PART INTEGRANTE DES DROITS DE L'HOMME, LE DROIT AU DEVELOPPEMENT DOIT ETRE REALISE DANS LE SENS D'UN MEILLEUR PARTAGE DES RICHESSES
Communiqué de presse AG/SHC/551 |
Troisième Commission
40e séance – matin
PART INTEGRANTE DES DROITS DE L'HOMME, LE DROIT AU DEVELOPPEMENT DOIT ETRE
REALISE DANS LE SENS D'UN MEILLEUR PARTAGE DES RICHESSES
«La richesse sans partage est une richesse pauvre, une richesse contre nature qui dessert la cause des hommes, même de ceux qui se l'approprient» a déclaré le représentant du Mali devant la Troisième Commission qui poursuivait, ce matin, son débat général sur les questions relatives aux droits de l'homme. Le droit au développement ne doit pas seulement être déclaré et proclamé, mais réalisé dans le sens d'un meilleur partage des richesses et de la terre. Comme l’a observé le représentant de la Thaïlande, les droits de l'homme et le développement sont indissociables. Comment peut-on envisager la jouissance des droits civils et politiques quand les droits économiques, sociaux et culturels les plus élémentaires sont loin d'être réalisés et que les populations sont en proie à la faim et à la maladie?
C'est pourquoi il importe de réduire les disparités entre les nations et à l'intérieur d'entre elles, et de réaliser le droit au développement qui est depuis longtemps reconnu comme une part intégrante des droits de l'homme. Regrettant la détérioration de la situation mondiale sous l'influence de la mondialisation, le représentant de la Chine a émis l'espoir que le Groupe de travail sur le droit au développement parviendra à stimuler la volonté politique nécessaire pour promouvoir le développement et à identifier les obstacles qui s'opposent à sa réalisation. De nombreuses délégations ont souhaité que la communauté internationale prenne des mesures en vue d'aider efficacement les pays en développement vers la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels. Pour sa part, le représentant de Cuba s'est demandé dans quelle mesure étaient crédibles les pays industrialisés qui se préoccupent du respect des droits civils et politiques, mais ne font rien pour éradiquer la pauvreté et garantir le développement.
Affirmant que son Gouvernement était pleinement conscient qu'il ne gagnerait pas la guerre contre le terrorisme sans protéger et promouvoir les droits de l'homme, le représentant des États-Unis a insisté sur la promotion de la démocratie qui est l'environnement le plus propice aux droits de l'homme. Partant, il a mis l'accent sur le principe d'élections libres, protégées de la violence et de l'intimidation. Il a annoncé que les États-Unis présenteraient un projet de résolution sur le renforcement de l'efficacité du principe d'élections périodiques et honnêtes, prévoyant notamment le renforcement des capacités d'assistance électorale à l'intérieur du système des Nations Unies. Si de
(à suivre – 1a)
nombreuses délégations se sont accordées à reconnaître que la primauté de l'état de droit et de la démocratie favorisait le respect des droits de l'homme, elles ont toutefois insisté sur la diversité culturelle et sur l'établissement d'une coopération fondée sur le respect mutuel et la solidarité. En effet, comme l'ont remarqué les délégations, le meilleur régime est celui auquel les citoyens croient et s'identifient.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Cuba, Egypte, États-Unis, Maroc, Chine, Japon, Erythrée, Venezuela, Mali, Thaïlande, Grèce et Indonésie. Les représentants du Kenya et du Pakistan ont exercé leur droit de réponse.
La Commission poursuivra son débat général sur les questions relatives aux droits de l'homme, demain, jeudi 15 novembre`à partir de 10 heures.
Suite du débat général
M. ORLANDO REQUEIJO GUAL (Cuba) a observé que depuis la fin de la guerre froide, l'ordre mondial unipolaire et la mondialisation néolibérale ont accru les inégalités et l'exclusion, portant atteinte aux droits fondamentaux de peuples entiers. Si l'on veut que la mondialisation soit bénéfique à l'humanité tout entière, il importe que l'on établisse un nouvel ordre mondial démocratique et égalitaire, fondé sur la justice et la solidarité, ainsi que sur la participation de tous les pays en développement à la conduite des affaires. Il est impossible de croire à la démagogie des pays industrialisés qui prétendent oeuvrer pour les droits de l'homme et les libertés fondamentales, mais ne font rien pour éradiquer la pauvreté et garantir le développement. Revenant sur les événements du 11 septembre et condamnant énergiquement le terrorisme, le représentant a toutefois estimé que la guerre, imposée à un peuple entier, causant autant de victimes innocentes que les attaques terroristes, est une violation flagrante de droits fondamentaux les plus élémentaires, notamment du droit à la vie. En outre, il a exprimé sa préoccupation face aux limites de plus en plus nombreuses imposées sur l'exercice des droits civils et politiques les plus élémentaires dans de nombreux pays du Nord, sous prétexte qu'elles sont nécessaires pour faire avancer la lutte mondiale contre le terrorisme. Ainsi, il s'est inquiété des détentions préventives prolongées, du non-respect des procédures d'extradition, de la légalisation des assassinats politiques tant à l'intérieur des frontières qu'à l'extérieur.
Par ailleurs, le représentant s'est indigné de la tendance croissante à stigmatiser les pays du Sud dans le débat sur les droits de l'homme. Il a fait remarquer que la plupart des démunis vivant dans les pays du Nord souffrent, pour leur part, de la dictature du capital et des restrictions croissantes à leur liberté d'opinion et d'expression. Il en a cité pour exemple la répression sévère des mouvements de contestation qui dénoncent le modèle néolibéral et des mouvements de libération nationale. En outre, le représentant a mis l'accent sur le fait qu'en dépit de la Conférence mondiale contre le racisme, on observe une montée des discriminations et des crimes racistes. Dans les jours qui ont suivi les attaques terroristes du 11 septembre, les communautés musulmanes, moyen-orientales et asiatiques ont été prises à partie et agressées. Dans les pays du Nord, les agressions verbales et physiques se sont multipliées. Il importe que les Gouvernements prennent des mesures pour éviter l'émergence de nouvelles formes de racisme et ouvrir un espace de dialogue, dans le respect de la diversité. Dans un monde dominé par l'égoïsme et l'opulence de certains, il est regrettable qu'on ne puisse mobiliser les fonds nécessaires à la lutte contre le VIH/sida alors que plus de 800 000 millions de dollars sont consacrés aux dépenses militaires. Il convient de reconnaître que la coopération internationale et le dialogue, fondés sur les principes d'objectivité, d'impartialité et de non-sélectivité est le seul moyen d'avancer vers le respect des droits de l'homme.
MME MAI KHALIL (Egypte) a estimé qu’il était important de poursuivre un dialogue constructif avec tous les Etats dans le domaine des droits de l'homme. Les droits de l'homme, a-t-elle observé, sont universels, globaux et indivisibles. Sur cette base, la communauté internationale doit placer tous les droits sur un même pied d'égalité. Ainsi, le droit au développement doit jouir d'un intérêt identique à celui que l'on accorde aux droits politiques. La représentante a rappelé les dispositions de la Déclaration de la Conférence de Vienne sur l'universalité des droits de l'homme et a souligné qu’il appartient aux gouvernements de les protéger.
La représente a mis en garde contre une politisation des droits de l'homme qu’il ne faut pas utiliser comme des moyens de pression ou pour s'immiscer dans les affaires intérieures. Affirmant que ces droits ne doivent pas être considérés de façon sélective, elle a exprimé son inquiétude quant aux violations des droits des Palestiniens dans les territoires occupés. Il est étrange, a-t-elle précisé, de voir certains Etats ignorer la détérioration de la conjoncture humaine dans les territoires arabes occupés. La représentante a indiqué qu'il fallait prendre en considération la pluralité culturelle, et que la communauté internationale, en matière de législation, considère les apports variés des cultures, sans parti pris.
La représentante a enfin rappelé que le respect du droit international s'appliquait à tout le monde. Elle a indiqué que la délégation égyptienne a déjà répondu à la déclaration faite hier par la Belgique, mais il est surprenant que l’on s’attarde sur la situation des droits de l'homme dans 71 pays, sauf ceux de l'Union européenne. Il s'agit là d'un procédé sélectif éloigné de toute objectivité. En effet, a indiqué la représentante, on pourrait par exemple s'interroger sur le sort des minorités arabes et musulmanes dans certains pays européens. Elle a regretté que l'Union européenne ait abordé de pareilles questions.
M. SICHAN SIV (Etats-Unis) a tout d'abord retracé sa propre expérience depuis son départ du Cambodge où sa mère, sa sœur, son frère et leurs familles ont été tués, son passage par un camp de réfugiés en Thaïlande et son arrivée aux États-Unis. Il a ensuite affirmé que son Gouvernement était pleinement conscient qu'il ne gagnerait pas la guerre contre la terreur sans protéger et promouvoir les droits de l'homme. La promotion de la démocratie et des droits de l'homme est une part importante de la lutte mondiale contre le terrorisme, a-t-il déclaré. Ainsi, l'obligation morale de tous les Gouvernements est de s'attaquer aux violations des droits de l'homme. Plus que jamais, il faut s'unir dans ce but, afin d'assurer l'épanouissement de sociétés soucieuses des droits de l'homme qui cohabitent dans la paix, a-t-il insisté.
Partant, il a mis l'accent sur la démocratie, sur le principe d'élections libres et honnêtes, protégées de la violence et de l'intimidation, sur la liberté d'expression et de la presse, sur la lutte contre l'impunité pour ceux qui portent atteinte aux droits de l'homme, sur la protection de droits fondamentaux et sur la liberté de religion et de conviction des minorités qui ont le droit de vivre à l'abri de la violence, de la discrimination, du harcèlement et de la répression. Il a insisté sur la nécessité d'employer les ressources pour favoriser le développement durable et s'est déclaré favorable à une approche participative. Il a estimé que le système de l'ONU a un rôle important à jouer pour promouvoir la transparence, la bonne gouvernance et le respect de l'obligation reditionnelle. C'est pourquoi il importe de renforcer les institutions multilatérales existantes dont l'objectif est de promouvoir la démocratie et les libertés. Dans cette optique, il convient également d'intensifier les efforts d'assistance électorale afin que tous les pays puissent bénéficier d'élections libres et justes. Le représentant a espéré que le projet de résolution des États-Unis sur l'aide électorale recevra l'appui de toutes les délégations qui contribueront ainsi à renforcer l'action de l'unité électorale des Nations Unies. En dernier lieu, le représentant s'est également déclaré favorable à un renforcement de l'action des entreprises en faveur des droits de l'homme et a insisté sur l'importance de la lutte contre la corruption.
MME AICHA AFIFI (Maroc) a déclaré que la communauté internationale ne saurait traiter la question de la dignité humaine sans évoquer les problèmes liés à la pauvreté, dont les conséquences fâcheuses entravent l'application de la Déclaration universelle des droits de l'homme et constituent l'ennemi majeur de ces droits. La représentante a ajouté que si la communauté internationale veut atteindre les objectifs fixés dans la Déclaration du Millénaire, des efforts supplémentaires s'imposent à tous les niveaux, afin de créer un environnement propice au développement. Les droits politiques et civils, ainsi que les droits économiques, sociaux et culturels sont complémentaires, interdépendants et indivisibles. Face à l'ampleur des problèmes socioéconomiques, les pays en développement ne peuvent à eux seuls surmonter les handicaps de la misère, a précisé la représentante, ajoutant qu'une application du droit au développement exige une stratégie à long terme fondée sur le respect mutuel des nations, et sur l'établissement de structures économiques, commerciales et financières internationales, plus démocratiques, plus justes et plus équitables.
La représentante a par ailleurs expliqué que le Maroc a franchi ces dernières années des étapes importantes sur la voie de la promotion et de l'amélioration de la situation en matière des droits de l'homme. Ceux-ci ont connu, a indiqué la représentante, une évolution remarquable, consacrée par le renforcement de la majorité des institutions nationales et l'harmonisation de l'arsenal juridique. Sur le plan international, le Maroc a ratifié la plupart des instruments internationaux sur les droits de l'homme. La représentante a indiqué par ailleurs que son Gouvernement plaçait parmi ses préoccupations majeures la question des immigrés qui, souvent, sont victimes de la xénophobie, du racisme, et de l'exclusion sous toutes ses formes, préjudices déplorés et reconnus par la Conférence internationale de Durban. Le Maroc a regretté que la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille ne soit pas entrée en vigueur, bien que l'Assemblée générale l'ait adoptée depuis dix ans.
Pour concrétiser ses engagements, le Maroc a entrepris un ensemble de mesures et d'actions parmi lesquelles figurent la consolidation des mécanismes nationaux existants en matière de protection des droits de l'homme, pour leur conférer plus de pouvoir; l'adoption d'une nouvelle loi sur les prisons conforme aux critères internationaux en vigueur; la création d'un observatoire national des prisons pour permettre à la société civile de participer aux programmes d'alphabétisation et de formation élaborés en faveur des prisonniers pour leur réinsertion. La représentante a précisé que son pays avait multiplié ses efforts pour la généralisation de la scolarisation de tous les enfants, y compris des petites filles en milieu rural. Une stratégie nationale d'alphabétisation et d'éducation en faveur des adultes a également été élaborée. Enfin, la représentante a précisé que le Gouvernement marocain a élaboré un programme national ambitieux d'éducation des droits de l'homme pour les jeunes, dans plusieurs établissements scolaires. Cette pratique est passée de l'étape expérimentale à la généralisation dès le mois de septembre 2001.
M. SHEN GUOFANG (Chine) s’est déclaré inquiet de l'impact de la situation au Moyen-Orient sur la paix et la sécurité internationales, et il a émis l'espoir qu'Israël et les Palestiniens parviendront à une solution par la voie de négociations pacifiques. Estimant que les attaques terroristes du 11 septembre dernier représentent une nouvelle forme de menace à la paix et à la sécurité mondiale, il a lié la lutte contre le terrorisme à la protection des droits de l'homme. C'est pourquoi il importe, notamment, de réduire les disparités entre les nations et de réaliser le droit au développement, depuis longtemps reconnu comme une partie intégrante des droits de l'homme. Regrettant la détérioration de la situation mondiale sous l'influence de la mondialisation, il a espéré que le Groupe de travail sur le droit au développement permettra de stimuler la volonté politique nécessaire pour promouvoir le développement et identifier les obstacles qui s'opposent à sa réalisation. Réaffirmant que les droits économiques, sociaux et culturels ainsi que les droits civils et politiques sont étroitement liés, le représentant a émis l'espoir que la communauté internationale prendra des mesures concrètes en vue d'aider efficacement les pays en développement vers la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels. Dans cette optique, il a mis l'accent sur le dialogue et la coopération. Toutefois, a-t-il reconnu, chaque État a le droit de choisir, en fonction de ses particularités nationales, sa propre voie pour promouvoir et protéger les droits de l'homme. Les différences de points de vue doivent être résolues par le dialogue, dans le respect mutuel.
Le représentant a ensuite retracé l'évolution de son pays qui a connu une croissance économique rapide et une stabilité politique qui ont permis d'améliorer considérablement les conditions de vie de la population. Ainsi, la Chine a pu passer de la subsistance alimentaire à un niveau de vie relativement confortable pour tous. Dans le même temps, le pays s'engage dans une réforme profonde de son système judiciaire, mettant au point l'assistance judiciaire pour tous. En outre, la Chine a soumis cette année son rapport sur l'application de la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et a ratifié, le 28 février 2001, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, entré en vigueur le 27 juin dernier.
M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a estimé qu'une approche généralisée, ignorant les caractéristiques spécifiques des pays, ne peut améliorer la situation des droits de l'homme dans un lieu donné. L'approche pratique est indispensable. Plutôt que de déplorer le chemin qu'il reste encore à parcourir, il faut saluer les réalisations entreprises, et encourager les pays à poursuivre et accélérer les améliorations en cours. Dans ce contexte, le représentant a abordé la situation des droits de l'homme au Cambodge, au Myanmar et en Afghanistan.
Le représentant a trouvé encourageants les changements en cours au Cambodge. La décision de tenir des élections municipales en février 2002 est un pas important pour la promotion de la démocratie. Au sujet du Tribunal chargé de juger les Khmers rouges, le représentant s'est félicité de la promulgation, en août dernier, d'une loi sur la mise en place de chambres extraordinaires. Il a espéré que le Gouvernement cambodgien et l'ONU parviendront sans délai à un accord afin que ces chambres extraordinaires puissent être établies et commencer à fonctionner rapidement. Le représentant a appelé la communauté internationale à fournir une assistance financière et en personnel. Il a indiqué que son Gouvernement continuera à soutenir le Cambodge dans ses efforts en matière de droits de l'homme.
Le représentant s'est félicité également de l'évolution positive au Myanmar, citant notamment la libération de plus de 180 prisonniers politiques depuis le mois d'octobre 2000. Il a salué le travail du Représentant spécial du Secrétaire général, qui a su faciliter le dialogue entre le Gouvernement et Daw San Suu Kyi. Le climat actuel, a ajouté le représentant, conduira certainement à d’autres résultats positifs dans le processus en cours de réconciliation nationale et de démocratisation. Il a espéré que le Gouvernement du Myanmar continuera à libérer des prisonniers politiques et qu'il restaurera rapidement la liberté d’action des partis politiques légitimes. Le représentant a appelé la communauté internationale à fournir une assistance humanitaire, en particulier dans le domaine du VIH/sida.
La situation en Afghanistan, et les violations des droits de l'homme, notamment dans les zones contrôlées par les Taliban, ont toujours vivement préoccupé le Japon. Le représentant a indiqué qu'il était important que toutes les parties concernées adhèrent aux principes et obligations des lois et normes relatives aux droits de l'homme et au droit international humanitaire. Le Japon a prié toutes les parties sur place à protéger et promouvoir les droits de l'homme dans les zones sous leur contrôle.
M. AMARE TEKLE (Erythrée) a insisté sur le fait que la communauté internationale doit unir ses efforts pour assurer que la mondialisation et le terrorisme ne viennent pas faire reculer les progrès accomplis en matière de droits de l'homme. La mondialisation n'accroît pas seulement la marginalisation de certains pays, elle les empêche d'exercer leur droit au développement. C'est pourquoi il importe de définir un nouvel ordre mondial où sont représentés les intérêts de tous.
Le représentant a ensuite regretté que l'Éthiopie ne respecte pas les obligations qui lui incombent dans le cadre des droits de l'homme et du droit international humanitaire. Il a fait référence aux violences commises dans les territoires occupés, y compris dans la zone de sécurité temporaire. Il a fait part de pillages, de déplacements de population, de châtiments collectifs comme la privation d'eau et d'aide humanitaire. Le représentant s'est ensuite penché sur les violations des droits de l'homme à l'intérieur de l'Éthiopie, en violation de l'Accord général de paix. Il a mentionné des déportations d'Érythréens et d'Éthiopiens d'origine érythréenne, des confiscations de biens mobiliers et immobiliers, et la stigmatisation des Érythréens ce qui les expose à la discrimination aussi bien au niveau de l'attribution des logements qu’à celui de l'accès aux soins de santé et à l'éducation. Il s'est indigné du silence de la communauté internationale face aux violations commises par le régime d'Addis-Abeba.
MME MARIA CRISTINA PEREZ DE PLANCHART (Venezuela) a rappelé que les droits de l'homme sont garantis dans les principes fondamentaux de l'Etat et que leur promotion, leur protection et leur défense constituent des objectifs majeurs pour le Gouvernement vénézuélien. Une priorité absolue leur est accordée en matière de politique intérieure et internationale. Le libre exercice des droits et des libertés, la jouissance du droit à la vie et à la justice sociale sont des composantes intrinsèques d'un Etat en accord avec les aspirations de la société, a poursuivi la représentante.
La représentante a ensuite estimé que les Etats Membres de l'ONU ont pour obligation éthique de mener une lutte contre le terrorisme, contre les auteurs des actes terroristes et ceux qui les soutiennent. Mentionnant les événements du 11 septembre dernier, la représentante a indiqué qu'il s'agissait d'un macroterrorisme, et que la réponse à ces actes devait être de nature multilatérale, en accord avec les normes et principes internationaux en vigueur. Ce n'était pas une attaque exclusive contre le peuple des Etats-Unis et les institutions fondamentales du pays, a poursuivi la représentante. C'était une attaque portée contre tous les peuples épris de paix. Le Venezuela a condamné ces attaques et s’est déclaré solidaire. Il a indiqué en outre qu'il fallait porter son attention sur les causes entourant les actes terroristes, dont les inégalités sociales, la pauvreté et la marginalisation. Il est nécessaire de se pencher sur ces causes pour éviter que ne se reproduise ce genre de violences. Elle a indiqué que son Gouvernement avait lancé des initiatives au niveau interaméricain, pour se doter d'un instrument permettant de faire face aux causes indiquées ci-dessus et de disposer de directives d'action. Cet instrument s'appelle la "Charte sociale". La représentante a ensuite mentionné les engagements de son pays envers les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, puis indiqué que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le VIH/sida de juin dernier avait constitué un événement historique. La déclaration émanant de cette session reconnaît en effet que la pleine jouissance des droits de l'homme est un élément indispensable dans la lutte mondiale contre la pandémie. La représentante a indiqué que le Venezuela avait, à ce sujet, fondé lui aussi sa démarche sur la promotion des droits de l'homme. L'Etat privilégie en effet les mesures de prévention, d'éducation, ou de diffusion en garantissant parallèlement un accueil gratuit aux personnes vivant avec le VIH/sida.
M. NOUHOUM SANGARÉ (Mali) a tout d'abord mis l'accent sur la nécessité de faire respecter l'état de droit et la mise en place de régimes auxquels les citoyens croient et s'identifient. Dans ce contexte, il importe de doter les États de moyens adéquats par le renforcement des capacités propres à les confirmer dans un véritable rôle de gardien. Au-delà des problèmes qui affectent les pays en développement où la problématique des droits de l'homme reste liée à l'histoire des États sur le continent qui ont besoin d'un temps d'adaptation, le représentant a observé que les pays développés connaissent aussi leur forme de violations. Il a insisté sur le fait que l'exercice effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales passera par la promotion du pluralisme culturel et du dialogue interculturel qui conduisent au respect des droits des groupes défavorisés et des couches discriminées dans leurs modes de vie et leurs croyances. En outre, le droit au développement ne doit pas seulement être déclaré et proclamé mais réalisé dans le sens d'un meilleur partage des richesses et de la terre. Il a remarqué que la richesse sans partage est une richesse pauvre, une richesse contre nature qui dessert la cause des hommes, même de ceux qui se l'approprient.
Par ailleurs, le respect des droits de l'homme passe aussi par l'élimination de l'impunité et de l'adaptation des législations nationales aux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme. Dans ce contexte, au niveau régional, le représentant a souligné l'importance des mécanismes de contrôle de second degré et de l'examen des requêtes individuelles dans les meilleurs délais. Il a regretté que la commission et la Cour africaines des droits de l'homme et des peuples brillent par leur inadaptation de plus en plus croissante et a estimé qu'elles auraient besoin de l'assistance des systèmes de contrôle précédent en terme d'appui substantiel et logistique. En outre, a-t-il poursuivi, il appartiendra aussi aux politiques africains d'être réceptifs aux réalités objectives et aux juristes africains d'impulser le changement. Il a également mis l'accent sur l'action en faveur de l'éducation dans le domaine des droits de l'homme. Abordant la question de la responsabilité de l'ONU, il a observé que la coopération internationale doit permettre d'éviter l'utilisation unilatérale des droits de l'homme à des fins de pression, de menace et d'intimidation dans les relations entre les États. Il faut bien sûr sanctionner les violations graves, mais il faut aussi veiller à circonscrire les règlements de compte et à éviter les ingérences décidées unilatéralement et appliquées en dehors de l'ONU. Il a insisté sur le fait que la coopération internationale doit répondre à des critères de non-sélectivité, d'impartialité et d'objectivité. Dans cette tâche complexe, les institutions du système de l'ONU doivent avoir pour mandat, non seulement le développement du droit, mais aussi et surtout des mécanismes de sa mise en oeuvre en créant des synergies entre les contributions sectorielles. Le représentant a ensuite présenté l'évolution de la situation dans son pays qui s'est engagé dans une détermination soutenue en faveur de la primauté du droit depuis les événements de 1991 qui ont marqué le passage au multipartisme représentatif.
M. APIRATH VIENRAVI (Thaïlande) a estimé qu'il n'était pas réaliste d'imaginer que ceux qui souffrent de la faim, de la pauvreté et du manque de développement puissent jouir pleinement de leurs droits. Inversement, il ne peut y avoir de développement durable quand les individus sont soumis à la torture, à l'oppression et à la discrimination et qu'on leur retire leurs libertés et droits fondamentaux, dont le droit alimentaire, à l'éducation ou à la santé. Les droits de l'homme et le développement sont les deux côtés d'une même pièce et doivent être abordés et traités en même temps. Le représentant a ajouté qu'il fallait placer les individus au cœur des efforts déployés en matière de développement économique et social. Ainsi, il est indispensable de les protéger des fléaux du terrorisme, des conflits armés, des maladies ou des drogues. Il est pareillement indispensable d'accorder son attention aux besoins des personnes en difficulté, dont les femmes, les enfants, les personnes âgées, les handicapés et les victimes du VIH/sida.
Les droits de l'homme, a poursuivi le représentant, ne peuvent se réaliser pleinement lorsqu'une personne est l'objet d'une discrimination liée à sa race, sa couleur, son sexe, sa religion, sa langue ou ses opinions politiques. Dans ce contexte, la lutte contre le racisme et la discrimination raciale deviennent essentielles et sont parties intégrantes de la promotion et de la protection des droits de l'homme. A cet égard, la Thaïlande a mis l'accent sur l'importance de la Déclaration et du Programme d'action adoptés à l'issue de la Conférence de Durban. Le représentant a par ailleurs indiqué que la Thaïlande est déterminée à assurer la promotion des droits de l'homme parce que c'est une valeur dans laquelle le pays croit. Les droits de l'homme, la démocratie et la lutte contre le racisme sont d'ailleurs partie intégrante de la constitution. Le représentant a indiqué qu'une commission nationale pour les droits de l'homme avait été mise en place en juillet dernier. Le Gouvernement Thaï a par ailleurs récemment approuvé un Plan d'action national pour la promotion et la protection des droits de l'homme.
M. EVANGELOS DENAXAS (Grèce) a fait savoir qu'il appuyait totalement la déclaration faite hier matin par le représentant de la Belgique au nom de l'Union européenne. Il s'est ensuite penché sur la situation de Chypre dont 37 % du territoire est occupé par la Turquie depuis 1974, au mépris des résolutions des Nations Unies. Il a rappelé que quelque 200 000 Chypriotes grecs ont été déplacés lors de l'invasion par la Turquie et n'ont toujours pas pu retourner chez eux. Revenant sur la décision de la Cour européenne des droits de l'homme, en date du 10 mai 2001, il a observé que la Turquie avait été jugée coupable de 14 violations des droits de l'homme, notamment de violation du droit de propriété des Chypriotes grecs, de leur droit à la vie, de leur liberté individuelle, ainsi que de violations du droit des familles des personnes disparues.
Prenant l'exemple de quelque 20 000 Chypriotes grecs et maronites qui ont choisi de rester chez eux après l'invasion de 1974, il a expliqué que la Turquie appliquait à leur égard une politique de discrimination inhumaine en dépit des obligations de la troisième Convention de Vienne. Au contraire, a-t-il poursuivi, l'administration turque, par un règlement en date du 30 juin 2000, a imposé de nouvelles restrictions. Il s'est inquiété du fait que l'héritage culturel de l'île est systématiquement détruit dans les parties occupées et les églises grecques orthodoxes continuent d'être transformées en mosquées. Il a également attiré l'attention sur la situation des personnes disparues et sur le déséquilibre démographique alors que 110 000 colons turcs ont été implantés illégalement dans l'île. Dans ce contexte, il a regretté que le processus de paix initié en 1999 sous l'égide des Nations Unies soit dans une impasse en raison de la Turquie qui soutient l'intransigeance de M. Denktash qui s'est retiré des négociations. Il a également regretté que l'encouragement du Secrétaire général, M. Kofi Annan, le 12 septembre dernier, à reprendre le dialogue ait été refusé par les Chypriotes turcs. Il a réaffirmé le soutien de la Grèce aux négociations de paix, tout en insistant sur le fait que tout changement dans la base des négociations pour satisfaire l'intransigeance de M. Denktash serait inacceptable.
M. MARTY NATALEWAGA (Indonésie) a précisé que son pays avait réalisé des progrès considérables dans le domaine du renforcement de ses institutions et de la législation relative à la protection et à la promotion des droits de tous les Indonésiens. Ce travail s'est effectué avec l'ONU, des ONG et la société civile. L'Indonésie, a rappelé le représentant, se retrouve au milieu d'un nouvel environnement politique de liberté et de démocratie. Le pays se bat pour atteindre un équilibre entre croissance économique, démocratie et respect des droits de l'homme, et les lois nationales et les régulations en cours sont actuellement révisées pour les rendre compatibles avec les nouvelles réalités nationales. Mentionnant d'autres mesures prises au niveau national, le représentant a notamment indiqué que les enquêtes et les procédures juridiques en cours relatives aux cas graves de violations des droits de l'homme seront poursuivies et présentées devant les tribunaux. Le Gouvernement a révisé son décret présidentiel sur la mise en place d'un tribunal ad hoc sur les droits de l'homme, et a étendu la juridiction du tribunal ad hoc sur le Timor oriental.
Le représentant a rappelé que son Gouvernement était déterminé à traduire en justice les auteurs de graves violations des droits de l'homme et de ne pas accorder d'impunité. Le tribunal ad hoc, a-t-il précisé, doit d'ailleurs commencer son travail le mois prochain. Le représentant a mis l'accent sur un projet de coopération technique visant, en collaboration avec le Haut Commissariat aux droits de l'homme, à renforcer les capacités de l'administration judiciaire. Mais il a regretté que le Haut Commissaire n'accepte de lancer ce projet qu'après la réalisation, par le Gouvernement indonésien, de certaines conditions. Le représentant a jugé ces conditions inacceptables. Il a indiqué que le Gouvernement s'était donc concentré sur le tribunal ad hoc, et qu'il était déterminé à le faire fonctionner.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant du Kenya s'est déclaré choqué par l'appréciation négative de la situation de son pays faite par la Belgique dans sa déclaration prononcée hier matin. Il a fait savoir que les chefs d'État africains s'efforçaient, dans la mesure de leurs moyens, de résoudre les situations qui sont exploitées par les groupes terroristes. Il a rappelé que son pays avait accueilli de nombreux réfugiés ainsi que de nombreuses institutions des Nations Unies, notamment le PNUE, HABITAT. Il a insisté sur le fait que son pays était un pays libre et a réfuté les allégations de la Belgique selon lesquelles la liberté d'expression, d'association et d'opinion ne serait pas respectée. Dans la perspective des prochaines élections, il a fait savoir que les Kényens avaient déjà fait preuve de maturité politique et que depuis 1991 de nombreux partis politiques prennent part aux élections qui se déroulent librement.
Le représentant du Pakistan, répondant à la déclaration faite hier par la Belgique au nom de l'Union européenne, a déploré cette approche sélective qui stigmatise certains pays et qui reflète la persistance d’une politique de "deux poids et deux mesures". Il a rappelé que dans certaines démocraties les populations autochtones vivaient dans des conditions effroyables. Prêcher la bonne parole alors qu'on ne la respecte pas soi-même est un péché, a-t-il dit. Le représentant a, d’autre part, expliqué qu'il n'y a pas de restriction à l'activité politique au Pakistan comme l'ont démontré les dernières élections. En outre, les récentes manifestations ont prouvé que la population pouvait s'exprimer librement. Reconnaissant que la violence ethnique demande une politique de dialogue, il a indiqué que son Gouvernement avait pris des mesures pour que ce dialogue s'installe. Quant à la situation des femmes, il a mentionné certaines mesures de discrimination positive en vue de leur assurer un tiers des sièges mis aux voix. En outre, le Pakistan condamne fermement toute forme de violence à l'encontre des femmes ainsi que leur exploitation sexuelle.
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