FEM/1116

LES EXPERTS DU CEDAW ENGAGENT LE BURUNDI A FAIRE DE LA LUTTE CONTRE LE SIDA SON ABSOLUE PRIORITE

- 5 - FEM/1116 17 janvier 2001 (… suivre) Comit‚ sur l'‚limination de FEM/1116 toutes les formes de discrimination 17 janvier 2001 … l'‚gard des femmes 489e s‚ance - aprŠs-midi LES EXPERTS DU CEDAW ENGAGENT LE BURUNDI A FAIRE DE LA LUTTE CONTRE LE SIDA SON ABSOLUE PRIORITE Un cri d'alarme … l'‚gard de la situation cr‚‚e par la progression du sida au Burundi a ‚t‚ lanc‚ dans le cadre de la poursuite de l'examen du rapport initial de ce pays par le Comit‚ pour l'‚limination de la discrimination … l'‚gard des femmes (CEDAW). L'esp‚rance de vie des femmes burundaises dont l'estimation pour 2010 est pass‚e de 60 … 39 ans en raison des effets de la pand‚mie, selon les chiffres fournis par le rapport, a amen‚ les membres du CEDAW … engager le Gouvernement du Burundi … faire de la lutte contre le fl‚au une de ses absolues priorit‚s et de solliciter … cet ‚gard, si cela n'est d‚j… fait, les agences sp‚cialis‚es de l'ONU. Les experts du CEDAW ont ‚galement estim‚ que c'‚tait auprŠs des femmes rurales, qui constituent 90% de l'ensemble de la population f‚minine, qu'il importait de faire porter l'essentiel des actions visant … am‚liorer la condition de la femme burundaise. Ils ont pos‚ aux repr‚sentants du Burundi des questions sur les contradictions qui demeurent entre les lois burundaises et les dispositions de la Convention, sur le recours … l'‚ducation pour lutter contre les st‚r‚otypes, sur la structure de l'emploi en milieu agricole, sur l'ind‚pendance ‚conomique des femmes burundaises. Ceux-ci , qui avaient pr‚sent‚ le rapport ce matin, r‚pondront aux questions pos‚es dans la matin‚e du jeudi 23 janvier. Le Comit‚ pour l'‚limination de la discrimination … l'‚gard des femmes se r‚unira … nouveau demain … partir de 10 heures 30 pour examiner le rapport du Kazakhstan. (… suivre) RAPPORT INITIAL DU BURUNDI Commentaires et questions des experts Mme HEISOO SHIN, experte de la R‚publique de Cor‚e, se r‚f‚rant … l'article 10 de la Convention, a fait observer que l'‚ducation est n‚cessaire … la pleine participation des femmes … la soci‚t‚, qu'elle ouvre les portes de l'‚galit‚ entre les hommes et les femmes. Elle a insist‚ sur le fait qu'il faut am‚liorer le taux non seulement de l'alphab‚tisation classique mais aussi de l'alphab‚tisation culturelle et sociale, cette deuxiŠme d‚marche visant … rapprocher la vision du monde des gar‡ons et des filles sur leur propre sexe et sur l'autre sexe. En essayant d'assurer la mise en oeuvre de l'article 10, il faut aussi s'attacher aux aspects de l'‚ducation portant sur les st‚r‚otypes, a-t-elle estim‚. Un autre aspect concerne l'‚ducation des adultes, la formation continue, particuliŠrement importante pour lutter contre l'analphab‚tisme. Pour changer les id‚es traditionnelles, il importe aussi d'‚duquer les enseignants qui reproduisent souvent les st‚r‚otypes. Existe-il au Burundi des programmes portant sur tous ces aspects ? a-t-elle demand‚. Mme SAVITRI GOONESEKERE, experte du Sri Lanka, s'exprimant sur l'article 10, s'est inqui‚t‚e du taux ‚lev‚ d'abandon scolaire des filles, qui peut ˆtre expliqu‚ par les grossesses ainsi que par l'obligation de vaquer aux travaux domestiques. Elle a fait observer que les parents n'‚taient pas suffisamment encourag‚s … envoyer leurs filles … l'‚cole et a demand‚ si des programmes d'‚ducation professionnelle ‚taient pr‚vus. Elle s'est enfin interrog‚e sur l'existence de mesures temporaires sp‚ciales pour encourager la fr‚quentation scolaire des filles. Mme CHIKAKO TAYA, experte du Japon, a demand‚, toujours … propos de l'article 10, quelles ‚taient les mesures prises pour rem‚dier au taux de d‚perdition scolaire ‚lev‚ des filles li‚ notamment aux grossesses, comme cela a ‚t‚ expliqu‚ oralement durant la matin‚e. Mme IVANKA CORTI, experte de l'Italie, s'exprimant sur l'article 11 sur le droit au travail, s'est inqui‚t‚e de ce que dans le rapport, le droit … l'emploi et … la s‚curit‚ sociale soit qualifi‚ d'objectif id‚aliste qu'aucun Etat n'est en mesure d'atteindre. Reconnaissant, ainsi que l'indique le rapport, que les plans d'ajustement structurel ont des cons‚quences n‚gatives sur les femmes, elle a d‚plor‚ que les informations fournies sur l'application de l'article 11 ne permettent pas d'‚valuer ces cons‚quences. Ainsi, on ne sait pas ce qui se passe sur le march‚ de l'emploi, quel est le pourcentage des femmes actives, quel est le taux de ch“mage des femmes, s'il existe un salaire minimum, si les salaires des hommes et des femmes sont ‚gaux, si les femmes ont accŠs E le S‚curit‚ Sociale et … une retraite, a-t-elle ajout‚. L'experte a par ailleurs point‚ des contradictions et des incoh‚rences dans le rapport; en effet, ce dernier fait mention de critŠres subjectifs qui interviennent au d‚triment des femmes et en mˆme temps, d‚clare que l'‚galit‚ est assur‚e. Mme Corti a demand‚ des pr‚cisions sur un passage du rapport qui dit que, dans le Code du travail, il subsiste une discrimination … l'endroit de la femme travailleuse. Elle a enfin pos‚ les questions suivantes: l'accŠs aux emplois est-il vraiment ‚quitable? Existe-t-il des syndicats? Y a-t-il des n‚gociations collectives? Qui fixe les salaires dans l'industrie et dans les autres secteurs d'activit‚? Quelles sont les diff‚rences de salaires entre le secteur public et le secteur priv‚? Le secteur priv‚ respecte-t-il la l‚gislation? Mme SHIN, a souhait‚ pouvoir disposer d'un tableau g‚n‚ral sur le nombre de femmes employ‚es dans les entreprises agricoles. Il existe une tendance qui veut que l'on considŠre les femmes qui travaillent dans ce secteur comme n'‚tant pas employ‚es, a-t-elle expliqu‚. Nous avons besoin d'une vision plus pr‚cise sur ce point. Elle a demand‚ par ailleurs s'il existait un m‚canisme permettant aux femmes de faire connaŒtre les discrimination dont elles ont ‚t‚ l'objet, … l'embauche ou dans le cadre de leur travail faute de ce m‚canisme, je doute que l'on puisse mesurer les discriminations … cet ‚gard, a fait observer l'experte. Elle a demand‚ ‚galement s'il existait au Burundi des services de garde des enfants et si l'Etat y promouvait le partage des tƒches … la maison. La femme burundaise a- t-elle la possibilit‚ de contr“ler ses revenus et ainsi de prot‚ger son ind‚pendance ‚conomique, a-t-elle ‚galement interrog‚. Mme FRANCES LIVINGSTONE RADAY, experte d'Isra‰l, a soulign‚ que la soci‚t‚ burundaise reste patriarcale et que la subordination au pouvoir patriarcal implique qu'il existe des relations sexuelles non d‚sir‚es, elles-mˆmes … l'origine de grossesses non d‚sir‚es et de l'aggravation de la pand‚mie de sida. Elle a d‚clar‚ qu'… cet ‚gard, deux types de mesures peuvent ˆtre prises sans mobiliser de budgets suppl‚mentaires. D'une part, la libre distribution de pr‚servatifs. L'experte a demand‚ … la Ministre si cette distribution est possible ou si elle se heurte … une opposition religieuse ou culturelle. Mme Livingstone Raday a d‚clar‚ que dans ce domaine la coop‚ration avec les ONG et le FNUAP est envisageable, afin de mettre sur pied des campagnes visant … promouvoir l'utilisation des pr‚servatifs. Sur le second point, relatif aux taux ‚lev‚s de mortalit‚ maternelle et infantile, elle a demand‚ s'il ‚tait possible d'envisager d'assouplir les lois sur l'avortement. En effet, l'avortement ‚tant permis par la loi pour des raisons m‚dicales donn‚es, l'experte a demand‚ si la section pertinente du Code p‚nal ne pourrait pas ˆtre utilis‚e pour d‚criminaliser l'avortement sur le plan pratique. Mme CORTI, a insist‚ sur le fait que les commentaires des membres du Comit‚ ne visaient qu'… manifester leur d‚tresse … l'‚gard de la situation des femmes au Burundi. Elle a fait part de sa consternation au sujet des ravages provoqu‚s par le sida tels que les d‚crit le rapport. Elle a relev‚ les chiffres qui y sont mentionn‚es concernant l'esp‚rance de vie qui avait ‚t‚ initialement pr‚vue … 60 ans en 2010, un niveau d‚j… bas par rapport … d'autres continents, et qui, selon les nouvelles pr‚visions, ne serait plus que de 39 ans en raison des effets de la pand‚mie. Elle a engag‚ le Gouvernement burundais … faire de la lutte contre le sida une de ces grandes priorit‚s et d'en appeler, si cela n'est d‚j… fait, au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et aux autres institutions sp‚cialis‚es des Nations Unies. Mme MARIA REGINA TAVARES DA SILVA, experte du Portugal, s'exprimant sur l'article 12 qui porte sur l'accŠs aux services m‚dicaux, y compris ceux de planification familiale, a ‚voqu‚ le problŠme de l'avortement. Rappelant que les ‚tudiantes et ‚lŠves repr‚sentent 45 pour cent des avortements ill‚gaux admis dans les h“pitaux, elle a appel‚ le Gouvernement burundais … prot‚ger les jeunes femmes vuln‚rables et l'a engag‚ … obtenir davantage d'informations sur ce sujet. Elle a demand‚ … la Ministre quelles mesures sont prises pour r‚gler ce problŠme, pour int‚grer les filles enceintes, pour encourager la pr‚vention, et pour diffuser l'information non seulement … l'intention des femmes mais ‚galement … celle des hommes. Mme ZELMIRA REGAZZOLI, experte de l'Argentine, se r‚f‚rant … l'article 13, qui traite de la discrimination dans la vie ‚conomique, a fait observer que le rapport reconnaŒt d'une part que les femmes ne peuvent g‚rer les biens qu'elles produisent alors qu'il est dit par ailleurs qu'elles ont la capacit‚ juridique pour le faire. Comment est-il possible de rem‚dier … cette situation ? a-t-elle demand‚. S'exprimant au sujet de l'article 14 relatif aux femmes rurales, elle a rappel‚ que les plus fortes concentrations de population se trouvent dans les zones rurales et a pos‚ la question de l'accŠs aux technologies afin d'all‚ger la tƒche des femmes. Elle s'est en outre interrog‚e sur le statut des femmes dans les zones rurales quand leur capacit‚ de reproduction n'existe plus et quand elles sont ‚conomiquement improductives. Mme FATIMA KWAKU, experte du Nig‚ria, a demand‚ si le Gouvernement burundais, ou … d‚faut des ONG, pr‚voyaient des mesures pour r‚pondre aux besoins sp‚cifiques des femmes rurales Mme CUI, a rappel‚ l'importance de l'article 14, sachant que 90 pour cent des Burundaises vivent dans des zones rurales. Elle a ensuite pos‚ trois s‚ries de questions. En premier lieu, elle a demand‚ des informations sur la participation des femmes … la vie ‚conomique rurale, sur la formation qu'elles re‡oivent et le processus par lequel elles acquiŠrent leurs comp‚tences. En second lieu, l'experte s'est interrog‚e sur la politique du Gouvernement … l'‚gard du d‚veloppement des femmes en zone rurale et le r“le du Gouvernement dans la formation d'associations. Enfin, Mme Cui a demand‚ si le Gouvernement ou le Parlement avaient l'intention d'adopter des mesures sp‚ciales … l'‚gard des femmes en zones rurales, notamment en ce qui concerne la propri‚t‚ de la terre et l'h‚ritage, et si les femmes avaient accŠs au micro-cr‚dit. Elle a en conclusion appuy‚ l'appel en faveur d'une aide et d'une coop‚ration internationales accrues. Mme HANNA BEATE SCH™PP-SCHILLING, experte d'Allemagne, a souhait‚ disposer de plus d'informations concrŠtes sur les femmes rurales dans le domaine juridique, des soins de sant‚, des activit‚s cr‚atrices de revenus. Elle a estim‚ que c'‚tait auprŠs de ces femmes rurales qui constituent la majorit‚ de la population f‚minine, qu'il fallait agir pour modifier la situation de la femme au Burundi. Mme TAVARES DA SILVA a cit‚ un passage du rapport qui dit que les femmes ne maŒtrisent pas ce qu'elles produisent car elles d‚pendent totalement de leur mari. Or ceci est en contradiction avec un autre passage du rapport qui parle de propri‚t‚ conjointe, a fait observer l'experte. Elle a demand‚ … la Ministre ce que font les institutions publiques pour assurer ces droits et faire en sorte que les femmes maŒtrisent mieux leur destin. Mme LIVINGSTONE RADAY, revenant sur l'article 5 pour l'‚limination des st‚r‚otypes, a soulign‚ l'importance des m‚dias comme moyen de promotion des mesures de lutte contre la discrimination … l'‚gard des femmes. Mme GOONESEKERE a relev‚ des ‚l‚ments contradictoires dans le rapport et a demand‚ des ‚claircissements. En effet, soulignant qu'il y est dit que le droit de garde des enfants est automatiquement octroy‚ … la femme et que la gestion de la propri‚t‚ revient … l'homme, elle a pos‚ la question de savoir si ces ‚l‚ments sont propres au patriarcat et si ce ne sont pas des ‚l‚ments contradictoires. Elle a fait observer que l'ƒge nubile est de 21 ans pour les femmes et de 18 pour les hommes, et demand‚ quel est le fondement de cette diff‚rence. Elle a interrog‚ la Ministre sur les cas dans lesquels le mariage est permis avant l'ƒge l‚gal. Elle a enfin pos‚ les questions suivantes: quelles sont les mesures en matiŠre d'accŠs … la contraception et … l'information sur la contraception? Quelle est la situation de l'enfant quand le couple n'est pas mari‚? Les mˆmes rŠgles s'appliquent-elles … toutes les communaut‚s ou y a-t-il des diff‚renciations? M. G™RAN MELANDER, expert de la SuŠde, a fait observer qu'il semblait y avoir au Burundi des lois contraires … la Convention. Est-ce qu'un tribunal peut appliquer la Convention mˆme si elle est contraire … une loi nationale? Est-ce que la Convention a ‚t‚ traduite dans les langues nationales? Quelles mesures ont ‚t‚ prises par le Gouvernement pour faire connaŒtre la Convention? a-t-il demand‚. * *** *

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