CPSD/209

QUATRIEME COMMISSION: L'ACCENT EST MIS SUR L'IMPORTANCE DE LA FORMATION ADEQUATE DU PERSONNEL DE MAINTIEN DE LA PAIX CIVIL ET MILITAIRE

9 novembre 2000


Communiqué de Presse
CPSD/209


QUATRIEME COMMISSION: L’ACCENT EST MIS SUR L’IMPORTANCE DE LA FORMATION ADEQUATE DU PERSONNEL DE MAINTIEN DE LA PAIX CIVIL ET MILITAIRE

20001109

La Quatrième Commission a poursuivi, cet après-midi, sous la présidence de M. Julian Vassalo (Malte), son débat général sur l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, au cours duquel l’accent a, notamment, été mis sur l’importance de la formation et de la préparation du personnel de maintien de la paix aussi bien civil que militaire. De nombreux représentants ont insisté sur l’importance du fait que l’ONU envoie sur le terrain un personnel bien formé et bien préparé. A cet égard, le représentant de l’Algérie a dénoncé la tendance des pays du Nord à se désengager des opérations de maintien de la paix au motif de risques élevés, regrettant que cette attitude prive les opérations menées au nom de la communauté internationale d’apports considérables, étant donné le niveau de qualification et d’armement dont ces pays disposent.

De son côté, le représentant du Togo a indiqué qu’il importe que la communauté internationale aide au renforcement des capacités de maintien de la paix des pays contributeurs de troupes et notamment des pays africains. Il a, en outre, souligné l’importance du renforcement et du soutien à apporter au mécanisme de prévention des conflits de l’Organisation de l’unité africaine. De même, le représentant du Rwanda a-t-il affirmé qu’il importe que les missions puissent disposer d’un personnel spécialisé et formé, à même de se protéger et de protéger également les populations civiles et les travailleurs humanitaires. Dans ce contexte, le représentant de la Turquie a fait référence à la normalisation des connaissances des membres d’une mission de paix et à leur préparation, affirmant qu’il incombe aux Etats Membres et au Secrétariat d’y pourvoir.

Par ailleurs, de nombreuses délégations se sont félicitées de la proposition visant à mettre en place un mécanisme de consultations entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Beaucoup ont, à cet égard, réaffirmé l’importance du fait que ces pays soient associés à l’élaboration des mandats des missions, aussi bien avant la phase de déploiement qu’une fois qu’elles sont établies. A cet égard, le représentant du Népal, tout comme le représentant de l’Ethiopie, a indiqué que les consultations, entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de contingents, notamment dans la phase de planification des mandats, constituent un élément essentiel pour faciliter le

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fonctionnement des opérations de maintien de la paix, tout en affirmant que les pays qui fournissent des troupes doivent aussi avoir accès aux réunions d’information du Secrétariat ayant trait à la sécurité du personnel de la paix et à celles du Comité d’état major.

Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations: Sierra Leone, Ghana, Togo, Mongolie, Israël, Jamaïque, Colombie, au nom des pays membres du Groupe de Rio, Chypre, Pologne, Thaïlande, Canada, ex-République yougoslave de Macédoine, Turquie, Népal, Ethiopie, Haïti, Rwanda et Algérie.

La Quatrième Commission reprendra ses travaux vendredi 10 novembre à 10 heures.

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ETUDE D'ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DU MAINTIEN DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS (Point 86)

Débat général

M. SYLVESTER E. ROWE (Sierra Leone) s’est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des non-alignés. Le rapport intervient à point nommé car il donne une nouvelle direction à l’Organisation dans sa recherche d’innovation pour améliorer sa capacité de répondre aux nouveaux défis. Le rapport indique que la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) représente une des missions de maintien de la paix les plus difficiles, notamment du point de vue de la sécurité. Il stipule que les accords de paix doivent rencontrer certaines conditions minimum avant que l’Organisation des Nations Unies intervienne pour les mettre en œuvre. Il indique également que l’Organisation des Nations Unies doit recevoir des garanties quant aux contributions en troupes pour une opération éventuelle avant que la résolution décidant d’une telle opération soit adoptée. Mais que se passe-t-il pendant la période intérimaire dans des situations critiques comme en Sierra Leone où les préoccupations sont réelles et immédiates, s’est-il interrogé.

Le rapport rappelle en outre que le Conseil de sécurité a défini que le fait de prendre des civils pour cible ou de refuser un accès humanitaire aux personnes civiles constitue une menace à la paix et peut avoir un effet déclencheur de l’action du Conseil. Faisant observer qu’il peut se passer des mois avant que le Secrétaire général réunisse les troupes nécessaires et que le Conseil de sécurité prenne la décision d’envoyer une mission, il a suggéré que tous les efforts devraient être fait pour qu’une capacité de réaction rapide à laquelle contribueraient des Etats à titre individuel ou des groupes d’Etat, soient mise en place en coopération avec les Nations Unies et avec le consentement du pays d’accueil. A cet égard, il a évoqué le déploiement de troupes du Royaume-Uni cette année en Sierra Leone, qui a eu une influence stabilisatrice. Ce genre d’arrangement n’est pas une panacée et ne peut pas se substituer à une opération des Nations Unies avec un commandement unifié mais il procure une couverture sécuritaire supplémentaire pour des nations en guerre comme la Sierra Leone. Il a remercié tous les pays qui ont fourni des contingents à la MINUSIL et s’est félicité des conclusions du Groupe d’étude concernant le déploiement rapide, le soutien politique, la stratégie de consolidation de la paix qui sont, de l’avis de sa délégation, des éléments clefs du succès des opérations complexes futures.

La Sierra Leone est un pays en situation d’après conflit qui a besoin de stratégies de rétablissement de la paix et de consolidation de la paix. Compte tenu de la situation volatile dans la sous-région de l’Afrique australe, la Sierra Leone trouverait un grand bénéfice dans des mesures de prévention menées sous l’auspice des Nations Unies ou encore des organisations régionales telles que l’Union de la rivière Mano, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Organisation de l’unité africaine (OUA), avec le soutien de la communauté internationale. Il a notamment souligné l’importance d’examiner la possibilité d’intégrer des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens combattants dans les évaluations budgétaires pour la première phase d’une opération afin de diminuer les chances de reprise du conflit, tel que le préconise le rapport Brahimi. Il s’est félicité de l’initiative du Secrétaire général visant à la mise en œuvre immédiate du rapport Brahimi et a indiqué que l’Organisation des Nations Unies doit se concentrer sur la prévention à long terme des conflits et dans l’engagement rapide. Il a indiqué que pour ce faire, le Secrétaire général a besoin du soutien politique clair et soutenu des Etats Membres. C’est en matière de maintien de la paix que la responsabilité collective du maintien de la paix et de la sécurité internationales doit se manifester, a-t-il conclu.

M. YAW O. OSEI (Ghana) s’est félicité des recommandations contenues dans le rapport Brahimi concernant le renforcement de l’efficacité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Par ailleurs, en tant qu’Etat Membre engagé de façon active dans ces opérations, le Ghana appuie pleinement les vues du Comité spécial. Il les appuie d’autant plus que le Comité est particulièrement bien placé pour aider les Nations Unies à relever le défi de la complexité croissante des opérations de maintien de la paix. Le système selon lequel les Etats contributeurs de troupes doivent déployer leurs contingents est à l’origine de lacunes dans les engagements des Etats et porte atteinte à la cohésion des missions, a estimé le représentant. Cette circonstance s’aggrave lorsqu’un Etat contributeur de troupes participe à plusieurs opérations de maintien de la paix. Poursuivant, le représentant a appuyé le constat dressé par le rapport Brahimi, d’après lequel la mission des Nations Unies en Sierra Leone n’aurait pas connu de telles difficultés en juin 2000, si les forces dont elles disposaient avaient bénéficié d’équipements comparables à ceux qui ont été déployés au Kosovo. Le représentant a donc insisté sur la nécessité pour les Nations Unies de mettre en place un mécanisme qui permettrait aux Etats dotés des capacités et moyens les plus importants de fournir les meilleurs équipements et le personnel le plus qualifié et d’agir de concert avec les pays dont les capacités sont moindres. Cela permettrait le déploiement plus rapide des forces et le renforcement de la crédibilité et de l’efficacité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a estimé le représentant. Le financement approprié des opérations de maintien de la paix est par ailleurs un élément déterminant, a affirmé le représentant. A cet égard, le Ghana rappelle leurs devoirs particuliers aux pays les plus économiquement développés et leur demande d’honorer leurs contributions.

L’expérience a prouvé que le désarmement, la démobilisation et la réintégration devraient être partie intégrante des opérations de maintien de la paix. Aussi, le Ghana se félicite-t-il de l’intention du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de mettre l’accent sur la capacité des missions à mener à bien de telles actions. Il convient par ailleurs de mettre l’accent sur la formation des troupes et de la police civile pour faciliter leur déploiement rapide et effectif. A cet égard, le représentant a souligné les préoccupations du Comité spécial quant au manque de personnel de l’unité de formation et son impact négatif sur les programmes.

Le Ghana souhaiterait enfin qu’il soit tenu compte des expériences passées lors de la mise au point des plan, procédure et mandat des nouvelles opérations de maintien de la paix. Dans ce contexte, le Ghana prend note des assurances données hier par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de transformer le Groupe des enseignements tirés de l’expérience en un organe chargé de préciser la doctrine du maintien de la paix et des règles de bonne pratique.

M. ROLAND Y. KPOTSRA (Togo) a indiqué que la parution du rapport Brahimi éclaire d’un jour particulier l’examen de ce point de l’ordre du jour par la Quatrième Commission. Revenant sur le rapport, il a indiqué que l’ONU n’a pas été toujours en mesure de s’acquitter de son mandat conformément à la Charte de l’ONU, notamment au Rwanda et à Srebenica, du fait du manque de ressources et du manque de volonté politique. Il est également revenu sur la complexité des nouvelles missions déployées au Kosovo et au Timor oriental, qui exigent un exercice de réflexions pour déterminer clairement des objectifs précis. Le représentant a rappelé que le Comité spécial continue de travailler à la recherche d’une approche susceptible d’aider l’Organisation dans ce domaine. Revenant sur l’exposé de M. Guéhenno, il a indiqué que son exposé atteste de la volonté du Secrétariat à travailler au renforcement de ces capacités de paix. Le représentant s’est, par ailleurs, associé à la déclaration prononcée par la délégation jordanienne au nom du Mouvement des non-alignés, tout en exprimant la volonté de revenir en détails sur certains points particuliers.

A cet égard, le représentant a notamment souligné qu’il importe de veiller à ce que la même attention soit accordée au maintien de la paix et de la sécurité dans toutes les régions du monde. Il a estimé qu’une analyse des initiatives touchant au règlement des conflits africains atteste que ceux-ci ne reçoivent pas une attention adéquate de la part de la communauté internationale. A cet égard, il a déploré que dans la plupart des cas le déploiement de missions intervienne toujours avec retard, lorsqu’il intervient, citant à ce sujet l’exemple de la République Démocratique du Congo. Il a affirmé qu’il convient de suivre les recommandations du rapport Brahimi sur les délais prévus de 30 ou de 90 jours pour le déploiement d’une mission selon le type et la complexité de son mandat. Il a également mis l’accent sur l’importance d’une définition claire des mandats, ajoutant que l’expérience de la Sierra Leone impose d’adopter des règles d’engagement fermes pour éviter aux contingents de subir à nouveau de tels revers. Il a également indiqué que cela implique la mise à disposition de moyens financiers et matériels adéquats et prévisibles. Le représentant a aussi mis l’accent sur l’importance de la concertation qui doit s’instaurer entre les fournisseurs de troupes potentiels, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Il importe que la communauté internationale aide au renforcement des capacités de maintien de la paix africaines, notamment du mécanisme de prévention de conflit de l’OUA et ce étant donné que les pays nantis ne désirent plus engager leurs propres contingents en Afrique, si elles n’y ont pas d’intérêts nationaux. Il s’est également dit préoccupé du retard des remboursements aux pays contributeurs de matériels et de troupes. Concernant la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix, le représentant a estimé qu’il convient de remédier à la sous-représentation du monde en développement et de l’Afrique en particulier, ajoutant que la connaissance du terrain de ces hommes et ces femmes pourraient s’avérer très utiles dans, notamment la planification de missions notamment.

M. J. ENKHSAIKHAN (Mongolie) a souligné le besoin de mettre en place des opérations de maintien de la paix qui resposent sur des mandats clairs. La question relative à la distinction subtile qui existe entre le maintien de la paix qui repose sur une dissuasion militaire crédible et la guerre doit être également abordée. Nous estimons que le rapport Brahimi constitue un document de base permettant un tel examen, a estimé le représentant. Celui-ci a également appuyé le travail réalisé par le Comité spécial dont le rapport vise non seulement à développer une approche générale du maintien de la paix mais également à établir des directives concrètes devant régir les opérations. Ce document complète ainsi les recommandations et propositions élaborées par le Groupe d'étude sur le maintien de la paix.

Le représentant a rappelé que les dirigeants du monde ont demandé à l'Assemblée générale, dans le cadre de la Déclaration du millénaire, d'examiner d'urgence les recommandations du rapport Brahimi. Ce caractère d'urgence est étroitement lié à la nécessité d'éviter dans le futur les tragédies de Srbrenica, du Rwanda et de la Sierra Leone. Ce rapport repose sur une approche globale dans la mesure où il intègre les questions de l'action préventive, de l'alerte rapide, des stratégies de maintien de la paix et des mandats, du personnel, de la consolidation de la paix et du renforcement des activités d'appui du Secrétariat. Nous estimons que des mesures particulières devraient déjà être prises lors de cette session. Le représentant a ajouté que le rapport reflète bien les vues de sa délégation pour ce qui est de l'amélioration de la formation des Casques bleus et des procédures accélérées de remboursement des pays contributeurs de troupes. La Mongolie a non seulement signé un Mémorandum d'accord avec le Département des opérations de maintien de la paix mais elle a également pris part récemment à des exercices de formation qui se sont tenus au Kazakhstan et qui ont associé des pays d'Asie centrale.

M. DAVID ZOHAR (Israël) a indiqué que sa délégation s’associe aux autres représentants qui ont accueilli avec satisfaction le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix. Il a repris les propos relatifs au rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix prononcés par l’ambassadeur d’Israël à l’Assemblée générale le 28 septembre dernier. Dans son discours, l’Ambassadeur a notamment repris les éléments du rapport faisant référence au manque de ressources dont souffrent les opérations de maintien de la paix et qui a sérieusement entravé leur capacité à mener à bien leur mandat. A cet égard, l’Ambassadeur a notamment souligné le fait qu’un financement effectif et prévisible est crucial au succès des missions de paix. C’est pourquoi, il a appuyé les recommandations visant à répartir plus équitablement le poids financier des opérations de maintien de la paix. Il a notamment fait savoir qu’Israël renoncerait à la réduction de 80% et s’acquitterait de l’intégralité de sa contribution au budget de maintien de la paix de l’ONU. M. Zohar a poursuivi en ajoutant que son pays, en plus de sa contribution financière, a mis en place des programmes de formation au maintien de la paix sur le terrain, conformément à la résolution 46/48 de l’Assemblée générale. Il a conclu en indiquant que les Forces de défense israéliennes (FDI) tiendraient leur Cours de liaison internationale annuel (International Liaison Course) à leur Siège de Tel Aviv, au cours du mois de mai 2001, cours conçu pour stimuler le dialogue professionnel sur le sujet de la liaison militaire fondée sur l’expérience des FDI avec les organisations étrangères. Ce cours se composera de conférences et de simulations sur le terrain, de même qu’il portera sur la théorie et la pratique de la liaison militaire. Il a exprimé l’espoir qu’un grand nombre d’officiers étrangers participent à cette formation.

MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s’est associée à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des non-alignés. Elle a déclaré que les opérations de maintien de la paix, qui sont la raison d’être de l’Organisation, ont été l’objet de nombreuses critiques qui mettent en jeu la crédibilité de l’Organisation et sa capacité de remplir son mandat en la matière. Sa délégation appuie la nécessité de transformation structurelle des opérations de maintien de la paix mais souhaite souligner le fait que les opérations de maintien de la paix sont en train de passer par un paradigme du changement. En effet, a-t-elle expliqué, les opérations de maintien de la paix sont de plus en plus complexes et passent de la prévention à la reconstruction d’une société après le conflit. S’ajoutent à ce facteur la souffrance des populations civiles dans les pays et les violations des droits de l’homme, qui ne peuvent pas non plus être tolérées.

Elle a estimé que la Déclaration du Sommet du millénaire devrait être vue comme un tremplin pour le changement et s’est félicitée du rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des recommandations du rapport Brahimi qui est très utile. Elle a souligné la recommandation qui concerne la nécessité pour le Conseil de définir des mandats clairs, crédibles et réalistes. Elle a également insisté sur la nécessité de règles très fermes d’engagement. Les consultations régulières entre les pays contributeurs et le Conseil de sécurité sont également un élément indispensable, surtout dans la définition des mandats des missions. Elle a par ailleurs estimé qu’il convient de créer une culture de la prévention. Les Nations Unies doivent mener une stratégie complète pour traiter des causes des conflits, a-t-elle expliqué, précisant que les stratégies de reconstruction après les conflits complètent cette approche préventive.

Elle s’est par ailleurs félicitée de l’adoption de la résolution 1325 du Conseil visant à promouvoir la participation des femmes à tous les niveaux des opérations de maintien de la paix. Elle s’est félicitée de la création d’une unité chargée des questions de l’égalité entre les sexes au sein du Département. Les Etats Membres doivent également augmenter leur appui logistique en faveur de programmes de formation qui intègrent la sensibilisation aux questions de l’égalité entre les sexes. Une stratégie de l’information est également indispensable, notamment pour lutter contre la désinformation, bénéficier du concours des populations locales et renforcer la sécurité du personnel de maintien de la paix. Le Département de l’information et le Département des opérations de maintien de la paix doivent collaborer à cette fin. La formation des agents de la paix est également très importante et doit favoriser la prise en compte des caractéristiques locales.

Il faut en outre assurer une meilleure coordination entre le Siège et les missions. Une pleine intégration avec le Siège, notamment dans le domaine de la logistique, est nécessaire. La représentante a évoqué la question des accords de location de matériel avec services et a demandé au Secrétariat de faire preuve de souplesse pour permettre à un plus grand nombre d’Etats de participer ainsi aux opérations de maintien de la paix.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie, au nom du Groupe de Rio) a déclaré que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix avait accompli un travail important pour accroître l'efficacité des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité. Il a également pris note avec intérêt du rapport Brahimi, qui, a-t-il déclaré, contient beaucoup des recommandations faites par le Comité Spécial. Le Groupe de Rio, a poursuivi le représentant, reconnaît la nécessité de renforcer les structures et le fonctionnement des mécanismes de maintien de la paix pour les rendre plus efficace. Il reconnaît aussi l'importance des éléments de prévention et de consolidation de la paix dans le travail de l'Organisation, sur la base du respect des principes de souveraineté des Etats, de leur intégrité territoriale et de leur indépendance politique, conformément à la Charte des Nations Unies. En même temps, le Groupe de Rio est préoccupé par les implications financières de telles réformes, qui devraient être examinées avec attention par les organes compétents de l'Assemblée générale.

Pour le Groupe de Rio, les recommandations du rapport Brahimi qui ont fait l'objet d'un accord au sein du Comité spécial peuvent être mises en œuvre par le Secrétaire général au plus tôt. Celui-ci devrait être en mesure de présenter un rapport sur l'état de la mise en œuvre de ces réformes lors de la prochaine réunion du Comité spécial, en février 2001, a estimé M. Valdivieso. Quant aux recommandations du rapport Brahimi qui exigent des discussions plus approfondies, il faut que le Comité spécial les examine plus en détail lors de sa session de février 2001. A cet égard, le Groupe de Rio attache une importance particulière au respect des principes de consentement des parties, d'impartialité et de non recours à la force sauf en cas de légitime défense dans les opérations de maintien de la paix. La Déclaration du millénaire a réaffirmé les objectifs des Nations Unies dans le domaine du développement, a rappelé M. Valdivieso, qui a souligné que la pauvreté est l'une des causes principales des conflits. Les Etats Membres du Groupe de Rio espèrent que l'Organisation, tout en tentant d'améliorer ses opérations destinées à garantir la paix et la sécurité internationales, prendra des initiatives pour renforcer ses efforts dans le domaine du développement. Le Groupe de Rio souhaite que la mise en œuvre des réformes relatives aux opérations de maintien de la paix ne se fera pas au détriment des ressources allouées au développement.

M. GEORGE KASOULIDES (Chypre), s’associant à la déclaration prononcée par la France au nom des pays de l’Union européenne et des pays associés, a indiqué que Chypre, en tant que pays d’accueil d’une mission des Nations Unies depuis longtemps la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) a des remarques plus particulières à présenter à la Commission dans la perspective unique de son pays. Chypre constitue un exemple très pertinent, attestant des avantages et des inconvénients du maintien de la paix et de la nécessité de combiner rétablissement et consolidation de la paix afin d’éviter les impasses et la stagnation. Revenant sur le mandat et le déploiement de l’UNFICYP en 1974, le représentant a fait valoir qu’à la suite de la division en deux de l’île, l’UNFICYP a dû modifier son mandat initial, et qu’il inclut aujourd’hui certains aspects humanitaires. A cet égard, le représentant, revenant sur le rapport Brahimi, a souligné l’importance du fait que les forces déployées doivent être prêtes à faire face à la violence et avoir les moyens de se défendre, déplorant que dans le cas de Chypre, l’UNFICYP n’ait pas disposé de tels moyens pour mener à bien sa tâche.

En dépit d’un grand nombre de résolutions des Nations Unies et malgré les efforts constants du Secrétaire général, a-t-il poursuivi, le problème n’est toujours pas résolu. Revenant dans ce contexte sur le rapport Brahimi et ses recommandations relatives aux règles d’engagements fermes, le représentant a indiqué qu’à Chypre, il y a quelques mois, l’armée d’occupation turque a avancé ses troupes le long de la ligne de cessez-le-feu, ce qui constitue une rupture du statu quo. Cela, a-t-il poursuivi, ne fait qu’éroder l’image de l’ONU auprès du peuple de Chypre. Tant que les efforts déployés ne s’appuieront pas sur les résolutions du Conseil de sécurité et que la législation internationale ne sera pas respectée, les choses ne pourront s’améliorer, a-t-il expliqué. Il a indiqué que le Gouvernement de Chypre assure le tiers du financement de l’UNFICYP, ce qui constitue un fardeau très lourd pour ce petit Gouvernement et atteste combien il tient au maintien de la paix, ajoutant que son pays s’est également engagé à renoncer volontairement à la remise à laquelle il a droit.

M. JANUSZ STANCZYK (Pologne) s’est associé à la déclaration de la France faite au nom de l’Union européenne et des pays associés. La Pologne partage l’opinion de M. Guéhenno à savoir qu’il existe une responsabilité collective pour le maintien de la paix et de la sécurité qui doit se manifester par une solidarité accrue. La Pologne est engagée à continuer à rechercher les moyens de rendre plus efficaces les instruments dont dispose l’Organisation des Nations Unies dans l’éxécution de son mandat. A cet égard, la Pologne estime qu’il est important d’améliorer la capacité d’intervention des Nations Unies et sa capacité à mener des opérations multidimensionnelles. Il est très important de tenir compte des recommandations du rapport du Groupe de travail. La Pologne se félicite du rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des recommandations du rapport Brahimi. Il serait bon de mettre en œuvre le plus tôt possible les recommandations qui font l’objet de consensus. La Pologne estime que le Secrétariat doit être restructuré et renforcé de manière à lui permettre de s’acquitter de sa tâche. A cet égard, le concept de forces et moyens en attente doit être amélioré. Les Etats participants doivent ainsi mettre à jour leur engagement pris dans ce cadre.

Evoquant l’initiative de certains pays de mettre en œuvre une brigade d’intervention, le représentant de la Pologne a indiqué qu’elle présente des grands avantages, notamment en matière de formation et qu’il convient de s’assurer de la participation des pays en développement à cette brigade. La Pologne est encouragée par le fait que ce concept est bien accueilli par le rapport Brahimi. Elle estime en outre que les arrangements régionaux pris conformément au chapitre VIII de la Charte pourront renforcer la capacité de la communauté internationale à maintenir la paix. Il a indiqué que la Pologne fournit plus de 2 300 personnes, observateurs militaires, de police civile ou spécialistes des questions civiles qui participent à des opérations de maintien de la paix, notamment dans les Balkans. Cet effort souligne l’importance que la Pologne accorde à ses obligations financières. A cet égard, il a estimé que le remboursement à temps des coûts pour les pays contributeurs est très important. La Pologne est également très préoccupée par la sécurité du personnel de l'Organisation des Nations Unies et du personnel associé. A cet égard, estimant que l’entrée en vigueur de la Convention relative à la sécurité du personnel pourra améliorer les choses sur le terrain, la Pologne appelle les Etats qui ne sont pas parties à cette convention à le devenir. Elle souligne également l’importance de s’assurer que tous les crimes commis contre le personnel de l’Organisation ne soient pas impunis. Il est important également de favoriser la participation des femmes à tous les niveaux des opérations de maintien de la paix et, à cet égard, la Pologne se félicite de l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité qui vise à la promotion d’une approche sexospécifique dans tous les domaines du maintien de la paix.

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a indiqué que sa délégation attache beaucoup d’importance aux opérations de maintien de la paix, auxquelles participe son pays notamment au Timor oriental. Il a indiqué que les Nations Unies, en présentant le rapport Brahimi, se sont fait l’écho des changements intervenus après la guerre froide. Il a affirmé que la Thaïlande appuie les idées centrales de ce rapport, relatives notamment au consentement des parties concernées, à l’utilisation de la force en cas de légitime défense ou encore à la définition de mandats clairs. Le représentant a, par ailleurs, affirmé que le maintien de la paix forme un tout qui englobe également les aspects de consolidation et de rétablissement de la paix, tout en reconnaissant qu’il convient d’établir des mandats clairs pour les opérations, qui plus est, lorsqu’elles revêtent un caractère complexe. Il s’est, en outre, félicité de la disposition prévoyant la mise en place d’un mécanisme de consultations entre les pays contributeurs de troupes, le Secrétariat et le Conseil de sécurité, exprimant l’espoir que cela se réalisera dans les plus brefs délais.

Le représentant a déploré que les pays disposant de ressources importantes ne contribuent pas aux opérations de maintien de la paix à la mesure de leurs possibilités, non seulement d’un point de vue financier, mais surtout en fournissant du personnel bien entraîné. Le représentant a, par ailleurs, engagé l’Organisation à obtenir l’appui des populations au plan international et national, si elle entend s’assurer des contributions plus importantes. Il a, à cet égard, incité les Nations Unies à mener des campagnes de sensibilisation plus actives pour faire mieux comprendre la pertinence des opérations de maintien de la paix. Le représentant a également regretté que le rapport Brahimi ne traite pas du problème des retards des remboursements posé aux pays en développement, tout en suggérant que pour remédier à ce problème, la création d’un Fonds d’affectation spécial tournant, qui faciliterait la participation d’un plus grand nombre de pays. Il a affirmé qu’il convient aussi de renforcer la sécurité du personnel civil et militaire, dans la mesure où il n’est pas réaliste de compter sur le fait que les pays contributeurs de contingents acceptent le risque de pertes de vies humaines.

M. MICHEL DUVAL (Canada) a noté avec satisfaction que le rapport Brahimi est conforme aux nombreuses recommandations que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix avait formulées au printemps dernier. Il a estimé que le mandat du Comité spécial est unique en son genre, puisqu’il procède à l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix, et apporte une contribution importante aux questions et politiques ayant trait à ces opérations. A son avis, le Comité spécial ne doit pas perdre cette importante occasion d’apporter son concours car, si tel était le cas, il risquerait d’être mis à l’écart et considéré comme insignifiant et inopportun.

Il s’est félicité de ce que le rapport Brahimi mette en évidence les lacunes des récentes opérations de maintien de la paix, marquant ainsi le début d’un processus important d’évaluation critique de l’Organisation des Nations Unies. Ce rapport constitue aussi un outil inappréciable qui offre des mécanismes pragmatiques et prévisionnels de nature à améliorer les opérations de maintien de la paix. Selon lui, l’Organisation doit aborder le problème dans une optique qui reflète mieux le caractère multidimensionnel de son action dans les pays touchés par la guerre. L’ONU doit donc mieux s’employer à promouvoir l’état de droit et la reprise économique dans les régions où l’Organisation se substitue aux administrations locales qui se sont effondrées, comme au Kosovo et au Timor oriental.

M. Duval a apprécié l’intention du Secrétaire général d’effectuer un examen de toute la question des opérations de maintien de la paix, sous tous leurs aspects, et a noté que la mise en œuvre du rapport Brahimi en constitue un premier pas important. Comme certaines recommandations l’expriment, il a souligné la nécessité de fixer des mandats clairs et réalistes, assortis de ressources humaines et financières appropriées, et d’assurer un déploiement rapide. Certaines initiatives préconisées par le rapport Brahimi ont déjà été mises en place par le Canada, comme la participation à la Brigade d’intervention rapide des forces en attente (BIRFA). Le Canada peaufine présentement ses procédures internes afin de s’assurer que ses policiers civils soient en mesure d’être déployés le plus rapidement possible, a-t-il ajouté.

Le représentant du Canada a invité le Comité spécial à examiner les recommandations les plus difficiles afin de les rendre opérationnelles, notamment celles demandant au Conseil de sécurité de ne pas approuver une mission de maintien de la paix tant que les Etats qui fournissent les contingents n’ont pas confirmé leurs contributions. Il a aussi souhaité qu’une interaction soit établie entre les opérations de maintien de la paix et les opérations humanitaires, avec par exemple une intégration des rapports récents de l’ONU (protection des civils en période de conflit armé et sécurité du personnel des Nations Unies) à l’application des recommandations du Groupe d’étude. Enfin, sur les ressources consacrées au maintien de la paix, le Canada estime qu’elles ne sont pas en concurrence avec celles prévues pour le développement. En outre, a souligné son représentant, le maintien de la paix vise à restaurer la stabilité et, partant, la croissance économique et le bien-être. M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) a rappelé que son pays a été à l’origine de la première Force de déploiement préventif des Nations Unies (FORDEPRENU), établie à la fin de 1992 et qui a duré jusqu’au début de 1998. Elle avait pour mandat de prévenir la propagation de la guerre dans la région. Dans le cadre du suivi de la Mission de la FORDEPRENU, un Centre international d’action préventive et de règlement des conflits a été établi à Skopje, capitale de la Macédoine. Ce Centre est la première institution de cette nature, qui se consacre exclusivement à l’action préventive aux niveaux national et international. Il y a huit ans, à l’initiative visionnaire du Gouvernement macédonien, la FORDEPRENU a été déployée pour empêcher le violent conflit en ex- Yougoslavie de s’étendre au-delà des frontières de ce pays. Le pays hôte a tiré trois leçons de l’expérience du déploiement préventif de la FORDEPRENU. L’action préventive peut faire changer la situation, ne constitue pas une menace à la souveraineté nationale et les Nations Unies renforcent leur efficacité en œuvrant étroitement avec une organisation régionale, en l’occurrence l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. La Macédoine appuie fermement les missions de paix des Nations Unies et continuera à le faire. M. Calovski a estimé que les fréquentes missions du Conseil de sécurité dans les régions où opèrent les missions de maintien de la paix, illustrent bien les efforts accomplis par le Conseil de sécurité et le Secrétariat pour améliorer l’efficacité des Nations Unies dans ce domaine.

De l’avis de sa délégation, les missions de maintien de la paix ne devraient pas être créées pour un mandat permanent car plus la mission dure, plus la réputation et la crédibilité de l’ONU, et en particulier du Conseil de sécurité et du Secrétaire général, sont remises en cause. Il serait important que l’Assemblée générale décide de considérer la limite de la durée du mandat des missions à cinq ans, à la reprise de sa session, en vue de garantir l’avenir de la mission et le règlement du conflit. Si l’Assemblée générale accomplit cet effort, elle contribuera aux efforts du Conseil de sécurité et du Secrétaire général pour régler les conflits. Elle marquera également une étape importante pour s’acquitter de ses obligations en qualité d’instance délibérante, d’organe de décision et de représentation des Etats Membres des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Par ailleurs, le représentant a souligné tous les efforts visant l’intégration de l’Europe du Sud- Est, en particulier dans les structures euratlantiques et de l’Union européenne. Cet effort pour la région ne peut ignorer le Kosovo, la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo et la mise en œuvre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité. A cet égard, M. Calovski s’est déclaré convaincu que le Secrétaire général est pleinement informé de l’évolution de la situation dans la région, et en particulier au Kosovo. Sa délégation se félicite particulièrement de l’initiative du Secrétaire général d’encourager rapidement la réadmission de la République fédérale de Yougoslavie à l’ONU. M. Calovski a estimé que le Secrétaire général devrait accorder une attention particulière à la nécessité d’équiper de manière efficace la future unité de gestion de l’information et d’analyse stratégique au Siège. La mise en œuvre des recommandations du Groupe d’étude des opérations de maintien de la paix signifie que l’ensemble du système des Nations Unies devrait participer aux opérations de maintien de la paix, que les Etats Membres devraient coopérer pleinement avec le Secrétaire général, que ce dernier devrait établir un partenariat approprié avec les organisations régionales concernées, et que les Départements des opérations de maintien de la paix et des affaires politiques des Nations Unies devraient être renforcés de manière

adéquate. Ceci exige de toute évidence la réaffectation des ressources et de nouveaux moyens. M. Calovski s’est déclaré convaincu que la mise en oeuvre des recommandations du Groupe d’étude renforcera le mécanisme de maintien de la paix de l’ONU et constituera une étape positive qui requiert l’appui des Etats Membres.

M. SAFAK GÖKTÜRK (Turquie) a rappelé que son pays joue un rôle de plus en plus important au sein de missions régionales de paix, de diverses opérations de maintien et d’instauration de la paix de l’ONU, ainsi que dans des missions au mandat plus complexe. Actuellement, a-t-il indiqué, la Turquie déploie des unités militaires dans le cadre de missions de l’OTAN au Kosovo et en Bosnie Herzégovine, de même qu’au Timor oriental, ainsi que des observateurs militaires en Géorgie et à la frontière entre l’Iraq et le Koweït. Elle joue aussi un rôle dans l’élaboration d’une force en attente de l’ONU de la taille d’une brigade. La Turquie, a-t-il expliqué, a aussi consolidé ses rapports institutionnels avec l’ONU en signant un Mémorandum d’entente, qui fait de la Turquie un membre à part entière des forces et moyens en attente de l’ONU. Le représentant a, par ailleurs, indiqué que le centre de formation du partenariat pour la paix à Ankara a enregistré 1 134 participants. Il a également affirmé qu’un effort d’édification de la paix doit aussi tenir compte du renforcement des domaines économiques et sociaux d’une société donnée.

Le représentant a, par ailleurs, estimé que le rapport Brahimi doit servir de miroir à l’ONU pour remédier à ses lacunes dans le domaine du maintien de la paix. A cet égard, il a notamment expliqué que les résolutions du Conseil de sécurité sont souvent adoptées sous l’effet d’une crise et ne prennent pas en compte tous les paramètres nécessaires dans la définition du mandat des missions. Cela, a-t-il poursuivi, a pour résultat dans le pire des cas que les forces de maintien de la paix deviennent une variable dans le conflit en question. Cela, a-t-il ajouté, explique pourquoi un grand nombre de pays évitent de fournir des troupes. Il a donc demandé aux membres du Conseil de sécurité d’agir, dans la planification d’une mission, comme s’ils envoyaient leurs propres troupes sur le terrain. Le représentant est également revenu sur les recommandations du rapport Brahimi, touchant à la normalisation des connaissances des membres d’une mission de paix et à leur préparation, estimant que cela exige qu’ils reçoivent une formation plus importante à laquelle doivent pourvoir le Secrétariat et les Etats Membres. Le représentant a indiqué que l’édification de la paix est des plus difficiles, mais que c’est la seule voie pour l’avenir de notre civilisation.

M. HIRA BAHADUR THAPA (Népal) a déclaré que malgré les changements de la nature des activités de maintien de la paix, certains principes directeurs sont immuables, comme notamment le consentement des parties, l’impartialité et le non- recours à la force sauf en cas de légitime défense. Le maintien de la paix ne doit pas être considéré de manière isolée mais comme un élément de réponse allant de la prévention des conflits à la consolidation de la paix. Ces deux éléments doivent être traités de manière inséparable. Les consultations, notamment dans la phase de planification des mandats, entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de contingents sont un élément essentiel pour faciliter le fonctionnement des opérations de maintien de la paix. Les pays qui fournissent des troupes doivent avoir accès aux réunions d’information du Secrétariat qui ont trait à la sécurité du personnel de la paix.

Evoquant les événements récents en Sierra Leone, il a indiqué qu’une planification adéquate et un bon état de préparation, à la fois en termes de troupes et d’équipements, aurait pu diminuer le revers subi par les Casques bleus qui ont été pris en otage par des rebelles récalcitrants. Tout en appuyant le besoin impératif du Secrétariat d’avoir un équipement approprié pour la réalisation de son mandat, le Népal est convaincu que l’allocation de ressources supplémentaires pour le maintien de la paix ne doit pas se faire aux dépens des activités de développement. Le rapport Brahimi a fait observer que les opérations de maintien de la paix doivent être soutenues par tous les Etats Membres. Le représentant a estimé que les hésitations de certains pays, en particulier de ceux qui ont la responsabilité particulière de maintenir la paix et la sécurité internationales, donnent un signal décourageant aux autres Etats qui engagent leurs troupes dans des missions de maintien de la paix. La pratique veut que 77% des troupes déployées actuellement sont fournies par des pays en développement ne peut pas continuer. Les accords actuels selon lesquels les pays contributeurs de troupes doivent avoir leur propre équipement doivent être revus compte tenu du fait qu’ils limitent la participation de certains pays qui seraient prêts à participer aux opérations de maintien de la paix. Les retards de remboursement ont mis les pays en développement comme le Népal dans une situation difficile, a- t-il ajouté. Le Népal participe engagé aux opérations de maintien de la paix. Depuis quatre décennies, le Népal a mis à la disposition des Nations Unies quelque 40 000 personnes et a perdu 40 agents de la paix. La mort de ses agents de la paix au Timor oriental et au Sud-Liban, loin d’empêcher le Népal de participer aux opérations de maintien de la paix, l’a convaincu de jouer un plus grand rôle dans les activités futures de l’Organisation des Nations Unies pour défendre la cause de la paix.

M. BERHANEMESKEL NEGA (Ethiopie) s’est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des non-alignés. Il a déclaré que le succès des activités de maintien de la paix des Nations Unies dépend en premier lieu du respect des principes de la Charte relatifs à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance des Etats, à la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat, au consentement des parties et au non-recours à la force sauf en cas de légitime défense. Les opérations de maintien de la paix doivent bénéficier de mandats clairs et réalisables formulés en consultation avec les pays directement concernés, notamment les parties au conflit, et d’un financement approprié. Il s’est félicité des initiatives visant à institutionnaliser les consultations entre les pays contributeurs et le Conseil de sécurité et a estimé que ces consultations devraient inclure les pays accueillant ces opérations. Le succès des opérations de maintien de la paix exige également une capacité de gestion et d’appui efficace au Siège. A cet égard, l’Ethiopie est de l’avis que la demande du Secrétaire général adjoint pour des ressources supplémentaires pour faire face aux besoins les plus critiques en personnel doit être examinée de manière urgente.

La responsabilité première du maintien de la paix incombe à l’Organisation des Nations Unies, cependant l’Ethiopie attache une grande importance à la contribution que peuvent apporter les arrangements régionaux à la paix, sur la base du Chapitre VIII de la Charte. A cet égard, il a notamment évoqué l’engagement de l’OUA en Afrique et notamment ses efforts pour résoudre le conflit en Ethiopie et en Erythrée. Il a souligné la nécessité pour les Nations Unies de renforcer les capacités de maintien de la paix de l’Afrique et a appelé à une action concrète à cette fin.

Evoquant la Mission des Nations unies en Ethiopie et en Erythrée, il a rappelé que l’Accord sur la cessation des hostilités entre l’Erythrée et l’Ethiopie a été signé le 18 juin 2000 et stipule qu’une opération de maintien de la paix sera déployée par l’Organisation des Nations Unies sous les auspices de l’OUA. Il a indiqué que les Nations Unies ont pour le moment déployé des observateurs militaires dans les deux pays et préparent le déploiement complet de la Mission qui pourrait comprendre un contingent de 4 200 personnes. Il a remercié les Etats qui contribueront aux troupes de cette mission et a tenu à les assurer de la volonté du Gouvernement de l’Ethiopie de garantir le succès de la mission. A cet égard, il a indiqué qu’il est en train de finaliser, en coopération avec l’Organisation, l’accord sur le statut des forces.

M. BERTRAND FILS-AIME (Haïti) a déclaré faire siennes les recommandations du Secrétaire général concernant l'importance des mesures préventives. En effet, à examiner le coût d'une intervention militaire, des secours humanitaires d'urgence et des travaux de reconstruction d'après-guerre, n'est-t-il pas plus sage et plus économique de porter l'accent sur l'action et la diplomatie préventives? Haïti encourage donc l'envoi de missions d'établissement des faits dans les zones de tension et invite les parties concernées à faire preuve de souplesse et de flexibilité et à accepter, sans rougir, ces initiatives diplomatiques qui peuvent désamorcer les conflits ou freiner les dérapages. En même temps, Haïti ne minimise pas les inquiétudes des Etats Membres face au risque d'une atteinte à leur intégrité territoriale, à leur souveraineté et à leur indépendance politique. Rappelant son appui aux principes et aux buts consacrés par la Charte, M. Fils- Aimé a réaffirmé que toute opération de maintien de la paix doit, pour être viable, reposer sur les principes fondamentaux de consentement des parties, d'impartialité et de non-recours à la force sauf en cas de légitime défense. A défaut, les appréhensions des Etats Membres seraient légitimes, particulièrement celles des plus petits et des plus vulnérables des Etats qui, parfois, sont victimes de mesures de coercition unilatérales imposées au nom du principe de l'ingérence humanitaire par un Etat ou une organisation régionale dominée par un de ses membres.

Le rapport Brahimi fait des recommandations en faveur d'un Département des opérations de maintien de la paix plus dynamique, plus efficace et plus crédible, a rappelé le représentant, qui a fait part de ses inquiétudes sur les implications financières d'un programme si ambitieux. Certains petits pays en développement craignent fort de voir la mise en application de ces recommandations menacer les fonds consacrés à certains programmes de développement de l'Organisation qui leur sont chers, a expliqué M. Fils-Aimé. Quoi qu'il en soit, a-t-il aussi rappelé, c'est aux Etats Membres qu'incombe la décision finale en la matière. Il suffit donc, pour apporter le soutien financier nécessaire à ces recommandations pourtant réalistes, que notre volonté politique reflète nos prises de position verbales.

Les causes des conflits sont souvent profondes et complexes, a déclaré M. Fils-Aimé, aussi les opérations de maintien de la paix ne sauraient-elles en constituer la solution permanente ou le traitement définitif. Dans bon nombre de cas, c'est sur le développement socio-économique des peuples qu'il faut savoir mettre l'accent. Chaque étape franchie sur la voie de la réduction de la pauvreté et de la croissance économique marque un progrès dans le sens de la prévention des conflits, a rappelé le représentant, citant le rapport du Secrétaire général sur le Sommet du millénaire. Haïti croit également fermement au concept de culture de la paix. Il faut donc aussi promouvoir toute une série de programmes d'éducation à même de saper les racines du racisme, de la xénophobie et de l'intolérance.

M. JOSEPH MUTABOLA (Rwanda) a indiqué que sa délégation souhaite la bienvenue au Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et tient à le féliciter pour sa déclaration liminaire prononcée, hier, devant la Quatrième Commission. Il a rappelé que le maintien de la paix est devenu la clef de voûte de l’Organisation, tout en affirmant que les caractéristiques des échecs des opérations de paix ont toujours été les mêmes. A cet égard, il a mis l’accent sur l’importance de la définition d’un mandat clair pour les opérations de maintien de la paix, définition qui, si elle avait été plus précise, au Rwanda par exemple, aurait permis d’épargner de nombreuses vies. Il a également réaffirmé l’importance de pourvoir les missions de ressources suffisantes si l’on veut les voir mener à bien leur mandat. Le représentant a également souligné la nécessité pour les opérations de maintien de la paix de disposer d’un personnel spécialisé et formé, ayant les capacités de protéger non seulement les populations civiles, mais aussi le personnel humanitaire et de se protéger lui-même. Il revient aux Etats Membres de décider collectivement de ce qu’il convient de faire pour remédier aux échecs rencontrés dans la mise en oeuvre de la capacité de maintien de la paix de l’Organisation, a-t-il poursuivi. La paix ne peut durer si l’on permet à ses ennemis de rester armés, a-t-il conclu, ajoutant que le rapport Brahimi évoque la question du désarmement et exprimant l’espoir que M. Jean-Marie Guéhenno saura imposer sa vision et sa compétence aux membres du Conseil de sécurité et de la Quatrième Commission.

M. ABDELKADER MESDOUA (Algérie) a félicité le Secrétaire général adjoint pour son excellent rapport devant la Commission. Il s’est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des non- alignés. Il a, à l’instar du Président Bouteflika à l’occasion du Sommet du millénaire, soutenu M. Brahimi pour son rapport bien documenté qui donne une excellente vision de la situation des opérations de maintien de la paix et contient un certain nombre de recommandations qui pour beaucoup bénéficient du soutien des Etats Membres. Un certain nombre de recommandations, a-t-il précisé, nécessitent des consultations et un examen approfondi entre les Etats Membres. L’Algérie est d’avis qu’au lieu de recourir à l’option de création d’une pléthore de nouvelles structures au sein du Département, l’objectif de revitalisation de l’ONU pourrait tout aussi bien se réaliser en procédant à une meilleure reórganisation des ressources déjà disponibles. Ceci épargnerait à l’Organisation les effets négatifs du chevauchement des tâches entre services et éviterait à l’Organisation des Nations Unies l’augmentation des besoins financiers en ces temps difficiles.

L’Algérie pense également que lorsque l’ONU lance une opération, elle devrait mettre tout en œuvre pour sa réussite, notamment en s’assurant que les parties en conflit respectent effectivement le mandat de cette opération tout aussi bien que les engagements pris lors de la mise en œuvre d’accords de paix. Sur le terrain, les forces des Nations Unies devraient être à même de se défendre contre d’éventuelles attaques mais aussi capables de défendre l’esprit du mandat de paix qui leur est assigné. Elles devraient également être en mesure de protéger les populations civiles objet d’attaques de parties peu soucieuses de la légalité internationale. La délégation algérienne a également souligné le fait que la majorité des hommes engagés dans ces opérations, notamment la composante militaire, est constituée de contingents fournis par les pays du sud et que le nord tend de plus en plus à se désengager au motif fallacieux de risques élevés. C’est une situation inacceptable, a-t-il déclaré, car elle prive les opérations menées au nom de la communauté internationale d’apports considérables, étant donné le niveau de qualification et d’armement dont disposent les pays développés. Une mention toute particulière est à adresser aux puissances qui occupent des sièges permanents au Conseil de sécurité et assurent de ce fait un rôle de premier ordre dans le maintien de la paix dans le monde.

- 5 - CPSD/209 9 novembre 2000

L’Algérie estime par ailleurs que la crise financière des Nations Unies a trop duré. Elle estime qu’en raison du non-paiement de leurs dus par certains pays, les opérations de maintien de la paix connaissent de grandes difficultés parmi lesquelles le non-remboursement des frais dus aux pays contributeurs de troupes qui constitue une grave lacune de la part de l’Organisation compte tenu du fait qu’à terme, c’est la volonté même de contribution de ces pays qui risque d’être menacée. Le représentant de l’Algérie a également rappelé que dans une politique de diversification linguistique motivée par le souci de permettre une contribution des Etats Membres aussi large que possible à ses différentes activités, l’Organisation des Nations Unies a reconnu un statut officiel à six langues au sein de ses organes principaux, et décidé de faire des langues anglaise et française les deux langues de travail de son Secrétariat. Ces dispositions, a-t-il déclaré, s’appliquent aussi bien aux structures centrales au Siège qu’à ses services extérieurs, notamment aux missions de maintien de la paix. Il a estimé qu’en faisant de l’obligation de maîtrise de la langue anglaise une condition indispensable pour contribuer à l’effort de maintien de la paix, le Département des opérations de maintien de la paix contrevient à la politique de multilinguisme des Nations Unies, ce qui à terme ne pourrait qu'aboutir à l'exclusion de cette activité principale de l’Organisation des Nations Unies d’une majorité de pays utilisant d’autres langues de travail.

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