AG/1173

LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES ET REGIONALES AINSI QUE LE SECTEUR PRIVE ET LES ETATS MEMBRES DE L’ONU DEVRONT AIDER DANS UNE MEILLEURE PREVENTION DES CONFLITS

12/07/2001
Communiqué de presse
AG/1173


Assemblée générale

106ème séance plénière


LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES ET REGIONALES AINSI QUE LE SECTEUR PRIVE ET LES ETATS MEMBRES DE L’ONU DEVRONT AIDER DANS UNE MEILLEURE PREVENTION DES CONFLITS


Les Nations Unies doivent intensifier leur action dans le domaine de la prévention des conflits armés, mais elles n’en sont pas le seul acteur et les Etats Membres, les organisations internationales et régionales, ainsi que le secteur privé, ont également un rôle très important à jouer, a observé, ce matin, Mme Louise Fréchette, Vice-secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies, à l’Assemblée générale. 


Présentant le rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits armés, Mme Fréchette a souligné la nécessité de faire de la prévention des conflits un pilier central de notre système collectif de sécurité au XXIe siècle.  Dans ce cadre, elle a plaidé pour une approche s’appuyant sur les mesures d’éradication ou d’atténuation des causes sous-jacentes des conflits et a mis l’accent sur les coûts de l’absence de prévention en rappellent que, dans les années 1990, les sept opérations menées en Bosnie, en Somalie, au Rwanda, en Haïti, dans le Golfe Persique, au Cambodge et en El Salvador ont coûté de la violence ont coûté 200 milliards de dollars à la communauté internationale.  Elle a souligné la responsabilité première des Etats Membres en matière de prévention des conflits armés et observé que pour mener à bien sa mission préventive, l’ONU comptera sur leur soutien politique et financier constant.


Au cours du débat, à l’instar du représentant de la Belgique, au nom de l’Union européenne et des pays associés, les Etats Membres ont souhaité que des efforts particuliers soient faits en matière de prévention des conflits car cela représente des coûts bien moindres, en termes humains et financiers, que celui de la gestion et du règlement des conflits.  Le représentant de Singapour s’est étonné de constater que les Nations Unies « peinent chaque année » à rassembler un milliard de dollars pour leur budget annuel alors que, si elles pouvaient être menées à bien en toute efficacité, leurs activités dans le domaine de la prévention des conflits armés représenteraient une économie de 130 milliards de dollars pour la communauté internationale.  Les délégués ont également commenté les recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport.  Les représentants de l’Egypte et du Soudan ont reconnu l’importance des informations et analyses publiées par les organes et mécanismes des Nations Unies chargés des droits de l’homme, à condition que ces organes fassent preuve de neutralité et s’assurent de la crédibilité des informations qu’ils reçoivent de sources non gouvernementales.  Les représentants de plusieurs pays, en particulier le Maroc, ont mis l’accent sur l’éradication des causes sous-jacentes des conflits, à savoir la pauvreté et le manque de perspectives d’avenir, entre autres. 


En début de séance, Mme Louise Fréchette a rendu hommage à M. Humayuun Rasheed Choudury, qui fut Président de la quarante et unième session de l’Assemblée générale en 1986 et Ministre des Affaires étrangères et Ambassadeur du Bangladesh pendant de nombreuses années.  M. Harri Holkeri, Président de la cinquante-cinquième session de l’Assemblée générale et les représentants des différents Groupes régionaux représentés aux Nations Unies ainsi que celui du pays hôte ont exprimé leurs condoléances à la famille de M. Choudhury, ainsi qu’au Bangladesh et au continent asiatique dans son ensemble.  Le représentant permanent du Bangladesh auprès de l’Organisation des Nations Unies a exprimé sa gratitude.


L’Assemblée générale a également pris note d’une lettre du Secrétaire général (A/55/1015) indiquant que 16 Etats Membres sont en retard quant au paiement de leurs contributions aux dépenses de l’Organisation relatives à l’article 19 de la Charte de l’Organisation des Nations Unies.


L’Assemblée générale a pris note d’une lettre du Secrétaire général (A/55/1015) dans laquelle il est indiqué que 16 Etats Membres sont en retard dans le paiement de leurs contributions aux dépenses de l’Organisation.  Elle a entendu ce matin, dans le cadre du débat sur la prévention des conflits armés les représentants des pays suivants : Bangladesh, Soudan, Belgique (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Egypte, Etats-Unis, Philippines, Argentine, Mexique, Colombie, Yougoslavie, Maroc, Chine, Singapour et République de corée.


L’Assemblée générale se réunira à nouveau cet après-midi, à 15 heures.


Rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits armés (A/55/985 et Corr.1-S/2001/574)


Le premier objectif de ce rapport est de faire le point des progrès qui ont été réalisés dans le développement de la capacité des Nations Unies de prévenir les conflits, conformément aux vœux de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Le second objectif du rapport, déclare le Secrétaire général, est de présenter des recommandations précises sur la manière dont ces efforts pourraient être renforcés avec la collaboration et la participation des Etats Membres qui, en dernière analyse, ont la responsabilité première de la prévention des conflits. 


Le rapport repose sur quelques grands principes, dont le premier est que la prévention des conflits est l'une des obligations des Etats Membres énoncées dans la Charte, et que les initiatives prises par l'Organisation en la matière doivent être conformes aux buts et principes de cet instrument.  L'action de prévention, estime le Secrétaire général, ne prendra toute son efficacité que si elle est entreprise au tout début d'un conflit, l'un des objectifs principaux de cette action étant de s'attaquer aux causes socioéconomiques, culturelles, environnementales, institutionnelles et aux autres causes structurelles profondes qui expriment souvent le caractère politique d'un conflit en surface.  La prévention des conflits et un développement socioéconomique durable et équitable sont des activités qui se renforcent mutuellement.  Favoriser la paix et la stabilité, c'est donc favoriser et investir dans le développement durable.  Une stratégie de prévention dépend de la coopération mutuelle de nombreux acteurs des Nations Unies, notamment du Secrétaire général, du Conseil de sécurité, de l'Assemblée générale, du Conseil économique et social, de la Cour internationale de Justice et des institutions, bureaux, fonds et programmes de l'ONU, ainsi que des institutions de Bretton Woods.  Les Etats Membres, les organisations internationales, régionales et sous-régionales, le secteur privé, les ONG et les autres segments de la société civile ont eux aussi un rôle important à y jouer.  De l'avis de M. Kofi Annan, la première leçon à tirer de l'expérience de l'ONU en matière de prévention des conflits armés, est que plus les causes profondes de conflit potentiel sont rapidement identifiées et efficacement traitées, plus il est probable que les parties au conflit seront prêtes à s'engager dans un dialogue constructif, à examiner les griefs qui sont à l'origine du conflit et à s'abstenir de recourir à la force pour parvenir à leurs fins.  Mais, note le Secrétaire général, il ne s'agit pas seulement de créer une culture de prévention, ou de mettre en place les mécanismes voulus ou de mobiliser une volonté politique.  L'ONU, déclare-t-il, a aussi la responsabilité morale de veiller à ce que des génocides tels que celui perpétré au Rwanda ne puissent jamais se reproduire.


Dans chacune des parties de ce rapport qui sont relatives notamment au mandat des Nations Unies pour la prévention des conflits armés; au rôle des organes principaux de l'ONU; au rôle et activités des Départements, organismes et programmes de l'ONU dans le domaine de la prévention; à la concertation entre l'ONU et les autres acteurs internationaux dans le cadre de ces accords régionaux pour la prévention des conflits, et au renforcement des capacités en matière de prévention, le Secrétaire général présente des recommandations visant le renforcement et l'amélioration du cadre existant en la matière.  Rappelant que la mission primordiale des Nations Unies reste de "préserver les générations futures du fléau de la guerre", et qu'à cette fin, les Etats Membres se sont engagés à " prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix", le Secrétaire général souligne que la prévention des conflits a été l'un des éléments dominants du Sommet du millénaire durant lequel les dirigeants du monde entier ont soutenu son appel pour que la communauté internationale ne se borne plus seulement à réagir aux crises armées qui éclatent, mais fasse également sienne la culture de la prévention. 


Se basant sur cette exigence, le Secrétaire général invite l'Assemblée générale à envisager de renforcer les échanges avec le Conseil de sécurité sur la prévention des conflits, grâce notamment à l'élaboration de stratégies à long terme sur cette question et sur celle de la consolidation de la paix.  Concernant le rôle du Conseil de sécurité, M. Kofi Annan encourage cet organe à envisager des mécanismes innovateurs comme l'institution d'un organe subsidiaire, d'un groupe de travail spécial officieux ou d'un autre dispositif technique non officiel pour examiner les cas de prévention de manière plus continue, en particulier eu égard aux rapports périodiques régionaux et sous-régionaux qu'il a l'intention de soumettre au Conseil ainsi qu'aux autres cas d'alerte rapide ou de prévention portés à son attention par des Etats Membres.  Relevant que le Conseil économique et social (ECOSOC) a commencé à collaborer plus étroitement avec l'Assemblée et le Conseil de sécurité en vue de répondre aux besoins d'une démarche plus intégrée pour assurer la paix, la sécurité, le respect des droits de l'homme et un développement durable, le Secrétaire général propose que l'ECOSOC consacre, lors de sa session de fond annuelle, un débat de haut niveau à la question de l'élimination des causes profondes des conflits et du rôle du développement dans l'action menée pour prévenir durablement les conflits.  Quant au rôle que doit jouer la Cour internationale de justice (CIJ), M. Kofi Annan invite vivement les Etats Membres à faire plus rapidement et plus fréquemment appel à elle pour régler leurs différends par des moyens pacifiques et pour promouvoir la primauté du droit dans les relations internationales.  Il les invite instamment à accepter la juridiction générale de la CIJ et à établir, par voie bilatérale ou multilatérale, lorsque leurs structures nationales ne permettent pas une telle acceptation, une liste complète des questions qu'ils sont prêts à soumette à la Cour.  L'Assemblée générale devrait d'autre part, estime M. Annan, autoriser le Secrétaire général et d'autres organes de l'ONU à demander, ou à solliciter plus souvent, des avis consultatifs à la CIJ.  M. Annan déclare son intention de renforcer, avec le concours des Etats Membres, le rôle traditionnel de prévention qui revient au Secrétaire général en prenant quatre séries de mesures.  Ces mesures se traduiraient par un recours plus fréquent aux missions interdisciplinaires d'enquête et de renforcement de la confiance de l'ONU dans les régions instables; l’élaboration de stratégies régionales de prévention avec les partenaires régionaux et avec les institutions et organismes compétents de l'ONU; la mise en place d'un réseau informel de personnalités éminentes aux fins de la prévention des conflits; et l'amélioration, au sein du Secrétariat, des capacités et de la base de ressources destinées aux activités de prévention.


Concernant l'action politique, le Secrétaire général rappelle que le Département des affaires politiques (DAP) est chargé, au sein du Secrétariat et du système de l'ONU, de s'informer sur les conflits réels ou potentiels au règlement desquels l'Organisation pourrait utilement contribuer.  Le DAP cherchant en ce moment à améliorer la qualité de ses moyens et le niveau de son personnel, M. Kofi Annan invite instamment l'Assemblée à mettre à la disposition du DAP, en sa qualité de coordonnateur des efforts de prévention des conflits, des ressources adéquates pour lui permettre de s'acquitter de ses tâches.  L'expérience ayant d'autre part montré qu'il peut être nécessaire de maintenir pendant une période prolongée un déploiement préventif là où existe une menace à la sécurité, et que les résultats d'une telle opération doivent être complétés et soutenus par des mesures à plus long terme de consolidation de la paix, le Secrétaire général recommande au Conseil de sécurité d'autoriser l'incorporation d'éléments de consolidation de la paix dans les opérations de maintien de la paix et de renforcer les capacités du Secrétariat sur la base des mesures proposées dans le rapport relatives à la mise en oeuvre des recommandations du Comité spécial des opérations de maintien et dans le Rapport Brahimi.


Les autres recommandations avancées par le Secrétaire général dans son rapport ont notamment trait à la transparence sur les questions militaires; au désarmement, à la démobilisation et à la réinsertion des combattants; aux activités relatives au respect des droits de l'homme; à l'action humanitaire; aux médias et à l'information, sujet sur lequel le Secrétaire général engage l'Assemblée générale à fournir des ressources supplémentaires pour la production d'émissions diffusées directement par l'ONU ou ses missions, afin de contrer les messages de haine et promouvoir le développement des médias dans les régions exposées à des conflits.  D'autres recommandations ont trait à l'égalité des sexes et à la participation des femmes aux efforts de médiation et de paix; à la concertation entre l'ONU et les autres acteurs internationaux dans le cadre des accords régionaux pour la prévention des conflits; au rôle des ONG et du secteur privé, et au renforcement des capacités en matière de prévention.  Pour être effective, conclut le Secrétaire général, une stratégie préventive exige que la communauté internationale, en coopération avec les protagonistes nationaux ou régionaux, adopte une approche d'ensemble qui englobe des mesures politiques, diplomatiques, humanitaires et institutionnelles, ainsi que des mesures portant sur les droits de l'homme, le développement, et d'autres mesures à court et à long terme.  Elle exige également que l'on s'intéresse activement aux questions d'égalité entre les sexes et à la situation des enfants.  La prévention des conflits et le développement durable et équitable sont, déclare M. Kofi Annan, des activités synergiques, ce qui devrait mener à introduire un volet de prévention des crises dans les programmes et activités de développement multiformes du système des Nations Unies.


Présentation de rapport


Présentant le rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits armés, Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a rappelé que les débats tenus à l’Assemblée générale, en particulier à l’occasion du Sommet du millénaire, ont démontré un large consensus quant à la nécessité de faire de la prévention des conflits le pilier central du système collectif de sécurité au XXIe siècle.  Il est largement admis que l’approche la plus prometteuse en matière de prévention des conflits armés est de développer des stratégies intégrées à long terme qui comprennent un éventail de mesures visant l’éradication ou l’atténuation des causes sous-jacentes des conflits.  Le système des Nations Unies contribue déjà activement à la prévention des conflits armés et le message du rapport est que nous devons intensifier nos efforts.  Les coûts de l’absence de prévention de la violence sont énormes, non seulement en termes de dégâts mais aussi en termes de possibilités non exploitées.  La communauté internationale a dépensé environ 200 milliards de dollars pour financer les sept principales interventions déployées, au cours des années 1990, en Bosnie, en Somalie, au Rwanda, en Haïti, dans le Golfe Persique, au Cambodge et en El Salvador.  Le calcul de cette somme n’a pas pris en compte les pertes en vies humaines, les répercussions sur les familles, les communautés, les institutions et économies locales et nationales ainsi que dans les pays voisins, a précisé Mme Fréchette. 


Exposant les 10 principes sur lesquels l’approche de la prévention des conflits devrait désormais s’appuyer, Mme Fréchette a souligné la responsabilité première des Etats Membres.  La prévention des conflits doit commencer par une action des gouvernements et des acteurs locaux dont les capacités doivent être renforcées par les Nations Unies et la communauté internationale.  Les mesures citées au Chapitre VI de la Charte ayant trait au règlement pacifique des différends sont parmi les plus efficaces instruments de prévention mais les mesures citées au Chapitre VII ne doivent être décidées qu’après l’explosion d’un conflit.  Pour être efficaces, les actions préventives doivent être lancées le plus tôt possible.  Toute stratégie préventive efficace exige une démarche intégrée.  La prévention des conflits et le développement durable se renforcent mutuellement.  Tout investissement dans la prévention doit donc être perçu comme un investissement simultané dans le développement durable, développement qui ne peut se dérouler que dans un environnement pacifique.  Les Nations Unies ne sont pas le seul acteur de la prévention, tels que les Etats Membres, les organisations internationales et régionales, le secteur privé, ont également un rôle très important à jouer.  Enfin, pour mener une prévention efficace, les Nations Unies doivent recevoir l’appui constant de la part des Etats Membres, qui doivent fournir aux Nations Unies l’appui politique et financier nécessaire.  Mme Fréchette a également détaillé les mesures recommandées dans le rapport aux termes desquels l’Assemblée générale peut renforcer son rôle dans la prévention des conflits, dans la promotion d’une culture de la prévention et dans les efforts de  renforcement des interactions entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité en matière de prévention à long terme des conflits  ainsi que sur l’élaboration de stratégies de consolidation de la paix. 


Pourquoi la prévention est-elle aussi peu pratiquée et pourquoi échouons-nous si souvent en dépit des possibilités de succès de stratégies préventives ? s’est interrogée Mme Fréchette.  Elle a estimé qu’une des principales explications de tels échecs réside dans le refus de certains gouvernements à admettre qu’ils se heurtent à un problème pouvant déboucher sur un conflit violent et leur rejet de toute offre d’assistance extérieure.  En outre, la manière dont les Etats Membres définissent leur intérêt national en situation de crise joue aussi un rôle très important.  En ce nouveau siècle, une nouvelle définition, plus ouverte, de l’intérêt national induirait les Etats à trouver une bien plus grande unité dans la recherche des objectifs fondamentaux de la Charte, parmi lesquels la prévention des conflits.  « Avec l"augmentation du nombre de défis que doit affronter l"humanité, l"intérêt collectif est l"intérêt national », a déclaré Mme Fréchette, citant le Secrétaire Général. 


Débat général


M. ANWARUL CHOWDHURY (Bangladesh) a indiqué les efforts que fait son pays pour promouvoir la culture de la prévention des conflits armés, étant donné qu’il s’agit d’un impératif politique, humanitaire, économique et moral.  Ses efforts ont conduit à l’adoption par l’Assemblée générale d’un Programme d’action pour la paix, question qui a été traitée par le Conseil de sécurité au cours de ses débats en novembre 1999 et juillet 2000.  Ces débats ont montré qu’il fallait adopter une démarche à l’échelle du système des Nations Unies, avec une participation active de toutes les parties prenantes.  Il a évoqué les événements du Rwanda que la prévention aurait permis d’éviter.  En ce qui concerne le rôle du Conseil de sécurité, sa responsabilité première est de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Le Conseil doit être en mesure de prendre des décisions sur la base des mérites d’un cas et non pas en fonction des considérations d’un de ses membres.  En outre, il est impératif pour la communauté internationale d’avoir un appui constant de la part du Conseil et d’être assuré de la volonté politique de celui-ci de fournir des contingents militaires et de l’argent.


S’agissant du lien entre la prévention des conflits et le développement durable, il a déclaré qu’il appuyait la recommandation selon laquelle les stratégies de prévention devraient être intégrées aux programmes de développement socio-économique.  En ce qui concerne l’investissement dans la prévention, il a observé que les résultats des investissements faits ne seront connus que plus tard.  Il a rappelé que l’Assemblée demande aux Etats Membres et à l’ensemble du système des Nations Unies de promouvoir des actions en faveur de la prévention des conflits.


M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a déclaré que sa délégation a examiné en profondeur le rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits et a estimé qu’il existe un lien étroit entre ce document et le rapport sur les raisons des conflits sur le continent africain.  Selon ce dernier rapport, en Afrique, ces conflits représenteraient un héritage remontant à l’époque coloniale.  Le représentant a souhaité que ce principe soit pris en compte dans l’examen de la question de la prévention des conflits, qui incombe au premier chef aux autorités nationales.  Le représentant a dit qu’il soutenait les recommandations sur la tenue d’un débat de haut niveau à l’ECOSOC sur l’élimination des causes profondes des conflits; ainsi que celles sur le renforcement du rôle traditionnel du Secrétaire général en matière de prévention.  Il a émis des réserves en ce qui concerne la recommandation 16 invitant « le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à exploiter pleinement les informations et les analyses émanant des mécanismes et organes des Nations Unies qui s’occupent des droits de l’homme dans le cadre de l’action qu’ils mènent pour prévenir les conflits armés ».  Il a estimé que, tant que ces mécanismes et organes agiront sur des bases sélectives et pour des raisons politiques, tant que la transparence et l’objectivité ne seront pas présentes dans leur traitement de la situation des droits de l’homme dans tous les pays sans exception, cela favorisera l’approche sélective adoptée par les mécanismes des droits de l’homme du système des Nations Unies.  Il a appelé le Comité permanent conjoint des institutions humanitaires à faire des rapports périodiques sur l’ensemble de ses activités dans tous les pays, afin de renforcer la confiance en son impartialité.  Il a regretté que certains organismes des Nations Unies soient associés de façon flagrante à des organisations non gouvernementales dont les travaux sont subjectifs.  Le représentant s’est dit convaincu que certains problèmes en matière d’approvisionnement alimentaire que rencontre son pays incombent entièrement au mouvement de rebelles. 


M. JEAN DE RUYT (Belgique, au nom de l’Union européenne et des pays associés) a affirmé le soutien de l’Union européenne pour l’approche générale proposée.  Il a souhaité que des efforts particuliers soient faits en matière de prévention des conflits dont le coût s’avère, en termes humains et financiers, bien moindre que celui de leur gestion et de leur règlement.  Il faut promouvoir une culture de prévention, dans une approche globale et à long terme, a-t-il ajouté.  Il a estimé que la responsabilité première en la matière incombe aux gouvernements nationaux et autres acteurs locaux.  L’Union européenne souligne le rôle complémentaire important que la société civile peut jouer, puisqu’elle est bien placée pour identifier les causes profondes des conflits.  La communauté internationale doit contribuer au développement des capacités locales et régionales en matière de prévention des conflits, comme l’Union européenne qui coopère avec l’Organisation de l’Unité africaine.  Les efforts de développement sont vains, a-t-il noté, en situation de conflits.  Il faut définir une approche intégrée de la question du développement durable.  Il a félicité le PNUD pour les efforts supplémentaires entrepris en matière de bonne gouvernance et de respect de l’état de droit.  S’agissant de la protection des droits de l’homme, leur promotion et protection doit faire partie intégrante des stratégies de prévention des conflits armés.  Comme le Secrétaire général, il a estimé que le rôle des femmes dans les actions de prévention devrait être encouragé.  Il faut aussi, dans les stratégies de prévention, tenir compte du traumatisme dont les enfants sont victimes ou témoins.


A l’occasion de la Conférence qui se tient actuellement sur le commerce illicite des petites armes et armes légères, l’Union européenne exprime l’importance qu’elle attache à cette question dans le cadre de la prévention des conflits.  En ce qui concerne les organes principaux des Nations Unies, il convient qu’ils exercent pleinement leurs responsabilités en la matière, « avec une coopération accrue entre l’Assemblée générale, l’ECOSOC et le Conseil de sécurité ».  Il a souhaité que le Secrétaire général fasse usage des prérogatives que lui confère directement la Charte et de l’autorité morale qui est la sienne.  L’Union européenne entend contribuer activement aux efforts de la communauté internationale, a-t-il affirmé.  Il a déclaré qu’un programme d’action a été adopté lors du récent sommet européen de Göteborg et que, sur le plan financier, l’Union européenne et ses Etats membres continueront à d’honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement.


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a constaté que le point de départ du rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits armés limite la portée de cette prévention aux conflits qui se produisent à l’intérieur des Etats.  Il a exprimé son désaccord avec ce principe du fait de l’existence de graves conflits armés qui se déroulent à l’échelle internationale ou régionale.  Le représentant a convenu que la prévention des conflits exige des ressources supplémentaires.  Il a précisé que le rôle de l’aide publique au développement (APD) dans la prévention des conflits est important mais que l’objectif de l’APD ne doit pas être la prévention des conflits.  Il a craint qu’en ajoutant la prévention des conflits à l’objectif principal de l’APD, à savoir le développement, on ne risque de provoquer une baisse de l’APD que reçoivent les pays qui ne sont pas exposés à un conflit.  L’Egypte admet l’importance des informations et analyses publiées par les organes et mécanismes des Nations Unies chargés des droits de l’homme mais souligne que ces organes doivent faire preuve de neutralité et s’assurer de la crédibilité des informations qu’ils reçoivent de sources non gouvernementales.  En ce qui concerne le passage du rapport qui concerne le « Pacte mondial » et le fait qu’une série de dialogues sur le rôle du commerce dans les zones de conflits armés, afin de déterminer ce que peuvent faire les entreprises pour renforcer la sécurité des populations dans leur zone d’activité, le représentant a souligné que le concept de « sécurité des populations » est un concept ouvert, non déterminé et non défini.  Ce concept doit être examiné dans le cadre de consultations intergouvernementales conformément à la résolution 55/215 de l’Assemblée générale, a-t-il ajouté.  Le représentant a regretté qu’au paragraphe 77 du rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits armés, les territoires palestiniens occupés soient désignés comme « territoires occupés 


M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) a relevé que la volonté politique est un outil essentiel dans la prévention des conflits armés.  Il a noté que le rapport du Secrétaire général met l’accent sur le fait que la responsabilité première en la matière incombe aux gouvernements nationaux, qui doivent notamment appuyer la société civile qui agit dans ce domaine.  Le système des Nations Unies ne peut pas réussir sans l’appui des pays eux-mêmes.  Il est nécessaire de renforcer la capacité du Secrétariat à recueillir les informations et à mettre en place un système d’alerte, a-t-il indiqué.  Il faudrait pour cela un bureau qui analyse les informations en provenance des différents bureaux des Nations Unies.  Il a ajouté qu’on ne peut pas non plus réussir, pour atteindre les objectifs de prévention des conflits, sans la participation de la société civile et des Organisations non gouvernementales.


M. ENRIQUE A. AMALO (Philippines) a déclaré que, dans la mesure où les causes sous-jacentes des conflits sont attribuées au manque de progrès économique et de respect des droits de l’homme, à l’absence de justice, de cadre législatif et de compétition sur les ressources économiques, il est clair que l’Assemblée générale, ainsi que l’ECOSOC, ont un rôle important à jouer dans le lancement et la coordination de l’action préventive des Nations Unies.  Le Conseil de sécurité a un rôle clé à jouer dans l’application des dispositions de l’Article VI de la Charte et des mesures opérationnelles de prévention des conflits en réponse immédiate à des crises.  Le rôle du Secrétaire général en matière de prévention, en particulier grâce à la diplomatie préventive est également très important.  Le représentant a déclaré que l’efficacité des déploiements préventifs n’a pas encore été démontrée concrètement et de telles mesures ne peuvent qu’exacerber les tensions.  L’action préventive ne doit pas se concentrer uniquement sur les armes légères et de petit calibre mais aussi sur les armes de destruction massive qui restent la plus grande menace contre la paix et la sécurité.  Le représentant également estimé que l’action préventive des Nations Unies devrait tenir compte du rôle primordial des Etats et que toute action parrainée par les Nations Unies devrait préalablement recevoir l’approbation des gouvernements.  Il a souligné la complexité et la diversité des facteurs qui peuvent entraîner un conflit armé.  Les activités préventives des Nations Unies devraient être durables et les Etats Membres devraient être prêts à en payer le prix.  Les actions préventives ne devraient pas seulement tenir compte des conditions locales mais aussi du contexte historique et culturel de chaque conflit. 


M. LUIS CAPPAGLI (Argentine) a souligné l’urgence d’agir en matière de prévention des conflits pour préserver l’avenir des sociétés.  Il a considéré prioritaire la promotion d’une culture de prévention, basée sur la coopération et la coordination de stratégies appropriées.  La coopération et la coordination sont aussi indispensables entre l’Assemblée générale des Nations Unies, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC, qui doivent favoriser les actions menées.  La culture de la prévention, a-t-il rappelé, comprend un grand nombre de composantes qui ont des liens avec la plupart des organes du système des Nations Unies.  Le représentant a estimé qu’il faut investir pour l’avenir afin de mieux remédier aux conflits.  Pour cela, il faut des ressources financières suffisantes, puis une volonté politique réelle de la part des gouvernements.  Il a souligné le rôle important des tribunaux internationaux qui sera renforcé davantage à la suite de l’entrée en vigueur du Statut de Rome.  Il a rappelé que les Nations Unies ont l’obligation morale et juridique de prévenir les conflits.


M. JORGE EDUARDO NAVARRETE (Mexique) a estimé que l’Assemblée générale devrait prendre le rôle central que lui assigne la Charte des Nations Unies.  Il a préconisé un recours systématique aux mécanismes de résolution pacifique des conflits prévus à l’Article VI de la Charte ainsi qu’une collaboration étroite entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Le représentant a ajouté qu’il est évident que pour prévenir un conflit, il faut s’attaquer à leurs causes profondes, parmi lesquelles la pauvreté, le sous-développement et un avenir sans issue pour les populations concernées.  


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a rappelé que la responsabilité première de la prévention des conflits incombe aux Etats.  C’est, selon lui, ce principe qui doit, d’une part, guider les actions entreprises dans ce domaine par la communauté internationale, y compris le système des Nations Unies, et d’autre part, garantir que les autorités nationales et locales définissent les priorités en matière de prévention des conflits.  Mais au-delà de la question de savoir qui sont les responsables de la prévention des conflits, il convient surtout de poser clairement ce qu’est ou ce que n’est pas la prévention des conflits.  Le concept est si vaste en effet qu’en jouant simplement sur les mots, les membres de la communauté internationale peuvent appeler prévention ce qui aura pavant été dénommé aide humanitaire, aide au développement, ou encore programmes de santé publique et d’éducation, a prévenu le représentant.  C’est pourquoi, l’Assemblée générale doit faire l’effort avant tout de définir ce qu’est la prévention des conflits.  La Colombie estime qu’il est urgent d’entamer un dialogue franc, ouvert et productif permettant d’harmoniser la manière dont les Etats et la communauté internationale développeront une culture de prévention.


Il y a déjà de nombreux aspects de la prévention des conflits pour lesquels l’Assemblée générale à suggérer une direction qui doit être prise en compte dans les discussions.  Il s’agit, par exemple, du renforcement du Chapitre VI de la Charte sur le règlement pacifique des différends, de la déclaration et du programme d’action pour une culture de paix, et surtout de la Déclaration du millénaire.  Cette dernière constitue une véritable feuille de route qui, si elle est dûment appliquée, pourra contribuer à la prévention des conflits.  Ces divers efforts, pour lesquels l’Assemblée générale a joué un rôle central, doivent être unifiés et harmonisés.  La Colombie appuie fermement l’intensification du dialogue entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Ce dernier, en effet, est soumis à des limitations d’ordre politique concernant l’instauration d’une véritable culture de prévention et l’Assemblée générale pourrait bien être la réponse naturelle à ces carences.  “Un tel dialogue pourrait aussi être la réponse appropriée à l’utilisation plus active des pouvoirs conférés par les Articles 10, 11 et 14 de la Charte prônée par le Secrétaire général”, a suggéré le représentant.  Il s’est montré d’accord avec la proposition visant à ce que le Conseil économique et social consacre une partie de son débat de haut niveau à la question des causes profondes des conflits et du rôle du développement dans la promotion d’une culture de prévention.  L’impact d’une telle initiative serait maximiser si elle permet de transformer en résultats concrets le dialogue entre l’ECOSOC, les institutions de Bretton Woods, la communauté des donateurs, les banques régionales de financement, les fonds et programmes des Nations Unies.  La Colombie estime que la recommandation concernant la Cour internationale de justice est l’une des plus importantes du rapport du Secrétaire général.  En revanche, pour ce qui est de faire du Département des affaires politiques le point focal de la prévention des conflits, il faut agir avec une grande prudence et examiner en détail les implications institutionnelles que pourrait avoir le développement d’une capacité propre au sein du Département, surtout lorsque l’on parle de prévention pour des questions à dominante politique où les sensibilités nationales sont très aiguës.  


“Le rapport du Secrétaire général constitue une très bonne base pour l’examen de la prévention des conflits”, a déclaré M. VLADISLAV MLADENOVIC (Yougoslavie) qui a observé que pour la première fois, les mandats et rôles des principaux organes des Nations Unies, des institutions spécialisées et des programmes, en matière de prévention des conflits armés, ainsi que les expériences passées sont passées au crible.  La Yougoslavie appuie pleinement le message principal du rapport, à savoir la nécessité pour l’ONU de passer d’une culture de réaction à une culture de prévention.  Prévenir les conflits est la pierre angulaire de l’Organisation et il est regrettable que jusqu’à présent cet impératif n’ait pas toujours été respecté, essentiellement du fait du manque de confiance qui frappait l’ONU durant la Guerre froide.  Pour être efficace, la prévention des conflits doit reposer sur un concept vaste, ne la limitant pas à la seule prévention des conflits armés.  Il doit par exemple aussi comprendre les causes profondes des événements entraînant tensions, incompréhension et différend.  Certes la responsabilité première de la prévention revient aux Etats, mais la responsabilité de la communauté internationale, et avant tout de l’ONU et des organisations régionales, ne doit pas être ignorée.  Au sein des Nations Unies et en vertu de la Charte, c’est le Conseil de sécurité qui a la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité, mais le rôle de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC, de la Cour internationale de justice et du Secrétaire général ne doit pas pour autant être négligé.  C’est pourquoi, la Yougoslavie estime qu’il faut continuer de chercher à les améliorer, dans le respect de la Charte.  Tous les efforts doivent être conformes avec les dispositions de la Charte et du droit international, notamment pour ce qui est mesures coercitives prises sous le Chapitre VII.  “C’est là le seul moyen d’empêcher les actes arbitraires”, a averti M. Mladenovic. 


“Parce qu’elle a eu de sérieux problèmes, la Yougoslavie appuie l’idée de se pencher sur la prévention des conflits”, a poursuivi le représentant.  Il a expliqué que tout récemment encore pour combattre des infiltrations terroristes au sud de la Serbie et empêcher que le conflit s’étende, son gouvernement et la République de Serbie ont été amenés à préparer un plan de règlement de la crise par voie pacifique.  Associant des représentants de la communauté albanaise et bénéficiant du soutien de la communauté internationale, cette initiative est jusqu’à présent un succès et les actes terroristes ont cessé.  Cet exemple, a-t-il estimé, fournit une bonne illustration de la manière dont un gouvernement, en coopération avec la communauté internationale, peut agir positivement et empêcher une dispute interne de se transformer en un conflit armé menaçant la paix et la stabilité de toute une région. 


De l’avis de M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc), le rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits est d’une importance capitale pour la crédibilité et l’avenir de l’Organisation des Nations Unies.  M. Annan y rappelle que l’objectif essentiel et la première mission de l’ONU est de “préserver les générations futures du fléau de la guerre”.  Pour ce faire, le Maroc estime qu’il faut tout d’abord puiser dans l’arsenal des mesures de règlement pacifique des différends prévu au chapitre VI de la Charte et énumérées en particulier à l’Article 33.  Il existe en effet en droit international une véritable obligation de négocier à la charge de toutes les parties prenantes à un différend, ainsi que l’a réaffirmé à plusieurs reprises la Cour internationale de justice.  Le rôle du Secrétaire général peut être essentiel pour aider les parties à se rencontrer, en leur désignant un tiers chargé de vérifier si elles ont bien agi de bonne foi dans la mise en oeuvre de l’obligation de négocier.  Parce qu’il personnifie l’ONU et la communauté internationale, le Secrétaire général est aussi dans la meilleure position pour suggérer des plates-formes fondées sur la justice et l’équité.  Il convient donc de renforcer ses fonctions en matière de bons offices, de médiation et de conciliation. 


Le Maroc est convaincu que, dans toute tentative de règlement d’un différend, il faut éviter tout amalgame entre les questions politiques en discussion et les problèmes humanitaires auxquels il faut trouver d’urgence des solutions.  “On ne peut tenir en otage des questions où sont en cause les droits les plus élémentaires de la personne humaine pour en faire une monnaie d’échange dans une négociation politique”, a affirmé le représentant.  Il ne peut y avoir de développement durable lorsque persiste un climat de conflit et les Nations Unies doivent assister les parties en déployant tout l’arsenal des moyens de prévention, mais il faut en même temps que celles-ci soient incitées à coopérer sur la plan économique.  S’il est certain que la responsabilité première de la prévention incombe aux gouvernements nationaux, l’ONU doit cependant encadrer et orienter leurs efforts.  C’est de cette façon seulement qu’elle fera oeuvre pédagogique en essaimant progressivement cette culture de la prévention que le Secrétaire général appelle de tous ses voeux.  


M. WANG YINGFAN (Chine) a rappelé que la prévention des conflits armés n’est pas un concept nouveau, les Nations Unies en étant elles-mêmes un produit.  Depuis la deuxième guerre mondiale, la communauté internationale a déjà prévenu le déclenchement de nouvelles guerres mondiales, et les Nations Unies y ont contribué.  Aujourd’hui, des conflits armés ont malgré tout vu le jour dans différentes régions du monde.  Il a fait remarquer que la plupart de ces conflits ont lieu dans des pays ou dans des régions sous-développées et que, par conséquent, l’objectif à long terme de la prévention des conflits armés ne peut pas être atteint sans apporter une réponse aux questions de développement économique.  Les Nations Unies devraient jouer un plus grand rôle dans la promotion d’un système commercial et financier international non discriminatoire, afin que les pays en développement en bénéficient.  Il a souhaité que des mesures plus fortes de désarmement soient prises, espérant que le Programme d’action sera adopté par l’Assemblée générale en matière de petites armes et d’armes légères.  Il a soulevé que le problème de la prolifération des armes de destruction massive devait aussi faire l’objet d’efforts de la part de la communauté internationale.  Le représentant a noté que la diversité des causes des conflits armés rendait impossible de trouver un schéma de prévention qui fonctionnerait partout et qu’il fallait poursuivre les recherches pour atteindre de meilleurs résultats.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a souligné les difficultés inhérentes à une prévention efficace des conflits en prenant pour exemple l’« échec spectaculaire » de la mission du Conseil de sécurité des Nations Unies qui s’était écartée de sa mission en République démocratique du Congo (RDC) pour tenter de prévenir une reprise des hostilités entre l’Ethiopie et l’Erythrée en mai 2000.  En ce qui concerne le rapport du Secrétaire général, le représentant s’est interrogé sur le fait que l’humanité n’est jamais à court de mots pour analyser ses problèmes, mais a toutes les peines du monde à aligner ses actions sur ses mots.  Reprenant les passages du rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits en faisant ressortir les s économies que la communauté internationale aurait pu réaliser dans la prévention de certains conflits, le représentant a regretté que, chaque année, les Nations Unies peinent à réunir 1 milliard de dollars pour leur budget annuel alors qu’une action efficace des Nations Unies permettrait à la communauté internationale d’économiser 130 milliards de dollars.  Qui est responsable de la prévention des conflits ? s’est-il demandé.  Il a estimé que tant que cette responsabilité n’aura pas été clairement définie, personne ne la prendra lorsque des conflits éclateront.  Il a suggéré que le Conseil de sécurité agisse rapidement pour prévenir des conflits imminents et que l’Assemblée générale et ses organes subsidiaires s’attaquent aux causes structurelles des conflits.  Le représentant a déclaré que la pauvreté mondiale est une cause sous-jacente de conflit et a appelé la communauté internationale et les principaux organes des Nations Unies à organiser un dialogue sur ce problème. 


M. SUN JOUN-YUNG (Corée) a relevé que les Nations Unies ont un rôle unique et crucial à jouer dans la prévention des conflits, comme cela a été confirmé l’année dernière dans la Déclaration du Millénaire.  Selon lui, la stratégie préventive la plus efficace doit être une stratégie générale, comportant des mesures à court terme et à long terme visant à favoriser le dialogue politique, la règle de droit, le respect des droits de l’homme, le développement socio-économique et la bonne gouvernance.  Il s’est dit d’accord avec la proposition qui suggère à l’Assemblée générale d’user davantage de ses pouvoirs, par des recommandations en matière de prévention et en attirant l’attention du Conseil de sécurité sur des situations qui pourraient menacer la paix et la sécurité internationales.  Il est aussi favorable à une plus grande interaction entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  A son avis, une approche plus large et holistique doit être adoptée en matière de prévention des conflits, en insistant sur l’investissement dans le développement.  A cet égard, la coopération au sein du système des Nations Unies est essentielle.


Le représentant s’est déclaré en faveur de consacrer davantage de ressources aux institutions humanitaires des Nations Unies.  Il a insisté sur la nécessité de protéger les femmes et les enfants.  Il a espéré que des manifestations telles que la session extraordinaire des Nations Unies sur le VIH/sida et celle à venir sur les enfants permettront de relancer les efforts de l’Organisation.  La société civile, les organisations non gouvernementales et les organisations régionales ont aussi un rôle important à jouer dans la prévention.  M. Joun-Yung a encouragé les Nations Unies à renforcer ses relations avec les organisations régionales et sous-régionales qui peuvent mettre en place des institutions de prévention.  Il a ensuite cité la force de déploiement préventive en Macédoine comme bon exemple de prévention.  Enfin, il a considéré qu’il est nécessaire d’accorder plus de ressources financières à ces activités et a mis l’accent sur la volonté politique dont il faut faire preuve.  En ce qui concerne la Corée, elle contribue au Fond d’action préventive depuis 1997, a-t-il rappelé.


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