DANS SA RELATION AVEC LES PAYS FOURNISSEURS DE CONTINGENTS, L’ONU DOIT PASSER D’UN PROCESSUS DE CONSULTATION A UN PROCESSUS DE COOPERATION
Communiqué de presse CPSD/236 |
Quatrième Commission
21e et 22e séances – matin et après-midi
DANS SA RELATION AVEC LES PAYS FOURNISSEURS DE CONTINGENTS, L’ONU DOIT PASSER D’UN PROCESSUS DE CONSULTATION A UN PROCESSUS DE COOPERATION
La Commission a terminé ses travaux pour cette année
La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de la décolonisation), qui achevait aujourd'hui son débat sur l'étude d'ensemble des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, a entendu un plaidoyer en faveur du renforcement des relations entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Si de nombreuses délégations ont salué l'adoption de la résolution 1353 du Conseil de sécurité sur le renforcement de la coopération avec les pays contributeurs de contingents, plusieurs d’entre elles ont souligné que davantage pouvait être fait et qu'il convenait d'établir un mécanisme formel de coopération. Un tel mécanisme, ont-elles dit, permettrait de concourir à l'élaboration de mandats clairs et réalistes et à l'amélioration des capacités de déploiement rapide des opérations de maintien de la paix.
A l'instar du représentant de la Malaisie, qui a préconisé l'établissement d'un véritable partenariat triangulaire, le représentant du Canada a estimé que l'élément crucial de la capacité de l'ONU à gérer les opérations de maintien de la paix résidait dans les consultations étroites que l’Organisation entretient avec les pays qui fournissent des contingents. Il a souligné que l'ONU devait changer sa manière de communiquer avec les pays contributeurs de contingents en passant d'un processus de consultations à un processus de coopération. Il a défendu la création de comités spécifiques de gestion composés de représentants du Secrétariat, d'experts, de membres du Conseil de sécurité et de pays fournisseurs de contingents. La nécessité pour l’ONU de passer d’une culture de la réaction à une culture de la prévention a été soulignée. A cet égard, le représentant de l’Equateur, appuyé entre autre par le représentant du Mozambique, a insisté sur l’importance de s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits. Le caractère essentiel des mesures de diplomatie préventive et des mécanismes d’alerte rapide a également été évoqué.
Des délégations ont déploré les retards intervenus dans le remboursement des pays fournisseurs de contingents. Ces arriérés font peser un lourd fardeau sur ces pays qui, pour la plupart, sont des pays en développement. Ceci porte préjudice à leur capacité de contribuer aux futures opérations de maintien de la paix. A cet égard, le représentant de l'Uruguay a fait observer que si ces retards persistaient, son pays serait dans l’obligation de réexaminer sa participation aux opérations de maintien de la paix.
Les représentants des pays suivants ont participé au débat : Malaisie, Brésil, Uruguay, Algérie, Nouvelle-Zélande, Ukraine, Fédération de Russie, Afrique du Sud, Canada, Thaïlande, Equateur, Koweït, Bélarus, Inde, Burkina Faso, Jordanie, Etats-Unis, Indonésie, Népal, Slovaquie, Pologne, Croatie, République de Corée, Turquie, Pakistan, Australie, Nigéria, Botswana, Mozambique, Chypre, Singapour, Ghana et Jamaïque. L’Observateur permanent du Comité international de la Croix-Rouge a également pris part au débat.
Les délégations de la Turquie et de Chypre ont exercé son droit de réponse.
La Quatrième Commission a ainsi achevé ses travaux pour la cinquante-sixième session de l’Assemblée générale.
ETUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Déclarations
M. RAMLI NIK (Malaisie) a rappelé que la Malaisie, qui a toujours soutenu les Nations Unies dans le rôle qu'elles jouent dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a participé à plus de vingt-cinq de leurs opérations de maintien de la paix et actuellement à huit missions. C'est ainsi qu'à ce jour, a-t-il indiqué, vingt Malaisiens ont donné leur vie pour le compte de ces opérations. Face à une demande croissante des opérations de maintien de la paix tous les pays doivent s'efforcer d'y contribuer activement, a-t-il suggéré tout en faisant valoir qu'avec des opérations qui deviennent de plus en plus complexes, il est nécessaire de renforcer le Département des opérations de maintien de la paix et de répartir le personnel selon le principe de la répartition géographique équitable. Le représentant a cité le cas du Centre de formation au maintien de la paix créé en 1996 à Port Dickson, en Malaisie, auquel participent également des étrangers. C'est le seul centre de ce type qui existe en Asie du Sud Est, a-t-il précisé. Le besoin se fait par ailleurs sentir de développer des directives de formation ainsi que des manuels sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration.
En ce qui concerne le développement par les Nations Unies de politiques et doctrines de logistique, il a apprécié les efforts déployés à Brindisi et a souhaité que la priorité soit donnée à la fourniture de biens et de services équivalents en termes de volume et de prix en cours dans les pays développés. Au sujet des réunions entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de contingents, M. Nik s'est félicité de la résolution 1353 (2001) du Conseil, et a regretté qu'on n'ait pas totalement pris en compte certains des avis exprimés par les pays fournisseurs de contingent. Il a appelé à nouveau à promouvoir le "partenariat triangulaire" entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs et le Secrétariat, afin qu'il soit davantage utilisé. La délégation malaisienne a émis l'espoir que le Secrétariat, dont les mécanismes sont en voie de réforme et de restructuration, utilisera au maximum les ressources existantes du système de l'ONU.
M. JOSE ALBERTO ACCIOLY FRAGELLI (Brésil), tout en reconnaissant que la Commission avait travaillé avec acharnement pour améliorer les opérations de maintien de la paix, a indiqué qu'il restait encore plusieurs points à traiter. En particulier, il a déclaré qu'il fallait créer des mécanismes pour améliorer les relations de coopération entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Les pays contributeurs, qui exposent leurs hommes et femmes aux dangers, a-t-il souligné, doivent avoir un rôle important dans le processus de décision. Même si la décision finale appartient au Conseil de sécurité, nous devons trouver un moyen pour que tous les acteurs participent aux opérations de paix, sans quoi les chances de succès seront réduites. Le représentant a suggéré l'ouverture d'un dialogue entre le groupe de travail du Conseil de sécurité et les membres du Comité spécial.
Le représentant a indiqué que la caractéristique fondamentale des opérations de maintien de la paix était leur nature multidimensionnelle. L'aspect militaire n'est pas un but en soi, a-t-il précisé. Les opérations de maintien de la paix ne sont pas seulement des interventions mais elles font partie d'un processus qui inclut, entre autres, la prévention des conflits, la promotion des droits de
l'homme, le renforcement de la paix en situation post-conflit, la promotion du développement économique et social. Pour agir de façon plus efficace, a conclu le représentant, nous devons comprendre comment les différents éléments des opérations de maintien de la paix s'emboîtent et nous devons réexaminer ce concept d'une façon plus globale.
M. ENRIQUE LOEDEL (Uruguay) a déclaré que l'objectif majeur est d'améliorer la gestion des opérations de maintien de la paix sur le terrain. Les points faibles du Département sont, a-t-il dit, la culture générale de gestion, la capacité de planification et l'appui aux missions. La gestion et le soutien du personnel sont très importants pour assurer le succès des opérations de maintien de la paix tant au Siège que sur le terrain. C'est pourquoi il est nécessaire d'accélérer le processus de recrutement et d'améliorer les programmes de formation du personnel. Il a appuyé la proposition visant à créer des comités de coopération entre les pays fournisseurs, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Compte tenu de la complexité des opérations de maintien de la paix, il est nécessaire d'adopter leur mandat régulièrement. L'Uruguay a consenti des efforts pour déployer du personnel sur le terrain en un minimum de temps. Cependant, il est préoccupé par les retards dans les remboursements qui représentent une charge très lourde pour les pays en développement. Si ces retards persistaient, a-t-il poursuivi, l'Uruguay sera dans l’obligation de réexaminer sa participation aux opérations de maintien de la paix. Il convient d'accroître les conditions de sécurité du personnel sur le terrain. Les procédures opérationnelles uniformes doivent être appliquées à toutes les missions. Pour honorer les délais de déploiement rapide, il est nécessaire que les Etats Membres fassent preuve de la volonté politique nécessaire. L'idée d'établir un contingent permanent doit être examinée plus avant. Il a exprimé sa satisfaction quant à l'hommage qui sera fait aux familles qui sont tombées dans l'exercice de leur fonction en leur décernant la médaille Dag Hammarskjöld.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que le rapport Brahimi avait donné une impulsion notable à des travaux dont le résultat, sans être entièrement à la hauteur des attentes de son pays, permettront néanmoins au Département des opérations de maintien de la paix d’être bien mieux en état de répondre plus rapidement et de manière plus adaptée aux nombreuses sollicitations dont il est l’objet, et aux Missions de maintien de la paix de s’acquitter de leurs missions de la manière la plus efficace et la plus honorable. Il a ensuite souligné les progrès intervenus dans les relations entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes, grâce à la résolution 1353. Nous espérons, a-t-il dit, que cette résolution constitue le début d’un processus qui permettra progressivement la prise en charge des préoccupations de ces pays et de définir ainsi les modalités pratiques visant à associer les pays fournisseurs de troupes au processus de prise de décision pour autant que cela concerne la définition ou la modification du mandat d’une Opération dans laquelle leurs unités militaires sont engagées. Nous réitérons notre appel pour que des consultations plus poussées puissent avoir lieu dans le but de concrétiser cette aspiration à travers l’établissement d’un mécanisme de consultation entre le Conseil de sécurité et les pays qui fournissent les contingents.
Sur le plan opérationnel, a poursuivi le représentant, l’Algérie reste hostile à la prolifération de structures qui génèrent des postes dont les tâches sont souvent imprécises, mal définies et parfois non justifiées. Nous attendons, à ce titre, les précisions que le Secrétariat devrait nous apporter sur le nouveau poste de Sous-secrétaire général au niveau du Département des opérations de maintien de la paix. S’agissant du déploiement rapide, le seul moyen de garantir le respect des délais serait que les Etats Membres fournissent des contingents subvenant à leurs propres besoins et bénéficiant de soutien et d’engagement internationaux. Cela permettrait, a insisté le représentant, non seulement d’assurer une réponse rapide à des situations d’urgence, voire de détresse, mais aussi d’établir les Opérations de maintien de la paix sur des bases claires et solides, gages d’un accomplissement de leur mandat dans les meilleures conditions de succès. Le représentant a cité les progrès enregistrés par les Nations Unies l’année écoulée, notamment le redressement de la difficile opération en Sierra Léone, le succès des opérations de Timor Est et l’évolution positive du processus de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée grâce au déploiement de la MINUEE.
Le représentant a fait part de la préoccupation de l’Algérie au sujet du recrutement pour les postes résultant du rapport Brahimi. Ce recrutement semble se faire, a-t-il affirmé, dans l’opacité et en violation des règles et des procédures de gestion des ressources humaines de notre Organisation. La mise en œuvre des recommandations contenues dans le rapport Brahimi ne doit pas se traduire par la prolifération de structures et la création de postes, mais par la mise sur pied d’une administration moderne, efficace et regroupant les meilleures compétences en pleine conformité avec le principe de la répartition géographique équitable.
M. TREVOR HUGHES (Nouvelle-Zélande) a déclaré qu'il faut faire en sorte que la Cinquième Commission soit pleinement consciente de l'impératif de mettre en œuvre rapidement les recommandations du Comité spécial et du rapport Brahimi. La Nouvelle-Zélande a souligné que la participation des pays fournisseurs de contingents a un échange de vues avec le Conseil de sécurité n'a pas pour objet de saper l'autorité de ce dernier, mais cet échange de vues est essentiel, de même que son institutionnalisation. C'est pourquoi, a-t-il dit, il faut aller au-delà de la résolution 1353.
M. VOLODYMYR G. KROHMAL (Ukraine) a déclaré qu’il fallait développer une stratégie globale des Nations Unies pour la prévention des conflits. Cette stratégie, a-t-il expliqué, doit largement reposer sur une diplomatie et une consolidation de la paix préventives. C’est à partir de ces deux points que doit se fonder la philosophie des Nations Unies en matière d’opérations de maintien de la paix. A notre avis, la culture de la réaction doit faire place à la culture de la prévention. Une opération préventive de déploiement a eu lieu en Macédoine. On doit suivre cet exemple. Nous pensons que des opérations de ce type doivent être menées plus fréquemment et faire partie de l’arsenal des mesures de prévention des conflits des nations Unies. Nous sommes convaincus qu’au cours de ce nouveau siècle, les opérations de prévention des conflits seront plus nombreuses que les opérations traditionnelles de maintien et de renforcement de la paix.
Ces dernières années, a poursuivi le représentant, nous avons constaté à travers le monde une forte demande pour une assistance des Nations Unies en matière de maintien de la paix, notamment sous la forme d’opérations à multiples facettes. Ce facteur, de même que la complexité des crises contemporaines, prouve qu’il est nécessaire de renforcer réellement le potentiel du Département grâce à une réforme des mécanismes existants et l’élaboration de nouvelles approches. Il doit être renforcé grâce à l'octroi de personnel supplémentaire, à l’amélioration des procédures et méthodes de travail et au redéploiement des ressources
existantes. L'Ukraine a toujours appuyé les capacités de déploiement rapide des Nations Unies. La constitution d’une liste de réserve de police et de personnel civil est une bonne chose. Compte tenu du rôle croissant de la police civile dans les opérations de maintien de la paix, notre pays recommande de renforcer cette composante.
Ma délégation soutient l’idée de créer des comités du Conseil de sécurité en fonction des opérations complexes de maintien de la paix, ce qui aidera à mettre en place un véritable partenariat entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes en vue d’une opération spécifique.
M. GENNADY GATILOV (Fédération de Russie) a regretté que le problème du renforcement des capacités d’analyse et d’information des Nations Unies n’ait pas été résolu en dépit des progrès accomplis par le Comité. Il est nécessaire, a-t-il indiqué, que les Nations Unies puissent prévoir une aggravation de la situation et prendre des mesures préventives plutôt que de répondre aux « points chauds » qui émergent. Le représentant a approuvé l’idée du Secrétaire général d’établir une petite unité qui puisse avoir un rôle d’analyse et de coordination des activités des agences des Nations Unies.
Le représentant a rejeté l’idée « d’intervention humanitaire », contraire, selon lui, à la Charte des Nations Unies. Il a indiqué qu’il préférait un renforcement de la capacité des Nations Unies en matière de maintien de la paix plutôt qu’un recours à la force. Evoquant le renforcement nécessaire du département de maintien de la paix, le représentant a noté qu’il avait fallu presque un an pour pourvoir les nouveaux postes jugés urgents et que le recrutement n’était pas encore achevé. Il a espéré que le Secrétariat des Nations Unies sera en mesure dans un avenir proche de mettre en place un système de recrutement plus efficace.
M. Gatilov a indiqué que son pays soutenait un renouveau du Comité d’état-major de l’ONU, ce qui pourrait être un moyen de répondre au déficit d’analyse des Nations Unies souligné par le rapport Brahimi. Il a observé qu’il serait possible d’envisager une implication dans ce Comité de membres non permanents du Conseil de sécurité et même d’Etats qui ne sont pas du tout membres du Conseil. Notre suggestion, a précisé le représentant, risque d’intéresser les pays contributeurs de troupes qui souhaitaient une implication plus active dans l’élaboration des décisions relatives aux opérations de maintien de la paix.
M. GRAHAM MAITLAND (Afrique du Sud) s’est déclaré convaincu que le succès du maintien de la paix ne dépend pas seulement de la planification et des capacités de gestion du Secrétariat mais également de la volonté politique des Etats Membres à fournir les ressources humaines, financières et logistiques requises pour les opérations de maintien de la paix. Faisant observer le consensus qui existe sur la nécessité d’intégrer les leçons apprises et les pratiques optimales dans la planification des opérations de maintien de la paix, ainsi que sur les liens indéfectibles qui existent entre le désarmement, la démobilisation, la réinsertion et la construction d’une paix durable, le représentant a déclaré avoir été déçu par la manière dont le Comité pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) traite de ces questions dans son rapport à la Cinquième Commission. Il a en conséquence demandé aux organes législatifs pertinents de fournir les ressources requises pour améliorer la capacité du Département dans ces domaines. Dans la même optique, M. Maitland s’est déclaré préoccupé par les recommandations du CCQAB relatives à l’établissement d’une dimension sexospécifique dans les opérations de maintien de la paix. En effet, les opérations de maintien de la paix prennent de plus en plus souvent place dans des situations de conflits armés où les femmes et les enfants sont le groupe le plus durement affecté par les combats, et le Département doit être capable de s’adapter à cette réalité, a-t-il expliqué. En ce qui concerne les consultations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, le représentant s’est félicité des efforts déployés pour améliorer les consultations mais a souhaité que les mécanismes de coopération soient encore renforcés. Il s’est prononcé en faveur de l’établissement d’un mécanisme formel de coopération qui soit opérationnel dès les premières phases de la planification de chaque mission et a souhaité que cette question soit débattue dans le cadre du Comité spécial, seul forum représentatif à traiter de ces matières.
M. MICHEL DUVAL (Canada) a déclaré que l'étude d'ensemble et la proposition de réforme qui l'a suivie a beaucoup rapproché l'ONU de ce qu'elle devait être pour continuer à jouer pleinement son rôle dans la paix et la sécurité internationales. C'est pourquoi, a-t-il estimé, l'appui à ces réformes est essentiel et l'approbation de ressources supplémentaires adéquates est absolument nécessaire. Si la phase actuelle de réformes est un grand pas en avant, cette réforme ne doit pas être considérée comme une fin en soi. Elle doit au contraire être considérée comme le moteur d'un processus de changement continue et à plus long terme. L'ONU doit pouvoir s'appuyer sur ces réformes pour examiner régulièrement et systématiquement sa capacité à planifier, lancer, gérer, appuyer et achever des opérations de maintien de la paix. A cet égard, le Comité spécial doit s'efforcer d'être un organe dynamique et tourné vers l'avenir, capable de faire progresser régulièrement le maintien de la paix à l'ONU.
M. Duval a estimé que l'autre élément crucial de la capacité de l'ONU de gérer les opérations de maintien de la paix réside dans les consultations étroites que l’Organisation entretient avec les pays qui fournissent des contingents. Si ces consultations se révélaient satisfaisantes aujourd'hui, le processus doit être amélioré activement afin de donner davantage de satisfaction demain. Et si, a-t-il poursuivi, la résolution 1353 du Conseil de sécurité fait réellement une différence, il n'en reste pas moins vrai qu'on peut faire mieux. A cet égard, il a estimé qu'il convient de faire pression en faveur de la création de comités spécifiques de gestion axés sur la coopération pour les missions complexes. Ils seraient composés de représentants du Secrétariat, d'experts, de membres du Conseil de sécurité et de pays fournisseurs de contingents. Il a estimé que la création de ces comités était cruciale pour assurer une planification. Un lancement et une gestion efficaces des missions de maintien de la paix et pour faire passer les informations nécessaires à ceux qui en ont besoin. L'Onu, a-t-il poursuivi, doit changer la manière dont elle traite avec les pays fournisseurs de contingents. Elle doit passer d'un processus de consultations à un processus de coopération.
M. Duval a estimé que le Comité spécial devrait se pencher à nouveau sur la nécessité de créer des capacités efficaces en matière d'information et d'analyse. Il a également invité le Comité spécial à continuer à améliorer l'élaboration des politiques de maintien de la paix soutenant le désarmement, la démobilisation et la réinsertion, les affaires humanitaires, et plus particulièrement le volet égalité entre les hommes et les femmes des opérations de maintien de la paix. Il a souligné l'importance d'approuver des ressources pour créer une capacité de tirer parti des leçons du passé. Il a insisté sur le fait que pour que les
réformes soient couronnées de succès, les Etats Membres devaient leur accorder un soutien total, tant politique que financier. Le défi, a-t-il dit, est de toujours faire de sorte que le maintien de la paix soit au centre des activités des Nations Unies et soit un outil viable et précieux pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
M. APIRATH VIENRAVI (Thaïlande) a estimé que davantage devrait être fait pour préserver la paix avant qu'un conflit n’éclate. L'engagement des Nations Unies dans les activités de prévention des conflits ou de consolidation de la paix devraient avoir la même importance, surtout dans le contexte de la diplomatie préventive et du rétablissement de la paix. C'est seulement en s'attaquant aux causes sous-jacentes des conflits que nous réaliserons une paix durable, a-t-il déclaré. Le Conseil de sécurité devrait réagir à toutes les crises de manière indiscriminée. A cet égard, la Thaïlande appuie les mesures visant à améliorer les capacités d'analyse et de collecte d'informations du Secrétariat en vue de faciliter le processus de prise de décision du Conseil et la formulation des mandats des missions. Ces mandats, pour être réalisables, doivent s’appuyer sur des ressources appropriées.
Les pays contributeurs de troupes devraient pouvoir y prendre une part active à tous les stades, de la planification à la mise en œuvre du mandat. A cet égard, la résolution 1353 (2001) est une avancée vers l'institutionnalisation des consultations entre les trois acteurs clefs que sont les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Cependant, il est nécessaire de renforcer cette coopération triangulaire. M. Vienravi a souligné l'attachement de son pays à la sécurité du personnel sur le terrain. A cet égard, il a souligné l'importance d'améliorer les capacités de collecte d'informations et d'analyse du Secrétariat pour en améliorer les capacités d'évaluation des risques. Il a également demandé au Département de coopérer étroitement avec le Coordonnateur chargé de la sécurité pour établir des directives à même d'assurer la protection du personnel sur le terrain. Il est également important que le personnel soit formé aux questions de sécurité afin qu'il soit capable de réagir dans des situations difficiles. Le représentant de la Thaïlande a également souligné l'importance du remboursement en temps voulu des pays fournisseurs de contingents. Il a souligné que les pays en développement étaient les principaux fournisseurs de contingents et qu'il n'était pas acceptable qu'on fasse peser sur eux un tel fardeau. Il a ainsi appelé tous les Etats Membres à payer leurs contributions en temps voulu, entièrement sans condition, ce qui témoignerait de leur engagement au principe de la sécurité collective. Il a insisté sur l'importance de l'information pour obtenir l'appui du public aux opérations de maintien de la paix, améliorer la sécurité du personnel sur le terrain et concourir au succès de l'opération. A cet égard, il a estimé qu'il était de la plus haute importance de renforcer la coopération entre le Département de l'information et le Département des opérations de maintien de la paix. Il a enfin souligné la nécessité de prévoir pour les opérations de maintien de la paix des "stratégies de sortie".
M. BENJAMIN VILLACIS (Equateur) a déclaré que puisque les opérations de maintien de la paix étaient devenues de plus en plus importantes, il fallait que les Etats Membres fassent preuve de volonté politique et donnent à l’ONU les ressources dont elle a besoin. Mais, a souligné le représentant, si on ne réduit pas la pauvreté, si on néglige l’éducation et la santé, alors il y aura toujours des foyers d’instabilité qui continueront à alimenter l’insécurité dans le monde. L’absence d’équité et de justice dans les relations commerciales doit également être prise en compte, car elle aussi est un facteur d’insécurité.
S’agissant des opérations de maintien de la paix, il faut respecter la souveraineté et le principe de non ingérence et il est impératif d’obtenir d’abord des réponses aux causes sous-jascentes des conflits. En ce sens ma délégation a apprécié le rapport Brahimi et notamment la recommandation sur l’élimination de la pauvreté dans le monde. Il est important, a insisté le représentant, que l’ONU encourage la culture de la paix afin d’éliminer le racisme, la xénophobie ou encore l’intolérance religieuse.
M. MANSOUR AYYAD SH. A (Koweït) a déclaré que les opérations de maintien de la paix jouent un rôle crucial pour ce qui est d'atténuer les sources de conflit, constituent un outil essentiel pour le maintien de la paix et concrétisent l'engagement des Etats à l'égard du principe de la sécurité collective. Il a souligné qu'il est nécessaire de déterminer clairement les objectifs et le commandement des opérations, de renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents et de renforcer le système d'alerte et diplomatie préventive. Il faut également réexaminer les besoins de formation et renforcer les capacités de déploiement rapide des opérations. Il a rappelé que le Koweït accueille la Mission d'observation des nations Unies pour l'Iraq et le Koweït (MONUIK) qui contribue grandement à atténuer la tension dans cette région du monde. Cependant, a-t-il fait observer, les actions de l'Iraq créent des doutes quant aux intentions pacifiques du Gouvernement iraquien. Le Koweït est ainsi convaincu de la nécessité de maintenir la MONUIK dans la région. C'est pourquoi, le Koweït a décidé d'augmenter sa contribution militaire à la force. Il entretient en outre des relations étroites avec la MONUIK et a crée un bureau de liaison chargé de répondre aux besoins de la Mission. Le représentant du Koweït a remercié les pays contributeurs de contingents à la MONUIK, entre autres, le Bangladesh, l'Allemagne et l'Argentine et a insisté sur la nécessité de garantir la sécurité du personnel des missions.
M. OLEG SERDYUKOV (Bélarus) a déclaré que son pays soutenait l'approche présentée par la Jordanie au nom du Mouvement des non-alignés en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix. Le Bélarus a renforcé considérablement sa participation à ces opérations en signant des accords concernant les forces et moyens en attente et en présentant des candidats pour les missions. Ces accords, notamment ceux concernant la police civile, ont été particulièrement importants pour améliorer la rapidité du déploiement des opérations. Le Bélarus espère que ce personnel se verra offrir des possibilités de formation. Il a été l'un des premiers à payer sa contribution au budget des opérations de maintien de la paix ces 7 dernières années.
Le représentant a souligné l'importance de mandats clairs et viables garants de l'impartialité et d'un recours à la force uniquement en dernier ressort. Les mesures pour améliorer la sécurité sont essentielles, a-t-il dit, comme l'est aussi l'amélioration de la coordination entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes, ce qui suppose l'établissement d'un nouveau mécanisme. Une réserve stratégique, de même que des efforts en matière de recrutement, augmenteraient le potentiel d'un déploiement rapide. Parmi d'autres priorités, des mesures concrètes et urgentes doivent être prises pour réduire les arriérés de remboursement aux pays contributeurs de troupes. Par ailleurs, les activités d'information et d'analyse doivent devenir plus efficaces.
M. Y. K. SINHA (Inde) a déclaré que le renforcement du partenariat triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes était d’une importance cruciale. Il est impératif qu’un réel partenariat soit mis sur pied. Un simple renforcement ne suffirait pas.
Nous soutenons, a poursuivi le représentant, la proposition française de créer un nouveau mécanisme de consultation avec les pays fournisseurs de troupes. Alors que la majorité des pays, membres du Conseil de sécurité et portant la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité, ne fournissent pas de troupes aux opérations de maintien de la paix, nous appelons ces pays à soutenir, au moins, ce mécanisme de consultations avec les pays fournisseurs de troupes. Ce mécanisme permettrait aux pays fournisseurs de troupes d’être associés au processus de décision dont l’impact est direct sur la vie de leurs troupes servant sur le terrain. Nous demandons aux premiers cités, les pays qui ne fournissent pas de troupes, de renoncer à leur vision myope et de contribuer au renforcement global du système de maintien de la paix des Nations Unies. Faute de quoi, la déception des pays fournisseurs du troupe pourrait se répercuter sur les débats du Conseil de sécurité. L’Inde, a conclu le représentant, a participé à 35 opérations de maintien de la paix sur les 55 qui ont marqué les 50 dernières années. Nous avons une riche expérience dans ce domaine. Le maintien de la paix est un instrument que nous avons contribué à forger. Nous voulons qu’il serve, de la meilleure manière, à la collectivité. Nous ne voulons pas qu’il perde de son efficacité à cause d’une insuffisance de fonds, ou qu’il soit détourné pour servir de fausses doctrines et des intérêts particuliers.
M. KLENAN OUATTARA (Burkina Faso) a félicité le Département des avancées faites dans la mise en œuvre des recommandations du rapport Brahimi et du Comité spécial. Il a fait observer que ces dernières années les opérations de maintien de la paix sont devenues plus complexes et a insisté sur l'importance de s'attaquer aux causes sous-jacentes des conflits. A cet égard, il a indiqué qu'il attendait avec impatience le rapport sur le renforcement de la capacité de maintien de la paix de pays africains. Il a également appuyé les initiales visant à améliorer la coopération triangulaire entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Il a par ailleurs souligné l'importance de la formation du personnel des opérations de maintien de la paix, formation qui leur permettrait de s'acquitter de leur mandat et améliorerait leur sécurité.
S’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, le Prince ZEID RA’AD ZEID AL HUSSEIN (Jordanie) a déclaré que la mise en place, par les Nations Unies, de toute nouvelle opération de maintien de la paix, ou la prorogation d’un mandat existant, ne devait pas seulement s’appuyer sur le consentement des parties mais aussi sur le principe du non recours à la force -excepté en cas de légitime défense-, l’impartialité, bref un mandat clairement défini et un financement adéquat, autant de facteurs essentiels à la réussite d’une mission.
Le Mouvement des non alignés continue de penser que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies constituent un instrument important pour la paix dans le monde et la sécurité internationale. Toutefois elles ne sauraient remplacer une solution permanente ou supplanter les causes sous-jascentes des conflits. Comme on a pu le constater dans le passé, les missions de l’ONU se sont avérées les plus utiles lorsqu’elles ont été temporaires, en aidant au maintien d’un cessez-le-feu ou d’un arrêt des hostilités. De ce point de vue, à moins d’un cessez-le-feu durable sur le terrain, une opération de maintien de la paix des Nations Unies en Afghanistan n’est pas souhaitable.
Concernant la question des consultations entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes, nous pensons que toutes les propositions faites récemment doivent être examinées avec soin si l’on veut parvenir à un consensus sur cette question.
S’agissant du problème des remboursements et des réclamations, le Mouvement constate avec satisfaction que la fréquence des remboursements aux Etats Membres a augmenté mais qu’on doit encore de l’argent aux pays fournisseurs de troupes. Le Mouvement des non alignés tient à faire observer que tous les Etats Membres doivent verser leurs contributions dans les délais.
M. PATRICK KENNEDY (Etats-Unis) a souligné qu’il était nécessaire de se pencher sur la question de la police civile. Les opérations de police, a-t-il expliqué, fournissent une stratégie de sortie pour les opérations de maintien de la paix. Il a apporté son soutien à un renforcement des capacités du Département des opérations de maintien de la paix et à une coopération accrue entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes. Pour autant, il a émis quelques doutes sur la proposition de certains pays de mettre en place un mécanisme au sein du Conseil de sécurité pour permettre aux principaux contributeurs de troupes de s’exprimer.
Le représentant a soutenu l’idée de missions de la paix avec des mandats clairement définis, qui soient l’objet de consultations fréquentes avec les pays contributeurs. Il a aussi déclaré qu’il fallait améliorer l’organisation des missions pour permettre un déploiement rapide sur le terrain et augmenter les capacités du Département du maintien de la paix avec un personnel assez nombreux pour répondre rapidement aux demandes liées au déploiement ou à la mise en place de nouvelles missions. Il a enfin ajouté que la coordination devait être plus efficace, que la formation des troupes devait comprendre une sensibilisation au virus du SIDA et que le Conseiller pour la police civile devait jouer un plus grand rôle.
M. BAMBANG SUSANTO (Indonésie) a déclaré avoir été frappé par l’importance que le rapport Brahimi accorde aux aspects administratifs, techniques et liés à la gestion des opérations de maintien de la paix. Nous avons besoin, si nous voulons que la réforme soit viable et couronnée de succès, d’une réflexion globale et paradigmatique, a fait valoir M. Susanto qui a insisté sur le caractère crucial des mesures préventives et des mesures prises dans le cadre de la consolidation de la paix dans des situations post-conflits, en arguant que la consolidation de la paix doit prendre des dimensions politique, sociale, humanitaire et liées au développement. En ce qui concerne la mise en œuvre des recommandations du rapport Brahimi, l’Indonésie s’est déclaré intéressée par la mise en place d’équipes spéciales intégrées et par les conséquences de cette mesure sur le terrain. L’Indonésie se félicite de la tenue en octobre 2001 de consultations informelles sur le déploiement rapide et les réserves de déploiement stratégique.
Cependant, le représentant a déclaré que dans le cadre du déploiement rapide, d’autres questions doivent être abordées, notamment celles du transport, de la viabilité logistique, de la disponibilité des ressources et de la préparation administrative, ainsi que celle non moins cruciale de la volonté politique des pays contributeurs de troupes.
Saluant le renforcement des consultations avec les pays contributeurs de troupes, le représentant a mis l’accent sur le fait que certains d’entre eux n’ont pas les ressources suffisantes pour renforcer leurs capacités nationales et a fait appel à la coopération internationale pour atténuer ces difficultés. M. Susanto a insisté sur l’importance de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, ces dernières disposant généralement de compétences uniques pour gérer les conflits surgissant entre les pays qui les composent.
M. MAHENDRA RAY YADAV (Népal) a rappelé que son pays avait, depuis plus de quatre décennies, régulièrement fourni des troupes pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et avait perdu 42 soldats dans ces opérations. Il a approuvé les principes qui sous-tendent les opérations de maintien de la paix tels que le consentement des parties, la neutralité, le non-usage de la force et le contrôle du commandement par les Nations Unies, avant de préciser que le Népal souhaite qu’ils soient maintenus. Il a ajouté que le Népal compte actuellement 800 soldats dans la Mission de maintien de la paix en Sierra Leone et a fait observer que la doctrine du maintien de la paix fait partie des réponses les mieux adaptées aux conflits contemporains, au même titre que la diplomatie préventive et la consolidation de la paix post-conflit. Il a souhaité que les missions de maintien de la paix des Nations Unies soient dotées des ressources nécessaires afin de pouvoir accomplir leur tâche sur le terrain et a demandé au Secrétariat de l’informer sur les performances obtenues par le Département des opérations de maintien de la paix après que l’Assemblée générale eut décidé lors de la dernière session d’augmenter de 93 le nombre de ses postes.
Le représentant, tout en souhaitant que les moyens suffisants soient accordés au maintien de la paix, a fait observer que cela ne pouvait se faire au détriment du développement. Il a demandé davantage de transparence dans la mise en œuvre et le suivi des opérations, suggérant notamment l’institutionnalisation d’un mécanisme de consultation entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes. Il a fait valoir que des pays comme le Népal, qui fait partie des pays les moins avancés, ne peuvent subvenir eux-mêmes aux coûts des opérations de maintien de la paix auxquelles participent leurs troupes et a demandé que des ressources leurs soient allouées aux fins d’équipement.
M. ANDREJ DROBA (Slovaquie) a fait observer que les conflits actuels sont caractérisés par le fait qu’il s’agit de conflits internes où interviennent des acteurs non-étatiques. Ces caractéristiques, a-t-il souligné, ont rendu plus complexes les activités de maintien de la paix. Il est donc essentiel que le Département de maintien de la paix bénéficie d'un ferme appui des Etats Membres, tant sur le plan financier que sur celui des ressources humaines et techniques. Il a indiqué que la contribution de la Slovaquie a largement augmenté ces deux dernières années. La Slovaquie, a-t-il insisté, fournit un contingent de 600 personnes aux opérations de maintien de la paix.
M. MIROSLAW LUCZKA (Pologne) a déclaré que son pays saluait les efforts du Département en vue de renforcer le processus de décision et d’améliorer l’organisation ainsi que l’efficacité des opérations de maintien de la paix. Les discussions en cours, a-t-il expliqué, montrent que les questions les plus urgentes à résoudre sont le processus de décision et le déploiement des missions, en particulier dans le contexte de coopération entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes, aussi bien que les changements d’organisation au sein du Secrétariat, y compris le renforcement de son potentiel d’analyse et de planification. Toutefois, a souligné le représentant, l’objectif principal reste inchangé: il s’agit de la Capacité de déploiement rapide des Nations Unies (UNSAS).
La Pologne attache beaucoup d’importance au renforcement de la capacité de déploiement rapide des Nations Unies, a –t-il poursuivi. C’est pourquoi nous avons décidé d’allouer à cet effet un bataillon mécanisé et 30 observateurs militaires. La Pologne soutient également les efforts faits pour aider les Nations Unies à diriger efficacement les opérations de maintien de la paix multi-fonctions, dans lesquelles le rôle de la police et des experts civils ne cesse de croître. Nous devons assurer une large participation des institutions spécialisées des Nations Unies et dans la conduite et la planification d’opérations de maintien de la paix réussies, en soutenant par conséquent, un développement durable. Nous ne devons pas seulement envisager les moyens de rétablir la paix, mais aussi les moyens de consolider cette paix. Nous souhaitons également qu’une coopération plus étroite s’établisse entre les Nations Unies et les organisations régionales concernées sur le terrain par le maintien de la paix et de la sécurité.
MME JASNA OGNJANOVAC (Croatie) a estimé qu'il est non seulement nécessaire de réformer les opérations de maintien de la paix mais aussi de réformer les relations entre les trois organes principaux des Nations Unies, à savoir l'Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC) et le Conseil de sécurité. Elle a particulièrement souligné la contribution importante que pourrait apporter l'ECOSOC en matière de consolidation de la paix, et en particulier dans les domaines de la protection des droits de l'homme, de la prévention des crimes et de la justice pénale et de la santé. A cet égard, elle a estimé que les conclusions du séminaire de haut niveau "Le système des Nations Unies dans le nouveau millénaire: encourager la coopération dans la mise en œuvre de la paix", qui s'est tenu récemment à Terrytown, méritaient l'attention des délégations. Elle a appuyé les initiatives visant à renforcer le processus de collaboration entre le Conseil et les pays fournisseurs de contingents, coopération qui devrait contribuer à renforcer l'efficacité du travail effectué sur le terrain. Elle a indiqué que son pays contribue à deux missions de maintien de la paix, en Sierra Leone et en Ethiopie-Erythrée et qu'il a l'intention de renforcer sa contribution en fournissant en plus des observateurs militaires, également des unités spécialisées.
M. TAEMYON KWON (République de Corée) a émis l’espoir que le prochain recrutement de 200 collaborateurs pour le Siège de New York, principalement pour le Département des opérations de maintien de la paix, renforcera réellement les capacités du Siège en matière de développement des opérations de maintien de la paix et de soutien aux missions sur le terrain. Nous pensons, a-t-il ajouté, qu’il faudrait procéder à un examen régulier et systématique des effectifs du Département.
S’agissant des capacités de déploiement rapide et efficace, a-t-il rappelé, nous avons fixé entre 30 à 90 jours les délais de déploiement des opérations de maintien de la paix. Il s’agit d’un laps de temps à la fois idéal et nécessaire au succès d’une opération. Mais il n’est pas facile à respecter. Nous nous réjouissons des efforts faits par le Secrétariat pour mettre en vigueur les recommandations pertinentes du rapport Brahimi, concernant notamment l’amélioration du Système des forces et moyens en attente ou la création d’un nouveau concept de réserves matérielles.
A propos des relations entre les Départements du Secrétariat et du système des Nations Unies qui sont engagés dans des opérations de maintien de la paix, le représentant a fait observer qu’une étroite coopération entre tous les acteurs était impérative. Dans le domaine de la consolidation de la paix particulièrement, il faut, a-t-il dit, que le Secrétariat, les institutions spécialisées de l’ONU, les organisations régionales et les institutions financières internationales discutent d’une division claire du travail, de la suppression du double-emploi et des manières de réaliser des économies. Une concertation accrue permettrait de faire des économies sur le budget global du maintien de la paix et de garantir aux opérations un plus grand succès.
M. MEHMET KEMAL BOZAY (Turquie) a déclaré que le système de maintien de la paix des Nations Unies pouvait être amélioré dans le sens d’un accroissement des capacités du Département des opérations de maintien de la paix à se déployer rapidement. A cet égard, il a apporté son soutien au renforcement du Système des forces et moyens en attente. Il a observé que la Turquie soutenait la proposition du Secrétariat des Nations Unies de former des unités de la taille d’une brigade, composées si possible par des troupes originaires des pays voisins, et donc capables de se déployer rapidement en cas de crise régionale. Il a observé que le Département des opérations de maintien de la paix avait besoin de personnel supplémentaire. Toutefois, il a déclaré que l’origine des nouveaux cadres embauchés devait tenir compte des contributions des Etats membres qui prennent part aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Il a indiqué que la coopération entre le Conseil de Sécurité et les pays contributeurs de troupes était un domaine clef pour la réforme du maintien de la paix, en précisant que la résolution 1353 du Conseil de sécurité était une première étape en ce sens. Toutefois il a observé qu’il fallait étudier les autres moyens pour améliorer cette coopération. Le Représentant a déclaré que l’entraînement des forces était un élément vital pour le succès des opérations de maintien de la paix et qu’il fallait améliorer ce domaine.
M. TARIQ S. CHAUDHRY (Pakistan) a rappelé que son pays est l’un des plus anciens et des plus importants contributeurs de troupes et a salué les efforts du Département des opérations de maintien de la paix pour rendre plus efficaces ces missions. Il a toutefois exprimé son inquiétude quant aux affectations nouvelles pour les postes du Département demandés par le Secrétariat à la suite des recommandations des rapports Brahimi, regrettant que les pays contributeurs de troupes ne soient pas pris en compte de manière proportionnelle dans les affectations. Il a suggéré, concernant le déploiement rapide, que le délai de 30 à 90 jours soit respecté dans la mise en œuvre des missions, ce déploiement rapide était essentiel pour le succès des opérations. Il a regretté les arriérés et les retards dans les paiements aux Etats contributeurs qui des conséquences sur le déploiement des troupes prévues pour les missions sur le terrain. Il a souhaité que cette question soit étroitement étudiée au sein du Département de même que les règles d’engagement pour les contingents sur le terrain qui peuvent faire toute la différence entre le succès et l’échec d’une mission. Il a encouragé le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes et a fait valoir que ces pays devaient pouvoir participer au processus de consultation et de décision concernant des missions qui engagent la vie de leurs contingents. Il a souhaité que cette coopération s’établisse également avec le Secrétariat, et en particulier avec le Département des opérations de maintien de la paix.
M. JOHN DAUTH (Australie) a fait observer que les questions restant en suspens dans le cadre de la réflexion visant à améliorer le maintien de la paix sont familières et bien comprises: il s’agit du renforcement de la planification, de la gestion et du soutien aux missions au Département des opérations de maintien de la paix. Nous devons également nous assurer que la création d’équipes spéciales intégrées qui fonctionneront de manière transparente et ouverte, sera une réponse normale aux situations de crises complexes; nous devons améliorer davantage la communication et la coordination entre le terrain et le siège et développer plus avant la réserve stratégique à Brindisi. Le représentant a d’autre part insisté sur la nécessité d’améliorer davantage la qualité des consultations entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat. Saluant à cet égard la pratique établie dans le cadre de la mission au Timor oriental, il a déclaré que le processus de consultations doit être rationalisé afin que les consultations n’affectent pas la capacité d’un déploiement rapide des forces. Le représentant a réaffirmé que le maintien de la paix ne peut être efficace que s’il est intégré dans une stratégie plus vaste visant le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants. Il s’est prononcé en faveur de l’établissement d’un Groupe des pratiques optimales de maintien de la paix.
M. ABDULGANIYU OLANIYI ARE (Nigéria) a fait observer qu’il est nécessaire de préparer le personnel de maintien de la paix à faire face à la nouvelle menace d’actes terroristes et de guerre biologique. Cette nouvelle situation requiert que le Conseil de sécurité adopte des mandats clairs appuyés par les ressources nécessaires à leur réalisation. Nous exhortons le Secrétaire général à mettre en œuvre les recommandations du rapport Brahimi et du Comité spécial. Il faudrait permettre au Département de disposer des ressources dont il a besoin afin de l’aider à s’acquitter efficacement de son mandat et à redéployer au mieux les ressources existantes. Il s’est dit préoccupé par le déséquilibre existant en ce qui concerne la répartition géographique des postes d’administrateurs au sein du Département des opérations de maintien de la paix et par la sous-représentation des pays fournisseurs de contingents. Il a demandé que des mesures soient prises pour corriger cette situation. S’agissant de la sélection de la direction des futures missions, il a estimé qu’il serait bon que le processus de nomination se fasse suffisamment tôt pour leur permettre de participer aux premiers stades de planification des missions. Il a souligné l’importance du paiement à temps et en entier des contributions des Etats Membres et a déploré les arriérés de remboursement des frais encourus par les pays fournisseurs de contingent. Il a souligné que ces retards pourraient empêcher ces pays de contribuer aux opérations futures. Il a demandé que soit réexaminée la politique relative à la location d’équipements appartenant à des contingents.
Il s’est félicité de la coopération accrue entre les Nations Unies et les organisations régionales et a souligné qu’une telle coopération devait se faire dans le respect de l’esprit et de la lettre du Chapitre VII de la Charte. Pour ce qui est de l’Afrique, a-t-il poursuivi, une telle coopération passe par le renforcement des capacités de maintien de la paix des pays africains. Il a invité les Etats Membres à contribuer au Fonds pour la paix de l’Organisation de l’unité africaine/Union africaine. Pour ce qui est de la sécurité du personnel de maintien de la paix, il a appuyé les initiatives visant à assurer des formations avant le déploiement de la mission ainsi que la vaccination des troupes avant leur arrivée sur le terrain. A cet égard, il s’est félicité de la proposition du Secrétaire général concernant le remboursement des frais de vaccination avant le départ en mission et a fait valoir l’importance d’établir des normes en ce qui concerne les examens médicaux et les vaccinations. S’agissant des achats de matériels pour les opérations de maintien de la paix, le représentant a estimé inacceptable qu’alors que la majorité des pays contributeurs de troupes sont des pays en développement, les contrats d’achats sont passés majoritairement avec des entreprises venant des pays développés. Il a souligné qu’il était nécessaire de réexaminer les procédures d’achat en vue d’assurer que les entreprises des pays contributeurs et de la zone en conflit bénéficient des contrats d’achats en matériel.
M. GOBE PITSO (Botswana) a observé qu’en dépit de la réduction des conflits et de l’accroissement des opérations de maintien de la paix, les civils étaient devenus plus vulnérables, les femmes, les enfants et les travailleurs humanitaires étaient délibérément pris pour cible et parfois les viols et les mutilations étaient utilisés comme des instruments de terreur et de pouvoir. Ces situations, a-t-il affirmé, placent la communauté internationale dans l’obligation de répondre à ce qui constitue autant de menaces pour la sécurité humaine. Ma délégation, a-t-il poursuivi, espère qu’en tirant les leçons du passé, les Nations Unies, avec leur expérience en matière d’opérations de maintien de la paix, développeront en priorité les politiques et les capacités requises permettant un maintien de la paix efficace. A cet effet, nous espérons qu’il y aura davantage de coordination interne dans la planification, la conduite et le soutien d’opérations spécifiques de maintien de la paix.
Dans les zones de conflits, a expliqué le représentant, il n’y a pas d’institutions pour gérer convenablement la conduite des affaires. Les droits de l’homme sont violés et les économies déstabilisées. Ceci a un impact énorme sur le développement social et économique. Dans ce contexte, nous pensons que la gestion des zones de conflits est un processus complexe, que le Département des opérations de maintien de la paix ne peut assumer seul. Il a besoin d’une aide et d’une coopération renforcées des autres départements et agences des Nations Unies. Pour soutenir les efforts de maintien de la paix sur le terrain, a-t-il insisté, il faut une coordination renforcée entre tous les acteurs impliqués dans le désarmement, la démobilisation et la réintégration. Il faut également fournir une aide pour l’organisation d’élections et promouvoir la réconciliation. C’est seulement par ce biais qu’une paix durable pourra être réalisée.
M. JUVENAL MONJANE (Mozambique) a déclaré qu’il était important d’améliorer la capacité de maintien de la paix des Nations Unies en renforçant la gestion du Département des opérations de maintien de la paix, sa capacité de planification stratégique, y compris sa capacité de déploiement rapide. Il a souligné qu’il était nécessaire de s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits, en concentrant les efforts sur les mesures préventives. Il a appelé les institutions financières internationales et les autres partenaires du développement à redoubler d’efforts pour éliminer la pauvreté, alléger la dette extérieure des pays pauvres, augmenter l’aide publique au développement et améliorer l’accès des produits en
provenance pays en développement aux marchés. En s’attaquant aux causes sous-jacentes des conflits, a-t-il déclaré, nous ouvrirons la voie à la création d’une culture de la non-violence basée sur les concepts de la paix et du dialogue ce qui créera les conditions nécessaires pour passer d’une culture de la réaction à la culture de prévention.
S’agissant du renforcement de la capacité de déploiement rapide des opérations de maintien de la paix, il a mis en garde contre la politique de deux poids deux mesures qui a parfois prévalu concernant les conflits en Afrique. Il a souligné l’importance de fournir aux missions des mandats clairs et les ressources nécessaires à l’acquittement de celui-ci, tant sur le plan financier que matériel ou humain. Il s’est félicité du fait qu’une coopération entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat se met en place. Il a rappelé que les pays africains ont poursuivi leurs efforts pour créer une capacité africaine de prévention, de gestion et de résolutions des conflits, efforts qui se sont concrétisés par l’adoption d’un plan d’action et d’un mécanisme d’action lors de la conférence ministérielle qui s’est tenue à Abuja en mai 2000. Il a indiqué que son pays présidait actuellement l’organe de politique, défense et sécurité qui tente de définir les méthodes permettant de réaliser les objectifs de prévention de maintien de la paix. Il a fait valoir l’importance des projets de déminage, de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des combattants dans les efforts de consolidation de la paix.
M. GEORGE KASSOULIDES (Chypre) a déclaré que le rétablissement de la paix et la consolidation de la paix après un conflit constituent des instruments clefs à la disposition des Nations Unies dans sa quête pour "préserver les générations futures du fléau de la guerre". A cet égard, il a souligné que l'expérience de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre démontre la nécessité de combiner rétablissement de la paix et consolidation de la paix pour éviter le statu quo. Comme l'ont démontré les événements de 1974, la Force n'avait pas le mandat et l'appui nécessaires pour éviter cette catastrophe. En dépit des résolutions des Nations Unies et des bons offices du Secrétaire général, le problème n'est toujours pas résolu. La dernière invitation officielle du Secrétaire général a été refusée par la partie turque. Dans une déclaration datée du 26 septembre, le Conseil de sécurité a manifesté sa déception face à cette décision injustifiée. Une réunion est toutefois prévue entre le Président Clerides et M. Denktash pour le 4 décembre prochain. Nous espérons, a -t-il dit, que la partie turque fera preuve de la volonté politique nécessaire pour trouver un règlement juste et durable au différend, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, au droit international, aux droits de l'homme et à l'acquis communautaire. Il a rappelé que les forces et les autorités turques ignorent les résolutions 1331 (2000) et 1354 (2001) du Conseil de sécurité demandant le retour au statu quo militaire qui prévalait avant l'occupation de Strovilia. L'incapacité de la Force à intervenir de manière décisive pour revenir au statu quo ante reflète plus globalement l'efficacité des Nations Unies. Pour être efficaces, les opérations de maintien de la paix ont besoin d'une assise financière stable.
M. YAP ONG HENG (Singapour) a noté que les Nations Unies doivent faire face à de nombreux conflits intra-étatiques et que la paix est plus difficile à réaliser. Toutefois, une fois qu’on y est parvenu, elle est fragile et difficile à maintenir. Face à de tels scénarios, il faut mettre en place de nouvelles stratégies de maintien de la paix. Dans ce contexte, a souligné le représentant, trois points méritent toute notre attention. Il s’agit d’abord de la nécessité de
déployer des forces de maintien de la paix solides et crédibles, ensuite de l’importance du processus de consolidation de la paix à l’intérieur des opérations de maintien de la paix et de son financement et enfin le fait qu’il ne faut pas retirer de manière prématurée une opération de maintien de la paix.
En mettant sur pied une force de maintien de la paix solide et crédible, a poursuivi le représentant, les Nations Unies doivent prendre conscience d’un problème croissant. Ces dernières décennies en effet, il y a eu une division malsaine du travail, avec, d’un côté, les pays développés assurant le financement, et de l’autre, les pays en développement fournissant les troupes. On a évoqué ici et en privé, un “apartheid du maintien de la paix”. Bien que cette expression soit un peu exagérée, elle met néanmoins en exergue une situation clairement intenable si nous voulons développer une tradition de responsabilité partagée dans le maintien global de la paix. De la même manière, nous devrions rompre avec une tendance qui s’accentue et qui consiste à s’appuyer sur des arrangements régionaux ou des pays de certaines zones pour développer des opérations de maintien de la paix.
Intégrer une composante de consolidation de la paix à une mission de maintien de la paix est par conséquent, a affirmé le représentant, une partie essentielle de notre stratégie pour traiter des conflits intra-étatiques. Cela signifie qu’il faut renforcer les institutions nationales, augmenter la participation politique et promouvoir le droit, réformer le système judiciaire et créer une force de police crédible, désarmer, démobiliser et réintégrer les combattants. Les populations locales ont un rôle central à jouer dans ce processus mais pour les y aider, l’engagement des Nations Unies est essentiel. Les opérations de maintien de la paix, a fait remarquer le représentant, ne devraient pas servir uniquement au règlement des conflits, elles doivent mettre en place une paix et un développement durables, qui empêcheront ces conflits de resurgir.
M. YAW O OSEI (Ghana) a rappelé que le Conseil de sécurité, de par la Charte des Nations Unies, avait une responsabilité majeure dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et avait par conséquent été mandaté depuis des années pour organiser les opérations de maintien de la paix déployées dans les zones de conflit. Mais en toute sincérité, a poursuivi le représentant, il faut admettre qu’il y a eu de graves erreurs dans le processus de décision du Conseil de sécurité, comme l’ont révélé les rapports sur le maintien de la paix des Nations Unies à Srbrenica et au Rwanda. D’où l’intérêt de procéder à un examen attentif des processus et des pratiques existants. En réalité, alors que les pratiques du Conseil dans le passé ont pu être valables pour des missions traditionnelles de maintien de la paix, elles ne sont pas adaptées à des opérations complexes comme celles que j’ai citées précédemment.
L’objectif majeur d’une mission, a déclaré le représentant, doit être de permettre à son personnel de mener sa tâche avec succès et d’une manière professionnelle. Cela implique que le Conseil de sécurité soit le mieux informé possible par le Secrétariat et les Etats membres dont les troupes participent à une opération. Il s’agit d’un partenariat qui doit être renforcé. Tout aussi déterminante doit être la volonté politique des Etats Membres de faire correspondre à un mandat déterminé les ressources humaines, matérielles, financières ainsi que le soutien politique nécessaire à la mise en œuvre de ce même mandat.
Mme JOAN E. THOMAS (Jamaïque) a déclaré que son pays appréciait les progrès réalisés en vue de parvenir à une parité hommes/femmes au sein du Département des opérations de maintien de la paix et encourageait le Département à travailler sérieusement pour atteindre le niveau requis de 50/50. La Jamaïque, a-t-elle ajouté, reste convaincue qu’il faut garder une approche soucieuse de la parité dans les opérations de maintien de la paix. Nous nous réjouissons des progrès faits en ce sens par le Département, aussi bien au Siège que sur le terrain. Mais nous sommes déçus que la recommandation du Secrétaire général de nommer des experts sur la question de la parité au sein de l’Unité des pratiques optimales du département n’ait pas reçu l’approbation du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires.
Le succès des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pourrait être accru grâce au renforcement du partenariat triangulaire entre les pays fournissant des troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Il existe une mobilisation importante en faveur d’une amélioration des modalités qui permettraient aux pays fournissant des troupes d’avoir leur mot à dire dans le processus de décision des opérations de maintien de la paix, avant que les mandats ne soient énoncés ou modifiés, tout en préservant les prérogatives du Conseil de sécurité dans le processus de décision. Nous espérons qu’une solution viable pourra être trouvée en ce sens.
La capacité de déploiement rapide des Nations Unies dans les situations de conflit est une des mesures d’efficacité des opérations de maintien de la paix. Le niveau de rapidité adéquat n’a pas encore été atteint, a indiqué la représentante. La volonté politique des Etats Membres, particulièrement de ceux ayant la capacité de fournir des troupes, est essentielle si l’on veut combler le fossé en matière d’engagement que l’on ne peut que constater dans les opérations de maintien de la paix. La Jamaïque accueille favorablement les propositions faites par le secrétaire général pour renforcer ce mécanisme.
M. DANIEL HELLE, Observateur permanent du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a fait observer que la sécurité, les tâches respectives des institutions et la situation humanitaire sont autant de sujets pour lesquels la concertation entre le CICR et les forces des Nations Unies était hautement souhaitable. Sur le plan opérationnel, a-t-il poursuivi, cette concertation se traduit par la recherche d’un dialogue direct et bilatéral avec les responsables des casques bleus. Il a notamment donné comme exemple la zone temporaire de sécurité où est déployée la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE). Le CICR y a fourni un soutien légal et pratique par rapport à la problématique des dépouilles mortelles de soldats tombés entre les lignes de front. Il a estimé que pour être efficace, un tel dialogue se devait de respecter les différences fondamentales de perspective entre la démarche politico-militaire et l’action humanitaire. Il est essentiel, a-t-il dit, que les parties impliquées, perçoivent clairement le CICR comme une entité neutre et indépendante, et strictement impartiale à l’égard des victimes de la violence. Il est d’autant plus important que la coopération entre les Nations Unies et le CICR se développe largement afin de promouvoir le respect du droit international humanitaire et que, dans certaines circonstances, les opérations des Nations Unies sont déployées dans des pays où sévissent des conflits et qu’il est arrivé par le passé que des troupes des Nations Unies soient impliquées dans des affrontements armés. Il est donc primordial, a-t-il souligné, que les règles relatives au droit humanitaire soient connues et scrupuleusement respectées. A cette fin, le CICR a organisé des séances de formation en droit humanitaire pour les troupes de maintien de la paix, avant leur départ ou lorsque celles-ci se trouvaient déjà déployées sur le terrain. Le CICR participera également au nouveau projet de formation développé par l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et le Département des opérations de maintien de la paix, portant sur les besoins des femmes et des enfants affectés par les conflits armés. Dans ce cadre, l’étude récemment publiée par le CICR concernant les femmes dans la guerre pourra contribuer utilement à la réflexion.
Droits de réponse
Le représentant de la Turquie a déclaré que les accusations que l’on a entendues n’ont pas place dans cette instance. C’est une tentative de distorsion de la réalité à Chypre.
Le représentant de Chypre a réaffirmé qu’il y avait eu violation du statu quo. Il a rappelé que sur l’île de Chypre seule la République de Chypre était reconnue par la communauté internationale et qu’il conviendrait que la Turquie retire ses troupes pour permettre aux deux communautés de vivre dans la paix.
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