DES INITIATIVES EN FAVEUR DES VICTIMES DE L’ESCLAVAGE, DU RACISME ET DE L’INTOLERANCE ONT ETE ANNONCEES A LA PLENIERE DE LA CONFERENCE DE DURBAN CONTRE LE RACISME
Communiqué de presse DR/G/930 |
DR/D/930
4 septembre 2001
DES INITIATIVES EN FAVEUR DES VICTIMES DE L’ESCLAVAGE, DU RACISME ET DE L’INTOLERANCE ONT ETE ANNONCEES A LA PLENIERE DE LA CONFERENCE DE DURBAN CONTRE LE RACISME
Durban (Afrique du Sud), le 1 septembre -- La Conférence de Durban contre le racisme a été dominée cet après-midi par un rappel des initiatives prises au plan national afin d’améliorer le sort des populations victimes de l’esclavage et du racisme ainsi que des minorités qui font face aux autres formes d’injustice et d’intolérance. Toutefois il est ressorti des interventions que des pays seraient favorables à une participation soutenue au développement des pays victimes de l’esclavage et d’autres formes de discrimination dans le cadre de la Nouvelle Initiative Africaine. Telle est par exemple la position de la France exprimée par son Ministre délégué à la coopération, M. Josselin qui a fait observer que son pays est l’un des plus généreux de l’OCDE en ce qui concerne l’aide publique au développement. Mon pays entend bien conserver cette place a-t-il ajouté tout en faisant remarquer qu’en mai dernier, le Parlement français a adopté à l’unanimité une loi reconnaissant que l’esclavage, la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan indien, perpétrés à partir du XVème siècle contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituaient un crime contre l’humanité. A ce jour, la France est le seul pays à avoir posé cet acte, a fait observer, M. Charles Josselin. Il a reconnu que le colonialisme a eu des effets durables sur les structures politique et économique des pays concernés et que vis à vis de ce pays qui pour beaucoup d’entre eux avaient été des victimes de la traite, la solidarité doit s’exprimer avec une plus grande ampleur.
Plusieurs autres délégations ont soulevé la question de la discrimination, souvent fondée sur des facteurs multiples comme la race, la religion, l’origine ethnique, la langue, le sexe, la couleur, le handicap, l’orientation sexuelle ainsi que la condition sociale et économique. Cette forme de discrimination aggrave le racisme et touche particulièrement les communautés qui s’identifient à un ensemble unique et complexe de caractéristiques, dont la religion, l’origine ethnique et plusieurs autres facteurs. Le développement humain se fonde sur l’idée que tout individu, partout et quel que soit son sexe, doit avoir la possibilité d’exprimer et d’exploiter ses capacités et de procéder aux choix concernant la manière dont il entend vivre, a rappelé cet après-midi M. Mark Malloch Brown, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) devant les participants à la Conférence mondiale contre le racisme. Il a fait observer que s’il est relativement aisé de garantir les droits de l'homme dans la loi, cela n’est pas suffisant car trop souvent,
une combinaison de facteurs politiques, économiques, sociaux et culturels complexes et, la plupart du temps invisibles, continue d’alimenter l’oppression à l’encontre des individus de couleur, des Roms, des populations autochtones, des réfugiés, des membres de certaines castes telles que celle des Dalits ainsi que d’autres groupes. En Suède, a fait remarquer Mme Mona Sahlin, Ministre de l’industrie, de l’emploi et des communications de ce pays, le racisme et la discrimination trouvent des formes d’expression de plus en plus agressives, notamment à l’encontre des immigrants, des homosexuels et des Roms. Pour faire face à cette situation, la Suède a adopté, en février dernier, un plan national de lutte contre le racisme et l’homophobie. Dans le même sens, le Gouvernement slovaque a adopté le concept à long terme d’une solution des questions spécifiques de la communauté rom.
Le racisme est un état d’esprit qui naît chez un nombre considérable de jeunes par des attitudes auxquelles les adultes les exposent, à fois de manière consciente et inconsciente. C’est pourquoi, a estimé le Ministre des affaires sociales de l’Islande, M. Pall Petursson, il est extrêmement important d’essayer d’encourager une attitude de tolérance chez les enfants dès leur très jeune âge.
A l’instar de la Secrétaire d’Etat pour le multiculturalisme et la condition de la femme du Canada, Mme Hedy Fry, d’autres délégations ont insisté sur le détournement des nouveaux moyens de communication par ceux qui tentent de promouvoir des thèses racistes inacceptables. La communauté internationale a le devoir d’empêcher cette contamination du réseau Internet.
Les personnalités suivantes ont également fait une déclaration dans le cadre du débat général : M. Daominador Kayser Bazan, Deuxième Vice-Président de la République du Panama; M. Louis Michel, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères (au nom de l’Union européenne et des pays associés); Mme Mona Sahlin, Ministre de l’industrie, de l’emploi et des communications de la Suède; Mme Jeljka Antunovic, Vice-Présidente du Gouvernement croate; M. L’ubomir Fogas, Vice-Premier Ministre de la République Slovaque; Mme Alejandra Krauss, Ministre de la planification et de la coopération; M. Dah Ould Abdi, Ministre des affaires étrangères et de la coopération; M. Joschka Fischer, Vice-Chancelier et Ministre fédéral des affaires étrangères de l’Allemagne; M. Ernst Walch, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein; Mme Margaret Wilson, Vice-Ministre de la justice de la Nouvelle-Zélande; M. John O’Donoghue, Ministre de la justice, de l’égalité et de la réforme de la législation; M. Goran Svilanovic, Ministre fédéral des affaires étrangères de Yougoslavie; M. Charles Josselin, Ministre chargé de la coopération et de la francophonie; Mme Tarja Filatov, Ministre du travail de la Finlande; M. Dimitrij Rupel, Ministre des affaires étrangères de Slovénie; M. Renato Ruggiero, Ministre des affaires étrangères de l’Italie; M. Anil Gayan, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale de Maurice; Mme Karen Jespersen, Ministre de l’intérieur du Danemark; M. Pall Petursson, Ministre des affaires sociales de l’Islande; M. Mohammed bin Nukhaira Al Dahri, Ministre de la justice des Emirats arabes unis; M. Kamal Kharrazi, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran; M. Juli Minoves-Triquell, Ministre des affaires étrangères d’Andorre; M. Joseph Philippe Antonio, Ministre des affaires étrangères d’Haïti; Mme Jamileth Bonilla, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua; Mme Katrin Saks, Ministre des affaires ethniques d’Estonie; M. Jose Gregori, Ministre de la justice du Brésil; Mme Elissavet Papazoi, Ministre suppléante chargée des affaires étrangères de la Grèce; M. Lakshman Jayakody, Envoyé spécial du Président de la République du Sri Lanka; M. Juan Carlos Aparicio Perez, Ministre du travail et des affaires sociales de l’Espagne; M. Abdul Sattar, Ministre des affaires étrangères du Pakistan; M. Worede Wold Wolde, Ministre de la justice de l’Ethiopie; M. Eugene Nindorera,
Ministre des droits de l’homme, des réformes institutionnelles et des relations avec l’Assemblée nationale du Burundi; M. Jorge de la Rua, Ministre des affaires étrangères de l’Argentine; Mme Hedy Fry, Secrétaire d’Etat pour le multiculturalisme et la condition de la femme du Canada; M. Slaheddine Maaoui, Ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé des droits de l’homme, des communications et des relations avec la Chambre des députés de la Tunisie; M. Milnea Motoc, Secrétaire d’Etat; M. Albert Rohan, Vice-Ministre fédéral des affaires étrangères de l’Autriche; Mmer Grazyna Bernatowicz, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne; M. Oskaras Jusys, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Lituanie; ainsi que les représentants du Lao, de l’Australie, d’Oman, de Singapour et de la Jordanie.
Le Président de la cinquante-septième session de la Commission des droits de l’homme, l’Administrateur du PNUD, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, et la Directrice exécutive de l’UNICEF sont aussi intervenus.
Les représentants de la Turquie et de la Grèce ont exercé leur droit de réponse.
La Conférence mondiale reprendra son débat général en plénière, demain dimanche 2 septembre à 10 heures.
CONFÉRENCE MONDIALE CONTRE LE RACISME, LA DISCRIMINATION RACIALE, LA XÉNOPHOBIE ET L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE
Déclarations
M. DOMINADOR KAYSER BAZAN, Deuxième Vice-Président de la République de Panama : Durant cinq siècles, les courants de l’histoire et les migrations forcées ou volontaires ont fait du Panama un pays cosmopolite et multiethnique. Le Panama abrite sept peuples différents répartis en cinq provinces qui sont gérées de manière quasi autonome. Le Panama a toutefois été victime de pratiques racistes et discriminatoires notamment pendant la construction du canal durant laquelle les ouvriers étaient catégorisés en deux groupes en fonction de leur couleur de peau. Au cours de ses cent années d’expérience républicaine, le Panama a porté des Noirs et des Juifs aux postes les plus prestigieux de l’Etat malgré le fait qu’ils soient minoritaires. Notre pays condamne toute pratique basée sur la discrimination raciale et l’intolérance et nous pensons que cette Conférence est une chance et une occasion unique de parvenir à la définition de règles qui permettront d’éradiquer le racisme et la discrimination en protégeant les minorités et les populations les plus vulnérables. Nous pensons que seul un partenariat mondial qui impliquera les Etats, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales pourra nous aider à défaire le racisme et la discrimination raciale.
M. LOUIS MICHEL, Président de l’Union européenne, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, au nom de l’Union européenne et des pays associés : Concevoir la réponse mondiale contre le racisme et offrir les engagements solennels justement en Afrique du Sud est certainement un symbole fort. Tant de citoyens du pays de Nelson Mandela ont en effet payé un tribut si lourd aux dérives racistes. Le refus de l’apartheid, la lutte courageuse menée par un petit groupe d’hommes et de femmes épris de liberté, imprégnés de la dignité de chaque être humain et rejoints par tout un peuple avec une mobilisation croissante de la communauté internationale font désormais du patrimoine de l’humanité. L’Union européenne apporte son soutien pour assurer le succès de la Conférence. A l’aube de ce millénaire, la mobilisation des consciences qui est voulue par notre Conférence constitue une occasion privilégiée dans notre entreprise de progrès pour l’humanité. Nous voulons croire que le progrès humain est inscrit dans la nature humaine. Nous voulons croire que le bien et le bon vont finir par l’emporter. La Conférence est à la fois évidente, complexe et nécessaire. Elle est évidente dans son objectif de lutte contre toutes les formes contemporaines du racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance qui y est associée. Notre message doit être fort : le racisme et la discrimination raciale représentent des violations graves des droits de l’homme et constituent une menace pour les sociétés démocratiques et les valeurs fondamentales. Ils sont souvent à l’origine de conflits et doivent être combattus par tous les moyens légaux et démocratiques.
La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale constitue la base universelle de cette détermination. Les résultats de la Conférence doivent donc être axés fondamentalement sur un plan d’action concret visant le présent et l’avenir et résultant d’une écoute mutuelle afin de mieux mettre en œuvre des mesures précises de lutte contre les discriminations. Face à cet objectif fondamental, l’expression d’un consensus devrait également être évidente. La lutte contre les fléaux dont traite la Conférence doit nous unir, nous rassembler, nous mobiliser pour dire non à la fatalité. Le racisme est un redoutable chasseur qui peut fondre à tout moment sur sa proie. A nous de prouver que nous sommes capables, par notre action et par notre mobilisation collective, de renverser les rôles. Que le chasseur devienne le chassé afin qu’il se terre et disparaisse.
La Conférence est également complexe car elle touche aux éléments vitaux des êtres humains qui ont droit à la vie dans le respect de leur dignité et de celle des autres, qui ont soif d’être considérés de façon non discriminatoire dans leur diversité de culture, d’origine – nationale et ethnique -, de religion et de convictions et qui aspirent à l’égalité des chances pour l’accès aux biens et aux services. Ignorer le passé reviendrait à se priver de l’impérieuse nécessité d’affirmer avec force que de telles pratiques sont intolérables et ne doivent jamais réapparaître. Souvenons-nous de toutes les souffrances infligées par des faits intervenus à différents moments de l’Histoire. Cette Conférence est enfin nécessaire car l’hydre du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée renaît constamment, se diversifie dans ses méthodes et dans ses techniques, y compris avec l’utilisation perverse des nouvelles technologies et se renouvelle en s’appuyant sur des idéologies et des prétextes aussi répugnants que par le passé. Il est grand temps de renforcer et de développer notre action à tous les niveaux. Cela doit se traduire par un renforcement du cadre légal et responsable de son application effective et par une interaction dynamique entre gouvernements, organisations non gouvernementales et autres acteurs de la société civile. Pour sa part, l’Union européenne est déterminée à tout mettre en œuvre pour assurer le succès de cette Conférence. Celui-ci sera mesuré par son impact réel sur la vie quotidienne. Nos messages doivent être forts et clairs, appuyés par des mesures visibles et pratiques dans le cadre d’un plan d’action qui soit vraiment opérationnel. Les propositions du Conseil de l’Union européenne, adoptées à sa réunion du 16 juillet dernier, concernant un partenariat solidaire entre tous les participants à la lutte contre le racisme et la discrimination ont été communiquées à la Conférence.
L’Union européenne souligne que la réconciliation est un instrument fondamental de lutte contre le racisme et la xénophobie. Les principes énoncés par la Charte des droits fondamentaux adopté par le Conseil européen à Nice sont garantis à tous les citoyens se trouvant sur le territoire de l’Union. En outre, la politique de coopération de l’Union européenne au développement, de caractère multidisciplinaire, a comme axe central le développement durable afin d’éradiquer la pauvreté. Cette politique couplée avec le développement de la politique étrangère commune et de sécurité, notamment en matière à réduire les inégalités et à prévenir les crises, sources et conséquences de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie. La longue tragédie qui perdure au Moyen-Orient est une préoccupation majeure. Il s’agit là avant tout d’un conflit territorial, d’un conflit de deux souffrances avec de trop nombreuses victimes innocentes de part et d’autre. La population israélienne n’est pas épargnée et la population palestinienne paie un tribut encore plus lourd. Ici à Durban, notre tâche est d’abord de réaffirmer avec force que les incitations à la haine ainsi que tous actes de racisme et de discrimination raciale commis par des individus et des groupes d’individus sont injustifiables et condamnables, quel que soit le lieu où ils se produisent.
Mme MONA SAHLIN, Ministre de l’industrie, de l’emploi et des communications de la Suède : La Suède a œuvré à l’isolement du régime de l’apartheid. Alors que nous nous efforçons de trouver les moyens de lutter contre le racisme et la discrimination raciale, il est utile de tirer les leçons de l’expérience de l’Afrique du Sud. Il faut instaurer un monde dans lequel chacun sera traité sur un pied d’égalité, sans quoi l’avenir de l’humanité sera compromis. Il est vrai que les conséquences graves des injustices du passé –esclavage, colonialisme, traite des esclaves- se font toujours ressentir et que nombre de blessures ne sont pas encore refermées. A Durban, des divergences d’opinion ne doivent pas nous empêcher d’agir ni de prendre des mesures destinées à éradiquer le racisme et la discrimination raciale.
En Suède même, le racisme et la discrimination trouvent des formes d’expression de plus en plus agressives, notamment à l’encontre des immigrants, des homosexuels et des Roms. En février dernier, la Suède a adopté un plan national de lutte contre le racisme et l’homophobie. L’éducation constitue l’outil essentiel de la lutte contre le racisme et la discrimination. Certains individus souffrent de discrimination en raison de leur orientation sexuelle. Or, la Déclaration universelle des droits de l'homme stipule que tous les êtres humains naissent égaux en droits. Les relations sexuelles entre personnes du même sexe constituent un délit puni par la loi dans plus de 70 pays dont certains prévoient même la peine capitale pour un tel délit. Les immigrants et les homosexuels constituent souvent des groupes cibles des actes racistes.
Mme JELJKA ANTUNOVIC, Vice-Présidente du Gouvernement croate : Tous les efforts accomplis dans la préparation de la Conférence mondiale soulignent qu’elle devrait donner une impulsion et encourager tous les Etats à libérer le monde du fléau désastreux de la discrimination raciale et du racisme. Nous sommes convaincus que l’Afrique du Sud, qui nous accueille, symbolise l’espoir et le courage dans la lutte contre le racisme. Nous tenons à évoquer ici les nombreuses victimes du racisme, particulièrement sur le continent africain, où se sont manifestés l’esclavage et la traite négrière qui restent figés dans les pages les plus sombres de l’histoire de l’humanité. Il convient dès lors de confronter le passé, de condamner les actions racistes et d’éliminer les résidus de ce passé honteux. Nous avons besoin ici d’un ferme engagement de combattre le racisme, la discrimination raciale et l’intolérance sous toutes leurs formes et par tous les moyens. Le monde moderne n’est pas exempt de réflexes racistes, intolérants et xénophobes comme le démontre l’épuration ethnique qui a récemment endeuillé l’Europe. Le programme d’action et la déclaration qui seront adoptés à cette Conférence doivent impérativement entre en action et, à cet effet, nous pensons que le racisme et les autres formes de discrimination sont indissociables des autres violations des droits de l’homme et des libertés.
Les Etats devraient, avant toutes choses, lancer des programmes nationaux de protection et de promotion des droits de l’homme et mettre en place les mécanismes adéquats à cet effet. En Croatie, nous avons développé un Programme national de protection et de promotion des droits de l’homme qui devrait aboutir à la création prochaine d’un Comité national pour l’élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance dont le rôle consistera à identifier les formes de violations des droits de l’homme et à proposer des mesures visant à combattre ce phénomène. Notre pays organise également une Conférence internationale sur les droits de l’homme et la démocratisation à Dubrovnik du 8 au 10 septembre 2001 dans le prolongement de cette Conférence. Nous espérons que ces initiatives nous permettront de renforcer les dynamiques positives de lutte contre le racisme et la discrimination raciale.
M. LUBOMIR FOGAS, Vice-Premier Ministre de la République slovaque : Nous sommes convaincus que la Conférence pourrait donner une nouvelle impulsion afin d’éliminer toutes les manifestations de la discrimination raciale dans le cadre du renforcement des droits de l’homme en général. La Slovaquie a la volonté de participer activement à ce processus dont l’objectif devrait être le rapprochement de notre civilisation aux idéaux humanistes de la population de notre planète. Dans le contexte de la préparation de la Conférence régionale européenne contre le racisme, nous avons organisé une Conférence nationale qui a adopté un Plan d’action pour la prévention de toutes les formes de discrimination, de racisme, de xénophobie, d’antisémitisme et des autres manifestations d’intolérance. Le Plan d’action souligne notamment la responsabilité des médias pour le soutien et la propagation de la culture de la tolérance. La Conférence nationale a pris également une position claire contre toute manifestation d’antisémitisme et de fondamentalisme religieux; dans le contexte de l’évolution historique de la République slovaque, le Parlement slovaque a déclaré par la loi le 9 septembre la «Journée de l’holocauste».
Dans le même esprit, nous avons soutenu la Déclaration politique de la Conférence européenne régionale contre le racisme qui s’était tenue à Strasbourg en octobre 2000.
La Slovaquie –Partie à la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale qui reconnaît la compétence de son Comité pour recevoir des plaintes individuelles des personnes- s’efforce d’améliorer les mécanismes de garantie des droits de l’homme, y compris dans le domaine de la lutte contre le racisme. Le Gouvernement slovaque a adopté le concept à long terme d’une solution des questions spécifiques de la communauté rom, assez nombreuse sur le territoire slovaque. Pour assurer le succès de ces mesures, le pays a besoin d’une coopération internationale des pays européens et d’une participation efficace des organisations internationales dans ce domaine.
Mme ALEJANDRA KRAUSS, Ministre de la planification et de la coopération du Chili : Nous sommes venus à Durban avec la détermination de poursuivre les objectifs devant nous conduire à un monde plus tolérant et respectueux des droits élémentaires et de la diversité. Le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie constituent des préoccupations légitimes pour la communauté internationale et il est de notre devoir d’adopter des mesures efficaces de nature à éradiquer toutes les formes d’intolérance et de racisme. Notre devoir est d’envisager une autre perspective pour le futur et pour cela, d’assumer notre passé et déclarer solennellement «plus jamais ça».
En décembre 2000, le Chili a accueilli la Conférence régionale des Amériques dans le cadre préparatoire de cette Conférence mondiale et tous les pays se sont livrés à une analyse historique profonde et se sont engagés à promouvoir un monde plus humain, plus tolérant et égalitaire qu’auparavant. Les histoires respectives de nos pays ont longtemps été marquées par l’exclusion de certaines minorités, notamment les peuples indigènes et ceux d’origine africaine. En admettant ce passé, nous pouvons corriger ces erreurs et promouvoir un développement de notre région dans la diversité. Le Chili a pour sa part entrepris de reconnaître dans ses institutions les droits des minorités, mais nous reconnaissons qu’il y a encore beaucoup à faire.
La mondialisation a ouvert la voie à de nouvelles formes de discrimination et de marginalisation et il nous appartient de corriger ces inégalités. Il nous appartient également de promouvoir et garantir l’égalité des chances et, ici à Durban, nous devons être guidés par l’engagement. Il est indispensable de progresser en associant notamment la société civile et les organisations internationales pour renforcer les idéaux de dignité humaine et de droits humains comme le fait la Déclaration adoptée à Santiago. Aujourd’hui, nous devons dépasser nos différences et prendre exemple sur l’Afrique du Sud qui symbolise la lutte contre le racisme mais aussi la restauration de la dignité et du progrès.
M. DAH OULD ABDI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie : Mon pays croit fermement à l’avènement d’un monde uni, solidaire et plus équitable et estime que cette Conférence pourrait y contribuer sérieusement. C’est pour cette raison que nous avons accordé un intérêt majeur à sa préparation. En effet, une Journée nationale préparatoire a été organisée à la veille de la Conférence régionale africaine de Dakar, le 20 janvier 2001, et un séminaire de restitution des Actes de cette réunion régionale a suivi au mois de mai. La Constitution mauritanienne consacre, dans son article premier, les droits fondamentaux de l’homme, affirme l’engagement de la République à assurer l’égalité de tous les citoyens sans distinction aucune et punit toute propagande à caractère racial ou ethnique. Elle établit la primauté des conventions internationales sur les lois nationales et ouvre aux citoyens la possibilité d’invoquer directement leurs dispositions devant les juridictions nationales. La création en 1998 d’un Commissariat aux droits de l’homme, à la lutte contre la pauvreté et à l’insertion reflète l’indivisibilité des droits de l’homme et découle d’une conception unifiée du développement selon laquelle progrès économiques et progrès politiques doivent aller de pair. Ayant vocation de renforcer le dialogue et la concertation avec la société civile, cet organe a déjà adopté un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté dont la mise en œuvre permettra d’atteindre notamment les objectifs internationaux en matière d’éducation, de santé et d’alimentation.
La Conférence de Durban se tient à un moment où, au Moyen-Orient, la situation dans les territoires occupés constitue une source de préoccupation pour nous tous. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire la tension, assurer la protection du peuple palestinien, des lieux saints et tous ses symboles identitaires, en demandant à cet égard le retrait d’Israël sans conditions de la Maison d’Orient. Eprise de paix, la Mauritanie considère que la paix est un choix stratégique dont les conditions ont été fixées par la légalité internationale. Cette paix doit être fondée sur le recouvrement par le peuple palestinien de ses droits nationaux inaliénables, y compris l’établissement d’un Etat indépendant avec pour capitale la ville sainte d’Al Qods et le retrait d’Israël de tous les territoires arabes occupés. Mon pays est convaincu que la voie de la négociation reste le meilleur moyen d’éliminer les sources de tension et d’affrontements dans la région et donc de parvenir à cette paix juste, globale et durable.
M. JOSCHKA FISCHER, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne : L’Afrique du Sud est parvenue à trouver la voie menant à une société plus juste et cette expérience devrait nous inspirer alors que nous sommes réunis ici à Durban. Le racisme et la xénophobie ont conduit l’humanité vers les profondeurs les plus obscures, vers l’esclavage massif et le colonialisme, vers l’éradication de populations entières sur plusieurs continents ou, plus récemment, vers des massacres massifs au Rwanda et au Burundi. Le crime le plus odieux de tous ceux commis au XXème siècle s’est produit dans mon propre pays : il s’agit du génocide de six millions de Juifs européens, de Roms et de Sintis. La mémoire de cet acte, qu’il ne saurait être question de relativiser, ainsi que la responsabilité qui en découle marqueront à jamais la politique allemande.
Dans le cadre de la présente Conférence, nous devons commencer par le passé. Dans nombre de régions du monde, les souffrances et la douleur découlant des conséquences de l’esclavage et de l’exploitation coloniale restent profondes. On ne peut revenir sur les injustices du passé. Mais reconnaître sa propre culpabilité, assumer ses responsabilités et faire face à ses obligations historiques peut au moins rendre aux victimes et à leur descendance la dignité qui leur avait été volée. C’est ce que je souhaite donc faire ici et maintenant au nom de la République fédérale d’Allemagne. Notre responsabilité historique, mais aussi les principes universels d’humanité et de justice exigent aujourd’hui de l’Europe qu’elle manifeste une solidarité particulière avec les pays en développement. Notre premier objectif en la matière doit être de les aider à surmonter la pauvreté et à s’intégrer à l’économie mondiale, tout en les aidant à renforcer leurs capacités en matière de bonne gestion des affaires publiques.
La recrudescence frappante de la violence et de la haine au Moyen-Orient nous préoccupe grandement. Les nombreuses victimes et les membres de leurs familles, dans les deux camps, ont notre plus profonde sympathie. Le cercle vicieux de la violence doit absolument être brisé par tous les moyens disponibles. Les peuples israélien et palestinien ont un droit collectif et individuel à la sécurité; ils ont le droit de vivre sans crainte et dans la dignité, en offrant des perspectives d’avenir à leurs enfants et petits-enfants. Cela signifie qu’Israël a le droit d’exister et que ce droit ne saurait être violé. Cela signifie également que le peuple palestinien a droit à l’autodétermination, avec l’option d’un Etat, comme le stipule la Déclaration de Berlin de l’Union européenne. Le plan Mitchell, accepté par les deux parties, trace le cadre général, la voie à suivre pour mettre un terme à la violence et reprendre les négociations interrompues. Il n’existe aucune autre alternative viable. Une large coalition internationale, plus unie que jamais, appuie cette approche. Nous exhortons les deux parties, Israéliens et Palestiniens, à engager sans plus tarder les pourparlers directs prévus. En revanche, centrer le débat, ici à Durban, sur le conflit du Moyen-Orient ou singulariser Israël, directement ou indirectement, n’est pas, dans la situation actuelle, propice à l’instauration de la confiance et ne contribuera pas à relancer le processus de paix. Des condamnations contre une seule partie risquent même de provoquer l’échec de cette Conférence. Je lance donc un appel à tous les participants, en particulier nos amis arabes et palestiniens, afin qu’ils évitent cet écueil. Deux conférences contre le racisme ont déjà échoué et si cela se reproduit une troisième fois, les perdants seront une fois de plus ceux que nous nous efforçons ici de protéger, c’est-à-dire les opprimés du monde entier.
La mondialisation et les migrations croissantes engendrent l’émergence de société multiculturelle et multiethnique à travers le monde, ce qui est très enrichissant pour chacun de nous. Les craintes que cela suscite du point de vue de la perte d’identité sont cependant la source d’une certaine haine et de violences à l’égard des étrangers. Aujourd’hui, des individus d’extrême droite et des groupes racistes répandent leurs idées via Internet et d’autres nouveaux médias. Cette Conférence doit donc se pencher avant tout sur les moyens qui permettraient de combattre ces nouvelles formes de racisme et de xénophobie car c’est là que réside le principal défi pour l’avenir.
Nous autres, Allemands, sommes consternés et honteux que la violence contre les étrangers et la haine à leur encontre croissent de nouveau dans notre pays. Aujourd’hui, l’Allemagne accorde une attention toute particulière aux questions d’intégration. Malheureusement, les étrangers dans notre pays sont toujours confrontés à un climat empreint de préjudice et d’arrogance. Le Gouvernement fédéral a pour sa part réformé la loi sur la nationalité allemande afin de rendre la naturalisation plus facile. Il est désormais plus aisé pour les requérants d’asile et les réfugiés de faire apparition sur le marché du travail. Etant donné que la xénophobie est étroitement liée à l’ignorance, l’éducation et l’information s’avèrent de la plus grande importance pour qui veut lutter contre ce phénomène. Il y a quelques jours, le Gouvernement allemand a fait la déclaration prévue à l’article 14 de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale en vertu de laquelle est désormais reconnu le droit des individus à présenter des plaintes au titre de cet instrument.
La double discrimination –basée sur la race et sur la couleur- dont souffrent nombre de femmes et de fillettes à travers le monde mérite une condamnation toute spéciale. La diversité du genre humain est un cadeau et non une menace. Apprendre du passé revient à concevoir l’avenir et tel doit être l’objectif de cette Conférence.
M. ERNST WALCH, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein : En mars 2000, notre Parlement a ratifié sans réserves la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et amendé en conséquence le code pénal. L’incitation à des actes racistes et la diffusion d’idées racistes est un problème qui prend une certaine ampleur par le biais notamment d’Internet. C’est pourquoi, en juin dernier, le Gouvernement a décidé de reconnaître la compétence du Comité créé par cette Convention chargé d’examiner les plaintes individuelles. En tant que Président en exercice de la Commission contre le racisme et l’intolérance du Conseil de l’Europe, j’attire l’attention sur la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales et du Protocole No 12 à la Convention européenne des droits de l’homme, interdisant toutes les formes de discrimination, ainsi que sur la Convention sur la criminalité cybernétique dont l’adoption est prévue pour novembre prochain. Le Conseil des ministres du Conseil de l’Europe a approuvé en juillet 2001 une recommandation appelant les Etats Membres à prendre des mesures concrètes pour prévenir le racisme dans les sports afin d’encourager le dialogue interculturel
dans ce domaine. Le Liechtenstein dont la population compte près de 40% d’étrangers, attache une grande importance à leur intégration et la coexistence pacifique entre les différentes cultures est un des traits qui marquent la vie quotidienne dans le pays. Heureusement, il n’existe ni de partis politiques, ni de mouvements racistes défendant des idées xénophobes ou antisémites.
M. LEANDRO DESPOUY, Président en exercice de la Commission des droits de l’homme : La préparation de cette Conférence a nécessité le déploiement d’efforts considérables, tant au temps des trois sessions du Comité préparatoire que lors des quatre conférences régionales. Au cours du processus préparatoire, nous nous sommes enrichis de l’expérience des organisations non gouvernementales et je me félicite de la tenue du Forum des ONG et du Sommet des jeunes avant l’ouverture de cette Conférence. Cette Conférence est l’expression d’une prise de conscience de la gravité du phénomène du racisme, les Nations Unies étant nées des cendres d’une guerre marquée par l’Holocauste et l’extermination des Gitans. La discrimination est une porte ouverte à la violation de nombreux droits et est une action répudiable. La discrimination et le racisme ne sont pas une expression du passé et nous devons demeurer vigilants pour ne pas ranimer une flamme qui n’est pas forcément complètement éteinte. Nous visons un moment de l’histoire où les contrastes sont les plus marqués entre d’une part ceux qui bénéficient de la mondialisation et ceux qui restent figés dans la misère. Ce phénomène tend à s’aggraver et nous préoccupe car cette spirale touche les populations les plus pauvres et il nous appartient de rechercher un ordre international plus juste et équitable. La discrimination est un instrument de paupérisation et nous pensons qu’il faut reconnaître la nécessité de prendre à bras le corps ce contexte dans le programme d’action.
Tout en admettant que les Etats ont la responsabilité principale de l’application de ce programme, il faut également que les sociétés civiles s’investissent. Il serait par ailleurs utile que nous procédions à l’avenir à l’évaluation des résultats obtenus et à l’organisation d’un suivi qui implique tous les organes, institutions spécialisées et agences des Nations Unies. Nous saluons l’initiative de Mme Robinson de créer une unité de suivi auprès du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme. Enfin, je tiens à me féliciter de l’esprit de solidarité internationale qui a notamment permis à Nelson Mandela et au peuple sud-africain de retrouver la liberté comme le soulignait Mgr Desmond Tutu dans une allocution prononcée à Genève devant la Commission des droits de l’homme.
M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) : Le développement humain se fonde sur l’idée que tout individu, partout et quel que soit son sexe, doit avoir la possibilité d’exprimer et d’exploiter ses capacités et de procéder aux choix concernant la manière dont il entend vivre. S’il est relativement aisé de garantir les droits de l'homme dans la loi, cela n’est cependant pas suffisant car trop souvent, une combinaison de facteurs politiques, économiques, sociaux et culturels complexes et la plupart du temps invisibles, continue d’alimenter l’oppression à l’encontre des individus de couleur, des Roms, des populations autochtones, des réfugiés, des membres de certaines castes telle que celle des Dalits ainsi que d’autres groupes.
Notre travail au PNUD, en tant qu’institution au service du développement, nous a appris qu’opérer des changements législatifs ne suffisent pas et que le racisme ne cessera que lorsque les victimes de discrimination accèderont à un espace politique et économique qu’ils pourront réellement utiliser. En effet, le racisme existe non seulement dans les esprits mais aussi dans les structures.
M. RUUD LUBBERS, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés : Le colonialisme et l’apartheid ont pris fin et la guerre froide, dangereuse et source de division, s’est achevée. Cependant, à l’aube du XXIème siècle, nos rêves pour un monde plus uni n’ont pas à ce jour été réalisés. La mondialisation ne contribue pas à créer ce monde dont nous rêvons. Au contraire, elle crée de nouvelles frontières au sein de notre famille commune. Nous constatons des distinctions nationales, ethniques, religieuses, sociales et culturelles insidieuses entre les peuples, les séparant les uns des autres. A ce jour, on compte 22 millions de réfugiés. Il est vrai qu’une prévention plus efficace est nécessaire, mais il faut reconnaître que les dirigeants d’Etats en conflits et les seigneurs de la guerre sont en grande partie responsables pour les guerres civiles. Tous ceux qui alimentent ces sales guerres le font dans l’impunité, même lorsqu’ils abusent d’enfants soldats et de civils innocents. La criminalité transnationale organisée, en particulier le trafic des personnes, ne cesse d’augmenter et pose une grave menace. Toutefois, il ne doit pas y avoir d’impunité. La culture de respect est la condition préalable à la démocratie et à la paix. Cette Conférence ne sera un succès que lorsqu’une conférence sur le respect de tous les peuples dans leur diversité. La démocratie est la clé à la coexistence pacifique de peuples différents. Elle ne porte pas seulement sur des élections. La véritable démocratie permet à des personnes différentes de vivre en harmonie.
La prévention des conflits ne commence pas avec la diplomatie, elle commence avec le respect des personnes avec leurs différences ethniques, religieuses, sociales et culturelles. Il faut adopter des solutions durables car chaque réfugié souhaite regagner son pays. Il faut donc envisager pour ceux qui le souhaitent le rapatriement et pour ceux qui décident de s’installer de manière permanente dans le pays d’accueil, l’intégration locale doit constituer la meilleure solution. Chacune de ces solutions a un élément en commun, à savoir le respect : celui du réfugié qui opte pour le retour et celui du réfugié qui vient de loin parce que sa présence enrichira la société du pays d’accueil.
Mme MARGARET WILSON, Ministre adjointe de la justice de la Nouvelle-Zélande : Je tiens à saluer ici les dignes fils de l’Afrique du Sud qui, comme Nelson Mandela et Govan Mbeki, ont sacrifié leur vie au service de la dignité humaine et ont fini par triompher de l’apartheid. Cette Conférence revêt une importance cruciale et ne peut être négligée par quiconque. Il nous appartient de faire en sorte que le programme d’action et la déclaration qui seront adoptés reflètent une volonté ferme de lutter contre le fléau du racisme. Le racisme reste une menace essentielle à la réalisation des objectifs fixés par la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Charte et une menace pour le développement des sociétés. Pour accepter la diversité, il faut faire preuve de tolérance et de courage et admettre de vivre le présent sans tourner le dos à notre passé. Il n’y a pas de forme unique pour lutter contre le racisme et chaque pays doit trouver sa propre voie mais il convient néanmoins de définir un cadre aux niveaux national, régional et international. Notre souci en Nouvelle-Zélande est de voir notre nation progresser sur des bases plus justes, plus douces, plus tolérantes qui ne laisse aucune place à l’intolérance et au racisme. Nous tenons également à prévenir les discriminations dont sont victimes les femmes, les enfants ou les réfugiés et nous pensons que cette Conférence doit être l’occasion d’assumer le passé et de consolider les bases de nos sociétés en matière de tolérance.
M. JOHN O’DONOGHUE, Ministre de la justice, de l’égalité et de la réforme juridique de l’Irlande : La promotion et la protection des droits de l'homme est un élément essentiel permettant de renforcer la sécurité collective. L’Irlande n’accepte pas l’assertion selon laquelle le racisme serait inné. Le racisme est une idéologie qui s’est développée à des moments précis de l’histoire et qui a servi de prétexte pour justifier l’expropriation des terres, l’esclavage ou le génocide de peuples entiers. Pour des raisons historiques évidentes, l’Irlande est sensible aux questions relatives à l’héritage complexe du colonialisme,
héritage qui peut perdurer pendant des années après la fin de la situation coloniale. Les injustices historiques doivent être reconnues honnêtement et condamnées si l’on veut faire face efficacement à leur leg et en prévenir la résurgence.
L’Irlande, en ce qui la concerne, a adopté une législation en vertu de laquelle la discrimination fondée sur neuf critères différents, parmi lesquels la race et l’origine ethnique, est considérée comme illégale. A l’appui de cette législation, a été créée une structure institutionnelle dont font partie l’Autorité pour l’égalité ainsi que le Directeur des enquêtes en matière d’égalité. Cette structure institutionnelle permet d’offrir aux victimes de discrimination une réparation rapide. Un nouvel organe indépendant et puissant, la Commission des droits de l'homme d’Irlande, a par ailleurs été créé en juillet dernier. L’Irlande accorde en outre une grande importance à la nécessité de maintenir un processus d’asile qui soit à la fois juste et transparent, conformément aux obligations que le pays a contractées en vertu de la Convention de 1951 sur le statut des réfugiés. Si l’on veut qu’ils fonctionnent, les systèmes juridiques nationaux ne doivent pas reposer sur la coercition mais sur un sens commun d’obligations sociales et de respect.
M. GORAN SVILANOVIC, Ministre des affaires étrangères de la République fédérale de Yougoslavie : Le nouveau Gouvernement yougoslave est conscient que les territoires sur lesquels nous vivons ont connu des violations massives des droits de l’homme et du droit humanitaire. Chacun sait que les conséquences tragiques de différentes politiques inadéquates pendant dix dans la région de l’Europe du Sud-Est, y compris l’ancien régime de la République fédérale de Yougoslavie, seront subies pendant encore de nombreuses années. La Commission de vérité et de réconciliation mise en place RFY, et les commissions similaires établies dans d’autres pays, peuvent jouer un rôle important pour contribuer à la réconciliation et à la reconstruction. L’état de droit et le respect des droits de l’homme constituent des éléments essentiels sur lesquels les nouvelles autorités du pays souhaitent édifier une société. Bien que des efforts considérables aient été accomplis depuis le 5 octobre 2000, il reste encore beaucoup à faire pour créer une société juste et prospère.
La République fédérale de Yougoslavie estime de bonne foi que les minorités nationales et les autres communautés ethniques, qui représentent le tiers de la population nationale, constituent un facteur du succès du processus de démocratisation et de développement, de sécurité et de stabilité sociale. En même temps, elles représentent non seulement un élément important pour le développement de notre société, mais également un test pour la promotion de la tolérance et du dialogue dans un Etat moderne fondé sur l’état de droit, sans toutefois menacer l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Etat sur lequel elles vivent. Considérant l’importance de cette question, la RFY s’est engagée dans le processus de ratification de la Convention-cadre européenne pour la protection des minorités, a crée un ministère fédéral chargé des questions des minorités et des communautés ethniques et élabore actuellement un projet de loi sur les droits des minorités.
M. CHARLES JOSSELIN, Ministre délégué à la coopération et à la francophonie de la France : Quel pays pouvait, mieux que l’Afrique du Sud, symboliser l’espoir de terrasser les fléaux que sont le racisme et la xénophobie. C’est ici qu’un peuple a combattu victorieusement pour retrouver sa dignité, briser les barrières de l’apartheid et se rassembler. Nous sommes à Durban pour dire à la face du monde notre rejet absolu du racisme, de la xénophobie et de toutes les discriminations. Face aux multiples facettes d’un même mal, tous les gouvernements, tous les peuples, toutes les femmes et tous les hommes, tous les citoyens du monde ont l’ardente obligation de se mobiliser. Car il n’existe qu’une seule espèce humaine et nous rejetons sans appel toute théorie tendant à affirmer l’existence de races humanes distinctes.
Pratique immémoriale, officiellement disparue, l’esclavage, en réalité, se perpétue insidieusement dans certaines régions et à travers certaines pratiques. Toutes les civilisations l’ont connu, pratiqué ou cautionné, toutes, mais, après la découverte du Nouveau Monde, l’organisation de la traite a donné à ce commerce honteux une ampleur inégalée. Fondée sur la négation de l’Autre, sur sa réduction à l’état d’objet, d’outil, de marchandise, la traite a engendré d’immenses souffrances notamment en Afrique, dans ses peuples et chez leurs descendants dans leurs lieux d’exil. La Conférence mondiale doit être l’occasion pour nous tous de le reconnaître, d’exprimer nos regrets et de nous incliner devant toutes les victimes. Et parce que leur souvenir occupe une trop faible place dans l’histoire officielle et la mémoire collective de nos pays, Durban doit vivifier l’œuvre de mémoire. L’éducation de nos enfants doit entretenir cette histoire et je salue ici le travail précurseur engagé par l’Unesco avec sa «route des esclaves».
En 1848, la République française adoptait le décret qui mit définitivement fin à l’esclavage sur l’ensemble de son territoire et, en mai dernier, le Parlement français a adopté à l’unanimité une loi reconnaissant que l’esclavage, la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien, perpétrés à partir du 15ème siècle contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituaient un crime contre l’humanité, la France étant à ce jour le premier pays à avoir posé un tel acte.
Parmi les pages sombres de notre histoire commune, il y eut aussi le phénomène colonial, inspiré d’abord par la volonté de s’approprier les richesses d’autres continents mais fondés aussi sur la domination de l’Autre. Il n’est pas question de réduire aujourd’hui la colonisation à ses seuls excès et à des atteintes systématiques à la dignité humaine mais ayons le courage d’assumer certaines évidences. Oui, le colonialisme a eu des effets durables sur les structures politiques et économiques des pays concernés. Vis-à-vis de ces pays qui pour beaucoup d’entre eux avaient été victimes de la traite, la solidarité doit s’exprimer avec une plus grande ampleur. Parce que la misère est souvent le terreau sur lequel s’épanouit la haine, parce que les inégalités du monde portent en elles toutes les violences, la question du développement et de la lutte contre la pauvreté est à nos yeux centrale.
Il est une facette de notre histoire qui a dépassé en horreur, en ampleur, en abjection érigée en système tout ce que nous avons connu, c’est la Shoah. Nier le caractère unique de ce crime contre l’humanité serait faire insulte à ses victimes et trahir l’histoire. Au demeurant, comme l’a souligné Kofi Annan, aucune violence subie par un peuple dans son histoire proche ou ancienne ne saurait exonérer de leurs responsabilités ceux qui, au nom de ce peuple, infligent des violences à d’autres communautés.
Si cette conférence doit exorciser le passé, c’est aussi pour mieux se tourner vers le présent et surtout vers l’avenir. La mémoire du passé conforte la lutte contre les formes contemporaines de racisme. Dans son combat, la France s’inspire d’une philosophie universaliste qui reconnaît la personne humaine dans toute sa diversité, dans toute sa liberté, qui la respecte et protège ses droits.
Mons pays, l’un des plus généreux parmi les membres de l’OCDE en ce qui concerne l’aide publique au développement. Mon pays entend bien conserver cette place. Et parce que notre aide doit en outre être conçue dans un esprit de partenariat, je salue la Nouvelle Initiative Africaine, engagement des pays africains à œuvrer ensemble pour leur développement.
Nombreux sont ceux qui placent en nous de grandes espérances et d’abord les plus vulnérables, ceux qui sont victimes d’une double discrimination : les enfants et les femmes, ceux que la maladie marginalise, je songe aux victimes du VIH/sida, ce qui souffrent d’un handicap, ceux que frappe une discrimination liée à leur seule naissance ou à leur orientation sexuelle, les réfugiés, les migrants ainsi que les victimes de trafics d’être humains. Je veux faire une référence particulière aux Roms et aux populations autochtones dont les Etats modernes ne savent toujours pas accepter la culture, les traditions et leur vision du monde.
Ma délégation est venue à Durban avec l’engagement d’œuvrer, dans un esprit d’ouverture et de dialogue, au succès de la Troisième Conférence mondiale contre le racisme. Elle participera à vos travaux de manière aussi active que constructive, confiante qu’à l’issue de notre réunion, les pays réunis dans la patrie de Nelson Mandela sauront lancer au monde un message de fraternité et d’unité et affirmer leur volonté commune de permettre à chaque être humain de vivre dans la dignité.
Mme TARJA FILATOV, Ministre du travail de la Finlande : Le peuple sud-africain nous a montré l’exemple en se levant pour défendre ses droits et venir à bout du système raciste institutionnalisé de l’apartheid et demeure une source d’inspiration pour les générations présentes et futures et pour l’humanité. En effet, le racisme est un affront à la dignité humaine et aux droits de l’homme et nul ne peut être discriminé en raison de sa couleur, son origine, sa nationalité ou son ethnie. Le monde dans lequel nous vivons est très souvent le théâtre de violations des droits des minorités et la promotion des droits des minorités doit être une priorité. Nous devons également protéger les populations victimes de la double discrimination comme c’est le cas pour les femmes et les jeunes filles appartenant à des minorités ethniques.
Les Gouvernements doivent prendre toute leur part dans la protection des minorités qui, elles aussi, doivent se plier au respect des droits de l’homme. Il nous appartient de demeurer vigilants et de promouvoir les droits de l’homme par tous les moyens, notamment par l’éducation et la sensibilisation des populations sur les enjeux du passé et du futur. Les peuples indigènes doivent être protégés car ils ont été et sont encore victimes d’exclusion et de discrimination. Il en est de même pou la communauté Rom présente sur tous les continents et partout victime de discrimination raciale. Les Etats doivent leur assurer le plein exercice de leurs droits fondamentaux et protéger leurs droits humains. Tandis qu’il est établi que le racisme et l’esclavage sont des phénomènes étroitement liés, il nous apparaît important de mettre l’accent sur les formes modernes d’esclavage dont sont victimes les populations les plus vulnérables, en priorité les femmes et les enfants. Pour garantir les droits des minorités et des populations les plus vulnérables, la Finlande vient de créer un bureau du Médiateur chargé des minorités. Le Médiateur agira de manière indépendante et sera responsable de la prévention de la discrimination ethnique.
M. DIMITRIJ RUPEL, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie : Les différentes crises qui secouent aujourd’hui témoignent de manière éloquente combien le rejet de la diversité peut dégénérer en manifestations de violence particulièrement meurtrières. La Slovénie se réjouit des progrès récemment accomplis dans le domaine du droit pénal international. Il faut espérer que le Statut de Rome de la Cour pénale internationale entrera rapidement en vigueur et je dois ajouter que la ratification de ce Statut constitue actuellement pour la Slovénie l’une des plus grandes priorités de sa politique étrangère dans le domaine des droits de l'homme.
En vertu de la Constitution slovène, chaque individu dans le pays se voit garantir le droit de conserver et de développer sa propre identité ethnique et sa propre culture ainsi que le droit d’utiliser sa propre langue. La Constitution prévoit en outre un ensemble de droits collectifs et individuels particuliers pour les minorités nationales italienne et hongroise ainsi que pour la communauté rom. Pour ce qui est des Roms, un programme spécial du Gouvernement slovène met l’accent non seulement sur l’assistance à leur accorder afin de répondre à leurs besoins spécifiques mais aussi sur la suppression des préjudices et préjugés dont ils continuent d’être victimes. Bien que la protection de ces minorités aille bien au-delà des normes universelles et régionales en vigueur, la Slovénie s’efforce de trouver les moyens qui permettraient de faire face à d’autres situations auxquelles la société slovène actuelle est confrontée, notamment en ce qui concerne les prétendues nouvelles minorités issues des migrations économiques, des réfugiés et des requérants d’asile.
Il convient de mettre particulièrement l’accent sur la nécessité de combattre le racisme et l’intolérance en ayant recours à des activités d’éducation. Le Gouvernement slovène a décidé de reconnaître la compétence du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale pour recevoir des communications émanant d’individus qui se plaignent d’être victimes d’une violation de l’un quelconque des droits énoncés dans la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Cela devrait permettre d’améliorer encore davantage le système de protection des droits de l'homme au niveau national. La mondialisation est un processus qui n’est pas sans conséquences sur les affaires nationales. L’intervention humanitaire a incontestablement affecté des notions telles que la souveraineté nationale. Si ce type d’intervention a permis de secourir des minorités et des groupes défavorisés, il a également mobilisé des groupes anti-mondialistes qui, souvent, sont partisans de la perpétuation ou de la restauration d’un ordre ancien. Nous n’avons pas suffisamment étudié ces nouvelles évolutions ni leurs résultats positifs comme négatifs. C’est peut-être là que se situe le principal défi de notre époque. Ces dernières années, la région de l’Europe du Sud-Est a été marquée par la haine engendrant les pratiques les plus odieuses basées sur l’idée de supériorité d’une nation particulière. Pour asseoir la stabilité et la prospérité de la région, il faudrait adopter une approche privilégiant la gestion de la diversité qui tienne pleinement compte de la variété ethnique, culturelle et religieuse de la région.
M. RENATO RUGGIERO, Ministre des affaires étrangères de l’Italie : En adoptant la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, l’Italie était convaincue que les atrocités de la deuxième Guerre mondiale ne se reproduiraient plus. En dépit de grandes avancées technologiques et de la conquête de l’espace, réalisées au cours de plus de 50 ans, nous sommes encore confrontés à la persistance et la résurgence des violations de toutes sortes. Le fait que Durban ait été choisie pour accueillir la Conférence contre le racisme est à la fois un hommage et un acte de gratitude à l’Afrique du Sud et à son Président Thabo Mbeki que l’Italie a eu le plaisir de recevoir en juillet dernier.
L’expérience historique de l’apartheid fondé sur la supériorité d’une race par rapport à une autre a adressé un avertissement clair au monde et lui a appris une leçon importante. A cet égard, l’Italie rend un hommage sincère au peuple sud-africain pour sa lutte inlassable et aux nombreuses personnes qui ont sacrifié leur vie pour vaincre l’apartheid, en particulier M. Nelson Mandela.
Cette Conférence nous offre l’occasion historique de tirer des leçons du passé et de formuler des propositions concrètes pour l’avenir. Ce n’est que par un équilibre de ces besoins qu’il nous sera possible d’achever ce processus et de montrer que la volonté politique sera nécessaire pour jeter les bases de nouvelles normes de respect mutuel et de solidarité avec nos semblables.
Comme l’Union européenne l’a fait à plusieurs reprises, l’Italie lance à nouveau un appel pour que la négociation prévale sur la violence et le chaos dans plusieurs régions du monde.
M. ANIL K. GAYAN, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale de Maurice : De par son symbolisme, la lutte victorieuse menée par le peuple sud-africain pour venir à bout du système raciste de l’apartheid, mais surtout pour dépasser les souffrances du passé et s’engager sur la voie de la réconciliation. Le modèle sud-africain n’a pas d’équivalent et devrait être pris comme exemple dans le Programme d’action qui sera adopté ici. La Conférence doit admettre que l’ampleur de l’esclavage et de la Traite a eu des conséquences désastreuses et durables pour l’Afrique, et elle doit reconnaître qu’il constitue un crime contre l’humanité. La colonisation a également été destructrice des valeurs traditionnelles et des structures sur le continent.
Il est important que, ici à Durban, nous condamnions le racisme sous toutes ses formes, nous envisagions des politiques de nature à lutter contre la discrimination contre les femmes, les minorités et les autres groupes vulnérables. Alors que la mondialisation prend racines, un nombre de plus en plus important d’individus deviennent des migrants du travail et ils méritent la protection des Etats qui les accueillent. Maurice est un pays qui a subi à la fois l’esclavage et le travail forcé mais nous sommes néanmoins fiers d’être une société multiculturelle. Tous les pays devront, à la fin de cette Conférence, mettre en œuvre les mesures adoptées ici et veiller à leur suivi. Afin de promouvoir la dignité et l’égalité des hommes, il importe de réaffirmer la nécessité de promouvoir la tolérance. La communauté internationale doit s’engager à promouvoir la justice, l’égalité et la solidarité et admettre également que l’esclavage, la colonisation et leurs séquelles sont les causes directes de l’extrême condition de misère et de pauvreté du continent africain.
Mme KAREN JESPERSEN, Ministre de l’intérieur du Danemark : Au cours des 150 dernières années, le Danemark s’est efforcé de promouvoir une société démocratique basée sur la primauté du droit et sur les droits de l'homme et dotée d’un système de sécurité sociale basé sur la solidarité et la participation de tous les membres de la société. Une mesure telle que celle consistant à assurer la gratuité de l’éducation primaire constitue sans doute le meilleur moyen de surmonter les préjugés et de promouvoir la tolérance et la compréhension entre les peuples, en particulier lorsqu’elle s’accompagne d’un système social basé sur le partage et l’égalité des chances pour tous. Nous ne ménagerons aucun effort pour assurer que ces valeurs fondamentales soient reflétées dans le programme d’action qui sera adopté à l’issue de cette Conférence.
Pour le Gouvernement danois, la solidarité est un important concept qui devrait émerger de la Conférence de Durban. Pour renforcer ce concept, la promotion de la coopération entre pays développés et pays en développement constitue incontestablement un outil essentiel. Les efforts de coopération aux fins du développement déployés par le Danemark sont particulièrement orientés vers l’éradication de la pauvreté.
Le racisme et la discrimination raciale se manifestent dans de nombreuses régions du monde, y compris au Danemark. Quelle que soit la forme qu’elles prennent, les manifestations de racisme et de discrimination raciale ne doivent pas être prises la légère. Le Danemark offre une protection aux réfugiés sont animés d’une crainte bien fondée d’être persécutés sur la base de leur origine raciale ou ethnique. Il est inacceptable que des individus soient ainsi acculés à quitter leur pays d’origine. Aussi, est-il essentiel de faire en sorte que les pays d’origine respectent les droits de l'homme fondamentaux, y compris la liberté religieuse. Afin de renforcer la lutte contre la discrimination et le racisme dans le pays, le Danemark entend se doter prochainement d’un nouvel organe de promotion de l’égalité de traitement pour tout individu, quelle que soit son origine raciale ou ethnique.
Il faut que la présente Conférence mondiale se penche sur les diverses formes de discrimination, y compris celles fondées sur la religion ou l’ascendance. Les femmes et les fillettes étant particulièrement affectées par plusieurs formes de discrimination à la fois, il faut que notre programme d’action contre le racisme intègre une perspective sexospécifique.
M. PALL PETURSSON, Ministre des affaires sociales de l’Islande : Nous ne devons pas oublier que personne n’est né raciste. Le racisme est un état d’esprit qui naît chez un nombre considérable de jeunes par des attitudes auxquelles les adultes les exposent, à fois de manière consciente et inconsciente. C’est pourquoi, j’estime qu’il est extrêmement important d’essayer d’encourager une attitude de tolérance chez les enfants dès leur très jeune âge. Nous devons essayer de saisir les opportunités que les écoles maternelles offrent pour sensibiliser les enfants à la diversité et à l’idée qu’aucune religion n’est supérieure à une autre. Il est important également que les nouveaux immigrants soient en mesure de préserver leur propre culture tout en l’adaptant à leur nouveau pays. Il faut donner la possibilité à leurs enfants de pratiquer leur langue maternelle, car cela doit leur donner une image de soi positive et leur permettre de mieux s’adapter dans le nouveau pays. Jusqu’à une date récente, l’Islande était une société homogène à cet égard, mais la situation change actuellement et le nombre d’étrangers s’accroît. Dans le cadre d’une campagne de lutte contre le racisme, l’Islande a décidé de publier dans plusieurs langues un fascicule concernant les droits et obligations sur le marché du travail, la santé et la sécurité au travail.
M. MOHAMMED BIN NUKHAIRA AL DAHRI, Ministre de la justice des Emirats arabes unis : Nous voudrions saisir cette occasion pour rendre hommage au sacrifice consenti par le peuple sud-africain pour mettre fin au régime perfide de l’apartheid. Les religions révélées ont affirmé le caractère sacré de la dignité de l’homme et combattu toutes les théories racistes qui prétendraient ou légitimeraient la domination d’un peuple sur un autre. L’Islam a fait la guerre à toutes les formes et à toutes les théories de discrimination et de supériorité raciale et sociale. Les Emirats arabes unis ont établi les structures légales et juridiques pour lutter contre la discrimination et préserver les droits économiques, sociaux et culturels de chacun. Notre pays accorde une importance particulière aux droits des travailleurs migrants, notamment leur droit à l’éducation et la protection sociale. Notre législation et nos institutions garantissent par ailleurs l’égalité entre les femmes et les hommes, notamment devant le travail.
Malgré les efforts de la communauté internationale au cours des dernières décennies pour éradiquer le racisme, les pratiques racistes existent toujours et font des millions de victimes. Il est donc important pour cette Conférence de se pencher sur les conditions de toutes ces victimes d’actes racistes, à commencer par le peuple palestinien. L’occupation est une des formes les plus ignobles de discrimination et de déni des droits fondamentaux et les pratiques israéliennes sur les populations palestiniennes et arabes doivent être condamnées. Nous exhortons cette Conférence à mentionner dans sa Déclaration les violations dont sont victimes les populations palestiniennes et à réaffirmer le droit de ce peuple à la liberté, à la dignité et à l’autodétermination. Le document final de cette Conférence de Durban ne peut être discriminatoire envers qui que ce soit et quelque peuple que ce soit si l’on veut lui assurer un succès et lutter efficacement contre le racisme.
M. KAMAL KHARRAZI, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran : Mon pays, qui a eu le privilège d’accueillir la Conférence régionale asiatique pour la Conférence mondiale, réaffirme que son engagement en faveur de la lutte contre le racisme s’inspire des principes coraniques d’égalité et de fraternité ainsi que des nobles objectifs consacrés par la Constitution. La foi et le respect dans la diversité de l’humanité sont profondément ancrés dans la culture iranienne, assurant tant le respect des identités différentes que des valeurs communes qui rapprochent les membres de la société. La société humaine a tiré de grandes leçons des tristes expériences qui ont marqué le dernier millénaire. Ces expériences ont davantage renforcé la ferme détermination de l’humanité de faire tout son possible pour épargner à ce présent millénaire les injustices et les inégalités du précédent. Bien que lentement, la communauté internationale a commencé à adopter un nouveau paradigme en faveur de l’inclusion et du dialogue entre les civilisations. La proclamation de l’Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations à l’initiative du Président Khatami ainsi que d’autres développements sur la scène internationale nous donne un aperçu des éléments d’un possible nouveau paradigme.
Le respect de la dignité humaine et des droits des peuples, indépendamment de leur race, couleur, origine –nationale ou ethnique– sont parties intégrantes des principes fondamentaux de toutes les religions et civilisations. Bien qu’il persiste des vestiges de racisme et l’émergence de ses nouvelles formes et manifestations à l’aube de ce nouveau millénaire constitue une grave et profonde préoccupation pour la conscience de l’humanité.
La Conférence devrait accorder une haute priorité à la reconnaissance des injustices et souffrances subies par les Africains et les descendants d’Africains ainsi qu’à l’adoption de mesures concrètes pour réparer leurs préjudices. La condition sine qua non des mesures compensatoires est l’engagement des Etats à s’abstenir sérieusement de toute action qui prendrait d’autres formes de colonialisme ou d’exploitation à l’encontre de leurs anciennes colonies. Une des tâches importantes qui incombent à la Conférence est d’identifier les formes contemporaines et manifestations de racisme et de discrimination raciale. Aujourd’hui, la manifestation la plus cruelle du racisme institutionnalisé est le sionisme. Quelle autre forme de racisme peut viser à déraciner un peuple entier de ses terres, le contraindre à la diaspora, tenter à détruire son identité, massacrer de nombreux Palestiniens innocents et détruire des villages entiers tout en construisant des colonies de peuplement juives? Ces pratiques menées à l’encontre des Palestiniens par Israël montrent bien que le sionisme soit une politique raciste. Le rejet du sionisme ne devrait en aucun cas être assimilée à une attaque contre le judaïsme ou contre le peuple juif. L’antisémitisme et l’oppression du peuple juif en Europe au cours de la Deuxième Guerre mondiale doivent être rejetés de la même façon que l’islamophobie, l’anti-arabisme et les pratiques contre les Palestiniens. Ce qui a été commis à cette époque en Europe ne doit en aucun cas justifier les 50 ans d’atrocités sionistes à l’encontre des Palestiniens.
La Conférence mondiale doit répondre de manière claire à cette forme contemporaine de racisme. Nous trouvant ici en Afrique du Sud, nous nous sommes tous souvenus des liens étroits et des similitudes entre l’apartheid et le sionisme, y compris dans leurs formes d’alliance. L’Iran est convaincu que le modèle démocratique de transition en Afrique du Sud peut s’appliquer à la Palestine en vue d’instaurer la paix et la justice. Un règlement démocratique du conflit en Palestine exige le retour de tous les Palestiniens à leurs terres, suivi d’un référendum auquel participeront tous les vrais habitants de Palestine qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans pour déterminer leur avenir.
Concernant la réparation, l’Iran estime que les injustices historiques infligées aux victimes du racisme et de la discrimination raciale devraient être reconnues internationalement et la responsabilité de ces injustices imputée à leurs auteurs. Les atrocités devraient être qualifiées de crimes contre l’humanité et leurs auteurs traduits devant des tribunaux compétents. En outre, il faudrait établir des mécanismes internationaux pour enquêter sur les pratiques du passé et sur leurs auteurs afin d’indemniser les victimes de brutalités.
M. JULI MINOVES-TRIQUELL, Ministre des affaires étrangères de la Principauté d’Andorre : L’éducation aux droits de l’homme est la responsabilité de tous les Etats et une responsabilité que l’Andorre assume totalement. Très bientôt, si possible lors de la Session extraordinaire sur les enfants qui se tiendra en septembre à New York, nous avons l’intention de signer la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965.
Nous sommes rassemblés ici pour essayer de mettre fin à ce fléau terrible et cependant tellement humain qui semble avoir infecté notre histoire. Quand nous regardons en arrière, nous voyons que le racisme a toujours existé. Nous pouvons remonter le temps de l’apartheid, ici en Afrique du Sud, jusqu’au sort tragique fait aux Juifs et aux Roms jusqu’au vaste système de l’esclavage qui a permis la colonisation des Amériques au prix de la mort et du massacre de ses peuples autochtones. Mais jusqu’où devons-nous remonter le passé? Les terribles guerres de l’Afrique pré-coloniale sont-elle des actes xénophobes? Les campagnes des premiers empereurs de Chine étaient-elles racistes? Doit-on inclure les Cathares qui se sont opposés à l’église catholique au 13e siècle et furent systématiquement anéantis au cours de guerres menées tout près de chez moi?
Je soulève cette question parce que, pour autant que nous voulions que cette Conférence s’occupe du présent, nous ne pouvons séparer le racisme de son passé. Ce n’est qu’en comprenant l’histoire, la terrible histoire de l’intolérance, que nous pourrons complètement nous libérer de son emprise. Je veux m’en tenir à l’idéalisme du cri de Miranda dans La Tempête «Oh Brave monde nouveau…»; si nous devons survivre et pardonner, nous devons réaliser comme Shakespeare que le monde est toujours nouveau, qu’avec chaque changement de saison, chaque révolution du globe terrestre, il prend un nouveau départ.
M. JOSEPH PHILIPPE ANTONIO, Ministre des affaires étrangères d’Haïti : L’objectif que se fixe la Conférence de Durban ne sera atteint que si nous partons sur des bases solides en rétablissant la vérité historique. Ainsi, les erreurs, atrocités et crimes passés commis en relation avec les pratiques du racisme, de la traite des esclaves et du colonialisme doivent être reconnus, dénoncés, analysés et condamnés pour que jamais plus ils ne se reproduisent. En faisant référence à ces faits, qui ont été à la base d’un système et d’un régime de ségrégation raciale qui avaient pour objectifs la recherche du profit et la puissance hégémonique, la délégation d’Haïti n’a nullement l’intention de faire le procès de qui que ce soit, nation ou institution. Elle estime cependant, à l’instar de nombreuses autres délégations, que c’est un devoir de mémoire de ne pas passer sous silence ces tragédies qui ont souillé l’histoire de l’humanité. La traite des Noirs et l’esclavage constituent donc un crime contre l’humanité. La délégation haïtienne respecte toutes les initiatives tendant à cette reconnaissance, notamment l’adoption par la France d’une loi en mai dernier. Haïti, qui célébrera en 2004 le bicentenaire de son indépendance, soutient l’idée d’une reconnaissance pleine et entière des injustices historiques liées à la traite des Noirs, à l’esclavage et au colonialisme. Au nom des victimes des quatre siècles de violations massives des droits de l’homme, des excuses publiques sont nécessaires sinon, nous passerions à côté de ce rendez-vous historique.
A l’instar du Saint-Siège, Haïti souligne l’obligation morale pour les pays riches d’aider les pays en développement dont la pauvreté est due aux dommages causés par l’esclavage et le colonialisme. Un système international d’indemnisation aux fins de développement devrait être institué, qui serait orienté vers une ouverture des marchés internationaux aux produits des pays ayant connu la traite, l’esclavage et le colonialisme. Ce système devrait également prévoir une augmentation de l’aide publique au développement, une annulation de la dette des pays concernés, en particulier les pays les moins avancés ainsi que la création d’un fonds pour l’éducation.
Mme JAMILETH BONILLA, Ministre de l’action sociale du Nicaragua : Il est essentiel que la Conférence de Durban aboutisse à la formulation de recommandations concrètes permettant d’accroître l’efficacité des activités menées par les Etats en vue de combattre le racisme et la discrimination raciale dans le monde entier. Tous les Etats se doivent de renforcer leurs structures de gouvernement et d’y introduire les changements institutionnels nécessaires afin d’éviter que ne se manifestent les multiples formes que peut revêtir la discrimination.
Les principes fondamentaux de la Constitution du Nicaragua s’opposent à toute forme d’exploitation, de discrimination et d’exclusion, l’Etat se voyant attribuer la responsabilité de promouvoir le développement humain de chaque Nicaraguayen. La Constitution reconnaît l’existence des peuples autochtones de la Côte caraïbe nicaraguayenne, lesquels jouissent de droits et de garanties permettant notamment de préserver leur identité culturelle. Dans le cadre des efforts stratégiques qu’il déploie afin de répondre aux besoins fondamentaux de plus démunis, le Nicaragua s’efforce d’assurer l’intégration de la population en situation de vulnérabilité et d’exclusion sociale. En tant que signataire de l’Alliance centraméricaine en faveur du développement durable, le pays a fait sien le principe de respect de la diversité ethnique et culturelle de la région. Le développement socioculturel est essentiel pour surmonter la pauvreté. Le Gouvernement nicaraguayen reconnaît qu’en dépit de toute une série de garanties prévues par ce pays afin d’assurer la jouissance et le respect des droits de l'homme, les groupes de population appartenant aux ethnies et communautés autochtones sont, dans leur grande majorité, confrontés à la pauvreté. C’est pourquoi le Gouvernement s’efforce, dans le cadre de sa politique sociale, de mettre en œuvre des programmes de développement socioéconomique destinés à assurer la préservation de l’environnement de ces groupes, leur développement humain durable ainsi que leur intégration pleine et entière au système socioéconomique du pays.
Le Gouvernement du Nicaragua reconnaît et garantit le droit des réfugiés ainsi que le droit d’asile pour toute personne persécutée en raison de la lutte qu’elle mène en faveur de la démocratie, de la paix, de la justice et des droits de l'homme. Au Nicaragua, tous les individus sont égaux devant la loi. Il n’existe dans ce pays aucune discrimination fondée sur la naissance, la nationalité, les idées politiques, la race, le sexe, la langue, la religion, l’opinion, l’origine, la situation économique ou la condition sociale.
Il faut espérer que les débats au sein de la présente Conférence de Durban nous aideront à mieux nous orienter dans les actions que nous devrons entreprendre à l’avenir. Désormais, le Nicaragua entend mettre particulièrement l’accent sur des actions visant à renforcer les capacités des femmes en général et des femmes autochtones en particulier, dans le but de garantir la non-discrimination raciale. Le Gouvernement du Nicaragua est en train d’examiner la possibilité de ratifier le Protocole facultatif se rapportant à la convention internationale sur toutes les formes de discrimination contre les femmes.
Mme KATRIN SAKS, Ministre des affaires ethniques d’Estonie : A la suite de la migration intensive qui s’est produite entre 1940 et 1991, à l’époque soviétique, une communauté utilisant le russe comme première langue s’est développée en Estonie. Son insuffisante maîtrise de l’estonien, son peu d’intérêt à acquérir la citoyenneté estonienne, les problèmes psychologiques liés à l’adaptation socioculturelle ont coupé nombre de ses membres du reste de la société. Les Estoniens ont dû s’adapter au début des années 90 à une société qui, homogène ethniquement à 90% il y a 60 ans, est aujourd’hui composée de 33% de minorités ethniques. Ce sont là les raisons de l’élaboration et de la mise en œuvre, à la fin des années 90, de la Politique d’intégration de l’Etat estonien qui est basée sur deux principes : d’abord l’harmonisation sociale basée sur le rassemblement des groupes autour d’éléments communs tels que les valeurs démocratiques et l’identité étatique; ensuite le maintien des différences ethniques en reconnaissant et en soutenant les droits des minorités ethniques dont leurs droits culturels. L’objectif de cette politique est l’acclimatation de ces différents groupes ethniques et non leur assimilation. Selon un sondage mené en 2000, une écrasante majorité d’Estoniens de souche pensent que même des communautés ethniques très différentes peuvent vivre en bonne intelligence et coopérer.
Je viens d’un petit pays nordique où l’été est souvent plus froid que l’hiver de Durban. Je crois fermement que, quand il s’agit de promouvoir la tolérance, il n’y a pas de petit ou de grand pays. A cet égard, nous pouvons tous être grands, Etats comme individus.
M. JOSE GREGORI, Ministre de la justice du Brésil : Le Brésil, en ce qui le concerne, souffre encore des effets des inégalités engendrées par l’héritage colonial. Les inégalités dans le pays se manifestent notamment par la pauvreté, le sous-développement et même, à maints égards, par de nombreuses formes de discrimination. Le Brésil n’est pas encore le pays que nous souhaitons et que nous méritons. Nous voulons un pays exempt de toute discrimination et de tout préjugé. Une Conférence nationale s’est tenue au Brésil pour rechercher les moyens de surmonter le racisme et l’intolérance qui persistent encore dans le pays. Suite au rapport élaboré dans la foulée de cette conférence nationale, il a été décidé que des mesures de discrimination positive favorisant la promotion des Noirs et des Métis seraient prises.
Le Brésil souhaite que la déclaration et le programme d’action qui seront adoptés à l’issue de la présente Conférence mondiale reflètent notre diversité tout en témoignant de notre engagement commun en faveur de l’éradication des fléaux du racisme et de la discrimination raciale. La condamnation d’un peuple ou d’un pays particulier n’est pas une attitude constructive si l’on veut réellement traiter les questions à l’ordre du jour. La Conférence de Durban n’est pas et ne doit pas être un tribunal. Si cette Conférence devait échouer, cette défaite et cet échec seraient beaucoup plus grave qu’on ne peut le concevoir.
Mme ELISSAVET PAPAZOI, Ministre adjointe chargée des affaires étrangères de la Grèce : Il est fort symbolique que cette Conférence soit organisée en Afrique du Sud, un pays qui est parvenu à une transition pacifique grâce à la réconciliation nationale. Nous saluons ici l’action héroïque de Nelson Mandela et de Frederick De Klerk qui sont parvenus à mettre ce pays sur la voie de la paix et du développement ainsi que rendre hommage à Govan Mbeki, un des héros les plus célèbres de la lutte contre l’apartheid. Les mesures qui seront adoptées au cours de cette Conférence devraient avoir une portée universelle, elles devraient se pencher sur l’aspect spécifique des certaines formes de racisme dans certaines régions et dans certains pays. Aucune lutte contre le racisme ne saurait être efficace sans éliminer d’une part les causes idéologiques mais aussi les menaces à la stabilité sociale que sont la pauvreté et la misère. Il est important que la communauté internationale soutienne la Nouvelle Initiative pour l’Afrique afin de soulager les souffrances de ces peuples.
Aucun pays du monde n’est exempt de réflexes racistes, en particulier dans un monde qui est en proie à la violence organisée, aux trafics de drogues, aux trafics d’armes qui sont des causes de propagation des réflexes racistes et identitaires et des sources de conflits. L’Europe est parvenue pour sa part à bâtir un modèle d’intégration basé sur la démocratie, le respect des droits élémentaires des populations et l’égalité des chances. La Grèce est un pays d’émigration et d’immigration et s’efforce d’appliquer des règles protégeant les droits de ces populations.
Je tiens maintenant à évoquer la situation de Chypre où un Etat occupe militairement la partie septentrionale du territoire simplement parce qu’elle abrite une minorité chypriote turque. La prochaine intégration à l’Union européenne permettra à Chypre de se développer dans son unité. S’agissant du Moyen-Orient, la Grèce est prête à contribuer à la reprise du processus de paix. Je tiens enfin à rappeler que «xénophobie» est un mot grec qui signifie la crainte de l’étranger et propose que notre combat consiste à le remplacer définitivement par son opposé, la «philoxénie».
M. LAKSHMAN JAYAKODY, Envoyé spécial du Président de la République du Sri Lanka : La mondialisation des forces économiques et sociales résultant par une mobilité de personnes sans précédent a créé une fois de plus des situations dégradantes pour les êtres humains. Le racisme et l’intolérance sont tels qu’ils nous forcent à examiner de manière approfondie nos systèmes pour éviter que les situations négatives ne se reproduisent plus et pour améliorer ce qui est positif. Il nous faut reconnaître les injustices et les erreurs. Pour cela, il faut d’une part nous repentir et réparer, et d’autre part, prendre des mesures concrètes pour l’avenir. Nous souhaitons faire de ce siècle un siècle d’espoir et de réconciliation tout en évitant de commettre des erreurs pour le bien de nos générations futures. La diversité ethnique qui caractérise le pays depuis plus de 2 000 ans a permis au Sri Lanka de mieux comprendre l’importance et la contribution que l’autre peut faire pour améliorer la société. Convaincu que la stabilité sociopolitique prévient les préjudices ethniques et contribue à un meilleur développement de sa société et de son économie, le Sri Lanka a créé un ministère chargé des affaires ethniques et adopté une politique d’intégration nationale ainsi qu’un mécanisme au sein duquel différents groupes ethniques oeuvrent ensemble tout en préservant leur identité. Cette politique offre un cadre pour l’unité dans la diversité en accordant un espace propre à chaque groupe ethnique qui permet à la fois le respect de la différence et la création de mécanismes pour une interdépendance étroite. Ayant reconnu que les affrontements ethniques provoqués par des groupes extrémistes exigent des solutions politiques, le Gouvernement du Sri Lanka est déterminé à parvenir à un règlement qui renforce et assure la sécurité de toutes les communautés minoritaires. En appui à ces efforts visant à surmonter et à rejeter les idéologies ethnocentriques et les égoïsmes, il faut l’assistance de la communauté internationale.
Mme CAROLE BELLAMY, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance : Nul n’est plus vulnérable qu’un enfant confronté aux monstrueux effets du racisme, de la discrimination et de l’intolérance. Leurs effets diffus portent atteinte aux droits des enfants à la survie, au développement et à l’accomplissement de leur plein potentiel. C’est pourquoi les enfants doivent être, presque par définition, un thème central de cette conférence. Elle n’aurait pas pu se tenir à un meilleur moment. Dans moins de trois semaines, plus de 70 chefs d’Etat et de gouvernement se réuniront à New York pour la plus grande réunion internationale en plus d’une décennie, la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les enfants. En raison de l’action politique menée au plus haut niveau, le monde a assisté à des progrès considérables dans le domaine de l’enfance, que ce soit dans la prévention des maladies et la lutte contre la malnutrition ou dans l’amélioration de l’accès à l’éducation. Le résultat est que trois millions d’enfants de plus survivront en 2001 par rapport à 1990. La Convention sur les droits de l’enfant, fondée sur le principe de la non-discrimination, est devenue l’instrument des droits de l’homme le plus ratifiés. Ce sont des progrès inimaginables il y a un demi-siècle. Et pourtant des millions d’enfants continuent d’être marginalisés et de se voir refuser leurs droits aux services sociaux élémentaires. C’est pourquoi nous espérons que les dirigeants présents à cette Conférence, comme ceux de la Session extraordinaire, prendront une nouvelle série d’engagements en faveur des enfants. En les honorant, nous devons construire un monde qui soit fait pour tous les enfants. C’est dans ce but que l’ancien président Nelson Mandela et Gracia Machel, l’ancienne Ministre de l’éducation de Mozambique, se sont personnellement impliqués dans la mise en place d’un partenariat mondial de dirigeants basé sur la reconnaissance d’un fait fondamental : si nous voulons un monde plus juste, plus équitable et plus équitable, nous devons investir dans les enfants dès maintenant.
M. JUAN CARLOS APARICIO PEREZ, Ministre du travail et des affaires sociales de l’Espagne : L’Afrique du Sud est le lieu idéal pour envoyer au monde un message de tolérance, de solidarité et de paix. Nous sommes conscients qu’il faut reconnaître la pluralité et la diversité de nos sociétés et de nos peuples pour prévenir les actes racistes et la discrimination. L’Espagne est un des modèles de pluralité en Europe grâce aux échanges historiques et aux flux migratoires du passé. Il faut bien admettre que, dans le monde d’aujourd’hui, la discrimination et le racisme progressent, menacent la paix internationale et compromettent les fondements démocratiques basés sur la tolérance. L’Espagne souhaite apporter sa contribution à cette Conférence afin que l’on surmonte les obstacles posés par le racisme. La marginalisation et la discrimination sociale dont pâtissent nos sociétés doivent nous pousser à oeuvrer ensemble pour promouvoir les principes d’égalité et de dignité. Nous sommes partisans d’un engagement sans condition en faveur de la défense des droits de l’homme. Notre pays s’est doté d’une loi qui garantit l’égalité réelle des personnes et nous poursuivrons actuellement la mise en place d’institutions qui garantiront les droits des minorités et des populations les plus vulnérables. Il est indispensable que cette Conférence suscite des efforts dans le monde entier pour prendre des mesures contre le racisme. Elle doit être un jalon et les Etats doivent continuer à collaborer entre eux et aspirer à un monde qui admette les conséquences des injustices du passé pour chercher la voie de la réconciliation, de la paix et du progrès pour l’avenir.
M. ABDUL SATTAR, Ministre des affaires étrangères du Pakistan : Depuis son indépendance, le Pakistan a pris un certain nombre de mesures destinées à protéger et à promouvoir l’égalité et la tolérance au niveau international comme à l’intérieur du pays. La Constitution pakistanaise interdit toute discrimination fondée sur la race, la religion ou l’appartenance à une caste. La Constitution impose à l’Etat l’obligation de protéger les droits légitimes et les intérêts des minorités, y compris du point de vue de leur représentation adéquate au sein des services fédéraux et provinciaux. À cet égard, des mesures de discrimination positive ont effectivement été mises en œuvre parmi lesquelles on peut citer les sièges réservés aux minorités au sein des assemblées fédérales et provinciales ainsi qu’au sein des conseils urbains et ruraux.
Le racisme et la discrimination raciale furent des inventions des puissants. Les puissances coloniales se sont en effet abritées derrière des slogans tels que le devoir de civilisation ou le destin manifeste pour justifier l’esclavage, la domination coloniale et l’exploitation auxquels elles se sont livrées. On ne peut revenir sur le passé. Il n’en demeure pas moins que les cicatrices laissées par les profondes blessures du passé ne disparaîtront pas par la seule vertu du temps, pas plus que ne saurait suffire la contrition verbale. Une mesure de restitution s’impose par le biais d’une action concrète de réparation des dommages économiques, sociaux et psychologiques subis par les communautés victimes de ces pratiques.
Tout en s’efforçant de réparer les erreurs du passé, la communauté internationale ne doit pas rester complaisante face à la situation actuelle. Le racisme, la xénophobie et l’intolérance persistent. Un milliard de musulmans sont outragés par le fait que leur religion de paix –une religion empreinte d’idéaux humanistes– fasse l’objet d’une diffamation délibérée. Dépeindre la lutte du peuple palestinien pour l’autodétermination comme du terrorisme constitue une tentative délibérée, discriminatoire et inacceptable de justifier la politique de bouclage, d’assassinat, de punition collective et de colonisation de peuplement qui est imposée à ce peuple. La Conférence ne peut pas rester muette sur cette question. Il est également regrettable que, dans notre propre région, cette même tendance à présenter une lutte pour l’autodétermination comme du terrorisme se manifeste pour justifier la répression brutale que continue de subir le peuple cachemiri. Une solution à cette question est essentielle pour l’établissement de relations amicales entre le Pakistan et l’Inde.
Le Pakistan a participé d’une manière constructive aux travaux préparatoires de la Conférence de Durban. Les contributions éclairées du Secrétaire général des Nations Unies et de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme constitueront incontestablement des ingrédients essentiels pour parvenir à un résultat consensuel sur les manières et les moyens de réparer et de surmonter le fléau du racisme. Le Pakistan espère que la déclaration et le programme d’action qui seront adoptés à l’issue de la Conférence ne chercheront pas à imposer à tous des concepts et des systèmes de valeur propres à une civilisation seulement. Nous devons encourager l’harmonie dans la diversité.
Les crimes commis par le passé doivent être reconnus et une action doit être prise afin de réparer les dommages subis par les communautés humaines affectées. Le Pakistan suggère en outre que la Conférence demande au Secrétaire général des Nations Unies de désigner un groupe d’experts éminents ayant pour mandat de recommander des mesures appropriées de réparation et de restitution. Nous devons en outre garantir le droit des populations autochtones et des groupes ethniques de maintenir et d’exprimer leurs identités propres. Les droits des migrants et des expatriés de maintenir leurs identités culturelles et religieuses doivent aussi être affirmés avec vigueur. La pauvreté est une conséquence ainsi qu’une justification du racisme. Le meilleur moyen de contribuer à l’éradication du racisme est donc de réduire le fossé entre riches et pauvres, au sein et à l’extérieur des frontières nationales. La Conférence de Durban doit donc faire des recommandations concrètes concernant l’action à mener aux niveaux national et international pour promouvoir un développement économique équitable à travers le monde sur la base de la solidarité humaine.
M. WOREDE-WOLD WOLDE, Ministre de la justice de l’Ethiopie : Le racisme existe dans la société humaine depuis très longtemps. C’est un vieux démon social et politique. Par sa virulence, il a empoisonné toutes les sociétés. Son existence dans chaque société ne peut être niée mais dans chaque cas, sa propagation et ses conséquences varient en intensité. Ces variations dépendent en particulier des circonstances et de leurs manifestations. L’esclavage, le commerce des esclaves, le colonialisme et l’apartheid constituent des sources et des manifestations importantes de racisme. Ces formes atroces de racisme n’étaient pas seulement cruelles et inhumaines pour leurs époques mais étaient également les sources de manifestations contemporaines de racisme affectant des millions de personnes dans le monde. Ces formes de racisme ont privé l’Afrique de ses ressources humaines et matérielles. Elles ont contribué à l’éclatement de conflits, à l’instabilité et au sous-développement du continent africain. Pour ces raisons, il est impératif que la Conférence adopte des mesures permettant de placer ces situations historiques dans leur propre perspective. Ces mesures devraient notamment prévoir la reconnaissance et la réparation des injustices passées et un mécanisme de suivi pour leur mise en place. Il sera alors possible de rendre justice aux victimes et à leurs sociétés et de refermer les vieilles blessures.
Les manifestations contemporaines de racisme visent différents groupes dans nos sociétés. Elles affectent en particulier les populations d’Afrique et les descendants d’Africains, les migrants, les réfugiés, les demandeurs d’asile, les minorités et les populations autochtones. Il faudrait donc reconnaître que ces nouvelles formes de racisme figurent parmi les causes de marginalisation, de pauvreté, de sous-développement et de l’exclusion socioéconomique de ces groupes de personnes. L’Ethiopie compte aujourd’hui 70 groupes ethnolinguistiques. Pendant trop longtemps, la vaste majorité de ces groupes ne pouvaient exercer leurs droits de l’homme fondamentaux. Les régimes d’oppression successifs ont pris fin avec la chute en 1991 de la dictature militaire qui régnait dans le pays. Depuis cette date, l’Ethiopie consolide un nouveau système de gouvernance démocratique pluraliste fondé sur la protection et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
M. LUC RUKINGAMA, Ministre de la communication et porte-parole du Gouvernement du Burundi : Le choix de l’Afrique du Sud pour abriter cette rencontre revêt une signification pour le moins emblématique. Ce beau pays aujourd’hui très hospitalier demeurera, dans l’histoire de l’humanité, comme le paradigme le plus éloquent dans la résolution de la problématique raciale. Là où l’Afrique du Sud a réussi dans sa lutte contre l’apartheid, les autres nations du monde peuvent aussi réussir, pourvu que la volonté interne des Etats et l’appui de la communauté internationale concourent au triomphe de cet objectif. Au-delà du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance sous-jacente, nous éprouvons dans la région des Grands Lacs une série de conflits profondément et étroitement liés à l’ethnicité. Racisme et ethnicité ont pour ressort les germes de l’intolérance, de la haine et de la division. C’est pourquoi, pour y apporter un remède, il faut atteindre le cœur de l’homme et de la femme et y implanter les défenses de l’équité et de la paix au moyen d’une éducation patiente à la paix et à la réconciliation. N’est-ce pas là l’ultime objectif que doivent atteindre les différents processus de paix en cours dans la région des Grands Lacs, de Lusaka à Arusha?
Je forme le vœu que, par rapport à la thématique de cette Conférence, le recours au passé, de même que l’évocation du présent douloureux marqué par le racisme, soient un moyen destiné à fonder un monde exempt de discrimination, un monde réconcilié avec lui-même.
M. JORGE DE LA RUA, Ministre des affaires étrangères de l’Argentine : L’objectif de cette Conférence est de permettre à tous les hommes de vivre dans la dignité et le respect des droits inhérents à l’être humain. Cette conception d’un monde nouveau, que nous nous efforçons tentons d’établir ici à Durban, devra certainement surmonter d’énormes obstacles puisque l’intolérance et le racisme se nourrissent de tous les mécontentements. On ne peut pourtant pas, aujourd’hui, faire l’économie de ces injustices sociales qui sont la résultante du contexte international. Cependant, il incombe aux Etats, au-delà des valeurs essentielles de toute société, de promouvoir le respect de la dignité humaine, de ne plus tolérer l’intolérance et de développer une culture universelle. Avant la tenue de cette Conférence, des conférences régionales ont eu lieu notamment à Santiago (Chili). Pour l’Amérique latine, la Déclaration de Santiago qui est un document équilibré permettra, à n’en point douter, de renforcer la Déclaration finale qui sera adoptée ici à Durban. Il est indispensable de nous confronter à notre passé afin d’édifier l’avenir. L’Argentine, par exemple, est le fruit du changement d’une société coloniale inégalitaire vers une société qui a intégré les idéaux des Lumières et s’oriente vers une nation plurielle. Nous espérons que cette Conférence ouvrira la voie à une nouvelle ère basée sur la fin des discriminations et nous devrons désormais aborder le problème du racisme dans toutes les instances des Nations Unies.
Mme HEDY FRY, Députée et membre du Conseil privé et Secrétaire d’Etat pour le multiculturalisme et à la condition féminine du Canada : Les Canadiens sont fiers d’être aujourd’hui une nation bilingue et muticulturelle dont la population diverse bénéficie d’un haut niveau de prospérité, de tolérance et de cohésion sociale et partage des valeurs communes de compassion et de justice. De nombreux immigrants sont venus au Canada pour échapper à la discrimination, à la marginalisation et à l’exclusion. D’autres ont dû faire face à ces difficultés à leur arrivée. C’est peut-être à cause de ces expériences, de ces erreurs que nous avons faites et des leçons que nous en avons tirées, que les Canadiens ont développé une vision très forte d’une société juste, tolérante et accommodante, vision qui ne fait que commencer à se réaliser aujourd’hui.
Le cadre canadien pour l’égalité s’est incarné dans notre Charte des droits et libertés. Ce document forme la toile de fond sur laquelle se dessinent des lois comme la Loi canadienne sur les droits de la personne, la Loi sur le multiculturalisme et la Loi sur l’équité en matière d’emploi. Cependant, nous avons appris au Canada que les lois ne sont pas nécessairement les garantes d’un changement réel. Elles doivent être complétées par des programmes et des politiques qui permettront à tous les Canadiens de participer à la vie sociale, politique et économique du pays. Ces programmes et ces politiques doivent être élaborés en partenariat avec la société civile. Les questions qui touchent les peuples autochtones sont un des points sur lesquels nos consultations ont mis le plus l’accent. Bien que la qualité de vie des communautés autochtones s’améliore, nous demeurons préoccupés du fait que les conditions de vie y soient encore bien au-dessous de celles dont jouissent les autres Canadiens. Le Gouvernement a pris l’engagement de collaborer avec les peuples autochtones dans leurs efforts pour bâtir un avenir meilleur pour eux-mêmes et leurs communautés. Cette Conférence doit être l’occasion d’un examen de conscience national et planétaire. Cette Conférence est une occasion de développer des stratégies efficaces, pertinentes et universelles pour éliminer à la racine la cause des conflits. Nous sommes ici parce que nous croyons que le dialogue est la clé de la compréhension, et que la compréhension est le premier pas vers la recherche d’une base commune qui nous mènera au respect mutuel et à la coexistence pacifique. Par ailleurs, les nouvelles technologies de communication, comme l’Internet, sont aujourd’hui utilisées pour propager la haine. Notre défi est d’éliminer ces messages de haine tout en préservant les droits fondamentaux à la libre expression et à la liberté d’association. Il faut que la vision de paix, de dignité et de réconciliation et non la division soit l’héritage laissé par Durban.
M. SLAHEDDINE MAAOUI, Ministre délégué auprès du Premier ministre de la Tunisie, s’exprimant au nom du Président de la république tunisienne : Tout en louant les efforts sincères déployés par l’Organisation des Nations Unies et toutes les autres parties participantes en vue de faire front contre les différents aspects du racisme et de l’intolérance et d’édifier un monde dans lequel coexistent toutes les parties en dépit de leur différence, et où règnent les valeurs de la tolérance, de la solidarité et de l’interdépendance, je souhaite que les travaux de cette conférence soient couronnés de succès de manière à concrétiser l’engagement inébranlable de la communauté internationale de lutte contre les différents aspects de la discrimination et de la haine.
Nous considérons que la propagation du phénomène de la violence contre les étrangers que connaissent certaines sociétés, aujourd’hui, est organisée et nourrie par des mouvements extrémistes ayant un mobile raciste. Nous considérons également que l’extension des conflits ethniques armés, la disparité flagrante des rythmes de croissance et de développement entre différentes régions du monde, la pauvreté, la maladie et l’absence de perspectives que connaissent certains peuples et qui portent des menaces de division et d’intolérance ethnique, sans compter la marginalisation que connaissent certaines sociétés et les catégories faibles, tous ces phénomènes peuvent trouver des issues de nature à attiser les sentiments d’hostilité entre les peuples et à menacer la paix et la sécurité.
Nous voudrions signaler que la région du Moyen-Orient constitue un foyer de tension en raison de la poursuite par Israël de ses politiques et pratiques agressives ainsi que de ses violations continues des droits légitimes du peuple palestinien, nonobstant les décisions de la légalité internationale et toutes les résolutions pertinentes de l’ONU.
M. MIHNEA MOTOC, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de la Roumanie : Un grand travail a été accompli durant le processus préparatoire de la Conférence mondiale contre le racisme. Des divergences d’approche subsistent sur un certain nombre de questions très sensibles telles que le passé; les catégories de victimes et les termes à employer pour parler de la situation au Moyen-Orient. Pour surmonter ces difficultés, nous devrions nous concentrer sur les questions globales relatives au racisme et à l’intolérance comme nous y invite précisément la résolution 52/111 de l’Assemblée générale. La Conférence de Durban devrait veiller à ne pas être dépassée par des différends politiques et éviter toute mise à l’index.
Cette Conférence constitue un défi ainsi qu’une opportunité unique de traiter de manière constructive les questions du passé. Aucune conférence des Nations Unies ne s’est jamais trouvée face à une demande de reconnaissance des injustices du passé aussi forte. L’esclavage, le commerce des esclaves et certains effets du colonialisme ont contribué dans une certaine mesure à l’existence des formes contemporaines de racisme et de discrimination raciale, de la pauvreté, du sous-développement, des disparités et de l’instabilité économiques. La communauté internationale se doit donc d’encourager le développement durable et de soutenir l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale ainsi que la mise en œuvre de politiques destinées à consolider la démocratie, la primauté du droit, la bonne gestion et le respect des droits de l'homme. Si nous voulons que cette Conférence fasse date dans l’histoire du combat contre le racisme et la discrimination raciale, nous devons nous concentrer sur la recherche d’un consensus s’agissant d’une déclaration et d’un programme d’action qui soient prospectifs et orientés vers l’action.
La Roumanie, pour sa part, s’efforce de promouvoir une société multiculturelle basée sur la tolérance ainsi que sur le respect de la diversité et des valeurs communes, et au sein de laquelle sont instaurées des conditions propices au développement de l’identité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse des personnes appartenant aux minorités nationales qui vivent dans le pays. Ces derniers temps, le pays est confronté à de nouveaux défis associés à la présence d’un nombre croissant de réfugiés, de requérants d’asile, d’immigrants et de victimes de trafic. La Roumanie est l’un des rares États d’Europe centrale et orientale à s’être doté d’une législation globale en matière de prévention et de sanction de toutes les formes de discrimination. Pour important qu’il soit, le cadre juridique ne saurait rester un élément isolé. C’est pourquoi le Gouvernement s’efforce de mettre en œuvre des mesures pratiques dans les domaines de l’éducation, des médias, de l’administration, de la création d’institutions et de la participation à la vie publique et politique. Étant donné l’immense influence qu’exerce l’éducation en tant que remède essentiel contre les préjugés et l’intolérance, le Gouvernement a particulièrement mis l’accent sur l’éducation des Roms. Une mesure de discrimination positive a même été prise puisqu’un système de quota a été introduit pour les étudiants roms au sein des universités et des collèges. Un département de langue rom a été créé au sein de la Faculté de philologie de l’Université de Bucarest. L’une des priorités de la présidence roumaine de l’OSCE consiste à améliorer la situation des Roms et des Sintis dans la zone couverte par l’OSCE. Du 10 au 13 septembre prochain, la Roumanie accueillera à Bucarest une conférence de l’OSCE sur le thème de l’égalité des chances pour les Roms et les Sintis dont le pays espère qu’elle offrira un cadre approprié pour trouver les moyens de mettre en œuvre la déclaration et le programme d’action qui auront été adoptés à Durban.
M. ALBERT ROHAN, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Autriche : Au moment où, il y a plus de cinquante ans, les Etats Membres des Nations Unies étaient réunis pour proclamer la Déclaration universelle des droits de l’homme, un nouveau gouvernement mettait en place une politique raciste et brutale d’apartheid dans ce pays qui nous accueille. Il y a de cela quelques années, il aurait été impossible d’imaginer qu’une telle rencontre puisse avoir lieu en Afrique du Sud mais depuis, le peuple sud-africain est parvenu à se libérer de ce système basé sur une idéologie de supériorité raciale. Nous nous réunissons ici pour réaffirmer un des principes fondamentaux contenus dans la Déclaration de 1948 et selon laquelle «les hommes naissent et demeurent égaux en droits». Malgré les mesures prises depuis 1948 pour combattre le racisme, ce fléau persiste dans le monde, de même que la discrimination et la xénophobie qui y sont sous-jacents. Afin de lutter efficacement contre le racisme, tous les pays doivent reconnaître les pratiques néfastes du passé afin de renforcer les fondements d’une ère nouvelle caractérisée par la tolérance et la réconciliation.
Pour sa part, l’Autriche a reconnu les souffrances causées par le régime National socialiste et le Gouvernement a assumé sa responsabilité morale. Nous rejetons toute tentative consistant à minimiser l’holocauste qui est une tragédie unique de l’histoire. Nous pensons que la lutte contre le racisme devrait passer principalement par l’éducation aux droits de l’homme et par la protection et la promotion des droits des minorités. Les enfants et les jeunes générations doivent être préparés à vivre dans des sociétés pluralistes et des stratégies de long terme doivent être envisagées qui associent les adultes. En Autriche, nous avons quelques programmes de sensibilisation des élèves et des étudiants et nous associons également des organisations non gouvernementales à nos programmes. La diversité culturelle est un des atouts majeurs de nos sociétés et nous sommes également sensibles à la protection des minorités dont l’apport est essentiel dans nos pays. Au-delà de cette conférence, le combat contre le racisme doit se poursuivre et nous devons nous laisser guider par la sagesse et la vision de dirigeants tels que Nelson Mandela.
Mme GRAZYNA BERNATOWICZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne : La discrimination raciale est une atteinte aux droits humains les plus fondamentaux et transforme l’être humain en objet, lui déniant sa dignité. C’est pourquoi le souci de restauration de la dignité humaine doit être au cœur des campagnes de lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance. La discrimination raciale est souvent conjuguée à une discrimination basée sur le sexe, l’âge, les conditions de santé et les conditions sociales. C’est pourquoi il importe de réaffirmer l’interdépendance et l’indivisibilité des droits de l’homme.
Protéger les droits de l’homme exige de les interpréter comme un tout, un ensemble de droits qui ne souffrent d’aucune exception. Pour notre délégation, les moyens de combattre le racisme et la discrimination raciale résident dans l’éducation, la bonne gouvernance et la mobilisation de la société civile. Il faut réaffirmer clairement que le racisme n’a aucun fondement scientifique et que cela soit enseigné aux jeunes afin de les former au respect d’autrui et à la tolérance. Cependant, au-delà des jeunes, les médias doivent également être mobilisés afin de véhiculer ce message de tolérance et de consolider les idéaux démocratiques et de bonne gouvernance qui renforceront la lutte contre le racisme. Le racisme a laissé un souvenir indélébile au continent africain et nous souhaitons et nous devons garder cela à l’esprit durant toute la durée de nos travaux et dans la Déclaration et le Programme d’action. L’Afrique du Sud a prouvé au monde que la volonté politique peut venir à bout du racisme sous sa forme la plus atroce et nous espérons que nous saurons nous inspirer de cet exemple et de cette occasion afin d’éviter de devoir convoquer une quatrième conférence.
M. OSKARAS JUSYS, Vice-Ministre des affaires étrangères de Lituanie : La décision d’organiser cette Conférence mondiale traduit la volonté de la communauté internationale de se prouver à elle-même qu’elle peut évoluer intellectuellement et moralement. Cette vision d’un progrès moral évoque deux idées : d’abord la volonté de nous débarrasser des euphémismes parfois utilisés pour dissimuler notre responsabilité. Nous devons admettre que la religion, l’ethnicité et les cultures ne haïssent pas et ne tuent pas; les individus, eux, le font. Elle évoque aussi la volonté d’apporter une réponse libérale aux problèmes qui se posent, non seulement en renforçant les structures nationales et internationales nécessaires à une véritable réconciliation mais aussi en nous engageant dans l’adoption de mesures favorisant les minorités.
La Lituanie a développé une législation anti-discriminatoire au niveau national. Dans le contexte de la réforme du système d’éducation lithuanien et en coopération avec des historiens renommés et des organisations juives, la question de l’holocauste en Lituanie a été introduite dans les manuels scolaires et dans les programmes universitaires. Un programme d’éducation national sur l’holocauste en Lituanie a été lancé en avril 2OOO dans le but d’éliminer les stéréotypes. Il s’appuie sur la coopération des autorités lithuaniennes, des ONG et des différentes fondations dans le domaine de l’holocauste et de l’histoire des Juifs lithuaniens. Le gouvernement est par ailleurs sur le point de mettre en œuvre un projet d’intégration des Roms dans la société lithuanienne. Le dialogue entre les cultures et les civilisations n’a pas pour ambition de constituer l’étalon auquel se mesurerait la rectitude morale des différentes cultures mais plutôt le chemin qui mène à l’édification d’un monde réconcilié.
M. PHONSAVATH BOUPHA, Vice-ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao : Depuis leur création, les Nations Unies ont eu pour principal objectif d’assurer la protection des droits de l'homme. Malgré les progrès enregistrés sur la voie de la justice, de nombreux peuples continuent de souffrir et de lutter pour assurer leur indépendance. La traite d’êtres humains et le travail forcé constituent en outre des formes contemporaines d’esclavage. Reconnaître les erreurs du passé devrait nous permettre de disposer de repères pour notre action future.
La République démocratique populaire lao compte plus de cinq millions d’habitants et plus de cinquante minorités ethniques. Le Gouvernement s’est toujours efforcé de prévenir toute manifestation de sentiments racistes ou haineux dans le pays. Il faut espérer que la Conférence de Durban sera constructive et se déroulera dans un esprit de solidarité.
Mme KAY PETERSON, Secrétaire parlementaire auprès du Ministre de l’immigration et des affaires culturelles de l’Australie : Nous espérons sincèrement que nous obtiendrons à Durban un résultat prometteur pour cette conférence afin qu’à terme, les différences soient considérées dans le monde comme des valeurs d’unité et non des sources de conflits. Nous reconnaissons que les formes de xénophobie et d’injustices qui sévissent aujourd’hui dans le monde sont inquiétantes. Je voudrais aussi exprimer notre profonde déception face aux violations du cessez-le-feu conclu entre Israéliens et Palestiniens mais je tiens à rappeler que Durban n’est pas le lieu où un tel débat doit se tenir, au risque de nous éloigner des objectifs de la conférence qui visent l’élimination de la discrimination et du racisme. L’Australie est et restera un pays très divers puisque mes 10 millions de concitoyens parlent plus de 150 langues et sont pour 42% d’entre eux nés à l’étranger. Nous essayons d’instaurer la justice et de promouvoir la tolérance. Nous nous penchons sur les discriminations dont sont victimes les minorités et les populations
vulnérables. Nous devons nous mobiliser pour combattre le racisme dont sont victimes les aborigènes et reconnaître qu’ils ont été marginalisés dans le passé mais notre Gouvernement s’efforce de corriger ces conditions. Nous pensons enfin qu’il est essentiel, dans le cadre de la présente Conférence, de promouvoir de bonnes législations qui préviennent le racisme et la discrimination sous toutes leurs formes.
M. SAYYID BADR BIN HAMAD AL BU SAIDI, Sous-Secrétaire au Ministère des affaires étrangères d’Oman : La façon dont le peuple de l’Afrique du Sud est parvenu à se défaire de l’injustice et du racisme pour bâtir une société multiculturelle et égalitaire a été une source d’inspiration pour de nombreux peuples du monde. Tous ceux qui sont convaincus que la justice et l’humanité peuvent triompher de l’oppression se sont trouvés réconfortés et nous tenons à saluer de nouveau ici les efforts de l’Afrique du Sud pour vaincre le racisme et la discrimination. Nous tenons également à apporter notre soutien à tous les pays africains, afin que les liens entre pays développés et pays en développement soient renforcés pour soulager les souffrances héritées d’un passé caractérisé par la discrimination raciale. La question du racisme doit être appréhendée sous sa forme sociale et économique et nous souhaitons que la communauté internationale accorde à l’Afrique les moyens d’intégrer le monde globalisé afin que ce continent puisse en bénéficier à sa juste valeur. Les inégalités socioéconomiques et la pauvreté sont à la base des réflexes identitaires, xénophobes et racistes.
Je tiens également à souligner le fait que l’égalité est un principe sacré de l’Islam et que nous respectons ce principe dans nos rapports avec les autres civilisations. En échange, nous demandons le respect et c’est pourquoi je tiens ici à déclarer que ce que fait le Gouvernement israélien est contraire aux lois internationales et que ce pays doit respecter le droit inaliénable des peuples à l’autodétermination et à l’égalité de traitement. Lorsque Israël nie le droit des Palestiniens à l’autodétermination, leur action est raciste et illégale. Nous vous appelons ici à vous joindre à notre voix pour exiger la fin de l’occupation et de l’oppression et le respect des droits des Palestiniens par Israël. Nous appuyons la reprise des négociations basées sur le respect mutuel et sur les résolutions ainsi que sur les autres instruments internationaux en vigueur.
M. ZAINUL ABIDIN MOHAMED RASHEED, Secrétaire parlementaire principal de Singapour : La Déclaration universelle des droits de l’homme est généralement considérée comme le fondement de toutes les conventions internationales sur les droits de l’homme. Depuis son élaboration, nous avons assisté à une évolution des conventions sur les droits de l’homme vers toujours plus de sophistication et de précision. L’histoire a montré cependant que des infractions à ces normes et leur non-respect continuent à se produire au sein des sociétés comme au cours des conflits. Cela suggère que le problème du racisme ne réside pas seulement dans l’absence de normes mais dans l’incapacité des Etats d’adhérer à ces normes. Ils ne sont cependant pas les seuls à blâmer. Il est plausible que quelque chose profondément ancrée dans la nature humaine empêche le racisme de disparaître entièrement. Au Kosovo, le conflit a ses racines dans des animosités religieuses et ethniques vieilles de plusieurs siècles. Il n’en existe pas moins des moyens, au niveau international et national, pour traiter le problème du racisme. La communauté internationale doit continuer à œuvrer de concert pour éradiquer ce fléau et exercer des pressions sur les Etats qui violent ces normes en toute impunité. L’Afrique du Sud actuelle est l’exemple de l’influence de la pression internationale soutenue pour éliminer l’apartheid.
Nous partageons le point de vue du Secrétaire général de l’ONU quand il dit qu’il faut soigner les blessures et non les rouvrir. Il nous faut être attentif, au cours de cette conférence, à ne pas raviver certains problèmes déjà réglés par la communauté internationale. C’est le cas de la résolution adoptée en 1975 par l’Assemblée générale de l’ONU qui assimilait le sionisme au racisme et qui a été annulée en 1991. Nous comprenons que nombreux sont ceux qui sont fortement en faveur d’un débat sur la question du Moyen-Orient pendant cette conférence. Nous sommes nous aussi atterrés par l’escalade de la violence au Moyen-Orient mais nous croyons que cette question sera mieux traitée dans d’autres forums. Le Conseil de sécurité des Nations Unies, dont Singapour est membre non permanent, a été saisi de ce dossier. Nous avons insisté pour que le Conseil aide les parties à appliquer le rapport Mitchell que les deux côtés ont accepté et qu’il soutienne les efforts diplomatiques en cours. Même si la solution au fléau du racisme n’existe pas, nous sommes convaincus que beaucoup peut être fait au niveau international et national pour œuvrer à son élimination.
M. SHIHAN MADI (Jordanie) : Le racisme et la discrimination raciale constituent un déni de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration de Vienne. Pourtant, aujourd’hui encore, le monde continue de souffrir des méfaits que constituent les violations des droits de l'homme et les souffrances dont elles s’accompagnent. Le respect de la diversité des cultures constitue la base de toute action visant à lutter contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. Il faut absolument faire en sorte que soit dissipés tous les préjugés et stéréotypes négatifs auxquels est associé l’Islam.
Les parties à la quatrième Convention de Genève sur la protection des populations civiles en temps de guerre doivent absolument protéger le peuple palestinien. Le problème des réfugiés constitue l’un des principaux problèmes auxquels est confrontée la communauté internationale. Or la Jordanie abrite environ 1,5 millions de réfugiés palestiniens, soit 41% des réfugiés inscrits auprès de l’UNRWA. Il faut par ailleurs lever le blocus imposé à l’Iraq afin de permettre au peuple de ce pays de vivre à l’abri de la faim et des maladies.
Droits de réponses
Le représentant de la Turquie, exerçant son droit de réponse, a regretté les propos de la Ministre adjointe aux affaires étrangères de la Grèce, et a rappelé que l’intervention de la Turquie à Chypre est pleinement juridique et souligné la légalité de la présence turque à Chypre qui a été reconnue à de maintes reprises, y compris par le Conseil de l’Europe. En ce qui concerne l’adhésion prochaine de Chypre à l’Union européenne évoquée par la Ministre grecque, le représentant a fait observer que l’administration chypriote grecque ne peut se joindre à une organisation à laquelle la Turquie et la Grèce ne participeraient pas conjointement.
Le représentant de la Grèce a rappelé que l’occupation illégale de la partie septentrionale de Chypre par la Turquie a été condamnée par la communauté internationale. Le Conseil de sécurité l’a jugée illégale, ce qui n’a pas empêché la Turquie de se retirer. La Turquie est seule responsable des violations flagrantes des droits de l’homme perpétrées dans la partie occupée de l’île et qui affectent aussi bien les Chypriotes grecs que les Chypriotes turcs. La Grèce soutient tous les efforts visant à assurer l’intégration de Chypre à l’Union européenne –intégration qui ne pourrait que bénéficier à tous les Chypriotes, grecs comme turcs.
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