En cours au Siège de l'ONU

AG/AB/660

UNE AMELIORATION FINANCIERE DURABLE PASSE PAR LE PAIEMENT EN INTEGRALITE ET EN TEMPS VOULU DES CONTRIBUTIONS DE TOUS LES ETATS MEMBRES

17/10/2001
Communiqué de presse
AG/AB/660


Cinquième Commission

11e séance - matin


UNE AMELIORATION FINANCIERE DURABLE PASSE PAR LE PAIEMENT EN INTEGRALITE

ET EN TEMPS VOULU DES CONTRIBUTIONS DE TOUS LES ETATS MEMBRES


“Nous demeurons pleinement engagés à régler notre dette envers l’Organisation”, a déclaré le représentant des Etats-Unis, ce matin à la Cinquième Commission (administrative et budgétaire) qui procédait à son débat sur l’amélioration de la situation financière, dont le Secrétaire général adjoint à la gestion, M. Joseph Connor, avait donné un aperçu mercredi dernier.  Le représentant a précisé que les 582 millions de dollars au titre du paiement d’arriérés aux opérations de maintien de la paix, seront remis à l’ONU d’ici au 9 novembre prochain, ajoutant que pour cette année, tous budgets confondus, son pays avait déjà versé 621 millions de dollars.  Il a prévenu toutefois que les bonnes nouvelles données la semaine dernière par M. Connor ne devaient pas signifier que l’on abandonne la discipline budgétaire adoptée depuis quelques années.  Il faut continuer en effet de respecter les priorités budgétaires et adopter une approche critique concernant les domaines où le travail peut être plus efficace et plus productif.  Une position partagée par plusieurs autres délégations, dont la République de Corée, pour qui si les Etats Membres ont bien la responsabilité d’assurer la solvabilité de l’Organisation, l’Administration doit, de son côté, faire en sorte que sa structure et ses activités soient plus rationnelles, plus efficaces et mieux organisées. 


Tout en se félicitant des progrès, nombreux ont été les intervenants à se demander s’ils signifiaient pour autant la fin de la crise financière de l’Organisation, surtout à l’heure où elle est appelée à s’engager encore plus avant sur la scène de la paix et de la sécurité internationale.  Ainsi pour le représentant de Singapour, le paiement d’une partie des arriérés américains n’est peut-être “qu’une nouvelle couche de peinture cachant les craquelures”.  Ils ont justifié leur inquiétude par le fait que le niveau des impayés demeure très élevé, en dépit des versements américains, et par les difficultés récurrentes que l’Organisation continue de rencontrer en matière de trésorerie, en raison de paiements effectués tardivement dans l’année.  Pour tous, il n’est qu’une solution possible : que tous les Etats Membres s’acquittent de leurs obligations financières à l’égard de l’ONU, en totalité et en temps voulu.  Notant que les indicateurs actuels démontrent que, financièrement, l’ONU reste largement tributaire d'un petit nombre de grands contributeurs qui s'accordent des délais de paiement et opèrent des arbitrages financiers défavorables à l'Organisation, le représentant de l’Union européenne a jugé aussi nécessaire d'appliquer un ensemble de mesures pour encourager le paiement prompt, intégral et sans conditions des contributions.


Cette discipline retrouvée permettrait à l’Organisation non seulement de disposer d’une base financière solide pour fonctionner, mais de rembourser les Etats Membres contributeurs de troupes et de matériel aux opérations de maintien de la paix, ont insisté un grand nombre d’intervenants, en tête desquels celui du Groupe des 77 et de la Chine.  Malgré les versements importants attendus dès réception du chèque américain, ainsi que confirmé encore ce matin par M. Connor, les délégations ont déploré les effets néfastes de l’irrégularité des remboursements principalement sur les pays en développement, qui ont pourtant consenti d’importants sacrifices en décembre dernier lors de la révision des barèmes des quotes-parts.  Elles ont insisté pour que le processus de remboursement soit équitable et repose sur des critères objectifs, notamment en matière de certification des demandes de remboursement.


Les représentants des pays suivants ont pris la parole : République islamique d’Iran (au nom du Groupe des 77 et la Chine), Belgique (au nom de l’Union européenne et des Etats associés), Nouvelle-Zélande (au nom du Groupe CANZ), Etats-Unis, Pakistan, Norvège, Singapour, Philippines (au nom de l’ANASE), Indonésie, Maroc, Fédération de Russie, Chine, République de Corée, Bangladesh, Kenya, Cuba, et Thaïlande.


Cet après-midi, la Commission poursuivra son débat sur le projet de

budget-programme pour l’exercice biennal 2002-2003 qui lui a été présenté lundi

15 octobre par le Secrétaire général.


Amélioration de la situation financière de l’Organisation des Nations Unies

(point 129)


      L’exposé du Secrétaire général adjoint à la gestion sur ce point, présenté dans notre communiqué AG/AB/654 en date du 10 octobre 2001, est désormais disponible sous forme de document officiel, sous la cote A/56/464.


Débat


M. BAGHER ASADI (République islamique d’Iran), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait observer d’emblée que la question de l’amélioration de la situation financière de l’ONU était l’un des points les plus importants que la Commission ait à traiter.  Il a ensuite insisté sur l’obligation qui incombe à tous les Etats Membres de s’acquitter de l’intégralité de leurs quotes-parts.  Ce faisant, il est essentiel toutefois de considérer avec sympathie ceux des Etats qui ne sont pas en mesure de payer en raison de circonstances exceptionnelles.  Il a  précisé que les informations, fournies mercredi dernier par M. Connor, concernant les versements des Etats-Unis à la fin de l’année ne sont que des prévisions et il a demandé à avoir des précisions supplémentaires sur les sources de ces informations, ajoutant que les paiements en question devaient être effectués sans conditions.  Le Groupe des 77 s’inquiète de la situation de trésorerie pour le dernier quart de l’année, qui prévoit un déficit de plus de 100 millions de dollars.  Comment le Secrétariat entend-il faire face à cette situation sans recourir à des emprunts croisés?  Il a insisté pour que tous les contributeurs, notamment les plus importants, s’acquittent de tous leurs arriérés et ce sans conditions.


Le Groupe des 77 et la Chine s’inquiète de l’irrégularité des remboursements de l’Organisation envers les Etats Membres contributeurs de troupes et de matériel.  Il faudrait apporter une assistance temporaire à ces pays, principalement ceux qui sont en développement et qui sont ainsi placés dans une situation difficile.  M. Asadi a en outre demandé des informations sur toutes les demandes de remboursement qui n’ont pas encore été certifiées.  Le processus de remboursement doit être équitable et reposer sur des critères objectifs, a-t-il insisté.  Ce faisant, le Groupe des 77 et la Chine continuera de participer aux efforts collectifs visant à améliorer la situation financière de l’Organisation.


M. JEAN DE RUYT (Belgique), s'exprimant au nom de l'Union européenne, de la Bulgarie, de l'Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Pologne, de la République tchèque, de la Roumanie, de la Slovaquie, de la Slovénie, de Chypre, de Malte et de la Turquie, a noté les efforts du Gouvernement des Etats-Unis pour honorer l'engagement qu'il avait pris suite à la réduction de son plafond de contribution de 25 à 22 % du budget ordinaire.  Il reste cependant beaucoup d'étapes à franchir avant que la question des arriérés ne soit réglée, a-t-il poursuivi, faisant remarquer que la situation reste précaire, avec un total d'arriérés tous budgets confondus approchant les 3,9 milliards de dollars au

30 septembre, soit 800 millions de plus que l'année dernière.  Les impayés aux budgets des tribunaux internationaux sont supérieurs de 31 % à ceux de l'année précédente à la même date, tandis que ceux aux opérations de maintien de la paix ont atteint le chiffre record d'environ 3,3 milliards de dollars.  Le représentant a fait observer que les indicateurs actuels démontrent que la situation financière des Nations Unies reste largement tributaire d'un petit nombre de grands


contributeurs qui s'accordent des délais de paiement et opèrent des arbitrages financiers défavorables à l'Organisation.  Il est donc nécessaire d'appliquer un ensemble de mesures pour encourager le paiement prompt, intégral et sans conditions des contributions, a-t-il ajouté.  Il a conclu en se félicitant de ce que les projections financières favorables au 31 décembre 2001 permettraient aux Nations Unies de diminuer leur dette à l'égard des pays contributeurs de troupes de 917 millions à 422 millions de dollars.


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande), s'exprimant au nom de l'Australie et du Canada (Groupe CANZ), s'est félicité de ce que, selon les prévisions d'ici à la fin de l'année, les contributions des Etats Membres atteindront 4,7 milliards de dollars, un niveau inégalé, et celles des Etats-Unis 1,6 milliards de dollars.  Il a cependant fait remarquer que ces chiffres sont encore incertains car fondés sur les engagements des Etats Membres et que des finances saines reflètent l'engagement politique des Etats.  A cet égard, il a exhorté les Etats Membres à s'acquitter de leurs contributions ponctuellement, intégralement, et sans conditions et s'est inquiété de ce que le nombre de pays qui se sont acquittés de leurs contributions soit passé de 131 l'année passée à 124 cette année.  Le représentant a fait observer qu'en ces temps difficiles, la même rigueur en termes d'efficacité et de ponctualité devrait s'appliquer au Secrétariat, et notamment à son système de facturation.  Par exemple, la fenêtre de paiement des 30 jours pour le paiement des contributions au titre du maintien de la paix pourrait être plus facilement respectée si le Secrétariat donnait un calendrier des mises en recouvrement, a-t-il expliqué.  Le représentant a également regretté que pour les nouveaux mandats de maintien de la paix, il faille parfois attendre deux mois avant que les factures soient envoyées aux Etats Membres.


M. PATRICK KENNEDY (Etats-Unis) a rappelé que les négociations de décembre dernier sur le barème des quotes-parts pour la répartition des dépenses de l’Organisation ont été véritablement historiques et ont témoigné de l’engagement collectif de tous les Etats Membres en vue de permettre à l’Organisation de fonctionner sur une base financière solide.  Nous avons désormais la possibilité et la responsabilité d’alimenter cet esprit afin que l’ONU puisse exécuter ses mandats vitaux et aider les citoyens du monde, a encouragé le représentant.  Il a ajouté que l’engagement américain en ce sens est ferme et que son pays tire une véritable fierté d’être le plus grand contributeur de l’Organisation depuis sa création.  Sur ce point, M. Kennedy a rappelé que l’an dernier les Etats-Unis ont effectué des contributions de l’ordre de 2,8 milliards de dollars pour l’ensemble du système des Nations Unies.  Pour cette année, les versements américains devraient être de plus de 3 milliards de dollars.  Pour 2001, la contribution américaine au Programme alimentaire mondial atteint, par exemple, d’ores et déjà, plus d’1 milliard de dollars, soit la plus grande contribution jamais réalisée par un gouvernement à une institution du système.


“Nous demeurons pleinement engagés à régler notre dette à l’Organisation”, a poursuivi le représentant, avant de rappeler que le Président Bush a signé la semaine dernière la loi libérant les 582 millions de dollars en paiement d’arriérés aux opérations de maintien de la paix, attendus depuis longue date.  Cette somme devrait être remise à l’ONU d’ici au 9 novembre prochain et devrait permettre des remboursements substantiels aux Etats Membres contributeurs de troupes et de matériel.  Au total, les contributions américaines pour cette année,


tous budgets confondus, s’élèvent à 621 millions de dollars.  M. Kennedy s’est ensuite réjoui des bonnes nouvelles données la semaine dernière par M. Connor. Cela ne signifie pas toutefois que l’on puisse abandonner la discipline budgétaire, a-t-il averti.  Il faut continuer en effet de respecter les prioritaires budgétaires et adopter une approche critique concernant les domaines où le travail peut être plus efficace et plus productif, comme les services de conférence, le Département de l’information et les activités liées aux technologies de l’information.


M. AIZAZ AHMAD CHAUDHRY (Pakistan) a qualifié de “positive” l’évolution de la situation financière présentée par M. Connor et a souhaité qu’elle se poursuive jusqu’à ce que l’Organisation soit tout à fait stable d’un point de vue financier.  Le représentant s’est réjoui des remboursements envisagés en faveur des pays contributeurs de troupes et de matériel.  Il est satisfaisant de voir que cette question est désormais prioritaire.  Il est aussi à souhaiter qu’à l’avenir il ne sera plus recouru à la pratique des emprunts croisés, qui a largement contribué aux retards dans les remboursements aux contributeurs aux activités de maintien de la paix.  M. Chaudhry a fait remarquer que les efforts consentis en fin d’année dernière concernant le barème des quotes-parts demeureront vains si tous les Etats Membres, sans exception, ne s’acquittent pas de leurs obligations financières envers l’Organisation, en totalité, à temps et sans conditions.  


Mme ANNE MERCHANT (Norvège) s'est inquiétée de ce qu'au 31 décembre 2001, les Etats Membres soient encore redevables de 1,799 milliards de dollars, dont 1,538 milliards au titre du maintien de la paix.  Elle s'est également inquiétée de ce que seulement 122 Etats Membres aient payé leur contribution au 30 septembre 2001, rappellant que la situation de trésorerie est chroniquement en déficit.  Cela n'est pas encourageant, a ajouté la représentante.  De plus, si le budget ordinaire stagne depuis 1994, nous sommes conscients de l'augmentation considérable des contributions au titre du maintien de la paix, a-t-elle continué, et il est indispensable que nous soyons à la hauteur de nos engagements et de notre responsabilité collective.  Pour cette raison, elle a demandé aux Etats Membres de s'acquitter de leurs obligations au titre de la Charte et de payer à temps et intégralement de leurs contributions.


M. CHEONG MING FOONG (Singapour) s'est félicité de la restauration de la stabilité et de la flexibilité financière de l'Organisation.  Mais nous devons nous demander si après le paiement attendu des arriérés la situation de trésorerie sera vraiment résolue, a-t-il dit, ou s'il s'agit "d'une nouvelle couche de peinture qui ne fait que cacher les craquelures".  Nous pensons que ces mesures n'ont qu'un effet provisoire et que la situation sur le long terme ne s'est pas améliorée, a indiqué le représentant, regrettant que le déficit du second semestre soit présent de façon chronique, du fait que des Etats Membres ne s'acquittent pas de leurs contributions, ce qui pousse l'Organisation à recourir à la pratique des emprunts croisés.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, il est perturbant de noter que les contributions impayées s'élèveront encore à 1,8 milliards de dollars à la fin de l'année, et que la moitié de cette somme est due par le plus gros contributeur qui conteste une partie considérable de cette somme. Il est donc prématuré de parler de retour à la stabilité financière.  Ceci est d'autant plus inquiétant à l'heure où l'Organisation est appelée à s'engager plus avant sur la scène de la paix et de la sécurité internationales, notamment au niveau de la lutte contre le terrorisme et en Afghanistan, a conclu le représentant.


Mme MARIA ROSARIO AGUINALDO (Philippines), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), s’est réjouie de l’annonce récente du versement par les Etats-Unis de 582 millions de dollars, au titre du règlement partiel de leurs arriérés.  Ce développement modifie sensiblement le profil des tableaux financiers présentés ces dernières années par le Secrétariat.  Toutefois, avec des contributions non acquittées estimées à 1,8 milliards de dollars, la situation financière de l’Organisation demeure critique.  L’ANASE est préoccupée par la poursuite de la crise financière qui sape la capacité de l’Organisation à exécuter pleinement et de manière efficace les programmes et mandats prescrits par les Etats Membres.  Les pays de l’ANASE sont aussi préoccupés par les difficultés de trésorerie constantes enregistrées par le budget ordinaire, qui poussent l’Organisation à procéder à des emprunts croisés à partir des fonds destinés au maintien de la paix.  La seule solution en la matière est que tous les Etats Membres s’acquittent pleinement et en temps voulu de leur contribution.


Mme DEWI SAVITRI WAHAB (Indonésie) s’est félicitée des faits positifs présentés mercredi dernier par M. Connor, notamment en matière des contributions totales recouvrées et du paiement des arriérés américains.  Cela devrait permettre à l’Organisation de rembourser une partie importante de ses dettes envers les pays contributeurs de troupes.  Cela devrait aussi contribuer à renforcer la confiance des Etats Membres envers l’ONU.  Toutefois, la situation financière demeure critique, en raison principalement des problèmes récurrents de trésorerie dus aux paiements tardifs, dans l’année, des contributions de certains Etats Membres.  L’Indonésie estime néanmoins qu’il faut faire preuve de compréhension à l’égard des pays qui ont l’intention de s’acquitter de leur quote-part mais ne sont pas en mesure de le faire parce qu’ils sont victimes de circonstances exceptionnelles.


M. OMAR KADIRI (Maroc), s'associant à la déclaration de l'Iran, a déclaré accueillir favorablement la déclaration de M. Connor concernant la stabilité financière de l'Organisation.  Il est certes satisfaisant de voir que les contributions atteignent des niveaux inégalés, a-t-il poursuivi, ajoutant cependant que la situation financière de l'ONU continue de constituer un sujet de préoccupation pour sa délégation.  Il a demandé que les Etats Membres paient leurs contributions à temps, intégralement et sans conditions, tout en insistant pour que les difficultés économiques des pays en développement soient prises en considération.  Enfin, le représentant a déclaré que le retard dans les paiements faits aux pays contributeurs de troupes est problématique et compromet leur capacité future à s'engager dans les opérations de paix.  Il s'est de même inquiété des demandes de certification requises pour que les remboursements soient effectués aux pays contributeurs de troupes et d'équipement dont le matériel a été endommagé.


M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie), se félicitant de ce que l'Organisation soit au tournant que tous les Etats Membres attendaient depuis plusieurs années, a exprimé l'espoir que les prévisions optimistes exprimées par M. Connor se réalisent.  Cependant, les signes d'inquiétude ne manquent pas, a


continué le représentant, notamment parce que les arriérés dans les paiement au titre des opérations de maintien de la paix sont encore élevés à l'heure où l'ONU est appelée à jouer un rôle de plus en plus important sur la scène internationale.  Il est également inquiétant, a-t-il poursuivi, que les arriérés de paiement aux pays contributeurs de troupes et de matériel n'aient pas été réglés car cela compromet l'engagement de ces pays.  M. Lavrov a en conclusion rappelé l'engagement politique des Etats en faveur de leurs obligations statutaires en termes de contributions, seuls garants du bon fonctionnement de l'Organisation.  Il a également rappelé la dimension politique de la révision du barème des quote-parts intervenu l'année dernière, faisant valoir que l'importance essentielle de décisions prises par consensus à cette occasion devait renforcer la confiance des Etats Membres dans l'Organisation.


M. SHEN GUOFANG (Chine) a estimé que la situation internationale actuelle, qui est très complexe, appelle à un renforcement du rôle des Nations Unies.  Personne ne peut remettre cette affirmation en question.  Toutefois sans une base financière solide, tous les discours tenus sur le renforcement de l’ONU seraient nuls et non avenus.  Or ces dernières années, la question de l’amélioration de la situation financière est devenue une constante des débats de la Cinquième Commission.  Chaque année, la plupart des délégations répètent la même chose, à savoir que tous les Etats Membres doivent honorer leurs obligations financières et que le pays comptant le niveau le plus important d’arriérés doit payer ces dus immédiatement, en intégralité et sans conditions.  La semaine dernière les prévisions présentées par M. Connor ont été positives. Il faut espérer que son optimisme sera confirmé.  Pour cela, il faut que le nouveau barème des quotes-parts soit appliqué avec rigueur et intégralement.  Le plus gros contributeur à l’Organisation devrait, à cet égard, montrer l’exemple et s’acquitter de ses contributions et de ses arriérés en totalité. 


Comme la plupart des Etats Membres, la Chine appuie les efforts de réforme du Secrétaire général.  Grâce aux efforts et à la bonne volonté des Etats Membres, des progrès ont pu être enregistrés dans la réforme financière et aujourd’hui, il est temps de régler une fois pour toute la question de la stabilité financière de l’Organisation des Nations Unies.


M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a déclaré qu’à l’heure où l’Organisation est appelée à jouer un rôle de plus en plus important, la stabilité et la solidité financière sont indispensables.  En adoptant un nouveau barème des quotes-parts en décembre dernier, les Etats Membres ont fait un grand pas en ce sens.  Cette avancée n’aurait pas été possible sans les efforts particuliers consentis par de nombreux pays, y compris la République de Corée, en acceptant de supporter un fardeau financier sensiblement plus lourd.  Aujourd’hui il semble que la lumière soit enfin au bout du tunnel et le tableau dressé, la semaine dernière par M. Connor, est rassurant, d’autant que d’importants remboursements aux pays contributeurs de contingents et d’équipement vont être possibles.  Cette amélioration est due, pour une large part, aux versements attendus des Etats-Unis

et dont la République de Corée se réjouit.  Le représentant a appuyé fermement la proposition visant à utiliser les paiements au titre des arriérés américains pour rembourser les Etats contributeurs de troupes, arguant que des délais supplémentaires dans ces remboursements seraient dommageables aux opérations de maintien de la paix et à la crédibilité de l’Organisation.


Toutefois, il est un revers de médaille à l’optimisme de M. Connor, a prévenu le représentant.  Le nombre des Etats Membres s’étant acquitté en totalité de leur quote-part a en effet diminué cette année.  La République de Corée adresse donc un appel à tous les Etats Membres pour qu’ils versent leurs contributions à temps.  En outre, les dépenses liées au maintien de la paix vont enregistrer une

augmentation importante et si elle continue d’appuyer fermement ces activités, la République de Corée estime que des mesures d’économie et d’efficacité devraient être encore prises, notamment en matière d'achats, de la gestion des biens et des ressources humaines.  De manière générale, elle encourage le renforcement des fonctions de contrôle afin que la discipline budgétaire s’inscrive pleinement dans une culture de gestion saine au sein de l’Organisation.  Si les Etats Membres ont bien la responsabilité d’assurer la solvabilité de l’Organisation, l’Administration doit, de son côté, faire en sorte que sa structure et ses activités soient plus rationnelles, plus efficaces et mieux organisées. 


M. SHAMEEM AHSAN (Bangladesh) s'est félicité de ce que l'Organisation ait retrouvé une certaine marge de manoeuvre au niveau financier, notant à cet égard les effets bénéfiques du nouveau barème des quotes-parts adopté l'année dernière.  Le représentant a salué la décision d'utiliser le paiement des arriérés pour régler les dettes contractées à l'égard des pays contributeurs de troupes et de matériel.  Il a cependant exprimé son inquiétude face aux retards dans le traitement des demandes de remboursement, faisant observer que ces délais avaient doublé dans les dernières années.


M. BOB JALANG'O (Kenya) a déclaré que les contributions mises en recouvrement et non versées au titre du maintien de la paix, qui s'élèvent à 3,2 milliards de dollars, sont de nature à préoccuper les pays fournisseurs de contingents.  Le Kenya se félicite des efforts déployés par les Nations Unies pour rembourser ces pays mais les retards considérables accumulés causent des difficultés aux pays en développement et oblitèrent leur capacité à participer à des missions futures, a-t-il expliqué.  M. Jalang'o a demandé qu'un calendrier de remboursement soit mis en place.  Il n'est pas normal que l'ONU soit toujours redevable au Kenya de 4,5 millions de dollars pour des contingents ayant participé à une mission dans l'ex-Yougoslavie qui est close depuis cinq ans, a-t-il indiqué. 


M. ORLANDO GUAL (Cuba) a estimé que les indications fournies par M. Connor sont effectivement un bon signe pour le retour à la stabilité financière, à condition que les versements attendus de la part du plus gros contributeur soient effectivement reçus et ne s’accompagnent pas de conditions.  Cuba rappelle que le paiement des contributions, y compris les arriérés, est une obligation faite à tous les Etats Membres par la Charte.  Cuba pense aussi que dans le cas du scénario présenté par le Secrétariat, il faut également tenir compte d’autres facteurs : on s’attend, d’une part, à une augmentation sensible de l’ensemble des quotes-parts mises en recouvrement.  En outre, les variations de l’inflation et des taux de change pourraient conduire à une hausse des dépenses inscrites au budget, et malgré les versements effectués ou promis, le niveau des contributions impayées devrait continuer d’excéder 2 milliards de dollars. 


Les dettes de l’Etat dont la quote-part est la plus élevée continueront de grever lourdement la situation financière de l’Organisation, en s’élevant à 2,322 milliards de dollars, a insisté le représentant.  Si le paiement annoncé de 582 millions de dollars est effectivement effectué, il n’en restera pas moins un montant d’arriérés considérable, pour le règlement duquel l’Etat en question a imposé une série de conditions qui ne sont pas propices à la bonne marche des travaux de l’Organisation, comme par exemple l’imposition d’un plafond arbitraire au budget ordinaire.  La délégation cubaine aimerait d’ailleurs recevoir des précisions sur l’utilisation que le Secrétariat entend faire de ces 582 millions.  M. Gual a aussi fait observer que les mesures de renforcement envisagées concernant l’application de l’Article 19 pourraient encore aggraver la situation d'un nombre considérable de pays en développement.  C’est pourquoi, il a proposé de laisser de côté cette question au profit d’une recherche plus ouverte et plus équilibrée des moyens de parvenir à la stabilité financière de l’Organisation.


M. KULKUMUT SINGHARA NA AYUDHAYA (Thaïlande) s’est réjoui des informations concernant l’amélioration de la situation financière de l’Organisation, prévue cette année.  De l’avis de la Thaïlande, ce progrès rend possible le paiement de la dette envers les pays contributeurs de troupes et de matériel.  Il est impératif que l’ONU dispose d’une base financière solide pour pouvoir bien fonctionner.  Pour cela, les Etats Membres doivent s’acquitter pleinement de leurs obligations statutaires.  S’ils ne le font pas, la capacité de l’Organisation à s’acquitter de ses mandats se verra sévèrement diminuée. 


Répondant aux questions des délégations, M. JOSEPH E. CONNOR, Secrétaire général adjoint à la gestion, a indiqué que les Etats-Unis ont déjà versé 637 millions de dollars sur le montant attendu au dernier trimestre de cette année, et que 126 Etats Membres ont désormais versé leurs contributions.  A la question de certaines délégations concernant l'envoi à temps par le Secrétariat des lettres de mises en recouvrement, M. Connor a admis que la lenteur du processus peut compliquer la tâche des Etats, mais que cela est du à la complexité de l'opération de répartition des contributions.  Répondant au délégué de Cuba, M. Connor a indiqué que pour la répartition des 582 millions de dollars aux pays contributeurs de troupes, la règle de base serait le traitement sur un pied d'égalité de tous les Etats Membres et le paiement à tous les Etats en même temps.  M. Connor a également expliqué que la dette à l'égard des Etats-Unis au titre du maintien de la paix s'était accumulée sur les dernières années car ces derniers avaient demandé que les paiements ne leur soient pas effectués.


M. Connor a déclaré que la répartition des 582 millions attendus s'effectuerait comme suit: sur la tranche de 505 millions à verser à des demandes certifiées, 381 seront déboursés immédiatement à 47 pays sauf les Etats-Unis, un deuxième paiement de 17 millions de dollars sera attribué aux demandes en cours de certification, et la troisième composante, correspondant à 107 millions dus aux Etats-Unis, ne sera pas versée mais appliquée à leurs arriérés de contributions aux opérations de maintien de la paix.  Dans un deuxième temps, 77 millions de dollars, correspondant à des demandes de remboursement en attente d'être certifiés, seront versés.


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