de programmes plus intégrés qui favorisent la réinsertion des jeunes délinquants.  Le programme « pays jeune » mobilise en outre des ressources de dix-sept institutions publiques  et privées et met au service des enfants des activités sportives, culturelles, de loisir et de formation.  De même, mon gouvernement a développé un programme national pour lutter contre toutes les formes de travail des enfants et contre leur exploitation sexuelle.  Enfin, le Vice-Ministre a souligné que de nombreux progrès ont été accomplis mais que la situation reste fragile devant l’instabilité économique et sociale externes, l’existence de maladies qui pourraient être prévenues, la prolifération du sida, la toxicomanie et la malnutrition. 


M. IMRE SZAKACS, Secrétaire d’Etat à la jeunesse et aux sports de la Hongrie, a souligné que le système de protection de l’enfant fonctionne plutôt bien dans son pays dans la mesure où il énonce à la fois les droits et responsabilités des enfants et des parents.  En lançant un programme intitulé « un mode de vie sain », le Gouvernement hongrois est parvenu à promouvoir une hygiène de vie responsable pour les adultes et les enfants et a notamment assuré la vaccination de 99% des enfants.  Le système de protection des enfants recouvre deux aspects, le premier étant lié à l’appui aux soins de l’enfant, le second touchant à la promotion d’un environnement sain pour assurer son développement.  Le Code de protection des enfants a par ailleurs été modifié en 2002 pour mieux combler les vides juridiques dans le domaine de l’adoption.  Dans le système d’allocations familiales, les prestations ne dépendent pas en Hongrie des ressources de la famille mais des besoins de développement de chaque enfant et les familles les plus démunies reçoivent des allocations additionnelles.  Afin de mieux se pencher sur les problèmes de la jeunesse, le Gouvernement hongrois s’est doté en 1999 d’un Ministère de la jeunesse et des sports a ajouté le Secrétaire d’Etat tandis qu’un poste de représentant des droits de l’enfant sera créé en 2003 parallèlement à un autre poste de Commissaire aux droits de l’enfant et à la famille.  Par ailleurs, le Gouvernement privilégie la concertation avec les jeunes pour définir les politiques et promeut des campagnes de communication sur les enjeux auxquels sont confrontés les jeunes et les enfants. 


Le Gouvernement hongrois a également opté pour la gratuité de l’Internet pour les enfants et les adolescents et développé une coopération avec les organisations familiales et les organisations de protection des handicapés afin de lutter contre la discrimination dont ils peuvent faire l’objet.  Le Gouvernement hongrois a pris des mesures pour prévenir la consommation et l’abus de drogues dans le milieu scolaire mais aussi dans les structures de loisirs.  Il a souligné que, sur le point d’adhérer à l’Union européenne, la Hongrie est parvenue au cours des douze dernières années à créer les conditions politiques, sociales et économiques du développement de l’enfant et de la jeunesse. 


M. JEAN DELACROIX BAKONIARIVO (Madagascar) a souscrit à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, faite par le Venezuela, et a déclaré que son pays se félicitait des résultats du Forum panafricain sur l'avenir des enfants qui a eu lieu au Caire en Egypte du 28 au 31 mai 2001.  Madagascar adhère à la position commune africaine élaborée par le Secrétariat de l'Organisation de l’unité africaine (OUA) sur les droits et les questions touchant aux enfants, et fait siennes l'Initiative de Bamako sur la survie, le développement et l'immunisation universelle des enfants en Afrique; la Déclaration de la 30ème réunion ministérielle sur le sida et l'enfant en Afrique de 1994; la Déclaration de Tunis sur le suivi des objectifs de la mi-décennie en faveur des enfants de 1995; la résolution de 1996 proclamant la période 1997-2006, Décennie de l'éducation en Afrique; et le 3ème Sommet de la mission des premières dames d'Afrique pour la paix et les questions humanitaires de Libreville, de mai 2001.


Madagascar déplore la persistance de la pauvreté dans beaucoup de pays et estime qu'il conviendrait de placer son éradication au premier des priorités; d'accroître les investissements dans les services sociaux, de renforcer la coopération régionale et internationale concernant les moyens techniques, législatifs, financiers, afin de mettre fin au travail des enfants dans des conditions dangereuses et à leur exploitation.  Le renforcement de la coopération technique et le transfert des technologies permettraient aux enfants de bénéficier de la promotion d'un cadre d’éducation performant.  Il est également important de concrétiser les mesures prises en faveur du  maintien de la paix, et de la prévention des conflits, qui bafouent tant les droits des enfants.  Il faudrait aussi renforcer les mécanismes de l'action humanitaire face aux catastrophes naturelles afin de répondre aux besoins des femmes et des enfants, et il faudrait accorder une attention particulière aux enfants vivant en situation de réfugiés.  La communauté internationale doit promptement répondre à l'appel du Sommet du Millénaire afin de donner une priorité aux enfants d'Afrique, a dit le représentant.  


Mme CAROL BELLAMY, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a souligné que 12 ans après le Sommet mondial sur les enfants, il est impossible de ne pas voir l’accélération de l’histoire.  De même, a-t-elle dit, qui aurait pu imaginer, que 56 ans après sa création, l’UNICEF participerait à l’élaboration des normes de droits de l’homme et à des opérations de secours d’urgence.  En 1990, a-t-elle aussi rappelé, 71 Chefs d’Etat se sont mis d’accord sur les principes de la survie et du développement de l’enfant.  Aujourd’hui, ce qui était étonnant en 1990 est devenu la norme.  Les droits de l’enfant, ceux des femmes et le développement humain sont devenus une réalité.  C’est la première fois qu’une session extraordinaire de l’Assemblée générale se réunit sur les enfants et c’est la première fois aussi que des enfants sont invités.  Rappelant les propos qu’elle a tenus au Forum de la jeunesse, elle a déclaré : “J’espère que la détermination que vous avez montrée inspirera les dirigeants politiques et les conduira à mettre tout en oeuvre pour instaurer un monde juste et pacifique”.


La Convention relative aux droits de l’enfant a contribué à l’amélioration de la santé de l’enfant et de la femme.  Ce sont des succès immenses presque imprévisibles il y a un demi-siècle qu’il faut aussi attribuer à la société civile, aux communautés locales, et aux enfants eux-mêmes.  Mais pour tous les millions de vies sauvées, la plupart des buts de survie n’ont pas été atteints en matière d’éducation de base, de la mortalité maternelle, de la mortalité des enfants de moins de 5 ans et de l’assainissement.  La prolifération des conflits se poursuit et provoque d’immenses pertes chez les enfants.  D’autres formes de violence sont des obstacles à leur développement.  Les progrès des enfants ont aussi été entravés par la pandémie du VIH/sida, le nombre croissant des crises humanitaires et le déclin de l’APD.  Mais malgré toutes les incertitudes du monde, l’avenir est plus que jamais entre nos mains, a estimé Mme Bellamy.  Pour elle, la session extraordinaire est une occasion de redynamiser les engagements internationaux pour réaliser une vision globale en faveur des enfants aujourd’hui et demain.  La création d’un monde réellement digne des

enfants n’implique pas seulement l’absence de guerre mais l’assurance que les enfants ne mourront pas de maladies évitables, auront accès à l’eau et aux services d’assainissement, participeront aux processus de prise de décisions et profiteront d’un monde, qui fera d’eux des adultes sains et vivant dans la dignité.  Tout cela exigera l’implication de tous, gouvernements, société civile, secteurs publics et secteurs privés.  Le monde recherché aujourd’hui est un rêve mais en oeuvrant ensemble, ce rêve peut devenir réalité.


M. RUUD LUBBERS, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a indiqué que la moitié des 21 millions de personnes relevant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) sont des enfants.  Ils méritent une attention particulière dans la mesure où ils se trouvent exposés aux conflits armés et au manque d’accès à la nourriture, à l’eau, à des abris et à des soins de santé de base.  Ils sont souvent séparés de leurs familles durant les conflits et parfois soumis à des sévices sexuels et à la violence.  Ils sont les victimes des manipulations et des forces armées et sont souvent exposés au virus du sida.  Leur éducation est souvent interrompue à un stade crucial de leur développement.  La réunification familiale est un des objectifs principaux du HCR.  Dans ce contexte, nous travaillons en étroite collaboration avec le Comité international de la Croix- Rouge, l’UNICEF et d’autres partenaires, notamment dans la région des Grands lacs où 62 000 enfants rwandais ont retrouvé leurs familles entre 1994 et 1998.  Cependant, de nombreux progrès restent à accomplir pour répondre aux besoins de ces enfants séparés. 


Un autre problème crucial est celui de la vulnérabilité des enfants réfugiés face à la violence, à l’exploitation et à la maltraitance.  Des mesures préventives doivent être prises afin d’améliorer l’organisation des camps, la distribution de la nourriture et de s’assurer que les enfants sont protégés.  Il est également indispensable de mettre en place des mécanismes permettant de traduire en justice les personnes qui violent ces droits fondamentaux et d’appliquer le principe de la tolérance zéro pour l’exploitation sexuelle, la maltraitance et la violence.  L’éducation fournit en outre une alternative positive à la toxicomanie, au crime et à la militarisation.  Enfin, M. Lubbers s’est félicité de la coopération avec Mme Angelina Jolie, actrice et ambassadrice de bonne volonté pour le HCR qui continue de montrer sa solidarité avec les enfant réfugiés, avec M. Johan Koss, patineur, qui développe des projets sportifs dans les camps et avec Mme Jane Goodall, écologiste qui, par le biais de son Institut « Roots and Shoots » développe un programme qui donne aux enfants réfugiés la possibilité de participer à la vie de la communauté. 


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.