AG/1197

LA CLAUSE VISANT A INTERDIRE LE TRANSFERT D’ARMES LEGERES A DES ENTITES NON ETATIQUES VIVEMENT DEFENDUE A L’ASSEMBLEE GENERALE

03/10/2001
Communiqué de presse
AG/1197


Assemblée générale

16e séance plénière – matin


LA CLAUSE VISANT A INTERDIRE LE TRANSFERT D’ARMES LEGERES A DES ENTITES

NON ETATIQUES VIVEMENT DEFENDUE A L’ASSEMBLEE GENERALE


Trafic de stupéfiants, blanchiment d’argent, armes légères

et guerres régionales reconnus comme alimentant le terrorisme


Bien que l’Assemblée générale ait été régulièrement saisie de la question du terrorisme, elle ne l’a jusqu’à présent traitée que de manière timorée.  C’est l’observation qu’ont faite certains délégués qui, comme le représentant du Paraguay, ont regretté qu’il ait fallu attendre les tragiques attaques terroristes du 11 septembre pour réunir le consensus sur les mesures drastiques à prendre pour éradiquer ce phénomène et qui sont prévues par la résolution 1373 du Conseil de sécurité adoptée le 28 septembre.  Au-delà de ce constat, le débat de l’Assemblée générale sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international a continué de porter ce matin sur l’examen des initiatives à prendre d’urgence pour contrer et anéantir les réseaux terroristes en se concentrant notamment sur le tarissement de leurs ressources et de leurs avoirs financiers et le démantèlement de leurs sanctuaires. 


A cet égard, les inégalités persistantes entre pays développés et pays en développement pourraient de nouveau compromettre les chances de succès d’une telle entreprise à l’échelle mondiale.  En effet, comme l’a fait observer la représentante de la Jamaïque, la mondialisation et la révolution dans le domaine des technologies de l’information et de la communication offrent des instruments remarquables aux Etats pour lutter contre le terrorisme et intensifier les échanges d’informations.  Cependant, seule une assistance accrue de la part des nations les plus développées notamment en matière de technologie, de formation et d’enquête permettra aux pays en développement de se mettre aux normes et de mettre en oeuvre des politiques antiterroristes.  Le représentant de la Suède a pour sa part assuré que son pays était disposé à contribuer au financement des activités antiterroristes des pays en développement.


La prolifération des armes légères, le trafic des drogues et le blanchiment de l’argent ainsi que les conflits meurtriers qui endeuillent le monde sont apparus au cours des délibérations comme étant la cause et l’une des sources d’approvisionnement en armes et en ressources financières des réseaux terroristes.  Le représentant de Maurice a ainsi regretté que, malgré l’insistance des délégations africaines, le Programme d’action adopté lors de la Conférence sur le commerce illicite des armes légères, qui s’est tenue à New York au mois de juillet dernier, ne contienne pas des mesures visant à interdire la fourniture d’armes légères à des entités non étatiques et, partant, aux groupes terroristes. 


(à suivre – 1a)


Abondant dans ce sens, le représentant de l’ex-République yougoslave de Macédoine a souhaité que les Nations Unies tiennent compte de l'expérience des conflits de l'Europe du Sud-Est de ces dernières années, et plus particulièrement de la crise en cours dans son propre pays.  Cette expérience, a-t-il précisé, nous prouve clairement les liens entre le terrorisme, le trafic illégal d'armes légères, le crime organisé, le trafic de stupéfiants et le blanchiment d'argent. 


Une seule voix discordante dans ce chorus, celle de l’Inde qui a réclamé que les lois s’appliquent de façon égale à tous sans exonérer qui que ce soit pour raison de lutte pour l’autodétermination.  Aucune raison, a-t-il estimé, ne justifie l’assassinat d’innocents.


En cours de séance, le Président de l’Assemblée générale, M. Han Seung-soo (République de Corée) a annoncé que l’examen du point 11 de l’ordre du jour de l’Assemblée générale, relatif au rapport du Conseil de sécurité, initialement prévu pour le jeudi 4 octobre 2001, était reporté au lundi 15 octobre 2001.  Il a également informé les délégations que le débat général se tiendrait du samedi 10 au vendredi 16 novembre, le dimanche 11 novembre étant inclus.  Par ailleurs, les séances du débat général se tiendront de 9 heures à 13 heures et de 15 heures à 19 heures, ce débat ayant été ramené à 7 jours au lieu des 10 jours prévus initialement.  Enfin, le Président a annoncé que la Conférence d’annonce de contributions pour les activités de développement se tiendrait les 7 et 8 novembre dans la matinée, tandis que les annonces de contributions volontaires au programme de 2001 de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient aura lieu le mardi 4 décembre au matin.


Les délégations des pays suivants se sont exprimées au cours du débat : Maurice, Brésil, République démocratique du Congo, Paraguay, Jamaïque, Finlande, Comores, Pérou, Indonésie, République arabe syrienne, Cap Vert, Ex-République yougoslave de Macédoine, Suède, Inde, et Chine.


MESURES VISANT A ELIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL


Déclarations


M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a déclaré que les attaques terroristes du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis rappellent au monde entier la vulnérabilité de tous les pays et que les groupes terrorises peuvent aussi frapper aveuglément au cœur du monde moderne, libre et tolérant.  Il a estimé qu’il n’y avait aucune justification possible au terrorisme qui est une menace à la paix et la sécurité internationales et appelé les Etats Membres à prendre une position efficace pour combattre et éradiquer le fléau.  Il a estimé que les conventions internationales n’étaient, à l’évidence, pas suffisamment complètes ou mises en oeuvre.  Il s’est félicité de la résolution 1373, adoptée par le Conseil de sécurité vendredi dernier, qui engage notamment les Etats à appliquer les conventions antiterroristes et à démanteler les groupes terroristes en les privant de leurs sources de financement et de sanctuaires.


La seule religion que respectent les terroristes est celle de la terreur et des souffrances infligées aux civils innocents, a observé M. Koonjul qui a estimé qu’il ne fallait pas tomber dans leur piège et privilégier une large coopération internationale qui transcende les différences religieuses et culturelles.  Il a souhaité que les procédures de poursuite et d’arrestation des terroristes soient harmonisées et qu’une coopération plus large dans les domaines de la justice et de la police soit instaurée.  Il a demandé aux Etats développés et aux Nations Unies d’apporter une assistance technique aux pays en développement qui ne peuvent mettre en oeuvre seules les recommandations et mesures qui seront adoptées contre le terrorisme.  Il a regretté que des armes soient toujours vendues à des groupes terroristes en dépit de l’insistance de certains Etats pour que le Programme d’action adopté au terme de la Conférence sur le commerce illicite des armes légères du mois de juillet contienne des mesures visant à interdire la fourniture d’armes légères à des entités non étatiques.  Il a réitéré le souci du continent africain, fortement touché par la prolifération des armes légères, d’interdire la vente d’armes à des acteurs non étatiques.  Il s’est inquiété du commerce d’armes chimiques et bactériologiques et a salué l’initiative visant à l’élaboration d’une Convention internationale contre le terrorisme nucléaire proposée par la Fédération de Russie.  Il a invité à appuyer le projet de Convention internationale contre le terrorisme international présenté par l’Inde. 


GELSON FONSECA (Brésil) s'est félicité de l'adoption, par le Conseil de sécurité, de la résolution 1368 qui établit les fondations d'une action internationale concertée ainsi que de l'adoption, la semaine dernière, de la résolution 1373 destinée à renforcer la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme.  Il a indiqué que son pays renforcerait ses efforts de coopération au niveau régional. À la suite des attentats du 11 septembre, le Brésil a notamment encouragé la convocation d'une réunion ministérielle de l'Organisation des Etats américains ainsi que la mise en oeuvre des mécanismes d'assistance mutuelle prévue par le Traité inter-américain d'assistance mutuelle.  Le représentant a salué l'adoption de la Convention pour la répression du financement du terrorisme et a exhorté toutes les délégations à entamer des négociations en vue de l’élaboration d'une convention globale contre le terrorisme. 

La lutte contre le terrorisme, a poursuivi M. Fonseca, doit aller au-delà de la répression et de la condamnation des coupables; des actions préventives doivent également être conduites; les efforts de coopération doivent inclure un partage de l'information entre les agences de renseignements; un contrôle strict des frontières, un démantèlement des réseaux de financement qui soutiennent les actions terroristes et un renforcement de la sécurité des systèmes de transport.  Le représentant a insisté sur le lien qui existe entre la sécurité et la construction d'un monde meilleur et plus équitable.  Enfin, le représentant a recommandé l'adoption universelle des conventions existantes contre le terrorisme et leur respect; un renforcement du rôle de l'ONU dans la lutte contre le terrorisme et l'adhésion stricte aux mesures de non-prolifération nucléaire.


Pour M. ILEKA ATOKI (République démocratique du Congo), la réunion sur le terrorisme prouve que la tragédie du 11 septembre n’est pas l’affaire des seuls Américains et que le terrorisme international qui prend des proportions d’une extrême gravité, appelle une action conjuguée de la communauté internationale.  La RDC, a-t-il rappelé, a déjà signé et ratifié plusieurs conventions mondiales relatives au terrorisme et se félicite de l’adoption de la résolution 1373 par le Conseil de sécurité du 28 septembre 2001. Toutefois, sa délégation estime que le projet d’une Convention pour la suppression des actes de terrorisme serait d’une grande opportunité et complèterait les Conventions antiterroristes en vigueur.  Il serait donc souhaitable que les délégations concernées assouplissent leur position pour permettre dans les meilleurs délais l’adoption de cette Convention par l’Assemblée générale.


Le concept de terrorisme ne doit pas se limiter aux actes perpétrés par des individus et des groupes isolés, a-t-il poursuivi ; il doit aussi inclure certains actes d’envergure organisés par des Etats.  Il en va ainsi des pays voisins de la République démocratique du Congo qui ont franchi les frontières communes et dont les armées régulières se livrent, depuis plus de trois ans, à des actes «d’horreur» à l’encontre des populations congolaises.  Le représentant a estimé qu’il fallait conclure rapidement le débat sur l’adoption d’une définition universelle du terrorisme et élaborer une Convention antiterroriste détaillée et globale qu’appelle de ses vœux le Mouvement des pays non alignés auquel appartient la RDC.


M. ELADIO LOIZAGA (Paraguay) a souhaité que les Nations Unies adoptent des mesures fermes et sans équivoque pour lutter contre le fléau du terrorisme, conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Les attaques terroristes contre les Etats-Unis ont modifié de manière définitive le contexte sécuritaire international, a-t-il fait observer, avant d’assurer que le Paraguay soutiendra les Etats-Unis et la communauté internationale dans leurs efforts de poursuite des auteurs de ces actes terroristes et d’éradication des réseaux qui les soutiennent.  Il a précisé que son gouvernement avait, depuis le 11 septembre, renforcé les mesures d’immigration et d’émigration, redynamisé la collaboration entre les départements de la police et de la justice, et entrepris un réexamen de sa législation nationale.  Le Paraguay privilégie l’assistance réciproque entre Etats Membres de l’Organisation

des Etats américains en matière de police et de renseignements ainsi qu’au sein du MERCOSUR afin d’adopter des mesures communes de lutte contre le terrorisme, a indiqué M. Loizaga.  Il a rappelé que, depuis 1972, la question du terrorisme international avait été régulièrement inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale qui l’a toujours traitée de manière timide, regrettant qu’il ait fallu attendre les tragiques attentats du 11 septembre pour réunir le consensus sur les mesures drastiques à prendre contre ce fléau.


Concernant la résolution 1373 du Conseil de sécurité, il s’est félicité des mesures adoptées qui visent l’éradication du terrorisme et souhaité que les Etats coopèrent pleinement dans la lutte contre le terrorisme.  Il a déclaré que son pays adhérerait prochainement à la Convention de 1999 sur la répression du financement du terrorisme.  Il a souhaité l’accélération des négociations sur les deux projets de conventions présentés, d’une part, par l’Inde, concernant le terrorisme international et, d’autre part, par la Fédération de Russie concernant le terrorisme nucléaire.  Il a lancé un appel en faveur de l’assistance nécessaire de la part des nations développées en matière de technologie, de formation et d’enquête afin que les pays en développement puissent mettre en oeuvre des politiques antiterroristes et respecter la résolution 1373.  Il a souhaité que ces mesures d’assistance soient coordonnées par les Nations Unies qui doivent s’engager de façon conjointe, concertée et coordonnée à renforcer le patrimoine démocratique et de liberté.


MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a déclaré qu’en matière de lutte contre le terrorisme, le vrai défi que doit relever la communauté internationale est le degré d'efficacité qu’on peut observer dans le respect des décisions déjà prises et de celles à venir.  Elle a rappelé que le terrorisme international ne pourrait être combattu que par un effort collectif visant à éliminer les sources de soutien aux terroristes.  Dans ce contexte, la Jamaïque encourage le développement d'un cadre juridique global et efficace au sein duquel s’effectuera la lutte contre le terrorisme et à cet égard, elle a exhorté le Comité sur le terrorisme à agir avec célérité.  Mme Durrant a indiqué que son pays étudiait actuellement les conventions de lutte contre le terrorisme déjà existantes en vue de ratifier et de mettre en application celles qui ne sont pas déjà effectives dans son pays.  Elle a exhorté tous les Etats Membres à faire de même.  La représentante a fait observer que la mondialisation et la révolution dans les technologies de la communication présentaient de nouveaux défis dans la lutte contre le terrorisme dont devait se servir la communauté internationale.  C'est pourquoi, la semaine dernière, la Jamaïque, ainsi que plusieurs Etats de la communauté des Caraïbes, ont signé la Convention sur le crime transnational organisé, qui avait profité des avantages des avancées technologiques pour passer au travers des frontières nationales.  De même, des mesures doivent être prises afin de lutter contre le trafic des petites armes.  Enfin, la représentante a souligné plusieurs actions à mettre en oeuvre au nombre desquelles la lutte contre le financement du terrorisme, le refus de tout soutien aux Etats, groupes ou individus qui favorisent les terroristes et le partage de l'information. 

MME MARJATTA RASI (Finlande) a déclaré qu'elle souscrivait totalement à l'intervention faite le lundi dernier au nom de l’Union européenne par le représentant de la Belgique et faisant de la lutte contre le terrorisme un objectif prioritaire de l'Union européenne et des pays associés.  Elle a, en outre, estimé que, compte tenu de la complexité nouvelle et du caractère anonyme du terrorisme et de sa violence, une coordination internationale entre les pays était indispensable pour lutter efficacement contre ce phénomène international et c'est pourquoi elle s’est félicitée de l'adoption de résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité qui constitue un message fort qui va dans ce sens.  Elle a également tenu à rappeler que l'Union européenne avait catégoriquement rejeté tout amalgame entre ces groupes de terroristes fanatiques et le monde arabe et musulman.


Evoquant les 12 conventions internationales élaborées sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies visant à prévenir et réprimer le terrorisme, la représentante a appelé les Etats Membres à signer, ratifier et mettre en œuvre ces textes.  A cet égard, elle a particulièrement souligné la portée de la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif (1997), qui concerne notamment les dangers des armes bactériologiques, des armes chimiques ou nucléaires, et de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme (1999).  Elle a insisté sur les possibilités que ces deux textes offraient en matière de poursuite et d'extradition des terroristes ainsi qu’en matière de tarissement des sources de financement du terrorisme.  Elle a reconnu cependant que malgré le large éventail de mesures déjà adoptées, il fallait néanmoins un texte plus général et c’est pourquoi le projet de Convention générale sur le terrorisme international présenté par l'Inde représente une très bonne base de travail pour renforcer le faisceau de conventions existantes.  Dans le même ordre d'idées, elle a également appelé à achever dans les meilleurs délais le projet de Convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire.


M. MAHMOUD M. ABOUD (Comores) a rappelé que le terrorisme est le premier ennemi de la liberté et de la démocratie et estimé que les actes terroristes constituent un crime contre l’humanité.  Il a noté que l’humanité était ébranlée et blessée dans sa dignité, ceci alors que les chefs d’Etat et de gouvernement avaient réaffirmé dans la Déclaration du Millénaire la nécessité de lutter contre ce phénomène.  Il a salué la résolution 1373 adoptée vendredi dernier par le Conseil de sécurité et appelé à la coopération et à la solidarité internationale pour lutter contre ce fléau qui transcende toutes considérations culturelles ou religieuses.  Seule la détermination de la communauté internationale fondée sur le respect des instruments internationaux permettra d’éradiquer cette menace qui n’épargne aucun pays, aucun continent.  Il a fait observer que ce phénomène n’est malheureusement pas nouveau et qu’il convient d’analyser les sources et les racines du terrorisme, en luttant notamment contre l’impunité dont peuvent bénéficier les auteurs de tels actes. 


M. Aboud a souligné la relation entre un mauvais développement, la pauvreté et le développement des conflits meurtriers et a regretté que l’éradication de la pauvreté reste encore une vision à long terme.  Il a appelé à une coopération accrue entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales pour résoudre les problèmes cruciaux posés par les conflits en cours, en particulier au Burundi, en Sierra Leone, en Macédoine, et dans une moindre mesure, aux Comores, archipel menacé aujourd’hui par le séparatisme.  Il a souligné la nécessité de trouver une issue à la question du Moyen-Orient dans le but d’atténuer les souffrances des peuples de la région. 

M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a observé que le nombre d'Etats qui ont, jusqu’ici, ratifié les douze conventions de lutte contre le terrorisme est loin de représenter le large consensus qui a été réalisé en la matière depuis les événements du 11 septembre.  Il a insisté pour que soient mises en oeuvre dans les plus brefs délais, les mesures décrites dans la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.  De même, il a souhaité que la Convention internationale de lutte contre le terrorisme nucléaire ainsi que le projet de Convention générale de lutte contre le terrorisme se matérialisent rapidement.  Il a ajouté que la communauté internationale devait de toute urgence adopter des mesures de prévention et de répression des auteurs d'actes terroristes.  Le représentant a fait observer que les Etats avaient besoin les uns des autres et qu'il fallait développer une coopération internationale en matière d'intelligence, de police, de justice pénale et de contrôle des transferts financiers.  Toutes les forces sociales doivent coopérer aussi bien le secteur privé que le secteur public et la société civile.  M. de Rivero a rappelé que son pays déploierait tous les efforts nécessaires pour la lutte contre le terrorisme et qu'il avait dans ce contexte accueilli la Conférence interaméricaine sur le terrorisme à l'issue de laquelle un plan d'action de lutte pour éliminer le terrorisme a été approuvé.  En outre, au cours de la réunion du conseil permanent de l'Assemblée des États américains qui s'est tenue à Washington le 19 septembre dernier, le Pérou a formellement proposé l’élaboration et l’adoption d’un plan interaméricain de lutte contre le terrorisme dans lequel l’obligation d’échanger les informations, de poursuivre, d'extrader, de juger et de punir ceux qui étaient impliqués dans des actes terroristes serait clairement stipulée.  Enfin, il a indiqué que le Pérou avait signé différentes conventions des Nations Unies contre le terrorisme et que d'autres étaient actuellement en cours d'examen.


M. MAKMUR WIDODO (Indonésie), a appelé à une action concertée et universelle contre le terrorisme qui désormais est devenu une menace intolérable pour la paix et la stabilité, même s’il ne constitue pas une nouvelle forme d’action illégale.  Pour lui les Nations Unies sont l’organisation multilatérale la mieux placée pour faire avancer les efforts mondiaux et prendre les mesures nécessaires à la lutte contre ce fléau.  Elles constituent le seul forum propre à légitimer les mesures que nous prendrons.  Toutefois, a-t-il souligné, notre approche doit être fondée sur la justice et l’équité, plutôt que sur la coercition et les préjugés.  La communauté internationale doit se garder de décisions hâtives qui pourraient s'avérer contre-productives, a-t-il mis en garde.  


Par ailleurs, le représentant indonésien a souhaité que le terrorisme international ne soit pas considéré que comme une violence indiscriminée contre le monde civilisé, car les tentatives d’en faire un affrontement entre l’Occident et le monde musulman sont erronées.  Convaincue que les efforts au plan national ne sauraient suffire, la Présidente de l’Indonésie Megawati Soekarnoputri a rendu visite à ses voisins de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour promouvoir une approche régionale dans la lutte contre le crime transnational, le trafic d’armes légères ou le blanchiment d’argent.  Mais son pays considère que la coopération internationale est une impérieuse nécessité.


A cet égard, il a rappelé, qu’outre les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité les 12 et 28 septembre 2001, l’an dernier déjà, la Déclaration du Millénaire appelait les Etats à entreprendre une action concrète contre le terrorisme international et à ratifier au plus vite les conventions existantes.  Il a enfin appelé à renforcer la prévention contre les périls biologiques, chimiques et surtout contre la menace des armes de destruction massive.

M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a déploré les attaques terroristes désastreuses qui ont fait des milliers de victimes innocentes aux Etats-Unis.  Il a qualifié ces actes de crime contre l’humanité et de mépris à l’égard de la dignité humaine qui sont incompatibles avec les valeurs spirituelles, religieuses et culturelles.  Il a déclaré que les Etats-Unis et la communauté internationale devaient jeter les fondements solides d’une coopération internationale véritable pour éliminer le terrorisme international.  Rappelant cependant que ce n’étaient pas là les premières attaques terroristes, le représentant a fait observer que leurs dimensions et leurs conséquences désastreuses ont violenté la conscience humaine.  La Syrie, a-t-il déclaré, a été elle aussi victime du terrorisme, comme d’autres Etats du Moyen-Orient, et c’est pourquoi il faut condamner le terrorisme d’Etat que la Syrie a régulièrement dénoncé devant les Nations Unies.  Il a regretté que de nombreux pays ne se soient pas acquittés de leurs obligations juridiques en matière de lutte contre le terrorisme international. 


Il a rappelé que le Président défunt Hafez-el-Assad avait proposé en 1986 la tenue d’une Conférence internationale sur le terrorisme qui aurait permis de le définir et de le distinguer clairement de la lutte juste des peuples pour leur autodétermination.  Il a insisté sur le fait que les pays arabes avaient entrepris une lutte régionale contre le terrorisme en adoptant une Convention panarabe et a souligné les initiatives prises au sein de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI).  Il a appelé les Etats à souscrire à toutes les conventions internationales antiterroristes en précisant que la Syrie avait, depuis 1952, adopté des mesures de lutte contre le terrorisme au plan national, notamment en prenant des dispositions contre le blanchiment d’argent et le trafic de drogues étroitement liés au terrorisme. 


Le représentant a estimé que les Etats-Unis ont le droit de poursuivre et traduire en justice les responsables des attaques terroristes du 11 septembre mais il a mis en garde contre toute action qui viserait des peuples entiers et ne résulterait pas d’enquêtes et de collectes de preuves précises.  Il a regretté que la puissance occupante israélienne tente de prendre appui sur la tristesse actuelle du monde entier pour écraser la résistance légitime du peuple palestinien.  A cet égard il a appelé la communauté internationale à ne pas faire l’amalgame entre le terrorisme et le monde arabe ou la civilisation musulmane.  La communauté internationale a-t-il conclu doit tout faire pour relancer le processus de paix au Moyen-Orient et insister pour que les Nations Unies coordonnent les efforts internationaux en matière de lutte contre le terrorisme. 


M. LUIS DA FONSECA (Cap-Vert) a estimé qu’aujourd’hui, nous savons que toute l’humanité est en danger et nous savons aussi que des actes encore plus graves pourraient se produire si nous n’éliminions pas définitivement le terrorisme.  Le Gouvernement du Cap-Vert, pour sa part a déjà indiqué qu’il était prêt à prendre part aux initiatives internationales.  Il étudie de près la résolution 1373 (2001) et s’apprête à prendre les mesures nécessaires pour la mettre en application.

Le représentant capverdien a réclamé la poursuite et traduction en justice des auteurs de ces actes en veillant à ne pas ajouter d’autres personnes innocentes à la liste déjà longue des victimes.  Pour que la campagne d’éradication du terrorisme soit couronnée de succès, il faudra, a-t-il ajouté, mettre fin aux conflits et s’attaquer à leurs causes réelles, faute de quoi il y aura toujours des raisons au terrorisme international.  Les pays développés doivent également s’engager à mettre fin à la pauvreté et aux exclusions et à veiller à ce que les ressources des pays en développement ne soient pas détournées.


Le représentant a appelé la communauté internationale à adopter rapidement la Convention générale contre le terrorisme et à trouver le compromis nécessaire pour mettre le texte au point, notamment sur la définition du terrorisme.


M. SRGJAN KERIM (ex-République yougoslave de Macédoine) a évoqué les dernières résolutions 1368 (2001) et 1373 (2001) du Conseil de sécurité, qu'il a définies comme l'expression d'un nouvel esprit de coopération au sein des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, en phase avec les engagements de nombreux Etats du monde, dont celui de son pays et exprimant leur volonté de se joindre à la coalition antiterroriste.  Pour ce qui la concerne, la République de Macédoine a décidé de préparer un projet de loi pour combattre le terrorisme, et d'amender les textes existants en ce domaine, pour les mettre en accords avec les décisions et conventions des Nations Unies, et notamment avec les dispositions de la résolution 1373 (2001)du Conseil de sécurité.


Soulignant la nécessité d'une action globale pour faire face à ce mal, Le représentant a fait sien l'espoir du Secrétaire général de ne voir aucune religion, aucun peuple, aucun pays attaqués à cause de l'acte des quelques individus.  Il a appelé tous les pays qui ne l'avaient pas encore fait, à accélérer le processus de ratification des Conventions des Nations Unies dans la mesure où elles offrent un cadre pour l’action.  Il a précisé à cet égard que son pays était déjà partie à toutes ces conventions. D'un autre côté, la Sixième Commission aura la tâche de réaliser un consensus autour d'un projet de convention sur la question du terrorisme  international ainsi que sur le projet de Convention de répression des actes terroristes nucléaires.  M. Kerim a fait part de l’appui de son pays à la résolution 1373 du Conseil de sécurité, et a souhaité que dans la mise en œuvre des recommandations de cette résolution, il soit tenu compte de l'expérience des conflits de l'Europe du Sud-Est des dernières années, et plus particulièrement de la crise en cours dans son propre pays.  Cette expérience, a-t-il précisé, nous prouve clairement les liens entre le terrorisme, le trafic illégal d'armes légères, le crime organisé, le trafic des stupéfiants et le blanchiment d'argent.  Il a finalement appelé à une coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme en invoquant la complexité des situations nouvelles liées à la mondialisation et en faisant remarquer qu'aucun pays ne pouvait garantir à lui seul la paix, la sécurité et la stabilité.


M. PIERRE SCHORI (Suède) a déclaré que seule une action commune pouvait permettre à la communauté internationale de lutter contre les forces du terrorisme.  Il a reconnu comme l’a fait le Conseil de sécurité dans sa résolution 1368, le droit inhérent à chaque individu ou collectivité de prendre des mesures d'autodéfense afin de prévenir des atrocités.  Il a insisté cependant sur la nécessité d'épargner les civils.  Notre objectif commun est de traduire en justice les responsables des attaques terroristes, les organisateurs et les financiers, a-t-il poursuivi.  Le représentant a fait observer qu'il avait pris note de l'appel du Secrétaire général à tous les États pour qu'ils offrent leurs expertises nationales.  M. Schori a ajouté que les actes du 11 septembre représentaient un crime contre l'humanité et que, dans ce contexte, il était indispensable de constituer rapidement la Cour pénale internationale.  Il a insisté sur l'importance du cadre légal offert par les 12 conventions de lutte contre le terrorisme et a exhorté les Etats Membres à les ratifier rapidement.  Les efforts doivent être redoublés afin de finaliser les négociations sur la Convention internationale contre le terrorisme et de faire avancer celles sur la suppression des actes de terrorisme nucléaire.  De même, il faut intensifier les efforts en vue de prévenir la prolifération des armes de destruction massive, de faire respecter les Conventions sur les armes biologiques et de lutter contre la propagation des petites armes.  Le représentant a indiqué qu'il fallait mieux cerner les problèmes sociaux, économiques et politiques qui sont à l'origine d'une misère humaine sur laquelle le terrorisme et le fanatisme prennent racine.  La prévention des conflits et leur résolution, ainsi que le développement de l'assistance humanitaire, le commerce, l'investissement et la compréhension interculturelle sont des outils indispensables pour une politique globale à mettre en oeuvre sur le long terme.


M. KAMALESH SHARMA (Inde) s’est félicité de ce que les attaques du

11 septembre aient permis l’émergence soudaine d’une solidarité internationale pour contrer la menace du terrorisme et a rappelé que le jour même où s’ouvrait ce débat, une voiture piégée faisait 40 morts au Cachemire.


Evoquant les craintes manifestées par certains de voir la guerre contre le terrorisme se transformer en chasse aux sorcières, il a souhaité que les lois s’appliquent à tous car il ne saurait être question de faire valoir, pour justifier le terrorisme, que des gens combattent pour leur liberté et que par conséquent ils se trouvent au-dessus des lois.  Il a souhaité que les récents événements amènent les gouvernements qui sont encore réticents à revoir leurs positions et à condamner le terrorisme, qui à son avis devrait être considéré comme un crime contre l’humanité.  Les sociétés démocratiques, ouvertes, sont de par leur nature même, à la fois vulnérables au terrorisme et constituent sa cible.  Elles se doivent pourtant de prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs citoyens et doivent aussi se résoudre à restreindre certaines libertés dans l’intérêt de leur sécurité. 


Pour M. Sharma, la résolution 1373 récemment adoptée par le Conseil de sécurité fournit un cadre à une action collective et individuelle et elle impose des devoirs permanents aux Etats.  Aussi a-t-il souhaité qu’elle soit appliquée avec efficacité.  Mais l’Assemblée générale, a-t-il ajouté, doit en faire au moins autant en lançant tout son poids en appui à ces mesures.  La pierre angulaire du dispositif antiterroriste est la Convention globale en cours de négociation et dont l’initiative avait été prise par l’Inde car, comme les experts le découvrent et comme nos concitoyens vont avoir du mal à le croire, les textes déjà existants ne permettent pas à la communauté internationale d’agir contre ceux qui recrutent, entraînent, soutiennent ou abritent les terroristes.  Le représentant de l’Inde a souhaité que l’actuelle Assemblée générale puisse parvenir à un accord sur la Convention globale car il s’agit là du plus bel hommage à rendre aux victimes du 11 septembre.

M. WANG YINGFAN (République populaire de Chine) a observé que les mesures visant à éliminer le terrorisme international sont examinées depuis plusieurs années déjà par l’Assemblée générale, mais que depuis les attaques du 11 septembre, elles sont devenues particulièrement urgentes.  La communauté internationale doit donc renforcer sa coopération, et les Nations Unies doivent jouer un rôle déterminant et de chef de file dans cette lutte.  La Chine, a-t-il poursuivi, reconnaît que des progrès notables ont été enregistrés depuis 1994 et surtout depuis l’adoption de la Déclaration sur les Mesures pour combattre le terrorisme international.  La Chine est déjà partie à neuf des douze conventions internationales sur le sujet.  Mais les Etats doivent être encouragés à devenir au plus vite parties aux conventions existantes de lutte contre le terrorisme international et à les appliquer de bonne foi, tout comme la résolution 1373 du Conseil de sécurité.  


La lutte contre le terrorisme, a-t-il insisté, est une tâche complexe qui doit être menée dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies et des autres normes du droit international.  Mais pour venir à bout de ce fléau, il faut aussi traiter les symptômes et les causes latentes.  Ainsi, la communauté internationale doit-elle redoubler d’efforts pour résoudre les conflits régionaux de façon juste et raisonnable.


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