LES DELEGATIONS DEMANDENT LA RELANCE DU PROCESSUS DE PAIX AU PROCHE-ORIENT ET PRECONISENT L’INTERVENTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
Communiqué de presse CPSD/231 |
Quatrième Commission
16e séance – matin
LES DELEGATIONS DEMANDENT LA RELANCE DU PROCESSUS DE PAIX AU PROCHE-ORIENT ET PRECONISENT L’INTERVENTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de la décolonisation) a achevé, ce matin, son débat sur le Rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés. Après avoir souligné la détérioration de la situation dans les territoires occupés palestiniens depuis le début, il y a un an, de l’Intifada d’Al-Aqsa, l’ensemble des délégations a appelé à une reprise du processus de paix, seul moyen d’enrayer l’escalade actuelle de la violence.
Une paix juste et durable, a déclaré le représentant du Bahreïn, passe par le strict respect des résolutions pertinentes des Nations Unies et par l’application du principe de l’échange de la terre contre la paix. De son côté, le représentant de Brunéi Darussalam a demandé aux autorités israéliennes de respecter les accords d’Oslo et de reprendre les négociations sur la base des recommandations du rapport Mitchell. Mais comme l’a fait remarquer le représentant du Ghana, dans une situation de conflit, on peut difficilement attendre des parties concernées qu’elles parviennent seules à réinstaurer un climat de confiance, c’est donc à nous, a-t-il dit, qu’il revient de promouvoir ce processus. Une idée également défendue par la Belgique, qui, au nom de l’Union européenne, s’est exprimée en faveur de la mise en place d'un mécanisme impartial de surveillance, en accord avec les parties, afin de les aider à surmonter leurs divergences et les obstacles qu'elles rencontrent dans leurs efforts de réconciliation. Suivant la même logique, et avec le souci de protéger les populations civiles palestiniennes, le représentant de l’Iran, relayé par le représentant des Emirats arabes unis, a préconisé une intervention internationale chargée de veiller à l’application de la quatrième Convention de Genève dans les territoires occupés. L’observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique a appelé les Nations Unies, et en particulier le Conseil de sécurité, à assumer ses responsabilités, à savoir mettre fin à la violence dans le territoire palestinien occupé et à protéger la population palestinienne qui vit sous occupation. Une paix globale, juste et durable au Proche-Orient ne pourra être réalisée, a souligné l’OCI, que sur la base d’un retrait complet d’Israël de tous les territoires et de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien, y compris leur droit à l’autodétermination et à un Etat indépendant avec Al-Qods comme capitale.
Pour sa part, le représentant d’Israël a accusé de partialité le Comité spécial. Il a demandé à ses pairs de voter contre le rapport du Comité non seulement parce qu'il est, selon lui, malhonnête et faux, mais parce qu’il n’est pas adapté à la situation et compromet les chances de parvenir à un règlement pacifique auquel Israël reste attaché. Ce rapport, a-t-il ajouté, est contre-productif et n’encourage pas la poursuite de négociations de paix bilatérales.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Ghana, Cuba, République islamique d’Iran, Emirats arabes unis, République populaire démocratique de Corée, Pakistan, Brunéi Darussalam, Koweït, Bahreïn, Belgique, au nom de l’Union européenne, Tunisie, Yémen, Israël, Qatar, Arabie saoudite. L’Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique s’est également exprimé.
Les représentants de l’Iraq, de la Malaisie, du Koweït et d’Israël, de même que l’Observatrice permanente de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.
La prochaine réunion de la Commission aura lieu demain, vendredi 9 novembre, à partir de 10 heures.
RAPPORT DU COMITE SPECIAL CHARGE D’ENQUETER SUR LES PRATIQUES ISRAELIENNES AFFECTANT LES DROITS DE L’HOMME DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPES (Point 88)
Débat général
M. YAW O.OSEI (Ghana) a regretté que le fait que le Comité spécial n’aie pas accès aux territoires occupés limite sa capacité d’observer les conditions de vie des Palestiniens. Cela aurait enrichi le rapport, a-t-il souligné. Quoi qu’il en soit, il faut insister sur la responsabilité d’Israël en tant que puissance occupante par rapport à la Convention de Genève. La communauté internationale doit parler d’une seule voix à ce sujet et remédier aux injustices dans les territoires.
Nous sommes conscients que depuis septembre 2000, les tensions dans les territoires occupés, particulièrement Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, ont fortement augmenté. Le rapport du Comité le souligne, la paix est plus nécessaire que jamais. Ma délégation, a indiqué le représentant, espère qu’on pourra bientôt retrouver le chemin du dialogue et de la paix. Les conséquences directes et indirectes des violences dans les territoires ont des effets traumatisants à bien des égards, et ont affecté à la fois l’occupant et l’occupé. La communauté internationale et ses membres les plus influents ont le devoir de prendre des mesures susceptibles de combler le fossé entre les deux parties, de restaurer la confiance et de ramener les deux parties à la table de négociations. On ne peut pas s’attendre à ce que les parties elles-mêmes rétablissent des mesures de confiance. Il faut mettre en place un mécanisme permettant de réduire les tensions. On ne saurait éteindre les flammes en les attisant. Seul un mécanisme de confiance nous permettra d’avancer, de favoriser le dialogue et de pousser les différents partenaires à reprendre des négociations.
M. ORLANDO REQUEIJO (Cuba) a déclaré qu’aujourd’hui plus que jamais les travaux du Comité spécial revêtent une grande importance pour assurer le respect des droits de l’homme du peuple palestinien. Au cours de cette dernière année, nous avons assisté à des situations de violence sans précédent. Les bouclages de territoires et l’interdiction faite aux Palestiniens de se rendre dans les territoires où ils travaillent sont inacceptables. Le fait qu’aient été utilisés des missiles à uranium appauvri contre une population qui se défend avec des pierres est une preuve supplémentaire des violations des droits de l’homme du peuple palestinien. On a également foulé aux pieds les différents instruments juridiques internationaux, y compris la Convention de Genève et les résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies. Une fois de plus le Gouvernement israélien n’a pas permis au Comité spécial de se rendre dans les territoires occupés. Nous connaissons les conséquences socio-économiques des pratiques israéliennes sur le peuple palestinien. Cuba appuie les initiatives de la communauté internationale en faveur d’une paix juste et durable au Moyen-Orient. Une telle paix passe par la solution du problème palestinien. Il est indispensable de réaliser une paix juste et durable tout en assurant l’exercice des droits du peuple palestinien. Le représentant a appuyé les efforts de certains pays pour essayer de faciliter une rencontre entre le Ministre des affaires étrangères d’Israël et le Président de l’Autorité palestinienne et a émis l’espoir qu’une paix sans condition, juste et durable pourra être réalisée.
M. MOHAMMAD HASAN FADAIFARD (Iran) a déclaré que le régime israélien, en poursuivant sa campagne sanglante, a utilisé les moyens les plus violents contre un peuple palestinien sans défense. Les Israéliens utilisent des hélicoptères, des missiles, des tanks, des bulldozers et même des avions de combat contre une population sans défense. Les prisonniers palestiniens sont soumis à la torture physique et à des pressions psychologiques dans les prisons israéliennes. Au cours de l’année écoulée, a poursuivi le représentant, le nombre de colons a augmenté de plusieurs milliers, des centaines de maisons palestiniennes ont été détruites, des milliers d’oliviers arrachés, des colons ont mis le feu à des biens palestiniens pour occuper leurs terres, le bouclage des territoires a eu des effets désastreux pour l’économie palestinienne. En outre, les incursions israéliennes en territoire palestinien représentent un acte criminel et contribuent à l’instabilité dans la région. Et ce ne sont, a ajouté le représentant, que quelques exemple des crimes commis par Israël.
Nous pensons que la communauté internationale se doit de mettre fin à l’occupation israélienne. Les derniers événements ont par ailleurs montré la nécessité d’une intervention internationale sur place pour protéger les civils palestiniens. Cela permettrait également de réduire les violations de la Convention de Genève. Pour conclure, le peuple iranien et son gouvernement réaffirment leur préoccupation face à l’escalade d’une répression inhumaine à l’égard du peuple palestinien et réaffirme que le travail du Comité spécial est plus nécessaire que jamais.
M. HAMAD HAREB ALHABSI (Emirats arabes unis) a déclaré que le rapport du Comité spécial montre bien la gravité des violations des droits de l’homme du peuple palestinien dans les territoires occupés. On ne peut que déplorer la politique agressive croissante de colonisation des territoires palestiniens, y compris de la ville de Jérusalem. Les pratiques israéliennes dont fait état le rapport ont des buts expansionnistes. Les données du rapport montrent que le Gouvernement d’Ariel Sharon a permis l’achèvement des colonies dont la construction avait été gelée par les précédents gouvernements. Les forces d’occupation israéliennes ont consacré d’importantes sommes pour renforcer la sécurité dans les colonies. Nous sommes témoins d’une campagne armée dans le contexte de laquelle s’inscrit l’assassinat ciblé de leaders palestiniens, le bouclage des territoires, la restriction de l’acheminement de l’aide humanitaire. Ces actions israéliennes font fi des résolutions de l’Organisation des Nations Unies, du droit international et de la quatrième Convention de Genève. Ma délégation, a-t-il déclaré, invite la communauté internationale à assumer leur responsabilité en exerçant des pressions sur Israël pour qu’il cesse sa politique expansionniste et ses violations du droit international. Elle demande la mise en place d’un mécanisme international chargé de la protection des Palestiniens contre les forces armées israéliennes. La question des réfugiés est un élément essentiel de la question de la Palestine. C’est pourquoi, a-t-il dit, nous demandons aux pays donateurs d’accroître leurs contributions au budget de l’UNRWA. Les Emirats arabes unis sont inquiets à l’égard de la politique systématique de désinformation des autorités israéliennes. C’est pourquoi nous appuyons le mandat du Comité et ce jusqu’à ce qu’une paix conforme aux résolutions des Nations Unies soit réalisée.
M. RI KYONG IL (République populaire démocratique de Corée) a exprimé sa préoccupation face à la détérioration quotidienne de la situation en Palestine et dans les territoires arabes occupés. Il a souhaité que le Comité spécial soit renforcé au regard de la situation qui prévaut actuellement et a regretté que le conflit qui a débuté en septembre de l’année dernière entre Israël et la Palestine ait causé la mort de nombreux innocents et ruiné l’économie et les infrastructures de la région. Il a ajouté que la poursuite par Israël de l’expansion de ses colonies de peuplement constitue un défi aux efforts de règlement pacifique de la question du Moyen-Orient. Il a condamné les attaques au lance roquette sur le centre des villes où sont concentrés les civils, sans tenir compte de la mort des enfants et des femmes palestiniens, et les actes de terrorisme organisés contre les opposants politiques. M. Ri a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas pris en compte la demande de certains pays de la région en vue du déploiement d’une force des Nations Unies et a déclaré que le règlement de la question palestinienne est une garantie pour la paix au Moyen-Orient. Il a jugé ensuite que le droit au retour des réfugiés palestiniens, leur droit à l’autodétermination et à la création d’un Etat indépendant avec Jérusalem pour capitale devaient être appliqués sans délai. Il a exigé l’arrêt des violences perpétrées par les Israéliens et leur retrait des terres palestiniennes ainsi que la restitution du plateau du Golan syrien qui sont des garanties pour la poursuite du processus de paix au Moyen-Orient.
M. IMRAN AHMED SIDDIQUI (Pakistan) a fait observer que l’année écoulée n’a pas servi la cause de la paix. Il a estimé que les actes commis par certaines personnes ne peuvent pas justifier des actes de répression, surtout dans un cas d’occupation illégale. La violence dont nous sommes témoins est le symptôme d’un malaise plus profond dont la cause est l’occupation illégale. Il est regrettable que les résolutions du Conseil de sécurité n’aient pas été appliquées. Il faut mettre fin à l’utilisation démesurée de la force et faire en sorte qu’Israël s’acquitte de ses obligations. Il faut en outre faire en sorte que reprennent les négociations entre les deux parties. Ce qu’il faut c’est une volonté politique, a déclaré le représentant. Il faut mettre un terme aux activités et pratiques illégales d’Israël car on ne serait mettre un terme aux aspirations d’un peuple à l’autodétermination. Le Pakistan a toujours appuyé la juste lutte du peuple palestinien. Les résolutions 242 et 338 continuent d’être le cadre d’une paix durable. On ne saurait parvenir à une paix durable si on ne respecte pas les droits des palestiniens, y compris leur droit à un Etat indépendant ayant pour capitale Jérusalem-Est. Il ne peut pas y avoir de sécurité durable sans paix durable et une paix durable doit reposer sur le droit international, a-t-il conclu.
M. JOHAN THANI ABDULLAH (Brunéi Darussalam) a souligné la tâche difficile du Comité spécial en précisant néanmoins que son rapport mettait bien en relief les problèmes sur le terrain. Il n’y a eu aucun progrès depuis notre réunion de l’an dernier, a regretté le représentant, et nous sommes profondément préoccupés par le fait que les droits fondamentaux des Palestiniens continuent d’être violés. Les autorités israéliennes n’ont pas mis fin à leurs pratiques illégitimes. Les souffrances des Palestiniens durent depuis beaucoup trop longtemps, les femmes, les enfants et les personnes âgés, notamment, sont traités de façon inhumaine. Nous invitons les Israéliens à respecter les accords d’Oslo et à reprendre les négociations sur la base du rapport Mitchell. Brunéi, a conclu le représentant, réaffirme sa totale solidarité avec les Palestiniens et les appuie dans leur quête de liberté.
M. TACAL AL-HAJERI (Koweït) a déclaré que le Gouvernement israélien viole les conventions internationales relatives aux droits de l’homme et les accords bilatéraux qu’il avait précédemment acceptés. Il a continué la construction de colonies, poursuivant ainsi son projet expansionniste, y compris à Jérusalem. Nous sommes témoins de détentions, d’actes d’oppression, de confiscations de domicile, de bouclages des villes et d’une politique d’assassinats des dirigeants palestiniens. Toutes ces pratiques vont à l’encontre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Ce qui est inacceptable c’est que ces actes sont commis au vu et au su de la communauté internationale tout entière. Israël continue de violer les droits de l’homme faisant fi de la quatrième Convention de Genève. Les efforts de la communauté internationale n’ont pas réussi à dissuader le gouvernement israélien de mettre un terme à sa politique. Les résolutions n’ont pas découragé Israël qui continue à faire preuve d’arrogance. Israël refuse de reconnaître et d’appliquer les recommandations du rapport Mitchell. Le Koweït appuie le peuple palestinien qui doit pouvoir exercer son droit à l’autodétermination et son droit à un Etat indépendant. Il appuie fermement les efforts pour la reprise du dialogue et estime que tout progrès ne pourra être atteint que par le biais de négociations bilatérales. Nous invitons la communauté internationale, y compris l’Union européenne, à exercer des pressions sur Israël pour qu’il cesse ses pratiques illégales.
M. FAISAL AL-ZAYANI (Bahreïn) a déclaré que sa délégation saluait le travail du Comité spécial qui témoigne de la détérioration de la situation des droits de l’homme et des libertés dans les territoires occupés. Depuis 1967, Israël n’a cessé de vouloir développer sa politique de colonisation et de modifier les caractéristiques physiques et démographiques de ces territoires.
Contrairement aux exigences exprimées lors de la Conférence de Madrid et dans les Accords d’Oslo, les pratiques israéliennes, c’est-à-dire les mesures d’oppression à l’égard du peuple palestinien et de celui du Golan syrien occupé, ont continué. Les Israéliens ont encore renforcé ces pratiques, en ayant recours à une force excessive contre les Palestiniens, en utilisant des chars et des avions militaires pour tuer des civils innocents, en pratiquant la torture physique et mentale à l’encontre des détenus. On peut citer également le déracinement d’arbres, l’agrandissement des colonies, le bouclage et l’invasion de territoires sous le contrôle de l’Autorité palestinienne. Les chefs d’Etat ont affirmé, dans la Déclaration du Millénaire, qu’ils étaient déterminés à appliquer une paix juste et durable partout dans le monde. Cette paix juste et durable, a insisté le représentant, passe par le strict respect des résolutions des Nations Unies et l’application de la formule terre contre paix. La souffrance des Palestiniens ne prendra fin que lorsque prendra fin l’occupation israélienne.
M. GERARD COCKX (Belgique) au nom de l'Union européenne et des pays associés, a appelé les deux parties à mettre en œuvre au plus vite, sans préalable ni conditions, les recommandations du rapport Mitchell et du plan Tenet. Il a demandé aux autorités israéliennes d'achever immédiatement le retrait de leurs forces de la zone sous administration palestinienne et à l'Autorité palestinienne de tout mettre en œuvre pour appréhender les responsables d'actes de violence à l'encontre d'Israël. Pour le représentant, la reprise du processus de paix constitue le seul et unique espoir raisonnable de mettre fin au conflit.
Il a poursuivi en indiquant que l'Union européenne est intervenue à plusieurs reprises auprès des autorités israéliennes pour qu'elles lèvent le bouclage des territoires occupés et cessent de détruire l'activité socio-économique de la population palestinienne. Le représentant a, par ailleurs, appelé le gouvernement israélien à verser le montant de la TVA dû à l'Autorité palestinienne chiffré maintenant à quelque 150 millions de dollars.
Condamnant énergiquement les attentats-suicides, le représentant a aussi condamné la réoccupation par l'armée israélienne des zones sous contrôle de l'Autorité palestinienne en demandant à Israël de faire preuve de la plus grande retenue dans l'usage de la force militaire. Il a, en outre, réaffirmé l'opposition de l'Union européenne à la fermeture de la Maison d'Orient et d'autres institutions palestiniennes de Jérusalem-Est. Des actes unilatéraux, a-t-il souligné, ne sauraient modifier la position constante de la communauté internationale concernant le statut des territoires occupés, y compris Jérusalem-Est.
Depuis la signature des accords d'Oslo, le nombre d'habitants des colonies dans les territoires occupés a doublé, a constaté le représentant en rappelant que pour l'Union européenne, toute nouvelle implantation ou extension des colonies préjuge de l'issue des négociations entre les parties et est contraire au droit international. Le représentant a conclu en rappelant que l'Union européenne s'est déclarée en faveur de la mise en place d'un mécanisme impartial de surveillance, en accord avec les parties, afin de les aider à surmonter leurs divergences et les obstacles qu'elles rencontrent dans leurs efforts de réconciliation. L'Union européenne est prête, a-t-il précisé, à contribuer à un tel mécanisme.
Pour finir, le représentant a rappelé les principes acquis depuis la Conférence de Madrid. Il a ainsi cité les principes de "la terre contre la paix, ceux des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et ceux des accords signés entre les parties.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a déclaré que le débat de cette année revêtait un caractère particulier à cause des circonstances difficiles que connaissent les territoires occupés, de la campagne militaire brutale menée par Israël et notamment les assassinats ciblés contre des personnalités palestiniennes, l’usage excessif des armes à feu, des avions et des blindés. Ces évènements sanglants ont fait plus de 700 morts palestiniens depuis le début de l’Intifada. Le rapport du Comité spécial, a indiqué le représentant, décrit en détail les activités israéliennes qui constituent des violations de droits de l’homme et violent la Convention de Genève. Israël, a-t-il affirmé, poursuit la confiscation des terres arabes, y compris des terrains agricoles au profit des seuls colons, et continue d’arracher des centaines d’oliviers et d’arbres fruitiers -seule ressource de nombreuses familles palestiniennes-, de détruire les maisons et les propriétés des Palestiniens, et occupe un certain nombre de villes et villages sous contrôle palestinien. Israël a également imposé des restrictions aux mouvements des Palestiniens et un blocus économique. En un mot, la situation dans les territoires est catastrophique. Elle est aussi préoccupante dans le Golan syrien occupé où l’on assiste à une violation des droits de l’homme des habitants du Golan.
La détérioration constante de la situation, a insisté le représentant, rend nécessaire une intervention rapide de la communauté internationale pour garantir le retrait d’Israël des territoires occupés. Elle doit œuvrer pour mettre fin au conflit et protéger les civils palestiniens, conformément au droit international. Pour que la paix et la sécurité règnent au Moyen-Orient, il faut trouver une solution juste et durable au problème palestinien, en tenant compte du droit du peuple palestinien à un Etat indépendant avec Jérusalem pour capitale.
M. ABDULAZIZ KAID (Yémen) a déclaré que sa délégation est favorable à la poursuite du travail du Comité spécial jusqu’à la fin de l’occupation israélienne. Les pratiques d’Israël, puissance occupante, vont à l’encontre de la quatrième Convention de Genève et des résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies. Est-il difficile pour les Nations Unies de faire la différence entre la légalité et l’illégalité? Les pratiques israéliennes sont tout à fait illégales. Où est la dignité des Nations Unies, s’est-il interrogé. Israël enfreint les accords conclus avant même que l’encre ait fini de sécher. Israël a recours à la force excessive contre la population civile. Est-ce qu’on poursuit la paix en détruisant les maisons des civils? Les Palestiniens se voient nier leurs droits fondamentaux. C’est pourquoi la politique israélienne doit être réfutée par la communauté internationale. Nous devons tous condamner la politique israélienne car le terrorisme d’Etat est la forme la plus grave du terrorisme. Israël fait preuve d’un mépris total de la population palestinienne. Israël, sans honte, ne montre aucun respect pour les Nations Unies et le droit international. Il faut insister sur la légitimité de la lutte du peuple palestinien pour leur droit à l’autodétermination, a-t-il conclu.
M. MOSHE BENZIONI (Israël) a déclaré que le manque d’équilibre et d’équité dont a fait preuve le Comité spécial dans son rapport se reflète dans l’appellation même du Comité qui définit son mandat d’une manière déséquilibrée et orientée. Nous avons le plus grand respect pour les trois membres du Comité, a affirmé le représentant, nous ne mettons pas en doute leurs capacités et leurs bonnes intentions. Cependant, le Comité spécial a des défauts inhérents qu’aucune bonne volonté ne peut surmonter. Depuis des années, le rapport du Comité spécial a été si partial, son ton et ses objectifs si politiques et partisans que, loin de contribuer à la paix et à la réconciliation, il ne peut que susciter une plus grande hostilité, la colère et le ressentiment.
L’an dernier, a poursuivi le représentant, a été catastrophique à la fois pour Israël et les Palestiniens. Le terrorisme et la violence initiés par l’Autorité palestinienne aussi bien que les mesures de défense qu’Israël a dû prendre, ont eu un coût très lourd en vies humaines. La violence a continué malgré une série d’accords de cessez-le-feu. La responsabilité de cette violence incombe à l’Autorité palestinienne et à son Président Yasser Arafat. L’offre de paix de Camp David en juillet 2000 a été refusée par les Palestiniens. Depuis, nous avons dû subir les embuscades, les bombes, les francs-tireurs, les kamikazes. Cette campagne a été aggravée par le flot d’incitations à la haine publiées par les media officiels palestiniens. Si un extra-terrestre intelligent débarquait sur terre et lisait le rapport du Comité spécial, il n’aurait aucune idée des réalités du conflit actuel. Il ne comprendrait pas pourquoi dans les camps d'été palestiniens, on enseigne la glorification de la violence, pourquoi dans les jardins d’enfants, on apprend à admirer le suicide des terroristes poseurs de bombes. Il ne saurait pas que des attaques terroristes ont lieu chaque jour contre Israël. Il serait mal-informé des événements du Proche-Orient et incapable de les analyser ou d’en comprendre le sens.
Je vous demande, a conclu le représentant, en s’adressant à ses pairs, de voter contre ce rapport, non seulement parce qu'il est malhonnête et faux, mais parce qu’il n’est pas adapté à la situation et compromet les chances de parvenir à un règlement pacifique auquel Israël reste attaché. C’est un document qui va à l'encontre des aspirations à la paix et des idéaux des Nations Unies. Ce rapport est contre-productif, il n’encourage pas la poursuite de négociations de paix bilatérales, et j’espère que vous agirez en conséquence.
M. AHMAD AL-MANNAI (Qatar) a appuyé la poursuite du travail constructif du Comité spécial dont le rapport fait état des souffrances qu’endure la population arabe depuis plus de trente ans dans les territoires occupés. Les violations par Israël du droit international, du droit international humanitaire et des résolutions pertinentes des Nations Unies témoignent de l’occupation illégale des territoires occupés. Dans le monde, a-t-il déclaré, on n’a jamais vu de terrorisme plus brutal que celui pratiqué par le Gouvernement israélien. L’assassinat ciblé de dirigeants politiques et l’usage excessif de la force ont entraîné la mort de plus de 800 personnes depuis un an. Les événements du 11 septembre ne doivent pas empêcher la communauté internationale de s’acquitter de ses responsabilités en condamnant le terrorisme pratiqué par Israël. Les bouclages, l’expansion des colonies, la confiscation de terres se poursuivent. Ces pratiques constituent une tentative de transformer les caractéristiques démographiques et géographiques des territoires occupés. La délégation de Qatar fait appel à la communauté internationale pour qu’elle exerce des pressions sur Israël et en particulier pour qu’elle prévoit un mécanisme de protection des Palestiniens. Cela constitue un prélude à la reprise du processus de paix sur ces bases initiales, à savoir les résolutions 242, 338 et 194 de l’Organisation des Nations Unies et du principe de l’échange de la terre contre la paix. Il faut que les forces israéliennes se retirent de tous les territoires.
M. AHMED AL-HARTHY (Arabie saoudite) a déclaré que les pratiques israéliennes sont inhumaines. Il a rappelé que le Comité spécial ne s’est pas vu accepter l’accès aux territoires occupés. Israël se moque de la communauté internationale à cet égard, a-t-il affirmé. Les graves violations des droits des Arabes dans les territoires occupés montrent l’arrogance des autorités israéliennes. Israël a recours à des chars d’assaut, à des hélicoptères militaires et s’adonne à l’exécution illégale de dirigeants politiques. Ces pratiques et la réoccupation montrent qu’Israël n’a pas de concept de paix et cherche à exercer un contrôle plus grand sur les habitants des territoires. La création de colonies dans les territoires occupés a pour objectif de modifier la composition démographique et à judaïser les territoires occupés. Toutes ces pratiques font obstacles au processus de paix, surtout si l’on tient compte des actes de provocation commis par les colons. La communauté internationale sait bien que ces pratiques contreviennent au droit international, au droit international humanitaire et aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité. Il faut que le processus de paix reprennent sur la base de ces résolutions. A cette fin, il faut que les forces israéliennes se retirent de tous les territoires occupés et que les Palestiniens puissent exercer leur droit à l’autodétermination et leur droit à un Etat indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale. Tant que la situation restera ce qu’elle est, le Comité spécial sera l’œil de la communauté internationale dans les territoires occupés et son mandat doit être appuyé.
M. YUSSEF F. KANAAN, Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique, a déclaré qu’aussi longtemps que l’occupation israélienne continuera et que se poursuivront les violations des droits de l’homme du peuple palestinien par Israël, le Comité spécial devra continuer son travail. Israël continue sa politique d’utilisation excessive et indiscriminée de la force contre la population civile palestinienne. Les pratiques israéliennes, telles que l’assassinat ciblé de palestiniens, la construction et l’expansion des colonies, la confiscation de territoires, leur bouclage, les démolitions de maisons, les détentions arbitraires et l’exploitation des ressources naturelles du peuple palestinien, sont autant de violations du droit international et du droit humanitaire international. Les récentes incursions israéliennes dans les villes sous contrôle palestinien et la réoccupation sont une autre manifestation des politiques d’oppression d’Israël dans le territoire occupé de Palestine. Les violences perpétrées, les atrocités commises par les colons illégaux armés contre des civils palestiniens témoignent également de la violence et de la brutalité des pratiques israéliennes. Les opérations militaires israéliennes de grande envergure montrent clairement que l’objectif poursuivi est d’exploiter la situation dans le territoire occupé et d’empêcher la poursuite du processus de paix. L’exploitation par Israël des événements du 11 septembre, qui a intensifié sa campagne militaire contre le peuple palestinien, a pour but d’éliminer le soutien international à la création d’un Etat palestinien. Israël poursuit sa campagne de terreur contre le peuple palestinien en violation de la quatrième Convention de Genève et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. L’OCI, a-t-il déclaré, tient Israël responsable de crimes de guerre et de terrorisme d’Etat. L’occupation illégale de la Maison d’Orient et d’autres institutions palestiniennes dans et autour de Jérusalem-Est, dans le but d’accélérer le processus de judaïsation de la ville de Jérusalem, doit cesser. Il est regrettable que le Conseil de sécurité garde le silence à propos des actions illégales et répressives d’Israël et n’ait pas réussi à éviter les effusions de sang et les destructions. La cause sous-jacente du conflit dans la région est l’occupation militaire illégale par Israël des territoires palestiniens, y compris Jérusalem, et les territoires arabes occupés depuis 1967. C’est sur la base du retrait complet de tous les territoires et de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien, y compris leur droit à l’autodétermination et le droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leur foyer que pourra être réalisée une paix juste et durable au Moyen-Orient.
Droits de réponse
Le représentant de l’Iraq a déclaré que l’entité sioniste était une entité usurpatrice, illégale, qui n’a foi que dans la force brutale et le terrorisme. Le représentant de la force d’occupation a déclaré que le Comité spécial n’avait pas fait de progrès depuis sa création, mais pourquoi, s’est interrogé le représentant de l’Iraq, les activités du Comité sont-elles restées stagnantes? Parce que, a-t-il dit, l’entité sioniste n’a jamais tenu compte des résolutions des Nations Unies depuis sa création illégale. Elle les viole toutes sans discrimination. Le représentant de l’entité sioniste avait accusé le Comité spécial de partialité, je tiens à lui répondre qu’il y a d’un côté l’assassin et de l’autre la victime. Il est donc normal que la communauté internationale prenne le parti de la victime et condamne les pratiques inhumaines et génocidaires qui sont le fait de l’entité sioniste dans les territoires occupés. L’entité sioniste incarne le concept du terrorisme d’Etat, qui sape le régime du droit international. Cette entité n’est pas intéressée par la paix. C’est pourquoi son représentant n’a même pas répondu
aux affirmations du rapport. Quant au représentant du Koweït, a poursuivi le représentant de l’Iraq, il a comparé la guerre du Golfe à la situation imposée par l’entité sioniste dans les territoires occupés. Ces propos ont vidé de tout son sens la déclaration que le Koweït a faite devant le Comité spécial. Nous regrettons que le Koweït ait ainsi apporté son soutien à Israël, a conclu le représentant de l’Iraq.
L’Observatrice permanente de la Palestine a déclaré que c’est l’occupation des terres palestiniennes et syriennes qui représente un anachronisme et non pas le Comité spécial dont les activités demeurent pertinentes. Le Comité n’aura terminé son travail que lorsque les violations des droits de l’homme du peuple palestinien auront cessé. Elle a informé les délégations du fait que la Suisse, en sa qualité de dépositaire de la Quatrième Convention de Genève, avait l’intention de reconvoquer les Hautes Parties contractantes le 5 décembre prochain afin d’examiner la situation sur le terrain.
Le représentant du Koweït a déclaré que le Koweït n’a pas mentionné la guerre du Golfe. Le Koweït a été victime d’une agression injustifiée et comprend par conséquent la souffrance du peuple palestinien, a-t-il réaffirmé.
Le représentant de la Malaisie a fait observer que si un extraterrestre observait la situation dans les territoires occupés, il parviendrait aux mêmes conclusions que la communauté internationale.
Le représentant d’Israël a déclaré qu’Israël ne pense pas que les Palestiniens soient ses ennemis mais que ses ennemis sont le terrorisme et la violence. Une fois que l’Autorité palestinienne aura mis fin au terrorisme et à la violence comme elle est tenue de le faire selon le calendrier Mitchell, nous pourrons passer à l’application des recommandations de ce calendrier et chercher une solution par le biais de négociations bilatérales, a-t-il déclaré.
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