LA NECESSITE DE DOTER LES MISSIONS DE MANDATS CLAIRS ET REALISABLES, AINSI QUE DE REGLES D'ENGAGEMENT FERMES EST DISCUTEE EN QUATRIEME COMMISSION
Communiqué de Presse
CPSD/210
LA NECESSITE DE DOTER LES MISSIONS DE MANDATS CLAIRS ET REALISABLES, AINSI QUE DE REGLES DENGAGEMENT FERMES EST DISCUTEE EN QUATRIEME COMMISSION
20001110La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de décolonisation) a achevé, ce matin, sous la présidence de M. Semakula Kiwanuka (Ouganda), son débat général consacré à létude densemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Les délégations se sont notamment fait lécho de la proposition du rapport du Groupe détude sur les opérations de paix de lONU, selon laquelle le renforcement de la capacité de maintien de la paix passe par la définition de mandats clairs et réalisables par le Conseil de sécurité, ainsi que ladoption de règles dengagement fermes. Ainsi, le représentant de Singapour a affirmé quil convient que le Conseil de sécurité soit en mesure de donner aux missions des mandats clairs, crédibles et réalisables. Pour le représentant du Bélarus, seule la mise en place dun mécanisme de consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes permettra de résoudre la question de la définition des mandats des missions et de les rendre réalisables. De son côté, le représentant de la Nouvelle-Zélande a fait valoir que le Conseil de sécurité, pour renforcer limpact des missions, se doit de les doter de mandats ambitieux du point de vue logistique et humain, tout en ajoutant que cette pratique doit saccompagner de la définition de mandats clairs, réalisables et bien définis.
Au cours du débat, certaines délégations ont également mis laccent sur limportance de renforcer le volet préventif de la capacité de maintien de la paix de lONU. A cet égard, le représentant de lUkraine a plaidé en faveur de la mise en uvre rapide dune stratégie complète de prévention des conflits, ajoutant que son pays estime que la création de centres régionaux en matière de prévention des conflits serait des plus efficaces. Le représentant du Koweït a pour sa part indiqué que sil convient de renforcer le mécanisme dalerte rapide des Nations Unies dans le cadre des missions, ce mécanisme doit également être amélioré dans le contexte de la diplomatie préventive.
Le représentant du Pakistan, soulignant limportance de sattaquer aux causes profondes des conflits, sest prononcé en faveur de la recommandation du Groupe détude présidé par M. Brahimi visant à lutilisation plus fréquente de commissions détablissement des faits et a, par ailleurs, indiqué que les missions de maintien de la paix doivent être formulées au cas par cas. Il a également fait observer que lefficacité de la capacité de gestion est la clef du renforcement du
Département des opérations de maintien de la paix. A cet égard, il sest notamment opposé à toute augmentation de leffectif du Département, telle que proposée par le Secrétaire général, et a engagé, en premier lieu, le Secrétariat à redéployer les ressources existantes afin de répondre aux besoins du Département.
Les représentants des pays suivants ont participé au débat: Ukraine, Singapour, Cuba, Koweït, Bélarus, Argentine, Tunisie, Nouvelle-Zélande et Pakistan.
La Quatrième Commission se réunira, cet après-midi, à 15 heures, pour se prononcer sur les projets de textes portant sur les points de son ordre du jour relatifs à lOffice de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient et au Rapport du Comité spécial chargé denquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de lhomme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés. ETUDE D'ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DU MAINTIEN DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS (Point 86)
Débat général
M. VSEVOLOD SOBKO (Ukraine) a félicité M. Jean-Marie Guéhenno pour sa nomination au poste de Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et la remercié pour son exposé complet, ajoutant que sa délégation appuie la pratique dun dialogue interactif entre le Secrétaire général adjoint et la Commission. Au cours de la période écoulée depuis la dernière session du Comité spécial, a-t-il poursuivi, de nombreux documents importants ont été publiés ou adoptés, et en particulier la Déclaration du millénaire et la résolution 13/18 du Conseil de sécurité. Il a rappelé que dans la Déclaration du millénaire, les dirigeants du monde entier se sont engagés à rendre lONU plus efficace dans le domaine du maintien de la paix en lui fournissant les ressources appropriées. Il a indiqué que son pays se félicite du rapport Brahimi. Il a également estimé que la tendance à la croissance des opérations de maintien de la paix complexes, nous pousse à croire que lhistoire du maintien de la paix se situe à un tournant et que nous assistons à une période où des changements qualitatifs sont nécessaires, affirmant, à cet égard, que les propositions contenues dans ces documents doivent être mises en uvre.
Réaffirmant que le maintien de la paix est indispensable à lONU, le représentant a déclaré que les opérations de maintien de la paix devraient toujours respecter les buts et principes de la Charte. Il a ajouté que lUkraine appuie le fait que le rôle du Conseil soit renforcé dans le domaine du respect de la paix et de la sécurité internationales. Il a souligné limportance de la mise en uvre le plus rapidement possible de la proposition faite par le Président ukrainien, lors du Sommet du millénaire, visant à développer une stratégie complète de prévention des conflits. A cet égard, il a expliqué que son pays estime que la création de centres régionaux en matière de prévention des conflits serait des plus efficaces. Revenant sur le rapport Brahimi, il a indiqué que lUkraine appuie la proposition visant à donner aux missions des mandats clairs et des règles dengagement fermes. En tant que pays fournisseur de contingents, lUkraine est également favorable à la proposition visant à mettre en place un plus grand nombre de consultations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes. Ceux-ci, a-t-il ajouté, doivent être consultés à tous les stades, surtout en cas dune détérioration rapide de la situation de la sécurité sur le terrain et lorsque quils en font la demande. Il a appuyé les autres mesures tendant à appuyer une plus grande transparence dans le processus de prise de décision dans la conduite des opérations de maintien de la paix. Evoquant les événements tragiques intervenus récemment en Sierra Leone, le représentant a condamné tous les actes de violence à lencontre du personnel de la paix, tout en affirmant quil convient dassurer de façon adéquate la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies. Il a rappelé que le Secrétaire général a publié un rapport sur la sécurité du personnel civil, et il a encouragé le Secrétariat à compléter ce travail par un rapport sur la sécurité du personnel militaire.
COLONEL YAP ONG HENG (Singapour) a estimé que lannée 2000 aurait dû être déclarée Année du maintien de la paix. La question la plus importante aujourdhui est de savoir si nous avons la volonté politique et le courage daméliorer linstrument le plus important qui peut nous permettre de sauver les générations futures de la guerre. Il ne doit y avoir aucun doute quant au besoin urgent de renforcer les activités de maintien de la paix des Nations Unies. Il faut tirer les leçons des missions passées, notamment la chute de Srebrenica, le génocide au Rwanda, la mission en Sierra Leone afin de sassurer que de tels échecs ne se reproduisent plus. Cest non seulement la capacité de lONU de résoudre les problèmes mondiaux en matière de paix et de sécurité qui est en jeu mais sa crédibilité même. Il convient que le Conseil de sécurité soit en mesure de donner des mandats clairs, crédibles et réalisables pour les missions. Le Conseil de sécurité doit également sassurer que les conditions sont réunies pour lexistence dune mission, notamment en terme de financement. A cet égard, il faut également que le Conseil de sécurité reçoive des informations directement du Conseiller militaire, du Commandant de la Force et du Conseiller de police civile dans les différents domaines qui les concernent.
Le Secrétariat doit être renforcé. Le rapport Brahimi a fait des recommandations visant la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix et son renforcement en terme de personnel. Il est temps dexaminer ces recommandations de près avec pour objectif de renforcer la capacité du Département à planifier et à gérer efficacement les opérations. Le Département doit fournir au Conseil de sécurité et aux pays contributeurs des informations complètes et exactes. A cet effet, le Département devrait mener des consultations régulières avec les pays contributeurs de contingents. Pour que le Département soit en mesure de répondre à ces besoins, il faut que lAssemblée générale approuve au plus tôt les demandes visant la restructuration du Département et laugmentation de son personnel. Si cela veut dire qu'il faut déroger à la règle de croissance de 0% du budget pour sassurer que ces ressources supplémentaires allouées au maintien de la paix naffectent pas le développement, ceci doit être fait. Les Etats Membres doivent faire montre dune volonté politique soutenue en fournissant les ressources financières et humaines nécessaires. Les contingents et les équipements doivent être disponibles rapidement afin de permettre le déploiement rapide et effectif des opérations de maintien de la paix. Au-delà du système des forces et moyens en attente, il convient de mettre en place à cette fin des listes de personnels civils et militaires sous astreinte. Cette recommandation du rapport doit être examinée rapidement. A cet égard, il a regretté le fait que les pays développés deviennent de plus en plus sélectifs dans les opérations de maintien de la paix pour lesquelles ils sont près à envoyer des contingents, préférant fournir des formations et des équipements aux pays en développement pour quils envoient leurs propres contingents. Sajoute à ce fait, le retard du remboursement des sommes dues aux pays contributeurs. Cela est dû au fait que des Etats Membres ne paient pas leurs quotes-parts aux ressources du maintien de la paix entièrement et à temps. Les Etats Membres du Conseil ont la responsabilité première dassumer leurs obligations financières et de fournir des contingents aux opérations de maintien de la paix. Singapour continuera à contribuer aux opérations de maintien de la paix et réaffirme que le maintien de la paix est un instrument central des Nations Unies pour maintenir la paix et la sécurité internationales.
M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a fait sienne la déclaration de la Jordanie qui a parlé au nom du Mouvement des pays non alignés. Il a remarqué que les opérations de maintien de la paix sont devenues très complexes depuis quelques années, mais s'est dit convaincu que le respect strict des principes de droit international, notamment la souveraineté des Etats, l'intégrité territoriale, l'indépendance politique des Etats et la non-ingérance dans les affaires internes, était le pilier du maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. Il n'en reste pas moins que les principes qui ont régi les opérations de maintien de la paix pendant toutes ces années, tels que l'accord des parties, l'impartialité, le non-usage de la force en dehors des cas d'autodéfense, la définition claire des mandats, restent pleinement valables et doivent être toujours appliqués. A présent, il est particulièrement important de ratifier les principes fondamentaux des opérations de maintien de la paix, à l'heure où la Charte des Nations Unies elle-même est remise en question et considérée par certains pays comme un document presque dépassé.
Le représentant de Cuba est convaincu de la nécessité de fournir à l'Organisation des mécanismes dynamiques, pour que les décisions prises soient appliquées sans délai, et croit en la capacité pour cela du système de l'Accord relatif aux forces en attente. Il a mis l'accent sur la nécessité de recruter le personnel de façon totalement transparente. En ce qui concerne les retards de paiement des pays fournisseurs de contingents, il est préoccupé par le préjudice qui en résulte pour ces pays sur un plan économique. S'agissant du Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix, il a considéré que c'est l'organe approprié pour discuter de ces questions dans tous leurs aspects, tout en rappelant le besoin d'améliorer ses méthodes de travail. Il faut aussi faire usage de tous les aspects du mandat du Comité, a-t-il suggéré. Il a aussi souhaité une véritable réforme du Conseil de sécurité car, selon lui, les pratiques antidémocratiques de celui-ci ne permettent pas de soutenir les recommandations du Comité spécial. Il a déploré que les exemples de cas où le Comité n'a pas été soutenu et a même été ignoré soient nombreux. Il a même remarqué que les débats à la Cinquième Commission, sur certaines questions relatives aux opérations de maintien de la paix, donnent souvent l'impression d'être plus profonds qu'au Comité spécial.
Les opérations de maintien de la paix ne peuvent pas être considérées en elles-mêmes comme un moyen de résoudre les conflits, a déclaré M. Dausa Cespedes. Elles n'apporteront jamais non plus de solution définitive aux problèmes économiques, politiques et sociaux auxquels le monde est confronté. Il a relevé que le système des Nations Unies dépense actuellement 3.5 dollars pour les opérations de maintien de la paix, pour chaque dollar utilisé pour les ressources fondamentales du développement. Il a rappelé la nécessité impérieuse de promouvoir un développement économique et social dans les pays du tiers monde. Dans le domaine des réformes en matière de paix et de sécurité internationales, le représentant de Cuba est convaincu que la mission des Nations Unies doit être améliorée et particulièrement le Département des opérations de maintien de la paix, car la crédibilité des Nations Unies a été remise en cause dans les expériences passées. Il a estimé que lONU doit être un outil pour établir la paix et non un acteur passif, et doit favoriser même les programmes les moins ambitieux pour maintenir la paix et la sécurité internationales. L'Organisation doit aussi appeler la conscience collective à rechercher les causes réelles des conflits et leurs sources politiques, sociales, économiques et culturelles. Enfin, le représentant de Cuba a émis l'espoir que les nombreuses questions qui se posent puissent trouver des réponses dans le débat constructif, transparent et enrichissant du Comité.
M. MOHAMMAD AL-ADSANI (Koweït) a indiqué que les opérations de maintien de la paix jouent un rôle essentiel pour atténuer et désamorcer les conflits. Cest un instrument essentiel dans le maintien de la paix qui reflète lengagement politique des Etats Membres dans le cadre de leur responsabilité collective dans ce domaine. Il a souligné limportance de la définition de mandats clairs dans leurs buts et dans leurs structures et de lengagement de tous les Etats Membres à payer leurs quotes-parts. Il a mentionné spécialement les pays du Conseil de sécurité en rappelant leur responsabilité première en la matière. Il a estimé que les consultations avec les pays qui fournissent des contingents doivent être menées à bien durant toutes les étapes des opérations de maintien de la paix. Il convient également de renforcer le mécanisme dalerte rapide des Nations Unies dans le cadre des missions et de la diplomatie préventive. Les arrangements des forces et moyens en attente doivent être renforcés tant ils contribuent à lefficacité des opérations.
Le Koweït reçoit depuis 1992 lUNICOM qui observe le cessez-le-feu entre lIraq et le Koweït. Cette mission contribue ainsi à atténuer les tensions dans la zone frontalière et les tensions dans la région tout entière. Malheureusement, a-t-il indiqué, les pratiques iraquiennes incitent à la tension et jettent le doute sur les intentions pacifiques du Gouvernement iraquien qui suscite des troubles afin de déstabiliser la région. Il a rappelé que le Koweït a adressé une lettre au Conseil de sécurité pour quil prenne les mesures nécessaires afin que lIraq respectent les résolutions pertinentes. Le Secrétaire général, a-t-il rappelé, dans son dernier rapport, a indiqué que la mission sest abstenue de faire des vols au-dessus de la zone démilitarisée en raison des menaces de lIraq. Dans ce contexte, le Koweït insiste sur la nécessité, pour la mission, de sacquitter de son mandat et pour toutes les parties de respecter leurs engagements. Il a rappelé que le Koweït assume ses obligations financières dans le cadre de cette mission et paie également ses autres contributions dans le cadre du maintien de la paix. Le Koweït garde un lien de travail étroit avec la mission et pour ce faire a procédé à la création dun bureau de liaison chargé de régler les problèmes auxquels fait face la mission. Il a remercié le Bangladesh, lAllemagne et lArgentine pour leurs contributions dans le cadre de la mission. Il a par ailleurs souligné son intention de faire tout ce qui est possible pour garantir la sécurité du personnel du maintien de la paix et appuie lensemble des recommandations du rapport Brahimi.
M. SERGEI LING (Bélarus) a indiqué que sa délégation sassocie à la déclaration prononcée par la Jordanie au nom du Mouvement des non-alignés. Il a déclaré que létude des opérations de maintien de la paix se fait actuellement sous un jour particulier, éclairée par la parution du rapport Brahimi et la Déclaration du Sommet du millénaire. Il a noté avec satisfaction le travail important réalisé par le Groupe détude sur les opérations de paix de lONU, tout en se félicitant du fait que ce Groupe ait proposé une série de mesures pour améliorer lefficacité de la capacité de maintien de la paix de lONU. Le succès de cette entreprise, a-t-il poursuivi, dépendra des décisions prises de façon générale, ajoutant quun maillon essentiel de ce processus doit être la mise en uvre dun mécanisme de consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes. Seul un tel mécanisme peut ouvrir la voie à la question importante de lélaboration de mandats réalistes et clairement définis pour les missions de maintien de la paix, a-t-il estimé. Le représentant a par ailleurs indiqué que le seul moyen de sortir de la crise à laquelle fait face le personnel sur le terrain passe par la garantie de sa sécurité. Il a rappelé la proposition du rapport Brahimi relative aux règles dengagement fermes, estimant quune telle approche ne doit pas toucher aux principes fondamentaux du maintien de la paix, à savoir notamment le consentement des parties et la règle de lautodéfense. Le représentant a informé la Commission du fait que son pays est entrain de former des contingents de militaires et dobservateurs militaires pour aider à palier le déficit de personnel de lONU dans le domaine du maintien de la paix. Il a également indiqué que le Bélarus cherche constamment à répondre à ses obligations financières en matière de maintien de la paix et compte verser, dici à la fin de lannée, une contribution de 2,5 millions de dollars au budget des opérations de maintien de la paix de lONU. MME ANA MARIA MOGLIA (Argentine) a déclaré partager lopinion de M. Guéhenno selon laquelle il est opportun de restructurer les capacités de maintien de la paix des Nations Unies. Elle sest associée à la déclaration faite au nom du Groupe de Rio. Elle a rappelé que, pendant le Sommet du millénaire, le Président de lArgentine a réaffirmé lengagement de son pays à participer au maintien de la paix. Lexpérience de lArgentine lui permet de partager les préoccupations des autres Etats Membres pour ce qui est de renforcer les opérations de maintien de la paix. Il existe une reconnaissance générale de la nécessité de réforme et une prise de conscience des lacunes du système et de la nécessité dadopter des mesures urgentes pour les combler. Elle a accueilli favorablement les conclusions du Groupe détude et a estimé quelles constituent une base valable pour renforcer les capacités de maintien de la paix des Nations Unies. Nous devons saisir ce moment politique pour avancer dans la mise en uvre de ces recommandations, a-t-elle déclaré ajoutant que leur succès dépend de la volonté des Etats Membres, notamment en termes dengagement financier. Sans lengagement des Etats Membres, les Nations Unies ne pourront pas sacquitter de leur mandat. Le travail des Etats Membres ne se limite pas à la fourniture de ressources mais aussi à être prêt à sengager dans les risques quimpliquent les opérations de maintien de la paix plus complexes. Il convient de renforcer les consultations entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents. LArgentine est consciente que le maintien de la paix est une responsabilité collective, cependant elle estime que le financement des opérations incombe principalement aux pays membres permanents du Conseil de sécurité. LArgentine souhaite que les demandes de ressources supplémentaires soient analyser en profondeur par les organes délibérants des Nations Unies et que lon se concentre sur les mesures durgence. Elle est préoccupée par la nécessité daugmenter le niveau de sécurité du personnel de maintien de la paix. Il est essentiel délaborer un plan général de sécurité dès le début des opérations. La représentante a réaffirmé lengagement de lArgentine aux opérations de maintien de la paix et au succès de la réforme convaincue que toute amélioration dans ce domaine permettra daugmenter la crédibilité de lOrganisation.
M. MOHAMED SALAH TEKAYA (Tunisie), tout en sassociant à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie, a expliqué que sa délégation voudrait sexprimer sur certaines questions dintérêt particulier. Il a notamment fait valoir que lexpansion remarquable entreprise ces derniers mois dans les opérations de maintien de la paix vient réaffirmer le rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il a ajouté, toutefois, que le maintien de la paix ne saurait se substituer à la recherche dune solution définitive aux conflits ou au traitement de leurs causes sous-jacentes. Le représentant a poursuivi en expliquant que la Tunisie partage la conviction que le renforcement de la capacité de maintien de la paix de lONU nécessite, outre la volonté politique des Etats Membres, une amélioration tant au niveau des structures quau niveau de la gestion afin de sadapter à la réalité et aux développements qui ont eu lieu ces dernières années ainsi que les ressources nécessaires. Il a mis laccent sur le fait que la question des contributions en troupes et en ressources demeure une question fondamentale dans tout le processus, soit pour la période de planification soit pour la mise en uvre rapide dune opération et son suivi. Il sagit là dune responsabilité collective de tous les Etats Membres et en particulier de ceux ayant le plus de moyens et de capacités.
Le représentant a indiqué que la Tunisie apprécie les efforts déployés par le Département des opérations de maintien de la paix en vue de faire face aux situations urgentes et compliquées qui se sont développées ces derniers mois. Il a estimé quune plus étroite coopération entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat contribue à une meilleure gestion de telles situations. Le représentant a fait valoir que les pays fournisseurs de troupes jouent un rôle essentiel dans la mise en uvre sur le terrain des mandats des opérations de maintien de la paix décidés par le Conseil de sécurité. Il a estimé que les expériences du passé appellent au renforcement et à lamélioration significative de la qualité des consultations entre le Conseil de sécurité et ces pays dès la phase de planification des nouvelles opérations et durant leur évolution, ajoutant que des consultations étroites et significatives sont de nature à améliorer les chances de succès des ces opérations. Il a déploré que les difficultés financières continuent daffecter la capacité des Nations Unies à rembourser les Etats contributeurs de troupes et déquipement, ce qui affecte la capacité, voire la volonté des pays contributeurs et particulièrement des pays en développement de participer à de nouvelles opérations de maintien de la paix. Il a conclu en affirmant que le versement par les Etats Membres de leurs contributions à temps et sans conditions permettra de résoudre ce problème.
M. TREVOR HUGHES (Nouvelle-Zélande) a remercié M. Guéhenno pour louverture et la franchise dont il a fait preuve lors de lexposé quil a prononcé devant la Commission. A cet égard, le représentant est revenu sur les thèmes visant au renforcement des opérations de maintien de la paix de lONU développés par le Secrétaire général adjoint. Il a indiqué que sa délégation y souscrit, tout comme elle souscrit aux recommandations contenues dans le rapport du Groupe détude sur les opérations de paix de lONU. Il a notamment appuyé celles visant à une augmentation des ressources consacrées au soutien fourni par le Siège aux missions, insistant plus particulièrement sur les propositions tendant à augmenter le personnel et à restructurer le Département. Cela, a-t-il fait valoir, devrait permettre daméliorer la planification stratégique. Le représentant sest, par ailleurs, associé aux pays qui ont soutenu une augmentation du financement consacré aux opérations de maintien de la paix de lONU. Il sest ainsi opposé aux déclarations sinquiétant du fait que les nouvelles ressources consacrées aux opérations de maintien de la paix le soient au détriment des activités de développement de lONU. Ces craintes nont, selon la Nouvelle-Zélande, aucun fondement. Le représentant a également souligné limportance de la planification et de la formation avancées avant le déploiement dune mission. Dans ce contexte, il sest félicité de la proposition visant à mettre en place des équipes de formation auprès des missions pendant leur déploiement, ce qui permettra de renforcer limpact de leurs opérations.
Le représentant a rappelé que la question de la sécurité du personnel est actuellement très préoccupante, tout en accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général portant sur la sécurité du personnel sur le terrain et en exprimant lespoir de voir ses dispositions mises en uvre au plus vite. Il a affirmé, répondant ainsi à une question posée par M. Guéhenno, quil convient que le Conseil de sécurité adopte des mandats ambitieux du point de vue logistique et humain, pour permettre aux missions de bénéficier déquipements adéquats et dun niveau de personnel suffisant, tout en ajoutant que cette pratique doit bien sûr saccompagner de la définition de mandats clairs, réalisables et bien définis. Rappelant, par ailleurs, que 31% de larmée néo-zélandaise participe à des opérations de maintien de la paix de lONU, principalement au Timor oriental, il a réaffirmé son appui à la pratique récente du Conseil de sécurité, notamment dans le cas de la MINUSIL et de lANUTO, qui consiste à tenir des réunions privées
permettant des échanges de vues approfondis et francs entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes. Estimant que ces réunions ont été dune grande utilité et ont permis de renforcer lefficacité des missions, le représentant a exprimé lespoir de les voir sinstitutionnaliser.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) sest associé à la déclaration faite par la Jordanie au nom du Mouvement des non-alignés. Il a rappelé que le Pakistan est lun des plus anciens et plus importants fournisseurs de contingents des opérations de maintien de la paix. Il a indiqué que 51 agents de la paix pakistanais ont payé le prix ultime pour le maintien de la paix. Il a indiqué que les opérations de maintien de la paix doivent avoir un mandat clair, une structure de commandement et de contrôle efficace et des règles dengagement fermes. Une fois quune opération est établie, lOrganisation des Nations Unies doit être sûre que le conflit est résolu avant de se désengager. Lenvironnement international exige la réévaluation de la capacité de maintien de la paix des Nations Unies pour leur donner les moyens de réduire la possibilité quun conflit éclate ou que les violences reprennent. M. Ahmad a estimé que certaines questions clefs nont pas été traitées par le rapport Brahimi. Il a rappelé quun des principes fondamentaux des Nations Unies est le maintien de la paix et de la sécurité internationales et quil recouvre la prévention des conflits, le maintien de la paix, le règlement des différends et la reconstruction post-conflit. Tous ces aspects doivent être intégrés, at-il ajouté. Il convient également de traiter les causes profondes des conflits. Le Pakistan appuie, à cet égard, la recommandation du rapport Brahimi visant au recours fréquent à des commissions détablissement des faits. M. Ahmad a par ailleurs indiqué que les missions de maintien de la paix doivent être formulées au cas par cas, en prenant en compte les causes profondes du conflit. Une attention particulière doit être accordée à la solution de conflits qui menacent la sécurité internationale, a-t-il estimé en expliquant que le conflit lié à loccupation illégale de Jammu-et-Cachemire par lInde est un de ces conflits.
Il a souligné que les mécanismes de prévention des conflits sont stipulés dans la Charte qui les envisage par des moyens pacifiques et en vertu des principes de justice et du droit international. Le Conseil de sécurité doit sacquitter de ses responsabilités à cet égard. Il a regretté le fait que le Conseil de sécurité, au lieu de sattaquer aux domaines prioritaires du maintien de la paix et de la sécurité internationales, se concentre sur des questions périphériques, tels que les droits de lhomme, le droit humanitaire et les questions socioéconomiques et de développement. Il a regretté les efforts qui sont fait pour inclure des domaines de compétence de lAssemblée générale dans le domaine de compétence du Conseil. Cela doit changer sinon cela pourrait mettre en danger les Nations Unies, at-il indiqué.
M. Ahmad a ajouté que la paix et le développement sont indivisibles et a estimé que les progrès dans le domaine du développement économique ne sont pas à la hauteur des attentes de la communauté internationale. Il a souligné limportance de se concentrer sur le développement de lAfrique, des pays les moins avancés et des petits Etats insulaires en développement. Il a estimé quil faut également renforcer la capacité de déploiement rapide des Nations Unies et que les lacunes dans ce domaine sont dues aux manques de volonté politique et de préparation du Secrétariat du point de vue de la gestion et du personnel. Il a souligné le besoin dune réaction rapide et efficace aux situations de crise, quelque soit la localisation géographique des crises.
De lavis de la délégation pakistanaise, le rôle des organisations régionales doit être limité dans le maintien de la paix et se faire dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte. M. Ahmad a indiqué quun autre aspect important est la sélectivité dans la mise en uvre des résolutions du Conseil: il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures dans la mise en uvre des résolutions. Toute sélectivité ne fait que nuire à la crédibilité du Conseil, a-t-il déclaré. Il a souligné limportance du mécanisme des consultations entre les pays fournisseurs et le Secrétariat et a estimé que larrangement actuel nest pas satisfaisant. Il a rappelé que le Pakistan a proposé la création dun groupe central spécifique à une mission qui tiendrait des consultations sur tous les aspects opérationnels. Cette proposition na pas pour but de diminuer le rôle du Conseil mais plutôt dassurer lunité daction entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Il a insisté sur le fait que la réforme du Conseil de sécurité est un exercice distinct de la réforme des capacités de maintien de la paix et a estimé quil faut se concentrer sur lamélioration des consultations entre les pays fournisseurs de contingents et le Conseil. Il a estimé que lun des éléments les plus dissuasifs au déploiement rapide des missions a été le non- paiement des contributions au maintien de la paix. Cette situation est inacceptable et doit être rectifiée, a-t-il déclaré.
Il a par ailleurs estimé que lefficacité de la gestion représente la clef du renforcement du Département des opérations de maintien de la paix qui a souffert trop longtemps dun manque defficacité. Il a notamment cité les irrégularités dans le recrutement du personnel, la redondance de certains postes et labsence de représentation des pays qui contribuent le plus. Il sest opposé à lopinion selon laquelle il faut accroître leffectif du Département et a estimé que ce qui simpose cest la restructuration et la réforme interne. Il a estimé que la demande de la création dun troisième poste de Sous-Secrétaire général est injustifiée. Il a reconnu quil faut élaborer une approche cohérente pour linformation mais a estimé que les propositions de mise en uvre du Secrétariat ne sont pas satisfaisantes. Il a appuyé la création dun Secrétariat à linformation et à lanalyse stratégique (SIAS) mais a estimé que sa forme actuelle ne lui permet pas dutiliser entièrement son potentiel. A cet égard, il a déclaré que les Nations Unies devraient avoir des experts disponibles au bon moment et quelles doivent laisser aux Etats membres la tâche détablir des listes. Il a par ailleurs estimé que le champ dactivité du SIAS doit être élargi pour inclure du personnel civil et militaire et des spécialistes des questions civiles. Il a par ailleurs insisté sur le fait que le Secrétariat doit reconnaître la nécessité de se débarrasser des unités qui sont obsolètes afin de redéployer les ressources là où sont les besoins. Il a estimé quune logistique efficace représente la clef au déploiement rapide des missions de maintien de la paix. Il a conclu en déclarant que toutes les lacunes quil a citées doivent être examinées au plus tôt par les Etats Membres pour améliorer la capacité des Nations Unies de maintenir la paix. Il a réaffirmé son engagement aux efforts de maintien de la paix des Nations Unies. Revenant sur le groupe dobservateurs militaires des Nations Unies dans lInde et le Pakistan (UNMOGIP), il a indiqué quil continue à surveiller le respect par les deux parties concernées de la ligne de contrôle mais a indiqué que malheureusement la paix en Asie du Sud reste fragile. Il a indiqué que la cause profonde du conflit entre lInde et le Pakistan est précisément la question de Jammu-et-Cachemire et a exhorté la communauté internationale daider à létablissement dune paix durable en Asie du Sud en permettant au peuple de Jammu-et-Cachemire dexercer son droit à lautodétermination.
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