En cours au Siège de l'ONU

AG/1226

L'ASSEMBLEE GENERALE OUVRE SON DEBAT GENERAL SOUS LE SIGNE DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET LES CAUSES QUI LE SOUS-TENDENT

10/11/2001
Communiqué de presse
AG/1226


Assemblée générale

44e séance – matin


L'ASSEMBLEE GENERALE OUVRE SON DEBAT GENERAL SOUS LE SIGNE DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET LES CAUSES QUI LE SOUS-TENDENT


«L'histoire se souviendra de la réaction des Etats-Unis et jugera chaque nation représentée au sein de l'ONU», a déclaré le Président Bush qui a appelé à un engagement global des Etats Membres de l'Organisation.


Sous la présidence de M. Han Seung-Soo, de la République de Corée, et en présence du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, l'Assemblée générale a entamé, ce matin, son débat général qui permet traditionnellement aux chefs d'Etat et de gouvernement de ses 189 Etats Membres d'inaugurer, au début du mois de septembre, une nouvelle session du processus intergouvernemental de l'ONU.  Reporté à la suite des attaques terroristes perpétrées, le 11 septembre, dans les villes de New York et de Washington et en Pennsylvanie, le débat général a été, ce matin, l'occasion pour de nombreux intervenants de commenter longuement, outre les questions de paix, de développement et des droits de l'homme, la question du renforcement de la lutte contre le terrorisme. 


L’heure de la justice viendra, a ainsi déclaré le Président des Etats-Unis, M. George Bush, qui a ajouté «l’histoire se souviendra de la réaction de mon pays et jugera chaque nation représentée ici».  Les alliés du terrorisme, a-t-il prévenu, sont tout aussi coupables et responsables devant la justice et, rappelant les dispositions de la résolution 1373 du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme, il a invité les Etats à aller au-delà et a dit attendre d'eux un engagement global.  D’autre part, la position du Président Bush relative à la coexistence de deux Etats, Israël et la Palestine, a été saluée par l'Emir du Qatar et Président de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), M. Hamad bin Khalifa Al-Thani qui a toutefois considéré que le test ultime sera de voir comment cette position se traduira dans les actes.  Le Président américain a néanmoins lié à la réalisation de la paix au Moyen-Orient, le renoncement au terrorisme et à la violence.


Lorsque la discrimination, l’exclusion et la marginalisation règnent en maître, le monde est fatalement confronté au désespoir, à l’extrémisme et au non-respect de la loi, devenant un environnement propice au terrorisme, a affirmé le Président de la République islamique d'Iran, M. Sayed Mohammed Khatami.  S'il a rejeté le terrorisme comme inacceptable, il a cependant jugé difficile de justifier l’usage de la violence pour le contrer.  Les attaques militaires en cours, a-t-il insisté, n’apporteront pas de solutions aux causes du terrorisme.  Au contraire, une telle approche risque de durcir les sentiments de violence et d’injustice dans la région, voire dans le monde entier.  Alors que 6 000 vies ont été sacrifiées le 11 septembre, ce sont des dizaines de milliers d’enfants qui,


(à suivre – 1a)

selon les estimations de la Banque mondiale, mourront des conséquences économiques de ces attaques, a dit, en écho, le Premier Ministre de la République de l'Inde, M. Atal Bihari Vajapyee.  Il est urgent, a-t-il dit, d'ancrer les priorités dans les besoins des deux tiers de la population de la planète.  Abondant dans ce sens, le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan a considéré que le fait de concentrer toutes les énergies à la lutte contre le terrorisme et à des questions connexes serait concéder une sorte de victoire aux terroristes.  Il a expliqué que l'Agenda pour la paix, le développement et les droits de l'homme, défini dans la Déclaration du millénaire de septembre 2000, n'est pas devenu moins pressant et pourrait, bien au contraire, avoir acquis une nouvelle urgence.  Le Secrétaire général a mis, en conséquence, l'accent sur quatre questions qu'il a qualifiées de "brûlantes", à savoir l'élimination de la pauvreté extrême, la lutte contre le VIH/sida, la prévention des conflits, la protection de l'environnement.  Dans ce cadre, M. Kofi Annan a proposé aux Etats Membres de réfléchir sur la capacité réelle de l'ONU à assumer les tâches qu'ils lui ont assignées. 


En la matière, le Président du Venezuela, M. Hugo Chavez Frias a renouvelé sa proposition d'adopter un Pacte mondial liant les Etats Membres par l'engagement de faire avancer l'agenda du développement.  Le développement a d'ailleurs été présenté comme la priorité de l'Afrique par le Président de l'Afrique du Sud,

M. Thabo Mbeki qui a attiré l'attention sur le nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique adopté par l'Union africaine.  Ce Partenariat exige une approche internationale intégrée et globale, a dit le Ministre des affaires étrangères de la Belgique qui, au nom de l'Union européenne, a annoncé le dialogue initié en la matière entre les deux Unions.  Pour l'Afrique comme pour le reste des pays en développement, le Président de la République fédérative du Brésil,

M. Fernando Henrique Cardoso a plaidé pour le renforcement de la coopération internationale aux fins du développement.  Il a évoqué la quatrième réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s'est ouverte hier à Doha au Qatar, pour rappeler la lourde responsabilité de ses participants quant au lancement d'un véritable “cycle du développement”.  Il a, dans ce contexte, appelé au démantèlement du protectionnisme et des barrières commerciales qui ferment les marchés des pays développés, à la restructuration des institutions de Bretton Woods pour répondre aux défis du XXIe siècle, à la recherche de moyens novateurs pour financer le développement ou encore à une application rapide du Protocole de Kyoto.


Ont également pris part au débat général : le Président des Etats-Unis du Mexique, M. Vincente Fox; le Président de la République orientale de l'Uruguay,

M. Jorge Batlle Ibanez; le Président de la République argentine, M. Fernando de la Rua; le Président de la République du Chili, M. Ricardo Lagos, le Premier Ministre de la Corée, M. Lee Han-Dong; et le Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, M. Anatoliy Zlenko.


L'Assemblée générale poursuivra sont débat général, cet après-midi, à

15 heures.


Déclarations


M. HAN SEUNG-SOO, Président de l'Assemblée générale: Les attaques terroristes du 11 septembre sont une tragédie pour l'ensemble de la communauté internationale et n'ont pas manqué d'affecter le travail des Nations Unies.  Ainsi, le débat général a dû être retardé de sept semaines et la session extraordinaire consacrée aux enfants pour plus longtemps encore.  En adoptant à l'unanimité les résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme, les Etats Membres ont pu faire face rapidement au problème global du terrorisme.  Bien que des progrès aient également été réalisés à la Commission juridique dans l'élaboration d'une Convention globale sur le terrorisme, les Etats Membres se doivent cependant de renforcer leur coopération pour terminer les travaux s’y rapportant.  Toutefois, les activités de l’ONU ne se bornent pas à combattre le terrorisme, car les problèmes de dimension mondiale réclament aussi une solution rapide.


Pour l'ONU, ces deux derniers mois ont été marqués par un événement unique et rassurant qu'a été la remise du Prix Nobel à l'Organisation et à son Secrétaire général.  Ce Prix est une reconnaissance des acquis du passé et un encouragement à déployer des efforts supplémentaires dans l'avenir.  Les questions qui seront abordées au cours de ce débat général sont rendues plus urgentes par les circonstances actuelles.  Les Etats Membres doivent viser un résultat positif digne des attentes élevées et des idéaux que les Nations Unies défendent.


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies: Dès le lendemain de la tragédie du 11 septembre, les représentants des Etats Membres à l'ONU se sont mis au travail, d'abord pour exprimer leur condamnation et leur détermination, puis pour décider de la meilleure façon dont le monde peut se protéger.  L'Organisation ne ménage aucun effort pour venir en aide aux Afghans, et pour les aider à se mettre d'accord sur un gouvernement largement représentatif.  La tentation serait grande de concentrer toutes les énergies à la lutte contre le terrorisme et à des questions connexes.  Mais, agir ainsi, ce serait concéder une sorte de victoire aux terroristes.


N'oublions pas, en effet, que les problèmes qui nous préoccupaient avant le 11 septembre n'ont rien perdu de leur urgence.  En bref, l'Agenda pour la paix, le développement et les droits de l'homme que nous avons défini dans la Déclaration du Millénaire n'est pas devenu moins pressant.  Il pourrait, bien au contraire, avoir acquis une nouvelle urgence.  Permettez-moi de rappeler quelques principes fondamentaux, qui doivent nous guider dans notre travail.


D'abord, l'ONU doit toujours défendre la primauté du droit, dans les affaires internationales comme dans les affaires intérieures.  Deuxièmement, nous devons faire bon usage de nos institutions internationales et en tirer le meilleur parti qui soit.  Troisièmement, l'ONU doit placer l'être humain au centre de tout ce qu'elle entreprend.  Quatrièmement, tous les acteurs qui participent au système international doivent travailler ensemble à la poursuite d'objectifs communs.


Il existe quatre questions brûlantes, pour lesquelles les décisions que les Etats Membres prendront seront déterminantes.  Premièrement, il faut éliminer la pauvreté extrême.  Les pays en développement doivent consentir un effort important, mais pour parvenir au point où ils peuvent tirer parti des perspectives offertes par les marchés, ils ont besoin d'une aide généreuse de la part des pays développés.  Deuxièmement, je compte renforcer encore mon engagement dans la lutte contre le VIH/sida, pandémie que les chefs d'État et de gouvernement se sont engagés à enrayer d'ici à 2015.  Pour avoir une chance d'honorer cet engagement, nous devons faire de cette lutte une priorité absolue dans les années qui viennent.


Troisièmement, je compte maintenir et renforcer notre action de prévention des conflits meurtriers.  Quatrièmement, nous devons prendre très au sérieux la promesse, faite dans la Déclaration du Millénaire, de ne pas léguer à nos enfants et à nos petits-enfants une planète irrémédiablement gâchée par les activités humaines, dont les ressources ne suffiront plus à répondre à leurs besoins.  Nous devons mettre la question de la "durabilité" à sa juste place, c'est-à-dire au centre du processus d'élaboration des politiques.


Le fil rouge qui relie toutes ces questions, c'est le respect des droits fondamentaux.  Et c'est en Afrique qu'elles revêtent la plus grande acuité.  Je suis résolu à intégrer encore davantage la dimension des droits de l'homme dans tous les aspects de notre travail.  Et, je compte veiller à ce que l'ONU apporte son plein appui aux priorités que les dirigeants africains ont eux-même fixées, dans le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique.


Bien préparés et bien organisés, la Conférence sur le financement du développement et le Sommet mondial sur le développement durable devraient marquer un tournant dans la lutte contre la pauvreté et en faveur d'un développement durable.  Etant donné que ce que l'ONU fait elle-même, elle doit le faire bien, nous devons nous asseoir et réfléchir ensemble à ce que nous faisons et nous demander si notre système est adapté aux tâches que nous nous proposons de mener à bien.  Consacrons-nous vraiment nos ressources et nos énergies aux priorités que vous avez fixées?  Comment pouvons-nous mieux organiser la contribution de la société civile, y compris le secteur privé?  Comment la famille des Nations Unies peut-elle fonctionner plus efficacement et avec plus de cohérence dans les pays où elle est présente?  Comment faire en sorte non seulement d'attirer le personnel le plus qualifié et le plus compétent, mais aussi l'encourager, à tous les niveaux, à penser et à agir de façon créative ?


Le monde ne nous jugera pas à l'éloquence des discours que nous prononcerons, ni au nombre de décisions que nous prendrons, mais à la qualité de ces décisions et des services que nous offrons.  Pour tous ceux que nous espérons sauver, que ce soit du terrorisme, de la guerre, de la misère, de la maladie ou de la détérioration de l'environnement, engageons-nous à donner le meilleur de nous-même.  Et donnons-nous les moyens de le faire.


M. FERNANDO HENRIQUE CARDOSO, Président de la République fédérative du Brésil: Les Nations Unies et M. Kofi Annan viennent d’être justement récompensés par le Prix Nobel de la Paix.  C’est reconnaître qu’aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’une vision claire et du courage nécessaires pour bâtir un nouvel ordre international fondé sur la paix, la démocratie et la solidarité.  Selon une tradition qui remonte à l’origine des Nations Unies, le mois de septembre à New York est consacré au dialogue qui marque le débat général des Nations Unies.  Malheureusement, cette année, New York a été frappé par une violence odieuse qui est la négation même des idéaux des Nations Unies.  Le terrorisme nie tous les principes de la civilisation humaine, il sème la peur et menace la sécurité de tous les États.  Ses victimes ne doivent jamais tomber dans l’oubli et tous les coupables — individus, organisations ou États — doivent être punis.  Le terrorisme doit être confronté avec une ferme alliance de tous les peuples libres.  Toutefois, il faut garder à l’esprit que la lutte contre le terrorisme ne saurait s’engager avec des mesures d’autodéfense et avec un recours à la force.  Le Brésil espère qu’en dépit de ces circonstances exceptionnelles, l’effort humanitaire en Afghanistan ne fléchira pas.  Le Brésil, dans la mesure de ses moyens, accueillera des réfugiés.  Nous tenons à réaffirmer que la lutte contre le terrorisme ne peut pas, ne doit pas devenir un choc entre les civilisations, ni entre les religions.


Le financement du terrorisme est lié à la criminalité, au blanchiment d’argent et au trafic de drogue qui doivent être éradiqués.  À cet égard, il faut faire prendre conscience aux toxicomanes du monde entier qu’involontairement ils financent le terrorisme.  En outre, si les paradis fiscaux favorisent le financement du terrorisme, il faut envisager d’y mettre fin.  Il importe d’éliminer ces paradis qui abritent la corruption et la terreur, et pour lesquels certains gouvernements ont jusqu’à ce jour manifesté une certaine complaisance. 


On ne doit pas permettre à la lutte contre le terrorisme de masquer l’importance de la coopération et des questions de développement.  La viabilité de l’avenir demande que l’on contrôle la mondialisation qui n’a pas tenu ses promesses.  On remarque aujourd’hui un déficit de gouvernance de l’ordre international qui a pour résultat un déficit démocratique.  La mondialisation ne sera viable que si elle s’accompagne du respect de l’équité.  Notre mot d’ordre doit être: une mondialisation dans la solidarité.  Les ministres qui se réunissent aujourd’hui à Doha (Qatar) porte la lourde responsabilité d’assurer que le cycle qui régit le commerce international devienne réellement un “cycle de développement”.  Il est essentiel d’accorder la priorité au démantèlement du protectionnisme et des barrières commerciales qui ferment les marchés des pays développés.  Il faut remodeler les Institutions de Bretton Woods pour répondre aux défis du XXIe siècle.  Le Fonds monétaire international (FMI) doit être doté des ressources nécessaires pour pouvoir jouer son rôle, la Banque mondiale et les banques régionales doivent prendre une part active pour générer la croissance économique et le développement.  Si des mesures telles que la Taxe Tobin posent de trop grandes difficultés de mise en oeuvre, il importe d’imaginer des mesures plus praticables.  C’est à cette tâche que devra s’employer la Conférence sur le

financement du développement qui se tiendra à Monterrey (Mexique).  Il convient aussi d’envisager des formes de coopération qui permettent d’enrayer la pandémie du VIH/sida et de protéger l’environnement.  L’avenir dépend de ce que nous déciderons aujourd’hui, c’est pourquoi nous devons trouver les moyens d’appliquer le Protocole de Kyoto.  Il importe aussi de veiller à ce que la technologie ne devienne pas une arme dans des mains irresponsables.  Il n’y a aucune alternative au désarmement et à la non-prolifération.  Les Nations Unies doivent assurer le contrôle, la destruction et l’élimination de tous les arsenaux. 


Tout comme le Brésil a appuyé la création de l’État d’Israël, il appelle aujourd’hui à la création d’un État palestinien qui soit démocratique, uni et économiquement viable.  Le respect du droit des Palestiniens à l’autodétermination et le respect d’Israël en tant qu’État souverain sont des éléments essentiels à la paix durable au Moyen-Orient.  C’est une dette morale des Nations Unies et c’est une tâche qui ne saurait être remise à plus tard.  De la même manière les Nations Unies doivent s’engager à apporter la paix en Angola et à s’assurer que le Timor oriental prenne bientôt sa place parmi nous en qualité d’État souverain.  Si nous voulons que les Nations Unies soient en mesure de répondre efficacement aux problèmes de l’humanité, nous devons nous employer à bâtir une Organisation forte et unie.  Le seul moyen de renforcer l’ONU est de confier à l’Assemblée générale un rôle plus actif et d’assurer une meilleure représentativité au Conseil de sécurité.  Sa composition ne doit plus refléter les accords passés entre les vainqueurs d’un conflit terminé depuis 50 ans et pour lequel de nombreux soldats brésiliens ont donné leur vie.  Le Brésil appelle à une plus grande démocratisation des relations internationales et à un élargissement du Conseil de sécurité.  Le bon sens demande que l’on y inclut les pays en développement capables d’assumer cette responsabilité.  De la même manière, le Brésil appelle à l’élargissement du G.7 ou G.8 afin qu’il reflète les transformations du monde actuel.  Il n’est pas acceptable de restreindre à un aussi petit nombre d’États la discussion de questions aussi essentielles pour l’avenir de l’humanité que la mondialisation qui a de lourdes conséquences sur les pays en développement.  Le Brésil n’est pas favorable à l’instauration d’un gouvernement mondial, mais on ne saurait se soustraire à l’obligation de créer un monde plus juste.  L’ONU a été créée dans un esprit de dialogue, gardons à l’esprit la vision de ses pères fondateurs qui ont rêvé de construire un monde respectueux du pluralisme, fondé sur la paix, la solidarité, la tolérance et la raison. 


M. GEORGE W. BUSH, Président des États-Unis d’Amérique: Nous sommes réunis ici dans une salle consacrée à la paix, dans une ville marquée par la violence, dans un pays réveillé par le danger, dans un monde uni pour une longue lutte.  Chaque nation civilisée est déterminée à sauvegarder les principes fondamentaux de la civilisation et nous nous défendrons, nous et nos prochains, contre la terreur et la violence.  Les Nations Unies ont été créées pour cette cause, lorsque nous avons compris, durant la Seconde Guerre mondiale, que l’on ne pouvait s’isoler du mal et que certains crimes sont tels qu’ils affectent l’humanité dans son ensemble.  Je me rendrai demain, en compagnie du Secrétaire général et du Président de l’Assemblée générale, sur le site de «Ground Zero» pour lire la liste de toutes les nations et les régions du monde qui ont perdu des ressortissants.  Les souffrances du 11 septembre ont frappé des gens de diverses croyances, de nations différentes, tués avec la même indifférence et la même satisfaction de la part des meneurs terroristes.  Les terroristes violent les principes de chaque religion, y compris ceux de celle qu’ils invoquent.  Les terroristes encouragent le meurtre et le suicide au nom d’une foi qui les interdit, mais un assassin ne peut pas se considérer comme un martyr, il n’est qu’un assassin.


Aux Etats-Unis, nous n’oublierons pas le 11 septembre, nous nous rappellerons de chaque sauveteur qui a perdu la vie dans l’honneur, de chaque famille frappée par la douleur.  Et les habitants de mon pays se souviendront de ceux qui ont comploté contre eux; nous connaissons leurs noms, nous commençons à connaître leurs visages, et il n’y a pas de lieu sur la terre où ils puissent trouver protection.  L’heure de la justice viendra.  Chaque nation a un rôle à jouer dans cette lutte et, alors que nous nous retrouvons ici, les terroristes planifient de nouveaux meurtres, peut être dans mon pays, peut-être dans le vôtre.  La semaine dernière, avant la tenue de l’Assemblée générale, ils ont dénoncé les Nations Unies, qualifié notre Secrétaire général de criminel, et accusé les nations arabes présentes ici de traîtres à l’Islam.  Ces mêmes terroristes cherchent à se procurer des armes de destruction massive et il faut s’attendre à ce qu’ils utilisent des armes chimiques, biologiques ou nucléaires quand ils le pourront.  Cette menace ne peut être ignorée ou passée sous silence car la civilisation que nous partageons est menacée.  L’histoire se rappellera de notre réaction et jugera chaque nation représentée ici.  Nous agissons pour nous défendre et libérer nos enfants d’un avenir empreint de peur et de terreur et ces engagements doivent unir tous les peuples, toutes les cultures dans une même détermination à lutter pour cela.  Je remercie les pays arabes et musulmans qui ont condamné les meurtres terroristes qui ne peuvent se dissimuler derrière l’Islam; face aux conspirateurs de la terreur, chacune des nations de notre coalition a des devoirs qui peuvent être exigeants. 


Nous avons déjà pris des mesures nouvelles pour nous protéger des menaces et enquêter sur la terreur.  Les groupes terroristes, tels que Al Qaeda, dépendent de l’assistance ou de la simple indifférence de certains gouvernements et ont besoin d’infrastructures financières, de refuges, de camps d’entraînement.  Certains gouvernements veulent jouer une part active dans la lutte contre le terrorisme, mais regrettent d’être limités dans les moyens d’adapter leurs lois et de contrôler leurs frontières ; nous sommes prêts à les aider.  D’autres gouvernements continuent de faire la sourde oreille face à le menace terroriste, croyant qu’elle les épargnera ; ils se trompent.  Les alliés du terrorisme sont tout aussi coupables de meurtre et tout aussi responsables devant la justice et pour chaque pays qui soutient et finance le terrorisme, il y a un prix à payer.  Les Taliban sont en train d’en faire l’expérience.  Je suis fier de la conduite très honorable des soldats américains en Afghanistan et nous progressons vers les objectifs poursuivis.  Le peuple Afghan ne mérite pas ses dirigeants actuels et mon pays pleure les souffrances infligées par les Taliban à leur peuple.  L’époque où les Taliban accueillent les terroristes, se livrent au trafic de l’héroïne et brutalisent les femmes touche à sa fin; je le promets, tout comme je promets que l’Amérique s’associera au reste du monde pour aider les Afghans à reconstruire; d’ores et déjà, nous contribuons largement à l’assistance humanitaire. 


Après la tragédie, les jours de la tristesse et de condoléances, il est temps d’agir.  La résolution 1373 du Conseil de sécurité est claire et demande que nous adaptions nos lois, partagions tous les renseignements et informations qui permettront de traduire les terroristes en justice et de les priver de sources de financement ainsi que de tout refuge.  Nous assumons la responsabilité de priver les terroristes de tout approvisionnement en armes et ces obligations ont un caractère urgent et contraignant.  Au-delà de la résolution 1373, nous attendons plus, nous souhaitons un engagement global et nous devons nous unir pour lutter contre tous les terroristes.  Aucune aspiration nationale, aucune injustice ancienne ne peut justifier l’assassinat d’un innocent mais la guerre contre le terrorisme ne doit pas non plus être l’occasion d’attiser la haine ethnique.  Nous devons faire avancer notre programme pour la paix et le développement dans tous les pays et mon pays est déterminé à promouvoir le développement en encourageant les échanges commerciaux.  Nous sommes également déterminés à nous investir dans l’éducation et la lutte contre le VIH/sida.


Le Gouvernement américain poursuivra également son engagement pour une paix juste et durable au Moyen-Orient.  Nous sommes attachés à la coexistence de deux Etats, Israël et la Palestine, sur une base pacifique, de respect mutuel et de respect des frontières comme cela est prévu par les résolutions du Conseil de sécurité.  Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour ramener les deux parties à la table des négociations; toutefois pour parvenir à la paix, il importe de renoncer à la violence et au terrorisme.  La peur est l’ennemi de la liberté, mais le résultat du conflit est certain, car le vent de l’histoire souffle en direction de la liberté et de la dignité.  Nous sommes persuadés que le bien l’emportera sur le mal, et notre génération a pour devoir de répondre à la terreur et à l’agression.  Nous n’avons pas le choix, car il n’y a pas d’autre alternative pour parvenir à la paix.


M. THABO MBEKI, Président de la République sud-africaine, au nom du Mouvement des Non-Alignés et du Commonwealth: Suite à l’outrage du 11 septembre, les peuples du monde entier doivent s’unir pour traduire les responsables en justice, pas seulement parce que de nombreuses nations comptaient des leurs parmi les victimes des attaques terroristes, mais aussi parce que le terrorisme ne connaît pas de frontières.  Comme nous en avons également eu la preuve d’une façon très visuelle, tragique et douloureuse au Kenya et en Tanzanie, c’est notre humanité même qui fait de nous les cibles potentielles de ces meurtres commis de sang-froid.  De cette tragédie, nous pouvons tirer la leçon suivante: notre village planétaire ne sera préservé que si tous les villageois définissent ensemble la réponse à apporter à cette menace et se retrouvent sur la grande place pour décider d’une action collective.  A cet égard, la Convention contre le terrorisme va au-delà qu’une simple déclaration de principe et définit un éventail d’obligations et de prescriptions contraignantes pour les Etats.  Puissions-nous tous être disposés à intégrer nos souverainetés dans une souveraineté mondiale définie collectivement où chacun recevra le même traitement.


Comment réagir, dans l’immédiat et dans le long terme, au terrorisme?  Les Etats-Unis ont indiqué que l’usage de la force ne saurait dégénérer en châtiment collectif contre quelque peuple que ce soit, sur la seule base de son appartenance religieuse, raciale ou ethnique, et l’Afrique du Sud partage cette opinion.  Notre pays a également répondu favorablement à l’appel opportun et justifié lancé par la communauté internationale pour renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme.  Cependant, sur le long terme, certaines solutions durables s’imposent, notamment au Moyen-Orient.  Ne laissons s’enliser le sacrifice palestinien car il donne des alibis à la rage destructrice de certains; réfléchissons ensemble afin d’éliminer les facteurs qui poussent les peuples à recourir à la violence et oeuvrons pour bâtir les institutions internationales représentatives qui permettront de construire le nécessaire consensus mondial.  


Ce sont les privations socioéconomiques de milliards de personnes dans le monde qui constituent actuellement la source de conflit fondamentale, d’autant que cette indigence côtoie la plus grande opulence.  Cela entretient nécessairement, chez ceux qui croient qu’ils n’ont plus rien à perdre, quelle que soit la forme d’action qu’ils choisissent, un profond sentiment d’injustice, d’aliénation sociale, de désespoir, voire de disposition à sacrifier leur vie.  En conséquence, l’obligation qui nous incombe d’urgence est la mise en oeuvre du programme d’action défini dans la Déclaration du Millénaire, fer de lance de la lutte contre le terrorisme.  Pour sa part, l’Afrique a mis en place un nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, produit de la prise de conscience du peuple africain que c’est lui qui détient les clefs du développement, de la stabilité et de la sécurité du continent.  Nous espérons que les négociations engagées à Doha contribueront à établir des relations commerciales plus justes et équitables et que la Conférence sur le financement du développement aboutira à des avancées significatives sur le plan de la réduction de la dette, de l’aide publique au développement et de l’investissement direct.


M. HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Emir de l’Etat du Qatar: La réponse aux attaques terroristes ne devrait pas se limiter à en punir les responsables car bien qu'impératives ces punitions ne préviendront pas la prévention d'actes similaires dans l'avenir.  Le terrorisme est un phénomène ni provisoire ni limité à un continent.  Il faut, en conséquence, s'interroger sur l'action de la communauté internationale par rapport à cette situation et admettre qu'elle s'est éloignée des idéaux de la Déclaration du Millénaire en laissant s'installer un monde où les libertés sont limitées, où la démocratie est en recul et où la peur et l'isolationnisme ont remplacé la liberté et l'ouverture.  La condamnation par l'Organisation de la Conférence islamique des actes terroristes du 11 septembre découle des valeurs de la religion musulmane.  L'attachement des pays concernés à ces valeurs vient de la reconnaissance qu'ils ont de l'importance géopolitique de la nation musulmane qui fait d'elle un partenaire stratégique dans le rééquilibrage des relations internationales.


C'est la raison pour laquelle les Musulmans déplorent les tentatives visant à lier l'Islam au terrorisme.  Il est temps de s'élever contre toutes les formes de harcèlements lancés contre les communautés arabes et musulmanes dont les auteurs abusent du prétexte fallacieux de la lutte contre le terrorisme et les terroristes.  A ce stade, il nous faut une définition claire du terrorisme qui puisse établir une distinction claire entre ce phénomène, caractérisé par des pratiques criminelles et des attaques contre des civils innocents, et la lutte légitime contre l'occupation illégale et l’assujettissement.  Il faut rappeler que le terrorisme trouve aussi ses racines dans la tolérance dont la communauté internationale fait preuve devant les politiques de répression et le déni des droits de l'homme et des libertés fondamentales.  Il n'est jamais juste ni sage de prétendre améliorer les conditions internes en se livrant à des pratiques répressives ou en suspendant la démocratie.


Il est donc grand temps de mettre un terme à la tragédie du peuple palestinien sous occupation israélienne.  Le Qatar appelle la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à fournir la protection internationale nécessaire à la prévention d'une réelle catastrophe humaine qui ne saurait conduire qu'à plus de violence, de terrorisme et de destruction dans la région.  A cet égard, il faut saluer la position du Président des Etats-Unis et de son Administration en faveur de la création d'un Etat palestinien.  Il faut aussi se féliciter de la position du Premier Ministre du Royaume-Uni et des autres

dirigeants européens tout en leur rappelant que le test ultime sera de voir ces positions donner lieu à des actes concrets.  La nécessité d'apporter une assistance urgente au peuple afghan étant elle aussi bien réelle, il convient de rappeler la position de l'Organisation de la Conférence islamique qui est de maintenir l'intégrité territoriale et l'identité islamique de l'Afghanistan tout en formant un gouvernement représentant toutes les factions de la société afghane. 


M. VICENTE FOX, Président des États-Unis du Mexique: Les changements qui se sont produits au Mexique et sa récente démocratisation lui permettent aujourd’hui de renouveler son engagement en faveur des principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et d’apporter sa pleine collaboration à cette tribune où se font entendre les voix du monde entier.  Les conditions de tolérance et de dialogue qui prévalent aujourd’hui au Mexique ont également permis au Gouvernement d’initier le processus qui permettra au Mexique de ratifier le Statut de Rome et d’adhérer aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme auxquels il n’est pas encore partie.  C’est dans cet esprit de respect des droits de l’homme que le Mexique a également libéré deux militants écologistes et ouvert les archives de ses services de renseignement.  Le Mexique démontre ainsi son engagement sincère et honnête vis-à-vis de la communauté internationale. 


Les attaques terroristes du 11 septembre ont démontré la vulnérabilité de tous les États et la fragilité de la paix mondiale.  Il est particulièrement préoccupant que les terroristes aient accès aux armes de destruction massive et qu’ils aient pu tirer profit de la criminalité transnationale, du blanchiment d’argent et du trafic de drogue.  Le terrorisme bafoue le droit international et menace la stabilité de la communauté des nations.  Aucune cause aussi juste soit elle ne saurait justifier le terrorisme.  Aucun objectif politique ne saurait justifier le recours à la violence.  Le Mexique exprime ainsi son engagement sans réserve à la mise en oeuvre de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité.  Il s’engage également à combattre ces nouvelles menaces à la paix et à la sécurité mondiales.  Pour faire face à ces nouveaux défis, la communauté internationale doit s’unir autour de trois principes : la suprématie des Nations Unies, le renforcement de la coopération internationale et l’établissement d’un nouvel ordre mondial fondé sur des règles qui répondent aux besoins et aux aspirations de la communauté des Nations dans leur ensemble.  Déterminé à agir dans ce sens, le Mexique éprouve une grande fierté à avoir été élu, après 22 ans d’absence, membre non permanent du Conseil de sécurité pour 2002-2003.  La participation du Mexique permettra de faire entendre la voix de ceux que l’ont entend rarement. 


Toutefois, la recherche de solution aux nouvelles menaces à la paix et à la sécurité ne doit pas masquer les facteurs qui ont contribué à leur émergence.  Nous devons donner la priorité à la lutte contre la pauvreté et contre l’exclusion.  Le Mexique réaffirme ici sa volonté de prendre une part active à la promotion du développement et à lui donner un nouvel élan afin que les engagements pris lors du Sommet du Millénaire deviennent une réalité.  C’est dans cet esprit que le Mexique accueillera à Monterrey, la prochaine Conférence sur le financement du développement et invite tous les chefs d’État et de gouvernement à y participer activement.  La tâche qui nous incombe est difficile: nous devons assurer l’intégration et la participation de toutes les sociétés dans les processus de création et de distribution équitables des opportunités et des bénéfices de la mondialisation.  Nous devons créer un système économique international qui permette un développement humain plus juste.  Il sera impossible de construire un monde plus humain si nous ne luttons pas contre l’exclusion des groupes vulnérables.  C’est pourquoi le Mexique a proposé la création d’un groupe de travail chargé d’élaborer une convention internationale pour la promotion et la protection des droits des handicapés.  Nous espérons que ce projet sera appuyé par les États Membres.  Il faut savoir que les actions que nous mènerons pour lutter contre le terrorisme et pour favoriser le développement inscriront notre Organisation dans une nouvelle ère de succès.  Il importe que nous établissions de nouvelles normes pour assurer la paix mondiale et créer les conditions du développement.  La communauté internationale doit se monter à la hauteur de ce nouveau défi.  C’est pourquoi il est temps de redéfinir le mandat de notre Organisation dans un monde différent de ce qu’il était en 1945, mais qui a le même besoin de paix, de stabilité et de justice. 


M. JORGE BATLLE IBANEZ, Président de République orientale de l’Uruguay: La ville de New York, ce pays, chaque pays, ce peuple, chaque peuple, l’humanité tout entière, ont été cruellement affectés par les attaques terroristes et la menace que le terrorisme fait peser sur chacun de nous.  Le Sommet du Millénaire, qui nous a réuni dans cette ville l’année dernière, avait été l’occasion d’identifier les problèmes qui nous affectent et s’imposent à nous comme des défis incontournables.  Il a représenté un moment pour la paix et un espoir pour un monde qui a des préoccupations communes.  Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un nouveau scénario, et plus que jamais, les Nations Unies, et chacun d’entre nous, ont un objectif commun qui est de lutter contre le terrorisme, au-delà des frontières, au-delà des religions, des cultures, des idéologies et des races.  Il importe pour cela de renouveler notre engagement à ne jamais perdre de vue l’objectif suprême qui est la paix et le respect du droit international et des conventions internationales auxquels nous sommes parties.  Mais cela ne suffit pas et, dans tous les domaines se rapportant à la lutte contre le terrorisme, que ce soit le militaire, le juridique, ou le renseignement, nous devrons livrer un combat commun.  Nous devons aussi réaffirmer que la vie humaine est le bien supérieur et que le terrorisme est un phénomène inique, aveugle et irrationnel qui provoque l’angoisse chez les populations civiles.  Pour le combattre, il faudra combattre d’autres phénomènes qui menacent la paix tels que la pauvreté et le sous-développement.  Pour autant, aucune cause, aucun drapeau, ne peuvent justifier cette violence et c’est pourquoi il nous faut prévenir la pauvreté, la marginalisation et l’abandon et éviter que le désespoir ne s’installe dans l’esprit des individus et pour en faire les responsables d’actes criminels dont nous seront victimes.  Il nous faut galvaniser les uns et les autres dans la lutte contre le terrorisme. 


Nous évoluons de plus en plus dans une société mondialisée et les événements du 11 septembre l’indiquent particulièrement puisque tous les peuples, toute l’humanité ont été touchés.  Ce monde et en particulier les Nations Unies assistent à un phénomène auquel nous n’étions pas préparés car, malgré les progrès technologiques, nous n’avons pas les instruments nécessaires pour que le processus de mondialisation soit correctement coordonné.  Les Nations Unies ont été créées pour répondre à un monde et à un contexte particulier, tout comme la Société des Nations au début du siècle, et il nous appartient aujourd’hui d’assumer cette nouvelle réalité et d’adapter nos institutions.  Les institutions financières et commerciales internationales, par exemple, n’agissent pas en concertation et leurs décisions demeurent sectorielles ou particulières alors qu’elles interviennent dans un monde globalisé.  Cela provoque un déséquilibre entre ceux qui deviennent

plus riches et ceux qui s’éloignent de plus en plus des perspectives de développement.  Pourtant, nous devons garder à l’esprit que la pauvreté détruit non seulement les démocraties mais aussi les sociétés et qu’elle ouvre la voie à toutes les formes de violence.  Nous n’étions pas préparés à vivre dans le monde que nous avons créé mais le destin tragique des victimes du 11 septembre nous impose d’accomplir une tâche inévitable en commun.


M. FERNANDO DE LA RUA, Président de la République argentine: Les événements du 11 septembre ont prouvé de manière éclatante que le terrorisme peut frapper n’importe où.  Aucun Etat n’étant en mesure de mener le combat de manière isolée, ce n’est qu’au niveau mondial, dans le cadre politique et juridique défini par les Nations Unies, que l’on peut formuler une réponse à cette menace mondiale.  L’Argentine, qui en 1992 et en 1994 a été la cible d’agressions terroristes, se félicite de l’adoption de résolutions et conventions qui ont défini un ensemble de mesures et de normes concrètes visant à promouvoir la coopération judiciaire et policière, ont pénalisé de nombreux actes terroristes et obligent les Etats à juger et à punir les responsables.  Il est particulièrement remarquable que les dernières conventions adoptées par les Nations Unies aient consacré le principe selon lequel de tels actes ne peuvent être qualifiés d’actes politiques.  Cependant, nous devons être conscients que le traitement de la question sera insatisfaisant tant que l’on ne s’interrogera pas sur les facteurs qui alimentent le terrorisme.  Dans le cadre de l’interdépendance croissante entre les Etats, les bénéfices de la croissance sont concentrés dans quelques Etats et le nombre de ceux qui sont exclus augmente de manière alarmante.  Cette distribution inégale des richesses, que les progrès en matière de communication rend plus tangibles encore, suscite frustration et désespoir dans de vastes couches de la société, générant les conditions de l’émergence de conflits et affrontements dont se nourrit le fondamentalisme.


Le lancement d’une nouvelle série de négociations de l’Organisation mondiale du commerce à Doha peut constituer un signal important afin de mettre un frein aux tendances protectionnistes croissantes et de favoriser, à court terme, la reprise économique et, à long terme, la croissance; un signal qui, de plus, pourra donner confiance aux marchés financiers internationaux.  Par ailleurs, la persistance de conflits au Moyen-Orient constitue un facteur de tension qui a des répercussions profondes dans toute la région et alimente l’inquiétude de la communauté internationale.  L’Argentine réitère son appui à une paix ferme et durable au Moyen-Orient, fondée sur le respect des droits inaliénables du peuple palestinien, le droit à l’autodétermination et à un Etat indépendant, ainsi que sur la reconnaissance du droit d’Israël à disposer de frontières sûres et reconnues internationalement.  Enfin, l’Argentine appuie pleinement le programme d’action visant à mettre en oeuvre la Déclaration du Millénaire, notamment en ce qui concerne l’imposition ferme du droit international en matière de lutte contre le terrorisme, la prévention des conflits et le renforcement des opérations de maintien de la paix, la réforme du système des sanctions afin d’éviter qu’elles ne portent préjudice aux populations civiles, l’éradication de la pauvreté.


M. HUGO CHAVEZ FRIAS, Président de la République bolivarienne du Venezuela: Nous sommes entrés en chancelant dans le siècle nouveau avec les attentats du 11 septembre perpétrés en fait contre la culture de la paix et le dialogue entre les civilisations annoncés par les Nations Unies.  Nous nous retrouvons en 2001 où à l'encontre de la bonne volonté des peuples du monde, les tambours de la guerre se font entendre.  Il faut le dire haut et fort, la lutte pour la paix est une lutte essentielle.  La guerre contre le terrorisme doit se transformer en une guerre contre une guerre pour aboutir à la paix.  Le Venezuela renouvelle son appel à l'élaboration d'un Pacte mondial entre les membres des Nations Unies.  Sur cette planète, des milliers d'êtres humains marginalisés meurent de misère et de faim.  Par conséquent, il faut reconnaître cette vérité et ensuite édifier, sans retard, ce nouveau Pacte mondial pour le troisième millénaire.  L'ONU doit déployer tous les efforts possibles pour mettre en place un ordre moral, politique, scientifique, social, économique et financier pour lutter contre le démon de la faim et de la misère qui affligent la planète. 


Le Venezuela rappelle les dispositions de la Déclaration du Millénaire et les objectifs fixés.  Comment les réaliser?  Nous voulons des vérités car sans elles il serait difficile de trouver les voies de sortie des horreurs que vit le monde.  Nous devons de bonne foi et avec un optimisme dans la vie, dans l'union et dans les possibilités suprêmes qui s'offrent aujourd'hui trouver des solutions adéquates aux problèmes actuels pour rétablir la justice et la paix.  Il faut regarder le monde à la loupe caractérisé par la douleur, la misère et la mort.  Le Venezuela demande avec passion et avec ardeur en invoquant la vie, la paix et le respect de l'humanité, la révision des modèles politiques actuels.  De quelle démocratie, en effet, parle-t-on?  Est-ce celle qui prévalait au Venezuela et qui a arraché au peuple sa souveraineté en le faisant vivre dans la misère?  Il faut aussi revoir les modèles économiques et ses idéaux de libéralisme.  Est-ce la voie?  Oui, faute de quoi ce serait l'enfer comme le montrent les rues en Amérique latine.  Il faut revoir l'éthique, l'économie et la politique, si nous voulons que la paix règne sur la planète.


La mondialisation ouvrira-t-elle la voie?  Peut-être mais seulement si elle est assortie d'égalité.  Le Venezuela s'est engagé dans une révolution pacifique de paix, d'amitié et de pluralisme.  Le pays condamne le terrorisme mais tient au respect du droit international et du droit des personnes.  Personne ne doit interpréter ce discours comme une condamnation d'un quelconque pays.  C'est un appel à la réflexion.  En Amérique latine, le Venezuela propose une Charte sociale pour que l'être humain vienne en premier lieu.  Nous voulons un dialogue Nord-Sud équilibré et un dialogue Sud-Sud renforcé.  Il faut une volonté politique pour changer les choses.  Demain sera déjà peut-être trop tard.  L’heure de la justice a sonné, seule voie véritable vers la paix.


M. RICARDO LAGOS, Président de la République du Chili: Les attaques terroristes contre New York, ville qui partage les mêmes valeurs universelles que notre Organisation qu’elle abrite, ont été vécues comme une attaque contre l’humanité et contre l’unité de nos nations.  Ce sont là nos valeurs, nos croyances, notre sécurité, fondées sur la coopération et le dialogue, qui ont été visés par les terroristes fanatiques.  La tenue de cette Assemblée générale est une défaite cuisante pour le terrorisme qui entend remplacer les valeurs du dialogue par le culte de la violence.  Alors que certains soulignent que le

XXe siècle a été celui des violences les plus meurtrières de l’humanité, nous considérons qu’il a aussi été celui de certains progrès indéniables et de l’amélioration des conditions de vie.  Certes, ces progrès ont été réalisés malgré les deux guerres mondiales et la guerre froide.  Aujourd’hui, à l’aube du

XXIe siècle, nous sommes confrontés à un nouveau conflit de dimension mondiale et dont l’objectif est de mettre un terme au fanatisme, à l’intolérance et à la terreur qui en résultent.


Cependant, cette grande alliance diplomatique doit poursuivre d’autres buts tels que l’émergence d’un monde mieux organisé et plus solidaire.  Faute de quoi, les terroristes pourraient considérer avoir atteint leurs objectifs si la mondialisation, en raison des attaques terroristes, résulterait dans une restriction des libertés et des échanges internationaux.  Il est manifeste que la mondialisation constitue aujourd’hui un vecteur potentiel de développement et de progrès pour des milliards d’êtres humains et qu’elle a amélioré les relations entre les nations.  Mais les bénéfices n’ont pas été équitablement distribués pour autant, car plus de la moitié des six milliards d’habitants de notre planète vivent avec moins de deux dollars par jour.  L’équilibre de notre monde est très précaire et les institutions que nous avons créées pour le gouverner sont inadéquates.  Les récents événements tragiques nous ont prouvé qu’aucune nation n’est invulnérable et que la sécurité ne peut être atteinte que par la coopération entre les peuples et les Etats. 


Des phénomènes tels que l’ignorance, la faim, le trafic de drogues, les changements climatiques menacent la sécurité de l’homme et rendent nos populations vulnérables.  C’est pourquoi nous défendons le droit de chaque État à être entendu dans le contexte actuel de la mondialisation.  Toutefois, le Chili soutient la coalition internationale pour l’éradication du terrorisme et estime que cette lutte répond aux principes et valeurs que nous partageons et que nous défendons.   Persuadé que la lutte contre le terrorisme requiert une coopération aussi vaste que possible, le Chili soutient pleinement la résolution 1373 du Conseil de sécurité et déposera au Secrétariat des Nations Unies les instruments de ratification des douze conventions internationales contre le terrorisme.  Mais le Chili considère également qu’il importe de renforcer le dialogue et la coopération et de renforcer les mesures de confiance entre les Etats.  A ce titre, nous ne saurions taire notre frustration face aux difficultés rencontrées dans la mise en place de mesures d’interdiction du commerce illicite des armes légères.  Nous sommes aussi préoccupés par la détérioration de la situation au Moyen-Orient, ce conflit étant devenu aujourd’hui une menace à la sécurité internationale.  Nous espérons qu’un accord sera trouvé, qui respecte le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et à disposer d’un Etat tout comme celui d’Israël à vivre en paix avec ses voisins et au respect de ses frontières. 


Pour bâtir un monde plus sûr, nous devons privilégier une mondialisation mieux gérée et renoncer à l’autarcie, nous devons renforcer la démocratie et renoncer à l’autoritarisme, nous devons aussi respecter les droits de l’homme.  En luttant, au sein de la coalition internationale contre le terrorisme, nous devons aussi nous assurer que les institutions internationales prennent en compte les intérêts de tous les pays, quelle que soit leur taille.  Nous devons aussi nous assurer que cette coalition ne lutte pas uniquement contre la menace terroriste mais aussi contre la faim, la vulnérabilité, la discrimination.


M. SEYED MOHAMED KHATAMI, Président de la République islamique d’Iran: Le monde est aujourd’hui confronté à d’effroyables tragédies et à de terribles sources de préoccupations qui se sont manifestées brutalement lors des attaques terroristes qui ont frappé le peuple des États-Unis.  La condamnation immédiate, sans équivoque et mondiale de ces attaques, témoigne d’une volonté commune de combattre le terrorisme sous toutes ses formes, quels qu’en soient les auteurs et les victimes.  Illustrant la position de l’islam face à ce crime, le guide de la révolution islamique a prononcé une jihad contre ce fléau.  Le terrorisme ne peut pas être attribué à une religion ou à un pays en particulier.  Il ne peut pas non plus être combattu par la rage et la violence.  C’est une menace chronique qui pèse sur notre monde.  Lorsque la spiritualité, l’éthique et l’équité ne trouvent pas leur place dans la sphère politique ou le monde économique, lorsque la discrimination, l’exclusion et la marginalisation règnent en maître, le monde est fatalement confronté au désespoir, à l’extrémisme et au non-respect de la loi.  C’est un climat propice au terrorisme.  Les idéologies extrémistes modernes ont tendance à diaboliser l’autre.  C’est ainsi que l’on en est venu aux États-Unis et en Europe à identifier l’islam au terrorisme et que dans certaines parties du monde musulman on en est venu à assimiler l’Occident à la corruption.  Une telle polarisation a des conséquences dangereuses pour la sécurité de tous.  Comme on le voit aujourd’hui encore, l’histoire se répète et la guerre mène à la guerre.  L’heure est venue pour que l’humanité confronte son histoire et s’engage dans la voie du dialogue.  La direction du monde ne saurait être confiée à des hommes politiques vindicatifs, elle doit obéir aux impératifs de la raison et de la justice. 


L’empathie que nous ressentons avec ceux qui souffrent qu’ils soient aux États-Unis, en Afghanistan ou dans les territoires palestiniens nous commande de répondre aux besoins de paix, de sécurité, de développement et de justice de toutes les nations du monde.  Il n’est plus possible de s’isoler dans des îlots de prospérité alors que le reste du monde est livré à la pauvreté, l’illettrisme, la maladie et l’insécurité.  Le terrorisme est inacceptable aux yeux de toutes les religions et de toutes les philosophies.  De même, il est difficile de justifier l’usage de la violence pour lui faire face.  Au contraire, il faudrait rechercher des solutions au plus haut niveau possible.  C’est dans cette optique que les Nations Unies apparaissent comme la seule bannière légitime sous laquelle le monde pourrait se rallier.  La République islamique d’Iran, membre de la coalition mondiale contre le terrorisme, n’épargne aucun effort pour lutter contre le terrorisme dans le respect de la justice et de la non-discrimination.  L’adoption de la résolution 1373 du Conseil de sécurité est un premier pas dans cette direction.  L’élaboration sur la base de définitions et de principes acceptés par tous d’une convention générale sur le terrorisme fournirait la base essentielle

pourrait pour l’adoption de mesures collectives pour lutter contre ce fléau.  La division traditionnelle entre le centre et la périphérie n’est plus viable.  Les régions du monde qui sont confrontés à des conflits demandent notre attention immédiate.  Après des années de guerre et de destruction, l’Afghanistan a besoin de paix et de stabilité.  Les attaques militaires en cours n’apporteront pas de solution aux causes du terrorisme.  Au contraire une telle approche risque de durcir les sentiments de violence et d’injustice dans la région, voire dans le monde entier.  De la même manière, il faut attirer l’attention sur le terrorisme qui règne au Moyen-Orient, par l’occupation des territoires palestiniens et du Golan syrien. 


Au nom du Groupe des 77, je tiens à appuyer le combat des Nations Unies pour éradiquer la pauvreté, source de violence et d’intolérance.  Construisons ensemble une coalition pour la paix et donnons ensemble un sens au dialogue entre les civilisations. 


Ouverture du débat général


M. ATAL BIHARI VAJPAYEE, Premier Ministre de la République de l’Inde: Notre pays a déjà fait l’amère expérience de l’expansion des réseaux terroristes mondiaux alimentés par l’extrémisme religieux.  Leurs opérations s’appuient sur le trafic des drogues, le blanchiment de l’argent et la contrebande des armes, et seuls des efforts coordonnés de la communauté internationale peuvent répondre à ces menaces.  Nous devons rejeter catégoriquement toute justification idéologique, politique ou religieuse au terrorisme.  A ce titre, l’Inde soutient la campagne actuelle menée contre l’Afghanistan, et, afin d’éviter une période de vacance politique à la fin de la campagne, est en faveur de l’établissement d’un gouvernement largement représentatif et neutre qui mettrait un terme à l’expansion du terrorisme et de l’extrémisme.  En tant que pays voisin de l’Afghanistan, l’Inde voit ses intérêts nationaux menacés par ce qui s’y passe et estime que les structures actuelles visant à assurer un règlement politique post-Taliban ne sont pas représentatives.  La reconstruction de l’Afghanistan requiert l’attention de la communauté internationale et l’apport massif de ressources externes afin de permettre, notamment, le retour et la réinsertion des millions de réfugiés afghans qui ont trouvé refuge dans les pays voisins.


Alors que 6 000 vies ont été sacrifiées le 11 septembre, ce sont des dizaines de milliers d’enfants qui mourront des conséquences économiques de ces attaques, selon les estimations de la Banque mondiale.  Avant que la communauté internationale ne se lance dans de nouvelles initiatives en faveur de la mondialisation et du développement durable, nous devons nous rendre compte que leur légitimité dépendra de l’impact de ces mesures sur la pauvreté.  Or, la série de négociations tenue dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en Uruguay, a contribué dans une moindre mesure à la croissance économique, et les disparités ont augmenté.  Pour cette raison, le soutien public à la mondialisation a faibli dans les pays en développement.  Les pays industrialisés n’ont fait preuve d’aucune volonté politique pour augmenter leurs budgets d’aide au développement, et les institutions multilatérales de développement aussi ont vu leurs budgets diminuer.  Il est urgent que les pays développés prennent conscience que leurs économies en souffrance ne connaîtront une relance que si les priorités de la mondialisation et du développement sont réorientées en tenant compte des besoins de développement des deux tiers de la population de la planète.


M. LEE HAN-DONG, Premier Ministre de la République de Corée: Le processus ardu de développement dans lequel s'est engagée la République de Corée, il y a cinquante ans, représente un exemple probant de tout le bien que peut faire la communauté internationale lorsqu'elle travaille étroitement avec un peuple déterminé à surmonter la pauvreté et l'héritage d'un conflit.  Dix après l'admission simultanée de la République de Corée et de la République populaire démocratique de Corée à l'ONU, il faut dire que de nombreux progrès ont été effectués dans les relations intercoréennes, en particulier au cours de ces dernières années.  La République de Corée est déterminée à n'épargner aucun effort pour réaliser une paix durable sur la péninsule coréenne.  Avec la fin de la guerre froide et la fin du XXe siècle, la réconciliation et la coopération ont fini par donner le ton au nouvel ordre mondial.  La République de Corée appuie, en conséquence, les efforts des Nations Unies pour renforcer la capacité de prévention et de règlement des conflits ainsi que de consolidation de la paix.


Les promesses de paix et de prospérité ne seront pourtant pas réalisées si le monde ne relève pas les défis de la mondialisation et des nouvelles technologies de l'information et de la communication.  C'est dans ce contexte que, l'année dernière, le Président de la République de Corée a proposé la création d'un réseau d'informations transeurasien pour dynamiser l'échange d'informations et la coopération entre l'Asie et l'Europe.  Pour la République de Corée, la gestion efficace de l'économie mondiale et de l'élimination de la pauvreté dans les pays en développement doit être placée en tête des priorités du processus intergouvernemental.  Il est également important de déployer des efforts plus vigoureux pour protéger l'environnement et à cet égard, tout en reconnaissant le rôle positif des progrès scientifiques pour le prolongement de la vie humaine et l'amélioration de la qualité de la vie, il faut néanmoins faire en sorte qu'ils ne soient pas mal utilisés et ne deviennent pas une atteinte à la dignité humaine.


La démocratie et les droits de l'homme sont des valeurs universelles que tous doivent continuer à rechercher et à prôner au cours du XXIe siècle.  La République de Corée espère, à cet égard, que la deuxième Conférence des démocraties qui doit se tenir à Séoul en octobre 2002 sera une étape fondamentale en la matière.  Tenant au renforcement des Nations Unies, la République de Corée augmentera sa contribution au budget ordinaire, au cours des années à venir, conformément au nouveau barème des quotes-parts.  Ainsi, l'année prochaine, le pays deviendra le dixième plus grand contributeur au budget ordinaire de l'ONU et avec des troupes déployées au Timor oriental et dans trois autres opérations de maintien de la paix, la République de Corée continuera à participer aux activités de l'ONU dans le domaine de la paix et de la sécurité.


M. LOUIS MICHEL, Président du Conseil de l’Union européenne, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique: Ce sont les valeurs fondamentales sur lesquelles les Nations Unies ont été fondées qui ont été lâchement frappées lors des attentats du 11 septembre à New York.  L’Union européenne les a condamnés avec fermeté et s’est déclaré totalement solidaire avec les États-Unis.  Elle a confirmé son soutien sans réserve à l’action militaire entreprise dans le cadre de la légitime défense.  Pour sa part, le Conseil européen a adopté le 21 septembre un plan d’action de lutte contre le terrorisme qui comporte des mesures destinées à renforcer la coopération judiciaire et policière, à mettre fin au financement du terrorisme et à renforcer la sécurité aérienne.  L’Union européenne a également reconnu la nécessité de participer davantage aux efforts de la communauté internationale pour prévenir et stabiliser les conflits régionaux.  Au niveau international, une nouvelle dynamique doit s’imposer et les Nations Unies ont tout naturellement un rôle central à jouer dans l’élaboration d’une stratégie coordonnée et diversifiée.  Se félicitant de l’adoption de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité, l’Union européenne réaffirme sa disponibilité à fournir une aide à tous les États qui auraient des difficultés techniques à prendre les mesures nécessaires à sa mise en oeuvre.  L’Union européenne se réjouit également des progrès enregistrés dans la négociation d’une convention générale sur le terrorisme international.  Toutefois, les efforts que nous déployons pour lutter contre le terrorisme doivent s’inscrire dans le cadre d’ensemble des efforts visant à construire un monde où les droits de l’homme et les libertés fondamentales sont pleinement respectées.  Plus que jamais le monde a besoin d’une juridiction universelle et permanente capable de sanctionner les violations du droit international humanitaire, il importe donc que les Nations Unies appuient d’une manière effective et efficace la mise en place de la Cour pénale internationale. 


L’approche globale adoptée par la communauté internationale en Afghanistan apparaît comme le seul moyen de préparer efficacement la sortie de la crise humanitaire dans ce pays.  L’aide humanitaire d’urgence constitue une priorité absolue de l’Union qui s’est engagée à mobiliser sans délai une aide de plus de 320 millions d’euros.  L’Union soutient les efforts des institutions spécialisées de l’ONU, du CICR et des ONG.  Elle appelle également les pays de la région à faciliter par tous les moyens possibles les opérations humanitaires d’accueil des nouveaux flux de réfugiés afghans.  L’Union européenne reconnaît le rôle essentiel de l’ONU dans la recherche d’un plan de paix en Afghanistan et entend soutenir les initiatives du Secrétaire général et de son Représentant spécial. 


L’Union européenne demeure gravement préoccupée par la situation au Moyen-Orient et continue à agir pour que les parties mettent fin au cycle infernal de la violence.  Chacun doit réaliser qu’il n’y a pas d’alternative au processus de paix.  Il est urgent qu’une initiative soit prise pour réengager le processus politique.  De même l’ampleur des drames que vit le continent africain nous invite à une action résolue en vue de s’attaquer aux causes directes et structurelles des conflits.  Les crises dans la région des Grands Lacs et dans la Corne de l’Afrique démontrent la nécessité d’une approche internationale intégrée et globale.  Ayant salué le lancement de l’Initiative africaine à Lusaka, l’Union européenne est prête à y répondre et a déjà entamé un dialogue avec l’Union africaine à ce propos. 


Les objectifs de développement du Sommet du Millénaire soulignent la nécessité d’un partenariat renforcé entre pays riches et pauvres.  En premier lieu nous devons tout mettre en oeuvre pour éradiquer la pauvreté.  C’est dans cet esprit que l’Union européenne s’est engagée au déliement de l’aide au développement, à l’ouverture de ses marchés et au financement complet de l’Initiative HIPC.  Au mois de mars prochain, à la Conférence sur le financement du développement, à Monterrey (Mexique), l’Union européenne s’attachera à améliorer la coopération entre tous les acteurs du développement.  Lors du Sommet de Johannesburg en octobre 2002, l’Union européenne souhaiterait explorer avec ses partenaires les possibilités de réaliser un Pacte mondial sur le développement durable.  Par ailleurs, l’Union européenne contribuera activement à la mise en

place d’un nouveau Fonds global pour la lutte contre le VIH/sida, la malaria et la tuberculose.  Elle jouera un rôle actif dans tous les processus émanant de la session de juin dernier afin de mettre en oeuvre la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida.  La réforme des Nations Unies doit se poursuivre.  Le renforcement et la réforme globale sous tous ses aspects du Conseil de sécurité doivent être poursuivis avec détermination. 


M. ANATOLIY ZLENKO, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine: Le 11 septembre, le monde moderne a été brutalement blessé, alors que nous avions réaffirmé un an auparavant, lors du Sommet du Millénaire, notre foi dans un nouvel ordre international plus juste, plus équitable, à l’aube du XXIe siècle.  Les actes terroristes aux États-Unis ont démontré que ces pratiques qui ne répondent d’aucune religion, d’aucune appartenance ethnique ou linguistique, sont devenues une menace pour notre monde contemporain et exigent une réaction internationale claire et urgente.  C’est pour cette raison que nous nous sommes joints à la coalition contre le terrorisme et que nous avons estimé que les attaques ciblées contre l’Afghanistan représentent la première étape dans nos efforts pour lutter contre ce phénomène.  Dans le même temps, il est apparu évident que le peuple afghan est devenu l’otage des terroristes et qu’il importe également de privilégier la voie diplomatique et politique pour trouver une solution à la situation actuelle.  Nous nous félicitons dès lors de la contribution constructive du Secrétaire général et de son Représentant spécial pour l’Afghanistan, Lakhdar Brahimi, à la stabilisation de la situation en Afghanistan.  Nous continuons de penser qu’il est nécessaire de renforcer et de coordonner les efforts des Etats Membres dans le combat contre le terrorisme et de s’assurer que les instruments juridiques internationaux sont dûment mis en œuvre par les Etats. 


Les Nations Unies entrent dans une nouvelle ère et l’Ukraine considère que leur rôle doit être renforcé car les récents actes terroristes qui se sont produits aux Etats-Unis ont prouvé que la communauté internationale est unie.  Les Nations Unies doivent s’efforcer de répondre aux défis posés à la sécurité internationale tant à l’échelle internationale que régionale mais cela exige des réformes, en particulier celle du Conseil de sécurité.  Ce dernier doit mieux refléter les réalités du monde actuel et, alors que l’Ukraine achève cette année son mandat de membre non permanent du Conseil, notre pays défendra la nécessité de réformer ses méthodes de travail et plaidera en faveur de l’octroi d’un siège supplémentaire pour les pays d’Europe orientale.  L’Ukraine, qui est aujourd’hui l’un des 10 plus importants contributeurs de troupes aux opérations de maintien de paix, insiste sur la nécessité de renforcer la diplomatie préventive, notamment par le développement de centres régionaux de prévention des conflits.  A ce titre, l’Ukraine est particulièrement attachée au désarmement et au contrôle des armements et souhaite que le nombre d’États partie au TICEN/CTBT augmente à l’occasion de la Conférence de facilitation de son entrée en vigueur.  L’Ukraine accorde enfin une importance particulière à l’éradication de la pauvreté et au développement durable, et nous espérons que la prochaine Conférence sur le financement du développement sera une étape décisive vers la mobilisation des ressources nécessaires pour résoudre ces problèmes.  En tant que pays victime des séquelles de la tragédie de Tchernobyl, l’Ukraine souhaite que le Programme des Nations Unies pour le développement et les autres agences et organes du système l’aident à faire face et à répondre aux conséquences de ce désastre. 


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.