PLAIDOYER À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE POUR QUE LES DÉCLARATIONS RÉCENTES EN FAVEUR DE LA CRÉATION D'UN ÉTAT PALESTINIEN SOIENT TRADUITES EN MESURES CONCRÈTES
Communiqué de presse AG/1252 |
Assemblée générale
69ème séance plénière – après-midi
PLAIDOYER À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE POUR QUE LES DÉCLARATIONS RÉCENTES EN FAVEUR DE LA CRÉATION D'UN ÉTAT PALESTINIEN SOIENT TRADUITES EN MESURES CONCRÈTES
La mise en place d’un mécanisme spécifique de surveillance
assorti d’un calendrier réclamée comme prolongement du rapport Mitchell
La question de Palestine, dont l'Assemblée générale commençait l'examen cet après-midi, a été décrite comme ayant atteint une ampleur critique tant par la violence des confrontations que par la gravité des événements qui se sont produits récemment. Il semblerait que la communauté internationale commence à prendre conscience d'une relation possible entre ce conflit et la problématique du terrorisme international. Plusieurs intervenants se sont référés aux déclarations récentes de chefs d'Etat et responsables politiques, notamment celles du Président et des membres du Gouvernement américains, favorables à la création d'un Etat palestinien pour inviter la communauté internationale à passer aux actes et éviter ainsi, selon les termes de l'Observateur permanent de la Palestine, d'en rester à l'effet d'annonce médiatique.
Le Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. Papa Louis Fall (Sénégal), qui a introduit les quatre projets de résolution, a évoqué, comme beaucoup d'intervenants après lui, les tragédies vécues dans les territoires occupés: incursions meurtrières des forces israéliennes à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, assassinats aveugles ou ciblés, destructions massives de biens, implantations de nouvelles colonies de peuplement et extensions des anciennes occupations militaires, bouclage de villes et blocus impitoyable de la part de la puissance occupante. Depuis la création de l’État d’Israël, le Moyen-Orient n’a pas connu un seul jour de paix, a de son côté déclaré le représentant de l'Arabie saoudite.
Quant au représentant de l'Union européenne, il a condamné la réoccupation par l’armée israélienne de zones sous contrôle de l’Autorité palestinienne et a dénoncé les exécutions extrajudiciaires. Il a salué l’engagement du Président des Etats-Unis, Georges Bush, dans sa recherche d’une paix au Moyen-Orient fondée sur la mise en oeuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et sur la coexistence pacifique des deux États, d’Israël et de Palestine. Il s’est également déclaré favorable à la mise en place d’un mécanisme impartial de surveillance et a déclaré que l’Union européenne était prête à y contribuer. L'Observateur permanent de la Palestine comme les représentants de l'Egypte et de l'Algérie ont également souscrit à cette proposition de mise en place d'un mécanisme de surveillance comme prolongement du rapport Mitchell.
Le représentant d'Israël a indiqué que le rapport Mitchell et l'Accord de cessez-le-feu Tenet constituaient la feuille de route vers la paix qui devrait permettre de sortir du bourbier actuel.
Outre les intervenants déjà cités, ont pris la parole cet après-midi les représentants des pays suivants : Malaisie, République islamique d'Iran, République démocratique populaire lao, Maurice, Inde, et Cuba. Le délégué de Malte a présenté le rapport du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.
L'Assemblée poursuivra l’examen de ce point demain matin à 10 heures.
QUESTION DE PALESTINE
Documentation
Le rapport du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (A/56/35) présent rapport est soumis à la résolution 55/52 de l’Assemblée générale, en date du 1er décembre 2000, qui a renouvelé le mandat du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et l’a prié de présenter un rapport et des suggestions à l’Assemblée générale ou au Conseil de sécurité.
Après un rappel des événements dans la région depuis la création du Comité le 10 novembre et un chapitre sur son mandat, le rapport examine la situation concernant la question de la Palestine, notamment la question des incursions systématiques d'Israël dans les zones placées sous autorité palestinienne, la tactique du Gouvernement israélien visant à prétexter des incidents violents pour atermoyer la mise en oeuvre des recommandations de la Commission Mitchell et le sort des prisonniers.
Au chapitre des mesures prises par le Comité figurent celles prises à l'Assemblée générale et au Conseil de sécurité, les communications adressées au Secrétaire général, au Président de l'Assemblée générale et au Président du Conseil de sécurité et les mesures prises par le Comité et la Division des droits des Palestiniens, par exemple l'organisation de plusieurs rencontres telles que le Séminaire des Nations Unies sur l'assistance au peuple palestinien ou encore la coopération avec les organisations de la société civile. Le Département de l'information a également poursuivi son programme spécial d'information sur la question de Palestine.
Dans ses conclusions et recommandations dans le dernier chapitre de ce rapport, le Comité déclare qu'il est urgent d'activer les efforts visant à rétablir le calme, à stabiliser la situation et à permettre aux parties de reprendre le dialogue. Le coeur du conflit demeure le maintien de l'occupation illégale du territoire palestinien par Israël. Le Comité demande aux coparrains du processus de paix et à tous les intéressés de poursuivre encore leurs efforts, en cherchant des approches novatrices qui permettront aux parties d'appliquer les recommandations de la Commission Mitchell et se félicite du rôle de plus en plus important et extrêmement efficace que le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies a joué cette année dans les efforts de paix généraux et lui apporte son ferme appui.
Le rapport du Secrétaire général (A/56/642) transmet les vues du Conseil de sécurité, en date du 28 septembre 2001, sur la question de la Palestine ainsi que celles du représentant d’Israël et de l’Observateur permanent de la Palestine. Il y est indiqué que le Secrétaire général juge extrêmement préoccupant de constater que la crise israélo-palestinienne actuelle est entrée dans sa deuxième année avec une recrudescence de violence tandis que le processus de paix reste en panne et qu’en fait, cette crise est la pire qui ait éclaté au Moyen-Orient depuis l’Accord d’Oslo en 1993. Le rapport retrace l’évolution de la situation depuis un an et les initiatives prises par le Secrétaire général. Il décrit les conséquences dévastatrices des affrontements sur la situation humanitaire et insiste sur la nécessité de mener une action internationale de secours et d’assistance bien coordonnée et concertée pour répondre aux besoins les plus pressants.
Le Secrétaire général demande à nouveau à la communauté internationale des donateurs d’apporter des fonds suffisants à l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient pour (UNRWA) pour qu’il puisse continuer de fournir les services nécessaires aux réfugiés palestiniens.
Projets de résolution (A/56/L.19, A/56/L.20, A/56/L.21, A/56/L.22)
Aux termes de la résolution concernant le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (A/56/L.19), l'Assemblée générale considèrerait que le Comité peut continuer à apporter une contribution précieuse et positive aux efforts internationaux visant à faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient et l'application intégrale des accords conclus, et à mobiliser l'aide et l'appui de la Communauté internationale en faveur du peuple palestinien durant la période de transition. L'Assemblée générale ferait siennes les conclusions et recommandations formulées par le Comité au chapitre VII de son rapport. L'Assemblée générale prierait le Secrétaire général de continuer à fournir au Comité tous les moyens dont il a besoin pour s'acquitter de ses tâches.
Aux termes de la résolution concernant la division des droits (Secrétariat) des Palestiniens (A/56/L.20), l'Assemblée générale prierait le Secrétaire général de continuer de fournir à la Division les ressources dont elle a besoin et de veiller à ce qu'elle continue d'exécuter son programme de travail tel que décrit dans les résolutions antérieures sur la question, en consultation avec le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et sous sa direction. L'Assemblée générale inviterait tous les gouvernements et organisations à prêter leur concours au Comité à la Division dans l'exécution de leurs tâches.
Aux termes de la résolution consacrée au programme spécial d’information sur la question de Palestine du Département de l’information du Secrétariat (A/56/L.21), l'Assemblée générale prierait le Département de l'information du Secrétariat de poursuivre avec la souplesse nécessaire son programme spécial d'information sur la question de la Palestine jusqu'à la fin de l'exercice biennal 2002-2003 par la diffusion des informations sur toutes les activités du système des Nations Unies qui concernent ce sujet. Elle prierait notamment le Département de continuer de faire paraître des publications et des mises à jour, d'étoffer sa documentation audiovisuelle, d'organiser des missions d'information dans la région et de continuer à apporter une aide au peuple palestinien pour le développement des médias.
Aux termes de larésolution consacrée au règlement pacifique de la question de Palestine (A/56/L.22), l'Assemblée générale réaffirmerait la nécessité de parvenir à un règlement pacifique de la question de la Palestine et souligne la nécessité de s'engager à respecter le principe "terre contre paix". Elle demanderait aux parties concernées d'appliquer les recommandations de la commission Mitchell et prie les États Membres d'intensifier l'aide économique et technique qu'ils offrent au peuple palestinien. Elle inviterait également le Secrétaire général à poursuivre ses efforts auprès des parties concernées en vue du rétablissement de la paix dans la région et à soumettre des rapports sur l'évolution de la situation à cet égard.
Déclarations
M. PAPA LOUIS FALL, Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (Sénégal), introduisant les quatre projets de résolution, a rappelé la "visite-provocation de M. Sharon à Haram al-Charif ainsi que les tragédies qui ont émaillé la période de quatorze mois qui ont suivi: manifestations d'indignation et de révolte dans le territoire palestinien occupé, incursions meurtrières des forces israéliennes à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, assassinats aveugles ou ciblés, destructions massives de biens, implantations de nouvelles colonies de peuplement et extensions des anciennes occupations militaires, bouclage de villes et blocus impitoyable de la part de la puissance occupante, etc. Ces exactions et affrontements provoqués par les troupes israéliennes ont causé un millier de morts et autant de blessés, entraîné l'expulsion par Israël de dizaines de milliers de travailleurs palestiniens et paralysé l'activité économique en Palestine, a-t-il souligné.
Notre Comité a exprimé sa grave préoccupation au sujet de la situation ainsi décrite qui prévaut dans le territoire occupé, a déclaré M. Fall. Plus d'une fois, il a appelé l'attention de la communauté internationale sur les dangers que fait peser ce conflit sur toute la région, souligné la nécessité urgente d'une intervention/intercession extérieure, sollicité une protection internationale en faveur des civils innocents, tout en réclamant avec fermeté le strict respect du droit international humanitaire et des résolutions pertinentes de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité. Notre Comité reste d'avis que l'Organisation des Nations Unies devrait continuer à exercer sa responsabilité permanente à l'égard de la question de Palestine jusqu'à son règlement effectif et dans tous ses aspects.
M. WALTER BALZAN, Rapporteur du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (Malte), a rappelé que le peuple palestinien attendait toujours la réalisation de la promesse de la création de son État,
plus de cinq décennies après l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 181 (II). La solution des problèmes doit être trouvée sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies, a-t-il ajouté. Le Rapporteur a également fait siennes les préoccupations de la communauté internationale à l’égard de la politique israélienne dans les territoires occupés et à Jérusalem. Il a appelé l’application immédiate et complète des recommandations du rapport Mitchell qui, à son avis, offre les meilleures garanties d’un retour à la paix. A cet égard, il a déclaré que, maintenant plus que jamais, la situation nécessite un appui et un engagement concrets de la part des plus importants protagonistes aux niveaux international, régional et extra-régional.
Le Rapporteur a également appelé la communauté internationale et notamment les donateurs à soutenir l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) afin qu’il puisse subvenir aux besoins humanitaires des 3,8 millions de réfugiés palestiniens qui ont été recensés. Il s’est félicité de la contribution des ONG dans les territoires occupés et a indiqué que sa Commission allait intensifier sa coopération avec elles, dans l’intérêt commun. Il a, par ailleurs, salué la contribution essentielle de la Division pour les droits des Palestiniens du Secrétariat et notamment la formation annuelle qu’elle dispense aux cadres de l’administration de l’Autorité palestinienne. En conclusion, il a demandé que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité mettent tout en oeuvre pour ramener les parties à la table des négociations et de régler ce conflit qui dure depuis plus de cinquante ans.
M. FAROUK KADOUNI, Observateur permanent de la Palestine, a observé que, confrontée à l'actuelle recrudescence du terrorisme, la communauté internationale, pour la première fois, mobilise ses forces et cherche à identifier les causes du terrorisme. Or, pour le représentant, le fait qu'Israël se livre à un terrorisme d'Etat est à l'origine de l'atmosphère néfaste qui prévaut dans la région du Moyen-Orient. Le processus de paix est mis en échec depuis qu'Ariel Sharon a pris le pouvoir en Israël, a-t-il assuré. Il a lancé des raids contre les villes, détruit les plantations, bombardé les quartiers résidentiels, encouragé l'implantation des colonies de peuplement en tuant des citoyens palestiniens de sang-froid. Les pouvoirs israéliens nous demandent de mettre fin à la violence alors que ses forces militaires occupent tout le territoire palestinien et se sont renforcées par 40 000 soldats supplémentaires sur un territoire de 5800 km2. L'armée détruit les institutions palestiniennes et cherche à imposer ses objectifs par la force. Israël nous demande d'assurer la responsabilité de la sécurité alors que son armée bombarde et envahit les villes palestiniennes. Israël arrête les négociations, lance le slogan "La paix pour la paix" et, en même temps, continue d'implanter des colonies de peuplement qui sont plus de 150 aujourd'hui. Israël demande à l'Autorité palestinienne de sauvegarder la paix et l'ordre alors que celle-ci ne contrôle que 18% des territoires occupés et que ces centres de police ont été détruits par les attaques israéliennes.
Après près de 8 ans de négociations, Israël continue ses atermoiements, poursuit son occupation et resserre l'embargo, a déclaré l'Observateur qui a poursuivi en évoquant les différentes phases des négociations visant à résoudre le conflit israélo-palestinien. Il a indiqué que l'objectif d'Israël était d’installer un Etat palestinien démilitarisé sous tutelle israélienne. Il a attiré l'attention sur la situation des réfugiés auxquels Israël dénie le droit au retour dans leurs foyers et a décrit les conditions sociales et économiques dans les territoires palestiniens en faisant état d'informations émanant de la Banque mondiale selon lesquelles le taux de pauvreté a augmenté de 50%, entre 2000 et 2001. La société palestinienne est devenue une société en proie aux troubles, ce qui explique la recrudescence de l'Intifada, a-t-il ajouté. Le blocus et la terreur israéliens ont mis à mal la confiance entre les deux peuples et créé la confrontation. La lutte contre la terreur israélienne est le premier objectif des Palestiniens aujourd'hui. Il a également décrit la violation des droits civils des citoyens arabes en Israël au point que même les membres palestiniens de la Knesset ont fait l'objet d'intimidations, a-t-il affirmé.
Le monde, y compris le Président Bush, sont aujourd'hui convaincus de la nécessité de créer un Etat de Palestine. Mais, a-t-il déclaré, Israël jusqu'à présent n’a fait l'objet d’aucune pression de la part de la communauté internationale et les parrains du processus de paix devraient s’abstenir de s’aligner sur le point de vue d'une partie. Se référant aux déclarations récentes de Colin Powell, il a insisté sur le fait que le slogan de l'Etat indépendant ne devait pas rester au stade de l'annonce médiatique. Ces déclarations doivent être suivies d’une application pratique et se concrétiser par la mise en place d'un mécanisme qui constituerait une première étape. La sécurité mondiale rend nécessaire l'examen de la question du conflit faute de quoi cette région restera une source de troubles et la paix et la sécurité seront impossibles. Il a demandé en conclusion que soient levées les sanctions injustes qui affectent le peuple frère d'Iraq.
M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a déclaré que depuis la création de l’État d’Israël, le Moyen-Orient n’a pas connu un seul jour de paix à cause de la politique expansionniste et de conquête territoriale qui humilie et bafoue la dignité du peuple palestinien. Or, s’agissant de la lutte contre le terrorisme, il faut s’en prendre à toute ses formes, comme l’occupation illégale d’un territoire. Israël exerce un terrorisme officiel au niveau de l’Etat en prenant des sanctions collectives contre des civils, en limitant les mouvements des Palestiniens, en les empêchant de travailler ou encore en organisant des assassinats ciblés. Le représentant a expliqué que la violence dans les territoires occupés est née des pratiques abjectes d’Israël, de la poursuite de l’installation de colonies de peuplement, du non-respect des accords et conventions internationaux.
Pour l’Arabie saoudite, l’absence de paix et de sécurité dans la région est de la faute des Nations Unies, qui ont la responsabilité morale, politique et juridique de déployer tous les moyens pour appliquer les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. A cet égard, il a salué la récente déclaration du Président américain Georges Bush qui a souligné que la violence en Palestine était de la responsabilité de toutes les parties et qu’il fallait reconnaître le droit des Palestiniens à disposer d’un État. Le Royaume d’Arabie saoudite aspire au renforcement du droit international afin de permettre aux réfugiés qui le souhaitent de retourner dans leur patrie et de compenser ceux qui ne le souhaitent pas, pour le dommage qu’ils ont subi, a-t-il ajouté en conclusion.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a estimé que la question de la Palestine atteignait actuellement un point critique et constituait un véritable dilemme. Comme si une occupation qui dure depuis 34 ans ne suffisait pas, a-t-il poursuivi, le peuple palestinien subit au cours des 14 derniers mois une agression israélienne flagrante et continue qui se traduit par des centaines de morts et des dizaines de milliers de blessés, des atteintes à l'économie et aux biens des Palestiniens. La colonisation de ce peuple a assez duré et pour l'Egypte, trois conditions sont essentielles au règlement de cette question. La première concerne la reconnaissance du fait que Jérusalem-Est est un territoire occupé et une partie des territoires occupés dont Israël doit se retirer complètement. La second concerne l'implantation de colonies de peuplement dont les effets sont dévastateurs sur la situation des Palestiniens. La troisième enfin est la question des réfugiés qui doit être réglée de façon juste et conforme aux dispositions de la résolution 194 de l'Assemblée générale. Le fait qu'Israël refuse d'admettre que ces points sont centraux, ne fait que prolonger le conflit et exacerber la violence. Israël n’a de cesse que de compliquer la situation afin de ne pas saisir les occasions de paix, a-t-il déclaré. Nous espérons que la communauté internationale voit clair dans les méthodes employées qui vont des atermoiements à des exigences impossibles à satisfaire, de la provocation à l'assassinat des dirigeants palestiniens. L'objectif d'Israël est de ne pas reprendre le dialogue politique même si c'est au prix d'une poursuite de la violence que, de toute façon, Israël contrôle. Il faut que la communauté internationale et les parties concernées aient conscience de ce jeu.
Du débat général de novembre, il ressort que la communauté internationale ait de plus en plus conscience de l'importance que revêt la création d'un Etat palestinien dont le territoire comprendrait les terres palestiniennes occupées depuis 1967 à Jérusalem-Est, la Cisjordanie et Gaza, a poursuivi le représentant. Il est maintenant important de traduire cette volonté internationale dans les faits par la création d'un mécanisme spécifique assorti d'un calendrier. Il a indiqué que l'Egypte était prête à participer à un règlement politique qui prendrait en compte la création d'un Etat palestinien viable dont la capitale serait Jérusalem-Est, l'établissement de relations de bon voisinage et de coopération entre Israël et les Palestiniens et des arrangements équilibrés garantissant la sécurité et préservant les intérêts de chacun.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a indiqué qu’en ce Jour international de solidarité avec le peuple palestinien, la communauté internationale réaffirme son soutien constant et inébranlable et sa solidarité envers le peuple de Palestine et son combat national visant à établir un Etat indépendant et souverain. Il a jugé regrettable qu’en dépit de 800 morts et 20 000 blessés palestiniens, depuis septembre dernier, l’Organisation des Nations Unies, et particulièrement le Conseil de sécurité, aient échoué dans leurs tentatives pour mettre fin à la violence. Ma délégation, a poursuivi le représentant, est d’avis qu’il est essentiel que la communauté internationale soit activement impliquée dans les efforts visant à remettre sur ses rails le processus de paix et de le faire avancer efficacement.
La Malaisie déplore toute forme de violence, exercée par des individus, des groupes ou des autorités étatiques, de même qu’elle estime qu’il faudrait condamner l’usage interrompu, disproportionné et excessif de la force, par les forces de sécurité d’Israël, contre des civils palestiniens, ce qui contrevient à la quatrième Convention de Genève. Il a souhaité que des mesures soient prises pour mettre fin aux violations des droits de l’homme du peuple palestinien. La demande des dirigeants palestiniens concernant un mécanisme international de contrôle de la situation sur le terrain, assurant ainsi la sécurité des civils non armés, mérite le soutien inconditionnel de la communauté internationale, a-t-il poursuivi, tout en appelant Israël à revenir à la table des négociations. Un règlement pacifique est la seule solution réaliste au conflit. Il a estimé que tous les accords du passé entre les deux parties devaient être soutenus et il faudrait que le rapport Mitchell et le Plan Tenet puissent être appliqués. Nous sommes conscients que l’Assemblée votera en faveur des projets de résolution afin de transmettre un signal clair à Israël, a-t-il conclu.
M. HADI NAJAD-HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a déclaré que la seconde moitié du XXème siècle restera marquée par la résistance du peuple palestinien, chassé de son territoire et poussé à l’exil. Depuis 50 ans, les Palestiniens se réveillent tous les matins face à la brutalité de l’occupant israélien et, aujourd’hui, ils traversent une des périodes les plus violentes de leur histoire, a-t-il ajouté. Le représentant a dénoncé l’utilisation d’armes lourdes et d’avions contre des civils sans protection, ainsi que les assassinats extrajudiciaires dont sont victimes des femmes et des enfants. Dans le même ordre d’idées, il a fustigé la politique de colonisation qui se poursuit, ainsi que la politique de judéisation des villes palestiniennes. Les récentes incursions ont aggravé la souffrance des Palestiniens, de même qu’elles ont détérioré l’économie palestinienne et la sécurité au Moyen-Orient, a-t-il estimé.
Par ailleurs, le représentant a indiqué qu’il faudrait une intervention internationale pour mettre à ce qu’il a appelé les «atrocités de l’armée israélienne». Il s’est félicité que la communauté internationale ait finalement reconnu que le problème palestinien était la source d’un grand nombre de difficultés pouvant mettre en péril la paix et la sécurité internationales. Il a également formé le voeu de voir les récentes déclarations des pays occidentaux suivies d’effets concrets pour qu’il soit mis fin à cinquante années de souffrances du peuple palestinien. A cet égard, il a appuyé la création d’un État palestinien ayant pour capitale Al Qods Al Charif. En conclusion, il a déclaré que la crise au Moyen-Orient et la question palestinienne en particulier ne sauraient être réglées que par la reconnaissance des réalités historiques des habitants de la région et du respect du droit inaliénable du peuple palestinien.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a regretté l’aggravation de la situation dans les territoires occupés où les populations civiles palestiniennes sont livrées à une répression sans nom de la part des forces d’occupation israéliennes et qui a atteint ces dernières semaines son paroxysme. A cet égard, il a dénoncé les assassinats ciblés, la destruction de maisons, la fermeture et l’occupation illégales d’institutions et de propriétés palestiniennes, l’usage d’armements lourds contre des populations désarmées et le recours systématique à la violence, dans le cadre d’une politique d’expansion territoriale du Gouvernement israélien, en violation des résolutions des Nations Unies. M. Benmehidi a exhorté les Nations Unies à utiliser tout leur poids moral et politique pour obliger Israël à observer scrupuleusement les dispositions de la quatrième Convention de Genève sur la protection des populations civiles en temps de guerre et à se conformer aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.
Le représentant s’est félicité, par ailleurs, de la déclaration faite par le Président Georges Bush le 10 novembre dernier devant l’Assemblée générale, en faveur de la création d’un État palestinien avec des frontières internationalement reconnues. Toute solution juste et définitive de la question palestinienne doit être fondée sur la légalité internationale telle qu’incarnée par les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et sur le respect par Israël des engagements contractés dans le cadre du processus de paix, en particulier le principe de la terre contre la paix agréé à Madrid, a-t-il encore ajouté. Il a également évoqué la nécessité de mettre en place rapidement un mécanisme de surveillance impartial sur le terrain qui pourra s’inscrire dans le prolongement du rapport Mitchell. En conclusion, il s’est dit fermement attaché à un règlement pacifique, juste, durable et global du conflit du Moyen-Orient, dont la question palestinienne constitue l’élément fondamental.
M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a condamné la violence qui provoque un désir de vengeance dans les deux camps palestiniens et israéliens. Le représentant a d’autre font lancé un appel en faveur de l’application complète et inconditionnelle des Accords de cessez-le-feu d’octobre 2000, des recommandations de la Commission Mitchell et des autres résolutions pertinentes. Le représentant s’est félicité que la communauté internationale ait pu être le témoin, l’an passé, de progrès dans la reprise du processus de paix au Moyen-Orient, mais il a regretté que les espoirs qu’il avait fait naître aient été immédiatement anéantis par des heurts et des incidents sanglants. C’est pourquoi mon pays estime, a poursuivi le représentant, que la meilleure façon de mettre un terme à la violence est d’aider les parties intéressées à s’engager vers la
conclusion d’un accord final. Dans ce contexte, la communauté internationale doit poursuivre ses efforts diplomatiques et politiques afin de promouvoir la reprise des négociations entre Palestiniens et israéliens. À cet égard, il a précisé qu’aucune solution ne peut être envisagée au Moyen-Orient sans tenir compte des aspirations légitimes du peuple palestinien. En effet, la Palestine et Israël ne pourront jouir d’une paix durable que lorsque les problèmes qui se posent aux palestiniens seront réglés de façon juste et raisonnable et que leurs droits légitimes seront restaurés. Enfin, le représentant a réaffirmé l’appui qu’apporte sa délégation au peuple palestinien sous l’autorité de l’OLP dans sa lutte pour la constitution d’un État souverain, sur leur territoire, en accord avec les résolutions pertinentes des Nations Unies et dans le respect du droit à l’existence d’Israël.
M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a indiqué qu’à l’heure actuelle, le peuple palestinien a plus que jamais besoin d’un engagement constant de la communauté internationale dans sa recherche de la paix au Moyen-Orient. Il a ajouté que cette journée commémorative nous remet tristement en mémoire le fait que l’Etat arabe prévu par la résolution sur la partition, n’a pas encore été créé. Que le peuple palestinien n’ait toujours pas de territoire constitue une injustice flagrante non seulement pour lui-même mais pour l’humanité en général, a-t-il poursuivi. Il a jugé moralement inacceptable que ce qui a été donné à un peuple soit dénié à un autre peuple.
Le représentant a en outre indiqué que la situation sur le terrain s’était détériorée l’an passé au-delà de toute imagination et que les exécutions extrajudiciaires des activistes palestiniens et des dirigeants politiques, ainsi que l’usage sans discernement et excessif de la force ont, entre autres, sérieusement ébranlé plusieurs décennies d’acquis. Nous appelons une fois encore Israël à exercer la plus grande retenue et à mettre fin à ses actes de provocation; nous appelons aussi les deux parties à arrêter le cycle de violence et à donner une chance aux négociations pacifiques, a-t-il ajouté. Il a estimé que ces événements ainsi que ceux du 11 septembre renforcent la détermination de la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour promouvoir le processus de paix. Dans la pratique, la politique a toujours prouvé que les positions modérées l’emportent sur les attitudes extrêmes. Il est donc impératif que les dirigeants politiques retournent sans délais ni conditions préalables à la table des négociations et conçoivent les moyens de mettre en oeuvre les recommandations du rapport Mitchell. Il s’est déclaré rassuré par les récentes déclarations du Président Bush promettant de travailler dans le sens d’une coexistence pacifique entre Israël et la Palestine qui disposeraient de frontières sûres et reconnues, ainsi que par la promesse d’une plus forte implication américaine dans la recherche de la paix au Moyen-Orient.
Mme CHOKILA IYER (Inde) a lancé un appel pour le respect des droits inaliénables et légitimes des Palestiniens à disposer de leur territoire ainsi que du droit de tous les États de la région, y compris Israël et la Palestine, d’exister à l’intérieur de frontières sûres et reconnues par la communauté internationale. La représentante a également estimé que l’expansion de l’implantation israélienne dans les territoires occupés sape la confiance mutuelle et la crédibilité du processus de paix. Dans ce contexte, le rapport Mitchell et le plan Tenet peuvent seuls permettre un retour à la table des négociations.
Mme Iyer a en outre exprimé son inquiétude face à la détresse des réfugiés qui vivent dans les camps dispersés de la région de l’Asie occidentale et a souhaité que les deux parties intègrent ce problème aux négociations finales avec l’encouragement et l’appui de la communauté internationale. Il faut également centrer les efforts sur les différents aspects de la construction d’une nation. C’est pourquoi, a ajouté la représentante, l’OLP doit recevoir une aide généreuse, en particulier dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la création d’emplois. Enfin, l’Inde regrette que la récente escalade de la violence se soit accompagnée d’un appauvrissement du peuple palestinien dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Elle joint par conséquent son appel à celui de la communauté internationale pour un arrêt immédiat des restrictions imposées aux Palestiniens.
M. JEAN DE RUYT (Belgique), s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, a regretté l’aggravation d’une situation déjà préoccupante qui a rendu inopérants les efforts déployés par la communauté internationale en vue de la relance du processus politique. L’absence de perspective politique encourage la poursuite de la confrontation, a-t-il ajouté. A cet égard, il a appuyé le rapport rendu le 22 mai dernier par la Commission d’établissement des faits constitué à Charm el-Cheikh. Il a également invité les Israéliens et les Palestiniens à assurer la mise en oeuvre intégrale et sans conditions du rapport Mitchell et du plan Tenet, en particulier en ce qui concerne l’arrêt des violences et le gel immédiat des activités d’implantation de colonies. Dans le même ordre d’idées, il a demandé à l’Autorité palestinienne de tout mettre en oeuvre afin de faire cesser les actes de violences à l’égard d’Israël.
Le représentant a condamné la réoccupation par l’armée israélienne de zones sous contrôle de l’Autorité palestinienne, a dénoncé les exécutions extrajudiciaires et a demandé à Israël de faire preuve de retenue dans l’usage de la force militaire. Il s’est également dit favorable à la mise en place d’un mécanisme impartial de surveillance et a déclaré que l’Union européenne était prête à y contribuer. Dans le même ordre d’idées, il a salué l’engagement du Président des Etats-Unis, Georges Bush, dans sa recherche d’une paix au Moyen-Orient fondée sur la mise en oeuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et sur la coexistence pacifique des deux États, Israël et la Palestine, tel qu’il l’a indiqué devant l’Assemblée générale le 10 novembre dernier. En conclusion, il a fait part du voeu de l’Union européenne de voir les parties mettre tout en oeuvre, dans les domaines politique, sécuritaire, économique et social, pour retourner dans la voie de négociation sans conditions préalables et, avec comme objectif, l’accomplissement des attentes légitimes des peuples de la région formulées lors de la Conférence de Madrid de 1991.
M. YEHUDA LANCRY (Israël) a déclaré que les espoirs de paix ont été sévèrement compromis ces dernières années, mais pas détruits. Il a également précisé que le peuple israélien n’a jamais perdu espoir d’aboutir à une paix durable bien que les Israéliens doivent faire face continuellement à la menace du terrorisme et prendre des mesures extraordinaires pour la protection des civils. Israël s’efforce de tout mettre en oeuvre pour travailler avec les partenaires palestiniens dans l’espoir de retrouver la paix dans la région. C’est pourquoi il a exhorté les Palestiniens à accepter la réalité d’un État juif souverain et à éliminer tout doute quant à la légitimité d’Israël.
Il a regretté les centaines de morts et de blessés de ces derniers mois et tout particulièrement la mort des cinq enfants palestiniens de la famille Al-Astal, à laquelle il a présenté ses condoléances. Il a informé l’Assemblée que des terroristes avaient, dans la journée, fait exploser une bombe dans un bus faisant plusieurs morts. A cet égard, il a formé le voeu que les attentats de cette semaine puissent inciter les dirigeants palestiniens à faire plus que de condamner verbalement ces actes et a exprimé l’espoir que le nécessaire sera fait par l’Autorité palestinienne pour traduire en justice les terroristes palestiniens. Il a également signalé que les récents attentats d’Afoula et celui d’aujourd’hui ont eu lieu dans le nord d’Israël près de Jenine, d’où les forces israéliennes venaient de se retirer.
Le représentant a, par ailleurs, rappelé des propos de Yasser Arafat qui a reconnu l’inutilité du recours à la force et le droit du peuple israélien à vivre dans la paix et la sécurité comme préalable à tout accord quel qu’il soit entre les deux parties. Le rapport Mitchell et l’accord de cessez-le-feu Tenet constituent la feuille de route qui devrait nous permettre de sortir du bourbier actuel et Israël travaillera de concert avec tous les protagonistes pour les appuyer, a-t-il encore ajouté. En conclusion, il a déclaré que nous devions saisir toutes les occasions qui se présenteront pour parvenir à la paix dans l’intérêt de l’avenir de nos enfants
M. ORLANDO REQUEIJO (Cuba) a regretté que depuis le 28 septembre 2000, Israël impose sa loi implacable au moyen d’incursions meurtrières dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, par la destruction de biens et de nouvelles implantations sur les terres palestiniennes et par une occupation militaire qui paralyse l’activité économique, impose de sévères difficultés à la population et détruit le peu de confiance qui pourrait exister entre les deux parties. Ces actions, a-t-il poursuivi, mettent en cause les possibilités de parvenir à une paix juste et durable en Palestine et au Moyen-Orient. Dans ce contexte, il a souhaité qu’Israël cesse de faire fi des nombreuses résolutions de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et de la Commission des droits de l’homme sur la Palestine. Les Nations Unies ont plus que jamais la responsabilité de participer activement à la recherche d’une solution à la question palestinienne, a-t-il ajouté. L’Assemblée générale doit par conséquent contribuer à la revitalisation du processus de paix, étant donné l’évidente incapacité du Conseil de sécurité à faire respecter ses propres résolutions.
M. Requeijo a en outre indiqué que les États-Unis doivent cesser de recourir au droit de veto pour couvrir leurs alliés. Il faut également exhorter Israël à respecter toutes les résolutions approuvées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité. Enfin, le représentant a condamné les actes d’agression et le terrorisme d’État pratiqués par Israël contre le peuple palestinien et a réaffirmé l’appui de son pays à la création d’un État palestinien indépendant et souverain avec Jérusalem pour capitale.
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