En cours au Siège de l'ONU

AG/1239

MISE EN PLACE DE MÉCANISMES JURIDIQUES D’ENCADREMENT DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME PROPOSEE A L’ASSEMBLEE GENERALE

16/11/2001
Communiqué de presse
AG/1239


Assemblée générale

56e séance plénière – matin


MISE EN PLACE DE MÉCANISMES JURIDIQUES D’ENCADREMENT DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME PROPOSEE A L’ASSEMBLEE GENERALE


La communauté internationale est priée de ne pas

se désengager de ses missions de maintien de la paix


Le débat général a été l’occasion pour l’Assemblée générale d’entendre ce matin le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Ivanov, proposer la mise en place d’un mécanisme, au sein des Nations Unies, qui permette de contrôler l’application par les États de leurs obligations concernant la lutte contre le terrorisme.  Afin de renforcer cette obligation, M. Ivanov a proposé également d’ancrer dans le droit international le principe de la responsabilité des États lorsqu’ils ne prennent pas de mesures contre les terroristes sur leurs territoires. 


Cette responsabilité collective a également été évoquée ce matin par de nombreuses délégations et a été particulièrement soulignée dans les domaines de l’assistance économique et financière mais aussi dans ceux du maintien de la paix et de l’aide après les conflits.  Ainsi, le Ministre des affaires étrangères du Liban, M. Hammoud, a-t-il lancé un appel aux Nations Unies pour que la mission de la FINUL ne se voie pas transformée en simple mission d’observation alors que la réalité sur le terrain exige son renforcement.  Dans le même esprit, M. Matturi, au nom de la Sierra Leone, a souhaité que les Nations Unies continuent de générer les soutiens internationaux nécessaires aux efforts de l’après-guerre et qu’elles apportent tout leur appui, notamment, au programme de réintégration des jeunes.  Ces derniers, ainsi que les femmes, ont été au centre des préoccupations de certaines délégations.  A cet égard, Mme Gloria Macapagla-Arroyo, en tant que femme chef d'Etat des Philippines, a affirmé que le fossé entre les sexes fait partie du fossé du développement et doit être traité avec la même énergie. 


Le fossé du développement évoqué par Mme Macapagla-Arroyo faisait écho aux préoccupations d’autres pays qui, à l’instar de Haïti, Antigua-et-Barbuda et de Fidji, ont souligné l’importance de la question du développement dans le cadre des négociations de l’Organisation mondiale du commerce.  Les représentants des petits Etats insulaires en développement ont défendu l’idée d’un financement du développement qui s’appuie sur un indice de vulnérabilité qui tienne compte de leurs spécificités.  Dans ce contexte, les Tonga a relayé les préoccupations de petits Etats insulaires tels que les Iles Marshall et Tuvalu, sur leur capacité de rebondir à la suite des contrecoups subis à leurs économies du fait de la récession économique mondiale et des catastrophes naturelles.  Le représentant de Tuvalu a notamment lancé pour sa part un cri d’alarme face au risque de submersion totale de quatre États insulaires sous l’effet du réchauffement de la planète.


Les représentants des pays suivants sont également intervenus dans le cadre du débat général : Sao Tomé et Principe, République de Moldova, Rwanda, Seychelles et Swaziland.


Le débat général reprendra cet après-midi, à 15 heures.


Déclarations


M. JOSEPH PHILIPPE ANTONIO, Ministre des Affaires étrangères de la République d'Haïti: Nous condamnons fermement les actes odieux survenus le 11 septembre qui ont occasionné des milliers de victimes.  Ces actes inhumains et aveugles attaquent les bases mêmes du système démocratique, portant atteinte à la paix et à la sécurité internationales, à la liberté, aux droits de la personne, à la recherche du bien-être et de la prospérité.  La communauté internationale dispose déjà de dix conventions et de deux protocoles traitant du terrorisme, instruments juridiques récemment renforcés par la résolution 1373 du Conseil de sécurité.  En dépit de ses faibles ressources, le Gouvernement haïtien s'engage à prendre les mesures nécessaires en vue de la ratification et de la mise en application des instruments juridiques pertinents.  Outre le recours à ces instruments juridiques, il est tout aussi important d’entamer une réflexion sur les facteurs qui engendrent le terrorisme.  La Communauté internationale doit, sous l'égide des Nations Unies et sous le signe de la tolérance et de la solidarité, construire une grande coalition contre la pauvreté, l'ignorance, la misère, la faim, l'exclusion sociale, la marginalisation, tâche urgente maintenant plus que jamais. 


Le moment est venu pour la communauté internationale de parvenir à un consensus concernant la réforme du Conseil de sécurité.  Il faut augmenter le nombre de ses Membres permanents en fonction d'une meilleure répartition géographique et ce, tout en procédant à une réévaluation profonde du droit de veto, dont la forme actuelle ne concorde guère avec l'état des relations internationales et l'exigence de l'impératif démocratique.  Il faut aussi institutionnaliser la transparence au niveau des méthodes de travail du Conseil de sécurité. 


Dans un monde mené par les marchés financiers, les échanges commerciaux et les investissements, nombre de pays en développement sont tenus en marge de l'évolution économique mondiale.  Inverser leur dérive vers la marginalisation et la pauvreté extrême appelle un remaniement de la coopération au développement. Lors du Sommet du Millénaire, plus de 147 chefs d'Etat et de gouvernement s'étaient engagés solennellement à délivrer l'humanité de la misère et à faire du droit au développement une réalité pour tous.  Il nous incombe de traduire ces engagements en actes concrets.  Il est fondamental que les pays les moins avancés puissent accéder aux marchés où ils pourraient écouler leurs produits.  La Conférence sur le financement du développement, en 2002 à Monterrey, Mexique, nous offre l'opportunité de formuler des mesures concrètes en matière de gestion de la dette, de la coopération technique, du commerce, des investissements et du système financier international. 


Haïti connaît une situation de crise résultant d'une controverse électorale.  Il s'en est suivi une suspension de l'aide internationale dont la reprise reste toujours conditionnée à la solution de cette crise post-électorale.  Le Président Aristide, le Gouvernement et l'Organisation politique Fanmi Lavalas ont fait preuve de beaucoup de flexibilité dans le cadre des négociations. Mais l'aide internationale est toujours suspendue, la pauvreté sévit, la pandémie du sida a fait 260 000 victimes, 500 femmes sont mortes sur chaque 100 000 accouchements et le taux de mortalité infantile s'élève à 61 enfants sur 1000.  Le Gouvernement haïtien est prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir pour résoudre la crise


post-électorale et remettre le pays sur les rails du développement, mais cela ne peut se faire sans la coopération de la Communauté internationale, que nous invitons à se joindre à nous dans nos luttes quotidiennes pour la survie, la réconciliation et la paix.


M. IGOR S. IVANOV (Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie): Cette session de l’Assemblée générale se déroule sous le signe d’un défi sans précédent lancé à l’humanité par le terrorisme.  Il est devenu clair que l’époque de la mondialisation, avec ce qu’elle comporte de menaces et de défis posés à la sécurité régionale et internationale, exige de nous tous que nous adoptions des approches radicalement nouvelles.  Par conséquent, nous devons unir nos efforts de façon solidaire pour l’établissement d’un ordre mondial juste et démocratique qui offre à toutes les nations du monde des assurances de sécurité et de développement durable, ou bien nous resterons incapables de relever les défis réels qui se posent.  Il faut donc créer un système mondial pour faire face au terrorisme.  Ce thème a d’ailleurs été au centre des discussions entre le Président de la Fédération de Russie, M. Poutine et le Président des États-Unis, M. Bush, lors de leur récente rencontre à Washington. 


Il faut relever que la coalition mondiale anti-terrorisme a commencé à agir et que la Russie en est l’un des principaux responsables.  Dans ce contexte, l'Organisation des Nations Unies, par son caractère universel, a un rôle central de coordination et de consolidation à jouer.  Nous nous félicitons des récentes décisions prises par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale dans la mesure où elles donnent des bases politiques et légales à la lutte contre le terrorisme.  Aujourd’hui, il est important qu’elles soient mises en œuvre par tous les États. 


Si besoin est, des moyens militaires peuvent être utilisés dans cette lutte, mais il faut également développer une approche complexe et globale qui intègre les dimensions politiques, économiques, financières et humanitaires du problème.  Nous disposons à présent d’une base juridique qui doit être prolongée par l’adoption d’une Convention globale sur le terrorisme international et d’une Convention pour la suppression des actes de terrorisme nucléaire.  À cet égard, la Russie estime qu’il faut établir un mécanisme, au sein des Nations Unies, qui permette de contrôler la mise en œuvre, par les États, de leurs obligations concernant la lutte contre le terrorisme.  De même, un centre de coordination des activités des États pour résoudre les crises occasionnées par les actes terroristes ainsi qu’une assistance matérielle et technique pourraient également être mis en place.  La Russie propose aussi la possibilité d’ancrer dans le droit international le principe de la responsabilité des États quand ils ne prennent pas les mesures appropriées contre les terroristes sur leur territoire ou sous leur protection. 


En outre, l’attention internationale devrait également se focaliser sur la relation qui existe entre le trafic de stupéfiants et le crime international organisé dans la mesure où, bien souvent, ils reposent sur les mêmes sources de financement.  Cette corrélation renforce le caractère indispensable de la mise en œuvre de la Convention internationale contre le financement du terrorisme. 


Il faut également noter que la lutte contre le terrorisme n’est dirigée contre aucune culture, civilisation ou religion particulière.  Nous espérons d’ailleurs qu’une contribution pratique sera apportée par l’initiative des dirigeants islamiques de Russie à travers l’organisation d’une conférence internationale à Moscou sur le thème “Islam contre terrorisme”. 


On peut en outre souligner le lien qui existe entre le terrorisme et la pauvreté dans la mesure où cette dernière se nourrit du fossé qui existe entre les riches et les pauvres au sein des États et entre les États eux-mêmes.  Par conséquent, il est urgent de mettre en œuvre des mécanismes qui permettent d’assurer un développement durable et de donner la priorité aux aspects sociaux de la mondialisation.  Les Nations Unies ont dans ce contexte un rôle central à jouer  afin de rétablir un équilibre financier et économique.  De même, il faut envisager la convocation d’un forum international pour discuter de la participation de la société civile et des médias en particulier dans la lutte contre le terrorisme. 


La Russie est également en faveur d’une stratégie complète visant à fermer la voie à l’alimentation extérieure des conflits.  Il faut notamment renforcer la coopération régionale à l’instar de celle établie par la Communauté des États indépendants et des accords anti-terrorisme passés entre les chefs de gouvernement de la Communauté. 


Enfin, la Russie se déclare en faveur de l’adoption de décisions qui garantissent la sécurité, l’épanouissement et le développement durable pour toute la planète.  Pour ce faire, il faut agir de façon solidaire sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies.


M. PATRICE TROVOADA, Ministre des affaires étrangères de la République démocratique de Sao Tomé et Principe:  Nous renouvelons notre entière disponibilité à coopérer de manière active tant au niveau régional qu’international à la lutte contre le terrorisme, l’un des principaux maux qui menacent la paix et la sécurité de la planète.  Toutefois, la manifestation de ce phénomène de violence extrême, lors des derniers attentats, nous interpelle sur la nécessité d’appréhender de manière différente et globale les grands problèmes auxquels est confrontée l’humanité.


Malgré les progrès techniques et scientifiques considérables qui ont permis d’atteindre d’importants niveaux de développement, persistent des asymétries de développement économique et social, au sein et entre les pays, régions et sous-régions du monde, comme en témoigne la situation en Afrique sub-saharienne.  Les statistiques de cette région témoignent de la nécessité urgente de constituer un front qui, agissant de manière concertée et collective, viserait à éradiquer la pauvreté absolue.  Devant ce scénario, des pays riches d’un côté, pauvres de l’autre, on peut s’interroger sur la volonté politique effective d’inverser cette situation, dominée par l’égoïsme et les intérêts des personnes, des groupes et des Etats.


Outre les données économiques, la situation du continent africain est aggravée par la persistance de conflits armés dans la région des Grands Lacs, dans la Corne de l’Afrique et en Angola, où nous renouvelons nos plus vifs désirs de voir se terminer la guerre.  Dans le cadre de la résolution des conflits, nous nous félicitons des efforts de la communauté internationale pour trouver une solution au Timor.  Mais c’est avec préoccupation que nous constatons l’escalade de la violence au Moyen-Orient.  Il est urgent qu’Israël et l’Autorité palestinienne reprennent les négociations de paix. 


Sao Tomé et Principe est toujours sur la liste des pays pauvres, moins avancés, sous-développés.  Mon pays est aujourd’hui un espace de liberté où les droits fondamentaux de la personne humaine sont respectés.  Cependant, les contraintes résultant des inégalités qui règnent dans le nouvel ordre économique international nous empêchent d’accéder au bien-être et de créer des conditions d’existence plus dignes pour nos populations.  La Déclaration du Millénaire, l’an dernier, revêt une importance particulière dans nos pays où l’avenir et le bien être des enfants est sérieusement compromis.  Il faut lutter par tous les moyens pour leur protection absolue et le respect de leurs droits fondamentaux.


Mon pays considère la mondialisation comme un phénomène d’interdépendance solidaire, une opportunité unique de rapprochement entre les peuples et non pas un idéal politique guidé par les puissances économiques.  Aussi nous accueillons avec enthousiasme le « Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique » et nous y participons avec la certitude que ce plan, basé sur nos aspirations, trouvera un accueil favorable auprès de tous nos partenaires, notamment ceux du G8.


MME GLORIA MACAPAGAL-ARROYO, Président de la République des Philippines:  Le coup qui a frappé New York, a frappé le monde entier.  Alors que le monde s'arrêtait pour regarder avec horreur s'écrouler les tours jumelles, l'économie mondiale était elle aussi prête de s'arrêter.  Le taux de progression moyen du PNB dans les pays en développement pourrait passer cette année de 5,5% à 2,9%.  Pour les pays les plus pauvres, c'est passer en dessous du niveau zéro.


Le visage du terrorisme, que cette ville a découvert, il y a plus d'un mois, est familier aux Asiatiques.  Il a frappé les vies des populations et les économies de la région.  Il a détruit notre crédit et découragé les investissements.  Il a plongé dans de grandes difficultés les gouvernements asiatiques qui ont été pris de court et incapables de fournir à leurs citoyens la sécurité la plus élémentaire.  Dans le sud-ouest des Philippines, il a épuisé nos ressources et notre patience.  Le terrorisme est l'argument auquel recourent ceux qui ne cherchent pas réellement à raisonner mais à obtenir ce qu'ils veulent, comme ils le veulent et selon les termes qu'ils ont fixés. Nous connaissons bien le terrorisme.  Nous le combattons dans le sud-ouest des Philippines.  Les auteurs de la première attaque perpétrée contre le World Trade Center ont été appréhendés par notre police.  Nous avons jeté tout le poids de la loi, y compris l'emploi de la force, contre ceux qui recourent au terrorisme. Nous connaissons les terroristes, nous savons que ce ne sont pas des gens avec lesquels on parle mais contre lesquels on lutte. 


Les Philippines n'ont pas eu besoin de se joindre à la lutte contre le terrorisme.  Elle était déjà engagée dans ce combat.  C'est un combat entre la tolérance et la bigoterie, la raison et le fanatisme, la loi et l'anarchie, la justice et le meurtre qui prétend à la justice.  Je ne sais pas si l'avenir nous appartient mais je sais qu'il n'y a pas d'avenir en dehors de cette lutte ou du moins un avenir où aucun d'entre nous ait envie de vivre ou même serait autorisé à vivre.  Ce serait un avenir où le bonheur est suspect, le plaisir un blasphème, la beauté une source de honte et la pensée indépendante un crime capital.


Pour arrêter le terrorisme, il faut arrêter les terroristes.  Ce qui nous est possible, est de dépouiller les terroristes de leurs prétentions morales et reprendre à notre compte les causes qu'ils ont perverties.  La pauvreté peut être réduite en partie par la croissance nationale.  Mais les sociétés doivent adopter des politiques volontaristes pour s'assurer que les niveaux de revenu des pauvres augmentent plus vite que ceux des riches.  Les récentes évolutions ont montré les dangers qu'il y avait à dépendre des marchés extérieurs.  Nous devons accroître notre demande intérieure et augmenter le pouvoir d'achat des masses.  La Communauté internationale a également sa part de responsabilités.  Les engagements pris de consacrer un certain pourcentage du PNB à l'aide publique au développement ont leur place mais le moyen le plus efficace de lutte contre la pauvreté et le moins coûteux à la disposition des pays développés consiste à ouvrir leurs marchés aux produits des pays en développement et en particulier des pays pauvres.  Le système de commerce mondial ne peut accepter que les pays développés subventionnent lourdement leur agriculture alors que les pays en développement n'ont pas les moyens d'aider leurs fermiers.  Si l'on veut que l'Organisation mondiale du commerce ne perde pas toute crédibilité en cette période cruciale, notre première priorité est de nous assurer que le cycle de négociations de Doha est réellement celui du développement.


La vision qu'ont les nations d'une réduction rapide de la pauvreté ne peut s'accomplir tant que les droits des femmes et des fillettes sont foulés aux pieds.  En tant que chef d'Etat femme et Commandant en chef de la 14ème plus grande nation du monde, je ne peux qu'affirmer que nous ne pouvons l'emporter sur la pauvreté sans libérer les femmes et les fillettes là où elles sont oppressées.  Le fossé entre les sexes fait partie du fossé du développement et doit être traité avec la même énergie.


M. NICOLAE DUDAU, Ministre des Affaires étrangères de la République de Moldova: Les attaques terroristes barbares du 11 septembre ont changé l'environnement international en matière de sécurité.  Le terrorisme est devenu la menace la plus grave et la plus immédiate à la sécurité et à la stabilité de nos sociétés, ainsi qu'un défi non seulement envers les Etats-Unis d'Amérique mais à l'égard de toute la Communauté internationale.  La lutte contre le terrorisme international est clairement devenue une priorité pour les Nations Unies.  A l'heure actuelle, nous nous efforçons de bâtir une forte coalition internationale, déterminée à traîner devant des tribunaux, dans le court terme, les individus ayant perpétré ces actes terroristes et, à plus long terme, à éradiquer ce fléau de la surface de la terre.  La République de Moldova s'est dotée de lois antiterroristes en vue de se conformer aux conventions des Nations Unies et aux articles de la Résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité.  Le pays est déjà Etat partie à six des 12 conventions des Nations Unies.  Par ailleurs, nous avons signé ce matin la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme. 


Nous devons nous attaquer avec détermination aux problèmes et facteurs qui alimentent le terrorisme et qui sont à la source de celui-ci, notamment le phénomène du séparatisme, qui devient une menace à la paix et à la sécurité internationales.  En plus de se révéler anachronique dans un monde de plus en plus globalisé et interdépendant, le séparatisme affecte les bases mêmes des sociétés multiculturelles et pose un grave danger à la souveraineté et à l'intégrité des Etats.  Tout comme le fléau du terrorisme, il tend à accentuer ce qui divise et sépare, plutôt que ce qui unit et tend vers l'intégration.  Etant un pays touché par le séparatisme, nous nous inquiétons de la persistance de ce fléau et de ses connections occasionnelles avec d'autres activités criminelles graves, incluant le terrorisme. Cette question doit, par conséquent, être prise en compte par les Etats Membres des Nations Unies dans leurs efforts pour mettre en œuvre une stratégie d'ensemble efficace de lutte contre le terrorisme.


La crédibilité des nations est remise en cause chaque fois que des décisions imposant une action dans le cadre d'une crise ou d'un conflit ne bénéficient pas du déploiement approprié et opportun de personnels et d'équipements de maintien de la paix. L'expérience des dernières années a clairement démontré la nécessité


d'améliorer de façon significative la capacité de l'ONU à faire face à des demandes croissantes et de plus en plus complexes dans ce domaine. A cet égard, la République de Moldova se félicite du renforcement, au cours de la dernière année, du Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU. 


Les questions du développement et de la pauvreté se sont vu accorder la plus haute priorité de la part des chefs d'Etat et de gouvernement réunis lors du Sommet du Millénaire.  Nous tenons à souligner que ces engagements doivent se traduire en actions concrètes, mais cela ne pourra se faire sans ressources additionnelles significatives.  La tenue au cours de la prochaine année de la Conférence internationale sur le financement du développement et du Sommet mondial sur le développement durable offre une occasion unique de trouver les ressources requises pour réaliser ces objectifs. 


Pour demeurer pertinentes et crédibles, les Nations Unies doivent maintenir un engagement ferme à poursuivre leur programme de réforme et de renouveau.  Les réformes des dernières années ont déjà contribué à renforcer et revitaliser l'Organisation.  Toutefois, beaucoup reste à faire à cet égard.  La République de Moldova croit que cette réforme doit être guidée par les principes de représentation géographique équitable, de démocratie, d'efficacité et de transparence. C'est sur cette base que l'on peut moderniser la composition du Conseil de sécurité et le mettre en phase avec l'accroissement substantiel qu'a connu la composition des Nations Unies.  Nous voudrions réitérer notre appui à un élargissement du Conseil de sécurité, autant en termes de membres permanents que non permanents, et le Groupe des pays de l'Europe de l'Est devrait à cet égard disposer d'un siège non permanent supplémentaire.


M. MAHMOUD HAMMOUD, Ministre des affaires étrangères du Liban: Le Liban réitère sa condamnation des actes terroristes du 11 septembre dernier.  Nous sommes prêts à coopérer dans la lutte contre le terrorisme en respect des normes internationales et des prérogatives de la souveraineté nationale.  Il faut rappeler que le Liban a longtemps été victime de l’occupation d’Israël et de ses pratiques terroristes.  Nous avons résisté à cette occupation jusqu’au retrait d’Israël des territoires nationaux.  Il est, par conséquent, normal, dans ce contexte, d’établir une distinction entre le terrorisme, qui est condamnable, et le droit légitime des peuples à lutter pour la libération de leur territoire.  S’il n’y avait pas eu d’invasion israélienne, il n’y aurait pas eu de résistance libanaise et si l’invasion israélienne ne s’était pas élargie, la résistance n’aurait pas été renforcée.


Le Liban est déterminé à lutter contre le terrorisme et il a, à cet égard, procédé à la signature de dix des douze conventions existantes sur la lutte contre le terrorisme.  Nous nous déclarons prêts à répondre positivement à toute initiative internationale de lutte contre le terrorisme et, en particulier, à l’organisation d’une conférence internationale qui aboutisse à une définition standard du terrorisme.  Il serait, en particulier, raisonnable de ne pas établir de lien entre le terrorisme, une race, une religion et entre les Arabes et les musulmans afin d’éviter de tomber dans le piège qui a été posé par ceux qui souhaitent que le monde vive en conflit.  Les événements du 11 septembre montrent que l’humanité n’est pas arrivée au terme de son développement.  Les terroristes s’efforcent de déstabiliser le nouvel ordre mondial.  Dans ces circonstances et dans le contexte des appréhensions qui existent, une analyse de la situation des conflits au Moyen-Orient est indispensable.  Il faut dénoncer les pratiques arbitraires et injustes d’Israël qui ne sont pas sous contrôle de la communauté internationale. Après le 11 septembre, l’attention a été centrée sur la nécessité de créer un Etat palestinien.  Il est de notre devoir aujourd’hui de réitérer ces appels et de faire en sorte que les problèmes de l’occupation israélienne au Liban et en Syrie ne soient pas mis de côté.  Dans ce contexte, nous estimons que la paix fondée sur la justice et les résolutions internationales est la seule solution.


Deux questions politiques fondamentales se posent au Liban. Il s’agit de celle du mandat de la Force internationale des Nations Unies au Sud-Liban (FINUL) et celle des réfugiés palestiniens au Liban.  Etant donnée la gravité de la situation, nous estimons que la mission de la FINUL ne doit pas se transformer en mission d’observation car la logique et la réalité sur le terrain en appellent à un mandat inchangé de la FINUL.  Son rôle doit au contraire être renforcé car elle ne s’est pas encore acquittée de son mandat.  Des problèmes restent toujours en souffrance, notamment celui du retrait israélien des territoires libanais dans la mesure où les Nations Unies n’ont pas vérifié son effectivité.  Le Secrétaire général a, pour sa part, reconnu que la FINUL n’avait pas accompli sa tâche du rétablissement de la paix et de la sécurité.  Elle ne doit donc pas devenir une mission d’observation.  Il faut en outre déployer des efforts de soutien mutuel qui incluent la participation de toutes les nations unies.  Le Liban lance, à cet égard, un appel pour que le mandat de la FINUL soit préservé, compte tenu de la situation dans le monde. Le Liban cherche inlassablement à assurer le retrait israélien de ses territoires.  Les 130 000 mines terrestres laissées par les Israéliens constituent une autre forme d’occupation indirecte et la communauté internationale doit contraindre Israël à fournir les cartes des endroits où elles se trouvent.  Nous demandons également une solution juste pour les réfugiés palestiniens qui menacent la stabilité du Liban dans la mesure où il n’est pas en mesure de les intégrer sur son territoire.  Une assistance urgente à ces refugiés est indispensable.  Le Liban doit obtenir réparation pour les dommages causés par les bombardements israéliens sur le territoire libanais et, pour ce faire, le Liban aura recours aux instruments internationaux pour revendiquer ses droits à l’assistance.  Enfin, nous lançons un appel à la Communauté internationale pour qu’elle redresse la situation injuste dont souffre le peuple palestinien et pour qu’elle apporte une solution globale au conflit complexe et dangereux du Moyen-Orient.


M. SAHR MATTURI, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Sierra Leone: Il y a 40 ans, la Sierra Leone était le 100ème Etat admis au sein des Nations Unies.  Depuis, nous avons modestement apporté notre contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Dans le même temps, l’ONU et ses institutions ont beaucoup fait pour la Sierra Leone, répondant aux principaux défis qui leur étaient lancés notamment dans le domaine du maintien de la paix, avec la MINUSIL (Mission des Nations Unies en Sierra Leone) et dans celui du droit humanitaire, avec la proposition de créer une cour spéciale pour traduire en justice les principaux responsables des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.  Au moment où l’on partage le chagrin de milliers d’Américains et de ressortissants de 86 autres pays, cela nous rappelle cette journée odieuse de janvier 1999 durant laquelle 5 000 civils innocents ont été tués dans l’assaut lancé par les rebelles sur la capitale de mon pays.


L’émergence d’une nouvelle coalition contre le terrorisme est une impérieuse nécessité.  Toutefois, la Sierra Leone croit qu’il serait bon de renforcer les coalitions déjà existantes et d’en former d’autres contre ces éléments qui continuent de tuer chaque jour des millions d’enfants et d’adultes : la faim, la pauvreté, la malnutrition, le paludisme, le sida, la brutalité et l’intolérance.  La Sierra Leone en appelle donc à l’Assemblée générale et à la communauté internationale pour qu’elles traduisent la solidarité internationale contre le terrorisme en un ensemble de nouvelles coalitions contre les maladies infantiles, contre la pauvreté et le sous-développement humain, contre le sida et la malaria, contre les armes nucléaires et autres armes de destruction massive.


La situation en Sierra Leone s’est considérablement améliorée.  J’exprime ma gratitude sincère aux Nations Unies, à leurs institutions, à la Communauté économiques des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et aux pays fournisseurs de contingents à la MINUSIL.  Mais le passé nous a enseigné à rester constamment sur nos gardes.  La sécurité de la population restera prioritaire, comme le sera la consolidation de la paix grâce à un développement durable.  C’est pourquoi nous souhaitons que les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, continuent à apporter les soutiens internationaux nécessaires à nos efforts d’après-guerre.  A cet égard, nous attirons l’attention sur le fait que le désarmement et la démobilisation des combattants touchent à leur fin.  Le processus de réintégration demeure crucial et si, faute de fonds suffisants, il s’effondre, nos gains en faveur de la paix seront perdus.  Au nom de mon Gouvernement, j’en appelle à la Communauté internationale pour qu’elle nous aide à extirper l’une des causes du conflit en accroissant son appui à notre programme de réintégration et d’intégration des jeunes.  Nous ne devons plus permettre que les aspirations sociales et économiques légitimes de notre jeunesse soient exploitées par des chefs de guerre dont le seul objectif est l’exploitation de nos précieuses ressources minérales à leur seul profit.


Les sacrifices que nous avons consentis en faveur de la paix ne bénéficient pas aux seuls Sierra-Léonais mais sont dans l’intérêt de la paix et de la stabilité dans tout le « triangle » de l’Union du fleuve Mano (Guinée, Libéria et Sierra Leone) et de la sous-région.  Le Président Kabbah est tout à fait engagé à restaurer les principes de bon voisinage au sein de l’Union.  Par ailleurs, nous sommes conscients de ce que la lutte contre la pauvreté et la réduction des conflits incombent en premier lieu aux pays en développement eux-mêmes, mais le consensus international veut aussi que le développement durable repose sur une plus grande coopération entre pays développés et en développement.  De même, la Sierra Leone s’inquiète de la menace que représentent les armes nucléaires et la prolifération des armes conventionnelles.  Lors de la Conférence des Nations Unies sur le trafic illicite des armes légères, en juillet, nous avions vainement plaidé pour une interdiction du transfert de ces armes aux entités non étatiques, rebelles ou terroristes, qui conduisent des attaques contre des civils innocents. 


M. ANASTASE GASANA (Rwanda): Les actes du 11 septembre 2001 constituent un défi pour les Nations Unies et pour chaque Etat Membre.  Puisque les Nations Unies constituent le creuset de la paix et de la sécurité internationales et qu'un groupe terroriste s'en prend à des vies humaines innocentes, qu'importe le prétexte, il revient à chaque Etat Membre, à toute organisation humaine digne de ce nom, à tout homme épris de paix et de justice, de lutter avec la plus grande énergie contre ce groupe terroriste, si puissant qu’il soit.  Le Rwanda et le peuple rwandais ont vécu sous la terreur d'un Etat assassin, terroriste et génocidaire, trois mois durant.  Ce règne de la terreur a emporté avec lui plus d'un million de vies humaines en 1994.  Les instruments de cette terreur aveugle et sans merci, sont connus. C'est l'organisation des milices para-militaires communément dénommées Interahamwe et les anciennes Forces armées rwandaises communément appelées ex-FAR.  Nous demandons, du haut de cette tribune, que ces deux organisations, qui, depuis une décennie, se sont érigées en véritables machines à tuer, figurent en bonne et due forme sur la liste des terroristes à combattre et à pourchasser de par le monde.  La République démocratique du Congo qui, depuis 1994, abrite ces forces du mal, les nourrit, leur fournit armes et munitions et fait d'eux ses alliés, devrait répondre aux appels incessants du Conseil de sécurité des Nations Unies d'arrêter tout soutien aux forces du mal présentes sur son territoire.


S'agissant de la paix en République démocratique du Congo et dans l'ensemble de la région des Grands Lacs africains, mon pays est déterminé à mettre en application les Accords de paix de Lusaka.  Concernant la question des droits de l'homme, nous tenons à réaffirmer notre attachement à la primauté du droit dans les relations internationales.  Nous sommes déterminés à renforcer l'état de droit ainsi que le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales.  Le Gouvernement rwandais a accueilli avec beaucoup d'intérêt le rapport des droits de l'homme en République démocratique du Congo.  Ce rapport contient de nombreuses allégations gratuites dont celle relative à la prétendue annexion d’une partie.  Nous voudrions rappeler ici que l'armée régulière du Rwanda n'a pas franchi nos frontières avec le Congo à des fins d'annexion comme le prétend le rapport mais pour assurer la sécurité de notre territoire et de notre population qui a été et demeure constamment menacée par les ex-Forces armées rwandaises et les miliciens Interahamwe qui ont commis le génocide en 1994 et utilisent le territoire de la RDC comme leur base arrière pour rééditer leur macabre forfait.


Tout au long de ce débat général, la pauvreté et le problème de la dette ont été soulignés comme obstacles majeurs au développement.  C'est dans cette optique que nous demandons aux Nations Unies de réexaminer le rapport présenté au Conseil de sécurité par une commission d'enquête indépendante dirigée par M. Carlsson, ancien Premier Ministre de la Suède, et qui n'a pas connu de suivi jusqu'à cette heure.  Nous estimons que l'Organisation à laquelle nous appartenons, devrait assurer un suivi à ce rapport qui définit assez bien les besoins de reconstruction économique et sociale du Rwanda post-génocide.


M. ENELE S. SOPOAGA, Ambassadeur et Représentant permanent de Tuvalu auprès des Nations Unies et chef de la délégation de Tuvalu: Etant le plus récent Etat Membre à avoir joint les Nations Unies, Tuvalu est fier de ce que le prix Nobel de la paix ait été remporté par le Secrétaire général et par les Nations Unies.  Depuis les attaques terroristes du 11 septembre contre les Etats-Unis, nous tous ici réunis dans cette salle de l'Assemblée générale, ressentons une anxiété qui prouve à elle seule le rôle important que nous attendons des Nations Unies.  L'Assemblée se doit de défendre vigoureusement ce que le Secrétaire général a récemment qualifié de "nouvelle culture de prévention des conflits". A notre avis, nous devons tirer avantage du nouvel esprit de coopération qui émerge actuellement pour nous attaquer aux causes mêmes du terrorisme et aux menaces à la paix et à la stabilité.  Cette approche fondée sur la recherche du consensus est qualifiée dans notre région de "voie pacifique" et elle pourrait bien se révéler utile à notre entreprise de coopération universelle.  Tuvalu s'engage à adhérer aux résolutions et conventions de l'ONU contre le terrorisme.  En pratique, notre pays pourrait avoir besoin du soutien technique et financier de la Communauté internationale afin de mettre en place les outils législatifs, de surveillance et de mise en œuvre dont nous aurons besoin pour honorer nos obligations à cet égard.


Tuvalu se félicite de la sage décision de l'Organisation mondiale du commerce d'admettre récemment dans ses rangs la République de Chine à Taïwan.  Nous croyons fermement que les Nations Unies doivent suivre cette direction et sérieusement envisager à nouveau d'admettre la République de Chine à Taïwan comme Etat Membre de l'ONU, en mettant fin à une politique d'exclusion et en se fondant sur la réalité des temps présents.


Tuvalu a besoin d'améliorer ses capacités de partager et de disséminer l'information sur les crimes transnationaux, notamment le trafic de drogues, le blanchiment d'argent, les faux investissements et autres tentatives dangereuses et douteuses qui prennent souvent pour cible les Iles du Pacifique, sous prétexte que ces activités peuvent sembler légitimes.  Laissés à nous-mêmes, nous croyons que ces menaces exposent notre pays et les autres Iles du Pacifique à des forces hors de toute possibilité de contrôle.  Il est donc vital de nous aider à renforcer notre capacité de réduire ces menaces à notre sécurité et lutter contre la criminalité. 


Le plus grand danger à long terme pour Tuvalu réside cependant dans les effets des changements climatiques, notamment l'élévation du niveau de la mer.  Nos craintes ont été confirmées par les plus récents rapports du Groupe intergouvernemental d'experts sur les changements climatiques.  Nous croyons aussi, à Tuvalu, que le climat devient plus pénible, plus chaud et plus sec et que les vagues plus fortes qu'avant érodent les berges et s’infiltrent dans nos réserves d'eau douce.  Les Etats Membres de l'ONU doivent savoir que les Iles Maldives et Marshall, Kiribati et Tuvalu constituent les seuls pays consistant entièrement en atolls de coraux et de récifs très bas, qui disparaîtraient entièrement si devait advenir une élévation du niveau des océans.  Les habitants de Tuvalu ne veulent pas devenir des réfugiés environnementaux.  Tout comme la lutte internationale contre le terrorisme, il faut trouver une solution à la menace mondiale que constitue la possibilité que Tuvalu et d'autres îles seraient rayés de la carte à cause des changements climatiques.  Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons sécuriser le "village mondial" de l'humanité. 


M. AMRAIYA NAIDU, Représentant permanent des Fidji: La pauvreté est à l’origine de nombreux problèmes sociaux et menace la démocratie et la bonne gouvernance.  Aujourd’hui, l’éradication de la pauvreté est le défi majeur auquel nous sommes confrontés.  La Déclaration du Millénaire a fixé pour objectif la réduction de la pauvreté extrême de moitié d’ici à 2015 : atteindre ce but doit être à la base de tous les efforts de développement et exige un engagement constant et des mesures concrètes de la part de la Communauté internationale.  Nous reconnaissons que la stabilité politique et la stabilité économique et sociale sont inextricablement liées à l’atténuation de la pauvreté. 


Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des défis et des incertitudes sans précédent, qui vont des conflits très étendus aux actes terroristes qui ne font que marginaliser une couche toujours croissante de la population.  Il revient à l’Assemblée générale et au système des Nations Unies d’apporter des réponses créatives à ces difficiles questions.  A cet égard, les plans de réforme de l’ONU constituent des plateformes positives : ainsi, l’élargissement de la composition du Conseil de sécurité – membres permanents et non permanents - pourrait nous offrir de nouvelles solutions.  Aussi, ma délégation soutient-elle ces réformes. 

Mon pays est engagé dans les opérations de maintien de la paix et ses contingents servent au sein de la FINUL (Liban), de l’ATNUTO (Timor oriental), de l’UNIKOM (Iraq et Koweït), et la MINUBH (Bosnie-Herzégovine) et de la MINUK (Kosovo).  La délégation des Fidji appuie les mesures qui visent à renforcer la sécurité du personnel des Nations Unies  et qui doivent s’attacher à apporter sur le terrain la protection réelle que méritent en particulier le personnel humanitaire.


Depuis son admission à l’ONU, les Fidji n’ont jamais cessé de plaider en faveur de la décolonisation et de l’autodétermination : on compte encore 17 territoires non autonomes, essentiellement de petites îles des Caraïbes et du Pacifique, qui ont besoin de toute notre attention pour que soient reconnues leurs aspirations légitimes à l’autodétermination.  Par ailleurs, les petits Etats insulaires en développement continuent de rechercher une participation plus efficace aux travaux des Nations Unies.  A l’occasion du Sommet du Forum du Pacifique qui se tiendra aux Fidji en 2002, le Gouvernement renouvelle son invitation au Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, pour se rendre dans la région.


Notre programme d’action exige que l’ONU joue un rôle croissant pour coordonner l’étude des problèmes sociaux, économiques, financiers et commerciaux  Les déséquilibres et l’exclusion représentent en effet une menace pour l’humanité tout entière, notamment pour les Fidji.  Nos économies sont dépendantes de l’économie mondiale et nos produits ont du mal à accéder aux marchés étrangers.  En tant que membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les Fidji s’inquiètent de l’érosion des systèmes préférentiels dans les échanges mondiaux, le sucre étant la ressource principale du pays.  Les petits pays insulaires en développement, comme les Fidji, redoutent que leurs économies se trouvent gravement affectées, faute de mesures de sauvegarde adéquates sur les marchés. 


M. PATRICK ALBERT LEWIS (Antigua-et Barbuda): Les événements tragiques du 11 septembre posent un défi à la civilisation mondiale.  Le Parlement d'Antigua-et-Barbuda a adopté, le 18 octobre, une législation antiterroriste rigoureuse et la Communauté des Caraïbes (CARICOM), lors d'une réunion extraordinaire d'urgence, les 11 et 12 octobre, a reconnu que le terrorisme posait un problème mondial requérant une réponse mondiale.  Antigua-et-Barbuda a maintenant ratifié le statut de Rome sur la Cour pénale internationale dont la perspective est, pour les citoyens de mon pays, porteuse de la promesse d'une justice universelle.  Antigua-et-Barbuda est déçue que les crimes liés au trafic de drogues et au terrorisme soient passés à l'arrière-plan en ce qui concerne la CPI mais nous sommes prêts à reprendre le dialogue pour qu'ils entrent dans la sphère des préoccupations de la Cour quand elle sera opérationnelle.


Les combats de Seattle, Windsor et Québec font intégralement parties de la lutte pour une mondialisation à visage humain.  La mondialisation a laissé des Etats comme le mien en proie à un sentiment d'exclusion, de mise à l'écart tandis que nous observons les gains qu'en retirent les puissants.  Nous appelons à une réforme de l'architecture politique et économique mondiale, au sein de l'ONU comme de l'OMC.


Antigua-et-Barbuda, en tant que petit Etat insulaire, est extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles.  Un seul ouragan ramène le développement d'un petit Etat insulaire dix ans en arrière.  Antigua-et-Barbuda en a subi sept entre 1995 et 2000.  Nous lançons un appel pour que la vulnérabilité de petits Etats comme Antigua-et-Barbuda soit reconnue de façon significative par la communauté internationale.  Nous attirons l'attention sur notre incapacité de nous relever, en termes de ressources humaines et financières, à la suite de catastrophes naturelles et des contrecoups subis par notre économie du fait de la récession économique mondiale.  Des pays comme Antigua-et-Barbuda, sont considérés comme des pays à revenu intermédiaire en raison du critère du revenu per capita, qui est biaisé et devrait être abandonné.  Le financement du développement devrait prendre en compte un ensemble de facteurs et devrait être lié à l'indice de vulnérabilité sur lequel la CNUCED a beaucoup travaillé.  Les coûts de transaction considérables supportés par les petits Etats insulaires en raison de leur isolement et le poids disproportionné qu’implique leur participation au commerce mondial ne sont pas pris en compte.  Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale devraient appliquer un traitement spécial à l'évaluation des performances des petits Etats insulaires.  Ils devraient également prévoir des programmes d'assistance particuliers et trouver des méthodes novatrices pour permettre un financement à long terme sur des périodes et à des taux qui permettent à ces Etats de préserver la démocratie, les droits de l'homme, un taux de criminalité bas et leur croissance économique.


Mon pays se félicite des succès engrangés lors de la réunion sur les changements climatiques de Marrakech au cours de laquelle les parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques ont finalisé les détails opérationnels du Protocole de Kyoto, ouvrant ainsi la voie à une ratification générale du Protocole et à sa rapide entrée en vigueur.  Il ne nous reste plus maintenant qu'à tester l'efficacité des procédures du Protocole de Kyoto en observant la réduction des émissions des gaz à effet de serre, à hauteur de 5% par les pays développés.  Les petits Etats insulaires tels que le mien qui sont parmi les plus vulnérables aux effets négatifs des changements climatiques, continuent à demander instamment une ratification rapide du Protocole.  Les pays des Caraïbes insistent sur le fait que le transport maritime des déchets nucléaires dans la mer de Caraïbes devait cesser et que leurs populations vivent dans la crainte constante d'un accident. 


Toutes les sociétés se mesurent à la façon dont elles traitent leurs membres les plus vulnérables et la communauté des nations n'échappe pas à cette règle.  J'en appelle aux délégués ici rassemblés à prêter attention aux plaintes des victimes et à édifier un ordre international qui porte la civilisation humaine au niveau des idéaux des Nations Unies.


M. RAYNARD GIDEON (République des Iles Marshall): Dans un monde confronté de façon croissante à des comportements qui dénient le droit à la dignité humaine et à la liberté, les Fidji s’honorent d’avoir ratifié au plus vite le Statut de Rome sur la création d’une Cour pénale internationale.


Comme par le passé, la République des Iles Marshall continuera de s’élever le plus résolument possible contre toute négligence envers les changements climatiques.  Le problème est particulièrement grave dans la région du Pacifique-Sud : comme les autres petits états insulaires, les Fidji sont en but à l’érosion de leurs côtes, de leurs sols et à la salinité croissante qui met en péril leurs récoltes.  Cette vulnérabilité, ajoutée à une sécheresse prolongée est une menace contre notre survie même.  Nous nous félicitons que la dernière Conférence de Marrakech ait été couronnée de succès.  Et nous continuons de penser que le Protocole de Kyoto est le meilleur outil disponible pour répondre à nos préoccupations environnementales.


Nous estimons que les Nations Unies doivent aller de l’avant dans leur processus de réforme et nous soutenons le programme proposé, mais nous estimons que davantage doit être fait et nous encourageons donc la Cinquième Commission à travailler en ce sens. Nous appuyons sans réserve la réforme du Conseil de sécurité, dans ses composantes permanentes et non permanentes de façon à ce que les pays en développement puissent eux aussi faire partie de ceux qui élaborent les réponses aux défis du monde contemporain.  De même, la reconfiguration de notre groupe régional, qui compte 14 des 189 Membres des Nations Unies, doit être étudiée, et grâce à des efforts communs et avec un peu d’imagination, le problème doit pouvoir être réglé sans délai.  Enfin, l’exclusion de la République de Chine à Taiwan a causé des torts graves à son Gouvernement et à son droit fondamental de participer au dialogue international.  Il est temps de revoir cette exclusion.  La République de Chine à Taiwan peut coopérer avec les Nations Unies dans de nombreux domaines comme le développement durable, la technologie, la santé, la paix et la prospérité.


M. CLAUDE MOREL (Seychelles):  Notre Gouvernement a condamné sans équivoque et dans les termes les plus forts, par la voix du Président de la République, M. France Albert René, les attaques terroristes du 11 septembre dernier perpétrées contre les Etats-Unis.  L'action militaire en Afghanistan est menée en respect du droit international, et en particulier conformément à l'Article 51 de la Charte des Nations Unies relatif au droit de légitime défense.  Le Gouvernement des Seychelles estime qu'il n'existe aucune justification politique ou religieuse au terrorisme.  Toutefois, il faut également reconnaître que les causes inhérentes du terrorisme sont la pauvreté extrême, le désespoir et l'injustice, ce qui exige des efforts concertés et des engagements collectifs partout dans le monde pour éliminer la pauvreté et le sous-développement. 


La délégation des Seychelles appuie pleinement les négociations en cours pour élaborer une convention générale sur le terrorisme international.  A cet égard, elle tient à féliciter le Secrétaire général pour son intervention personnelle en vue d'aplanir les divergences et de parvenir à un consensus.  Nous souhaitons qu'en dépit de la nature complexe et sensible de cette question, la communauté internationale parviendra à un accord très bientôt sur ce projet de convention.  Dans l'optique de la mobilisation internationale sans précédent contre le terrorisme, nous estimons que les Etats Membres influents des Nations Unies, en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité, devraient faire preuve d’une forte volonté politique pour régler les conflits régionaux partout dans le monde, et surtout au Moyen-Orient, compte tenu du fait que les conflits régionaux tendent souvent à engendrer le terreau du terrorisme.  Par ailleurs, en tant que petit Etat insulaire dépendant surtout du tourisme et des industries connexes, notre pays serait davantage vulnérable s’il advenait que la campagne militaire en cours en Afghanistan devait se poursuivre.  L'ONU doit en outre engager son plein potentiel pour poursuivre vigoureusement son agenda pour le développement, ce qui inclut, entre autres, la campagne en faveur de la réduction de la pauvreté et d’un développement durable, la recherche d'une distribution équitable des fruits de la mondialisation et la réalisation des objectifs fixés par le Sommet du Millénaire, de même que la tenue avec succès de la Conférence sur le financement du développement et du Sommet mondial sur le développement durable, l'année prochaine.  Il est urgent pour les Nations Unies de repenser l'ordre mondial, non seulement en termes d'équilibre géopolitique mais également pour ce qui concerne une nouvelle éthique.  Le terrorisme international ne peut décidément pas être combattu uniquement avec des armes offensives, peu importe qu'elles soient conventionnelles ou sophistiquées.


M. SONATANE TU'A TAUMOEPEAU TUPOU (Tonga):  les Tonga condamnent fortement tout acte de terrorisme qui ne peut avoir aucune justification et étudient attentivement les Conventions des Nations Unies sur le terrorisme à laquelle nous ne sommes pas parties.  Toutefois, devenir partie à des conventions ne sera pas suffisant.  Les efforts des Tonga pour développer, mettre en œuvre et maintenir des mesures de contre-terrorisme rendront nécessaires une aide financière et technique durable s'appuyant sur un réseau d'échanges d'informations solide entre les institutions de police et l'aviation.


Nous attendons beaucoup de la Conférence internationale sur le financement du développement en tant que nouvelle occasion de traiter un large éventail de questions particulièrement cruciales pour les pays en développement.  L'accord récent sur la Déclaration de la Conférence ministérielle de Doha peut prêter à optimisme ; toutefois les Tonga souhaitent que soit défini un processus simple et rapide destiné aux petits Etats insulaires en développement comme le mien qui veulent rejoindre l'OMC.  Un tel processus n'est réalisable que si nous bénéficions de l'assistance technique et financière voulue. 


Nous attendons du Sommet sur le développement durable qu'il constitue un pas supplémentaire vers les objectifs du développement durable en particulier ceux qui concernent les petits Etats insulaires en développement.  Nous continuons de demander à la communauté internationale de se réengager pour appliquer le Plan d'action de la Barbade.


Même si les Tonga reconnaissent le mérite de l'indice de vulnérabilité dans l'évaluation des impacts économiques, son application devrait cependant englober tous les petits Etats insulaires en développement et ne pas servir à définir des différences superficielles entre eux.  Nous continuons à appuyer l'élaboration d'un indice de vulnérabilité approprié pour les petits Etats insulaires en développement et soutenons les travaux en cours de la Commission sur les géosciences appliquées du Pacifique-Sud à cet égard.  En tant que pays maritime en développement, nous cherchons à bénéficier de façon équitable des ressources de la mer.  Nous nous félicitons à cet égard des préparatifs de mise en œuvre de la Convention des Etats du Pacifique de l'Ouest et du Centre sur la conservation et la gestion des stocks de poissons chevauchants et grands migrateurs.


M. CLIFFORD MAMBA (Swaziland):  Beaucoup a déjà été accompli pour assurer la réforme de l’ONU et, notamment au Conseil de sécurité, mais il faut continuer à faire progresser les négociations en cours.  Le Swaziland appuie la réforme visant à élargir la composition du Conseil de sécurité, en particulier au profit de l’Afrique qui est candidate à deux postes permanents.  Le Gouvernement du Swaziland est convaincu que les Nations unies, en collaboration avec les organismes régionaux, doivent jouer un rôle plus actif dans la diplomatie préventive pour désamorcer des situations potentiellement explosives.  Nous avons besoin d’un système d’alerte sur les conflits et d’une plus grande coopération entre le Conseil de sécurité et le Cabinet du Secrétaire général. 


En termes de développement, un vent nouveau souffle sur les pays d’Afrique et apporte l’espoir à nos populations : la série d’accords conclus par tous les Etats d’Afrique indique qu’une ère nouvelle d’optimisme pour le continent africain, ainsi que des relations nouvelles avec le reste du monde.  L’Afrique ne tolèrera plus de gouvernements anticonstitutionnels.  La création de l’Union africaine montre que l’Afrique entend réaliser ses objectifs.  La « Nouvelle Initiative pour l’Afrique » propose un partenariat qui permet à une Afrique responsable de bénéficier du soutien d’un monde qui comprend les priorités des pays africains en matière de développement.  Face à la menace d’une récession mondiale, le Swaziland met en garde contre les conséquences négatives qu’elle pourrait engendrer à l’encontre d’économies faibles comme celles des pays africains.  L’ONU doit mobiliser les ressources nécessaires pour financer le développement et la communauté internationale est tenue d’aider les pays à sortir de la misère.


La lutte contre la misère reste une priorité du Swaziland et nous continuons à tout faire pour rechercher des investissements, accroître nos échanges et créer de nouvelles entreprises.  Pour réaliser ce programme ambitieux, le Gouvernement a besoin de l’appui des Nations Unies et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Malheureusement, le pays se heurte à des obstacles considérables, comme le virus du VIH/sida qui affecte 26% de la population.  Des ressources financières, des médicaments et une expertise doivent être fournis par les Nations Unies pour contrer ce fléau.  Le Swaziland qui appuie par ailleurs l’admission de Taïwan aux Nations Unies, propose la création d’un groupe de travail à cet effet.


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