DES APPELS SONT LANCES POUR QUE SOIT MIS A PROFIT LE CONSENSUS DU 11 SEPTEMBRE
Communiqué de presse AG/1228 |
Assemblée générale
46e séance plénière– matin
DES APPELS SONT LANCES POUR QUE SOIT MIS A PROFIT LE CONSENSUS DU 11 SEPTEMBRE
POUR REGLER LES DOSSIERS DES CONFLITS REGIONAUX ET DU DEVELOPPEMENT
Le débat général qui se poursuivait ce matin en séance plénière de l'Assemblée générale, a été l'occasion d'entendre les prises de position des chefs d'Etat et de gouvernement présents et du Président de l'Autorité palestinienne,
M. Yasser Arafat, dans le contexte de relations internationales marquées par le terrorisme et la guerre. Les Présidents de la république de Chypre, de Croatie, du Paraguay, de l'Ouganda et de la République démocratique du Congo, qui s'exprimaient ce matin, ont été unanimes à condamner les attaques dont ont été victimes les Etats-Unis le 11 septembre et exprimer le soutien de leur pays à la lutte engagée par la communauté internationale. Le Président Arafat a évoqué le terrorisme d’Etat pratiqué contre le peuple palestinien a mis en garde contre les risques liés à l’absence d'une implication internationale dans la recherche sérieuse de solutions conformes au droit international
Le Président de l'Ouganda, M. Yoweri Museveni, après avoir exprimé son soutien à l'action en cours contre le terrorisme a demandé que la coalition actuelle soit vue de la même façon que l'était la coalition contre le fascisme dans les années 40. Il a établi une distinction entre un terroriste et un combattant de la liberté qui, à la différence d'un terroriste, ne recourt pas à la violence sans discernement. Les terroristes qui prétendent lutter pour la cause palestinienne, heurtent objectivement les intérêts de l’Afrique qui a toujours été l’alliée des Palestiniens. Ils tentent de polariser le monde sur une base erronée, musulmans contre chrétiens, et cela est inacceptable.
Les intervenants de ce matin ont également insisté sur la nécessité d'aller au-delà de la lutte contre le terrorisme, certains comme le Président de la République du Paraguay, M. Luis Angel Gonzalez Macchi, ont apporté leur soutien aux déclarations du Secrétaire général qui appellent à livrer bataille aussi contre la misère. Une position partagée également par les Ministres des affaires étrangères du Royaume-Uni et d'Italie. M. Jack Straw, ministre des Affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a en effet insisté sur l'espoir qui se fait jour au sein du désespoir. Il a décrit la période actuelle comme une opportunité qui ne se produit qu'une fois par génération, comparable aux périodes qui ont suivi les deux guerres mondiales. Il a engagé la communauté internationale à approfondir et élargir le consensus qui est né du 11 septembre pour faire face aux autres grandes questions posées par les conflits, la pauvreté, la discrimination et l'injustice. Il a notamment insisté sur l'urgence de l'action à mener au Moyen-Orient et en Afrique. M. Renato Ruggiero, Ministre des
affaires étrangères de l’Italie, a exprimé une position similaire et indiqué que son pays travaillait à cette question, aussi bien dans le cadre national qu'au sein de l'Union européenne, et que cette démarche incluait un plan ambitieux d’investissements publics et privés et d’assistance interrégionale, un nouveau Plan Marshall, une attention spéciale devant être portée à la croissance économique et sociale et au développement de la population palestinienne.
Outre les représentants des pays cités, sont intervenus ce matin le Premier Ministre de la République de Maurice et le Premier Ministre de Bosnie Herzégovine ainsi que les Ministres des affaires étrangères du Chine, de la Finlande, de Djibouti et du Gabon.
L'Assemblée générale poursuivra son débat général cet après midi à
15 heures.
Déclarations
M. GLAFCOS CLERIDES, Président de la République de Chypre: Les actes haineux du 11 septembre ont incontestablement transformé les relations internationales. Les Nations Unies sont appelées à renforcer le premier de ses rôles, celui de défenseur des principes qui façonneront le nouvel environnement et l'unité de l'humanité dans sa recherche de justice, de dignité humaine, de respect des droits de l'homme, la promotion de la paix et une politique de tolérance zéro à l'égard des sinistres forces du terrorisme. Nous condamnons sans réserve ces actes barbares qui sont, selon nous, des attaques contre les valeurs et principes de l'humanité. Chypre participe activement à l'effort commun contre le terrorisme.
Mais les Nations Unies sont appelées à continuer à faire face aussi bien aux tâches anciennes qu'à de nouvelles: la mondialisation, la bonne gouvernance, la protection de l'environnement et le développement durable. C'est pour cela que nous estimons qu'il est du devoir de chaque Membre de fournir les ressources et le soutien nécessaires à notre Organisation. Nous devons faire en sorte que ceux qui violent les droits rendent des comptes et d'en finir avec la culture de l'impunité. C'est pourquoi Chypre soutient fermement la mise en place rapide d'une Cour pénale internationale.
Les événements tragiques du 11 septembre ont mis en évidence la nécessité d'accélérer les efforts visant à prévenir et à résoudre les conflits régionaux. Le fait que la communauté internationale soit incapable de mettre fin à la situation inacceptable qui prévaut au Moyen-Orient, porte atteinte à la crédibilité du système de sécurité collective. Chypre, en tant que pays voisin ayant des relations étroites avec les peuples de la région, est particulièrement peinée par la persistance de la violence, de nombreuses pertes tragiques de vies innocentes et la souffrance de la population palestinienne. Nous attendons avec impatience que soient réalisées dans la région, la paix, la stabilité et la sécurité pour tous les Etats y compris Israël. Nous affirmons à nouveau notre soutien à la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien y compris leur droit à la création de leur propre Etat. Nous demandons instamment aux deux parties de s'efforcer immédiatement de mettre fin à ce cycle de violence et de respecter les dispositions de la quatrième Convention de Genève. Nous considérons que la mise en œuvre des Accords Mitchell est un premier pas absolument nécessaire dans ce sens. Nous suivons également la situation dans les Balkans avec un intérêt tout particulier et appuyons la résolution 1244 du Conseil de sécurité.
Quant à la solution au problème de Chypre, il a pris beaucoup de retard. Nous ne pouvons dissimuler notre déception à l'égard du refus du côté turc de poursuivre les pourparlers de proximité accompagnant les efforts du Secrétaire général pour parvenir à un accord global. Le Secrétaire général essaie actuellement de relancer le processus. Je m'abstiendrai donc de faire les remarques que j'aurais normalement faites. Je me contenterai d'attribuer les raisons de cet échec à l'absence de volonté politique de la part de la Turquie et du dirigeant Chypriote Turc, M. Denktash. La partie turque a abandonné le concept d'un pays fédéral réunissant deux zones et deux communautés. Le côté turc a demandé à la communauté internationale d'accepter les soit-disant réalités qui
sont en fait la légalisation de l'occupation de 37% du territoire chypriote par la Turquie, en violation du droit international, l'expulsion forcée des réfugiés chypriotes grecs de la zone occupée et l'importation qui a suivi de 120 000 colons en provenance de Turquie. Je voudrais aussi me référer au problème purement humanitaire des personnes disparues. L'accord conclu le 31 juillet 1997 prévoyant un échange d'informations sur l'emplacement des tombes des Chypriotes grecs et des Chypriotes turcs disparus n'a pas été appliqué en raison de l'attitude négative du côté turc. Je lance un appel au Gouvernement de Turquie pour qu'il manifeste la volonté politique qui permettra de parvenir à une solution définitive à cette tragique question humanitaire.
Malgré les aux difficultés actuelles, nous ne désespérons pas. Nous voyons l'avenir de notre pays comme un Etat fédéral réunifié, membre de l'Union européenne où les droits de chacun seraient totalement protégés dans le cadre d'un système démocratique et fondé sur la primauté du droit que nous sommes fiers d'avoir réalisé dans la République de Chypre. J'insiste auprès de M. Denktash pour qu'il réalise que, ni lui ni moi, ne rajeunissons et que nous devons aux jeunes générations de Chypriotes de les affranchir des murs de la division.
M. STJEPAN MESIC, Président de la République de Croatie: Afin de s’assurer que la terreur vécue à New York et à Washington ne se reproduira pas, nous devons changer le monde du tout au tout. Aujourd’hui, nous vivons avec la menace du terrorisme mondial, et avec la réponse globale à y apporter. Quant à la nature de cette première grande guerre du 21e siècle, je ne peux que répéter ce que j’ai déjà mentionné devant le Parlement israélien, la Knesset: il ne s’agit pas d’un choc entre civilisations, d’un choc entre cultures, ce n’est pas un conflit entre religions. Il s’agit d’une confrontation entre civilisation et absence de civilisation. Ce n’est pas notre terrorisme ou leur terrorisme, il n’y a pas de terrorisme justifié ou injustifié. Il est dans la nature même du terrorisme, quel que soit son masque, idéologie, religion ou guerre de libération, de tuer des innocents, le plus d’innocents et le mieux possible. Le terrorisme est donc totalement inacceptable, et c’est pour cette raison que nous luttons contre lui aujourd’hui.
Nous avons mis en place une vaste coalition antiterroriste, une alliance de pays jamais égalée dans l’histoire, et qui peut seulement être comparée à la coalition antifasciste mise en place pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, nous ne sommes pas dans le dilemme oû nous devons choisir entre l’anarchie qui nous est imposée d’un côté par les terroristes, et de l’autre, l’autocratie dans laquelle quelqu’un pourrait peut-être voir la seule réponse efficace au terrorisme international. Accepter ce dilemme sonnerait le glas de notre civilisation. La réponse est la démocratie et la primauté du droit.
Deuxièmement, la mise en place d’une coalition antiterroriste représente le début de changements profonds sur la scène politique internationale. Je veux parler des changements de relations entre pays et groupes de pays et des changements dans la nature et la manière dont fonctionnaient les alliances internationales, comme l’OTAN et des organisations internationales, celles qui existent déjà ou celles qui vont naître comme la Cour pénale internationale. Cependant, tandis que nous combattons le terrorisme international avec nos forces militaires, politiques et financières, et nos services de renseignements,
nous devons chercher à répondre aux questions suivantes: Qu’est-ce que le terrorisme international et qu’est-ce qui le rend possible? Il n’est pas suffisant de vaincre les terroristes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés. Nous devons tout faire pour nous assurer que nous n’aurons pas à faire face à de nouveaux terroristes demain. Il s’agit là de la deuxième série de changements à réaliser, qui n'ont pas encore eu lieu. Il ne sera pas difficile d’encourager le comportement fanatique chez des individus mais aussi au sein de larges groupes et de les transformer en meurtriers, tant que la famine, la pauvreté et l’absence de développement seront présents dans de vastes régions du monde, et tant que les peuples souffriront des inégalités et de la privation de liberté, et que persisteront des crises régionales non résolues partout dans le monde.
Je suis persuadé qu’en plus de la lutte contre le terrorisme, une autre tâche nous attend, pas moins difficile ou responsable, une tâche consistant à créer et mettre en oeuvre une stratégie mondiale pour résoudre les problèmes qui se sont accumulés dans notre monde, qui hier ne nous apparaissaient pas et qui sont très visibles aujourd'hui. Nombre de ces problèmes ont été discutés dans cette instance même. De nombreux beaux discours ont été prononcés. Il est temps maintenant de transformer ces belles paroles en actions. Nous avons un intérêt commun: vivre en paix et en sécurité. Nous avons également un objectif commun: vivre une vie digne, pour tous.
M. LUIS ANGEL GONZALEZ MACCHI, Président de la République du Paraguay: La lutte nécessaire contre le terrorisme, sous toutes ses formes, ne doit pas être interprétée comme étant un affrontement entre civilisations ou entre religions. Elle constitue une priorité internationale et rien ne permet de croire qu’il existe un pays à l’abri du danger que représente le terrorisme international. Aujourd'hui, c’est le système démocratique lui-même qui risque d’être remis en cause. L’émergence d’une nouvelle menace terroriste, ces dernières semaines, avec le recours à des armes biologiques capables de menacer l’humanité tout entière nous oblige à réagir de la façon la plus rapide et la plus énergique possible pour en découvrir les auteurs et ceux qui les parrainent.
Notre réaction aux événements de septembre doit, parallèlement, nous conduire à réfléchir à d’autres thèmes fondamentaux: la pauvreté, la nécessité de renforcer la coopération économique internationale en faveur du développement, l’accès au marché et aux technologies de l’information. Nous appuyons sans réserve les propos du Secrétaire général selon lesquels la bataille la plus difficile que la communauté internationale aura à livrer est celle de l’éradication de la misère et pour ce faire, il faut accélérer la croissance des pays en développement. Nous espérons à cet égard que la Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra l’an prochain à Monterrey au Mexique, apportera les résultats escomptés, qu’elle nous permettra de fixer des objectifs clairs. Face aux nouveaux défis et aux changements auxquels nous sommes confrontés, nous réaffirmons notre conviction qu’il faut de toute urgence renforcer notre Organisation et en premier lieu le rôle central de l’Assemblée générale, organe de délibération le plus représentatif, universel et équitable. Accélérer la réforme du Conseil de sécurité constitue un défi, lorsqu'on évoque le renforcement des Nations Unies. Le Conseil doit devenir un organe plus transparent qui envisage une meilleure représentation des pays en développement.
Enfin, un autre thème de préoccupation qui reste en suspens est la situation au Moyen-Orient. Nous pensons que l’Assemblée générale, comme le Conseil de sécurité, doivent redoubler d’efforts pour parvenir à une solution qui satisfasse les justes aspirations des parties impliquées; une solution qui tiendrait compte de la reconnaissance de l’Etat d’Israël à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, et au peuple palestinien de jouir de son droit à sa propre patrie. Nous devons faire en sorte qu’une volonté politique existe afin de contribuer à la paix et à la sécurité internationales.
La réalité économique et sociale nous oblige à nous mobiliser, nous devons faire preuve de responsabilité et il faut aussi que les institutions financières internationales coopèrent avec les pays en développement. l est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de lancer un processus nous permettant d’élaborer un nouvel ordre économique mondial, capable de promouvoir le développement et le bien-être des peuples.
M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de la République de l’Ouganda : On parle beaucoup de concepts comme le "Nouvel ordre mondial", la mondialisation, le "village planétaire", etc. Toutes ces abstractions dont on se félicite tant avec ardeur viennent apparemment de la fin de la Guerre froide entre les pays occidentaux et l’ex-Union soviétique. Bien sûr, la fin de cette dangereuse et peu judicieuse rivalité entre le communisme et le capitalisme est la bienvenue et, en effet, offre de nouvelles opportunités si elle est convenablement utilisée par les pays concernés. Cependant, beaucoup de problèmes dans le monde sont antérieurs à la Guerre froide, l’avènement du communisme en Russie daté de 1917, le commerce des esclaves avait commencé dans les années 1440 le long de la côte d’Afrique de l’Ouest, le passage d’une Afrique anémiée par l’esclavage au colonialisme a été ordonné à Berlin en 1884. Par conséquent la Guerre froide ne peut être tenue pour responsable de ces erreurs et pour les conséquences perverses, dont nombre existent encore aujourd’hui en Afrique. L’euphorie qui a suivi la fin de la guerre froide n’est donc pas totalement justifiée. Le refrain sur la mondialisation n’est pas une mélodie nouvelle du tout. Mon nom chrétien est Joël, un nom juif, beaucoup d'habitants de mon pays ont des noms arabes. Je suis déjà mondialisé, nous avons été mondialisés il y a bien longtemps. Malheureusement, ce mouvement de mondialisation était parasitaire et n'était pas symbiotique. La nouvelle face de la mondialisation sera-t-elle plus un parasite qu’une symbiose?
Ceux qui ont tiré avantage de l’inégalité n’ont pas toutes les responsabilités. Même les victimes ont contribué à leur propre marginalisation, par leurs objectifs erronés et leurs méthodes avant la colonisation, et même après la colonisation. Les chefs Africains, dans leur myopie, sont ceux qui ont facilité le trafic des esclaves. Sans les guerres fratricides entre frères, fomentées par les chefs africains, ni l’esclavage ni le colonialisme n’auraient été possibles. L’agresseur est toujours encouragé par les faiblesses de la victime potentielle. Ceux qui tirent avantage du mouvement de mondialisation parasitaire sont les Nord-Américains, les Européens et les Japonais alors que beaucoup de peuples vivent encore comme les damnés de la terre. Les Africains et les Arabes sont ceux qui doivent être sauvés, ils sont encore cloisonnés par leurs erreurs internes et, en partie, du fait de facteurs exogènes, le plus défavorable étant l’absence d’accès aux marchés de l’Amérique du nord, de la Communauté européenne, du Japon, de la Chine, de l’Inde et de la Russie.
Le refrain concernant l’assistance n’a pas de sens sans accès au marché et tous les protectionnismes, particulièrement dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), doivent prendre fin. Je félicite le Gouvernement américain et le Président Georges Bush pour la législation concernant la croissance en Afrique (AGOA). C’est la première bonne nouvelle que j’entends depuis bien longtemps. Les Américains, enfin, commencent à arborer une image de villageois planétaires non parasitaires. Les Européens doivent encore rattraper les Américains pour ce qui est de ce label. Ils continuent de subventionner artificiellement leurs agriculteurs en Europe. Et ce sont les pays qui font du prosélytisme au nom du libre-échange. C’est un paradoxe qui est tout à fait regrettable.
La sainteté de la propriété privée est pratiquement aujourd’hui un concept universel en Afrique. Les monnaies africaines sont maintenant convertibles, la démocratie y est largement pratiquée. Aujourd’hui nous traitons même du problème de la balkanisation du continent de différentes façons. Le monde doit encourager de telles tendances positives en ouvrant les marchés sans quotas ni tarifs douaniers. Du coup les investisseurs se précipiteront vers l’Afrique pour investir. Ils le font déjà grâce à l’AGOA. Le développement du monde est possible et désirable pour tous, y compris pour les citoyens des pays de l’OCDE qui sont contraints de manger des produits de qualité inférieure et de faible qualité alors que les meilleurs aliments d’Afrique sont taxés. Pourquoi les citoyens du monde doivent-ils endurer ces privations pour des politiques qui servent des intérêts très limités?
Les oppresseurs, les colonialistes et ceux qui ont cherché à contrôler le destin des autres ont eu recours à des méthodes barbares. Il est étonnant que certains de ceux qui prétendent lutter pour la libération des peuples opprimés ont également recours à des méthodes barbares comme le terrorisme. Quelle est la différence entre quelqu’un qui lutte contre la liberté et un terroriste?
M. Nelson Mandela était un combattant de la liberté. Etait-il un terroriste? Pas du tout. La différence entre un terrorisme et un combattant de la liberté vient de ce que même si un combattant de la liberté est parfois forcé de recourir à la violence, il n’y a pas recours sans discernement. Celui qui utilise la violence sans discernement est un terroriste. Il ne fait pas la différence entre civils et militaires, militaire armé et civil non armé. Un terroriste livre une guerre sans la déclarer, c’est pour cette raison qu’il détourne des avions. Nous avons lutté depuis 1961 dans des guerres de libération au Mozambique, en Angola, en Guinée-Bissau, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, en Namibie, et en Ouganda sous Idi Amin. Nous n’avons cependant pas détourné un seul avion. Les terroristes qui prétendent lutter pour la cause palestinienne heurtent objectivement les intérêts de l’Afrique qui a toujours été l’alliée des Palestiniens. Ils tentent de polariser le monde sur une base fausse: musulmans contre chrétiens, c’est inacceptable.
J’appuie la position des Etas-Unis pour vaincre ces réactionnaires, la coalition contre le terrorisme doit être vue de la même façon que la coalition contre le fascisme dans les années 40. L’Afrique commence à maîtriser ses conflits, il est possible de résoudre nos problèmes anciens enfin de faire partie du Nouvel ordre mondial et ne pas être seulement des spectateurs.
GENERAL-MAJOR JOSEPH KABILA, Président de la République démocratique du Congo: Le peuple de la République démocratique du Congo, son Gouvernement et moi-même, condamnons sans réserve les actes de terrorisme aveugle qui ont endeuillé l'Amérique et toute l'humanité. En application de la résolution 1373 du Conseil de sécurité, mon Gouvernement s'engage à coopérer sans réserve afin qu'aboutisse toute initiative tendant à éradiquer le terrorisme sous toutes ses formes. Le peuple congolais qui, lui-même victime innocente de la guerre d'agression rwando-ougando-burundaise, cette autre forme de terrorisme caractérisée par les actes de barbarie qui ont causé la mort directement ou indirectement de millions de Congolais, sait apprécier, à juste titre, le caractère odieux des événements douloureux qui se sont produits le 11 septembre aux Etats-Unis d'Amérique. S'agissant de la situation sur le terrain en République démocratique du Congo, le désengagement des forces est à son stade final et la cessation effective des hostilités qu'il poursuit est observée à la satisfaction de tous.
Cependant, un regain de tensions armées est signalé à l'Est du pays, dans la partie sous occupation du Rwanda. Ces hostilités attribuées à tort à un prétendu transfert de la guerre dans les arrières des forces rwandaises, sont en réalité des conséquences logiques de l'échec d'un nouveau plan de l'agresseur Rwandais qui consiste à nettoyer toute forme de résistance congolaise pour mieux occuper la partie Est de la République du Congo, en vue de continuer à piller dans le silence ses richesses. S'agissant du désarmement des groupes armés, il convient de noter qu'un plan DDRRR élaboré par la MONUC et la CMM a été adopté par le Comité politique institué par l'Accord de Lusaka. Dans cette optique, le Gouvernement de la RDC, réaffirmant sa bonne foi et son implication dans ledit plan, a regroupé et cantonné à Kamina, dans le Katanga, 3 000 combattants Rwandais. Une mission de la MONUC s'y trouve depuis quelques jours pour l'identification de ces éléments.
En ce qui concerne le retrait des forces étrangères, le départ définitif et total de toutes les forces namibiennes a été constaté. Ce mouvement de rapatriement des forces étrangères se poursuit avec le début du retrait des soldats Zimbabwéens, Angolais et Ougandais. Paradoxalement et au mépris des demandes pressantes de la communauté internationale à travers les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, le Rwanda s'emploie à renforcer sa présence militaire au Congo.
Le processus de réconciliation voulue à travers le Dialogue national avait connu des avancées significatives lors de ses travaux préparatoires du 25 août 2001, grâce au Pacte républicain initié par le Gouvernement de la RDC. Je tiens à réitérer solennellement l'engagement ferme de mon Gouvernement à participer pleinement aux assises de ce Dialogue prévues en République sud-africaine et invite le Facilitateur à mettre tout en œuvre pour évacuer les questions en suspens de manière à permettre à ce Forum de revêtir le caractère inclusif tel que
prévu par l'Accord de Lusaka et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Il s'agit pour le Gouvernement de la RDC de faire participer à ce Dialogue les représentants de toutes les couches de la population afin de poser les jalons d'un Etat démocratique. J'invite la communauté internationale à assister, le moment venu, la RDC pour l'organisation d'élections libres, démocratiques et transparentes, qui permettront au peuple congolais de se doter des dirigeants de son choix.
Je saisis l'occasion pour inviter les Nations Unies à prendre des sanctions exemplaires à l'endroit de tous les Etats qui pillent les richesses de la RDC et leurs complices. Je ne peux terminer mon propos sans remercier les membres du Conseil de sécurité pour l'adoption à l'unanimité le 9 novembre 2001, de la résolution 1376 qui condamne la constitution de la force mixte instituée par les rebelles congolais, sous l'instigation du Rwanda et en violation de l'Accord de Lusaka, du plan DDRRR et de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Cette résolution me réjouit également en ce qu'elle prévoit notamment le déploiement de la phase III de la MONUC, la démilitarisation de la ville de Kisangani, la neutralité de celle de Kindu et la reconstruction de la RDC. Le peuple congolais qui a tant souffert ne demande qu'une chose à l'ONU et à la communauté internationale: que la justice soit faite pour les faibles comme pour les forts, pour les riches et pour les pauvres.
M ANEROOD JUGNAUTH, Premier Ministre de la République de Maurice: En même temps que la guerre contre le terrorisme, d’autres guerres doivent être menées, particulièrement à la lumière de la Déclaration du Millénaire adoptée l’an dernier. Nous devons mener la guerre contre la pauvreté, l’analphabétisme, la faim et le sous-développement. Le fléau du VIH/sida est une guerre que l’on ne peut se permettre de perdre. Nous croyons que la communauté internationale doit se concentrer sur ces questions qui, bien souvent, sont un terreau favorable aux dissensions, aux crises, aux guerres et au terrorisme. La paix et la sécurité seront menacées tant que les arsenaux nucléaires et les armes de destruction massive continueront à exister et à proliférer. Maintenant que les terroristes ont accès et peut-être possèdent déjà ces armes, il devient extrêmement urgent, pour les puissances nucléaires, d'entamer des discussions significatives sur l’élimination de ces armes dans le cadre d’un calendrier fixe. Avec la conclusion de la récente Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, nous devons avancer vers la mise en oeuvre des mesures contenues dans le Programme d’action. Pour l’Afrique, il s’agit là d’une priorité. Nous sommes convaincus que le désarmement ne doit pas rester un slogan mais une question qu’il faut traiter.
Les conflits, les guerres et les crises persistent dans beaucoup de régions du continent africain et ailleurs, notamment dans les Balkans. Bien que nous soyons encouragés par l'évolution récente de la situation au Burundi, en République démocratique du Congo et par les pourparlers directs entre le Rwanda et l’Ouganda pour désamorcer les situations avant qu’elles ne deviennent explosives, nous considérons que la paix et la sécurité en Afrique méritent une plus grande implication de la communauté internationale, pour prévoir notamment les ressources financières adéquates. Nous espérons un déploiement total et rapide de la troisième phase de la MONUC, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et pour soutenir le Dialogue intercongolais. Maurice souhaite une réforme fondamentale dans la composition du Conseil de sécurité. Nous sommes convaincus qu’il est nécessaire d’amender la Charte pour refléter l’émergence de nouvelles structures de pouvoir justifiant une augmentation du nombre des membres du Conseil. Quels que soient les critères utilisés pour cet élargissement, nous pensons que l’Inde doit devenir membre permanent le plus rapidement possible.
La naissance de l’Union Africaine coïncide avec son rôle d'impulsion du nouveau partenariat pour le développement africain. Le Nouveau partenariat pour le développement africain est une feuille de route pour l’Afrique, pour éliminer la pauvreté, parvenir à un développement durable du continent afin qu’il puisse trouver sa place dans l’économie mondiale. Il s’agit d’un appel pour une nouvelle relation entre l’Afrique et ses partenaires. Maurice appuie la libéralisation du commerce international, conformément aux règles de l’OMC. Mais nous sommes déçus par l'absence de progrès pour ce qui est de la mise en oeuvre des engagements pris par les pays commerçants dans le cadre des précédents accords de l’Uruguay Round. L’Afrique, qui contribue aujourd’hui pour moins que 2% au commerce mondial, pourrait, avec la levée des barrières tarifaires et non tarifaires des pays développés, augmenter sensiblement sa participation au commerce mondial, améliorer ainsi les conditions de vie de ses populations et donc être moins dépendante de l’assistance.
Les petits Etats insulaires en développement doivent faire face à divers handicaps. Pour qu’ils puissent atteindre un développement durable et améliorer leurs capacités de fonctionner efficacement au sein des nouveaux arrangements du commerce mondial, ma délégation réclame la mise en oeuvre urgente et effective du Programme d’action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement. Dans notre région, le SADEC et le COMESA, deviennent des institutions importantes pour l’intégration de nos économies. Ces initiatives aident les Etats Membres à mieux faire face aux défis de la mondialisation. Ces institutions régionales permettent aussi de traiter les questions de bonne gouvernance, de sécurité et de paix. Nous exhortons toutes les parties à l’Accord-cadre sur la réconciliation nationale à prendre toutes les mesures possibles pour accélérer le processus vers le référendum, qui ouvrira la voie à une nouvelle constitution. Sous les auspices de l’Union africaine, Maurice se propose de recevoir une réunion des donateurs dès que l’Accord-cadre sera mis en oeuvre. Nous continuons à revendiquer notre souveraineté sur l’archipel des Chagos, qui fut, alors, séparé de la Colonie Maurice par le Royaume-Uni en violation du droit international et de la résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations Unies. L’Archipel relève de la souveraineté de Maurice. En ce qui concerne Tromelin, je réitère la position de ma délégation telle qu’exprimée l’an dernier à l’Assemblée générale, et une fois de plus j’appelle le Gouvernement français à entamer des négociations constructives pour le règlement de cette question.
M. ZLATKO LAGUMDZIJA, Premier Ministre de Bosnie Herzégovine: Ressortissant d'un pays qui connaît différents types de radicalisme et de fondamentalisme, pays multiethnique et multiculturel, je suis particulièrement sensible au terrorisme qui recourt à des sentiments religieux dévoyés et, ce faisant, représente une menace contre la société. La guerre contre le terrorisme est justifiée mais nous serions tous perdants si nous manquions de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour venir en aide aux populations innocentes qui souffrent. Notre expérience nous a enseigné qu’une intervention militaire, même quand elle s’accompagne d’une assistance humanitaire, n’apporte pas de solution durable. Nous, la communauté internationale, devons avoir une claire vision d’une solution politique, assortie d’un programme de développement socioéconomique, une fois l’intervention militaire achevée. Seule une approche globale, militaire, humanitaire, politique et socioéconomique, ne laissera aucun espace aux terroristes pour interpréter la guerre en Afghanistan comme une guerre contre l’Islam ou comme le symbole d’un choc de civilisations.
Il ne doit y avoir aucun doute sur la capacité des Nations Unies de jouer ces rôles, de s’attaquer aux défis pour aboutir à un monde prospère, fondé sur le droit et la coopération. La contribution de la communauté internationale au processus de paix en Bosnie-Herzégovine est particulièrement illustrée par la Mission des Nations Unies en Bosnie-Herzégovine (MINUBH). Le système des Nations Unies a joué un rôle clef dans le développement de la Bosnie-Herzégovine en tant qu’Etat multiethnique, tolérant et démocratique. Sachant que le mandat de la MINUBH s’achève à la fin 2002, nous espérons que les activités de la Mission se poursuivront sous une taille et une forme différentes. Je voudrais vous informer que nous avons décidé de présenter la candidature de la Bosnie-Herzégovine comme membre non-permanent du Conseil de sécurité en 2010, convaincus qu’elle confirmera notre engagement à contribuer pleinement à l’ONU. Elle témoignera aussi des progrès que nous avons accomplis sur la voie de la stabilisation et de la normalisation de notre pays, en particulier de notre engagement en faveur du développement économique et de la démocratie.
Nous sommes conscients que panser les plaies de la guerre et de la stagnation d’après-guerre est une tâche qui dépend des dirigeants de Bosnie-Herzégovine. Nous comprenons qu’il est nécessaire d’être partie aux accords de sécurité régionaux, d’où notre récente décision de demander à devenir Partenaire pour la paix. Nous avons déjà rempli les conditions nous permettant de devenir membre du Conseil de l’Europe. Les relations avec la Croatie s’améliorent de jour en jour. A la suite des changements en République fédérale de Yougoslavie, nous avons ouvert des relations diplomatiques pleines et entières avec ce pays. Certes, certains problèmes restent à résoudre dans les relations avec les pays voisins. Mais nous avons pendant des années fait partie des problèmes du monde et aujourd’hui mon pays fait partie des solutions.
M. TANG JIAXUAN, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Chine: Nous condamnons sans réserve les attaques terroristes du
11 septembre contre les Etats-Unis et adressons notre sympathie et nos condoléances aux victimes innocentes ainsi qu’au Gouvernement et au peuple des Etats-Unis. La Chine a toujours été opposée au terrorisme qui doit être condamné quelle que soit sa forme, la communauté internationale doit réagir d'un commun accord. La Chine a joué un rôle actif dans la coopération internationale contre le terrorisme, elle s’est non seulement jointe à la plupart des conventions internationales contre le terrorisme mais a aussi ratifié la Convention de Shanghai sur la lutte contre le terrorisme. Elle estime que les Nations Unies et le Conseil de sécurité doivent jouer un rôle très important à cet égard et appuie les résolutions pertinentes qui ont été adoptées. La Chine estime aussi que toute action militaire contre le terrorisme doit se fixer des objectifs bien définis et éviter d'atteindre des innocents. La Chine est d'avis que le terrorisme est un mal extrême qui ne représente aucun groupe ethnique, aucune religion et que par conséquent il faut éviter tout amalgame. La Chine est, elle aussi, menacée par le terrorisme. Les forces terroristes du Turkménistan oriental sont entraînées, équipées, et financées par des organisations terroristes internationales. Seule une coopération internationale renforcée peut nous permettre d’arriver à une sécurité durable et universelle. La sécurité doit signifier la confiance mutuelle. Il faut absolument préserver le régime actuellement en vigueur en matière de désarmement international pour assurer la stabilité stratégique dans le monde.
Il faut éliminer les foyers de tension régionaux. Le conflit israélo-palestinien est une menace pour la paix au Moyen-Orient et pour la stabilité régionale. La Chine soutient les résolutions pertinentes des Nations Unies et le principe de terre contre la paix, nous sommes en accord avec le peuple palestinien dans sa juste cause. La Chine est d'avis que le Conseil de sécurité doit jouer un rôle majeur dans ce domaine.
Nous sommes aussi préoccupés par la situation dans le Sud de l’Asie. En tant que voisin de l’Afghanistan, nous pensons que si l’on souhaite trouver une solution au conflit afghan, il faut assurer la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Afghanistan. Le peuple afghan doit pouvoir décider d’une solution en toute indépendance. Le futur gouvernement doit être élargi pour englober les intérêts de tous les groupes ethniques dans le pays et doit vivre en bonne entente avec tous les pays et en particulier avec ses voisins. La solution doit permettre d’arriver à la paix et à la stabilité dans la région et, à cet égard, les Nations Unies devraient jouer un rôle plus actif. Depuis le début de l’année, l’économie mondiale a connu un recul indéniable. La communauté internationale doit agir dans l’urgence et doit donner la priorité au développement. Les pays développés devraient redoubler d’efforts pour promouvoir le développement. La mondialisation n’est ni la panacée du développement, ni un monstre générateur de désastres. C’est une tendance objective. La réponse correcte à la mondialisation devrait être de maximiser ses avantages et limiter ses inconvénients, elle doit être bénéfique pour tous. Les Nations Unies ont un rôle irremplaçable dans la coopération internationale pour répondre à la mondialisation.
La Chine est en accord avec le lancement d’un nouveau cycle de négociations multilatérales. Le Forum des pays de l’Asie et du Pacifique (APEC) a tenu sa 9ème réunion à Shanghai à un moment difficile; cette réunion a eu un impact positif et à long terme sur la coopération économique en Asie-Pacifique, dont la Chine, pays hôte, se félicite. Le Président Jiang Zemin a indiqué clairement les futurs objectifs de la Chine lors de sa déclaration le 1er juillet dernier. La tâche principale du peuple chinois est d’aller de l’avant avec un programme de modernisation, de réaliser la grande cause qu'est la réunification nationale, de sauvegarder la paix mondiale et de promouvoir le développement commun. Il n’y a qu’une Chine dans le monde et sa souveraineté est indivisible. Tout peut être discuté au sein de consultations dès que possible sur le principe d’une Chine. Il faut progresser ensemble tout en cherchant des terrains d’entente. L’objectif est d’obtenir le développement commun et notre entrée dans l’OMC inaugurera une nouvelle phase d’ouverture. L’engagement de la Chine à l’égard de la Charte des Nations Unies reste inchangé.
M. JACK STRAW, Ministre des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni: Aujourd'hui, 11 novembre, est la date anniversaire de l'Armistice qui mit fin aux massacres de la Première Guerre mondiale et est une journée du souvenir aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et un peu partout dans le monde. Elle nous permet de nous souvenir de tous ceux qui, au cours du dernier siècle, ont donné leur vie pour que d'autres puissent vivre libres. Pour nos parents et nos grands-parents, la fin de la Seconde Guerre mondiale constitue un tournant, le moment d'établir un Nouvel ordre mondial. Avec les mots "Nous, les peuples du monde, déterminés à épargner aux générations futures, le fléau de la guerre" qui figurent au commencement de la Charte des Nations Unies, ils ont fondé la
communauté internationale. Pour quelques-uns d'entre-nous, le demi-siècle qui a suivi, a été le plus pacifique de notre histoire. Nous savons toutefois que la liberté de quiconque ne peut être protégée alors que d'autres souffrent. Cette journée du souvenir est aussi l'occasion désormais de nous souvenir des milliers de personnes qui sont mortes le 11 septembre. Un tiers des nations représentées ici, à l'Assemblée générale, a perdu des citoyens dans le World Trade Center. Mais, comme ceux qui nous ont précédés, nous voyons des raisons d'espérer au milieu du désespoir et nous avons pour tâche l'édification d'un monde nouveau et meilleur.
En tout premier lieu, nous devons à nos citoyens et nous nous devons mutuellement de nous défendre contre la menace terroriste. C'est en exerçant ce droit à l'autodéfense, tel qu'il figure dans la Charte des Nations Unies, que la coalition militaire mène actuellement une action contre Al-Qaeda et le régime des Taliban qui le soutient. Engager une action militaire est toujours une décision difficile. Mais elle est ici inévitable et nous avons une dette de gratitude à l'égard du Président Bush pour la démarche déterminée et prudente des Etats-Unis.
Toutefois, en défendant le monde contre la terreur, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour épargner un surcroît de souffrances au peuple afghan. Pendant des décennies, il a assisté à l'exploitation de son pays par des puissances extérieures et depuis cinq ans, à sa destruction par le régime le plus brutal que le monde ait connu. Enfin, aujourd'hui, la communauté internationale conjugue ses efforts pour nourrir et abriter les millions de réfugiés et les aider à passer l'hiver et est déterminée à aider à édifier un nouvel Afghanistan. Pour la première fois depuis des dizaines d'années, il y a un consensus au sein du Conseil de sécurité pour dire qu'il doit y avoir, en Afghanistan, un gouvernement représentatif de sa riche diversité ethnique et que l'avenir de l'Afghanistan devrait être remis entre les mains du peuple afghan.
Le fait que les nations se soient autant rapprochées pour combattre le terrorisme, montre que le monde change. Mais nous devons approfondir et élargir ce consensus pour faire face aux autres grandes questions. Ce n'est pas le peuple afghan seul qui a été exclu et tenu à l'écart des valeurs sur lesquelles les Nations Unies ont été fondées. Les conflits, la pauvreté, la discrimination et l'injustice affectent les vies de millions de personnes dans toutes les régions du globe. Les structures même des communautés s'effondrent. Le 11 septembre nous a enseigné que nous ne pouvons pas ignorer nos responsabilités morales les uns vis-à-vis des autres sous peine d'avoir à faire face à des conséquences douloureuses. Nulle part ailleurs qu'en Afrique, il n'est autant besoin d'agir. Le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique a besoin du soutien de la communauté des nations dans son ensemble. L'Afrique mérite les mêmes opportunités que celles que l'occident tient pour acquises. Et nous, les Occidentaux, devons admettre que si nous supprimons les barrières entravant le commerce mondial, il nous reste à abattre celles qui font obstacle à la dignité et à l'égalité. En théorie, la liberté du commerce mondial devrait permettre à chaque économie d'exploiter ses avantages compétitifs sur le marché mondial. En pratique, des barrières protectionnistes survivent, notamment en matière de commerce des produits agricoles, affectant les intérêts actuels et futurs de l'Afrique. Au moment où nous nous rencontrons à New York, nos collègues à Doha ont l'opportunité de commencer à remédier à ces injustices. Le fait de lancer un nouveau cycle de discussions commerciales serait la façon la plus claire d'envoyer le message que le monde est déterminé à répartir plus équitablement les bénéfices de la richesse et de la prospérité.
Notre génération fait face à la tâche de combiner l'ordre du jour du
10 septembre avec celui du 11 septembre, comme l'a souligné le Secrétaire général dans son fort message d'hier. Nous devons prendre non seulement des mesures militaires mais également diplomatiques pour réduire les tensions. Celles-ci ne sont nulle part plus grandes qu'au Moyen-Orient. La voie vers un règlement dans ce cas est simple. Elle doit s'appuyer sur le processus politique qui applique les résolutions des Nations Unies, assure la sécurité d'Israël à l'intérieur de frontières reconnues tout en créant un Etat palestinien viable.
Nous nous trouvons à un moment stratégique qui ne se produit qu'une fois par génération. Nous nous souvenons aujourd'hui avec douleur des sacrifices consentis par les générations passées et avec fierté des décisions courageuses qu'elles ont prises. Mon espoir est que nos enfants et petits-enfants jetteront un regard en arrière sur cette période avec non moins de fierté et que les générations futures pourront dire que nous avons fait face à des forces mauvaises, que nous n'avons pas fait preuve de faiblesse face aux décisions à prendre, que nous avons établi la paix en Afghanistan, une coexistence pacifique et constructive au Moyen-Orient et un développement durable en Afrique, et que nous avons agi dans la plus belle tradition des Nations Unies.
M. ERKKI TUOMIOJA, Ministre des affaires étrangères de la Finlande: Il est, maintenant, extrêmement urgent de finaliser les négociations sur une convention générale sur l’élimination du terrorisme international. Le monde est en rapide mutation et les nouvelles menaces exigent une façon différente de penser au sein des organisations internationales. Si la lutte contre le terrorisme et la situation en Afghanistan sont devenues les premières priorités pour les Nations Unies, d’autres questions et processus qui attendent exigent une vraie coopération pour aboutir. Dans ce contexte, je voudrais souligner la mise en place de la Cour pénale internationale, les conférences sur le développement durable, le financement du développement et le sort des enfants. Une de nos responsabilités commune est le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. La complexité des crises internationales a exigé de la part des Nations Unies une réflexion sur la façon d’améliorer ses performances dans le domaine des opérations de maintien la paix. Le processus allant de la prévention des conflits, au contrôle des crises et ensuite à l’établissement de la paix, en mettant l’accent à chaque phase sur l’action préventive, nécessite une approche nouvelle telle que proposée dans le rapport du Groupe Brahimi et dans l’étude détaillée du Département des opérations de maintien de la paix. La Finlande soutient sans réserve la mise en oeuvre de ces documents. La Finlande souhaite une attention plus poussée des Nations Unies à l’égard de la prévention des crises et des causes qui sont à la racine des conflits. La promotion de la démocratie, des droits de l’homme, et de l’état de droit, l’élimination de la pauvreté, de la discrimination, du racisme, de l’impunité, ainsi qu'une plus forte égalité, le développement social, et la prévention des menaces sur l’environnement vont, tous, dans le même sens.
La complexité des crises actuelles, en Afghanistan, au Proche-Orient, dans les Balkans ou en Afrique et les ressources limitées disponibles, ont poussé plusieurs organisations à chercher à coopérer pour assurer la complémentarité de leurs actions. Le Chapitre VIII de la Charte met l’accent sur les arrangements régionaux sur les questions relatives à la paix et à la sécurité internationales. Le Conseil de sécurité devrait recourir à de tels arrangements régionaux pour renforcer ses actions. L’Union européenne est en train de développer sa propre
capacité de contrôle des crises, dans les domaines civil et militaire. La Finlande, comme l'Union européenne tout entière, est déterminée à contribuer à la paix et à la sécurité internationales en accord avec les principes de la Charte des Nations Unies. L’Union européenne a adopté des conclusions sur la manière dont elle coopérait avec les Nations Unies dans le domaine de la prévention des conflits et du contrôle des crises. Des domaines et des modalités nécessaires à une telle coopération ont été identifiés, en coopération étroite avec les Nations Unies. Ce processus progressera tandis que la sécurité européenne et la politique de défense se développent. Cette coopération se concentre sur la prévention des conflits, les aspects civiles et militaires du contrôle des crises et sur les crises régionales comme l’ouest des Balkans, au Moyen-Orient et en Afrique.
Le champ de la coopération sera plus étendu et plus concret lorsque l’Union européenne aura achevé d’ici deux ans la mise en place de ses moyens militaires. Il est à présent difficile de préciser quelles sortes d’opérations l’Union européenne pourrait ou voudrait mener à bien, et quand. Dans le cas de la Finlande, la loi exige que l’ONU ou l’OSCE prescrive une telle opération. Dans les crises complexes d’aujourd’hui, les aspects civils du contrôle des crises ont et vont devenir d’autant plus utiles à toutes les organisations. L’Union européenne a développé ses moyens civils dans quatre domaines prioritaires qui sont la police civile, le renforcement de l’état de droit, le renforcement de l’administration civile et la protection civile. Dans ces quatre domaines, l’Union européenne et les Nations Unies ainsi que d’autres organisations internationales doivent aussi développer des synergies et une complémentarité. La mondialisation pour qu’elle profite à tous, constitue un défi majeur pour la communauté internationale. Une approche commune est ici aussi nécessaire pour mener ce travail à bien. Nous devons apprendre comment faire face au paradoxe de la démocratie qui se développe partout dans le monde, en même temps que les désillusions à son égard. La clef expliquant ce paradoxe est la mondialisation. La mondialisation exige le développement de principes démocratiques nouveaux et forts et d’institutions pour une gouvernance internationale et mondiale. Cela doit être développé aux Nations Unies mais et au niveau régional aussi, dont celui de l’Union européenne. Le Gouvernement finlandais a récemment préparé une étude sur les lignes générales finlandaises en matière de mondialisation. Une des conclusions principales indiquait que, pour résoudre les crises multinationales nées de la mondialisation, le rôle et la coopération entre gouvernements nationaux allaient s’accroître.
M. RENATO RUGGIERO, Ministre des affaires étrangères de l’Italie: Le
7 novembre, le Parlement italien a approuvé par plus de 90% des voix la décision du Gouvernement de contribuer aux opérations contre le terrorisme international avec l’envoi de troupes terrestres, d’unités navales et aériennes. Cette lutte doit être menée de façon ciblée, évitant les pertes de vies innocentes, sans cependant négliger l’assistance humanitaire aux populations afghanes à l’intérieur du pays et dans les camps de réfugiés. Et, même si la question de l’avenir politique de l’Afghanistan ne peut être réglé que par les Afghans eux-mêmes, elle n’en doit pas moins rester une priorité élevée sur l’ordre du jour des Nations Unies.
En définissant une stratégie globale et crédible de lutte contre le terrorisme international, nous devons aussi rechercher des solutions aux crises régionales les plus délicates et aux problèmes mondiaux plus généraux. Ceci comprend la faim, la pauvreté, l’ignorance, les inégalités, le sous-développement, les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales, les menaces à l’environnement et la santé. En tête de liste des crises régionales se trouve le Moyen-Orient. Nous travaillons à ce sujet aussi bien dans le cadre national qu’européen à créer au plus vite les conditions permettant de mettre fin à la violence et de revenir à la table de négociations, en vue d’une paix durable fondée, pour les Palestiniens, sur l’établissement d’un état viable et démocratique et la fin de l’occupation des territoires; et, pour les Israéliens, sur le droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières internationalement reconnues. Ce cadre de travail doit comprendre un plan ambitieux d’investissements publics et privés et d’assistance interrégionale, un nouveau Plan Marshall. Une attention spéciale doit être portée à la croissance économique et sociale et au développement de la population palestinienne.
Quant aux défis de la mondialisation, nombre des problèmes que j’ai énumérés pourraient être réglés grâce au fonctionnement équitable d’une économie de marché internationale et aux libres-échanges agréés. La dernière série de négociations de l’OMC, en cours à Doha (Qatar), devrait être celle de la croissance et du développement et se concentrer sur les problèmes des pays en développement. Mais l’organisation internationale ayant la plus grande autorité morale pour faire face aux défis de la mondialisation, ce sont les Nations Unies. Si leur premier objectif est le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le deuxième est d’encourager le développement et d’éliminer la pauvreté. Nous devons nous assurer que tous les pays du monde jouissent des possibilités créées par l’interdépendance et le progrès, en particulier dans le domaine des technologies de communication. Nous devons poursuivre notre assistance au développement pour atteindre l’objectif fixé de voir les pays les plus développés y consacrer 0,7% de leur PIB. L’allègement de la dette est également un autre outil essentiel qui permettrait aux pays en développement de dégager les ressources nécessaires pour stimuler leurs économies.
Toutefois, les structures et les procédures des Nations Unies doivent s’adapter à leur temps: l’Italie croit donc à la réforme de l’ONU, qui doit toucher tous ses organes y compris le Conseil de sécurité.
M. ALI ABDI FARAH, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Djibouti: Aucun pays n’est à l’abri du terrorisme. La communauté internationale doit travailler et coopérer, idéalement à travers les Nations Unies, pour que les contre mesures soient pleinement acceptées et reconnues dans leur pleine légitimité. A cet égard, la résolution 1373 du Conseil de sécurité nous fournit le cadre d'action approprié. Nous avons, à Djibouti, déjà établi les mécanismes nécessaires pour combattre le terrorisme, sous tous ses aspects et le chasser de notre sol. Nous sommes également en train d’examiner les conventions internationales et les protocoles en vigueur en matière de lutte contre le terrorisme afin de les signer et de les ratifier tous. Tandis que nous effectuons tout cela, nous ne devons pas perdre de vue la terrible situation dans
laquelle se trouve la population d’Afghanistan, la peur, le désespoir et la famine auxquels doivent faire face de simples gens ordinaires confrontés à des événements d'une telle ampleur. Nous ne devons pas non plus écarter l’extraordinaire possibilité qui nous est offerte à présent d’examiner toutes les racines possibles ou probables du terrorisme, y compris les attitudes, les frustrations et les conditions économiques et politiques.
En ce qui concerne la paix et la sécurité, ainsi que l’indique le Secrétaire général, nous sommes frappés par le nombre de conflits dans le monde aujourd’hui. La prévention de ces conflits est une priorité majeure et il faut déplacer les moyens et l’attention d’une culture de la réaction vers une culture de la prévention et du développement durable. Nous sommes satisfaits de remarquer que le Secrétaire général continue régulièrement à mettre l’accent sur le problème de l’extrême pauvreté, notant que la communauté internationale a lancé une campagne pour le développement durable afin de faire du droit au développement une réalité pour tous.
Alors que la récente attaque terroriste contre les Etats-Unis a polarisé toute l’attention, d’autres problèmes urgents demeurent, telle que la pandémie du VIH/sida. Avec l’avancée de la mondialisation, le commerce s’accroît, les capitaux bougent, les investissements augmentent, les économies se libéralisent. Mais le nombre de ceux qui ne participent de la fête augmente lui aussi. Trouver assez à manger chaque jour reste le défi quotidien de plus de trois milliards d’êtres humains. Par conséquent, à moins de répondre au problème de la faim et de ses ramifications, nous n’éliminerons pas le malaise. La persistance de la pauvreté sape tous les efforts de paix et de sécurité, de développement et de démocratie. En ce qui concerne la paix et la sécurité, il n’est nul besoin d’augmenter les capacités des Nations Unies à prévenir les crises ou à réagir aux menaces. Mais l’incapacité de réformer le Conseil de sécurité ne peut que nuire à la légitimité de ses décisions. Les efforts de mon Président pour trouver une solution en Somalie ont fini par aboutir en août 2000 à l’Accord d’Arta, qui a signifié la renaissance de l’Etat somalien. Rien n’a été simple depuis mais le Gouvernement national de transition et les autres institutions ont peu à peu gagné le respect de tous. Ce Gouvernement a constamment montré sa volonté de réconciliation avec ses adversaires, sans conditions préalables. Au Moyen-Orient, le niveau de destructions et de brutalités contre les Palestiniens s'est terriblement accrus. Nous appelons Israël à se retirer de la Maison d’Orient et des autres bureaux qu’il occupe à Jérusalem et autour, à revenir à la table de négociations et à mettre en oeuvre les recommandations du rapport Mitchell. Nous espérons que la communauté internationale s’engagera à son tour à restaurer la dignité et le respect du peuple palestinien, qui a le droit de vivre en paix.
M. JEAN PING, Ministre des affaires étrangères de la coopération et de la francophonie du Gabon: La tragédie survenue le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis d’Amérique a plus que jamais conforté notre détermination à combattre le terrorisme international. Il faut y mettre fin par tous les moyens possibles, militaires, diplomatiques et politiques. C’est pour cette raison que le Gabon appuie sans réserve les résolutions 1368 et 1373 du Conseil de sécurité ainsi que l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme. Dans cet élan de solidarité, la communauté internationale doit parallèlement apporter des réponses appropriées aux problèmes mondiaux susceptibles de servir de prétexte à certains
groupes radicaux. Pour ce qui est des conflits armés, nous sommes convaincus qu’en mettant fin au trafic illicite des armes légères, il serait plus aisé de parvenir à un règlement rapide et durable de ces conflits. La mise en œuvre par tous des recommandations de la Conférence des Nations Unies sur le commerce
illicite des armes légères sous tous ses aspects, tenue ici, à New York, en juillet dernier, permettrait d’atteindre ces objectifs. Fidèle à l’engagement du Président Omar Bongo, le Gabon reste partie prenante des efforts visant à restaurer la paix dans le monde et particulièrement en Afrique. C’est le lieu de nous féliciter du retour à la paix au Congo Brazzaville à la suite de la tenue, sous les auspices du médiateur international, du dialogue national sans exclusive. De même, nous saluons les progrès significatifs enregistrés dans le processus de paix au Burundi. Je tiens à rendre un hommage mérité à l’ancien Président Nelson Mandela. En ce qui concerne la situation en République démocratique du Congo, j’exhorte les parties à reprendre les négociations, seul moyen de parvenir à une paix durable. Au moment même où le processus de la mondialisation des marchés financiers et des échanges commerciaux touche tous les aspects de la vie de nos sociétés, force est de reconnaître qu’un nombre de plus en plus grand des peuples du monde risque d’être marginalisé si des mesures concrètes n’étaient pas prises en leur faveur. Les dirigeants africains ont compris que l’Afrique détient la clef de son propre développement. La création de l’Union africaine et le nouveau partenariat pour le développement du continent s’inscrivent dans cette logique. Cependant, beaucoup reste à faire pour son plein essor, mais déjà les bases sont jetées. Pour réussir, l’Afrique a besoin du concours des Nations Unies et de la communauté internationale.
Une autre question vitale pour le devenir de notre planète, en ce début du troisième millénaire, est celle de la protection et de la préservation de l’environnement. Il nous faudra répondre plus simplement et sans détour, à la question des choix et concessions que nous sommes prêts à faire, afin de transmettre aux générations futures un environnement préservé, semblable à l’héritage que nous avons nous-même reçu de nos pères. Tous les efforts que les pays africains peuvent entreprendre pour assurer une meilleure croissance économique seraient vains si aucune action d’envergure n’est menée contre les maladies telles que le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme ainsi que l’hypertension artérielle, principales causes de mortalité en Afrique. Il est donc impérieux de mettre en oeuvre les recommandations des Nations Unies sur le sida notamment en ce qui concerne les soins, le soutien et le traitement et que le fonds spécial créé à cet effet devienne opérationnel. Au moment où l’Organisation des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, principal organe de maintien de la paix dans le monde est de plus en plus sollicité pour relever les nombreux défis que pose le troisième millénaire, la question de la réforme de cet organe reste toujours d’actualité. En effet, il est difficile de concevoir qu’un continent comme l’Afrique ne puisse pas avoir une représentation permanente au Conseil de sécurité.
M. YASSER ARAFAT, Président de l’Autorité palestinienne et Président du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine: Le peuple palestinien a exprimé sa volonté de s’attaquer à toutes les formes de terrorisme international. Nous appelons toutes les nations à coordonner leurs efforts sous l’égide des Nations Unies et dans la légalité internationale, pour éviter tout choc de civilisations et encourager le dialogue entre les nations. Je souhaite ici exprimer ma profonde appréciation des propos tenus hier par le Président George Bush, exprimant la nécessité d’une paix juste conforme aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité prévoyant deux Etats, d’Israël et de Palestine, et préconisant la reprise du processus de paix. De notre côté nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour parvenir à ces objectifs.
Le peuple palestinien est victime d’une terrible injustice historique, la majorité de ses membres a été chassée de chez elle et vit à l’état de réfugiés. La résolution 181 de 1947 de l’Assemblée générale prévoyait deux Etats mais l’Etat palestinien n’a jusqu’à présent pas été reconnu par les Nations Unies. Nous avons accepté la solution proposée par la légalité internationale, c’est à dire moins de 25 % de la Palestine historique, alors que l’Assemblée générale nous avait accordé près de 50 % de ce territoire. Sur cette base, nous nous sommes rendus à Madrid; puis nous avons signé l’Accord d’Oslo. Mais après l’assassinat de M. Itzhak Rabin, les Gouvernements israéliens qui ont suivi n’ont pas mis en oeuvre les obligations de leur pays définies par l’Accord. Puis est venue la visite de
M. Sharon dans nos sanctuaires sacrés, dans Jérusalem, qui a relancé l’Intifada palestinienne: celle-ci reflète le rejet par le peuple palestinien du non-respect par le Gouvernement israélien des accords signés et de la politique des colonies de peuplement.
Le terrorisme d’Etat est pratiqué contre le peuple palestinien, avec tout l’arsenal de l’Etat israélien. Les pratiques israéliennes comprennent l’assassinat de dirigeants, la destruction de maisons, d’institutions privées et publiques, et l'arrachage d'oliviers et d’arbres fruitiers. 1 800 Palestiniens ont été tués et 37 000 blessés, dont un grand nombre restent handicapés à vie et des milliers de personnes ont été arrêtées en treize mois. L’économie palestinienne est dévastée et a enregistré 7 milliards de dollars de pertes, conséquences des bouclages et du siège imposés aux villes, villages et camps palestiniens. Ces mesures continuent de limiter les mouvements des personnes et des marchandises, elles ont été renforcées ces derniers temps et les travailleurs ne peuvent rejoindre leur lieu de travail. Nous continuons de demander à la communauté internationale que vous représentez de faire ce qu'elle peut pour arrêter cette guerre d’agression et d’envoyer des observateurs internationaux pour protéger notre peuple de la terreur et du nettoyage ethnique pratiqués par Israël et pour s’assurer de la mise en oeuvre et de la consolidation du cessez le feu que nous respectons, mais qui a été constamment violé par les Israéliens.
L’absence d'une présence internationale dans ce conflit et de recherche sérieuse de solutions conformes au droit international replongera la région dans une spirale de violence et rendra la situation encore plus explosive. J’en appelle donc à la communauté internationale pour qu’elle redouble d’efforts pour mettre fin à la situation actuelle. Il pourrait y avoir des explosions aux conséquences graves dans la région. Il est essentiel que la communauté
internationale s’engage, que les super puissances fassent avancer le processus de paix de manière effective. Il n’y aura pas de paix durable sans la mise en oeuvre des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Nous avons pleinement coopéré aux recherches de solutions, appuyé et accepté les recommandations du rapport Mitchell. Nous avons déployé un maximum des efforts maximum soutenir le cessez-le-feu. Malheureusement le Gouvernement israélien a demandé à son armée de renforcer sa présence dans les villages et les camps de réfugiés,
Permettez-moi de dire ma reconnaissance et de saluer les puissances qui se rendent compte aujourd’hui que l’établissement d’un Etat palestinien est la seule garantie de paix et de stabilité dans la région et le monde et qu’il constitue une pierre angulaire dans l’établissement et le maintien de la paix. Nous demandons aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, à la Fédération de Russie, à la France et à la Chine, au Japon, à l’Union européenne, aux non-alignés de faire tous les efforts possibles pour traduire cette conviction en une réalité politique, afin que le peuple palestinien puisse vivre en paix et en sécurité, à l’intérieur de frontières reconnues et avec Jérusalem pour capital. Ceci peut être réalisé si Israël se retire de tous les territoires occupés pour revenir aux frontières du 4 juin 1967, si elle met un terme aux activités de colonisation. Nous ne raviverons le processus de paix qu’avec un nouvel élan, pas avec des solutions intérimaires. Pour contrôler la situation sur le terrain et revenir à la situation d’avant le 28 septembre 2000, il faut de l’imagination politique et un nouvel espoir. Le processus de paix a maintenant besoin d’un effort authentique co-parrainé par les Etats-Unis et la Fédération de Russie, mais aussi l’Union européenne et les pays arabes, au sein des non alignés et des Nations Unies. Ceci devra être précéder de la mise en oeuvre totale du rapport Mitchell et des Accords de Tenet. Je demande aux Israéliens et à leur Gouvernement de répondre positivement à cette approche, de façon à ce que nous édifiions ensemble la paix, sur la terre sacrée de la paix. Nous sommes prêts à faire notre part et à assumer nos responsabilités.
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