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AG/SHC/519

L'AFGHANISTAN EST AU CENTRE DES PREOCCUPATIONS EN MATIERE DE CONTROLE DES DROGUES ET DE PREVENTION DU CRIME, DECLARE LE DIRECTEUR ADJOINT DU BUREAU POUR LE CONTROLE DES DROGUES

12/10/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/519


Troisième Commission

8e séance – matin


L'AFGHANISTAN EST AU CENTRE DES PREOCCUPATIONS EN MATIERE DE CONTROLE DES DROGUES ET DE PREVENTION DU CRIME, DECLARE LE DIRECTEUR ADJOINT DU BUREAU POUR LE CONTROLE DES DROGUES


«L'Afghanistan est au centre des préoccupations, à la fois dans le domaine du contrôle des drogues et, plus indirectement, dans celui de la prévention du crime».  C’est ce qu’a déclaré, ce matin, M. Frances Maertens, Directeur adjoint du Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime qui ouvrait les travaux de la Troisième Commission sur le crime, la prévention pénale et le contrôle international des drogues.  En effet, l'Afghanistan, avec le Myanmar et la République démocratique populaire lao, compte parmi les pays où les cultures illicites sont les plus répandues.  Depuis plusieurs années, le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues s'efforce d'établir un cordon sanitaire en collaboration avec les pays voisins de l'Afghanistan, notamment le Tadjikistan et le Kirghizistan, pour empêcher l'exportation d'héroïne en provenance de ce pays.  L'Iran et le Pakistan ont à ce propos exprimé de graves préoccupations et demandé le soutien de la communauté internationale aux pays frontaliers de l'Afghanistan dont la population de toxicomanes s'accroît dangereusement. 


M. Maertens a fait savoir qu'en juillet 2000 avant les semences d'octobre, les Taliban avaient prononcé l'interdiction complète de la culture du pavot à opium.  Ainsi, la production cette année se situerait aux alentours de 185 tonnes, soit une baisse de 94% par rapport aux 3 300 tonnes de l'année dernière.  Le résultat de ces actions avait fait monter le prix du kilo d'héroïne à 700 dollars.  Malheureusement, depuis les attaques terroristes du 11 septembre, les prix de l'héroïne sont retombés autour de 80 dollars le kilo et le Bureau a reçu des informations selon lesquelles les Taliban auraient de nouveau autorisé la culture du pavot à opium a-t-il poursuivi.  Depuis, le Bureau a dû évacuer son personnel responsable de projets pilotes de développement alternatif en Afghanistan. 


Abordant à son tour les attaques qui ont frappé les Etats-Unis, le 11 septembre dernier, M. Eduardo Vetere, Directeur du Centre des Nations Unies pour la prévention de la criminalité internationale, a fait savoir que la Commission pour la prévention du crime était parvenue à un consensus sur un plan d'action contre le terrorisme qui sera soumis cette année à l'Assemblée générale.  À l'heure où la lutte contre le terrorisme figure au rang des priorités des Nations Unies, M. Vetere a regretté que l'unité du système de l'ONU la plus qualifiée pour agir dans ce domaine manque cruellement de personnel et de ressources.


(à suivre – 1a)

Au cours du débat général qui a suivi le dialogue avec MM. Maertens et Vetere, les délégations ont exprimé de graves préoccupations face à la recrudescence du trafic de drogues et notamment des drogues synthétiques qui sont commercialisées sur l'Internet.  L'Union européenne, le Japon et le Groupe de Rio ont souligné l'importance des politiques de réduction de la demande.  En effet, si les résultats obtenus en matière de réduction de l'offre dépassent toutes les attentes, l'objectif qui consiste à réduire sensiblement la demande de drogues illicites d'ici à 2008 est loin d'être atteint.  De nombreuses délégations ont ainsi appelé les États à respecter les engagements qu'ils ont pris dans ce domaine lors de la vingtième session extraordinaire de l'Assemblée consacrée à la lutte mondiale contre le problème mondial de la drogue qui s'est tenue du 8 au 10 juin 1998.  Liant le trafic de drogues, la criminalité transnationale et le terrorisme, les délégations ont insisté sur l'importance d'une plus grande coopération internationale, fondée sur les principes de transparence et de respect mutuel. 


Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration: Belgique, au nom de l'Union européenne, Zambie au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe, Chili au nom du Groupe de Rio, États-Unis, Japon, Cuba, Liechtenstein et Egypte.


La Commission poursuivra l'examen de ces points de son ordre du jour, cet après-midi, à 15 heures.


Information de base


La prévention du crime et la justice pénale, de même que le trafic de drogues s’inscrivent au nombre des grandes questions débattues par la commission économique et sociale.


Au fil des ans, l’Assemblée générale a de plus en plus reconnu la nécessité de progresser dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale, afin de contribuer au maintien de la sécurité et de la primauté du droit.  Les nouvelles formes de criminalité organisée suivent les derniers progrès de la technologie et constituent aujourd’hui de graves menaces pour la démocratie et la paix.  Le blanchiment de l’argent, le trafic d’êtres humains, de drogues et d’armes illicites ont pris de l’ampleur au sein de la nouvelle société mondiale.  On estime que cette économie de l’ombre génère 1500 milliards de dollars par an.


En 1997, la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale a commencé l’élaboration d’une convention pour combattre la criminalité transnationale et s’attaquer à des problèmes tels que les pots-de-vin et la corruption, le passage clandestin des migrants illégaux et le trafic illicite d’enfants.  Pour combattre ces problèmes qui font fi des frontières nationales, l’ONU a décidé d’orchestrer les efforts en organisant à Palerme (Italie), en décembre dernier, une conférence de signature de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses protocoles additionnels.  Cette Convention renforce le programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, initié en 1991.


On sait aussi que le rôle des Nations Unies dans le contrôle international des drogues est considérable.  Lors de sa vingtième session extraordinaire consacrée à la lutte commune contre le problème mondial de la drogue, l’Assemblée générale a adopté une Déclaration sur les principes fondamentaux de la réduction de la demande de drogues, qui a évolué par la suite en Plan d’action pour la mise en œuvre de la déclaration.  L’Assemblée a aussi adopté des mesures et des plans d’action visant notamment à renforcer la coopération judiciaire internationale, et réduire la disponibilité des produits de base qui peuvent être utilisés dans la fabrication de drogues illicites.  Dans sa déclaration politique, l’Assemblée a demandé à tous les Etats de rendre compte tous les deux ans à la Commission des stupéfiants des mesures prises pour atteindre les buts et objectifs fixés pour 2003 et pour 2008.  Les plans d’action et mesures adoptés par l’Assemblée à sa vingtième session extraordinaire jouent un rôle de catalyseur des mesures prises pour mettre en œuvre les traités internationaux relatifs au contrôle des drogues.  Ils sont devenus la référence universelle pour les gouvernements.


Documentation


Le Rapport du Secrétaire général sur la prévention du crime et la justice pénale (A/56/155) décrit l’état des travaux relatifs à la Convention contre la criminalité transnationale organisée et à ses trois protocoles additionnels, à savoir le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir le trafic de personnes, en particulier des femmes et des enfants; le Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer; et le Protocole contre la fabrication et le trafic illicites d’armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions, adopté par l’Assemblée générale le 31 mai 2001 et ouvert à la signature le 2 juillet 2001.


Le Centre pour la prévention de la criminalité internationale du Bureau pour le contrôle des drogues et la prévention du crime a continué d’apporter son assistance à la communauté internationale et aux Etats Membres à titre individuel.  Pour mieux faire face aux nouveaux problèmes mondiaux qui se posent, le Centre a poursuivi le renforcement de son processus de repositionnement.  L’appui à l’élaboration et à la ratification d’instruments juridiques internationaux et la mise en oeuvre de programmes mondiaux de lutte contre la corruption, le trafic de personnes et la criminalité transnationale organisée constituent actuellement les deux principaux piliers de l’action du Centre.  Le rapport contient aussi des informations sur les contributions volontaires faites au Fonds des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.


Pour consolider les progrès de ces dernières années et en tirer parti, il faudra, indique le rapport, satisfaire à trois exigences fondamentales: les organismes intergouvernementaux devront privilégier le recentrage des activités du Programme sur un nombre limité de domaines d’action prioritaires réalistes. Il faudra continuer de s’efforcer de dégager des ressources pour mener à bien les missions du Programme, notamment en limitant l’attribution de missions nouvelles. Enfin, les contributions volontaires destinées au financement des services de coopération technique devront être sensiblement relevées.


Le Rapport du bureau des services de contrôle interne sur l’inspection de la gestion du programme et des pratiques administratives du Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime (A/56/83) fait suite à l’examen décidé en janvier 2001.  C’est le premier examen du genre depuis la mise en place de la structure de gestion commune entre le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) et le Centre des Nations Unies pour la prévention de la criminalité internationale (CPCI), sous l’égide du Bureau.


Le rapport signale que le Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime (BCDPC) a établi, dans plusieurs domaines, des pratiques optimales et des règles et normes applicables à l’échelle mondiale.  Mais dès le début de son inspection, le BSCI a toutefois souligné l’apparition d’un problème majeur: la manière très centralisée et arbitraire dont le Directeur exécutif conduisait le Bureau, toute l’autorité et tout le pouvoir de décision étant entre ses mains et celles de ses proches collaborateurs, sans qu’il y ait de contre-pouvoirs suffisants.  En étudiant la gestion du programme, le BSCI a identifié un certain nombre de problèmes aux stades de la planification, de l’organisation et de l’exécution.  Il a aussi noté qu’au niveau des projets, l’examen et la vérification des résultats obtenus étaient menés de manière inégale.  Le rapport s’attarde par ailleurs sur les résultats du regroupement entre PNUCID et CPCI, notant que le Centre est devenu un satellite du PNUCID au lieu de mener en parallèle des activités coordonnées.  Sont mentionnées aussi dans le rapport un esprit d’équipe déficient et une rupture de communication entre le personnel et l’Administration.  En outre, la gestion des ressources du BCDPC n’inspire guère confiance à l’extérieur.  Le rapport conclut sur une série de recommandations, en signalant toutefois que les mesures de redressement prises actuellement par le BCDPC vont dans le sens de ces recommandations.

Sont énumérés dans le Rapport de la Conférence de signature, par des personnalités politiques de haut rang, de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et des Protocoles qui s’y rapportent, qui s’est tenue à Palerme (Italie) du 12 au 15 décembre 2000(A/56/380) les signataires de la Convention et des protocoles s’y rapportant, à savoir le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, et le Protocole contre le trafic des migrants par terre, mer et air. 


Dans ce Rapport, le Groupe intergouvernemental d’experts à composition non limitée chargé d’élaborer un projet de mandat pour la négociation d’un nouvel instrument juridique international contre la corruption (A/56/402 – E/2001/105) porte à l’attention de l’Assemblée générale par l’intermédiaire de l’ECOSOC et de la Commission pour la prévention du crime et de la justice pénale, un projet de résolution par lequel l’Assemblée déciderait que le comité spécial créé en vertu de sa résolution 55/61 sera chargé de négocier une convention de portée générale et efficace qui sera dénommée “Convention des Nations Unies contre la corruption”, sous réserve de la détermination finale de son titre.  Elle prierait le comité spécial d’adopter une approche globale et multidisciplinaire et d’examiner notamment les éléments indicatifs suivants: définitions; champ d’application; protection de la souveraineté; mesures préventives; incriminations; sanctions et recours; confiscation et saisie; compétence; responsabilité des personnes morales; protection des témoins et des victimes; promotion et renforcement de la coopération internationale; mesures visant à prévenir et à combattre le transfert de fonds d’origine illicite provenant d’actes de corruption, y compris le blanchiment de fonds, et la restitution de ces fonds. 


L’Assemblée générale déciderait également que le comité spécial sera convoqué à Vienne en 2002 et 2003, selon que de besoin, et tiendra au moins trois sessions de deux semaines chacune par an, sans qu’il y ait dépassement des crédits ouverts au budget-programme de l’exercice biennal 2002-2003, et prierait le comité d’achever ses travaux d’ici à la fin de 2003.  Elle accepterait avec gratitude l’offre faite par le Gouvernement argentin d’accueillir une réunion préparatoire informelle du comité.  


Le Rapport du secrétaire général sur la suite donnée aux décisions de la vingtième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à la lutte commune contre le problème mondial de la drogue(A/56/157) détaille les progrès réalisés dans la mise en oeuvre des plans d’action et des mesures adoptées par l’Assemblée générale à sa vingtième session extraordinaire, consacrée à la lutte commune contre le problème mondial de la drogue.  Cent neuf gouvernements de pays et régions ont fourni des informations en réponse à un questionnaire biennal adopté par la Commission des stupéfiants.


La plupart des gouvernements qui ont répondu au questionnaire (83%) avaient adopté une stratégie ou un plan national de lutte contre la drogue.  Des tendances positives dans certains domaines, négatives dans d’autres, ont été relevées.  Même si des progrès notables ont été accomplis, il reste cependant d’importants défis à relever pour atteindre les objectifs et les buts fixés pour 2003 et 2008.


L’objectif qui consiste à réduire sensiblement la demande de drogues illicites d’ici à 2008 est encore loin d’être atteint. La consommation d’héroïne, par exemple, s’est stabilisée en Europe, et a même reculé dans certains pays, mais elle continue d’augmenter dans de nombreuses régions d’Asie.

Le rapport fait en outre le bilan sur les résultats du Plan d’action sur la coopération internationale pour l’élimination des cultures de plantes servant à fabriquer des drogues illicites, et les activités de substitution.  Des progrès décisifs ont été enregistrés dans ce domaine. La production totale de coca en Bolivie, en Colombie et au Pérou est de 20% inférieure à ce qu’elle était, il y a 10 ans, bien qu’elle soit en augmentation en Colombie. 


Le rapport fait par ailleurs le point sur les mesures visant à promouvoir la coopération judiciaire, et examine les efforts déployés pour réduire la fabrication illicite, le trafic et l’abus des stimulants de type amphétamine, et de leurs précurseurs.  Le rapport évoque les mesures prises par les gouvernements pour contrôler ces précurseurs, et pour lutter contre le blanchiment d’argent.  Il conclut sur le rôle joué, notamment, par les organes  compétents de l’ONU, les institutions spécialisées et les institutions financières internationales.


La Commission est également saisie du Rapport du Secrétaire général sur l’Institut régional africain des Nations Unies pour la prévention du crime et traitement des délinquants (non paru).


Projets de résolution


La Commission est également saisie d’un projet de résolution relatif au rôle, fonctions, périodicité et durée des congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (A/C.3/56/L.4), recommandé par l’ECOSOC, par lequel l’Assemblée générale déciderait qu’à partir de 2005, les congrès seront, en application des paragraphes 29 et 30 de la déclaration des principes et du programme d’action du programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, organisés conformément aux principes directeurs suivants, notamment que chaque congrès portera sur des thèmes précis, y compris, le cas échéant, un thème principal, qui seront tous déterminés par la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale; chaque congrès adoptera une déclaration unique qui contiendra les recommandations résultant des délibérations des participants au débat de haut niveau, aux tables rondes et aux ateliers, et sera soumise à la Commission pour examen; chaque congrès sera précédé par des réunions régionales préparatoires, si nécessaire, et il conviendra d’alléger les coûts de ces réunions en tenant celles-ci en association avec d’autres réunions régionales, en réduisant leur durée et en limitant les documents de travail à établir.  L’Assemblée générale demanderait à la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale de continuer à servir d’organe préparatoire des congrès et de suivre les principes directeurs énoncés au paragraphe 2 ci-dessus lorsqu’elle organise les futurs congrès.  Elle prierait également le Secrétaire général d’allouer au Centre pour la prévention internationale du crime de l’Office pour le contrôle des drogues et la prévention du crime du Secrétariat les ressources nécessaires aux préparatifs du onzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, dans les limites des crédits ouverts au budget-programme pour l’exercice biennal 2001-2003, et de veiller à ce que des ressources suffisantes soient prévues dans le budget-programme pour l’exercice 2004-2005 pour appuyer la tenue du onzième Congrès.

La Commission est saisie par ailleurs d’un projet de résolution relatif à la lutte contre la criminalité transnationale organisée: aider les Etats à renforcer leurs capacités en vue de faciliter l’application de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et des protocoles s’y rapportant qui ont été adoptés (A/C.3/56/L.5), recommandé par l’ECOSOC, par lequel l’Assemblée générale se féliciterait de la signature de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et des protocoles s’y rapportant.  L’Assemblée générale accueillerait avec gratitude les offres qu’ont faites un certain nombre de gouvernements d’accueillir des conférences régionales au niveau ministériel et les contributions financières d’un certain nombre d’Etats en vue de la tenue de séminaires préalables à la ratification pour faciliter l’entrée en vigueur de la Convention et des protocoles s’y rapportant qui ont été adoptés ainsi que leur application future.  Elle inviterait les Etats Membres à verser des contributions volontaires suffisantes au Fonds des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale afin de prêter aux pays en développement et aux pays dont l’économie est en transition l’assistance technique dont ils pourraient avoir besoin pour appliquer la Convention et les protocoles s’y rapportant, et pour prendre les mesures préparatoires nécessaires à cette fin, compte tenu de l’article 30 de la Convention.


Déclarations liminaires


M. FRANCES MAERTENS, Directeur adjoint du Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime (BCDPC), a indiqué que l'Afghanistan est au centre des préoccupations, à la fois dans le domaine du contrôle des drogues et, plus indirectement, dans celui de la prévention du crime.  En juillet dernier, les Taliban ont annoncé l'interdiction de la culture du pavot à opium.  Les résultats de l'étude annuelle dont nous disposons montrent que la production de cette année se situe autour de 185 tonnes, contre 3300 tonnes l'an dernier, soit une baisse de plus de 94%.  Si l'on compare les résultats de cette année à la récolte record de 4700 tonnes d'il y a deux ans, cela représente une baisse de plus de 97%.


Toute baisse de production de drogues illicites est la bienvenue, mais les importantes augmentations de la production au cours des deux saisons précédant l'interdiction signifie qu'il existe de grands stocks disponibles.  C'est pour cela que la baisse enregistrée jusqu’ici n'a encore eu aucun impact sur l'offre d'héroïne dans la région ou en Europe.  L'héroïne utilisée en Europe est essentiellement issue de la production afghane.  Ensuite, l'absence de culture du pavot à opium combinée à une période de sérieuse sécheresse a crée une situation d'urgence chez les agriculteurs tributaires financièrement de la culture du pavot.  Nous avons donc, a indiqué M. Maertens, poursuivi une stratégie fondée sur trois volets: d'abord, nous assurer que les Taliban respectent l'interdiction de la culture du pavot.  Enfin, promouvoir un programme d'aide humanitaire d'urgence pour ces cultivateurs. Ensuite, pousser à la destruction des réserves et des laboratoires clandestins d'héroïne connus dans le pays.


Les événements tragiques du 11 septembre dernier ont créé un scénario différent, et l'aide aux cultivateurs a été suspendue, ce qui rend difficile le respect de cette interdiction.  La stratégie dans la région est basée sur le besoin de créer une barrière contre le flot de drogues sortant d'Afghanistan. Cette stratégie est soutenue par les pays limitrophes qui reconnaissent la menace posée par ce trafic. Le PNUCID, par exemple, a aidé le Tadjikistan à créer une agence nationale de contrôle des drogues.  La saisie totale d'héroïne cette année est à ce jour de trois tonnes, contre un peu plus d'une tonne à la même époque l'an dernier. Un certain nombre d'initiatives régionales sont en cours. Les pays d'Asie centrale coopèrent dans le domaine du contrôle des drogues et le PNUCID travaille avec eux.  La Fédération de Russie, l'Azerbaïdjan et le réseau de développement Aga Khan se sont joints au groupe. 


M. Maertens a souligné la nécessité de fournir une assistance en matière de contrôle des drogues aux Etats d'Asie centrale, au Pakistan et à l'Iran.  Leur tâche est lourde, car ces pays constituent la première barrière contre le flot de drogues en provenance d'Afghanistan. Etant donné la difficulté à travailler en Afghanistan aujourd'hui, il est important pour la communauté internationale  d'augmenter le soutien aux pays en question. 


L'argent généré par le trafic de drogues, disponible pour le financement d'activités criminelles et de terrorisme, circule dans le monde. Le programme mondial de l'OCDPC contre le blanchiment d'argent travaille sur un certain nombre de programmes concrets de soutien aux centres bancaires offshore qui fonctionnent sur des normes acceptées internationalement.


En ce qui concerne l'Est et le Sud de l'Asie, a poursuivi M. Maertens, le Gouvernement du Laos a réduit de 36% ses zones cultivées de pavot depuis 1998, surtout dans des régions qui bénéficient de projets de développement.  Le travail effectué au Laos est un très bon exemple de synergie entre les diverses sources d'aide, dont la Banque asiatique de développement, l'aide bilatérale allemande et américaine et le PNUCID.  Le Myanmar a de son côté réduit la culture du pavot à opium de 38% au cours des cinq dernières années, et ce avec une aide extérieure minimale.  Mais le Myanmar restera cette année la plus grande source d'opium, étant donné l'interdiction de la culture en Afghanistan.


S'agissant de l'Amérique latine et de la cocaïne, la Bolivie et le Pérou poursuivent le travail de ces dernières années; en Bolivie, la culture illicite de la coca est passée de 33 800 hectares en 1997 à seulement 3100 hectares en 2001. Dans les deux pays, le but est maintenant de consolider et soutenir les efforts en matière de contrôle des drogues, en mettant en oeuvre de plus larges possibilités de développement.  Une aide internationale plus significative devient essentielle.  La Colombie a lancé une politique sur la drogue et le PNUCID continue de jouer un rôle dans la mise en place de projets de développement dans plusieurs zones de culture illicites, pour aider 35000 familles aux ressources financières très limitées.


Quant à la région africaine, il faut, a ajouté M. Maertens, lui accorder plus d'attention.  L'OCDPC a augmenté les fonds disponibles sur l'Afrique.


Après avoir mentionné l'examen effectué par le Bureau des services de contrôle interne, M. Maertens a rappelé que des réformes de gestion étaient en cours, comprenant notamment une plus grande délégation de l'autorité aux directeurs, à la fois dans les domaines des programmes, du budget et des affaires financières.  La création d'un Comité des programmes et des projets, en mars dernier, a été une étape importante.  En outre, le PNUCID et le Centre pour la prévention du crime et la justice pénale sont actuellement en train de renforcer leurs synergies.

M. EDUARDO VETERE, Directeur du Centre des Nations Unis pour la prévention de la criminalité transnationale, a rappelé que la Convention contre la criminalité transnationale organisée a été signée par 123 États et la Communauté européenne lors de la Conférence de signature organisée à Palerme (Italie) l'année dernière.  À ce jour la Convention a été signée par 132 États, le Protocole  visant à prévenir, réprimer et punir le trafic de personnes par 91 États, le Protocole contre le trafic illicite de migrants par air, terre et mer par 87 Etats et le Protocole contre la fabrication et le trafic illicite d'armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions par cinq Etats seulement.  M. Vetere a en outre précisé que cinq États avaient déjà ratifié la Convention qui restera ouverte à la signature jusqu'au 12 décembre 2002.  Il a ensuite fait part des efforts déployés par le Centre pour la prévention de la criminalité internationale (CPCI) pour faciliter l'entrée en vigueur de la Convention, y compris par l'organisation de séminaires régionaux et sous-régionaux en Afrique du Sud pour les États membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), au Guatemala pour les États d'Amérique centrale, au Viet Nam pour les États de l'ANASE et à Téhéran.  En outre, plusieurs États de la CARICOM ont signé la Convention lors d'une cérémonie spéciale organisée à New York en septembre dernier.  Lors de cette session, un projet de résolution portant sur l'appui au renforcement des capacités et sur les activités de coopération technique en vue de l'application de la Convention et de ses Protocoles sera soumis pour adoption à l'Assemblée générale.  En outre, en vue d'assister les États Membres, la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale recommande à l'Assemblée, par l'intermédiaire de l'ECOSOC, divers plans d'action pour l'application de la Déclaration de Vienne sur la criminalité intitulée: "Relever les défis du XXIe siècle". 


Revenant sur les attaques terroristes du 11 septembre dernier, M. Vetere a indiqué que la Commission pour la prévention du crime est parvenue à un consensus sur un plan d'action contre le terrorisme qui s'inscrit dans le cadre plus large des plans d'action adoptés lors du Xe Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime qui s'est tenu à Vienne en avril 2000.  Ce plan d'action contre le terrorisme met l'accent sur cinq points nationaux et cinq points internationaux dont la responsabilité incombe à la section chargée de la prévention du terrorisme du BPCI.  Le plan d'action qui est soumis cette année à l'Assemblée générale permettra de préciser le mandat de cette section chargée tout particulièrement de mieux faire connaître les instruments internationaux sur la répression et la prévention du terrorisme, d'inciter à leur ratification et de fournir une aide aux États Membres qui en font la demande en vue de l'application de ces instruments.  À l'heure où la lutte contre le terrorisme figure au rang des priorités des Nations Unies, M. Vetere a ensuite fait valoir que l'unité la plus qualifiée pour agir dans ce domaine manque actuellement de personnel et d'autres ressources, ne comptant que deux administrateurs.  Il a appelé les États Membres à doter cette unité des ressources appropriées et à fournir des contributions volontaires pour la coopération technique. 


M. Vetere a ensuite présenté les travaux de la Commission pour la prévention du crime dans le domaine de la corruption.  Il a rendu compte des réunions du groupe d'experts à composition non limitée chargé de préparer l'élaboration d'un nouvel instrument international pour lutter contre la corruption.  Un projet de mandat sera soumis cette année pour adoption à l'Assemblée générale, a-t-il précisé.  Le BPCI a poursuivi la coopération technique avec les États Membres et une trentaine de projets sont également en cours.  Le nombre d'États participant au Programme mondial contre la corruption est passé de trois à sept et regroupe actuellement le Bénin, la Colombie, la Hongrie, le Liban, le Nigéria, la Roumanie et l'Afrique du Sud.  Des négociations en vue de leur participation sont également en cours avec l'Indonésie et l'Iran.  Le Programme mondial contre le trafic d'êtres humains a mis en oeuvre quatre projets de coopération technique aux Philippines, en République tchèque et en Pologne, au Brésil et en Afrique de l'Ouest, particulièrement au Bénin, au Nigéria et au Togo.  Une base de donnée sur les tendances et les flux de ce trafic, ainsi que sur les bonnes pratiques est actuellement en cours d'élaboration.  Le Programme mondial contre la criminalité transnationale organisée prévoit entre autres la collecte et l'analyse de données, ainsi que la coopération technique dans le but d'améliorer l'information sur la criminalité organisée. 


En conclusion, M. Vetere a attiré l'attention sur l'écart qui subsiste entre les ressources du Centre et son mandat.  Depuis la Conférence de Palerme et avec le projet d'élaboration d'un instrument contre la corruption, le mandat du BPCI s'est à nouveau élargi.  M. Vetere a exprimé sa reconnaissance aux États Membres pour la modeste augmentation des ressources du Centre prévue au prochain budget-programme et pour les quelques postes supplémentaires.  Il a également remercié les États Membres pour l'accroissement des contributions volontaires au Fonds pour la répression du crime et la justice pénale.  Les contributions volontaires se sont élevées à quelque 3 millions de dollars par an.  La capacité d'action du CPCI dépend des contributions volontaires, a-t-il conclu. 


Dialogue avec les délégations


Une première question posée par le Pakistan a porté sur les conséquences de l'interdiction de la culture de l'opium et la pénurie qui s'en est suivie.  Il a demandé quelles mesures pouvaient être prises pour empêcher que la hausse des prix sur le marché n’incite les agriculteurs à accroître les cultures.  S'inquiétant des conséquences nuisibles que pourrait avoir l'arrêt de la culture du pavot, par exemple en aggravant la pauvreté et en créant ainsi un plus grand nombre de toxicomanes, il a voulu savoir ce que le centre pouvait faire pour aider les pays dits de première ligne de défense contre l'exportation de l'héroïne provenant de l'Afghanistan.  Joignant sa voix à celle du Pakistan, la représentante de l'Iran a attiré l'attention sur le lourd fardeau qui pèse sur les pays voisins de l'Afghanistan qui devraient pouvoir bénéficier d’une aide internationale.


La représentante de la Belgique, au nom de l'Union européenne, a demandé quelle était la stratégie du PNUCID, notamment sur le renforcement de sa collaboration avec le CPCI et les autres programmes.  Elle a également souhaité obtenir des précisions sur les priorités du CPCI pour le renforcement de la justice pénale et la lutte contre le crime. 


Répondant à ces questions, M. VETERE a apporté des précisions sur les synergies entre le PNUCID et le CPCI qui ont mis en place des bureaux communs dans les pays où sont mis en oeuvre des Programmes de lutte contre la drogue, notamment en Afrique du Sud et en Afrique centrale.  L'expérience a montré qu'il était utile de lutter conjointement contre les drogues et le crime.  Il a également indiqué que d'autres coopérations sont en cours dans le domaine du blanchiment de l'argent et le trafic illicite d'êtres humains.  En outre, il a mentionné le travail d'un groupe spécifique chargé spécialement du travail conjoint du PNUCID et du CPCI dans le domaine du rapatriement des fonds illicites et des questions d'assistance juridique.  En ce qui concerne les priorités du CPCI, il a indiqué qu'elles figuraient clairement dans le programme proposé à l'approbation de l'Assemblée.  Il a rappelé que le CPCI était lié par les recommandations de la Commission pour répression du crime et de la justice pénale.  Ainsi le Programme sur la criminalité transnationale organisée et le Programme pour la répression du trafic d'êtres humains continuent d'être des priorités auxquelles s'ajoutent le crime cybernétique, le blanchiment d'argent, la corruption et la prévention du terrorisme.  À cet égard, il a fait part d'un projet de conférence, organisée en collaboration avec l'OCDE, qui se tiendrait au Kirghizistan et serait consacrée à l'élaboration de mesures pour lutter contre le terrorisme. 


Prenant à son tour la parole pour répondre aux questions portant sur les pays de première ligne de défense contre l'exportation d'héroïne en provenance d'Afghanistan, M. Maertens a fait part des travaux menés dans les pays d'Asie centrale, ainsi que de projets pilotes menés dans quatre districts de l'Afghanistan.  Il a également rappelé que le Bureau avait voulu créer un cordon sanitaire avec les pays voisins de l'Afghanistan pour mettre fin à l'exportation d'héroïne en provenance de ce pays.  Pour leur part, les Taliban s'étaient engagés à appliquer une politique d'interdiction complète de la culture du pavot et à la destruction des champs existants.  Cette décision a donné lieu à des négociations avec les parties prenantes en vue d'élaborer une stratégie nouvelle pour l'Afghanistan et d'obtenir une aide d'urgence pour les agriculteurs privés des revenus du pavot.  Le résultat de ces actions a permis de faire monter le prix du kilo d'héroïne à 700 dollars.  Depuis le 11 septembre, a-t-il dit, les prix de l'héroïne sont retombés à 80 dollars le kilo et le bureau a dû évacuer son personnel.  Depuis, le Bureau a reçu des informations affirmant que les Taliban avaient de nouveau autorisé la culture du pavot. 


Par ailleurs, un cadre stratégique a été mis au point en Asie centrale, une aide a été fournie au Kirghizistan et un bureau de contrôle a été mis en place au Tadjikistan.  Des programmes de traitement et de prévention de la toxicomanie ont été mis en oeuvre en Iran et au Pakistan pour les aider à faire face à l'invasion de drogues.  Il est primordial de surveiller les frontières, notamment avec le Tadjikistan, afin d'éviter que la drogue, transitant par la Russie, ne parvienne sur les marchés occidentaux.  Il a indiqué que le Bureau était disposé à canaliser plus de ressources vers les pays de première ligne de défense et à augmenter le contrôle des précurseurs qui permettent la fabrication de l'héroïne. 


Répondant à la question posée portant sur l'intégration des programmes de contrôle des drogues et de lutte contre le crime, il a fait part de nouveaux principes directeurs demandant l'intégration des programmes communs entre le PNUCID et le CPCI.  Ces programmes visant plus particulièrement le contrôle des drogues s'intègrent également aux programmes de lutte contre la pauvreté ou aux programmes de lutte contre le VIH/sida.  Il a également fait part du programme de développement alternatif, notamment au Lao mené en collaboration avec la Banque de développement asiatique.  Il a ajouté que de nombreux programmes du PNUCID sont mis en oeuvre par d'autres organisations notamment UNAIDS. 

La Chine a demandé si le développement alternatif aura un effet déterminant sur le contrôle des stupéfiants, et si en Asie du Sud-Est et en Inde le travail accompli par le PNUCID pourra offrir des situations de rechange. L'Inde a évoqué la question des stocks de pavot et demandé des informations sur l'incidence réelle de ces stocks sur l'offre; l'Inde a souhaité savoir quels étaient les stocks disponibles, et où obtenir des informations sur le sujet.  L'Inde, parlant du plan d'action de lutte contre le terrorisme, a demandé s’il y avait une corrélation avec le trafic de stupéfiants.


M. Maertens est revenu sur le développement alternatif.  Le Laos, a-t-il dit, s'est engagé à réaliser ses objectifs trois ans plus tôt que prévu; il y a aussi d'immenses progrès au Viet Nam.  Le travail au Myanmar consiste en des programmes de développement de rechange. Mais les efforts sont restreints car nous avons peu de ressources à notre disposition.  En ce qui concerne les stocks, un document a été diffusé sur l'incidence de l'interdit prononcé par les Taliban. C'est une question importante, a -t-il souligné.  On ne sait pas exactement où se trouvent les stocks.  Et pourtant, on estime, selon nos calculs que 2800 tonnes de pavot pourraient être stockées.


M. Vetere s'est dit convaincu du maintien d'une bonne communication entre Vienne et New York, mais comprend qu'à l'occasion on puisse demander où l'on peut se procurer des informations.  L'un des développements les plus importants, a-t-il dit par ailleurs, est le fait d'avoir pu s'entendre sur un plan de mise en oeuvre de la Déclaration de Vienne. Les plans d'action pour la mise en oeuvre de la Déclaration de Vienne couvrent des actions prioritaires, soit des questions telles que le crime transnational organisé, le trafic de personnes, le passage en fraude de migrants, la fabrication illicite d'armes à feu, les prisons surpeuplées, les victimes du crime, les actions sur les normes des Nations Unies. Voici les questions dans la Déclaration de Vienne pour lesquelles des mesures supplémentaires ont été demandées.  Certaines questions couvrent aussi les liens spéciaux entre crime transnational organisé, trafic des drogues, terrorisme, et la question sur les flux d'argent.  Nous espérons qu'avec la mise en oeuvre des plans des mesures plus efficaces contre le terrorisme pourront être réalisées.


Débat général


S'exprimant au nom de l'Union européenne et des États associés, MME BIRGIT STEVENS (Belgique) a exprimé son inquiétude devant la croissance de la production, du trafic et de la consommation de drogues et de la vulnérabilité de certains États, notamment en Afrique.  Elle a indiqué que le Plan d'action Drogue 2000 adopté par l'Union européenne fixait des priorités géographiques et a invité le PNUCID à soutenir les efforts déployés par les pays africains en vue de lancer des programmes durables de lutte contre le problème de la drogue aux niveaux national et régional.  Faisant le lien entre la drogue, le crime et la prévalence du VIH/sida, elle a appuyé l'engagement croissant du PNUCID dans les questions relatives au lien entre la consommation de drogues et le VIH/sida.  D'autre part, elle a estimé qu'il faut accorder une plus grande attention au fléau des drogues synthétiques; appelant à une action urgente dans ce domaine, elle a dénoncé la vente de ces substances sur Internet.  Rappelant que les États se sont engagés à lutter plus efficacement contre le blanchiment d'argent provenant du trafic de drogues, elle a souligné l'importance de renforcer la coopération régionale et internationale et a encouragé tous les États à créer des cellules d'investigation financière pour atteindre d'ici à 2003 les objectifs fixés en matière de lutte contre le blanchiment d'argent.  En ce qui concerne les politiques de réduction de la demande à laquelle se sont engagés les pays développés, elle s'est félicitée des actions menées par le PNUCID dans ce domaine et attiré l'attention sur la vulnérabilité particulière des enfants des rues et des personnes victimes de violence et d'abus sexuels. 


En matière de réduction de l'offre, elle s'est félicitée du fait que les stratégies nationales de développement alternatif et la coopération régionale commencent à porter leurs fruits.  Elle a indiqué que l'Union européenne attache une importance particulière à la collecte de données objectives et fiables ainsi qu'à l'évaluation des actions antidrogue menées à l'échelle nationale, régionale et internationale.  Elle a estimé que le PNUCID doit continuer à se concentrer sur son rôle de catalyseur dans le lancement de nouvelles initiatives et de promoteur de la coopération régionale entre les gouvernements dans les zones touchées par les drogues.  Par ailleurs, l'Union européenne soutient une meilleure intégration de l'intervention du PNUCID dans les programmes et les autres institutions spécialisées de l'ONU.  Elle a fait savoir que l'Union européenne avait pris note des mesures récemment adoptées par le Directeur exécutif qui constituent un premier pas vers l'amélioration de son fonctionnement. 


La représentante a ensuite fait part de l'intention des États de l'Union européenne de signer le Protocole contre la fabrication et le trafic illicites d'armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions lors de la présente session de l'Assemblée générale.  S'inquiétant du contexte favorable que la mondialisation fournit au trafic d'êtres humains, elle a estimé que les États devaient mettre en place des stratégies de lutte contre ce fléau.  Les pays d'origine, de transit et de destination doivent élaborer des stratégies communes et des mesures pénales efficaces contre ce trafic.  Elle a fait part du soutien de l'Union européenne aux activités et aux projets conçus dans le cadre du programme mondial de lutte contre le trafic de personnes ainsi que les efforts du CPCI en la matière.  Par ailleurs, la représentante a indiqué que l'Union attache une importance particulière à l'élaboration d'une convention internationale contre la corruption.  À cet égard, elle a appelé les États Membres à approuver le projet de résolution portant approbation du mandat de négociation et a encouragé les États Membres à participer aux travaux du Comité spécial chargé de l'élaboration de la Convention.  Elle a espéré que l'avant-projet de ce texte qui sera élaboré lors de la réunion de Buenos Aires, en décembre prochain, constituera un point de départ utile pour la négociation.  En dernier lieu, la représentante a appelé les États Membres à renforcer les institutions spécialisées de l'ONU dans le contrôle des drogues et la répression de la criminalité et à donner au PNUCID et au CPCI les ressources dont ils ont besoin afin qu'ils puissent s’acquitter de leurs responsabilités et mener à bien leur mandat. 


M. MWELWA C.MUSAMBACHIME (Zambie) a déclaré, au nom de la Communauté de développement de l'Afrique Australe (SADC), que les attaques terroristes du 11 septembre dernier exigeaient une réponse urgente; la SADC se joint à ceux qui suggèrent l’élaboration rapide et la mise en oeuvre de conventions internationales complètes contre le crime, y compris le terrorisme.  Le terrorisme international étant lié au crime organisé, le représentant s'est félicité de l'adoption de la Convention contre le crime transnational organisé. Cette Convention, a-t-il dit, ouvre de nouvelles perspectives pour aider les Etats à combattre le crime

transnational organisé, notamment en matière d'assistance technique par l’intermédiaire des services consultatifs et des projets sur le terrain.  La Convention et ses protocoles sont les premiers instruments juridiques contraignants contre le crime organisé.  La Convention peut aider les pays du SADEC à lutter contre le blanchiment de l'argent, le trafic et l'abus de drogues illicites, ou la production illégale de diamants.


Les cartels criminels organisés ne tiennent pas compte des frontières internationales. Pour réussir dans la lutte contre les cartels, a indiqué le représentant, les forces de police doivent coopérer et partager leurs informations.  Les pays de la SADEC ont mis en place, en 1997, un comité de coordination des forces de police de l'Afrique australe, relié à Interpol.  Les pays de la SADEC mènent des opérations conjointes, pour lutter par exemple contre le trafic de véhicules volés, trafic grandement réduit aujourd'hui.  Les forces de police partagent leurs informations sur le crime et cela a considérablement compliqué la tâche des cartels criminels.


La déclaration politique de la vingtième session de l'Assemblée sur les drogues est décisive et la SADC considère important un engagement politique sur cette question.  Des activités de contrôle, notamment avec l'ONU ont été mises au point, dans le secteur légal et dans le domaine de la réduction de l'offre.  La SADC considère que le programme d'action sur le trafic illicite des armes légères représente une étape importante pour éliminer ce trafic.  Les pays de la SADC ont signé un protocole sur ce sujet au Malawi en août 2001.  Ce protocole est un instrument juridique régional de grande envergure pour le contrôle des armes légères, illicites ou non.  La SADC insiste par ailleurs sur le rôle important de l'Institut africain pour la prévention du crime et le rôle de l'Institut pour aider les pays d'Afrique à combattre le crime.


S'exprimant au nom du Groupe de Rio, MME LORETO LEYTON (Chili) a fait part des mesures adoptées par les États membres du Groupe de Rio pour promouvoir la coopération bilatérale et multilatérale pour lutter contre le trafic de drogues et la criminalité.  Les États du Groupe de Rio ont également reconnu la nécessité d'élaborer une stratégie régionale en vue de soutenir les efforts internationaux, comme en témoigne le Mécanisme multilatéral d'évaluation établi par la Commission interaméricaine de contrôle des drogues.  Ce mécanisme a pour objectif d'évaluer les progrès réalisés dans la région face aux divers aspects du trafic de drogues.  Ce mécanisme a déjà donné lieu à l'élaboration de rapports nationaux et régionaux, ce qui démontre son efficacité.  Toutefois, la représentante a insisté sur le fait que la lutte contre le trafic de drogues doit respecter l'intégrité territoriale et la souveraineté des Etats conformément à l'Article 17 de la Convention des Nations Unies sur le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotiques (1988).  Affirmant l'appui de son Groupe aux travaux de la Commission des stupéfiants, elle a attiré l'attention sur la proposition visant à organiser un débat thématique à chaque session comme cela s'est produit cette année et a estimé que cette initiative méritait d'être poursuivie. 

S'inquiétant de l'utilisation de drogues par des mineurs de plus en plus jeunes, la représentante a souligné l'importance des politiques de réduction de la demande et a réaffirmé que les efforts visant à limiter l'offre ne pourront porter leurs fruits sans une réduction effective de la demande.  Elle a demandé à ce que la Déclaration portant sur les directives en vue de la réduction de la demande et le Plan d'action soient mis en oeuvre dans leur totalité.  Si, comme l'a signalé le Secrétaire général, de bons résultats ont été obtenus au sujet de la réduction de l'offre, il n'en va pas de même en ce qui concerne la réduction de la demande, et on est loin de l'objectif fixé pour 2008, s'est-elle inquiétée.  En conclusion, elle a exhorté la communauté internationale à mener de front sa lutte contre le terrorisme, le blanchiment d'argent, le crime et le trafic de drogues. 


M. JAMES MACK (Etats-Unis) a indiqué que les mesures les plus immédiates à entreprendre sont les mesures d'application légales telles qu'établies dans la résolution 1373 du Conseil de sécurité.  L'illégalité internationale ne saurait être tolérée.  Le combat contre les hors-la-loi internationaux exigera du courage, a souligné le représentant.  Au plan national, le Président Bush a notamment donné l'ordre de geler tous les biens financiers d'une liste d'organisations terroristes. Les lois du pays sont étudiées afin de voir quels changements peuvent être effectués pour appréhender les criminels le plus efficacement possible.  Un effort est en cours pour débusquer les pistes financières qui permettent à ces criminels d'opérer.


Les attaques du 11 septembre ont souligné une évidence, à savoir que les criminels et leurs organisations sont des entités planétaires qui ne s'arrêtent pas aux frontières.  Personne ne peut faire cavalier seul.  La coopération internationale entre pays permettra d'identifier et de démanteler ces organisations, de poursuivre et d'emprisonner les criminels, de geler et de saisir leurs biens et de mettre au point de nouvelles mesures pour combattre leurs réseaux.  Les individus et les entités visés ne pourront être arrêtés que grâce aux efforts communs.  L'OUA, l'OTAN, l'OSCE, parmi d'autres, se sont engagées le mois dernier à redoubler d'efforts pour combattre le terrorisme.  Cependant, l'organisation incontournable dans cette lutte sont les Nations Unies.  La résolution 1373 a souligné la détermination de tous les Etats à prévenir et à supprimer tout financement aux terroristes, et à ne pas leur offrir de refuge.  Ces mesures, prises ensembles, cimentent l'union de la communauté internationale.  Le combat contre le terrorisme est en cours.  Outre les 12 conventions internationales et protocoles existants, 126 pays ont signé la Convention contre la criminalité transnationale organisée.  Les Etats-Unis exhortent les Etats Membres à devenir parties à ces conventions dès que possible.  C'est notamment l'occasion, a expliqué le représentant, de remettre à jour les lois nationales et de coopérer comme jamais auparavant.


Il est nécessaire, a poursuivi le représentant, de tarir les profits provenant de cette criminalité, ce qui permettra de déstabiliser les bases des organisations terroristes.  Le lien étroit entre crime transnational organisé et le terrorisme exige une coopération intensifiée au niveau international.  Les conventions de l'ONU ont augmenté les capacités de lutte contre le blanchiment de l'argent et les pays qui en ont les moyens devraient renforcer leurs propres programmes de lutte.  Il faut, a dit le représentant, tirer le plus grand parti possible de tous ces outils disponibles.

Se référant à la session de l'Assemblée générale sur la drogue, le représentant a mentionné les trois conventions des Nations Unies et salué les buts et objectifs spécifiques qui en avaient découlé.  Mais l'implication de tous doit s'accroître, a poursuivi le représentant, qui a insisté sur le lien établi entre la production, le trafic de drogues illicites, la participation de groupes terroristes et criminels et de la criminalité transnationale organisée.


MME TSUNEKO YANAGAWA (Japon) a rappelé que son pays avait pris une part active à l'élaboration de la Convention contre la criminalité transnationale organisée et à ses trois Protocoles et qu'il importait maintenant de les mettre en oeuvre.  À cette fin, le Japon apportera cette année une contribution de 200 000 dollars au Fonds des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, en vue de faciliter les travaux du CPCI et l'application de la Convention.  Conscient que la coopération régionale est d'une importance capitale, le Japon a pris en charge la gestion de l'Institut des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants en Asie et en Extrême-Orient.  S'agissant de l'élaboration de la prochaine convention contre la corruption, elle a indiqué que son pays participerait activement à l'élaboration de ce nouvel instrument.  Elle s'est également félicitée de la Convention du Conseil de l'Europe sur la criminalité cybernétique à l'élaboration de laquelle le Japon a pris une part active. 


S'agissant du contrôle des drogues, la représentante a fait part de la stratégie adoptée par son pays depuis 1998 et qui s'articule autour de quatre domaines: la prévention de l'utilisation de drogues par les jeunes, l'application stricte des lois en la matière, le contrôle strict aux frontières, la réhabilitation et la réintégration des toxicomanes.  Elle a précisé que son pays accordait une importance particulière à la réduction de la demande, et notamment à la prévention qui s'avère être le moyen le plus économique.  Réaffirmant l'engagement de son pays à la coopération régionale dans ce domaine, la représentante a fait savoir que son pays allouerait 3,38 millions de dollars au PNUCID.  Elle s'est inquiétée de la recrudescence des amphétamines en Asie du Sud-Est et a demandé à ce que la coopération régionale soit renforcée dans ce domaine.  Elle a fait part de l'appui de son pays au plan du PNUCID sur le renforcement du contrôle aux frontières dans six pays asiatiques: Chine, Thaïlande, Myanmar, Laos, Viet Nam et Cambodge.  Par ailleurs, elle a déclaré que son pays envisageait de se joindre aux efforts internationaux pour empêcher les exportations de drogues en provenance d'Afghanistan.  En dernier lieu, elle a fait savoir que le Japon accueillerait le prochain Sommet international sur le contrôle des drogues en 2002. 


M. LUIS ALBERTO AMOROS NUNEZ (Cuba) a remarqué que la demande des drogues illicites s'amplifiait.  La gravité et la complexité de la question exigent une véritable coopération internationale et un engagement politique.  Les pays développés doivent notamment offrir une contribution importante aux pays en développement. 


Cuba s'est félicité du travail réalisé par le PNUCID, et expliqué que le pays avait pu former un personnel et améliorer l'appui technique nécessaire.  Le problème des drogues, a poursuivi le représentant, n'est pas à Cuba un problème social important. Situé dans le Bassin des Caraïbes, il est cependant facile de comprendre l'importance accordée à la coopération nationale et internationale.  Cuba a pris des mesures énergiques pour combattre le trafic de drogues, qui voudrait utiliser sa voie naturelle vers les Etats-Unis.  Au cours des sept dernières années, a précisé le représentant, Cuba a saisi plus de 31 tonnes de stupéfiants.  Sans cette action, les Etats-Unis et d'autres pays auraient eu accès à plus de 100 millions de doses de cocaïne au cours des cinq dernières années.  Ces initiatives ont été prises par Cuba, en dépit d'un manque de volonté sérieuse des Etats-Unis en matière de coopération, a-t-il dit.  Le représentant a mentionné l'existence d'accords bilatéraux de coopération avec 30 pays, et précisé que le mois prochain, aura lieu à Cuba une conférence régionale qui permettra de discuter de stratégies concrètes à mettre au point en matière de prévention, de lutte contre les trafics illicites, et le blanchiment de l'argent dans la région.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a établi le lien entre la criminalité et le terrorisme et insisté sur la nécessité de renforcer la coopération internationale dans ce domaine.  Rappelant que son pays avait signé la Convention contre la criminalité transnationale organisée, il a indiqué qu'il avait également signé son Protocole visant à prévenir, réprimer et punir le trafic de personnes et son Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, mer et air en mars 2001, et que le processus de ratification avait été entamé.  Il a fait part des progrès réalisés par son pays pour lutter contre le blanchiment d'argent.  Dans ce domaine, le renforcement de la législation s'est accompagné de modifications institutionnelles et d'une meilleure application des lois. 


Reconnaissent le caractère transnational de la criminalité, il a réaffirmé la détermination de son pays à coopérer dans ce domaine et a indiqué qu'il travaillait en collaboration étroite avec l'OCDE en vue de remodeler sa législation nationale.  Toutefois, a-t-il spécifié, cette coopération internationale ne sera efficace que si elle est menée dans un esprit de transparence, de justice et de compréhension mutuelle.  En dernier lieu, se félicitant de l'adoption des résolutions du Conseil de sécurité contre le terrorisme (résolution 1373), il a assuré que le Liechtenstein porterait une attention particulière à la répression du financement du terrorisme.  À cet égard, il a réaffirmé que son pays s'engageait à signer la Convention sur la répression du financement du terrorisme (1999).


MME MAI KHALIL (Egypte)a déclaré qu'il n´était pas possible de venir à bout du problème des drogues sans aborder la question du chômage, de la pauvreté et du développement  L'octroi de l'aide et de ressources aux pays en développement est très important.  Le problème des drogues dépasse en effet les frontières, et la représentante a souligné l'importance de la coopération avec l'ONU, l'UNICEF et d'autres institutions spécialisées pour mettre au point des politiques créatrices et la réinsertion des jeunes notamment.


Il faut, a poursuivi la représentante, conjuguer les efforts locaux et internationaux. Mais il est tout aussi essentiel de prendre en compte les causes influentes et environnantes, et à ce sujet, la mise au point de revenus alternatifs prend toute son importance.


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