LE PRESIDENT DE L'AUTORITE INTERIMAIRE AFGHANE DEMANDE LA PROROGATION DU MANDAT DE LA FORCE INTERNATIONALE ET SON EXTENSION DANS LES PRINCIPALES VILLES DU PAYS
Communiqué de presse CS/2249 |
Conseil de sécurité CS/2249
4461e séance – matin 30 janvier 2001
LE PRESIDENT DE L'AUTORITE INTERIMAIRE AFGHANE DEMANDE LA PROROGATION DU MANDAT DE LA FORCE INTERNATIONALE ET SON EXTENSION DANS LES PRINCIPALES VILLES DU PAYS
La sécurité est le fondement de la paix, de la stabilité et de la reconstruction économique, a déclaré, ce matin, le Président de l’Autorité intérimaire afghane, M. Hamid Karzaï. Sous la présidence du Ministre des affaires étrangères de Maurice, le Conseil a invité le Président de l'Autorité afghane à faire le point de la situation en Afghanistan. M. Karzaï a insisté sur l'engagement de son pays à mettre en place une police et une armée nationales pour la sécurité de son peuple. En attendant, le Président de l'Autorité afghane a demandé la prorogation du mandat de la Force internationale d'assistance à la sécurité à Kaboul et son déploiement dans les principales villes du pays. Cela témoignerait, a dit M. Karzaï, de l'engagement continu de la communauté internationale pour la paix et la sécurité. En ce qui concerne le niveau régional, M. Karzaï a déclaré "Nous tendons la main de l'amitié à tous nos voisins". Le peuple afghan, a-t-il souligné, n'est pas prisonnier du passé mais entend vivre dans la paix avec ses voisins dans une atmosphère de respect mutuel, fondé sur les principes de souveraineté et d'autodétermination, et dans un cadre d'ouverture commerciale et de coopération économique.
L’importance de préserver le processus de réconciliation, de reconstruction et de réhabilitation de toute pression ou intervention extérieure est un facteur de la stabilisation de l'Afghanistan, a estimé, pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de Maurice, s’exprimant en sa qualité de Président du Conseil de sécurité, qui a cité aussi la nécessité pour les dirigeants et les représentants des différents groupes ethniques afghans de surmonter leurs différences et de s’investir dans la création d’une nation démocratique. Au nom des membres du Conseil, le Ministre mauricien des affaires étrangères a réitéré l’appui du Conseil à tous les efforts fondés sur les Accords de Bonn.
Les Accords de Bonn – qui définissent les arrangements provisoires applicables en Afghanistan - ont été signés le 5 décembre 2001 à l'issue d'une Conférence, réunissant toutes les parties afghanes, convoquée sous l'égide des Nations Unies en présence du Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afghanistan, M. Lakhdar Brahimi. Les Accords prévoyaient la mise en place de l'Autorité intérimaire, composée de 30 membres, qui est entrée en fonctions le 22 décembre 2001. L'Autorité dirigée par M. Karzaï est prévue pour une période de six mois au terme desquels elle sera remplacée par un gouvernement de transition désigné par une Loya Jirga - traditionnel Conseil suprême afghan -. Lors de sa visite en Afghanistan, le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, a pu assister à l'inauguration des 21 membres de la Commission indépendante spéciale chargée de désigner les membres de cette Loya Jirga, qui devrait achever ses travaux le 22 juin. Au cours de la période de transition, une constitution devrait être élaborée qui sera ratifiée par une Loya Jirga constitutionnelle.
La Force internationale dont M. Karzaï a demandé aujourd'hui la prorogation a été créée par la résolution 1386 du Conseil de sécurité en date du 20 décembre 2001. La Force, prévue pour six mois, est dirigée pour une période initiale de trois mois par le Royaume-Uni; le Commandement central de l'"Opération liberté immuable" des Etats-Unis ayant autorité sur la Force.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
M. HAMID KARZAI, Président de l’Autorité intérimaire afghane, a souligné qu’une nouvelle fois, le peuple afghan est libre de déterminer son destin après avoir subi les ravages de 23 ans de guerre et avoir été l'otage d'un groupe de terroristes. Rendant hommage à la communauté internationale à qui «le peuple afghan doit beaucoup», M. Karzaï a souligné que les Nations Unies et, en particulier, le Conseil de sécurité ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration des Accords de Bonn. Le 22 décembre 2001, a-t-il indiqué, le pouvoir a été transféré de manière pacifique à l’Autorité intérimaire. Une Loya Jirga, a-t-il rappelé, doit se réunir d’ici au 22 juin et le peuple afghan a l’intention d’accepter sa décision sur la sélection d’un chef d’Etat et d’un gouvernement de transition. Une constitution devrait être préparée au cours de cette période de transition et ratifiée par une Loya Jirga constitutionnelle. Le 25 janvier dernier, a rappelé M. Karzaï, l’ONU a nommé les 21 membres de la Commission chargée d’organiser la Loya Jirga.
La sécurité, a poursuivi M. Karzaï, est le fondement de la paix, de la stabilité et de la reconstruction économique. Partant, le peuple afghan perçoit les forces multinationales déployées dans son pays comme le signe de l'engagement continu de la communauté internationale en faveur de la paix et de la sécurité en Afghanistan. Nous sommes engagés, a souligné M. Karzaï, à créer des institutions nationales pour la sécurité de notre peuple. La création d'une police et d'une armée nationales demandant du temps, la prorogation du mandat des forces multinationales à Kaboul et dans les principales villes serait, une fois encore, le signe de l'engagement de la communauté internationale pour la paix et la sécurité.
L'Autorité intérimaire est en place depuis cinq semaines mais elle a déjà sa vision de la voie à suivre, a encore déclaré M. Karzaï en expliquant sa vision d'un pays prospère, sûr et pacifique. Il s'agit, a-t-il dit, de créer un Etat crédible doté d'un gouvernement efficace et transparent. Le nouvel Afghanistan apportera la prospérité à ses partenaires commerciaux et la stabilité à la région.
A ce titre, M. Karzaï a estimé que la Conférence de Tokyo a fourni à la communauté internationale l'occasion de prendre un premier engagement financier pour la reconstruction de l'Afghanistan. Nous avons l'intention, a-t-il dit, d'utiliser ces ressources de manière responsable, transparente et efficace. Nous n'épargnerons aucun effort pour poser les fondements d'une économie et d'une politique orientées vers l'autosuffisance. M. Karzaï a alors évoqué la nécessaire coopération internationale pour la mise en oeuvre d'une stratégie globale contre le trafic illicite des drogues, la détermination de son pays à étendre les opérations de déminage à tout le pays, l'intention de ce même pays de s'attaquer aux problèmes des personnes déplacées et des réfugiés. A cet égard, il a émis l'espoir que les pays voisins contribueront à la mise au point de programmes pour un retour ordonné et progressif des réfugiés.
Nous tendons la main de l'amitié à tous nos voisins, a dit M. Karzaï pour conclure. Le peuple afghan, a-t-il souligné, n'est pas prisonnier du passé mais entend vivre dans la paix avec ses voisins dans une atmosphère de respect mutuel, fondé sur les principes de souveraineté et d'autodétermination, et dans un cadre commercial ouvert et de coopération économique.
M. ANIL KUMARSINGH GAYAN, Ministre des affaires étrangères de Maurice, s’exprimant en sa qualité de Président du Conseil de sécurité, a déclaré que le Conseil reste totalement engagé à promouvoir le processus de paix, de justice et de stabilité en Afghanistan et prêt à offrir toute l’assistance nécessaire au peuple afghan et à son Autorité intérimaire. Il s’est félicité de la Conférence internationale sur l’assistance pour la reconstruction de l’Afghanistan tenue à Tokyo, du soutien du Groupe d’appui à l’Afghanistan et de l’aide des donateurs bilatéraux. Il a également salué les efforts des pays participant à la mise en place de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) comme un élément incontournable de la restauration de la sécurité à Kaboul et ses environs. Le Ministre a aussi rappelé que le Conseil de sécurité, dans toutes ses décisions, a insisté sur le fait qu’il appartenait au peuple afghan de déterminer librement son avenir et que c’est dans cet esprit qu’il persistera à soutenir tous les efforts fondés sur les Accords de Bonn et les conclusions de la Conférence interafghane pour la constitution d'une autorité intérimaire en Afghanistan devant aboutir à la formation d’un gouvernement à base élargie, multiethnique et pleinement représentatif du peuple afghan. Il est essentiel pour l’Autorité intérimaire afghane et pour le futur Gouvernement d’Afghanistan, a-t-il souligné, de respecter pleinement les droits de l’homme fondamentaux de tout le peuple afghan, sans discrimination fondée sur le sexe, l’appartenance ethnique ou la religion.
Le Ministre a cependant fait remarquer qu’il reste encore beaucoup à faire en Afghanistan dans ce qui se présente comme une des tâches les plus difficiles de notre époque. A cet égard, il a insisté sur la nécessité de voir le processus de réconciliation, de reconstruction et de réhabilitation se dérouler sans intervention ou pressions extérieures. Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à apporter tout son soutien à l’Autorité intérimaire pour préserver ce pays de la misère, de la guerre et de l’instabilité. Il a en outre appelé les dirigeants et représentants des différents groupes ethniques à éliminer leurs divergences et à s’investir pleinement dans la construction d’une nation démocratique. Par ailleurs, M. Kumarsingh Gayan a salué l’Autorité intérimaire pour avoir nommé des femmes à des postes clefs au sein de la nouvelle administration, y compris à son Cabinet. Enfin, il s’est félicité du rôle central des Nations Unies dans l’assistance de l’Afghanistan et a exprimé tout son appui à M. Lakhdar Brahimi, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, dans l’accomplissement de son mandat. Le Ministre a souligné également la contribution significative des organisations humanitaires, du Bureau de coordination pour les affaires humanitaires, des organisations non gouvernementales et a insisté sur la nécessité d’assurer leur sécurité. En conclusion, il a appelé les Afghans et les Etats Membres à apporter leur appui au mécanisme de mise en place de l’Autorité intérimaire afin de garantir au peuple afghan un avenir meilleur.
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