LA PAUVRETE, L’IGNORANCE ET L’INJUSTICE PERCUES A L’ASSEMBLEE GENERALE COMME UNE MENACE A LA PAIX ET A LA SECURITE DANS LE MONDE
Communiqué de presse AG/1237 |
Assemblée générale
54e séance plénière – matin
LA PAUVRETE, L’IGNORANCE ET L’INJUSTICE PERCUES A L’ASSEMBLEE GENERALE
COMME UNE MENACE A LA PAIX ET A LA SECURITE DANS LE MONDE
Pour le Ministre israélien des affaires étrangères, M. Shimon Peres,
un Etat palestinien capable de développer son économie est un gage de sécurité
Réunis au sixième jour du débat général de l’Assemblée générale pour exposer les grandes lignes de leur politique, Ministres des affaires étrangères et Vice-Ministres ont ce matin constaté un lien étroit entre le développement et la paix et la sécurité dans le monde. La faim, la maladie, l’ignorance, la violence, l’injustice et la pauvreté ont en revanche été perçues comme des menaces à la paix et à la stabilité par la majorité des orateurs, certains qualifiant d’échec le système international actuel de la coopération pour le développement. Le Ministre israélien des affaires étrangères, M. Shimon Peres, a invoqué la responsabilité des nations riches dans le partage des richesses en matière de connaissances pour qu’elles deviennent une locomotive pour les plus démunies. “Un Etat palestinien, qui permette à ses habitants de développer librement leur économie, de perpétuer leurs traditions et de bénéficier d’un niveau élevé d’éducation, est également un gage de sécurité, a ajouté M. Peres.
Les défis que devra relever la communauté internationale à la suite des attaques terroristes du 11 septembre ont été considérés, par le Ministre des affaires étrangères du Nigéria, M. Alhaje Sule Lamido, comme offrant de nouvelles possibilités de coopération qui n'étaient pas imaginables auparavant, non seulement sur le terrain de la sécurité mais également dans les domaines du développement socioéconomique, de l'état de droit, de la bonne gestion des affaires publiques et du respect des droits de l'homme. Il a plaidé pour que l’Afrique bénéficie d'actions et de mesures concrètes lui permettant une pleine intégration à un nouveau système économique mondial, comme l'élimination pure et simple de la dette ainsi que l’adoption de mesures de lutte contre le transfert illégal de fonds des pays en développement vers l'étranger. Estimant pour sa part que la récession économique actuelle aura des effets importants sur les pays en développement, en particulier sur l’Afrique, le Ministre des affaires étrangères de l’Angola, M. Joao Bernardo de Miranda, a estimé que ce n’est qu’en se dotant d’Etats forts que les nations africaines prendront part aux activités de coopération et de partenariat pour le développement. Il s’est félicité des bons résultats que les sanctions prises par le Conseil de sécurité contre les troupes de Jonas Savimbi ont eu pour la paix et la stabilité retrouvées par l’Angola.
Les Vice-Premiers Ministres et Ministres des affaires étrangères des pays suivants ont pris la parole: Burkina Faso, Indonésie, Slovaquie, Israël, Ouzbékistan, Guyana, Nigéria, Comores, Angola, et Soudan. Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Yémen et les représentants du Cameroun, de Singapour et du Kazakhstan ont également fait des déclarations.
L’Assemblée générale poursuivra son débat général, à 15 heures.
Suite du débat général
M. YOUSSOUF OUEDRAOGO, Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso: Les attentats terroristes du 11 septembre qui ont frappé les Etats-Unis et endeuillé le peuple américain et d’autres peuples du monde marquent un point d’inflexion dans l’évolution des relations internationales. Ils nous ont brutalement et atrocement rappelé, à la fois, la complexité des problèmes auxquels l’humanité est confrontée et l’urgente nécessité de leur trouver des solutions adéquates. Le Burkina Faso a condamné avec fermeté et sans ambages ces actes barbares, criminels et ignobles. Mieux, il est fermement déterminé à s’associer à toutes les initiatives prises par la communauté internationale pour éradiquer le terrorisme et ses causes. C’est pourquoi, le Burkina Faso a, entres autres, engagé le processus de ratification de la Convention de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, ainsi que des conventions des Nations Unies y relatives. Il vient aussi d’adopter un projet de loi visant la ratification de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles et il organisera du 28 au 30 novembre prochains, un séminaire des Ministres des affaires étrangères et de la justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans le but d’accélérer la ratification de cette Convention.
Pour être efficace, la lutte contre le terrorisme doit s’inscrire dans le cadre d’une coalition mondiale, cohérente et solide, reposant sur l’ONU, en même temps qu’elle prendra en considération les réalités et contraintes auxquelles la dynamique des relations internationales est confrontée. Par delà les actions militaires, elle doit intégrer les mesures politiques et diplomatiques les plus appropriées en vue du traitement effectif des conflits et des problèmes politiques régionaux, la réduction des injustices et des inégalités criardes qui alimentent la violence et la haine. Nous devons veiller à la définition préalable d’objectifs clairs et de méthodes appropriées pour leur mise en œuvre. Combattre les terroristes ne doit pas leur procurer des alliés. La communauté internationale doit donc s’engager résolument dans la lutte contre la pauvreté, les épidémies, en particulier le VIH/sida, la marginalisation économique et commerciale, ainsi que les exclusions de toutes sortes. Cela commande nécessairement que soit trouvée une solution à la question du Moyen-Orient. Au regard de la persistance des tensions dans cette région, la tenue, au plus tôt, d’une conférence internationale spéciale s’impose. Il est également impératif que soient levés les embargos iniques imposés à certains Etats tels que la Libye, le Soudan, l’Irak, l’Iran ou encore Cuba. Les conflits et le grand banditisme étant alimentés par la fabrication, la vente et la circulation des armes et les mines antipersonnel, le Burkina Faso appuie aussi fermement les actions de l’ONU en vue de parvenir à un désarmement général et complet, tant au niveau des armes de destruction massive que des armes conventionnelles.
Le débat au sein de l’ONU doit permettre à tous les Etats Membres de s’exprimer et contribuer à la réflexion sur les meilleurs moyens de répondre aux préoccupations de l’humanité. Toutes les opinions doivent être écoutées et toutes les décisions doivent être appliquées par chaque Etat Membre. C’est la condition sine qua non pour parvenir à un nouvel ordre international viable qui doit être basé sur deux idées forces : la réforme de l’ONU en vue d’une gestion plus collective et plus démocratique des affaires du monde, et la redistribution plus équitable des ressources mondiales. S’agissant plus précisément de la réforme du Conseil de sécurité, le Burkina Faso réaffirme la position issue du Sommet d’Harare qui préconise une représentativité équitable de toutes les régions du monde.
M. HASSAN WIRAJUDA, Ministre des affaires étrangères d’Indonésie: Le terrorisme international aujourd’hui se lève à l’horizon comme l’une des menaces majeures pour la vie humaine et la civilisation. Nous ne pouvons pas d’un côté essayer de régler cette menace et laisser à d’autres les mains libres pour semer la panique dans le monde. La menace de la destruction nucléaire existe toujours. Avec les armes conventionnelles, des millions de personnes sont déplacées, blessées ou tuées. Au Moyen-Orient, tant que le droit naturel des Palestiniens à l’autodétermination sera violé, il ne pourra y avoir de paix durable. Dans le domaine économique, nous n’avons pas été capables de régler le problème de la pauvreté. Les économies d’Asie du Sud-Est ont juste commencé à se relever de la crise économique d’il y a quelques années. Sans les ressources et la technologie pour un développement durable, les pays en développement perdront rapidement leurs ressources naturelles.
Pour nous Indonésiens, en 1997 et en 1998, des millions de personnes ont perdu leur emploi. Depuis notre économie a repris de la vigueur. Nous avons besoin de flux d’investissements massifs pour consolider notre reprise et marcher vers le développement. L’Indonésie a besoin de surmonter le problème de la corruption dans sa bureaucratie et dans le secteur privé. Des menaces pèsent sur la souveraineté territoriale de notre pays. Il faut régler le problème. Je pense que tous ces problèmes mondiaux et nationaux peuvent s’expliquer par un déficit de relations entre les hommes. La solution consiste à rétablir l’équilibre, tous les êtres humains sont égaux et ont les mêmes droits devant Dieu et devant la loi.
L’Indonésie a poursuivi son processus difficile de réforme et de démocratisation. Elle peut être fière d’être l’une des démocraties les plus grandes du monde. Nous sommes la négation vivante de la conception selon laquelle l’Islam et la démocratie sont incompatibles. L’introduction récente de mesures audacieuses en ce qui concerne les relations entre le gouvernement central et les autorités régionales a été la réponse démocratique au défi du séparatisme dans les provinces d’Aceh et d’Irian Jaya. Nous donnerons satisfaction aux demandes légitimes en accordant une autonomie spéciale et un meilleur partage des ressources. Nous ne tolèrerons néanmoins aucun acte de terreur et de violence à des fins séparatistes. J’ai foi dans la rectitude de notre travail en faveur des relations humaines basées sur l’égalité entre les individus.
Si le programme de désarmement nucléaire n’a pas avancé, c’est parce que les puissances nucléaires ont un avantage sur les autres. L’inégalité est devenue un encouragement à la prolifération nucléaire. Dans le domaine économique, il faut créer des avantages pour toutes les nations. La réalité montre que le multilatéralisme avance. Le principe de l’égalité entre tous les êtres humains doit s’appliquer au niveau de l’utilisation des ressources naturelles et de son impact sur l’environnement.
L’Indonésie se félicite de l’adoption de la résolution 1378 (2001) par le Conseil de sécurité. Il s’agit d’une reconnaissance de la nécessité de renforcer les efforts diplomatiques et politiques pour trouver une solution globale en Afghanistan. Il est aussi important de souligner que le rôle des Nations Unies est de soutenir les efforts du peuple afghan lui-même.
M. EDUARD KUKAN, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie: Les attaques terroristes brutales contre les Etats-Unis visaient aussi les Nations Unies, ses principes et ses valeurs. Toutefois, elles ont uni la communauté internationale qui a réalisé le danger potentiel et nous sommes soulagés de voir la rapidité et la détermination avec lesquelles les Nations Unies ont réagi. A cet égard, la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité est particulièrement importante et doit être appliquée dans son intégralité. Après les attaques terroristes, les pays et les organisations internationales ont démontré leur capacité de coopérer étroitement et de coordonner leurs actions dans le combat contre le terrorisme mondial. La Slovaquie a rejoint la coalition antiterroriste immédiatement et sans hésitation, résolue à combattre le terrorisme et à s'opposer à cette menace à la paix et à la sécurité sur la planète. Nous appelons les autres pays à redoubler d'efforts pour achever la mise au point d'une convention globale contre le terrorisme.
Les attaques terroristes ont changé notre perception du monde et nous avons désormais besoin de réévaluer les mécanismes internationaux. A cet égard nous espérons que le statut de Rome du Tribunal pénal international entrera en vigueur l'année prochaine et qu'ainsi la communauté internationale mettra en place un organe qui mettra fin à l'impunité attachée aux crimes les plus graves, y compris les crimes contre l'humanité.
La Slovaquie considère que les opérations de maintien de la paix sont l’une des activités clefs des Nations Unies et participe activement aux discussions qui visent à améliorer l'efficacité et la réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. La participation de la Slovaquie aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies a été également multipliée par six depuis le début de l'année 2000.
La Slovaquie aimerait jouer un rôle plus visible au sein des Nations Unies. Concernant la réforme du Conseil de sécurité, nous souhaitons que cet organe important soit plus efficace tout en conservant son caractère opérationnel et sa flexibilité. Nous pensons que le Conseil de sécurité devrait prendre ses décisions sur la base de la majorité et réserver le veto aux décisions prises au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. La Slovaquie soutient l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité dans les deux catégories: membres permanents et non permanents. Par ailleurs, nous considérons qu'il serait justifié d'allouer un siège supplémentaire au groupe des pays de l'Europe de l'Est, dont le nombre d'Etats Membres a doublé au cours de la dernière décennie.
M. SHIMON PERES, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d’Israël: La guerre que mènent les Etats Unis contre le terrorisme est une guerre que mènent également tous les Etats et tous les être humains de la planète. Ben Laden affirme aider les Palestiniens mais il n’est qu’un obstacle au règlement du conflit. Israël a fait la paix avec l’Egypte et a restitué toutes les terres ainsi que l’eau. Nous avons fait de même avec la Jordanie sans l’intervention de Ben Laden. Nous avons agi ainsi, non pas parce que nous étions guidés par la terreur, mais en raison de la cessation de la terreur. Nous avons offert aux Palestiniens de restituer pratiquement toutes les terres au moment des Accords de Camp David en juillet 2000 sans l’aide de Ben Laden. Les différences qui subsistent ne justifient pas l’assassinat de femmes et d’hommes aux Etats-Unis. Les différends politiques ne sauraient justifier le meurtre d’enfants. J’appelle à la constitution d’une assemblée de nations responsables qui érigerait un barrage
contre la terreur. Il s’agit d’une question de vie ou de mort. Soit nous tous, nations et individus, créons les conditions nécessaires à la liberté, soit nous sommes condamnés à devenir les cibles de la mort et des ténèbres. Il est également de la responsabilité des nations riches de partager leurs richesses en matière de connaissances et de devenir une locomotive pour les démunis.
Malgré les difficultés que nous connaissons dans notre région, j’ose affirmer qu’il existe encore des opportunités pour dégager une nouvelle vision pour le Moyen-Orient. Nos voisins, les Palestiniens et les Arabes, savent qu’Israël est déterminé à déployer les efforts nécessaires à la reprise du processus de paix sur la base d’un accord négocié. Un Etat palestinien, qui permette à ses habitants de développer librement leur économie, de perpétuer leurs traditions et de bénéficier d’un niveau élevé d’éducation, est également un gage de sécurité. En cette époque moderne, il n’est pas possible de garantir la sécurité d’un Etat par l’édification de barricades, de murs, de fortifications et de tranchées. Le principe des relations de bon voisinage, à l’instar du marché commun en Europe, du Groupe de Rio en Amérique latine et dans les Caraïbes, de l’ANASE en Asie et du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, ne doit pas être ignoré. Ces cadres de coopération ont montré que le domaine économique fournissait une réponse aux vieux conflits historiques, politiques et militaires. Chaque démocratie doit disposer d’une institution non-démocratique pour se défendre. Les armées sont les garants de démocratie mêmes si elles ne sont pas démocratiques. Tant que le régime de terreur sera en place, Israël n’aura pas d’autre choix que de défendre son peuple. L’Autorité palestinienne qui est un Etat en gestation doit établir son contrôle sur toutes les armes, toutes les armées et tous les usages de ces armes. Pas tant pour le bien-être d’Israël que pour la protection de la paix et pour leur propre destinée, de sorte que les balles ne démentent plus les bulletins de vote. Tant que le régime de terreur sera en place, Israël n’aura pas d’autre choix que de défendre son peuple. Le mot terreur n’est pas un terme abstrait, c’est une réalité qui se manifeste par 30 à 40 incidents violents par jour en Israël. Des attaques suicides y sont perpétrées par des individus qui n’ont aucun respect pour la vie d’autrui, ni pour la leur. Ils ne peuvent être stoppés que depuis leur lieu d’origine. La terreur est forte tant que la réponse est faible, la terreur fait peu tant que les populations sont effrayées, la terreur est une maladie, pas un remède. Le monde est aujourd’hui à la croisée des chemins, les Etats ont le choix entre se joindre à la nouvelle économie ou succomber à la terreur. Chacun doit faire son choix, toutefois la voie du progrès est claire pour ceux qui ont le courage d’en faire leur objectif.
M. ABDULAZIZ KAMILOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan: Il ne fait aucun doute que les événements tragiques du 11 septembre ont forcé la communauté internationale à revoir, de manière critique, la question de l’élaboration de positions communes pour combattre le terrorisme, en se fondant sur les dispositions de la Charte relatives à la préservation de la paix et de la sécurité internationales. Il est évident aujourd’hui que le terrorisme est lié à l’extrémisme, qu’il soit politique, religieux ou ethnique, ainsi qu’au séparatisme et au trafic des drogues. Voilà les principales menaces à l’avenir de l’humanité. La communauté internationale est de plus en plus consciente du caractère indivisible de la sécurité. Dans ce contexte, l’Ouzbékistan s’engage à tout mettre en œuvre pour participer à la lutte contre ce phénomène mondial qu’est le terrorisme. Personne ne peut se tenir à l’écart de cette bataille et ne peut se contenter de simples déclarations d’intention. Il est temps de traduire les paroles en actes et d’opter pour une stratégie plus volontariste. La seule manière de traiter avec les terroristes est de les isoler complètement et de leur
opposer une position résolue réfutant tout compromis. La stratégie mondiale anti-terroriste doit définir clairement les paramètres d’un cadre juridique efficace et les fondements organisationnels de la coopération internationale, et les formes des mesures collectives concrètes à prendre tant aux niveaux mondial que régional ou bilatéral.
L’Ouzbékistan considère l’opération anti-terroriste en Afghanistan avant tout comme le moyen de détruire les bases et les camps d’entraînement et d’éliminer les conditions qui ont précisément favorisé les activités terroristes. Le peuple ouzbek, grand contributeur au développement et à la prospérité de la civilisation islamique, est conscient de ce que l’opération n’est pas dirigée contre le peuple de l’Afghanistan, ni contre l’Islam. C’est contre les terroristes et leurs installations que la guerre a été déclarée et non contre cette population pacifique. La guerre civile qui a ravagé durant trois décennies ce pays a conduit à la destruction complète de l’économie nationale et a jeté la population dans la détresse, allant jusqu’à menacer l’existence de l’Afghanistan comme Etat unifié. Nous appuyons les efforts de la communauté internationale en vue d’adopter de vastes programmes intégrés de reconstruction post-conflit. Nous participons déjà aux efforts des Nations Unies dans le cadre de la fourniture d’une aide humanitaire. A la lumière des événements récents, l’Ouzbékistan propose de créer, au sein des structures onusiennes, un centre international de lutte contre le terrorisme. Nous rappelons aussi que la lutte contre le terrorisme ne doit pas faire oublier la nécessité de combattre cette autre menace qu’est le trafic des drogues, qui est le principal soutien financier des terroristes et des extrémistes. Ces dernières années, les pays d’Asie centrale se sont trouvés sous le coup d’une attaque concertée des réseaux internationaux de narco-trafiquants. Aussi puissant qu’il soit, aucun pays ne peut seul emporter ce combat, le soutien de l’ensemble de la communauté internationale est nécessaire, et devrait s’attacher à prévenir l’émergence de ces réseaux. En vue de réduire toutes les menaces possibles, l’Ouzbékistan accorde également une grande importance à la non-prolifération des armes de destruction massive en Asie centrale. Il apprécie donc grandement le soutien que les Nations Unies apportent aux groupes régionaux d’experts s’efforçant à élaborer un traité sur les zones exemptes d’armes nucléaires et demande à l’Assemblée générale d’en accélérer l’adoption.
M. SAMUEL.R. INSANALLY, Ministre des affaires étrangères du Guyana: Il doit être possible d’analyser les conséquences politiques, économiques et sociales des attaques du 11 septembre. En tant qu’Etat petit et vulnérable, avec une capacité limitée de se défendre en cas de violation de son intégrité territoriale, le Guyana ne peut accepter la menace ou l’utilisation de la violence pour résoudre les différences et les différends, à l’intérieur des Etats ou entre eux. La violence ne doit pas seulement être condamnée, elle doit être réprimée. La communauté internationale doit maintenant mettre en place un arsenal d’instruments juridiques approprié. Nous devons édifier des défenses assez solides contre le terrorisme et ses corollaires comme le trafic des drogues et d’armes et d’autres formes de crime transnational. A l’intérieur de la Communauté des Caraïbes, dont fait partie le Guyana, nous avons coordonné des actions pour interdire à ces éléments criminels l’accès à notre territoire. L’impact économique et social du désastre du 11 septembre a été puissant et profond. Il sera très difficile pour les petits Etats, les Etats vulnérables, de régler certains problèmes. Comme toujours, les exportateurs de matières premières sont les premiers à souffrir de
la récession et les derniers à se rétablir. Ces déséquilibres s’amplifieront du fait du processus de mondialisation. Le salut dépendra de notre volonté d’apprendre de nos expériences et de faire mieux à l’avenir. Nous devons honorer nos engagements à l’égard de la Charte des Nations Unies et créer une nouvelle vision et stratégie.
Au Moyen-Orient, le peuple palestinien, comme les autres peuples de la région, doit vivre loin de la crainte, en toute sécurité. Il est regrettable que le Conseil de sécurité soit trop souvent perçu comme non démocratique et opaque. Une réforme significative du Conseil de sécurité créera la confiance dont cet organe a besoin. La paix et le développement sont inextricablement liés. Toute tentative visant à dissocier les deux notions serait non seulement artificielle mais dangereuse.
Au Guyana, notre Gouvernement a élaboré, après de nombreuses consultations avec notre population, une stratégie visant à réduire la pauvreté qui est sans aucun doute le grand cauchemar du progrès. Il est impératif que les Nations Unies poursuivent activement l’ordre du jour pour le développement afin de permettre aux pays en développement, particulièrement les petits et les faibles, de supporter les tempêtes politiques et économiques actuelles. Une action rapide est nécessaire pour mettre en œuvre les recommandations structurelles qui ont émergé de la session spéciale sur le virus VIH/sida. Je demande que les aspects opérationnels du Fonds mondial pour la lutte contre le virus VIH/sida et la santé soient finalisés rapidement. Nous devons reconnaître que le système international actuel de la coopération pour le développement a échoué et n’a pas atteint ses objectifs premiers.
M. ALHAJI SULE LAMIDO, Ministre des affaires étrangères du Nigéria: Les événements récents ont mis en évidence l'importance et la pertinence des Nations Unies dans la poursuite de la paix, de la sécurité et de la stabilité. Le Nigéria, dont l'ambassade a été détruite par l'attaque terroriste à la bombe de Dar es-Salaam en 1998, et qui a perdu des ressortissants lors de l'attaque contre le World Trade Center, partage totalement la colère et la douleur des familles des victimes de ces actes barbares. Le terrorisme est une menace mondiale qui doit être combattue à l'échelle planétaire. C'est la raison pour laquelle le Nigéria soutient la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité et encourage les pays à renforcer leur coopération et leur coordination dans cette lutte. D'une certaine façon, les défis auxquels nous devons faire face aujourd’hui offrent de nouvelles possibilités de coopération qui étaient inimaginables auparavant, non seulement sur le terrain de la sécurité mais également dans les domaines du développement socioéconomique, de l'état de droit, de la bonne gestion des affaires publiques et du respect des droits de l'homme.
L'engagement de mon pays dans les domaines de la prévention des conflits, de la paix et de la stabilité est bien connu. Bien que l'Afrique ait été touchée de façon disproportionnée par les conflits et des guerres qui dévastent les sociétés et les populations, on peut apercevoir quelques lueurs d'espoir. Le processus de paix en Sierra Leone progresse, un gouvernement de transition vient d'être instauré au Burundi et ces efforts montrent la détermination des dirigeants de notre continent à faire aboutir les initiatives de paix. Nous sommes convaincus qu'en travaillant en partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales, les Nations Unies peuvent faciliter le retour de la paix et de la sécurité dans les zones de conflit.
Il est nécessaire d'intensifier nos efforts pour éliminer les armes de la guerre, conventionnelles et non conventionnelles. A cet égard, le programme d'action adopté lors de la récente Conférence des Nations Unies sur les petites armes et armes légères nous montre la voie d'une coopération effective.
Tout en reconnaissant le caractère inexorable de la mondialisation, le Nigéria estime que ses bienfaits ne devraient pas être limités à une petite partie de la communauté internationale. L'Afrique devrait pouvoir bénéficier d'actions et de mesures concrètes lui permettant une pleine intégration à un nouveau système économique mondial. Par ailleurs, le Nigéria appelle à un changement de stratégie en matière de dette en se fondant sur une appréciation de l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique et la stabilité politique des pays en développement. Le fait que beaucoup de ces pays n'aient pas pu réduire le poids de leur dette malgré des initiatives bienvenues de rééchelonnement ou de réduction, prouve qu'il faut envisager des approches plus créatives allant jusqu'à l'élimination pure et simple de la dette. Ces efforts internationaux pour résoudre le problème de la dette devraient être accompagnés de mesures visant à décourager le transfert illégal de fonds des pays en développement vers l'étranger et à les rapatrier vers leur pays d'origine. Enfin, le Nigéria juge que la pandémie du sida continue de poser un défi majeur au développement. Nous apprécions la contribution de la communauté internationale dans la lutte contre ce fléau. Tous les efforts possibles devraient être mis en œuvre pour que le Fonds global pour le SIDA devienne opérationnel d'ici à janvier 2002.
M. SOUEF MOHAMED EL-AMINE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République fédérale islamique des Comores: Dans la lutte contre le terrorisme, il est nécessaire de définir la notion de terrorisme, en établissant clairement ce qui constitue un terrorisme d’Etat, celui de groupes et d’individus. Il faudra ensuite distinguer les actes terroristes des revendications légitimes de certains peuples à exercer leur droit à l’autodétermination. Enfin, il est essentiel de ne pas faire l’amalgame entre le terrorisme et l’islam qui est connu pour sa grande tolérance et son ouverture, prônant l’amour du prochain, la paix et la solidarité. Le souci qui nous anime par rapport au problème du terrorisme nous a conduit à mettre en place un mécanisme national de lutte contre le terrorisme. Nous avons signé en janvier 2000 la Convention internationale visant à supprimer le financement du terrorisme. En plus des dispositions nationales engageant chacun de nos pays, il convient d’élaborer un mécanisme international qui allie efforts régionaux et continentaux. Ceci exige certes une lecture politique objective de la situation qui prévaut dans les zones de tension dans le monde. La situation dans les territoires arabes occupés, entre autres problèmes, nous interpelle. Le peuple palestinien a, lui aussi, droit à la vie, à la prospérité, au bonheur, à la paix et à la sécurité. Un Etat palestinien avec Al Qods Al Sharif pour capitale s’impose.
Il incombe aux Nations Unies de veiller au bien-être des peuples qui attendent beaucoup de l’Organisation qui est reconnue comme offrant le meilleur cadre pour la garantie des droits fondamentaux de tous. Les graves maladies qui sévissent dans nos pays, en particulier ceux en développement, les difficultés d’accès à de meilleures conditions d’éducation et de santé, la famine qui frappe plusieurs régions du monde, la dégradation de notre environnement, la violation des droits de l’homme demeurent des défis majeurs de notre millénaire. Le Gouvernement des Comores s’attache à faire du Programme national de lutte contre le sida un outil efficace. Nous exhortons par ailleurs les Nations Unies à considérer la revendication légitime du Gouvernement chinois relative à la
réintégration de la province chinoise de Taiwan dans son ensemble naturel. Le Sommet du Millénaire a suscité de grands espoirs qu’il convient de matérialiser ce qui suppose un suivi des recommandations formulées à cette occasion. La faim, la maladie, l’ignorance, la violence, l’injustice et la pauvreté sont des menaces à la paix et à la stabilité.
Au niveau national, nous annonçons que le Processus de réconciliation national a été engagé par le chef d’Etat comorien qui a opté pour un dialogue direct avec nos frères de l’île d’Anjouan. A l’heure actuelle, un projet de constitution devant régir le futur ensemble comorien vient d’être remis officiellement au chef de l’Etat et sera soumis à référendum avant la fin de l’année. Parallèlement à ces efforts, des dispositions sont en cours en vue de préparer les prochaines élections. Le grand défi pour le gouvernement, après ces chantiers en cours, reste la lutte en vue d’un développement socioéconomique harmonieux. C’est la raison pour laquelle, je lance un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle continue à nous apporter son concours dans cette période de réconciliation nationale et de reconstruction. La crise sécessionniste n’est pas venue occulter le problème de l’île comorienne de Mayotte. Toutefois, confiant en la volonté des autorités françaises de coopérer avec leurs homologues comoriens, notre gouvernement réitère son souhait de voir la communauté internationale s’associer à cette démarche, une fois que le nouvel ensemble comorien sera mis en place, pour permettre le retour de Mayotte dans son giron naturel.
M. JOAO BERNARDO DE MIRANDA, Ministre des affaires étrangères de l’Angola: La paix et la sécurité continuent d’être menacées par de nombreux conflits armés, surtout en Afrique, ainsi que par les actes terroristes perpétrés contre certains pays. Parallèlement la pauvreté extrême et la misère frappent des millions d’individus, notamment sur mon continent, et la pandémie du VIH/sida, contractée par plus de 36 millions de personnes, met sérieusement en péril le développement économique et l’avenir de nombreuses sociétés. Pour relever tous ces défis, et d’autres encore, l’ONU doit continuer d’améliorer ses structures internes, y compris le Conseil de sécurité dont la composition doit être revue afin d’être géographiquement plus représentative. L’ONU doit s’attacher à mettre en œuvre les plans d’action et les recommandations adoptées au cours des dix dernières années afin de résoudre les problèmes du VIH/sida, du développement social, des droits de l’homme, du racisme et de la discrimination raciale, ainsi que du terrorisme. Nous continuons de penser que l’application de la résolution sur les mesures de lutte contre le terrorisme sera fondamentale pour combattre ce fléau à visages multiples. Comme aucun pays n’est à l’abri, nous devons tous coopérer aux niveaux national, régional et international, sous les auspices des Nations Unies. L’Angola réitère sa ferme condamnation des attaques du 11 septembre et appuie le recours à la force en vue d’éliminer les réseaux terroristes et ceux qui les soutiennent. Lui-même victime de ce phénomène depuis de nombreuses années, l’Angola s’est jointe au Conseil pour le développement de l’Afrique australe qui s’attache à promouvoir la discussion et l’identification des diverses formes du terrorisme, ainsi que les mesures de prévention dans notre région. Sur le continent africain, la lutte contre le terrorisme devrait tout particulièrement viser les sources de financement telles que le trafic illégal des diamants, des drogues et des armes. Il faut aussi identifier les réseaux et empêcher la libre circulation de leurs membres. En partenariat avec d’autres pays, l’Angola a mis au point un système de certification internationale des diamants qui évite que le fruit du trafic illégal atteigne les marchés internationaux. La lutte contre le terrorisme exige également d’accorder une attention spéciale à l’achèvement des conventions internationales sur cette question.
Après une période d’incertitude, la paix est lentement en train de devenir une réalité irréversible en Angola. Les forces régulières de l’UNITA ont été complètement neutralisées et le gouvernement contrôle désormais l’ensemble du territoire. Les petits groupes de rebelles qui subsistent ne représentent plus une menace aux institutions démocratiques du pays, ni à la sécurité de la majorité de la population. Le Protocole de Lusaka continue, à notre avis, d’être la formule qui permettra de résoudre le problème de la paix et de la réconciliation nationale en Angola. Ces progrès ont des répercussions positives sur les problèmes économiques et sociaux du pays et devraient permettre de tenir des élections générales dans un avenir proche. Toutefois, le pays a toujours besoin du soutien de la communauté internationale dans ses efforts visant à alléger la pauvreté des populations déplacées et des réfugiés et à reconstruire les infrastructures. Les sanctions décrétées par le Conseil de sécurité sur les troupes de Jonas Savimbi ont réduit sa capacité de mener la guerre et démontrent que, lorsqu’elles sont employées comme un moyen et non comme une fin, les sanctions sont efficaces. C’est pourquoi il est préoccupant de voir que tous les pays ne respectent pas leurs obligations à cet égard. Mon Gouvernement rejette les arguments avancés par certains pays, selon lesquels les résolutions du Conseil de sécurité seraient incompatibles avec leur législation nationale. L’Angola est aussi fermement engagée en faveur du processus de paix dans la région des Grands Lacs, et en particulier en République démocratique du Congo. Il se félicite des récents progrès obtenus et a retiré 75% des troupes qui étaient présentes dans ce pays. Seul le Rwanda n’a pris aucune mesure pour retirer ses forces et honorer ainsi les obligations contractées lors de l’Accord de Lusaka.
La récession économique actuelle aura des effets importants sur les pays en développement, en particulier en Afrique. Pour prendre part à la coopération et aux activités collectives, les nations africaines doivent disposer d’Etats forts, ce qui n’est encore guère le cas. Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique marque une rupture avec la stagnation passée et l’Angola espère qu’il deviendra une force de stabilité politique et de développement économique.
M. MUSTAFA OSMAN ISMAIL, Ministre des affaires étrangères du Soudan: Le soudan appelle la communauté internationale à examiner les défis énormes posés par les événements du 11 septembre et leurs implications futures et à déployer des efforts internationaux coordonnés et collectifs pour combattre le terrorisme, ses causes et ses origines. Il faut dans ce contexte différencier le bien du mal et ne pas confondre les problèmes. Je voudrais répéter que le Soudan continuera de participer et de contribuer à cet effort. Au niveau régional, le Soudan a été l’un des premiers pays à avoir ratifié la Convention internationale de la lutte sur le terrorisme. Le terrorisme n’appartient pas à une religion, ni à un groupe ethnique particulier. L’islam est la religion de la paix et de la tolérance. Nos efforts, unis à ceux de pays amis, ont conduit à la levée des sanctions imposées au Soudan par le Conseil de sécurité depuis 1996. Nous appelons le Conseil de sécurité à poursuivre l’évaluation des sanctions imposées à un certain nombre de pays parmi lesquels figurent la Libye et l’Irak. Le Soudan demande également au Conseil de sécurité de dépêcher une mission d’enquête à la suite de l’incident des bombardements de l’usine pharmaceutique d’Alshifa au Soudan qui a été détruite par des missiles américains en août 1998. Nous pensons qu’il s’agit d’une erreur commise par l’ancienne administration américaine et qu’elle devrait être reconnue et corrigée pour éliminer les sentiments d’injustice. Ma délégation pense qu’il est temps de mettre fin aux mesures économiques coercitives contre certains pays dont le Soudan.
Tous les Etats Membres appellent à l’extension du nombre de membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité. L’Assemblée générale devrait être capable d’assumer son rôle de maintien de la paix et de la sécurité internationales tel qu’il lui a été confié par la Charte et d’accomplir son devoir en veillant à ce que les autres organes lui rendent compte de leurs activités. Le Soudan réaffirme la nécessité du retrait total d’Israël des territoires arabes occupés afin de permettre au peuple palestinien de recouvrer sa souveraineté sur son territoire et établir son Etat indépendant avec la Ville sainte, Al Qods comme capitale. La délégation soudanaise appelle toutes les parties de Somalie à répondre aux voix de la sagesse qui s’efforcent d’amener la réconciliation nationale en Somalie. La délégation du Soudan appelle les Nations Unies et la communauté internationale à appuyer ces efforts afin de restaurer la sécurité et la stabilité. Le Gouvernement du Soudan souhaite un cessez-le-feu immédiat, un accès normal aux livraisons de l’assistance humanitaire auprès de la population dans le besoin, des négociations pour parvenir à une solution politique du problème, la reconstruction des zones affectées par la guerre.
Dans le domaine économique, le gouvernement a continué à maintenir et à renforcer la mise en œuvre de réformes et de programmes de libéralisation. Il est impératif que tous les Etats et les individus soient égaux devant le droit international. Les bénéfices de la mondialisation ne devraient pas être restreints à une minorité et la mondialisation ne devrait pas conduire à une hégémonie culturelle et intellectuelle.
M. ABDULLAH M. ALSAIDI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Yémen: Les actes terroristes du 11 septembre ont convaincu l’ensemble de la communauté internationale qu’il n’y a pas d’option à l’action collective dans le cadre de structures légales. Nous soulignons la nécessité de soutenir les Nations Unies comme cadre approprié de la coopération internationale. Si le fléau du terrorisme a frappé cette fois les Etats-Unis, ce phénomène n’est pas nouveau; il s’est seulement empiré. Nous réitérons notre condamnation du terrorisme sous toutes ses formes et quelqu’en soient les causes. Nous réaffirmons en même temps notre rejet du lien qui est fait entre le terrorisme et le fait d’être Arabe ou musulman. Le terrorisme n’a pas de religion, de pays ni d’identité. Nous nous opposons aux voix qui tentent de développer l’idée d’un affrontement entre l’islam et le christianisme. Nous appelons en fait à un dialogue interculturel et à la création de concepts qui reposent sur la justice, les valeurs humaines et religieuses.
La lutte contre le terrorisme doit être fondée sur des critères clairs et uniformes. La communauté internationale ne peut pas se soustraire à ses obligations pour ce qui est de lutter contre le terrorisme d’Etat. Il est nécessaire et logique que les membres du Conseil de sécurité mettent un terme aux crimes commis quotidiennement par Israël à l’encontre des Palestiniens. Nous accueillons favorablement la déclaration faite par le Président George Bush sur la nécessité de créer un Etat palestinien qui soit assorti de tous les éléments de souveraineté. Israël doit reconnaître que sa sécurité est liée à celle de ses voisins et que son futur réside dans la reconnaissance du droit du peuple palestinien à disposer d’un Etat indépendant.
Nous sommes tous conscients de ce que l’élimination du terrorisme exige l’adhésion aux modes démocratiques de prise de décisions. La République du Yémen s’efforce de régler les différends par des moyens pacifiques, notamment dans le cas des factions en guerre en Somalie. A cet égard, il est de la responsabilité de la communauté internationale de fournir une aide au gouvernement provisoire de la Somalie et d’accroître son aide en faveur des réfugiés qui se trouvent dans les pays voisins, y compris au Yémen qui en accueille 150 000. Les événements récents ont également montré la nécessité d’amender les règles internationales pour consacrer la règle du consensus. Les sanctions imposées au peuple iraquien est un fardeau pour la conscience humaine. Il est également nécessaire de revoir les embargos imposés à la Libye et à d’autres Etats. Une source d’optimisme est le désir qu’ont affiché l’Iran et les Emirats arabes unis de parvenir à une solution au sujet des trois îles des Emirats. Des pourparlers directs et l’arbitrage de la communauté internationale est la solution qui permettra de préserver la sécurité de la région et de renforcer les relations entre Etats.
Les pays en développement connaissent encore des difficultés économiques et sociales extrêmes, d’où la nécessité de mettre en œuvre les recommandations de la Troisième Conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés. Le Yémen souhaite participer aux réunions préparatoires de la conférence des Nations Unies sur le financement du développement qui aura lieu au Mexique l’année prochaine. Notre gouvernement, qui connaît des difficultés financières extrêmes, accorde une importance particulière aux programmes multidimensionnels d’élimination de la pauvreté. Nous avons également adopté une série de mesures de réforme économique et de recherche de nouveaux marchés. Le processus démocratique a constitué une condition de base pour garantir l’unité du pays qui a fait des progrès importants en matière de pluralisme politique, de respect des droits de l’homme et de participation des femmes au processus de développement.
M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun): Les criminels du 11 septembre doivent répondre de leurs actes. Par ailleurs, nous invitons la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour éviter que l'Afghanistan ne renoue avec les vieux démons des conflits entre les clans armés qui aujourd'hui ont défait les Taliban. Voilà pourquoi le Cameroun en appelle à une manifestation immédiate de la présence des Nations Unies à Kaboul. Le Conseil de sécurité doit sans délai mettre en œuvre toutes les actions nécessaires pour restaurer et maintenir la paix en Afghanistan et porter une assistance humanitaire aux populations démunies et traumatisées par les affres d'une guerre civile qui n'en finit plus.
Il faut d'urgence éviter que le feu de la guerre ne se propage durablement à travers l'Afghanistan, mais il est également plus que temps d'éteindre les feux qui embrasent la Palestine, qui dévorent la République démocratique du Congo et la région des Grands Lacs et qui consument l'Angola. Le meilleur pompier pour endiguer les ravages de la guerre ainsi que les menaces qui planent sur la paix et la sécurité dans le monde est l'Organisation des Nations Unies. Mais sans la volonté des Etats il est vain d'espérer parvenir au résultat que fixe la Charte de l'Organisation. De la même façon que tous les hommes doivent naturellement être égaux en droit, les Etats se doivent d'être traités sur le même pied d'égalité dans le respect du droit international et des principes définis par les Nations Unies.
Les attaques du 11 septembre doivent nous inciter à l'action mais également à la réflexion. Nous avons vu en effet les promoteurs de ceux qui mettent en danger le nouvel ordre mondial invoquer la politique de "deux poids et deux mesures" pour justifier leurs actes fanatiques, prétendre qu'ils mènent une croisade au nom d'une communauté religieuse injustement maltraitée et avancer l'argument des conditions de vie de plusieurs centaines de millions d'individus comme une excuse pour combattre la partie du monde qui les pille et les domine. Nous devons tout faire pour ne pas offrir pareils alibis et prétextes à des individus et à des groupes qui n'ont en fait que des motivations criminelles. Le soutien et l'aide au développement des régions les plus pauvres du monde sont un impératif rappelé dans les résolutions du Sommet du Millénaire. Les efforts déployés par les pays du Sud pour leur redressement, notamment la nouvelle Initiative africaine en matière économique, doivent être accompagnés et appuyés par les Etats les plus prospères. En dépit des engagements pris, Sommet mondial après Sommet mondial, le fossé entre le Nord et le Sud se creuse chaque jour davantage. La misère, la pauvreté, les épidémies, la pandémie du sida, le décalage technologique ne sont pas une fatalité. Outre le jeu de la solidarité, une pratique plus juste et plus équilibrée des échanges commerciaux, avec notamment l'ouverture des marchés aux pays les plus défavorisés, peuvent aussi contribuer à combler ce fossé. La prochaine conférence internationale sur le financement du développement sous l'égide des Nations Unies, l'année prochaine au Mexique, devrait être l'opportunité d'une réflexion approfondie autour de ces priorités.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour): La date à laquelle se déroule le présent débat général témoigne bien des circonstances difficiles dans lesquelles nous nous trouvons. Les attaques terroristes du 11 septembre ont eu des conséquences immédiates spectaculaires et si nous ignorons encore ses effets à long terme, nous savons qu’ils seront profonds et vastes. Les attaques ont notamment secoué une économie mondiale déjà vulnérable et si l’on savait déjà que les pays développés connaissaient un ralentissement de la croissance, l’on connaît moins les ravages qu’elles auront sur les pays en développement. Ces pays sont en effet tout particulièrement dépendants de la bonne santé de l’économie mondiale. Or la peur du terrorisme risque de bloquer les artères principales de la mondialisation. Les précautions prises par exemple en matière de sécurité dans les aéroports imposent des coûts supplémentaires et les nouvelles restrictions sur la circulation des biens et des informations sont, dans les faits, de nouvelles barrières au libre-échange imposées par les terroristes à la communauté mondiale. Malheureusement, ces barrières frappent en premier lieu les membres les plus pauvres de cette communauté. Plus les voies de la mondialisation seront bouchées, plus les pays en développement perdront leur chance de sortir du marasme et de la pauvreté. Il faut éviter de tomber dans ce cercle vicieux et faire en sorte que les préoccupations légitimes suscitées par le terrorisme ne servent pas à justifier la limitation des investissements internationaux et des flux d’informations, dont les pays développés ont tant besoin.
Nous sommes donc soulagés que l’Organisation mondiale du commerce, réunie à Doha, ait finalement accepté de lancer un nouveau cycle de négociations commerciales visant à maintenir l’économie mondiale sur la voie du libre-échange et de l’investissement. Cela confirme que les besoins des pays pauvres doivent être considérés, car ce sont eux qui vont souffrir le plus des attaques du 11 septembre. Ainsi sur les 8,8 millions d’emplois qui seront vraisemblablement perdus dans le monde par le secteur du voyage et du tourisme, seuls 2,3 millions d’entre eux se trouveront aux Etats-Unis et en Europe. L’expérience des trente dernières années montre que les pays mieux intégrés au système économique mondial bénéficient d’une croissance plus durable que les pays isolés. L’une des leçons du 11 septembre est aussi que la mondialisation, loin d’être un processus tout puissant, est en fait fragile et dépendant de la volonté de ses participants. Les 21 pays qui ont participé récemment au Sommet de l’Association de coopération des économies de l’Asie-Pacifique (APEC) à Shangaï ont d’ailleurs condamné les actes terroristes comme menace profonde à la paix, à la prospérité et à la sécurité de tous les peuples et se sont engagés à ce qu’ils ne perturbent pas les économies et les marchés. La lutte contre le terrorisme est donc la question de tous et à cet égard, les Nations Unies ont un rôle important à jouer. L’un des moyens d’agir serait que les différentes institutions et organisations luttant contre le terrorisme se rencontrent et examinent les possibilités d’une coopération plus étroite. Sur le long terme, il faut aussi s’attaquer aux conditions économiques et sociales qui favorisent le terrorisme. Sur ce point, le dernier rapport de la Banque mondiale indique que l’abolition de toutes les barrières douanières pourrait faire grimper les revenus mondiaux de 2 800 milliards de dollars et sortir 320 millions d’individus de la pauvreté d’ici à 2015. Le prochain cycle de négociations de l’OMC devra avoir ces chiffres à l’esprit.
Mme MADINA B. JARBUSSYNOVA (Kazakhstan): La transformation de l’Afghanistan est devenue une source de préoccupations pour nous bien avant le 11 septembre. Le problème du désarmement et de la non-prolifération revêt une signification particulière pour notre pays. Nous marquons cette année le 10ème anniversaire de notre indépendance, ainsi que de la fermeture du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk. Les tests d’armes nucléaires ont provoqué la destruction des paysages, des écosystèmes, des structures économiques et de l’art de vivre traditionnel. Nous remercions nos partenaires qui ont aidé à la réhabilitation du site, même si beaucoup reste encore à faire. Nous soutenons dans ce contexte la poursuite des consultations sur le Traité entre les Etats-Unis et la Russie. En même temps, il est nécessaire de réactiver le processus parallèle de négociations qui vise à ce que les puissances nucléaires concrétisent leurs engagements d’éliminer les arsenaux nucléaires. Le Kazakhstan attache une grande importance à l’initiative de cinq pays d’Asie centrale visant à établir une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale. Pour renforcer la sécurité régionale, nous travaillons dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai, nouvellement créée.
Nous appelons à une contribution accrue de l’Organisation, à l’amélioration du contexte mondial et au développement durable. Le Kazakhstan soutient une meilleure interaction entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce. Les réalités actuelles de l’économie mondiale nous imposent de créer un cadre commun de transport. Nous avons l’intention de profiter pleinement de la position géographique de nos pays. Ces efforts sont appuyés par la Conférence ministérielle internationale des pays enclavés sur les questions de transit et de transport.
La transition vers un environnement sain et un développement durable sont des priorités de notre stratégie pour assurer la croissance économique. La participation des Nations Unies est aussi très importante pour la solution des problèmes de la région de la mer Caspienne. Nous appelons à une élaboration rapide d’une convention-cadre sur la protection de l’environnement de cette mer. Le Kazakhstan souhaite le renforcement du rôle central et de l’autorité des Nations Unies pour assurer la stabilité mondiale et créer des relations équitables entre les Etats.
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