AG/SHC/518

SIX ANS APRES COPENHAGUE, DE LARGES COUCHES DE LA POPULATION N'ONT TOUJOURS PAS ACCES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE

11/10/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/518


Troisième Commission

7e séance – matin


SIX ANS APRES COPENHAGUE, DE LARGES COUCHES DE LA POPULATION

N'ONT TOUJOURS PAS ACCES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE


Le Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social dresse le bilan de l'examen des questions relatives au développement social, après quatre jours de débats


«Les chances de réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de personnes vivant dans l'extrême pauvreté sont quasi nulles» a indiqué, ce matin, la représentante du Bénin, observant que six ans après Copenhague et Beijing, de larges couches de la population n'avaient toujours pas accès à l'eau potable, à l'électricité, aux soins de santé primaires adéquats ou à l'éducation.  La privatisation et la libéralisation ont, selon la plupart des délégations, approfondi l'écart entre les plus pauvres et les plus riches.  Le représentant du Népal a d'ailleurs rappelé qu'un cinquième de la population du globe bénéficiait de 80% de ses richesses tandis que la majorité se contentait de survivre avec parfois moins de un dollar par jour. 


Le représentant de l'Inde a observé que la part des pays en développement dans le commerce mondial ne s'était pas accrue.  En outre, la libéralisation a contribué à l'accroissement du secteur informel de l'économie au détriment du secteur formel.  Ainsi, lorsque des mesures ont été prises contre les produits fabriqués avec le travail des enfants, les enfants se sont retrouvés dans le secteur informel, dans des activités moins rémunérées et sans sécurité.  Si l'inégalité s'est accrue entre les pays, elle a également augmenté à l'intérieur de ceux-ci, renversant la tendance observée dans les années 1980.  S'inquiétant de la destruction du tissu social, plusieurs délégations, dont le Bénin, ont expliqué que la famille, cellule de base de la société, risquait à son tour de se désintégrer sous l'effet des migrations, de l'exode rural, des conflits armés et des épidémies dont le VIH/sida.


Alors que la Commission achevait ses travaux portant sur le développement social, M. John Langmore, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social, a présenté un court résumé des débats.  Il a pris note du souhait des délégations pour que l'ordre du jour social fasse partie de tous les programmes de développement et que la prochaine conférence sur le financement du développement permette d'élaborer des stratégies visant à réduire les inégalités entre les pays et à l'intérieur de ceux-ci.  Si de nombreuses délégations se sont déclarées favorables à une plus grande participation du secteur privé dans la mise en oeuvre des politiques de développement social, elles ont également réaffirmé


(à suivre – 1a)

l'importance de la coopération internationale pour aider les pays les moins développés à lever les obstacles qui les maintiennent dans une situation de pauvreté endémique.  De nombreuses délégations se sont également montré préoccupées par le recul qu'impose la pandémie du VIH/sida dans les pays les moins avancés, notamment en ce qui concerne l'évolution du taux de mortalité, de l'espérance de vie et le développement dans son ensemble.


Se félicitant du fait que les questions relatives aux personnes handicapées, à la jeunesse, à la famille et au vieillissement aient été traitées à fond,

M. Langmore a noté que l'ensemble des délégations s'était déclaré favorable à la tenue de deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement qui doit se tenir à Madrid, du 8 au 12 avril 2002.  De nombreuses délégations se sont montré enthousiastes à l'idée de partager leurs expériences et leurs connaissances en vue de l'élaboration d'une stratégie mondiale sur le vieillissement qui s'inscrive dans le cadre du développement. 


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Maroc, Japon, Chine, Sri Lanka, Népal, Inde, Cameroun, Suède, Bélarus, Ethiopie, Israël, Guyana, Bénin et Madagascar.


La Commission entamera demain vendredi 12 octobre à 10 heures l’examen des questions relatives à la prévention du crime, la justice pénale, et le contrôle international des drogues.


Fin du débat général


M. HICHAME DAHANE (Maroc) a précisé que le Maroc s'était engagé depuis le début des années 90 dans une stratégie de développement social, visant à l'amélioration des conditions de vie des populations défavorisées.  Le Maroc s'est engagé dans un processus visant à affiner et étoffer ladite stratégie, en intégrant davantage les questions de l'emploi et de la protection sociale dans une approche globale, ou les politiques économique et sociale se renforcent mutuellement.  Le représentant a mis l'accent sur les efforts déployés par son pays dans la lutte contre la pauvreté, l'éducation, les personnes handicapées et les personnes âgées.  Relativement à la lutte contre la pauvreté, le Maroc, a expliqué le représentant, a entrepris des efforts notables.  La conception du programme de lutte contre la pauvreté est fondée sur un ciblage des provinces les plus démunies en vue d'y améliorer les conditions d'accès des populations les plus défavorisées aux services de base.  L'avant-projet de plan de développement économique et social 1996-2000 a inscrit la lutte contre la pauvreté comme priorité nationale.  En matière d'éducation, le pays vise à assurer à l'horizon 2006 la généralisation de la scolarisation afin, notamment, d'étendre l'enseignement fondamental à tous les enfants de 6 à 15 ans. Le milieu rural et la situation des filles jouissent d'un intérêt particulier dans les efforts entrepris dans ce sens.  En outre, la création d'un Haut Commissariat aux personnes handicapées, érigé en Secrétariat d'Etat en 1998, a été une mesure fondamentale en faveur de l'égalisation des chances en faveur de ces personnes. Le Secrétariat d'Etat a défini un programme de développement des services essentiels aux personnes handicapées au sein de leur milieu d'origine. Par ailleurs, et dans le cadre de la célébration de l'Année internationale des personnes âgées, le Maroc a élaboré un plan d'action national contenant notamment des mesures et un programme de protection sociale et de loisirs.


Le représentant a souligné que son pays avait considérablement progressé dans les réalisations de presque tous les objectifs fixés par le Sommet de Copenhague, comme en témoignent les progrès enregistrés dans la réduction de la mortalité infantile, l'augmentation des taux de vaccination, l'accroissement des taux de scolarisation et dans les secteurs de l'approvisionnement en eau potable et de l'assainissement.  Le consensus mondial bâti autour du développement social devrait, a dit le représentant, être transformé en réalités tangibles au profit des pauvres de notre planète, et permettre la formulation de nouvelles stratégies et la mise en place d'initiatives novatrices et audacieuses à même de rendre opérationnels les objectifs du Sommet de Copenhague.


M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) s'est penché sur le phénomène du vieillissement de la population mondiale.  Il a fait savoir qu'au Japon les personnes de plus de 65 ans représentent quelque 17,5% de la population, une proportion qui devrait atteindre près de 25% en 2015.  Le Japon aborde ce phénomène par une approche dénommée "vieillissement actif", qui privilégie la participation des personnes âgées à la vie sociale et économique du pays autant qu'elles le souhaitent.  Le représentant a fait part des directives sur le vieillissement adoptées par son pays qui couvrent les domaines du travail et des revenus, de la santé et du bien-être, de l'apprentissage et de l'engagement social, les conditions de vie et la recherche.  S'inspirant de ces directives de nombreux programmes ont pu être élaborés et mis en oeuvre en collaboration avec

des organisations non gouvernementales.  Le Japon a prévu de réviser ces directives tous les cinq ans.  Le représentant s'est félicité des perspectives offertes par la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement qui devrait permettre de partager les expériences et les connaissances sur le vieillissement.  Il a espéré que le Plan d'action révisé qui sera adopté reflètera les tendances démographiques actuelles et comportera des mesures destinées à aider les pays en développement à faire face à ce phénomène. 


Abordant ensuite la question des personnes handicapées, le représentant a insisté sur la nécessité de veiller à leur intégration complète dans la vie de la société.  Dans cette optique, le Japon a établi un programme gouvernemental en faveur des personnes handicapées et de la création d'une société pour tous.  Ce programme a permis d'identifier quatre obstacles principaux à l'intégration des personnes handicapées, qui portent sur le domaine physique, psychologique, institutionnel et culturel.  Les objectifs de ce programme sont de dépasser ces obstacles.  Outre les divers programmes mis en oeuvre au Japon, le représentant a fait part de nombreux programmes mis en oeuvre dans le monde par lesquels le Japon peut partager l'expérience dans ce domaine avec les pays en développement.  En 2002, trois conférences internationales sur la question des personnes handicapées, organisées par des ONG, doivent se tenir au Japon et permettre d'accroître les connaissances dans ce domaine et d'améliorer les politiques mises en oeuvre. 


M. YANG XIOKUN (Chine), s'est félicité de la prochaine tenue de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement et a espéré qu'avec la participation de tous cette Assemblée parviendra à des résultats satisfaisants.  Le représentant a indiqué que la Chine était confrontée au phénomène du vieillissement et qu'en 2050, le nombre des personnes de plus de 60 ans devrait atteindre 400 millions, soit un quart de la population du pays.  Il a fait part des mesures adoptées par son pays, notamment la révision du système de retraites et de protection sociale en vue de fournir aux personnes âgées les soins dont elles ont besoin dans le respect de la tradition chinoise, en associant les familles, les individus et les institutions.  


Le représentant a également présenté les recherches menées dans son pays sur cette question, notamment par le Gouvernement, par les autorités locales et la société de gérontologie.  Ces recherches visent à définir les politiques qui permettront aux personnes âgées de jouir de toute leur vie, de transmettre leurs connaissances et leur expérience.  Toutefois compte tenu des difficultés économiques auxquelles la Chine est encore confrontée, le représentant a déclaré que beaucoup restait à faire pour satisfaire tous les besoins des personnes âgées.  Envisageant les possibilités offertes par la prochaine Assemblée mondiale sur le vieillissement, le représentant a appelé tous les États à coopérer pleinement en vue de parvenir à des résultats positifs afin de construire ensemble une société pour tous. 


M. N NAVARATNARAJAH (Sri Lanka) a fait part des progrès accomplis par son pays dans les domaines de l'éducation, de la réduction de la mortalité infantile et maternelle, de la santé, de l'alphabétisation.  Toutefois la pauvreté reste un problème très préoccupant avec 19% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.  La pauvreté et le chômage sont les deux plus grands défis auxquels le pays reste confronté, a-t-il souligné en faisant valoir le rôle positif joué par le secteur privé, notamment les organisations non gouvernementales.  Pour sa part le Gouvernement du Sri Lanka a adopté une stratégie destinée à mieux partager les bénéfices de la croissance en fournissant de plus grandes opportunités aux pauvres.  Cette stratégie vise également à assurer une plus grande sécurité pour les pauvres, notamment à protéger les groupes marginalisés et les plus vulnérables.  Elle s'applique en outre à accroître la participation des pauvres aux processus de prises de décision dans les domaines qui les concernent. 


Ces objectifs ont été intégrés dans le plan de réduction de la pauvreté, intitulé Programme Samurdi, qui vise à instaurer un processus de développement partant de la base vers le sommet et se fondant sur la famille comme cellule fondamentale de la société.  Le représentant a observé que nonobstant les progrès accomplis dans le domaine social le pays est maintenant confronté à de sérieux problèmes démographiques.  D'ici à 2015, la population du Sri Lanka s'élèvera à 21 millions et l'espérance de vie devrait s'allonger pour atteindre 75 ans pour les hommes et 80 ans pour les femmes.  L'âge moyen de la population du Sri Lanka devrait être de 40 ans en 2025.  Ainsi, d'ici à 2025, la population du Sri Lanka sera la troisième "plus vieille" population d'Asie, ce qui risque de poser de nouveaux problèmes de développement du pays.  Le représentant a émis l’espoir que la prochaine Assemblée sur le vieillissement permettra de répondre aux questions que se posent les pays en développement et de les aider à trouver des solutions.  En dernier lieu, le représentant s'est inquiété des problèmes récurrents posés par les barrières douanières qui empêchent l'accès au marché mondial aux pays en développement comme le Sri Lanka dont l'économie repose principalement sur les exportations et se montre particulièrement vulnérable aux facteurs extérieurs.  Il a exhorté les pays développés à respecter l'objectif fixé de consacrer 0,7% de leur PND à l'aide publique au développement. 


M. BHARAT KUMAR REGMI (Népal) a remarqué qu'il était vraiment décourageant de noter qu'au cours de la dernière décennie, la disparité des conditions socioéconomiques s'était davantage élargie.  Un cinquième de la population mondiale jouit de 80% de ses ressources alors que la majorité survit avec moins de un dollar par jour.  Les pays en développement vivent toujours sans accès à l'eau potable, à l'éducation, à une bonne santé ou d'autres services de base. Ceci constitue un affront à la dignité humaine, a souligné le représentant, et cette situation ne devrait pas se poursuivre.


Au Népal, l'unique objectif du neuvième plan vise à éliminer la pauvreté d'ici à 20 ans.  Conscient que la pauvreté ne peut disparaître sans l'existence d'emplois productifs, le pays a lancé un certain nombre de programmes comme par exemple le microcrédit pour les pauvres ou des projets de développement de petites fermes.  La famille est par ailleurs l’un des fondements de la société népalaise et le pays estime que la promotion et la protection des droits de l'enfant, le développement des jeunes et le bien-être social des personnes âgées sont possibles seulement au sein d'un solide système familial.  Les jeunes représentent 27% de la population népalaise.  C'est le segment de la population le plus important, sur les plans qualitatif et quantitatif.  Etant donné le rôle qu'il joue dans le développement social, le Népal a adopté une politique d'intégration des jeunes en les mobilisant dans le développement socioéconomique du pays.  Le représentant a jouté que le développement social incombe à chaque pays, mais que les pays en développement et les pays les plus pauvres, aux ressources limitées largement consacrées au service de la dette, ne peuvent réaliser leurs objectifs de développement sans aide extérieure. Inquiet de voir baisser le niveau de l'aide officielle au développement, le Népal demande instamment aux pays développés d'intensifier leur aide publique au développement pour les pays les moins développés.


M. ASITH K. BATTACHARJEE (Inde) a mis l'accent sur l'interdépendance croissante des nations dans une économie mondialisée et a estimé que cette situation demandait une évaluation précise des conséquences des mesures prises dans une partie du monde sur les pays en développement.  Il a noté les changements observés depuis le dernier rapport sur la situation sociale dans le monde, notamment les conséquences de la pandémie du VIH/sida, l'accroissement de la pauvreté, le chômage, la réduction des ressources et le recul de la coopération internationale.  Comme le montre le rapport sur la situation sociale dans le monde publié cette année, la nouvelle économie fondée sur le savoir et les technologies a contribué à creuser l'écart qui sépare les riches des pauvres.  Malgré la libéralisation qui a accompagné la mondialisation, on remarque que la part des pays en développement dans le commerce mondial ne s'est pas accrue.  En outre, la libéralisation a contribué à l'accroissement du secteur informel de l'économie au détriment du secteur formel.  Ainsi, lorsque des mesures ont été prises contre les produits fabriqués avec le travail des enfants, les enfants se sont retrouvés dans le secteur informel, dans des activités moins rémunérées et sans sécurité.  Si l'inégalité s'est accrue entre les pays, elle a également augmenté à l'intérieur de ceux-ci, renversant la tendance observée dans les années 1980. 


Le représentant a ensuite fait des commentaires sur le rapport du Secrétaire général concernant les coopératives et s'est inquiété du peu d'intérêt que les gouvernements ont témoigné à cette question, puisque seules 21 réponses ont été reçues.  Il a appelé les délégations à s'intéresser à cette question et a espéré que le projet de directives recevrait l'attention qu'il mérite.  Le représentant a ensuite fait quelques remarques sur le volontariat et s'est félicité de la convocation prochaine de la deuxième Assemblée sur le vieillissement. 


MME CATHERINE S. MAHOUVE (Cameroun) a rappelé qu'il existe encore aujourd'hui dans le monde trois milliards de personnes vivant avec moins de deux dollars par jour.  Le défi majeur à relever demeure donc l'éradication de la pauvreté.  Le Cameroun partage vivement les engagements pris à Bruxelles lors de la troisième Conférence sur les pays les moins avancés en matière sociale, notamment en ce qui concerne le respect des principes et des droits fondamentaux du travail, la nécessité d'investir dans l'infrastructure sociale et renforcer les secteurs de la santé et de l'éducation.


Le Cameroun, a insisté la représentante, est convaincu qu'un développement axé sur l'être humain et mettant l'accent sur la réduction de la pauvreté, la création d'emplois et l'intégration sociale pourraient améliorer les conditions de vie des populations du monde.  Pour être efficaces cependant, les stratégies doivent être globales et accorder une attention particulière aux besoins des femmes et des enfants qui constituent la majorité des plus pauvres de la planète.  Elles doivent également promouvoir et incorporer des politiques tendant à garantir un accès à l'instruction primaire et élémentaire et une meilleure alphabétisation. En dépit des difficultés à concilier les contraintes économiques avec les exigences du développement social, le Cameroun s'est efforcé de faire à ces exigences la part qui leur revient.  Il a été aidé en cela par la mise en place d'un environnement politique favorable, le retour à la croissance, la maîtrise de l'inflation et l'aide des partenaires extérieurs.  Il s'en est suivi un accroissement sensible du taux de scolarisation.  La couverture médicale s'est renforcée avec la création de nombreux centres de santé et d'une Centrale nationale d'approvisionnement en médicaments essentiels.  Quant au taux de chômage, il régresse progressivement. 


Prenant la parole en qualité de représentant de la jeunesse suédoise,

M. MARK KLAMBER (Suède) a abordé la question de la participation des jeunes aux processus nationaux, régionaux et internationaux de prise de décisions.  Il a insisté sur le fait que les jeunes ont souvent eu une influence positive sur la démocratisation de certains pays.  En outre, les jeunes sont le segment de la population le plus affecté par la mondialisation et leur avenir dépend de son évolution et de ses principes d'application.  Il importe par conséquent d'associer les jeunes aux décisions qui les concernent, l'avenir de nos sociétés en dépend, a-t-il dit.  Faisant part de l'expérience de son pays, il s'est félicité de la création de conseils de la jeunesse impliqués dans l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques.  Citant quelques exemples au niveau international, il s'est félicité de la Conférence de l'organisation mondiale de la santé (OMS) sur les jeunes et l'alcool, qui s'est tenue en Suède, cette année.  Estimant que les jeunes peuvent apporter une contribution positive au travail des Nations Unies, il a encouragé les délégations, particulièrement les pays en développement, à inclure des représentants de la jeunesse et a exhorté les États Membres à mettre en oeuvre la Stratégie adoptée à Dakar lors du Forum de la jeunesse. 


Alors que des millions de jeunes vivent actuellement avec le VIH/sida, le représentant s'est ensuite inquiété des menaces que la pandémie fait peser sur la santé des jeunes.  Il a fait valoir l'échec des politiques recommandant l'abstinence et a appelé les gouvernements à favoriser l'information des jeunes, à promouvoir l'usage de préservatifs et à prendre leurs responsabilités pour protéger leur jeunesse.  En dernier lieu, le représentant s'est inquiété de toutes les formes de discrimination et des mutilations génitales que subissent les jeunes filles.  Pour les combattre, il a recommandé que l'on mette l'accent sur l'éducation. 


MME ANZHELA K. KORNELIOUK (Bélarus) a évoqué la transition graduelle de son pays vers une nouvelle société, une transition qui tient compte des droits de l'être humain, essentielle pour que le développement technique moderne puisse être pris en considération.  Il faudra, a indiqué la représentante, créer une économie de marché dotée d'une protection sociale pour tous les groupes de la société.  Il faudra aussi se pencher sur la démographie du pays, en essayant de réduire la mortalité de la population masculine.  Le Bélarus souhaite aussi augmenter les revenus de 80 à 85%.  La représentante a parlé du dynamisme du processus économique dans le pays où toutes les activités ont été renforcées.  Une stratégie a été élaborée pour parvenir, grâce aux réformes, à un minimum de prestations sociales en faveur de tous.  L’aide sociale devrait bénéficier à toute la population.  La représentante a par ailleurs mentionné un taux d'alphabétisation élevé de 98,4%.  Pour réussir, les politiques doivent être coordonnées, a insisté la représentante, tant au niveau national qu'au niveau international.


MME ATSEDE KIDANU (Ethiopie) s'est inquiétée des conséquences de la baisse de l'aide publique au développement et de la dette sur le développement social, particulièrement dans les pays les moins avancés.  Elle a fait valoir qu'à moins d'un renversement de tendance, il sera difficile pour ces pays de trouver les ressources nécessaires pour investir dans le développement social et améliorer leur compétitivité dans le contexte actuel de libéralisation.  Elle a demandé à ce que les pays créditeurs et les institutions financières multilatérales prennent des mesures concrètes visant à l'annulation de la dette ou une nouvelle formulation.  La représentante a ensuite indiqué que les pays en développement

avaient fait le maximum pour lever les obstacles qui entravent leur développement social.  En Éthiopie, a-t-elle observé, ces efforts ont produit des résultats tangibles notamment dans la fourniture des services sociaux de base et dans l'éducation.  Elle a indiqué que les programmes de réduction de la pauvreté visaient à privilégier les femmes et à éliminer les dispositions discriminatoires du droit de la famille. 


En ce qui concerne la jeunesse, la représentante a présenté les programmes de microcrédits destinés à favoriser l'accès des jeunes aux activités génératrices de revenus et à accroître leur participation aux activités de développement.  Elle a fait part des programmes adoptés en faveur des personnes handicapées.  Toutefois, en dépit des efforts accomplis, le pays souffre de sécheresse récurrente et d'une dégradation de son environnement telle qu'elle affecte ses ressources de base dont dépend son développement économique.


M. ARYE GABAY (Israël) a indiqué que sans vouloir ignorer les efforts investis dans l'amélioration de la situation sociale des personnes âgées et des personnes handicapées, il fallait mettre la participation et l'intégration des jeunes au sommet des préoccupations. Ils doivent pouvoir s'exprimer librement et en priorité dans le domaine de l'éducation, celui des droits civiques et des droits de l'homme, a-t-il dit. Ces vingt dernières années, les jeunes de pratiquement tous les pays ont démontré leurs capacités créatrices et innovatrices dans les divers secteurs de la haute technologie.  Ils ont montré qu’ils étaient capables de créer et de diriger des start-up et de trouver, dans leurs ordinateurs, des idées et des marchés générateurs d'emplois et de revenus.  Il serait bénéfique d’inclure davantage de jeunes dans les parlements, dans les administrations et dans les organisations internationales.


La globalisation des économies, loin d'être néfaste aux jeunes, devrait améliorer leur situation, mais encore faudrait-il leur permettre d’accéder plus facilement aux progrès de la science et de la technologie.  L'avenir des pays en développement et des pays les moins développés dépend de la capacité des jeunes d'aujourd'hui à intégrer les technologies de demain. Peut-être serait-il bénéfique d'organiser, à l'exemple des réunions de Davos, des sommets économiques où la jeunesse des pays en voie de développement rencontrerait des jeunes chefs d'entreprises, des jeunes directeurs de la haute technologie et de jeunes spécialistes des communications pour partager leur expérience.


Le représentant s'est par ailleurs référé aux propos quelque peu désobligeants, a-t-il dit, de la représentante syrienne à l'égard de son pays. Elle a parlé, a dit le représentant, des territoires occupés et de la violation des droits de l'homme. Permettez-moi, a poursuivi le représentant, de lui conseiller en ce qui concerne le premier point, de balayer d'abord devant sa porte et quant aux remarques touchant aux droits de l'homme, je pense que la Syrie est le dernier pays dans ce domaine à se poser en donneur de leçons. Il aurait mieux fallu qu'elle parle de négociations, de processus de paix et de coopération régionale, a-t-il ajouté. La promotion de la jeunesse et le développement social s'en porteraient mieux, a-t-il conclu.

MME SONIA F. ELLIOTT (Guyana) a réaffirmé les liens entre le développement social et le développement économique qui constitue le fondement matériel du progrès social.  Elle s'est félicitée du fait que les nouvelles directives pour le développement social et la Déclaration du Millénaire aient réaffirmé l'objectif de réduire de moitié, d'ici à 2015, le nombre de personnes vivant dans une extrême pauvreté.  Abordant ensuite la question des jeunes, la représentante a appuyé le plan proposé par l'UNESCO pour la Décennie de l'alphabétisation et s'est inquiétée du nombre de jeunes qui n'ont pas accès à l'éducation.  Elle s'est également déclarée préoccupée par le nombre de jeunes atteints par la pandémie du VIH/sida et a exhorté la communauté internationale à adopter des politiques multisectorielles dans ce domaine.  Dans la perspective d'une société pour tous, la représentante s'est félicitée de la prochaine tenue à Madrid de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement.


La représentante a ensuite fait part des mesures adoptées par son pays pour favoriser l'accès à l'eau potable et améliorer les services de santé, ainsi que des mesures visant à lutter contre le chômage.  Elle a détaillé diverses initiatives en faveur des groupes les plus vulnérables, notamment les communautés rurales pauvres et les femmes.  En conclusion, elle a encouragé la communauté internationale à envisager le développement social à long terme, en engageant tous les acteurs de la société, notamment la famille.  Elle a également exhorté les pays développés à respecter l'objectif qu'ils se sont fixés de consacrer 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement.  La représentante a demandé que l'on mette l'accent sur la réduction de la pauvreté et s'emploie à trouver des stratégies novatrices dans ce domaine. 


MME ELISHA NICOLE (Bénin), s'est exprimé au nom de plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest pour rappeler que la privatisation et la libéralisation de l'économie ne sont passées nulle part sans frictions. On assiste, a t-elle expliqué, au dépérissement de l'Etat, à la désorganisation de l'administration, toutes choses qui à moyen terme, si rien n'était fait, mettront à mal les Etats, les économies et les sociétés. Il faut, a précisé la représentante, et paraphrasant Theda Scockpol, faire revenir l'Etat. Une décennie après Copenhague et Beijing, malgré les efforts louables qui continuent à se faire, de larges couches de population n'ont toujours pas accès à l'eau potable, ni à l'électricité ou à toute autre forme d'énergie consommable, ni aux soins de santé primaires adéquats.  Il est donc nécessaire de renforcer les capacités de l'État.  De la capacité à régler les problèmes de santé et d'éducation dépendra l'habilité de la région à rattraper le train de la mondialisation et de la globalisation.


Les pays d'Afrique de l'Ouest, a poursuivi la représentante, ont d'énormes difficultés à atteindre le développement social.  Les conflits armés, la pandémie du VIH/sida et autres maladies infectieuses, le travail des enfants, l'analphabétisation et une production agricole en déclin sapent l'énergie de beaucoup de pays.  Il suffit de regarder le rapport du PNUD sur le développement humain, a indiqué la représentante, pour voir que dix pays d'Afrique de l'Ouest figurent parmi les pays les moins développés. Des efforts sont entrepris, mais il faut que la communauté internationale augmente son soutien économique.  Les chefs d'Etat de l'Afrique de l'Ouest et d'autres leaders africains ont décidé à Lusaka (Zambie) d'orienter l'Afrique sur une nouvelle voie. Cette initiative contient notamment un plan d'action concernant les secteurs clefs de la santé, de l'éducation, et de la maîtrise du VIH/sida.


Les chances de réduire de moitié d'ici à 2015 la proportion des personnes vivant dans l'extrême pauvreté sont quasi nulles. Les difficultés économiques ont un dangereux impact sur le tissu social, a indiqué la représentante. La famille, institution la plus solide que nous possédions, a-t-elle ajouté, est en train d'être touchée à son tour. Des parents placent leurs enfants auprès de connaissances ou auprès d'inconnus pour leur éviter les affres de la misère. Les personnes âgées jadis chéries le sont de moins en moins, a observé la représentante, et les jeunes couches de nos populations sont des chômeurs et des diplômés sans emploi.  Le Bénin tient à être étroitement associé aux préparatifs du dixième Anniversaire de l'Année internationale de la famille car les valeurs de la famille, a conclu la représentante, sont celles qui ont soutenu maintenu ces sociétés malgré les terribles difficultés qu'elles ont traversées.


MME HELENA RAJAONARIVELO (Madagascar) a regretté que la mondialisation, les nouvelles technologies de l'information et de la communication, les programmes d'ajustement structurel, y compris les politiques de libéralisation, aient conduit à la dégradation des services sociaux dans les pays les moins développés.  Elle a espéré que la prochaine conférence mondiale sur le financement du développement permettra de répondre de façon plus objective et plus concrète aux attentes de la communauté internationale.  Reconnaissant qu'il appartient en premier lieu au gouvernement de promouvoir le développement, elle a toutefois estimé que la coopération internationale était indispensable et qu'il s'avérait urgent que l'aide publique au développement soit révisée à la hausse.  Il faudrait en outre songer à l'annulation totale de la dette des pays les plus pauvres, a-t-elle déclaré. 


La représentante a ensuite expliqué que le programme de son pays met l'accent sur la réduction de la pauvreté.  Malgré les bons résultats économiques récents et la restructuration des services sociaux de base, Madagascar continue d'être confronté aux problèmes de la paupérisation qui se transmet de générations en générations.  Elle s'est également inquiétée du taux élevé d'analphabètes entre 10 et 14 ans, ce qui illustre le faible succès des programmes mis en oeuvre.  Pour pallier ces problèmes, Madagascar a décidé de porter une attention plus particulière au milieu rural et de prendre des mesures dans les secteurs tels que l'alimentation en eau et les infrastructures de base.  En ce qui concerne le développement des services essentiels de base, le Gouvernement s'efforce d'élargir les filets de sécurité au bénéfice des couches les plus vulnérables de la population.  Il s'efforce aussi d'améliorer le fonctionnement des centres de soins de base et de mener des campagnes de sensibilisation contre les maladies sexuellement transmissibles, notamment le VIH/sida.  Le Gouvernement s'attache également à tirer le meilleur parti des partenariats avec les organisations non gouvernementales en vue d'élargir les programmes sociaux, notamment les programmes de réinsertion sociale.  En vue d'améliorer le cadre institutionnel, la représentante a fait valoir que son Gouvernement avait mis en place des régions autonomes et s’était attaché à améliorer la gestion des affaires publiques.  En conclusion, elle a remercié le Gouvernement d'Espagne qui accueillera la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement.


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