En cours au Siège de l'ONU

CPSD/210

LA NECESSITE DE DOTER LES MISSIONS DE MANDATS CLAIRS ET REALISABLES, AINSI QUE DE REGLES D'ENGAGEMENT FERMES EST DISCUTEE EN QUATRIEME COMMISSION

10 novembre 2000


Communiqué de Presse
CPSD/210


LA NECESSITE DE DOTER LES MISSIONS DE MANDATS CLAIRS ET REALISABLES, AINSI QUE DE REGLES D’ENGAGEMENT FERMES EST DISCUTEE EN QUATRIEME COMMISSION

20001110

La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de décolonisation) a achevé, ce matin, sous la présidence de M. Semakula Kiwanuka (Ouganda), son débat général consacré à l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Les délégations se sont notamment fait l’écho de la proposition du rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix de l’ONU, selon laquelle le renforcement de la capacité de maintien de la paix passe par la définition de mandats clairs et réalisables par le Conseil de sécurité, ainsi que l’adoption de règles d’engagement fermes. Ainsi, le représentant de Singapour a affirmé qu’il convient que le Conseil de sécurité soit en mesure de donner aux missions des mandats clairs, crédibles et réalisables. Pour le représentant du Bélarus, seule la mise en place d’un mécanisme de consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes permettra de résoudre la question de la définition des mandats des missions et de les rendre réalisables. De son côté, le représentant de la Nouvelle-Zélande a fait valoir que le Conseil de sécurité, pour renforcer l’impact des missions, se doit de les doter de mandats ambitieux du point de vue logistique et humain, tout en ajoutant que cette pratique doit s’accompagner de la définition de mandats clairs, réalisables et bien définis.

Au cours du débat, certaines délégations ont également mis l’accent sur l’importance de renforcer le volet préventif de la capacité de maintien de la paix de l’ONU. A cet égard, le représentant de l’Ukraine a plaidé en faveur de la mise en œuvre rapide d’une stratégie complète de prévention des conflits, ajoutant que son pays estime que la création de centres régionaux en matière de prévention des conflits serait des plus efficaces. Le représentant du Koweït a pour sa part indiqué que s’il convient de renforcer le mécanisme d’alerte rapide des Nations Unies dans le cadre des missions, ce mécanisme doit également être amélioré dans le contexte de la diplomatie préventive.

Le représentant du Pakistan, soulignant l’importance de s’attaquer aux causes profondes des conflits, s’est prononcé en faveur de la recommandation du Groupe d’étude présidé par M. Brahimi visant à l’utilisation plus fréquente de commissions d’établissement des faits et a, par ailleurs, indiqué que les missions de maintien de la paix doivent être formulées au cas par cas. Il a également fait observer que l’efficacité de la capacité de gestion est la clef du renforcement du

Département des opérations de maintien de la paix. A cet égard, il s’est notamment opposé à toute augmentation de l’effectif du Département, telle que proposée par le Secrétaire général, et a engagé, en premier lieu, le Secrétariat à redéployer les ressources existantes afin de répondre aux besoins du Département.

Les représentants des pays suivants ont participé au débat: Ukraine, Singapour, Cuba, Koweït, Bélarus, Argentine, Tunisie, Nouvelle-Zélande et Pakistan.

La Quatrième Commission se réunira, cet après-midi, à 15 heures, pour se prononcer sur les projets de textes portant sur les points de son ordre du jour relatifs à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient et au Rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés. ETUDE D'ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DU MAINTIEN DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS (Point 86)

Débat général

M. VSEVOLOD SOBKO (Ukraine) a félicité M. Jean-Marie Guéhenno pour sa nomination au poste de Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et l’a remercié pour son exposé complet, ajoutant que sa délégation appuie la pratique d’un dialogue interactif entre le Secrétaire général adjoint et la Commission. Au cours de la période écoulée depuis la dernière session du Comité spécial, a-t-il poursuivi, de nombreux documents importants ont été publiés ou adoptés, et en particulier la Déclaration du millénaire et la résolution 13/18 du Conseil de sécurité. Il a rappelé que dans la Déclaration du millénaire, les dirigeants du monde entier se sont engagés à rendre l’ONU plus efficace dans le domaine du maintien de la paix en lui fournissant les ressources appropriées. Il a indiqué que son pays se félicite du rapport Brahimi. Il a également estimé que la tendance à la croissance des opérations de maintien de la paix complexes, nous pousse à croire que l’histoire du maintien de la paix se situe à un tournant et que nous assistons à une période où des changements qualitatifs sont nécessaires, affirmant, à cet égard, que les propositions contenues dans ces documents doivent être mises en œuvre.

Réaffirmant que le maintien de la paix est indispensable à l’ONU, le représentant a déclaré que les opérations de maintien de la paix devraient toujours respecter les buts et principes de la Charte. Il a ajouté que l’Ukraine appuie le fait que le rôle du Conseil soit renforcé dans le domaine du respect de la paix et de la sécurité internationales. Il a souligné l’importance de la mise en œuvre le plus rapidement possible de la proposition faite par le Président ukrainien, lors du Sommet du millénaire, visant à développer une stratégie complète de prévention des conflits. A cet égard, il a expliqué que son pays estime que la création de centres régionaux en matière de prévention des conflits serait des plus efficaces. Revenant sur le rapport Brahimi, il a indiqué que l’Ukraine appuie la proposition visant à donner aux missions des mandats clairs et des règles d’engagement fermes. En tant que pays fournisseur de contingents, l’Ukraine est également favorable à la proposition visant à mettre en place un plus grand nombre de consultations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes. Ceux-ci, a-t-il ajouté, doivent être consultés à tous les stades, surtout en cas d’une détérioration rapide de la situation de la sécurité sur le terrain et lorsque qu’ils en font la demande. Il a appuyé les autres mesures tendant à appuyer une plus grande transparence dans le processus de prise de décision dans la conduite des opérations de maintien de la paix. Evoquant les événements tragiques intervenus récemment en Sierra Leone, le représentant a condamné tous les actes de violence à l’encontre du personnel de la paix, tout en affirmant qu’il convient d’assurer de façon adéquate la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies. Il a rappelé que le Secrétaire général a publié un rapport sur la sécurité du personnel civil, et il a encouragé le Secrétariat à compléter ce travail par un rapport sur la sécurité du personnel militaire.

COLONEL YAP ONG HENG (Singapour) a estimé que l’année 2000 aurait dû être déclarée Année du maintien de la paix. La question la plus importante aujourd’hui est de savoir si nous avons la volonté politique et le courage d’améliorer l’instrument le plus important qui peut nous permettre de sauver les générations futures de la guerre. Il ne doit y avoir aucun doute quant au besoin urgent de renforcer les activités de maintien de la paix des Nations Unies. Il faut tirer les leçons des missions passées, notamment la chute de Srebrenica, le génocide au Rwanda, la mission en Sierra Leone afin de s’assurer que de tels échecs ne se reproduisent plus. C’est non seulement la capacité de l’ONU de résoudre les problèmes mondiaux en matière de paix et de sécurité qui est en jeu mais sa crédibilité même. Il convient que le Conseil de sécurité soit en mesure de donner des mandats clairs, crédibles et réalisables pour les missions. Le Conseil de sécurité doit également s’assurer que les conditions sont réunies pour l’existence d’une mission, notamment en terme de financement. A cet égard, il faut également que le Conseil de sécurité reçoive des informations directement du Conseiller militaire, du Commandant de la Force et du Conseiller de police civile dans les différents domaines qui les concernent.

Le Secrétariat doit être renforcé. Le rapport Brahimi a fait des recommandations visant la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix et son renforcement en terme de personnel. Il est temps d’examiner ces recommandations de près avec pour objectif de renforcer la capacité du Département à planifier et à gérer efficacement les opérations. Le Département doit fournir au Conseil de sécurité et aux pays contributeurs des informations complètes et exactes. A cet effet, le Département devrait mener des consultations régulières avec les pays contributeurs de contingents. Pour que le Département soit en mesure de répondre à ces besoins, il faut que l’Assemblée générale approuve au plus tôt les demandes visant la restructuration du Département et l’augmentation de son personnel. Si cela veut dire qu'il faut déroger à la règle de croissance de 0% du budget pour s’assurer que ces ressources supplémentaires allouées au maintien de la paix n’affectent pas le développement, ceci doit être fait. Les Etats Membres doivent faire montre d’une volonté politique soutenue en fournissant les ressources financières et humaines nécessaires. Les contingents et les équipements doivent être disponibles rapidement afin de permettre le déploiement rapide et effectif des opérations de maintien de la paix. Au-delà du système des forces et moyens en attente, il convient de mettre en place à cette fin des listes de personnels civils et militaires sous astreinte. Cette recommandation du rapport doit être examinée rapidement. A cet égard, il a regretté le fait que les pays développés deviennent de plus en plus sélectifs dans les opérations de maintien de la paix pour lesquelles ils sont près à envoyer des contingents, préférant fournir des formations et des équipements aux pays en développement pour qu’ils envoient leurs propres contingents. S’ajoute à ce fait, le retard du remboursement des sommes dues aux pays contributeurs. Cela est dû au fait que des Etats Membres ne paient pas leurs quotes-parts aux ressources du maintien de la paix entièrement et à temps. Les Etats Membres du Conseil ont la responsabilité première d’assumer leurs obligations financières et de fournir des contingents aux opérations de maintien de la paix. Singapour continuera à contribuer aux opérations de maintien de la paix et réaffirme que le maintien de la paix est un instrument central des Nations Unies pour maintenir la paix et la sécurité internationales.

M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a fait sienne la déclaration de la Jordanie qui a parlé au nom du Mouvement des pays non alignés. Il a remarqué que les opérations de maintien de la paix sont devenues très complexes depuis quelques années, mais s'est dit convaincu que le respect strict des principes de droit international, notamment la souveraineté des Etats, l'intégrité territoriale, l'indépendance politique des Etats et la non-ingérance dans les affaires internes, était le pilier du maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. Il n'en reste pas moins que les principes qui ont régi les opérations de maintien de la paix pendant toutes ces années, tels que l'accord des parties, l'impartialité, le non-usage de la force en dehors des cas d'autodéfense, la définition claire des mandats, restent pleinement valables et doivent être toujours appliqués. A présent, il est particulièrement important de ratifier les principes fondamentaux des opérations de maintien de la paix, à l'heure où la Charte des Nations Unies elle-même est remise en question et considérée par certains pays comme un document presque dépassé.

Le représentant de Cuba est convaincu de la nécessité de fournir à l'Organisation des mécanismes dynamiques, pour que les décisions prises soient appliquées sans délai, et croit en la capacité pour cela du système de l'Accord relatif aux forces en attente. Il a mis l'accent sur la nécessité de recruter le personnel de façon totalement transparente. En ce qui concerne les retards de paiement des pays fournisseurs de contingents, il est préoccupé par le préjudice qui en résulte pour ces pays sur un plan économique. S'agissant du Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix, il a considéré que c'est l'organe approprié pour discuter de ces questions dans tous leurs aspects, tout en rappelant le besoin d'améliorer ses méthodes de travail. Il faut aussi faire usage de tous les aspects du mandat du Comité, a-t-il suggéré. Il a aussi souhaité une véritable réforme du Conseil de sécurité car, selon lui, les pratiques antidémocratiques de celui-ci ne permettent pas de soutenir les recommandations du Comité spécial. Il a déploré que les exemples de cas où le Comité n'a pas été soutenu et a même été ignoré soient nombreux. Il a même remarqué que les débats à la Cinquième Commission, sur certaines questions relatives aux opérations de maintien de la paix, donnent souvent l'impression d'être plus profonds qu'au Comité spécial.

Les opérations de maintien de la paix ne peuvent pas être considérées en elles-mêmes comme un moyen de résoudre les conflits, a déclaré M. Dausa Cespedes. Elles n'apporteront jamais non plus de solution définitive aux problèmes économiques, politiques et sociaux auxquels le monde est confronté. Il a relevé que le système des Nations Unies dépense actuellement 3.5 dollars pour les opérations de maintien de la paix, pour chaque dollar utilisé pour les ressources fondamentales du développement. Il a rappelé la nécessité impérieuse de promouvoir un développement économique et social dans les pays du tiers monde. Dans le domaine des réformes en matière de paix et de sécurité internationales, le représentant de Cuba est convaincu que la mission des Nations Unies doit être améliorée et particulièrement le Département des opérations de maintien de la paix, car la crédibilité des Nations Unies a été remise en cause dans les expériences passées. Il a estimé que l’ONU doit être un outil pour établir la paix et non un acteur passif, et doit favoriser même les programmes les moins ambitieux pour maintenir la paix et la sécurité internationales. L'Organisation doit aussi appeler la conscience collective à rechercher les causes réelles des conflits et leurs sources politiques, sociales, économiques et culturelles. Enfin, le représentant de Cuba a émis l'espoir que les nombreuses questions qui se posent puissent trouver des réponses dans le débat constructif, transparent et enrichissant du Comité.

M. MOHAMMAD AL-ADSANI (Koweït) a indiqué que les opérations de maintien de la paix jouent un rôle essentiel pour atténuer et désamorcer les conflits. C’est un instrument essentiel dans le maintien de la paix qui reflète l’engagement politique des Etats Membres dans le cadre de leur responsabilité collective dans ce domaine. Il a souligné l’importance de la définition de mandats clairs dans leurs buts et dans leurs structures et de l’engagement de tous les Etats Membres à payer leurs quotes-parts. Il a mentionné spécialement les pays du Conseil de sécurité en rappelant leur responsabilité première en la matière. Il a estimé que les consultations avec les pays qui fournissent des contingents doivent être menées à bien durant toutes les étapes des opérations de maintien de la paix. Il convient également de renforcer le mécanisme d’alerte rapide des Nations Unies dans le cadre des missions et de la diplomatie préventive. Les arrangements des forces et moyens en attente doivent être renforcés tant ils contribuent à l’efficacité des opérations.

Le Koweït reçoit depuis 1992 l’UNICOM qui observe le cessez-le-feu entre l’Iraq et le Koweït. Cette mission contribue ainsi à atténuer les tensions dans la zone frontalière et les tensions dans la région tout entière. Malheureusement, a-t-il indiqué, les pratiques iraquiennes incitent à la tension et jettent le doute sur les intentions pacifiques du Gouvernement iraquien qui suscite des troubles afin de déstabiliser la région. Il a rappelé que le Koweït a adressé une lettre au Conseil de sécurité pour qu’il prenne les mesures nécessaires afin que l’Iraq respectent les résolutions pertinentes. Le Secrétaire général, a-t-il rappelé, dans son dernier rapport, a indiqué que la mission s’est abstenue de faire des vols au-dessus de la zone démilitarisée en raison des menaces de l’Iraq. Dans ce contexte, le Koweït insiste sur la nécessité, pour la mission, de s’acquitter de son mandat et pour toutes les parties de respecter leurs engagements. Il a rappelé que le Koweït assume ses obligations financières dans le cadre de cette mission et paie également ses autres contributions dans le cadre du maintien de la paix. Le Koweït garde un lien de travail étroit avec la mission et pour ce faire a procédé à la création d’un bureau de liaison chargé de régler les problèmes auxquels fait face la mission. Il a remercié le Bangladesh, l’Allemagne et l’Argentine pour leurs contributions dans le cadre de la mission. Il a par ailleurs souligné son intention de faire tout ce qui est possible pour garantir la sécurité du personnel du maintien de la paix et appuie l’ensemble des recommandations du rapport Brahimi.

M. SERGEI LING (Bélarus) a indiqué que sa délégation s’associe à la déclaration prononcée par la Jordanie au nom du Mouvement des non-alignés. Il a déclaré que l’étude des opérations de maintien de la paix se fait actuellement sous un jour particulier, éclairée par la parution du rapport Brahimi et la Déclaration du Sommet du millénaire. Il a noté avec satisfaction le travail important réalisé par le Groupe d’étude sur les opérations de paix de l’ONU, tout en se félicitant du fait que ce Groupe ait proposé une série de mesures pour améliorer l’efficacité de la capacité de maintien de la paix de l’ONU. Le succès de cette entreprise, a-t-il poursuivi, dépendra des décisions prises de façon générale, ajoutant qu’un maillon essentiel de ce processus doit être la mise en œuvre d’un mécanisme de consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes. Seul un tel mécanisme peut ouvrir la voie à la question importante de l’élaboration de mandats réalistes et clairement définis pour les missions de maintien de la paix, a-t-il estimé. Le représentant a par ailleurs indiqué que le seul moyen de sortir de la crise à laquelle fait face le personnel sur le terrain passe par la garantie de sa sécurité. Il a rappelé la proposition du rapport Brahimi relative aux règles d’engagement fermes, estimant qu’une telle approche ne doit pas toucher aux principes fondamentaux du maintien de la paix, à savoir notamment le consentement des parties et la règle de l’autodéfense. Le représentant a informé la Commission du fait que son pays est entrain de former des contingents de militaires et d’observateurs militaires pour aider à palier le déficit de personnel de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix. Il a également indiqué que le Bélarus cherche constamment à répondre à ses obligations financières en matière de maintien de la paix et compte verser, d’ici à la fin de l’année, une contribution de 2,5 millions de dollars au budget des opérations de maintien de la paix de l’ONU. MME ANA MARIA MOGLIA (Argentine) a déclaré partager l’opinion de M. Guéhenno selon laquelle il est opportun de restructurer les capacités de maintien de la paix des Nations Unies. Elle s’est associée à la déclaration faite au nom du Groupe de Rio. Elle a rappelé que, pendant le Sommet du millénaire, le Président de l’Argentine a réaffirmé l’engagement de son pays à participer au maintien de la paix. L’expérience de l’Argentine lui permet de partager les préoccupations des autres Etats Membres pour ce qui est de renforcer les opérations de maintien de la paix. Il existe une reconnaissance générale de la nécessité de réforme et une prise de conscience des lacunes du système et de la nécessité d’adopter des mesures urgentes pour les combler. Elle a accueilli favorablement les conclusions du Groupe d’étude et a estimé qu’elles constituent une base valable pour renforcer les capacités de maintien de la paix des Nations Unies. Nous devons saisir ce moment politique pour avancer dans la mise en œuvre de ces recommandations, a-t-elle déclaré ajoutant que leur succès dépend de la volonté des Etats Membres, notamment en termes d’engagement financier. Sans l’engagement des Etats Membres, les Nations Unies ne pourront pas s’acquitter de leur mandat. Le travail des Etats Membres ne se limite pas à la fourniture de ressources mais aussi à être prêt à s’engager dans les risques qu’impliquent les opérations de maintien de la paix plus complexes. Il convient de renforcer les consultations entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents. L’Argentine est consciente que le maintien de la paix est une responsabilité collective, cependant elle estime que le financement des opérations incombe principalement aux pays membres permanents du Conseil de sécurité. L’Argentine souhaite que les demandes de ressources supplémentaires soient analyser en profondeur par les organes délibérants des Nations Unies et que l’on se concentre sur les mesures d’urgence. Elle est préoccupée par la nécessité d’augmenter le niveau de sécurité du personnel de maintien de la paix. Il est essentiel d’élaborer un plan général de sécurité dès le début des opérations. La représentante a réaffirmé l’engagement de l’Argentine aux opérations de maintien de la paix et au succès de la réforme convaincue que toute amélioration dans ce domaine permettra d’augmenter la crédibilité de l’Organisation.

M. MOHAMED SALAH TEKAYA (Tunisie), tout en s’associant à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie, a expliqué que sa délégation voudrait s’exprimer sur certaines questions d’intérêt particulier. Il a notamment fait valoir que l’expansion remarquable entreprise ces derniers mois dans les opérations de maintien de la paix vient réaffirmer le rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il a ajouté, toutefois, que le maintien de la paix ne saurait se substituer à la recherche d’une solution définitive aux conflits ou au traitement de leurs causes sous-jacentes. Le représentant a poursuivi en expliquant que la Tunisie partage la conviction que le renforcement de la capacité de maintien de la paix de l’ONU nécessite, outre la volonté politique des Etats Membres, une amélioration tant au niveau des structures qu’au niveau de la gestion afin de s’adapter à la réalité et aux développements qui ont eu lieu ces dernières années ainsi que les ressources nécessaires. Il a mis l’accent sur le fait que la question des contributions en troupes et en ressources demeure une question fondamentale dans tout le processus, soit pour la période de planification soit pour la mise en œuvre rapide d’une opération et son suivi. Il s’agit là d’une responsabilité collective de tous les Etats Membres et en particulier de ceux ayant le plus de moyens et de capacités.

Le représentant a indiqué que la Tunisie apprécie les efforts déployés par le Département des opérations de maintien de la paix en vue de faire face aux situations urgentes et compliquées qui se sont développées ces derniers mois. Il a estimé qu’une plus étroite coopération entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat contribue à une meilleure gestion de telles situations. Le représentant a fait valoir que les pays fournisseurs de troupes jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre sur le terrain des mandats des opérations de maintien de la paix décidés par le Conseil de sécurité. Il a estimé que les expériences du passé appellent au renforcement et à l’amélioration significative de la qualité des consultations entre le Conseil de sécurité et ces pays dès la phase de planification des nouvelles opérations et durant leur évolution, ajoutant que des consultations étroites et significatives sont de nature à améliorer les chances de succès des ces opérations. Il a déploré que les difficultés financières continuent d’affecter la capacité des Nations Unies à rembourser les Etats contributeurs de troupes et d’équipement, ce qui affecte la capacité, voire la volonté des pays contributeurs et particulièrement des pays en développement de participer à de nouvelles opérations de maintien de la paix. Il a conclu en affirmant que le versement par les Etats Membres de leurs contributions à temps et sans conditions permettra de résoudre ce problème.

M. TREVOR HUGHES (Nouvelle-Zélande) a remercié M. Guéhenno pour l’ouverture et la franchise dont il a fait preuve lors de l’exposé qu’il a prononcé devant la Commission. A cet égard, le représentant est revenu sur les thèmes visant au renforcement des opérations de maintien de la paix de l’ONU développés par le Secrétaire général adjoint. Il a indiqué que sa délégation y souscrit, tout comme elle souscrit aux recommandations contenues dans le rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix de l’ONU. Il a notamment appuyé celles visant à une augmentation des ressources consacrées au soutien fourni par le Siège aux missions, insistant plus particulièrement sur les propositions tendant à augmenter le personnel et à restructurer le Département. Cela, a-t-il fait valoir, devrait permettre d’améliorer la planification stratégique. Le représentant s’est, par ailleurs, associé aux pays qui ont soutenu une augmentation du financement consacré aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. Il s’est ainsi opposé aux déclarations s’inquiétant du fait que les nouvelles ressources consacrées aux opérations de maintien de la paix le soient au détriment des activités de développement de l’ONU. Ces craintes n’ont, selon la Nouvelle-Zélande, aucun fondement. Le représentant a également souligné l’importance de la planification et de la formation avancées avant le déploiement d’une mission. Dans ce contexte, il s’est félicité de la proposition visant à mettre en place des équipes de formation auprès des missions pendant leur déploiement, ce qui permettra de renforcer l’impact de leurs opérations.

Le représentant a rappelé que la question de la sécurité du personnel est actuellement très préoccupante, tout en accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général portant sur la sécurité du personnel sur le terrain et en exprimant l’espoir de voir ses dispositions mises en œuvre au plus vite. Il a affirmé, répondant ainsi à une question posée par M. Guéhenno, qu’il convient que le Conseil de sécurité adopte des mandats ambitieux du point de vue logistique et humain, pour permettre aux missions de bénéficier d’équipements adéquats et d’un niveau de personnel suffisant, tout en ajoutant que cette pratique doit bien sûr s’accompagner de la définition de mandats clairs, réalisables et bien définis. Rappelant, par ailleurs, que 31% de l’armée néo-zélandaise participe à des opérations de maintien de la paix de l’ONU, principalement au Timor oriental, il a réaffirmé son appui à la pratique récente du Conseil de sécurité, notamment dans le cas de la MINUSIL et de l’ANUTO, qui consiste à tenir des réunions privées

permettant des échanges de vues approfondis et francs entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes. Estimant que ces réunions ont été d’une grande utilité et ont permis de renforcer l’efficacité des missions, le représentant a exprimé l’espoir de les voir s’institutionnaliser.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) s’est associé à la déclaration faite par la Jordanie au nom du Mouvement des non-alignés. Il a rappelé que le Pakistan est l’un des plus anciens et plus importants fournisseurs de contingents des opérations de maintien de la paix. Il a indiqué que 51 agents de la paix pakistanais ont payé le prix ultime pour le maintien de la paix. Il a indiqué que les opérations de maintien de la paix doivent avoir un mandat clair, une structure de commandement et de contrôle efficace et des règles d’engagement fermes. Une fois qu’une opération est établie, l’Organisation des Nations Unies doit être sûre que le conflit est résolu avant de se désengager. L’environnement international exige la réévaluation de la capacité de maintien de la paix des Nations Unies pour leur donner les moyens de réduire la possibilité qu’un conflit éclate ou que les violences reprennent. M. Ahmad a estimé que certaines questions clefs n’ont pas été traitées par le rapport Brahimi. Il a rappelé qu’un des principes fondamentaux des Nations Unies est le maintien de la paix et de la sécurité internationales et qu’il recouvre la prévention des conflits, le maintien de la paix, le règlement des différends et la reconstruction post-conflit. Tous ces aspects doivent être intégrés, a—t-il ajouté. Il convient également de traiter les causes profondes des conflits. Le Pakistan appuie, à cet égard, la recommandation du rapport Brahimi visant au recours fréquent à des commissions d’établissement des faits. M. Ahmad a par ailleurs indiqué que les missions de maintien de la paix doivent être formulées au cas par cas, en prenant en compte les causes profondes du conflit. Une attention particulière doit être accordée à la solution de conflits qui menacent la sécurité internationale, a-t-il estimé en expliquant que le conflit lié à l’occupation illégale de Jammu-et-Cachemire par l’Inde est un de ces conflits.

Il a souligné que les mécanismes de prévention des conflits sont stipulés dans la Charte qui les envisage par des moyens pacifiques et en vertu des principes de justice et du droit international. Le Conseil de sécurité doit s’acquitter de ses responsabilités à cet égard. Il a regretté le fait que le Conseil de sécurité, au lieu de s’attaquer aux domaines prioritaires du maintien de la paix et de la sécurité internationales, se concentre sur des questions périphériques, tels que les droits de l’homme, le droit humanitaire et les questions socioéconomiques et de développement. Il a regretté les efforts qui sont fait pour inclure des domaines de compétence de l’Assemblée générale dans le domaine de compétence du Conseil. Cela doit changer sinon cela pourrait mettre en danger les Nations Unies, a—t-il indiqué.

M. Ahmad a ajouté que la paix et le développement sont indivisibles et a estimé que les progrès dans le domaine du développement économique ne sont pas à la hauteur des attentes de la communauté internationale. Il a souligné l’importance de se concentrer sur le développement de l’Afrique, des pays les moins avancés et des petits Etats insulaires en développement. Il a estimé qu’il faut également renforcer la capacité de déploiement rapide des Nations Unies et que les lacunes dans ce domaine sont dues aux manques de volonté politique et de préparation du Secrétariat du point de vue de la gestion et du personnel. Il a souligné le besoin d’une réaction rapide et efficace aux situations de crise, quelque soit la localisation géographique des crises.

De l’avis de la délégation pakistanaise, le rôle des organisations régionales doit être limité dans le maintien de la paix et se faire dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte. M. Ahmad a indiqué qu’un autre aspect important est la sélectivité dans la mise en œuvre des résolutions du Conseil: il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures dans la mise en œuvre des résolutions. Toute sélectivité ne fait que nuire à la crédibilité du Conseil, a-t-il déclaré. Il a souligné l’importance du mécanisme des consultations entre les pays fournisseurs et le Secrétariat et a estimé que l’arrangement actuel n’est pas satisfaisant. Il a rappelé que le Pakistan a proposé la création d’un groupe central spécifique à une mission qui tiendrait des consultations sur tous les aspects opérationnels. Cette proposition n’a pas pour but de diminuer le rôle du Conseil mais plutôt d’assurer l’unité d’action entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Il a insisté sur le fait que la réforme du Conseil de sécurité est un exercice distinct de la réforme des capacités de maintien de la paix et a estimé qu’il faut se concentrer sur l’amélioration des consultations entre les pays fournisseurs de contingents et le Conseil. Il a estimé que l’un des éléments les plus dissuasifs au déploiement rapide des missions a été le non- paiement des contributions au maintien de la paix. Cette situation est inacceptable et doit être rectifiée, a-t-il déclaré.

Il a par ailleurs estimé que l’efficacité de la gestion représente la clef du renforcement du Département des opérations de maintien de la paix qui a souffert trop longtemps d’un manque d’efficacité. Il a notamment cité les irrégularités dans le recrutement du personnel, la redondance de certains postes et l’absence de représentation des pays qui contribuent le plus. Il s’est opposé à l’opinion selon laquelle il faut accroître l’effectif du Département et a estimé que ce qui s’impose c’est la restructuration et la réforme interne. Il a estimé que la demande de la création d’un troisième poste de Sous-Secrétaire général est injustifiée. Il a reconnu qu’il faut élaborer une approche cohérente pour l’information mais a estimé que les propositions de mise en œuvre du Secrétariat ne sont pas satisfaisantes. Il a appuyé la création d’un Secrétariat à l’information et à l’analyse stratégique (SIAS) mais a estimé que sa forme actuelle ne lui permet pas d’utiliser entièrement son potentiel. A cet égard, il a déclaré que les Nations Unies devraient avoir des experts disponibles au bon moment et qu’elles doivent laisser aux Etats membres la tâche d’établir des listes. Il a par ailleurs estimé que le champ d’activité du SIAS doit être élargi pour inclure du personnel civil et militaire et des spécialistes des questions civiles. Il a par ailleurs insisté sur le fait que le Secrétariat doit reconnaître la nécessité de se débarrasser des unités qui sont obsolètes afin de redéployer les ressources là où sont les besoins. Il a estimé qu’une logistique efficace représente la clef au déploiement rapide des missions de maintien de la paix. Il a conclu en déclarant que toutes les lacunes qu’il a citées doivent être examinées au plus tôt par les Etats Membres pour améliorer la capacité des Nations Unies de maintenir la paix. Il a réaffirmé son engagement aux efforts de maintien de la paix des Nations Unies. Revenant sur le groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan (UNMOGIP), il a indiqué qu’il continue à surveiller le respect par les deux parties concernées de la ligne de contrôle mais a indiqué que malheureusement la paix en Asie du Sud reste fragile. Il a indiqué que la cause profonde du conflit entre l’Inde et le Pakistan est précisément la question de Jammu-et-Cachemire et a exhorté la communauté internationale d’aider à l’établissement d’une paix durable en Asie du Sud en permettant au peuple de Jammu-et-Cachemire d’exercer son droit à l’autodétermination.

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