En cours au Siège de l'ONU

AG/AB/634

LES DELEGATIONS SONT UNANIMES POUR DEPLORER LE DELAI DANS LE PAIEMENT DES ARRIERES AMERICAINS

29/03/2001
Communiqué de presse
AG/AB/634


Cinquième Commission

54e séance – matin


LES DELEGATIONS SONT UNANIMES POUR DEPLORER LE DELAI DANS LE PAIEMENT

DES ARRIERES AMERICAINS


M. Joseph Connor donne lecture d’une lettre du Secrétaire général

sur la réforme de la gestion des ressources humaines


Le débat général sur l’amélioration de la situation financière de l’Organisation, tenu ce matin en Cinquième Commission (administrative et budgétaire), a donné l’occasion aux délégations, tout niveau de développement et toute provenance géographique confondus, de faire front commun pour déplorer le fait que les Etats-Unis n’aient toujours pas versé leurs arriérés.  A l’instar du représentant de Singapour, la plupart des délégations ont affirmé qu’en décembre dernier, si les Etats Membres, au nom de l’intérêt supérieur de l’Organisation, ont accepté de modifier le barème des quotes-parts et d’en réduire le taux plafond, c’était fort de la promesse américaine que leurs arriérés seraient versés immédiatement après le compromis obtenu. 


Or, ainsi qu’il en est ressorti de la présentation faite la semaine dernière par le Secrétaire général adjoint à la gestion, M. Joseph Connor, le non-paiement de cette somme - estimée par la délégation américaine à 582 millions de dollars - fragilise la situation financière des Nations Unies, ont noté les délégations.  Pour 2001 en effet, le défi qui se pose à l’Organisation est de répondre aux besoins croissants, en particulier pour le maintien de la paix, alors qu’elle doit à la fois faire face à un niveau de contributions impayées dépassant les 2 milliards de dollars et à une dette envers les pays contributeurs de troupes et de matériel de 917 millions de dollars.  Pour certains intervenants, le retard dans le versement des arriérés américains permet de douter de la sincérité des engagements pris en décembre dernier.  Plusieurs délégations de pays en développement, dont la République islamique d’Iran au nom du Groupe des 77 et le Chili, au nom du Groupe de Rio, ont fait valoir que l’accord de décembre dernier les avait amenés à faire des sacrifices importants, sacrifices aussi inutiles que regrettables tant que les Etats-Unis ne règlent pas leurs arriérés.  Pour certains pays parmi les plus pauvres, le nouveau barème des quotes-parts s’est en effet traduit par une augmentation substantielle de leurs contributions alors que dans le même temps le principal contributeur n’a pris aucune mesure concrète, a par exemple déploré le représentant chilien.  Selon la représentante de Cuba, la relation faite au cours des négociations de décembre dernier entre la situation financière des Nations Unies et le barème des quotes-parts était en fait fallacieuse.


Faisant remarquer que trois mois après cet accord, aucun paiement n'a été fait, le représentant de la Norvège a qualifié la situation d'alarmante et de décevante.  Pour lui, comme pour une majorité de ses collègues : «Etre membre de l'Organisation implique, entre autres, de payer sa contribution et enfreindre ce principe est une violation des principes de la Charte». 


Assurant que son pays reconnaissait son devoir de faire tout ce qui est en son possible pour contribuer à résoudre les difficultés financières de l’Organisation, le représentant des Etats-Unis a expliqué toutefois que les résultats de l’accord de décembre dernier étaient loin de satisfaire toutes les exigences posées par le Congrès pour payer les 582 millions de dollars en question.  C’est pourquoi, le Gouvernement américain doit encore aujourd’hui amender un certain nombre de lois afin de libérer les fonds.  Ce dossier qui est désormais entre les mains de la Chambre des Représentants est l’une des priorités du Secrétaire d’Etat, a précisé M. Hays, qui a pris pour preuve de la bonne volonté de son Gouvernement, la signature récente d’une dispense supprimant la demande de rabaisser davantage le plafond du budget ordinaire, qui à l’origine comptait parmi les conditions posées au règlement des arriérés.


Les représentants des pays suivants se sont exprimés : République islamique d’Iran (au nom du Groupe des 77 et la Chine), Suède (au nom de l’Union européenne et des Etats associés), Chili (au nom du Groupe de Rio), Nouvelle-Zélande (au nom du Groupe CANZ), Pakistan, République de Corée, Japon, Norvège, Etats-Unis, Singapour, Cuba, Chine, et Argentine.


En début de séance, le Secrétaire général adjoint à la gestion, M. Connor, a donné lecture d’une lettre du Secrétaire général concernant la réforme de la gestion des ressources humaines.  M. Annan y rappelle notamment qu’au coeur de la réforme se trouve la nécessité d’un processus de recrutement et d’affectation simple et rationnel permettant de maintenir en fonction du personnel de qualité, polyvalent et capable de relever les défis urgents de l’Organisation au niveau mondial.  Pour y parvenir, il propose un nouveau système de recrutement et d’affectation où les directeurs de programme sélectionnent le personnel et sont tenus responsables de leur choix; et la mise en place de nouveaux organes de contrôle qui assureraient le respect des règles.  M. Annan assure que les propositions avancées seront mises en oeuvre de manière juste et équitable dans le plus haut intérêt de l’Organisation et des fonctionnaires. 


La prochaine réunion de la Commission aura lieu demain, vendredi 30 mars, à 15 heures.


Gestion des ressources humaines (point 123)


Déclaration du Secrétaire général adjoint à la gestion


      Donnant lecture d’une lettre transmise par le Secrétaire général aux membres de la Commission, M. JOSEPH E CONNOR, Secrétaire général adjoint à la gestion, a indiqué que M. Kofi Annan suit avec beaucoup d’intérêt les discussions de la Commission sur les ressources humaines et en particulier sur la réforme qu’il a proposée et à laquelle il attache la plus grande importance.  Au coeur de la réforme se trouve la nécessité d’un processus de recrutement et d’affectation simple et rationnel permettant de maintenir en fonction du personnel de qualité, polyvalent et capable de relever les défis urgents auxquels fait face l’Organisation au niveau mondial.  Pour y parvenir, la proposition de réforme élaborée par le Secrétaire général contient deux éléments clefs : d’une part un nouveau système de recrutement et d’affectation où les directeurs de programme sélectionnent le personnel et sont tenus responsables de leur choix; et d’autre part la mise en place de nouveaux organes de contrôle qui assureraient le respect des règles.  En outre, le Secrétaire général a mis sur pied un mécanisme de contrôle et de responsabilisation en vue d’honorer les mandats organisationnels, tels que la représentation géographique, la parité entre les sexes et le respect de tous les règles et règlements. 


Un autre objectif de la réforme est d’engager la transition vers un système de gestion de la mobilité qui favoriserait l’affectation du personnel par le Secrétaire général à toutes les activités ou bureaux des Nations Unies et garantirait de meilleures perspectives de carrière à ce personnel.  Sans ces éléments, l’Organisation ne sera pas en mesure de progresser et d’accélérer le recrutement du personnel, notamment dans les lieux d’affectation situés dans les pays en développement et sur le terrain dans les opérations et missions de maintien de la paix, a mis en garde le Secrétaire général dans sa lettre. 


Au sujet de deux autres questions importantes, M. Annan n’est pas encore prêt à faire des propositions finales.  Il s’agit tout d’abord des arrangements contractuels pour lesquels il invite les Etats Membres à présenter des initiatives concrètes.  L’autre point porte sur l’administration de la justice, qui donne lieu en ce moment même à des consultations avec le personnel.  Sur ces deux points, le Secrétaire général entend rendre compte à l’Assemblée générale à une date ultérieure.  En conclusion, M. Annan assure que les propositions avancées seront mises en oeuvre de manière juste et équitable dans le plus haut intérêt de l’Organisation et des fonctionnaires. 


Amélioration de la situation financière de l’Organisation des Nations Unies

(point 119)


La déclaration du Secrétaire général adjoint à la gestion, M. Joseph Connor, sur l’amélioration de la situation financière de l’Organisation a été présentée dans notre communiqué AG/AB/630 en date du 22 mars 2001.  Le texte in extenso est disponible en tant que document officiel sous la cote A/55/504/Add.1.


Débat général


M. BAGHER ASADI (République islamique d'Iran), s'exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé l'obligation juridique faite aux Etats Membres d'assurer les dépenses des Nations Unies et de s'acquitter de leurs contributions, soulignant cependant qu'il est des cas où il est bon d'être compréhensif envers les pays dont la situation économique est précaire.  L'année 2000 a constitué un recul et la crise financière s'est approfondie, a fait remarquer le représentant.  Rappelant que lors des discussions sur le barème des quotes-parts, en décembre dernier, le Groupe des 77 a fait de nombreux sacrifices, le représentant a déploré qu'aucun paiement n'ait été réalisé par le principal contributeur.  Alors que pour certains pays parmi les plus pauvres, les mises en recouvrement ont augmenté suite à l'adoption du nouveau barème, il serait injuste que les principaux contributeurs ne paient pas leurs arriérés.  Le représentant s'est également inquiété du remboursement tardif et incomplet aux pays en développement ayant fourni des troupes aux missions de maintien de la paix.  La dette toujours plus grande de l'Organisation à l'égard des pays fournissant des contingents fait douter de la sincérité de nombreux Etats en faveur du maintien de la paix, a-t-il indiqué, avant de saluer la proposition du Secrétaire général visant à utiliser les prochains paiements des arriérés pour rembourser les pays contributeurs de troupes.


M. PIERRE SCHORI (Suède), s'exprimant au nom de l'Union européenne et des pays associés, s'est félicité de ce que 141 membres aient payé toute leur contribution au budget ordinaire, un chiffre en augmentation par rapport à l'année dernière; la situation financière dans son ensemble reste cependant préoccupante, a-t-il constaté.  En effet, la situation des arriérés, qui dépassent 2,2 milliards de dollars, pose un réel problème, a ajouté le représentant, soulignant par ailleurs que le budget du maintien de la paix est en continuelle augmentation. 

M. Schori a déclaré qu'il revient maintenant au contributeur le plus important de s'acquitter de ses arriérés.  Le traitement spécial qui lui a été accordé en décembre dernier était fondé sur l'hypothèse qu'il s'acquitterait immédiatement de 582 millions de dollars d'arriérés; or trois mois plus tard, ces arriérés ne sont toujours pas payés.  Le représentant s'est également déclaré préoccupé par la dette de l'Organisation envers les pays contributeurs de troupes, qui dans leur majorité sont des pays en développement, et il a apporté son soutien à l’intention de consacrer les 582 millions de dollars d'arriérés au paiement de cette dette.  Rappelant que les pays de l'Union européenne honorent rigoureusement leurs responsabilités financières, M. Schori a en conclusion indiqué que leur participation au budget de l'ONU dépasse de 25% leur part dans le PNB mondial, et que ces pays fournissent près de la moitié de l'aide publique au développement.


M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili), s'exprimant au nom du Groupe de Rio, a déclaré qu'en 2000 les trois indicateurs de la santé financière de l'Organisation s'étaient dégradés : les réserves en liquidités ont baissé, le niveau des contributions non versées a augmenté et la dette à l'égard des pays contributeurs de troupes a augmenté.  Le représentant a par ailleurs dénoncé le fait que l'accord trouvé en décembre dernier se soit soldé, pour les Etats du Groupe de Rio, par un fardeau financier accru alors qu'aucune action concrète n'a été prise par le grand contributeur.  Soulignant que l'absence d’application de ces accords jette une ombre sur l'avenir de l'Organisation, le représentant a déploré que le grand contributeur ne donne aucune inflexion à sa politique, alors même que le budget du maintien de la paix continue d'augmenter.


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande), qui s’exprimait au nom du Groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a en premier lieu évoqué la lettre du Secrétaire général sur la gestion des ressources humaines dont M. Connor a donné lecture.  Il a souhaité que toutes les mesures soient prises pour engager et retenir au sein de l’Organisation le personnel le plus qualifié qui soit. Il a ensuite rappelé que pour qu’elle remplisse toutes les tâches que les Etats Membres lui assignent, l’Organisation des Nations Unies doit disposer d’une situation financière saine et stable.  C’est pourquoi il est particulièrement regrettable que l’amélioration enregistrée en 1999 ne se soit pas poursuivie et qu’en 2000 on ait assisté à un recul.  En dépit du fait qu’un nombre toujours plus important d’Etats Membres se sont acquittés de la totalité de leur quote-part, le niveau des contributions impayées demeure encore excessivement élevé.  Les arriérés sont concentrés autour d’un petit nombre d’Etats Membres, dont la plupart sont des contributeurs très importants.  Cette situation a entraîné des retards inacceptables dans les remboursements aux Etats contributeurs de troupes et de matériel, qui sont pour beaucoup des pays en développement.  Il s’agit là d’un véritable affront pour ces pays qui consentent d’importants efforts pour s’acquitter de leurs dus en temps et en heure, a ajouté M. Mackay, avant de rappeler que le paiement des contributions est une obligation légale et contraignante pour tous les Etats Membres. 


La majeure partie des arriérés est imputable en réalité à un seul Etat Membre, a poursuivi le représentant.  Ce pays à déjà fourni des efforts importants pour réduire le niveau de ses arriérés et le Groupe CANZ espère que les Etats-Unis régleront bientôt le reste des arriérés, y compris ceux qui sont contestés, à la satisfaction de toutes les parties concernées.  M. Mackay a rappelé que la réduction de la quote-part des Etats-Unis, alors qu’elle était très difficile à accepter pour certains Etats Membres, a découlé d’un consensus visant essentiellement à servir l’intérêt de l’ONU.  C’est pourquoi il est aujourd’hui décevant de constater que trois mois après l’ajustement du barème des quotes-parts, le paiement auquel il est fait référence dans la résolution A/55/5B de la troisième tranche d’arriérés des Etats-Unis est toujours attendu, alors qu’il n’exige pas l’accord préalable du Congrès.  Le Groupe CANZ espère donc que les fonds seront versés rapidement, d’autant que la santé de l’Organisation en dépend.


M. Mackay a expliqué qu’outre la question des arriérés, un autre problème rencontré par l’ONU est le paiement ponctuel des contributions.  De moins en moins d’Etats Membres s’acquittent en effet de la totalité de leurs quotes-parts dans les délais prévus, ce qui augmente d’un degré encore l’incertitude quant à la situation financière.  Il n’y a qu’un remède à cela, ainsi que l’a clairement indiqué le Secrétaire général adjoint à la gestion, c’est que les Etats Membres payent en temps voulu leurs contributions.  L’Article 19 de la Charte demeure le seul mécanisme de sanction contre les retardataires et le Groupe CANZ appuie pleinement la mise en oeuvre le plus rapidement possible de la décision de l’Assemblée générale de calculer les arriérés sur la base des montants nets mis en recouvrement pour les deux années complètes écoulées.  Le représentant s’est néanmoins déclaré optimiste pour l’avenir de l’Organisation qui, bénéficiant d’une assise financière plus stable, sera mieux à même de s’atteler aux défis de notre temps, tels que l’élimination de la pauvreté, la paix et la sécurité internationales, les crises humanitaires, ou encore le VIH/sida.  Il est dans l’intérêt de tous que les Nations Unies aient une situation financière saine, a conclu M. Mackay.


Pour M. MASOOD KHALID (Pakistan), les quelques facteurs positifs mis en avant la semaine dernière par M. Connor demeurent suspendus à la satisfaction d’engagements, toujours non honorés à l’heure d’aujourd’hui.  Le montant des contributions impayées atteint désormais la somme faramineuse de 2 milliards de dollars et ce sont quelque 917 millions de dollars qui sont dus aux Etats Membres contributeurs de troupes et de matériel.  En outre, les projections pour 2001 tendent à faire réapparaître le spectre des emprunts croisés, du moins pour une brève période.  Pour éviter cela, il n’est qu’un moyen : que les principaux contributeurs s’acquittent régulièrement et sans conditions de leurs quotes-parts ainsi qu’ils en ont l’obligation, a affirmé le représentant.  Il a rappelé ensuite que le règlement de certains différends de longue date en fin d’année dernière avait pourtant suscité un espoir renouvelé.  Le règlement de l’épineuse question du barème des quotes-parts aurait dû déboucher rapidement sur le remboursement par l’Organisation de toutes les sommes qu’elle doit aux Etats contributeurs de troupes et de matériel.  Ces pays attendaient impatiemment les premiers versements.  Or, aujourd’hui ils sont désemparés devant la lenteur que prend le processus de paiement des arriérés du premier contributeur à l’Organisation. 


Il ne faut pas oublier que les importantes réformes lancées en 2000, parmi lesquelles l’évaluation de la sécurité de tous les personnels, la réforme de la gestion des ressources humaines, qui sans aucun doute permettront d’améliorer l’efficacité de l’ONU, ne pourront pas être une pleine réussite si l’Organisation n’est pas financièrement forte, a expliqué M. Khalid.  Tout comme l’Organisation a le devoir d’utiliser les ressources qui lui sont allouées de la manière la plus efficace et rationnelle possible, les Etats Membres ont l’obligation de s’acquitter en temps et en heure de leurs quotes-parts, a ajouté le représentant. 


“ A l’heure où elle doit assumer des responsabilités toujours plus grandes, il est fondamental que l’ONU jouisse d’une bonne santé financière” a d’emblée déclaré M. LEE HO-JIN (République de Corée).  C’est ce que les Etats Membres, au prix d’importants efforts, ont voulu assurer en décembre dernier lorsqu’un nouveau barème des quotes-parts a été institué.  Le consensus n’aurait pas été possible si un grand nombre d’Etats, dont la République de Corée, n’avait pas accepté une augmentation significative de leur quote-part et ce au nom de l’intérêt commun, a fait observer le représentant, avant d’enjoindre tous les Etats Membres d’honorer tous leurs engagements. 


Malgré quelques améliorations, la situation financière de l’ONU demeure globalement précaire.  Il est particulièrement préoccupant de constater que les sommes dues à l’Organisation sont concentrées autour d’un tout petit nombre d’Etats.  Ceci indique clairement que si ces pays versaient leurs contributions ainsi qu’ils en ont l’obligation, la stabilité et les liquidités de l’Organisation seraient grandement améliorées.  La République de Corée se réjouit de la confirmation donnée par les Etats-Unis qu’ils payeront bientôt 582 millions d’arriérés.  Une fois cette somme acquittée, il faudra que l’Organisation règle immédiatement sa dette envers les Etats contributeurs de troupes et de matériel, a insisté M. Ho-Jin.  Il a fait observer que, du fait de l’augmentation très forte du budget du maintien de la paix, la question du paiement ponctuel et sans condition des contributions se pose avec encore plus d’acuité.  Mais ce n’est pas le seul point d’interrogation soulevé, il faut aussi se demander si l’argent alloué est bien utilisé.  A cet égard, la République de Corée estime que des réformes supplémentaires sont encore nécessaires, notamment dans les domaines de la gestion des ressources humaines et des achats.  Les contrôles internes et externes devraient aussi être renforcés, a estimé le représentant avant d’inviter instamment tous les Etats Membres à s’acquitter promptement de toutes leurs obligations financières. 


M. KIYOTAKA AKASAKA (Japon) a déclaré que son pays s'était acquitté de ses obligations financières en dépit d'une situation économique et budgétaire nationale préoccupante et il a ajouté que cette obligation ne devait pas concerner quelques membres seulement; c'est au contraire une responsabilité de tous les Etats Membres.  M. Akasaka s'est félicité de ce que le montant des arriérés pour le budget ordinaire aient baissé pour atteindre 222 millions et du fait qu'en janvier il n'y avait plus que 38 Etats à tomber sous le coup de l'Article 19.  Soulignant qu'en 2000, il n'a pas été nécessaire de recourir aux emprunts croisés, le représentant a demandé que les pays contributeurs de troupes soient remboursés et s'est interrogé sur l'utilisation des fonds de réserve, et notamment du Fonds de réserve du maintien de la paix.  Faisant valoir que le budget du maintien de la paix allait augmenter cette année, le représentant a en conclusion demandé aux Etats membres de verser leur contribution le plus tôt possible.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a salué le fait que les arriérés concernant le budget ordinaire aient diminué de presque 50% en trois ans.  Cependant, les contributions mises en recouvrement sont de 2,2 milliards de dollars, en augmentation de 500 millions de dollars par rapport à l'année dernière, s'est inquiété le représentant.  Pour la première fois depuis de nombreuses années, le Secrétariat n'a pas pu s'acquitter des nouvelles obligations contractées au titre du maintien de la paix; la situation est alarmante et décevante. Etre Membre de l'Organisation, a ajouté M. Kolby, implique, entre autres, de payer sa contribution et enfreindre cette obligation est une violation des principes de la Charte.  Il est clair que les arriérés des contributeurs les plus importants ont des conséquences dramatiques pour l'Organisation, a indiqué le représentant, avant d'exhorter le principal contributeur à faire les arrangements législatifs nécessaires au paiement de ses arriérés et de souhaiter que le règlement futur empêche l'accumulation de nouvelles dettes.  Soulignant qu'à l'heure de la mondialisation, des démarches collectives sont plus que jamais nécessaires,

M. Kolby a dit combien il est important que l'Organisation reçoive suffisamment de ressources pour s'acquitter de ses mandats et déploré que les Nations Unies doivent recourir à des fonds d'affectation spéciale pour financer leurs activités prioritaires.  Faisant observer que les sommes mises en recouvrement pour le budget ordinaire sont plus faibles qu'il y a huit ans, le représentant a conclu que le principe de croissance zéro du budget n'était plus nécessaire pour entreprendre des réformes.


M. DONALD S. HAYS (Etats-Unis) a en premier lieu indiqué que sa délégation s’associait aux objectifs de la réforme de la gestion des ressources humaines proposée par le Secrétaire général.  Il a ajouté qu’il était indispensable d’instaurer un système alliant compétence et flexibilité des fonctionnaires.  Il a indiqué ensuite que bien qu’il ne soit pas dans la pratique américaine de discuter de son processus législatif, c’est dans l’esprit de partenariat forgé au cours des dernières années que sa délégation était aujourd’hui en mesure de fournir quelques informations.  Le plus gros contributeur de l’ONU reconnaît son devoir de faire tout ce qui est en son possible pour contribuer à résoudre les difficultés financières de l’Organisation, a ainsi déclaré M. Hays.  Evoquant le compromis ou “contrat explicite” de décembre dernier, qui a permis l’introduction d’un nouveau barème des quotes-parts en retour du paiement par les Etats-Unis d’une part non négligeable de leurs arriérés, le représentant a indiqué que les résultats de l’accord étaient néanmoins loin des mesures exigées par le Congrès pour payer les 582 millions de dollars en question.  Il faut donc que le Gouvernement américain amende encore un certain nombre de lois afin de libérer les fonds. 


M. Hays a assuré les autres délégations que sur ce point son Gouvernement agit avec célérité.  C’est ainsi par exemple que seulement deux semaines après l’accord intervenu en Cinquième Commission, le Comité des affaires étrangères du Sénat s’est prononcé ouvertement en faveur du compromis obtenu et un vote unanime du Sénat en faveur du versement des arriérés a démontré une réelle volonté politique.  Le dossier est désormais entre les mains de la Chambre des Représentants, a précisé M. Hays avant d’ajouter que tout délai supplémentaire dans le versement ne reflétait en aucune manière une opposition politique mais plutôt la réalité du processus législatif américain qui “est au moins aussi compliqué et lent que celui de la Cinquième Commission”.  Le représentant a également rappelé qu’à plusieurs reprises le Secrétariat d’Etat a indiqué que le déblocage des fonds et la levée des restrictions aux contributions américaines au maintien de la paix était l’une de ses priorités cette année.  En outre, le Secrétariat d’Etat a signé une dispense supprimant la demande d’abaisser davantage le plafond du budget ordinaire, qui à l’origine comptait parmi les conditions posées au règlement des arriérés.  Tout en remerciant ses collègues de leur patience et de leur compréhension, M. Hays a indiqué que la délégation américaine continuera de tenir les Etats Membres informer de l’évolution de la situation. 


M. HO GERARD WEI HONG (Singapour) a commencé son intervention en développant une métaphore : un homme reçoit une balle dans le ventre et saigne, les docteurs décident de lui transplanter un nouveau coeur sans pour autant soigner sa blessure.  Lorsque la famille demande pourquoi, on lui répond que les docteurs n’ont l’autorisation que de s’occuper du coeur et qu’il faut une autorisation spéciale des directeurs de l’hôpital pour soigner la blessure par balle.  Cette situation burlesque est malheureusement la réalité de l’Organisation, a déploré le représentant.  “L’année dernière, on nous a dit que les fonds se trouvaient dans un compte séquestre et qu’ils seraient débloqués immédiatement après que le barème des quotes-parts ait été modifié et le taux plafond de contribution réduit”,

a-t-il rappelé.  Contre toute logique économique et politique, les Etats Membres soucieux de l’intérêt supérieur de l’Organisation ont accepté ce compromis.  C’était il y a trois mois et à l’heure d’aujourd’hui, l’autre partie n’a toujours pas honoré son contrat; l’Organisation attend toujours le versement des arriérés américains.  Ceci doit cesser alors qu’ainsi que l’a indiqué M. Connor toute perspective d’amélioration financière dépend dans une large mesure de ce versement, a insisté M. Ho.  Il a également rappelé que les Etats-Unis ne reconnaissent pas la part complète des arriérés qu’ils doivent à l’ONU et a demandé aux autres Etats Membres de faire pression pour que ce pays s’acquitte aussi des arriérés dits “contestés”.  Selon lui, la réconciliation tant attendue entre l’ONU et les Etats-Unis ne sera possible que lorsque ces derniers auront versé leurs arriérés en totalité, et sans autres conditions.


Mme SILOT (Cuba), souscrivant aux déclarations du Groupe des 77 et de la Chine et de Singapour, a déclaré que la relation que l'on fait habituellement entre la situation financière des Nations Unies et le barème des quotes-parts est fallacieuse.  Il est regrettable que, lors des négociations de décembre dernier, ces deux éléments aient été liés alors que la situation financière des Nations Unies dépend de nombreux autres facteurs et en aucun cas exclusivement du barème des quotes-parts.  Du coup, de nombreux pays, conscients de la nécessité d'améliorer la situation financière des Nations Unies, ont accepté la révision du barème des quotes-parts, alors que ce changement n'a jusque-là absolument pas produit de résultat.  Le plus grand contributeur n'a tenu aucune de ses promesses et il est de toutes façons hautement déplorable que la situation financière de l'Organisation dépende des processus législatifs de l'un de ses Etats Membres. 


Mme SUN MINQUN (Chine), souscrivant à la déclaration faite par le représentant de la République islamique d'Iran au nom des 77 et de la Chine, s'est déclarée déçue du cours pris par les événements, indiquant que la cause de cet état des choses, facilement identifiable, réside dans le non-paiement de ses dus par le principal contributeur.  La déléguée a souhaité que l'accord de décembre


dernier soit appliqué et que des mesures concrètes soient prises.  Il est inquiétant qu'aucun paiement n'ait été fait jusque là, a-t-elle ajouté, avant de demander que le paiement soit intégral et sans conditions, ainsi que l'exigent les obligations imposées aux Etats Membres en vertu de la Charte.


M. GUILLERMO KENDALL (Argentine) a exprimé sa préoccupation face à la situation financière que traversent les Nations Unies.  Il a signalé qu’en raison de la difficile situation financière de son pays, sa délégation a été dans l’obligation de communiquer au Secrétariat un calendrier de paiement.  C’est ainsi que les 11 millions de dollars dus par son pays au titre du maintien de la paix seront réglés d’ici la fin juillet.  En outre, près de 1,2 millions de dollars devraient également être versés d’ici au 30 juillet pour les deux tribunaux internationaux.


Répondant à la question du représentant du Japon sur la manière dont les fonds de réserve sont utilisés, M. CONNOR, Secrétaire général adjoint à la gestion, a rappelé que la situation financière repose sur trois éléments, dont la trésorerie des fonds de réserve.  S’agissant du maintien de la paix, le Fonds de réserve a été récemment porté à 179 millions de dollars.  Il est utilisé pour financer la création ou l’expansion des missions de maintien de la paix.  Actuellement, les avances effectuées à ce titre s’élèvent à environ 50 millions de dollars.  Cette somme sera remboursée au Fonds de réserve dès que les contributions au budget des opérations en question auront été reçues, a confirmé M. Connor.


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