CPSD/207

QUATRIEME COMMISSION: DES DELEGATIONS SOULIGNENT LE BESOIN DE RESSOURCES SUPPLEMENTAIRES POUR RENFORCER LA CAPACITE DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L'ONU

8 novembre 2000


Communiqué de Presse
CPSD/207


QUATRIEME COMMISSION: DES DELEGATIONS SOULIGNENT LE BESOIN DE RESSOURCES SUPPLEMENTAIRES POUR RENFORCER LA CAPACITE DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU

20001108

La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de décolonisation) a poursuivi, cet après-midi, sous la présidence de M. Semakula Kiwanuka (Ouganda) et en présence de M. Harri Holkeri, Président de l’Assemblée générale, son débat sur l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.

Au cours de ce débat, certaines délégations ont fait valoir que la réforme de la capacité de paix de l’Organisation ne peut se faire sans ressources supplémentaires aussi bien financières, qu’humaines et matérielles. Ainsi, le représentant de la France, a-t-il engagé les pays à s’acquitter de leurs arriérés de paiement ou de leur dette envers l’Organisation, tout en qualifiant le non versement des contributions d’atteinte au principe de la responsabilité collective des Etats Membres de l’Organisation. De son côté, le représentant de l’Egypte a demandé à la communauté internationale de mettre un frein à la pratique qui consiste à confier aux pays en développement le gros des opérations de maintien de la paix. A ce sujet, il a identifié l’engagement et la participation sur le terrain de tous les Etats Membres, en particulier des grandes puissances occidentales, comme un point particulièrement critique sans lequel toute réforme ne pourrait porter ses fruits. S’agissant de la proposition visant à renforcer les ressources humaines du Département des opérations de maintien de la paix, le représentant de la Zambie s’est félicité des efforts déployés pour corriger la situation de sous-représentation des femmes dans le Département, y compris sur le terrain et a invité le Secrétariat à mener une action similaire pour y corriger la sous-représentation des pays en développement. A cet égard, il a suggéré que les 181 postes proposés pour le Département des opérations de maintien de la paix soient alloués en majorité à des ressortissants de pays en développement, en dérogation de l’Article 101 de la Charte des Nations Unies.

Quelques délégations ont également évoqué la nature spécifique et nouvelle des mandats des deux missions déployées par les Nations Unies au Timor oriental et au Kosovo. Dans ce contexte, le représentant de la Norvège a indiqué que bien des conflits actuels ont des sources complexes et qu’ils ne peuvent pas

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être résolus sans un engagement complet de la communauté internationale dans une approche globale à l’égard de la paix, qui consisterait à s’attaquer aussi bien aux causes profondes des conflits qu’à la consolidation de la paix après les conflits. Le représentant du Pérou, a pour sa part, mis en garde contre le risque que l’allocation de ressources importantes pour ces missions complexes se fasse aux dépens de questions prioritaires telles que la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement. A cet égard, il a suggéré que la décision de leur déploiement soit discutée préalablement par le biais d’un processus de consultations avec l’Assemblée générale, qui est l’organe le plus démocratique de l’Organisation.

Les représentants des délégations suivantes ont participé au débat: Jordanie, au nom du Mouvement des non-alignés, Croatie, Malaisie, Chine, Mozambique, Norvège, France, au nom des pays membres de l’Union européenne et des pays associés, Afrique du Sud, Egypte, Pérou, Zambie, Japon et Indonésie.

La Quatrième Commission reprendra ses travaux le jeudi 9 novembre à 10 heures.

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ETUDE D'ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DU MAINTIEN DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS (Point 86)

Débat général

M. ZEID RA’AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie), au nom du Mouvement des pays non alignés a rappelé que les opérations de maintien de la paix doivent se conformer strictement aux directives formulées dans les déclarations finales de la XIème Conférence ministérielle du Caire et du Sommet de Durban de 1998. La création par les Nations Unies d’une nouvelle opération de maintien de la paix en vertu du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies - ou la prorogation d’un mandat - ne devrait pas reposer uniquement sur le consentement des parties, mais également sur le non recours à la force, sauf en cas de légitime défense, sur l’impartialité, un mandat clair et des ressources adéquates pour en garantir le succès. Le Mouvement des pays non alignés réaffirme que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies constituent un instrument important au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Cet instrument ne peut toutefois se substituer à un règlement permanent ou répondre aux causes inhérentes d’un conflit.

Faisant référence au rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, et à l’exposé du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix - M. Jean-Marie Guéhenno -, le représentant a estimé qu’il est crucial pour le succès de toutes les missions que les fournisseurs de contingents éventuels soient approchés par le Secrétariat au cours de la phase préliminaire de la planification de la mission. Si les vues exprimées par les pays fournisseurs de troupes sont saillantes, elles devraient figurer dans le projet. Le Conseil de sécurité devrait également faire participer les fournisseurs de troupes au processus de consultations de manière institutionnelle et significative. A cet égard, le représentant a regretté que dans le cadre d’opérations précédentes, et en particulier la Mission des Nations Unies en Sierra Leone, ce partenariat ait été inexistant. Le Mouvement des pays non alignés avait souligné il y a quelque temps que lorsque le Conseil de sécurité envisage le recours à la force, il devrait se conformer aux Articles 43 et 44 de la Charte des Nations Unies. C’est pourquoi, sa délégation se félicite des commentaires sensiblement identiques formulés ce matin par M. Guehenno.

Evoquant la question du recrutement du personnel des opérations de maintien de la paix, le représentant a souligné l’importance qu’il attache à ce que tous les postes soient pourvus de manière compatible avec les exigences des Articles 100 et 101 de la Charte, et sur la base du principe de représentation géographique équitable. Le Secrétariat doit en outre garantir une plus grande transparence des procédures de sélection. Le Mouvement des pays non alignés encourage le Secrétariat à améliorer les procédures de recrutement de hauts fonctionnaires pour les postes sur le terrain, prévoyant notamment l’entretien des candidats. A cet égard, M. Al-Hussein a noté les précisions apportées par M. Guehenno concernant la nomination récente d’un responsable sur le terrain, et émet l’espoir qu’à l’avenir, tous les commandants des forces seront soumis, sans exception à un entretien. Par ailleurs, tout en réaffirmant la nécessité de fournir des ressources adéquates pour renforcer l’efficacité de l’unité des enseignements tirés des expériences, M. Al-Hussein a souligné qu’avant d’appliquer les enseignements tirés, il faudrait en informer le Comité spécial et le consulter pour ce qui va être mis en pratique. Les remboursements tardifs de ce qui est dû aux fournisseurs de troupes affectent tous les pays concernés et affaiblissent leur capacité et leur volonté de participer aux opérations de maintien de la paix.

MME JELENA GRCIC POLIC (Croatie) a tenu à ajouter sa voix à ce qu’elle espère sera un chœur de soutien consensuel au processus général de réforme des opérations de maintien de la paix. Elle a appuyé l’opinion des délégations selon laquelle le rapport du Comité spécial et le rapport du Groupe d’étude présidé par M. Brahimi forment un tout et s’est déclaré convaincue que le Secrétariat sera à même de mettre en œuvre le processus de réforme. Elle a expliqué que la Croatie, depuis son indépendance en 1991, a connu conflit, agression et destruction de biens et pertes en vies humaines. Elle a été témoin de leurs effets néfastes en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, et elle a accueilli une opération de maintien de la paix. La Croatie a pu appréhender aussi bien les limitations que le potentiel du maintien de la paix et contribue depuis deux ans un contingent. La Croatie est engagée en faveur des opérations de maintien de la paix compte tenu du fait qu’il n’y a pas d’alternative aux Nations Unies à l’ère de la mondialisation. Les fléaux locaux menacent rapidement de se régionaliser. Aucune autre organisation dans un village planétaire ne peut représenter les principes de solidarité mondiale et d’une communauté engagée. Nous pensons également que ce concept de communauté engagée est de plus en plus reconnu comme un principe international notamment dans les "zones grises" où le droit international n’est pas encore codifié.

La représentante a expliqué que la Croatie conçoit les efforts de réforme du maintien de la paix comme un processus qui doit pouvoir améliorer la capacité des Nations Unies dans ce domaine. Ce processus implique la volonté politique, la solidarité, l’expertise militaire et professionnelle. La Croatie soutient le processus de réforme et d’amélioration dans tous les domaines, de l’action préventive aux stratégies de consolidation de la paix en passant par l’engagement des contributeurs de contingents dans la formulation de mandats clairs, crédibles et réalisables. La Croatie appuie les recommandations visant le renforcement de la capacité d’appui du Secrétariat, y compris sa capacité à fournir le soutien nécessaire aux administrations transitoires civiles. La Croatie reconnaît le besoin correspondant de restructuration et la nécessité de fournir des ressources adéquates pour répondre aux besoins en personnel qui s’en suit. Un élément critique du succès ou de l’échec des opérations est la capacité des Nations Unies à se déployer rapidement et la disponibilité du personnel de direction, militaire ou de police civile et spécialistes civiles. A cet égard, la Croatie pense que le Secrétariat doit, en droite ligne du Sommet du millénaire, demander aux Etats Membres de fournir leurs contributions respectives sur une base individuelle.

Un sens cultivé de compréhension et d’interdépendance, basé sur l’intérêt et sur la compassion, peut permettre à l’Organisation de s’engager de manière décisive et avec succès dans la prévention et la résolution des conflits. Un tel engagement multilatéral suppose, à la fois l’accès équitable et la contribution de tous les acteurs concernés, que ce soient les membres permanents ou non permanents du Conseil de sécurité, les contributeurs de contingents, le Secrétariat, les pays d’accueil et les représentants de la société civile. L’Assemblée du millénaire a reconnu le maintien de la paix comme étant une activité centrale de l’Organisation des Nations Unies et a reconnu l’urgence de mettre en place un climat de coopération, de transparence accrue et qui favorise le respect des obligations. La représentante s’est félicitée que des recommandations aient été proposées en ce sens.

M. MOHAMMAD KAMAL YAN YAHAYA (Malaisie) a déclaré s'associer à la déclaration faite au nom du Mouvement des non-alignés par le représentant de la Jordanie. La Malaisie, a-t-il rappelé, a toujours soutenu le rôle primordial des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. La preuve en est que la Malaisie a participé à plus de 16 opérations de maintien de la paix depuis leur création. Elle participe actuellement à huit et continuera de le faire, et d'envisager de nouvelles contributions en personnel civil et militaire, dans la mesure de ses moyens. La Malaisie estime que tous les Etats Membres, grands ou petits, devraient faire tout leur possible pour contribuer activement à tous les aspects des opérations de maintien de la paix conformément à leurs obligations en application de la Charte. La sélectivité ne devrait en aucune manière constituer un critère pour les pays potentiellement contributeurs de troupes. Il est de la responsabilité de chaque Etat Membre de partager le fardeau des opérations de maintien de la paix, indépendamment du lieu où elles sont envoyées.

Les récentes opérations de maintien de la paix montrent que celles-ci vont bien au-delà de leurs activités traditionnelles. Elles se sont vues attribuer des tâches plus complexes dans un environnement parfois hostile. Dans certaines missions, des membres des opérations de maintien de la paix ont été humiliés ou faits prisonniers et leur équipement volé. Il est important de retenir les leçons de ces événements et d'éviter à l'avenir des erreurs qui pourraient nuire aux opérations de maintien de la paix, a déclaré le représentant. Il est clair que ces opérations doivent être restructurées pour éviter les tragédies du passé. Beaucoup a déjà été fait. Cependant, le Département des opérations de maintien de la paix, qui est nettement en sous-effectifs, doit être renforcé en priorité sur la base d'une bonne représentation des Etats Membres et d'une répartition géographique équitable. Il est tout aussi important de fournir des ressources plus importantes aux opérations sur le terrain. Il faut étudier d'urgence les recommandations du rapport Brahimi en ce sens.

Actuellement, plus de 75% des contingents des opérations de maintien de la paix des Nations Unies viennent de pays en développement et ceux-ci servent le plus souvent dans des missions à haut risque, a déclaré le représentant. L'absence des contingents venus des pays développés, notamment en Afrique, est un fait noté qui a suscité des interrogations sur l'engagement de ces pays envers les opérations de maintien de la paix, notamment en Afrique, ainsi que sur le problème de l'approche sélective. La Malaisie estime que, étant donné leurs ressources, les pays développés devraient être les principaux contributeurs dans de telles opérations. Du fait de leur capacité de déploiement rapide, la crédibilité et l'efficacité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies seraient accrues par la participation active de ces pays.

Le représentant a rappelé sa préoccupation face à la lenteur des remboursements des coûts des opérations de maintien de la paix. Et ce n'est certainement pas la poursuite du non-paiement de leurs contributions aux opérations de maintien de la paix qui va améliorer la situation, a-t-il ajouté. La pratique qui consiste à emprunter sur les fonds des opérations de paix pour financer des activités relevant du budget ordinaire a eu un impact négatif sur la capacité de l'ONU à rembourser rapidement les pays qui fournissent des contingents ou de l'équipement aux opérations de maintien de la paix. A ce jour, un remboursement de 20 millions de dollars à la Malaisie pour sa contribution aux opérations de maintien de la paix reste pendant, a rappelé le représentant. Malgré cela, et malgré la crise financière qui a touché notre pays ces dernières années, la Malaisie continue de payer son dû dans les délais, intégralement et sans condition. Il est donc inacceptable que certains Etats Membres et particulièrement le principal contributeur, ne satisfassent pas aux obligations que leur impose la Charte. Cette situation est intolérable et doit être traitée au plus vite, a affirmé le représentant. M. SHEN GUOFANG (Chine) s’est félicité du rapport Brahimi et a rappelé que les préoccupations de la communauté internationale portent sur les moyens efficaces qui doivent être trouvés pour renforcer le rôle des opérations de maintien de la paix. Les problèmes qui sous-tendent cette question sont relatifs à la politique, aux ressources, à la gestion et encore à d’autres domaines, a-t-il fait remarquer. Une coordination est donc nécessaire, en commençant par une action réelle des parties à un conflit en vue de mettre en œuvre les accords de paix correspondants et de soutenir les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Ensuite, il a estimé que le soutien politique des Etats Membres ainsi que des ressources suffisantes sont indispensables pour que ces opérations ne soient pas vaines.

Afin de mener à bien le mandat des missions, le représentant a souligné la nécessité de renforcer la coordination entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingent et le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP). De même, selon lui, il est important d’accorder plus d’importance aux avis des pays fournisseurs de contingents et à ceux des parties aux conflits. Les organisations régionales et les pays situés dans la région du conflit doivent aussi participer pleinement. Par ailleurs, il a considéré que les règles qui sont élaborées dans ce domaine doivent s’assurer que les missions d’opérations de maintien de la paix ne deviennent parties à aucun conflit. A son avis, les Nations Unies doivent traiter des conflits dans toutes les régions du monde et s’engager sur un plan politique de façon égale, plutôt que de les examiner par ordre d’importance.

Pour construire la paix et prévenir les conflits, le représentant de la Chine a souhaité que les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies soient strictement appliqués et que le cadre des opérations de maintien de la paix soit bien défini. En particulier, lorsque celles-ci sont menées dans un pays en développement, il faut qu’elles veillent à éliminer les causes du conflit et qu’elles s’attachent à éradiquer la pauvreté, a-t-il estimé. Il faut aussi arriver à une coordination et à une collaboration avec le gouvernement du pays en question, en permettant au pays et à son peuple de jouer un rôle prédominant dans la résolution du conflit. M. Guofang a aussi invité les spécialistes des droits de l’homme à fournir une aide au pays concerné en respectant pleinement ses lois, traditions culturelles et croyances religieuses.

M. Guofang a noté que le Secrétaire général a proposé la création d’environ 190 postes pour le DOMP, qui comporte déjà 400 membres. A ce propos, il a exprimé sa préoccupation d’éviter les doubles emplois, notamment en divisant clairement le travail. Il a aussi espéré que le Secrétariat procède au recrutement avec plus de transparence et une distribution géographique équitable. La délégation chinoise a enfin déclaré vouloir soutenir le plus tôt possible la mise en œuvre des recommandations pratiques du Comité spécial du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix, formulées à partir du rapport Brahimi.

M. ANTONIO INACIO JUNIOR (Mozambique) s'est félicité de la décision du Comité spécial des opérations de maintien de la paix de créer un groupe de travail à composition non limitée chargé d'examiner les recommandations contenues dans le rapport Brahimi. Ce sera là le forum adéquat pour travailler à partir des recommandations du Secrétaire général contenues dans son rapport. Le représentant a en outre félicité le Secrétaire général d'avoir désigné la Vice-Secrétaire générale pour diriger, du côté du Secrétariat, le processus de mise en œuvre des recommandations.

Le monde est encore loin de s'être libéré des fléaux de la guerre et des conflits violents qui frappent des millions de personnes dans le monde, et notamment en Afrique, a rappelé M. Inacio Junior. Une approche efficace et durable de la question requiert un effort collectif en vue de traiter les causes profondes des conflits. Le Mozambique s'associe aux propos tenus par le Secrétaire général dans son rapport du millénaire, pour qui "tout pas allant dans le sens de la réduction de la pauvreté et d'une croissance économique reposant sur une large base est un pas en faveur de la prévention des conflits". Le Mozambique lance donc un appel aux grandes institutions économiques et financières internationales et aux pays donateurs pour qu'ils renouvellent leur engagement en faveur de l'éradication de la pauvreté, en s'attaquant aux problèmes de la dette extérieure, de l'aide publique au développement, de l'accès au marché et de la détérioration des termes de l'échange. Le représentant a rappelé que les pays africains ont poursuivi leurs efforts pour mettre en place des moyens de prévention, de gestion et de résolution des conflits.

Les recommandations du rapport Brahimi illustrent la complexité et l'ampleur des difficultés rencontrées dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits, a constaté M. Inacio Junior. La mise en œuvre concrète de ces recommandations requiert une volonté politique de tous les Etats Membres et rend nécessaires de nouvelles ressources. Les propositions de fond qui sont faites ne pourront être appliquées sans des ressources suffisantes, a averti le représentant. Une des recommandations principales du rapport concerne le déploiement rapide des forces de maintien de la paix sur le terrain. Le Mozambique espère que les recommandations du Groupe de travail traiteront également des différences de traitement des conflits dans les différentes régions du monde, et notamment en Afrique.

Le Mozambique est un pays qui a connu les horreurs de la guerre, mais jouit aujourd'hui de la paix et de la stabilité, a déclaré le représentant. Les questions d'après conflit telles que le déminage, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants dans toutes les sphères de la vie nationale représente une contribution importante à l'édification de la paix, à la sécurité publique et au respect de l'ordre et du droit, a déclaré M. Inacio Junior, qui a expliqué les mesures prises par son pays, dans le cadre d'un partenariat entre le Gouvernement, les ONG et des organisations religieuses. Cela permet notamment d'empêcher la dissémination des petites armes à travers le pays, a-t-il déclaré.

Pour remplir ses obligations en faveur de la promotion de la paix et de la sécurité, le Mozambique est prêt à fournir des contributions en personnel aux opérations de maintien de la paix, a affirmé le représentant. Le Mozambique, a-t-il rappelé, a envoyé un contingent symbolique de policiers militaires au Timor oriental et contribue à l'administration civile du pays dans le cadre de l'administration transitoire. Il est fier que ce soit un Mozambicain qui, dans ce cadre, fasse office de ministre de la Justice. C'est là une modeste contribution à la paix et à l'harmonie dans cette région du monde.

Le représentant a enfin annoncé que son pays avait décidé de conclure avec les Nations Unies un accord afin de s'associer à l'arrangement relatif aux forces en attente dans le cadre des opérations de maintien de la paix.

M. KNUT TOERAASEN (Norvège) a indiqué que bien des conflits aujourd’hui ont des sources complexes et qu’ils ne peuvent pas être résolus sans un engagement complet de la communauté internationale en faveur d’une approche globale à l’égard de la paix. Le but d’un effort de paix éventuel doit être de passer d’une situation de conflit à une situation de paix, ce qui exige de prendre en compte la situation historique du pays, a-t-il estimé. Une approche globale à l’égard de la paix et du développement est depuis longtemps au centre des préoccupations de la Norvège. La Norvège, en étroite coopération avec les organisations non gouvernementales, a établi des systèmes de forces en attente de personnel civil dans les domaines du renforcement des institutions, des droits de l’homme, de la démocratisation, des secours et du développement. Dans des situations où la prévention a échoué, elle a fourni des contingents à des opérations de maintien de la paix. Il était donc logique que la Norvège fasse du concept d’une approche globale de la paix le centre de ses priorités au Conseil de sécurité.

La Norvège appuie la plupart des recommandations du rapport Brahimi et les moyens proposés pour les mettre en œuvre. Elle appuie particulièrement la mise en place d’un secrétariat à l’information et à l’analyse stratégique (SIAS) comme instrument de prévention. Ce secrétariat devrait être en contact étroit avec les organisations non gouvernementales qui connaissent très bien le terrain, a-t-il estimé. L’expérience de la dernière décennie, surtout dans les Balkans a montré l’importance de la reconstruction d’un système de police civile et d’un système juridique et pénal comme condition préalable à la réussite de la reconstruction d’une société. A cet égard, la Norvège appuie les recommandations du rapport Brahimi qui soulignent l’importance de la police civile dans les opérations de maintien de la paix complexes. Il a expliqué qu’un pour cent de la police norvégienne participe aux opérations de paix internationales En tant que membre du Conseil de sécurité, a-t-il expliqué, la Norvège soulignera le rôle de la police civile et la réforme des activités en matière de sécurité dans les mandats des opérations de paix futures. A cet égard, il a appuyé la proposition de retirer l’unité de police civile de la composante militaire et de renforcer le rôle du conseiller de police civile. Evoquant l’importance du déploiement rapide des missions, il a expliqué que la Norvège appuie les recommandations du rapport Brahimi concernant le renforcement du Département des opérations de maintien de la paix, notamment en ce qui concerne son personnel. M. Toeraasen a appuyé la recommandation visant l’établissement d’équipes spéciales intégrées et a souligné l’importance de renforcer la coordination de tous les acteurs du système des Nations Unies. Il a également appuyé la création de liste pour le personnel de direction et a indiqué qu’il conviendrait, à cet égard, que les Etats Membres établissent des listes nationales.

Dans les opérations multifonctionnelles des Nations Unies, le déploiement rapide exige que les Etats Membres préparent des listes de réserve, notamment au niveau régional. Pour sa part la Norvège est en train d’établir une force de réserve de personnel militaire de 3500 soldats qui lui permettra de maintenir 1 500 hommes dans les opérations de paix. La contribution de la Norvège au système des forces et moyen en attente comprendra aussi du personnel de police civile et des experts civils. Le programme de formation que déploie la Norvège insistera en particulier sur l’Afrique australe et soulignera l’importance d’intégrer une approche sexospécifique à tous les niveaux des opérations de maintien de la paix. A cet égard, il a indiqué qu’il est très important d’adopter des mandats clairs fondés sur les perspectives réalistes pour les forces nécessaires. Le représentant a appuyé les recommandations du rapport Brahimi visant à réduire le fossé entre les mandats et les ressources et a expliqué qu’il convient, à cet égard, de trouver les moyens de faire participer plus étroitement les pays contributeurs aux travaux du Conseil de sécurité. Il a souligné l’importance de ne pas diminuer le soutien au développement en favorisant l’approche globale en matière de maintien de la paix compte tenu de l’importance des projets de développement pour la paix et la stabilité à long terme. Il convient également que les mandats et les règles d’engagement soient fermes afin de permettre aux missions de remplir leur mandat quelle que soit la situation sur le terrain. A cet égard, M. Toeraasen a appuyé les recommandations du Secrétaire général visant à assurer que l’Organisation des Nations Unies ne soit pas transformée en machine de guerre, et en particulier quant aux changements à apporter aux principes d’usage de la force par le personnel de maintien de la paix. Il a appelé les Etats Membres à payer leurs contributions à temps et sans condition afin de pouvoir permettre aux Nations Unies d’être une force de consolidation de la paix au XXIè siècle.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France), prenant la parole au nom des pays membres de l’Union européenne et des pays associés, a estimé que le maintien de la paix et de la sécurité internationales requiert une action résolue de la part de tous, le Conseil de sécurité, le Secrétariat général, l’Assemblée générale et tous les Etats Membres. La réforme nécessaire du système sera donc une œuvre collective et aucun des éléments ne devra être oublié, a-t-il souligné. Il a affirmé que l’Union européenne soutient pleinement les efforts déployés pour coordonner et promouvoir la continuité des tâches en faveur de la paix avant, pendant et après les activités de maintien de la paix. L’Union européenne, a-t-il ajouté, cherche pour sa part à contribuer activement et efficacement à la prévention et au règlement des conflits. Tout en rappelant le rôle primordial des Nations Unies pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale, le représentant a indiqué que l’Union est déterminée à poursuivre la coopération, sur la base d’actions se renforçant mutuellement, avec les Nations Unies, l’OSCE, le Conseil européen et d’autres organisations internationales dans la promotion de la stabilité, l’alerte précoce, la prévention des conflits, la gestion des crises et la reconstruction après les conflits.

M. Levitte a rappelé, qu’à Santa Maria da Feira, en juin dernier, le Conseil européen a réaffirmé sa détermination à élaborer une politique européenne commune de sécurité et de défense capable de renforcer l’action extérieure de l’Union européenne en créant une capacité de gestion des crises, militaire et civile, dans le plein respect des principes de la Charte des Nations Unies. Il a également rappelé que la gestion des aspects civils des crises a été particulièrement développée, notamment en matière de police civile, par l’engagement des pays membres de l’Union à fournir, d’ici à 2003, 5 000 policiers civils pour le maintien de la paix, chiffre auquel s’ajoute l’objectif, en matière de déploiement rapide, de pouvoir réaliser le déploiement de 1 000 policiers civils en moins de 30 jours. Le représentant a, par ailleurs, rappelé que l’Union européenne, par ses Etats Membres, contribue pour près de 40% au budget des Nations Unies pour le maintien de la paix, des contributions qui sont acquittées intégralement et dans les délais. A cet égard, il a déploré que certains pays ne paient pas leurs arriérés ou leur dette envers l’Organisation, estimant que cela constitue une atteinte au principe de la responsabilité collective des Etats Membres de l’ONU.

Le représentant a, par ailleurs, affirmé que ce dont les Nations Unies ont le plus besoin pour le maintien de la paix, outre la question des ressources, est une réforme des pratiques et des procédures, qui doit être reflétée également dans les structures au sein du Secrétariat, pour pallier les lacunes et les insuffisances du système actuel. A ce sujet, il a énuméré les priorités que l’Union européenne a identifié, à savoir notamment, le fait que le Conseil de sécurité doit donner des mandats clairs, crédibles et réalisables aux opérations de maintien de la paix, de même que le fait que les règles d’engagement devraient être mieux adaptées au contexte et aux mandats des missions. A titre de mesures prioritaires, le représentant a également évoqué le déploiement rapide des opérations qui requiert une action conjuguée du Conseil de sécurité, du Secrétariat général, des Etats Membres contributeurs de troupes et de l’Assemblée générale, de même que l’élaboration d’une stratégie générale de soutien logistique et la réforme des procédures d’achat et de la gestion des dépenses. Il a mis l’accent sur le fait que les Nations Unies ont besoin de personnel et de troupes bien entraînées et équipées, ajoutant que le Secrétaire général ne devrait pas déployer sur le terrain des unités qui ne correspondent pas aux conditions minimales fixées par le Mémorandum d’Accord. Il a conclu, en indiquant que l’efficacité des missions de maintien de la paix suppose également que la consolidation de la paix, à travers des projets à impact rapide et le lancement, le plus tôt et le plus en amont possible par rapport à une mission de maintien de la paix, de programmes de désarmement, démobilisation ou de réintégration des ex- combattants, soit pleinement intégrée à celles-ci.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a rappelé que la Déclaration du millénaire a été adoptée dans le contexte des efforts considérables déployés par les Nations Unies pour maintenir la paix et la sécurité internationales, mais que l'Organisation a été incapable, dans bien des cas, comme par exemple en Afrique, d'exécuter sa mission de façon efficace, rapide et bien coordonnée. Le représentant a dès lors souhaité que les opérations de maintien de la paix prennent en compte la complexité croissante des conflits. Il faut renforcer la capacité du Secrétariat à accomplir les missions des opérations de maintien de la paix. Il a souhaité que la discussion du Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix soit l'occasion d’un échange de vues sur certains sujets primordiaux. Il s'est félicité que les efforts portent sur la prévention des conflits, le maintien de la paix et la reconstruction de la paix après un conflit.

En ce qui concerne la question de la prévention des conflits, M. Kumalo a souligné qu'elle se heurte à des obstacles importants tels que l’absence de volonté politique et le manque de ressources institutionnelles de l’Organisation. Il attend avec impatience le rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité sur le sujet, pour l'année 2001. S'agissant des opérations de maintien de la paix, il a relevé la contribution importante qu'apportent les recommandations du rapport Brahimi. Il a mentionné notamment des mandats clairs et crédibles, ainsi que des structures unifiées de décision et de contrôle, invitant le Conseil de sécurité à agir sur cette base. Il s'est aussi prononcé en faveur de consultations plus significatives entre les membres du Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingent. Concernant la programmation d'opérations de maintien de la paix, M. Kumalo a indiqué qu'une approche coordonnée et cohérente était nécessaire pour répondre aux conflits pluridimensionnels. Il s'est dit favorable à la création d'une unité d'analyse d'information et de stratégie, comme le proposent les recommandations du rapport Brahimi. Il a aussi proposé un dialogue entre les Etats Membres et le Secrétariat sur la question de savoir comment la politique et la capacité d'analyse du Secrétariat pouvaient être affinées.

L'Afrique du Sud soutient aussi les recommandations sur le déploiement rapide. A ce propos, son représentant a souhaité qu'il soit discuté de la possibilité d'assister les pays en développement pour qu'ils soient en mesure de participer aux opérations de maintien de la paix. Concernant le renforcement du soutien aux opérations de maintien de la paix, il a attiré l'attention sur la nécessité de veiller à une répartition géographique équitable. Enfin, il a soutenu les recommandations en faveur de la prévention des conflits relatives au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration des combattants.

M. HOSSAM ZAKI (Egypte) s’est associé à la déclaration faite par la délégation jordanienne au nom des pays membres du Mouvement des non-alignés. Il a indiqué qu’il convient que l’exécution de toutes réformes proposées dans le rapport du Groupe de travail s’accompagne d’une évaluation franche et sincère pour aboutir à des résultats clairs et efficaces en accroissant la capacité d’agir de l’Organisation. Il a accueilli avec satisfaction les efforts considérables du Groupe de travail dirigé par M. Brahimi, le remerçiant pour ses recommandations précises. Il a déclaré que la réforme de l’activité de l’ONU en matière de maintien de la paix, doit prendre une forme globale et équilibrée, marquée par l’égalité. La délégation égyptienne, a-t-il poursuivi, voit d’un oeil positif bons nombres des propositions présentées par le Secrétaire général dans son rapport sur la mise oeuvre des recommandations du Groupe de travail.

Il a affirmé que les mesures à prendre pour consolider le Département du maintien de la paix ne sauraient porter leurs fruits sans que soient réalisées trois conditions. A cet égard, le représentant a, d’abord, évoqué l’engagement déclaré des Membres, surtout celui des grandes puissances ocidentales, qui, a-t-il estimé, appuient actuellement du bout des lèvres les opérations, sans participation sur le terrain. La communauté internationale devrait mettre un frein à la pratique qui consiste à confier aux pays en développement le gros des opérations de maintien de la paix. Deuxièmement, a-t-il poursuivi, les méthodes de consultation entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes doivent être reformulées. Toutes les décisions relatives au mandat des missions, prises par le Conseil, doivent être connues par les pays contributeurs, cela pourrait inciter des pays à devenir fournisseurs de contingents, a-t-il estimé. Il a, de plus, déclaré que le Conseil de sécurité doit comprendre qu’il ne peut continuer à méconnaître le point de vue des Etats dont la vie des citoyens est mis en péril sur le terrain au cours des missions.

Le représentant a indiqué qu’il convient, en troisième lieu de mettre fin au déficit financier chronique dont souffre l’Organisation depuis de nombreuses années, ce qui l’a contrainte à réduire le nombre de militaires sur le terrain alors que ceux-ci doivent aujourd’hui mener à bien des tâches de plus en plus complexes. Le représentant a enfin estimé que ces mesures ne seront viables que si tous les Etats Membres s’acquittent de leurs arriérés et versent leur quote- part au budget immédiatement et sans condition, ainsi l’ONU pourra rembourser les Etats Membres pour leur participation. En effet, a-t-il ajouté, la situation, à ce sujet, ne saurait durer plus longtemps, les pays contributeurs ne pouvant assumer seuls les dépenses des opérations de maintien de la paix. Rappelant que l’ONU a assumé des tâches novatrices qui relèvent de l’administration civile ou transitoire, il a indiqué que cela fait naître des questions quant à la nature des activités que le Conseil de sécurité confie au Secrétariat. A cet égard, il a estimé qu’il convient de répondre à ces questions avant de mettre à examen les propositions du Secrétaire général sur le rapport Brahimi. L’ONU doit-elle apporter des changements conceptuels à l’esprit dans lequel elle assume le maintien de la paix et de la sécurité? Pour l’Egypte, il semble que les opérations au Kosovo et au Timor oriental constituent deux cas exceptionnels qui ne peuvent justifier que l’on accorde aux Nations Unies des capacités institutionnelles permanentes pour soutenir des activités transitionnelles. En conclusion, il a estimé que les discussions sur les sujets qui préoccupent de nombreuses délégations doivent se poursuivre.

M. MANUEL PICASSO (Pérou) a rappelé qu’il a été déploré à maintes reprises et dans de nombreuses enceintes que les membres du Conseil de sécurité, et en particulier les membres permanents, aient en plusieurs occasions étendu, de façon unilatérale, le contenu, la portée et le mandat des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, les autres Etats Membres se sont donc retrouvés dans la position d’observateurs passifs de ces situations délicates. C’est pourquoi, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le rôle du Comité spécial des opérations de maintien de la paix pour lui permettre de s’acquitter pleinement du mandat pour lequel il a été créé et de devenir un interlocuteur valide jouissant d’une plus grande influence. Le représentant est également revenu sur les débats tenus par le Mouvement des pays non alignés relatifs à la nature des opérations de maintien de la paix de l’Organisation. Le Mouvement a notamment considéré que les éléments de consolidation de la paix sont fondamentaux, a rapporté le représentant, tout en indiquant que de nombreux pays du Mouvement ont, toutefois, insisté sur l’importance que des activités se fassent sans entraver la notion de souveraineté des Etats, ni le principe de non-intervention dans les affaires internes d’un pays. Les pays non alignés, a-t-il poursuivi, ont également mis l’accent sur l’impossibilité de définir une ligne unique devant s’appliquer à toutes les opérations de maintien de la paix, car elles sont toutes différentes. C’est pourquoi, il a défendu l’idée que les mandats et les ressources des missions soient élaborés par le biais d’une approche au cas par cas. Il a néanmoins estimé qu’il convient parallèlement de disposer de principes de base pour toutes les missions, principes relatif au consentement, à la neutralité et à l’utilisation de la force uniquement en cas d’autodéfense.

M. Picasso, revenant plus précisément sur le rapport Brahimi, a indiqué que sa délégation appuie la plupart de ses recommandations pratiques. Dans ce contexte, il a notamment mis l’accent sur l’importance des mesures visant à accroître la coordination et la consultation entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes pour ce qui concerne la formulation des mandats spécifiques des missions. Il a également mis en avant le besoin de renforcer la capacité du Secrétariat dans le domaine de la planification des nouvelles missions, de même qu’en ce qui concerne l’amélioration de la coordination et du dialogue, par le biais notamment de flux d’informations, entre la mission sur le terrain et le Siège de l’Organisation. Revenant sur les missions du type de celles du Kosovo et du Timor oriental, qui disposent d’un mandat complexe visant à la reconstruction complète de la société, le représentant a estimé que celles-ci ne devraient pas être préparées comme de simples missions de maintien de la paix. Ces missions, a-t-il poursuivi, supposent que l’ONU se préparent à assumer des tâches qui, très souvent, vont bien au-delà des ses capacités et exigent donc l’allocation de ressources importantes et d’un personnel nombreux. Il a constaté que l’allocation de ressources importantes pour de telles missions se fait aux dépens de questions qui ne reçoivent pas la même attention, telles que la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement. A cet égard, M. Picasso a suggéré que la question du déploiement de telles missions soit discutée préalablement par le biais d’un processus de consultations avec l’Assemblée générale, qui est l’organe le plus démocratique de l’Organisation. Le représentant a conclu en réaffirmant que la prévention des conflits doit impérativement se faire en consultation et avec le consentement de l’Etat concerné, de même le consentement du pays concerné doit être obtenu avant l’envoi par le Conseil de sécurité d’une mission d’établissements des faits.

M. MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) s’est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie au nom du Mouvement des non alignés. Il a déclaré qu’il avait était gêné par certaines recommandations contenues dans le rapport Brahimi mais que le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des recommandations du rapport du Groupe d’étude avait apaisé ses craintes. Il a indiqué que plus de la moitié des recommandations du Groupe d’étude avait déjà été formulées par le Comité spécial sans avoir été mises en œuvre. Il a espéré que cette fois ci le Secrétariat et le Conseil de sécurité feront diligence. Il a émis l’espoir que le Conseil de sécurité présentera ses intentions quant au renforcement des consultations avec les pays contributeurs de contingents, conformément à la résolution 1318 (2000) et que les pays contributeurs seront consultés dans le cadre de la définition des mandats qui impliquent l’action en vertu de la menace contre la paix, de rupture de la paix et d’actes d’agression. C’est seulement au travers de consultations que nous pourrons éviter la répétition de ce qui s’est passé en Sierra Leone où des Etats Membres ont retiré des contingents parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec le mode opératoire et les tâches assignées à la Mission des Nations Unies en Sierra Leone. Il a indiqué que le Groupe d’étude a souligné le besoin d’une plus grande force des Nations Unies, mieux équipée et moins coûteuse, capable de se poser en force de dissuasion crédible. A cet égard, il a dénoncé le fait que les pays occidentaux ne sont pas prêts à risquer leurs troupes dans des opérations de maintien de la paix dans des régions où ils n’ont pas d’intérêts nationaux. Cette tâche est laissée aux pays du tiers monde à qui il est en même temps demandé par les grandes institutions mondiales de réduire les dépenses de défense et de diminuer le nombre de forces militaires. Il a expliqué que la situation des pays du tiers monde est aggravée par le non remboursement de leurs créances, d’un montant de 350 millions pour les pays du Mouvement des non alignés, par l’Organisation à la suite de leur participation aux opérations de maintien de la paix. Comment s’attendre à ce que les pays du tiers monde, qui sont les piliers des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, continuent dans ces conditions à participer, et ce avec des troupes mieux équipées et moins coûteuses, s’est-il interrogé, en soulignant que la question des créances des pays contributeurs doit être résolue maintenant avant qu’elle n’affecte leur capacité à participer aux opérations de maintien de la paix. A cet égard, il a estimé qu’il est très décevant de voir que le Groupe d’étude n’a pas formulé de recommandations à cet égard.

Il a exprimé la préoccupation de sa délégation quant à l’inégale distribution des postes de cadre dans le Département des opérations de maintien de la paix quant au fait que 50% du personnel du Département est fourni par deux régions alors que le monde en développement, qui est un contributeur régulier de troupes, n’est pas représenté du tout. Il a fait remarquer une fois de plus que le Groupe d’étude n’avait fait aucune recommandation à cet égard. Il a proposé que les 181 postes proposés pour le Département de maintien de la paix soient alloués en majorité à des ressortissants de pays en développement, en dérogation de l’Article 101 de la Charte des Nations Unies. A cet égard, il a évoqué le mécanisme de discrimination positive existant aux Etats-Unis, invitant les Nations Unies à suivre cet exemple. Il a appuyé les efforts déployés pour corriger la situation de sous-représentation des femmes au Secrétariat et dans le Département des opérations de maintien de la paix, y compris sur le terrain, et a souhaité qu’une action similaire soit entreprise pour corriger la sous-représentation des pays en développement dans le Département.

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a déclaré que la diversité croissante des opérations de maintien de la paix et la rapide croissance du nombre de personnes impliquées ont posé de nouveaux défis aux Etats Membres, au Conseil de sécurité et au Secrétariat. Le rapport Brahimi et le plan de mise en oeuvre proposé donnent des idées concrètes pour répondre à ces défis, a-t-il estimé. Parmi les différentes recommandations, le Japon soutient en particulier celles visant à ce que le Secrétaire général utilise plus fréquemment des missions d’établissement des faits, à améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité, à créer une capacité de déploiement rapide en termes de direction de mission, de personnel militaire, de police civile, et à créer des équipes spéciales intégrées. Le Japon appuie également les recommandations visant à établir une méritocratie au sein du Secrétariat et des missions sur le terrain ainsi que celles visant au respect des normes locales, des cultures et des pratiques. Concernant la demande de ressources supplémentaires, le représentant a souligné la nécessité de se concentrer à titre urgent sur les ressources qui ne sont pas redéployables.

La sécurité du personnel est une autre question importante soulevée par le rapport Brahimi. M. Kobayashi a évoqué les incidents qui ont eu lieu récemment en Sierra Leone, au Timor oriental et en Guinée et s’est déclaré encouragé par la publication du rapport du Secrétaire général sur la sécurité du personnel des Nations Unies, tout en déplorant qu’il ne traite que de la sécurité du personnel civil alors que le renforcement de la sécurité des agents du maintien de la paix est aussi importante. A cet égard, il a exhorté le Secrétaire général à faire un examen complet des besoins en sécurité des agents de maintien de la paix, conformément à la demande du Comité spécial. Il a indiqué que le Japon est prêt à coopérer en ce sens et a annoncé qu’il accueillera en mars prochain, en coopération avec le Département des opérations de maintien de la paix, un séminaire consacré à la sécurité et à la sûreté du personnel de maintien de la paix des Nations Unies.

M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a estimé que la publication du rapport Brahimi a insufflé une nouvelle vigueur aux efforts de promotion des capacités de maintien de la paix des Nations Unies et de leur crédibilité. Il a dit soutenir la convocation d'une session extraordinaire du Comité spécial chargé des opérations de maintien de la paix dans le but d'examiner minutieusement ce rapport ainsi que la mise en oeuvre récente des programmes qui en ont découlés. Rappelant que ce rapport définit le maintien de la paix comme comprenant trois éléments, à savoir la prévention des conflits et le rétablissement de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix, qui n'ont pas la même importance selon la nature des conflits, le représentant a estimé utile d'analyser davantage les recommandations contenues dans le rapport.

Le représentant a réitéré l'importance que son pays attache à la coopération entre les Nations Unies et les Etats Membres, notamment pour ce qui est de la formation sur le terrain et de l'édification des capacités institutionnelles nationales. Une telle coopération peut aider les pays contributeurs de troupes à répondre aux normes et critères des Nations Unies, a-t-il précisé. Il a également accueilli favorablement le développement des principes et mécanismes devant régir la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. Il a, à cet égard, encouragé le Groupe des enseignements tirés de l'expérience des missions à poursuivre son travail. S'agissant de la pandémie de VIH/sida, le représentant a soutenu la décision contenue dans le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix d'accueillir favorablement les efforts de sensibilisation du Département des opérations de maintien de la paix. Le représentant a également accueilli favorablement les mesures de prévention comme la vaccination préventive des Casques bleus. Dans ce contexte, a-t-il ajouté, la coopération entre le Département, ONUSIDA, et d'autres institutions des Nations Unies est pertinente. Il a souligné également l'importance d'inclure des unités médicales dans les opérations de maintien de la paix déployées dans des pays à risque. Cette unité devrait mener des examens médicaux sur une base quotidienne si nécessaire. Nous soutenons également l'établissement de cartes indiquant les zones de diffusion du virus dans les pays où se trouve une opération de maintien de la paix, a ajouté le représentant. Celui-ci a par ailleurs reconnu la nécessité d'impliquer davantage les femmes, sur une base géographique élargie, dans les opérations de maintien de la paix et d'intégrer les questions de sexospécificité dans toute opération.

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