AG/DSI/279

LES DELEGATIONS REGRETTENT LES LENTEURS DANS L’APPLICATION DES

11/10/2001
Communiqué de presse
AG/DSI/279


Première Commission

7e séance – après-midi


LES DELEGATIONS REGRETTENT LES LENTEURS DANS L’APPLICATION DES

RECOMMANDATIONS DE LA CONFERENCE D’EXAMEN DU TNP


De nombreux Etats ont, cet après-midi, regretté le manque d’empressement des Etats parties au TNP à appliquer les 13 mesures adoptées lors de la Conférence d’examen du traité en mai dernier.  Ces critiques ont été formulées dans le cadre du débat général de la Commission du désarmement et de la sécurité internationale.  Ces mesures portent notamment sur l’élimination des arsenaux nucléaires; la fourniture de garanties négatives de sécurité aux Etats qui ne sont pas dotés d’armes nucléaires; le non-recours à l’arme nucléaire en premier et la désactivation de l’état d’alerte.  Les délégations ont relevé l’absence d’un calendrier effectif de désarmement, le maintien des doctrines de dissuasion, la consolidation et l’amélioration des arsenaux nucléaires. 


Certains intervenants ont lié le succès des efforts de désarmement nucléaire à l’instauration d’un contexte général propice à la paix.  Ainsi, pour le représentant de Singapour, le désarmement ne peut pas être obtenu dans le vide.  Tant que les conditions de sécurité, y compris le développement socioéconomique, ne seront pas réunies, le désarmement ne mènera pas à la paix.  Les efforts de désarmement, pour mener à une plus grande confiance entre les capitales, doivent également tenir compte des particularismes de chaque Etat. Le représentant du Qatar a plaidé en faveur d’une offensive diplomatique des pays qui exercent un poids politique sur la nature des relations dans le monde.  Il a également souligné l’importance de tisser des liens économiques qui viendront renforcer les liens politiques.


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Kazakhstan, Qatar, Singapour, République-Unie de Tanzanie, Cambodge, Burkina Faso, Australie, Paraguay et Nigéria.


Le débat général de la Première Commission se poursuivra demain vendredi 12 octobre, à 10 heures.


DEBAT GENERAL SUR TOUS LES POINTS RELATIFS AU DESARMEMENT ET A LA SECURITE INTERNATIONALE


MME MADINA B. JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a rappelé que son pays avait adhéré en 1993 au TNP et que, depuis le retrait de son territoire des ogives nucléaires en avril 1995 et la fermeture du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk, le Kazakhstan est devenu un Etat non nucléaire.  Elle a annoncé ensuite que le Kazakhstan ratifiera le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) avant la tenue cet automne de la Conférence de facilitation de son entrée en vigueur.  Elle a rappelé que son pays avait accueilli, les 29 et 30 août 2001 à Almaty, une Conférence sur la création d’un monde libéré de l’arme nucléaire au XXIème siècle avant de mentionner la ratification, le 11 juillet 2001, par le Kazakhstan du Mémorandum au Traité ABM.  Elle a ensuite souhaité que la Conférence du désarmement puisse reprendre prochainement ses travaux sur le lancement de la négociation d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles pour les armes nucléaires.  Elle a également souhaité que les discussions portant sur les autres armes de destruction massive telles que les armes chimiques et biologiques progressent.  Elle a rappelé que le Kazakhstan a ratifié en 1999 la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et qu’il s’apprête à accéder à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques.


Rappelant que son pays avait décrété, en 1994, un moratoire unilatéral sur l’exportation et la ré-exportation et le transit des mines antipersonnel, la représentante a salué les avancées réalisées dans l’application de la Convention d’Ottawa.  Elle a mis en avant la nécessité d’assurer plus de transparence dans la gestion des armes classiques en incitant les Etats à inscrire les données nationales au Registre des Nations Unies.  Elle a également constaté les progrès dans la lutte contre le commerce illicite des armes légères lors de la Conférence de juillet, appelant les Etats à coopérer aux niveaux national, régional et international pour mettre en œuvre le Programme d’action.  Elle a enfin réitéré l’appel lancé en 1992 par le Kazakhstan pour la tenue d’une conférence sur les mesures de confiance en Asie centrale et annoncé qu’en novembre, 16 chefs d’Etat et de gouvernement de la région devraient signer l’acte d’Almaty par lequel ils s’engagent à renforcer leur coopération sur les questions importantes de sécurité régionale.  


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a souhaité que les efforts visant la création de zones exemptes d’armes nucléaire soit encouragés.  Nous continuons de demander la création d’une zone de ce type au Moyen- Orient.  Malheureusement, Israël refuse de signer les traités pertinents, notamment le TNP.  Nous demandons à la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu’il place ses installations sous le système de garanties de l’AIEA.  Le représentant a également demandé à tous les  Etats disposant d’une capacité nucléaire d’adhérer aux traités pertinents.  Il est regrettable que malgré les appels lancés par la communauté internationale pour empêcher la prolifération des armes nucléaires, certains Etats poursuivent leurs efforts pour consolider et améliorer leurs arsenaux.  Le meilleur moyen de mettre un terme à la course aux armements est de régler les problèmes politiques dans le monde et d’encourager les Etats à régler leurs différends par la voie pacifique.  La confiance doit être consolidée entre les gouvernements.  Les pays qui exercent un poids politique sur la nature des relations dans le monde devraient exercer leur influence.  Il est également important de tisser des liens économiques qui viendront renforcer les liens politiques.


M. ERIC CHONG (Singapour) a soutenu l’élaboration de cadres multilatéraux pour réglementer les efforts de désarmement.  Nous devons comprendre toutefois qu’un régime de contrôle des armements réussi ne correspond pas à l’équation “moins = mieux”.  Malheureusement, tant que nous vivrons dans un monde imparfait, les Etats auront besoin d’assurer leur propre défense. Ce droit ne peut pas être compromis.  Au même moment, nous devons réaliser que le désarmement ne peut pas être obtenu dans le vide.  Tant que les conditions de sécurité, y compris le développement socioéconomique, ne seront pas réunies, le désarmement ne mènera pas à la paix.  Les efforts de désarmement poursuivis sans tenir compte des particularismes de chaque Etat, ne mèneront pas non plus à une plus grande confiance entre les capitales.


Nous ne devons pas cesser nos négociations mais nous devons adopter une approche plus flexible et plus globale.  Nous devons être prêts à mettre au défi nos propres paradigmes de sécurité et redéfinir nos priorités pour nous atteler au désarmement et à la non-prolifération des armes de destruction massive.  Le désarmement nucléaire échappe depuis des années aux négociateurs tandis que certains traités comme la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et celle sur l’interdiction des armes biologiques n’ont toujours pas été universellement ratifiés.  Nous appelons instamment à l’élimination totale des armes de destruction massive.


M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a condamné les attaques terroristes du 11 septembre, rappelant que son pays avait été victime, en 1998, d’une attaque perpétrée par le même groupe terroriste.  Il a déclaré que le désarmement nucléaire demeure une priorité pour la communauté internationale, soulignant le danger que représentent ces armes de par leur puissance destructrice.  Il a regretté le manque d’engagement de la part des Etats nucléaires de s’entendre sur un calendrier effectif de désarmement et regretté que certains d’entre eux persistent à maintenir une doctrine de dissuasion. Le représentant a ensuite demandé aux Etats nucléaires d’engager des négociations sur un accord contraignant aux mesures de confiance qu’ils doivent apporter aux Etats non-nucléaires. Il a souligné l’importance de la création des zones exemptes d’armes nucléaires.  Il a insisté sur la nécessité d’éliminer les autres armes de destruction massive telles que les armes biologiques et les armes chimiques.  Il a souhaité à ce titre que la prochaine Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques parvienne à un consensus sur un protocole de vérification. 


Reconnaissant le succès de la Conférence de juillet dernier sur le commerce illicite des armes légères, le représentant a regretté que le Programme d’action, qui constitue toutefois un pas décisif, ne contienne pas de mesure interdisant la fourniture d’armes à des entités non étatiques.  Il a enfin salué les progrès enregistrés dans la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa.  


M. SUN SUON (Cambodge) a plaidé en faveur d’une nouvelle vision des questions de désarmement qui repose sur des accords mutuels.  Cette vision, a-t-il précisé devrait refléter le désir de l’humanité de concentrer ses efforts à la promotion de la paix, du développement et du progrès social.  Le dialogue récent qui s’est instauré sur les questions de désarmement et en particulier au sujet du projet de défense antimissile devrait permettre d’aplanir les différences et ouvrir la voie au maintien de la paix et de la sécurité.  Nous soulignons toutefois l’importance du Traité ABM et attendons la mise en œuvre de START II


ainsi que l’ouverture des négociations START III.  Il est également essentiel d’appliquer les mesures adoptées lors de la Conférence d’examen du TNP. 

Nous appelons par ailleurs les Etats qui ne l’ont pas fait, en particulier les Etats dotés de capacités nucléaires, à accéder au CTBT/TICEN. 


S’agissant des armes légères, le représentant a accueilli favorablement les résultats de la Conférence sur le commerce illicite de ce type d’armes qui constitue une première étape.  Bien que le Programme d’action n’ait pas été à la hauteur de nos attentes, il fournit des directives pratiques pour une action de la communauté internationale aux niveaux national, régional et international.  Le Cambodge a détruit 50 % d’armes de ce type lors de la cérémonie de la “Flamme de la paix”.  Le représentant a attiré l’attention sur le nombre croissant de rapports faisant état de l’utilisation de mines antipersonnel.  Malgré certains progrès depuis l’entrée en vigueur de la Convention d’Ottawa, les mines continuent de menacer de nombreux pays et sapent les efforts de développement économique et social.  L’universalité de la Convention et une assistance financière accrue sont indispensables.  Le représentant s’est également dit en faveur de mesures de confiance au niveau régional comme la transparence dans le domaine des armements et la réduction des arsenaux d’armes classiques.  Il a par ailleurs demandé que se poursuive le processus de consultations entre les pays membres de la Zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est et les Etats dotés d’armes nucléaires pour que ces derniers accèdent au Protocole du Traité de Bangkok.


M. JOHN DAUTH LVO (Australie) a déclaré que l’on ne pouvait plus prétendre aujourd’hui que les groupes terroristes ne sont pas prêts à utiliser des armes nucléaires, chimiques ou biologiques et rappelé qu’il restait encore beaucoup à faire pour parvenir à l’élimination de ces armes.  Faisant référence aux conclusions de la Conférence d’examen des Etats parties au TNP, le représentant a souhaité que les progrès enregistrés à cette réunion soient suivis de résultats concrets.  Il a souhaité que les Etats nucléaires respectent leurs engagements et que les Etats non nucléaires s’emploient pour leur part à renforcer le régime de non-prolifération.  Appelant les Etats qui ne l’ont pas fait à signer et ratifier le TICEN, il a demandé que le moratoire sur les essais nucléaires soit prorogé jusqu’à son entrée en vigueur.  Le représentant a regretté que la Conférence du désarmement n’ait pas progressé sur le lancement de négociations visant la conclusion d’un traité sur l’interdiction des matières fissiles à des fins nucléaires, proposant que dans l’attente d’un tel traité, les Etats décident d’un  moratoire. 


S’agissant de l’interdiction des armes chimiques et biologiques, M. Dauth Lvo a demandé aux Etats qui ne l’ont pas fait d’accéder à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, tandis qu’il a regretté le manque d’accord sur un protocole d’application à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques.


Il a indiqué que son pays mettra en œuvre les 85 mesures et recommandations contenues dans le Programme d’action adopté en juillet par la Conférence sur le commerce illicite des armes légères, tant au niveau national qu’à l’échelle régionale.  Il a ensuite plaidé en faveur de l’adhésion universelle à la Convention d’Ottawa, précisant que l’Australie coopère avec les Etats parties d’Asie du Sud-Est pour mettre en œuvre des programmes de destruction des stocks.  Se félicitant du fait que l’Ambassadeur pour le désarmement de l’Australie ait été désigné Président de la seconde Conférence d’examen de la Convention sur certaines armes classiques produisant des effets traumatiques excessifs qui se tiendra en décembre prochain, il a souhaité la pleine coopération de tous les Etats afin que cet instrument ait une portée universelle.  Dans le cadre des mesures de non-prolifération des armes de destruction massive, le représentant a souligné que l’Australie accorde une importance à la conclusion d’un code de conduite international contre la prolifération des missiles balistiques et a suggéré que le projet de code qui circule en ce moment soit entériné lors d’une conférence d’adoption en 2002. 


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a indiqué qu’il était évident que les initiatives pour un désarment général et complet ne pourront aboutir que dans un climat international serein et propice à la confiance; en d’autres termes respectueux des obligations des accords et arrangements internationaux.  Malheureusement, la prolifération des armes légères est en recrudescence, particulièrement en Afrique.  Il est regrettable que la Conférence des Nations Unies sur cette question ait achoppé sur des problèmes fondamentaux comme la vente d’armes à des groupes non étatiques.  La réglementation des mines demeure tout autant critique.  Par exemple, dans beaucoup de pays en développement, les mines constituent un frein à l’exploitation agricole et à d’autres activités socioéconomiques. 


S’agissant des armes nucléaires, les espoirs suscités par le Traité ABM deviennent presque illusion face à la volonté affichée de certains Etats de le dénoncer; le processus START et la Conférence du désarmement s’enlisent.  Parmi les solutions à préconiser figure le renforcement des Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement, en particulier celui du Togo qui couvre la région Ouest-africaine.


M. ALADIO LOIZAGA (Paraguay) a encouragé la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour contrôler et éliminer toutes les armes qui menacent la paix et la sécurité internationales et peuvent être utilisées par des terroristes.  Il a souhaité que l’on redouble d’efforts pour contrôler la prolifération des armes classiques sans pour autant oublier le risque que des terroristes n’utilisent des armes nucléaires, chimiques ou biologiques.  Il a jugé indispensable de renforcer le cadre juridique qui règlemente la prolifération des armes de destruction massive, appelant les Etats à accéder au plus vite au TICEN récemment ratifié par le Paraguay.  Il a considéré ensuite que le TNP doit pouvoir susciter l’adhésion de toute la communauté internationale.  Il a ajouté que le Paraguay a pris toutes les mesures pour renforcer la confiance dans son espace sous-régional, en adhérant au Traité de Tlatelolco qui crée une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine.


Il s’est dit préoccupé par la prolifération des armes légères et a indiqué que son gouvernement a déposé un projet de loi devant le Parlement qui prévoit des mesures de répression contre le commerce et le trafic illicite de ces armes légères.  Rappelant que le Paraguay ne produit pas d’armes légères, le représentant a précisé que son pays a réduit ses importations.


M. ENNY E. ONOBU (Nigéria) a déclaré que suite aux événements tragiques du 11 septembre, il est urgent d’oeuvrer à l’élimination des armes de destruction massive.  Il a ajouté que l’humanité a pris conscience ces dernières semaines du danger que représenterait la possession, par des terroristes, d’armes nucléaires, chimiques ou biologiques.  S’il est bien un domaine dans lequel la communauté internationale doit agir de concert et parler d’une seule voix, a-t-il dit, c’est celui du désarmement et de la sécurité internationale, car les menaces n’ont pas diminué et les progrès restent limités.  Le représentant a rappelé certaines des mesures convenues lors de la Conférence d’examen des Etats parties au TNP de mai 2000, entre autres celles relatives aux assurances négatives pour les Etats non nucléaires.  Il s’est félicité des progrès réalisés, au niveau bilatéral, entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie sur la réduction de certains de leurs arsenaux nucléaires, souhaitant que ces propositions se concrètisent dans l’adoption d’un accord.  Il s’est inquiété ensuite de la controverse sur le développement et le déploiement de systèmes nationaux de défense antimissiles, réaffirmant l’attachement du Nigéria au Traité ABM qui est une garantie au maintien de la stabilité internationale.  Il a demandé aux Etats de s’abstenir de toute initiative pouvant relancer la course aux armements.  Rappelant que le Nigéria était, depuis 1960, à l’avant-garde de la lutte contre les essais nucléaires, il a estimé que le TICEN et les garanties de l’AIEA constituent un ensemble de mesures pragmatiques pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a rappelé que, lors du Sommet du Millénaire, le Président Obasanjo a signé le TICEN et déposé les instruments de ratification auprès du Secrétaire général. 


Le représentant a ajouté que le Nigéria a adhéré aux Conventions sur l’interdiction des armes chimiques et biologiques et à la Convention d’Ottawa.  Il a également mentionné la ratification par son pays du Traité de Pelindaba instituant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique et rappelé que ces zones contribuent à la promotion du désarmement et de la confiance à l’échelle régionale.  Il a ajouté que ce traité traduit la volonté des pays africains de disposer de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  S’agissant de la Conférence de juillet sur le commerce illicite des armes légères, le représentant a souhaité que les mesures contenues dans le Programme d’action et qui sont de nature à contribuer efficacement à l’éradication de cette menace soient appliquées.  Il a appuyé la création d’un fonds chargé d’assister les Etats dans la mise en oeuvre de ce programme d’action et exhorté les gouvernements à échanger des informations sur les sytèmes de marquage.  Il a enfin souhaité que la question du transfert des armes à des entités non étatiques soit prise en compte, soulignant l’impact de ces transferts sur la sécurité. 


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