AG/SHC/508

LA TROISIEME COMMISSION DEBAT DE LA COMPLEXITE ET DES CARENCES DE L'ASSISTANCE ET DE LA PROTECTION INTERNATIONALE EN MATIERE DE REFUGIES

8 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/SHC/508


LA TROISIEME COMMISSION DEBAT DE LA COMPLEXITE ET DES CARENCES DE L'ASSISTANCE ET DE LA PROTECTION INTERNATIONALE EN MATIERE DE REFUGIES

20001108

Dans le cadre de son débat sur les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés, et aux personnes déplacées et questions humanitaires, la Troisième Commission a, ce matin, entendu des déclarations qui ont essentiellement porté sur les enjeux et les carences de l'aide et de la protection internationale.

La représentante du Ghana, s'exprimant au nom des pays d'Afrique de l'Ouest, a estimé que l'aide de la communauté internationale a été peu abondante et lente vis-à-vis de l'Afrique, contrairement à la générosité et à l'empressement dont elle a fait montre pour d'autres régions comme le Kosovo. Elle a souhaité que les pays africains qui sont confrontés à l'énorme fardeau de réfugiés et qui essaient en même temps d'assurer leur développement durable dans des conditions difficiles soient davantage aidés. L'Observateur du Programme alimentaire mondial (PAM) a pour sa part indiqué que son organisation a joint ses efforts à ceux du HCR afin d'attirer l'attention sur les cas d'urgence qui sont oubliés et qui manquent de financements adéquats. M. Cabral a estimé que l'environnement dans lequel l'assistance humanitaire est fournie est de plus en plus difficile. Le drapeau des Nations Unies n'est plus un bouclier, a-t-il dit. C'est pour cela qu'un grand nombre d'intervenants du monde humanitaire ont sans cesse répété que des actions doivent être prises par les Etats Membres.

Partageant les préoccupations de plusieurs délégations sur les mesures restrictives de plus en plus appliquées en matière de droit d'asile, le représentant du Pakistan a affirmé que cette tendance correspond à une approche discrétionnaire s'éloignant des normes juridiques acceptées et souvent fondées sur des arrangements spéciaux qu'adoptent de nombreux Etats qui accordent la primauté à leurs intérêts nationaux, aux dépens de leurs responsabilités internationales. Il est regrettable que ces politiques restrictives soient parfois utilisées par des pays qui se présentent par ailleurs comme des champions des droits de l'homme, a-t-il ajouté.

Plusieurs délégations avaient lancé un appel afin que le HCR puisse obtenir davantage de ressources afin de s'acquitter de son mandat dans des conditions de plus en plus dangereuses. Faisant écho à ces déclarations, M. Nicolas Bwakira, Directeur du Bureau de liaison de New York du Haut Commissariat pour les réfugiés a souligné, dans ses remarques de clôture, que le HCR ne peut remplir son mandat ni moderniser et perfectionner son fonctionnement ou lancer de nouvelles opérations sans les ressources adéquates, notamment financières. Il a salué les appuis déjà fournis par les bailleurs de fonds mais a insisté sur le fait que,

sans ressources supplémentaires, le HCR devra renoncer à des activités prioritaires et ne pourra pas étendre son assistance à des zones trop souvent négligées et oubliées de l'actualité internationale. La Conférence des donateurs qui se tiendra ce vendredi sera l'occasion de renouveler l'engagement de la communauté internationale en faveur du HCR.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Yémen; Azerbaïdjan; Colombie; Ethiopie; Géorgie; Croatie; Canada; Pakistan; République de Corée; Bhoutan; Algérie; Erythrée; Ghana et Thaïlande. Le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) a également participé au débat. En fin de séance, les représentants des pays suivants ont exercé leur droit de réponse: Arménie; Népal; Ethiopie; Bhoutan; Azerbaïdjan et Erythrée.

La Troisième Commission, ayant achevé son débat sur les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux personnes déplacées et questions humanitaires, poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures par la présentation d'un certain nombre de projets de résolutions. Elle devrait aussi se prononcer sur une série de textes.

QUESTIONS RELATIVES AUX REFUGIES, AUX RAPATRIES ET AUX PERSONNES DEPLACEES - QUESTIONS HUMANITAIRES

Fin du débat général

M. AMEER ALAIDEROOS (Yémen) a déclaré que même si sa délégation est très satisfaite du rapport présenté par la Haut Commissaire, le Yémen estime cependant que ce document ne reflète pas le nombre exact des réfugiés qu'il y a dans son pays. Il a expliqué que les chiffres du HCR doivent être révisés à la hausse, dans la mesure où le Yémen accueille au moins le double des réfugiés dénombrés. Il ne dispose pas toutefois de moyens adéquats pour une évaluation plus précise.

M. Alaideroos a indiqué que son pays reçoit traditionnellement tous ceux qui fuient divers fléaux dans la région, parce que le Yémen est convaincu de la nécessité de respecter le droit humanitaire et les instruments internationaux pertinents. Le représentant a affirmé qu'à tous ces réfugiés, son pays fournit asile et abri. Mais, il a déploré la surcharge ainsi causée sur les moyens et les infrastructures du pays.

Evoquant une lueur d'espoir, M. Alaideroos a déclaré que le Président somalien a récemment annoncé la création de zones de sécurité dans son pays. A cet égard, le représentant a lancé un appel à la paix et la sécurité en Somalie, afin qu'un règlement du conflit ouvre la voie à une solution à la question humanitaire des réfugiés. Après avoir dénoncé les violences et les dangers auxquels sont exposés les travailleurs humanitaires dans les régions en proie à des conflits, M. Alaideroos a appuyé les initiatives novatrices visant à coordonner la coopération entre le HCR et d'autres organisations internationales en vue de mieux aborder la question des réfugiés dans sa globalité.

M. KOULIEV (Azerbaïdjan) a expliqué que, suite à l'agression commise par la République d'Arménie contre l'Azerbaïdjan, d'importants mouvements de population ont eu lieu. Ce conflit et ses conséquences catastrophiques sont le premier problème du Gouvernement et de la population azéri, et ils continueront de les affronter tant qu'ils n'auront pas été réglés, a-t-il souligné. Le Gouvernement azéri estime que la seule solution au problème des réfugiés et des personnes déplacées est le retour dans leurs foyers. Mais cette solution ne pourra être réalisable que lorsque les forces d'occupation arméniennes se seront retirées de la République d'Azerbaïdjan. Le représentant a appelé la communauté internationale à prendre des mesures pour faire en sorte que rien ne soit fait pour empêcher les réfugiés et personnes déplacées de retourner dans leurs foyers.

Le représentant a ensuite rappelé que la Convention de 1951 sur le statut des réfugiés comporte une disposition reconnaissant que l'octroi du droit d'asile peut imposer à certains pays un fardeau insurmontable, et que certains problèmes, dont le caractère est notoirement international, ne peuvent être résolus qu'à travers une coopération internationale. Il a également rappelé que le Haut Commissaire, Mme Ogata, a déclaré que parmi les situations exigeant une attention d'urgence, la situation dans le Caucase semble avoir cessé d'être une priorité pour la communauté internationale. Dans ce contexte, le représentant a préconisé une transition complète de la phase d'urgence exigée par la crise à un programme de développement, de reconstruction et de réintégration. Il a été d'avis que les projets pour le développement à long terme doivent être menés en même temps que l'aide humanitaire.

Le représentant a précisé que son gouvernement a mis en place une stratégie de création d'emplois pour les personnes déplacées, afin que ces dernières disposent de leurs propres modes de subsistance. Cependant, l'aide de la communauté internationale reste indispensable pour l'Azerbaïdjan et ne doit pas être réduite, a souligné le représentant. Le représentant a par ailleurs déclaré que l'Azerbaïdjan n'accepte pas le concept de coopération sousrégionale car ce type de coopération est fragile et improductif si les conflits ne sont pas résolus. Il a souligné que la solution des problèmes que rencontre son pays ne peut être trouvée en dehors des cadres actuels de résolution des conflits. En conclusion, il a attiré l'attention des membres de la Commission sur l'accord qu'a passé l'Arménie avec le "régime de marionnettes" du Nagorno-Karabakh occupé, et qui comporte notamment une clause sur la modification de la composition démographique de cette zone témoignant des véritables intentions de l'Arménie.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré que sa délégation est préoccupée par la tendance dans un nombre de plus en plus grand de pays qui est d'appliquer des mesures discrétionnaires et restrictives limitant le droit d'asile pour de simples raisons de politique intérieure. Il a lancé un appel pour que les Etats abandonnent la pratique du refoulement. Quant aux principes directeurs relatifs aux personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, M. Valdivieso a affirmé que la Colombie est prête à collaborer avec les autres Etats pour une réflexion plus approfondie sur le sujet.

Revenant sur les statistiques, le représentant a estimé que pour ce qui est des réfugiés, les chiffres inspirent presque toujours confiance, dans la mesure où ils résultent d'une collaboration entre le HCR et les gouvernements. Mais pour ce qui est des statistiques sur les personnes déplacées à travers le monde -le cas de la Colombie est patent- il s'agit, a-t-il dit, d'approximations qui ne tiennent pas compte des mouvements fréquents et rapides des populations, des changements de la situation économique, et de l'exode rural. On ne sait pas non plus combien et quand des personnes cessent d'être considérées comme déplacées parce que leur situation économique a changé ou à la lueur de situations d'urgence ou de réhabilitation. M. Valdivieso a conclu sa déclaration en affirmant que son pays se félicite des efforts orientés vers la création d'une coalition internationale rassemblant le HCR, les institutions financières internationales, la Banque mondiale, le PNUD et d'autres organisations en faveur de la relance économique des pays affectés par les conflits.

M. FESSEHA A. TESSEMA (Ethiopie) a regretté que des millions de personnes soient encore réduites au statut de réfugié ou de personne déplacée et que les difficultés liées à leur protection persistent. Mettre en place un système efficace et complet de protection de ces populations reste une tâche urgente qui appelle à un effort concerté de toutes les parties concernées. Le représentant a jugé particulièrement grave le problème des réfugiés en Afrique. Il a appelé les pays africains à élaborer avec le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) une stratégie complète basée sur les valeurs africaines et destinée à satisfaire les besoins des Africains, en coopération avec la communauté internationale dans son ensemble. Cette stratégie devrait en outre répondre aux problèmes du rapatriement volontaire, de la réinsertion et de la réconciliation, qui sont des éléments fondamentaux.

Le représentant a ensuite précisé que la population actuelle de réfugiés en Ethiopie dépasse largement les 300 000 personnes, ce qui fait de ce pays l'une des quatre premières terres d'accueil en Afrique. Bien que l'Ethiopie soit connue pour sa générosité envers les demandeurs d'asile, l'énorme flux de plus de 300 000 Ethiopiens déplacés suite à l'agression non provoquée de l'Erythrée contre l'Ethiopie depuis mai 1998, a fait de la générosité un fardeau plus lourd que jamais et de plus en plus difficile à supporter.

En conclusion, le représentant a déclaré que pour affronter ces défis de manière crédible, le HCR doit renforcer ses ressources financières et humaines, qui sont aujourd'hui beaucoup trop faibles. Il faut également renforcer l'esprit de coopération et de partage des responsabilités, et se pencher sur les causes profondes des conflits.

M. GOCHA LORDKIPANIDZE (Géorgie) a évoqué la situation alarmante qui prévaut dans son pays qui est confronté à des problèmes économiques. Il a déclaré qu'en Géorgie, 300 000 réfugiés ont fui l'épuration ethnique et les persécutions dont ils sont victimes en Abkhazie. L'anarchie endémique qui règne en Abkhazie reflète la nécessité urgente d'assurer la sécurité et la protection des droits des rapatriés. Le représentant a accusé le Parti abkhaze de graves violations des droits de l'homme. M. Lordkipanidze a ajouté que le Parti abkhaze, qui a pratiqué une politique d'épuration ethnique contre les ressortissants géorgiens en mai 1998, a commis des exactions qui ont un caractère génocidaire.

Le représentant a plaidé pour l'octroi, par l'ONU, d'un statut temporaire spécial des rapatriés, en collaboration avec le HCR, le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et le Bureau de la coordination humanitaire des Nations Unies. Il a estimé que ce statut permettra aux rapatriés de jouir de droits humains fondamentaux et de vivre dans un environnement de sécurité. M. Lordkipanidze a également souhaité le déploiement d'une police civile des Nations Unies et que les responsables de violations des droits de l'homme soient traduits en justice. Le représentant a affirmé qu'il n'y aura pas de solution au problème tant que l'impunité persiste.

Le représentant a ensuite abordé la nécessité pour le HCR de contribuer aux recommandations du rapport Brahimi. Il a également évoqué la question de la convergence de l'assistance humanitaire immédiate et de l'aide au développement à long terme. A cet égard, il a indiqué que le Gouvernement de la Géorgie participe à un processus de consultation avec les ONG sur un éventail d'activités impliquant la société civile sur la réintégration des personnes déplacées, pour une meilleure compréhension des nouveaux principes directeurs relatifs à ces groupes, à propos de leurs droits civiques et de leur protection, et sur l'importance de la diplomatie dans ces processus. M. Lordkipanidze, soulignant que la coopération entre son gouvernement et le HCR va bien au-delà de la question abkhaze, a évoqué l'ampleur de la contribution du Haut Commissariat dans la région de Tskhinvali en Ossétie du Sud et son appréciable assistance aux réfugiés tchétchènes. A la lueur de ces activités, il a souhaité que des ressources adéquates soient octroyées au bureau du HCR en Géorgie.

Mme TANIA VALERIE RAGUZ (Croatie) a déclaré que depuis plusieurs années la Croatie a cherché à promouvoir et à faciliter le retour des réfugiés qui ont fui la Bosnie-Herzégovine et la République Fédérale de Yougoslavie et qui désirent s’installer de façon durable en Croatie, ainsi que celui des personnes déplacées qui attendent la reconstruction ou la restitution de leurs foyers endommagés durant la guerre. Dans ce contexte, les conséquences humaines et les dimensions complexes du déplacement nécessitent une réponse satisfaisante aux besoins des réfugiés et des personnes déplacées et doivent être examinées d’une manière équitable.

Le Gouvernement croate est aussi conscient de l’importance d’assurer une bonne transition entre l’aide au développement et l’aide humanitaire dans les situations qui font suite à un conflit. Il a accordé une attention particulière aux moyens de répondre de façon efficace aux problèmes des réfugiés et des personnes déplacées. La représentante a souligné que compte tenu de la complexité et de l’étendue du problème, il faut considérer non seulement la dimension politique mais aussi les dimensions financière et humanitaire. Il est essentiel, a-t-elle ajouté, que le retour des personnes qui ont fui leur pays se fasse de façon non discriminatoire et sans condition de réciprocité. Elle a indiqué qu’en Croatie, les dispositions discriminatoires de la législation s’appliquant au processus de retour, a été abrogée et des amendements adoptés, en coopération avec la communauté internationale afin de créer les conditions nécessaires au retour des réfugiés. Ces amendements juridiques, a –t-elle précisé, s’inscrivent dans la droite ligne des engagements pris par les gouvernements en matière de restitution des propriétés et de garantie du droit à la reconstruction.

La représentante a ajouté que son gouvernement a poursuivi la mise en oeuvre du Programme pour le retour des réfugiés et des personnes déplacées et souligne ainsi que le retour de ces personnes est une condition essentielle à l’élimination des conséquences de la guerre et à la normalisation dans les pays ainsi que dans les régions qui ont été affectés par la guerre. Depuis le début de l’année des résultats importants ont été obtenus, plus de 30 045 croates et serbes ont retrouvé leur foyer en Croatie. Ce processus de retour, a-t-elle, précisé comprend la reconstruction des domiciles ainsi que la remise en état des services publics sociaux détruits pendant la guerre. La représentante a indiqué que son gouvernement a élaboré un projet sur le rapatriement volontaire et la réintégration durable des réfugiés croates qui a été intégré au volet pour un démarrage rapide du Pacte de stabilité en Europe du Sud Est. Les projets de développement visant à revitaliser les communautés sont la clef du succès futur de ce processus de retour a indiqué la représentante.

Mme BRIGITTE DIOGO (Canada) a tout d’abord fait part de son admiration pour le leadership démontré par Mme Ogata face aux nombreuses crises humanitaires et complexes qui ont marqué les dix dernières années. Elle a lancé un appel à l’ensemble des pays pour prendre des mesures afin de renforcer la sécurité des travailleurs humanitaires qui interviennent pour le bien-être des populations vulnérables. Le Canada continuera d’apporter son appui au HCR pour trouver et mettre en œuvre les solutions durables, qu’il s’agisse de retour dans leur pays d’origine, d’intégration locale ou encore de réinstallation dans les pays tiers. Nous devons trouver une solution au problème persistant de la protection sans solution durable qui crée des situations où des réfugiés ayant obtenu la protection dans des pays de premier asile, restent souvent des années dans des camps, sans solution durable en vue, a poursuivi le représentant.

Cela vaut particulièrement pour les réfugiés afghans et ceux de la région des Grands Lacs d’Afrique. L’insécurité dans les camps de réfugiés, le manque d’accès aux populations déplacées, les restrictions au niveau de l’asile et les mouvements de réfugiés politisés sont parmi les autres défis auquel le HCR doit faire face. Toutefois, ces défis ne sont pas du seul ressort du HCR, a-t-il ajouté, les Etats détiennent une responsabilité à part entière. Le Canada pense que cette année du 50ème anniversaire du Haut Commissariat offre une excellente occasion d’examiner la manière de renforcer les principes de la protection des réfugiés. Dans ce contexte, le Canada participera activement aux prochaines consultations mondiales du HCR sur la protection internationale. Il espère que ces consultations produiront des résultats concrets en identifiant et en trouvant des solutions aux lacunes actuelles en matière d’asile et en améliorant le système de protection international dans son ensemble.

La représentante a invité les Etats à travailler avec le HCR pour améliorer l’approche des crises de réfugiés, qui doit être globale. Il faut, selon elle, mieux lier aide humanitaire et développement; renforcer les liens entre les intervenants concernés de l’aide humanitaire; accroître la coopération entre les Etats, la société civile et les réfugiés eux-mêmes. Compte tenu des demandes multiples et simultanées par rapport à des ressources qui sont limitées, nous devons tous nous adapter pour mieux répondre aux exigences de notre environnement changeant, a-t-il ajouté. En tant qu’organisation, le HCR doit prendre des mesures pour devenir plus efficace dans la gestion de ses programmes. Le Canada appuie les efforts de l’organisation dans cette direction. Finalement, Mme Diogo a insisté sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des mouvements de réfugiés. Les Etats doivent assumer leur responsabilité en créant les conditions nécessaires pour prévenir le déplacement de leurs propres populations.

M. ALAMGIR BABAR (Pakistan) a regretté qu'un grand nombre de personnes relevant du mandat du Haut Commissaire pour les réfugiés soient placées en détention ou doivent subir des mesures restrictives similaires dans de nombreux pays. Cette tendance correspond à une approche discrétionnaire s'éloignant des normes juridiques acceptées et souvent fondées sur des arrangements spéciaux qu'adoptent de nombreux pays qui accordent la primauté à leurs intérêts nationaux, aux dépens de leurs responsabilités internationales. Il est regrettable que ces politiques restrictives soient parfois utilisées par des pays qui se présentent par ailleurs comme des champions des droits de l'homme.

Le représentant a ensuite souligné que le Pakistan a la particularité d'accueillir la plus grande population de réfugiés depuis plus de 20 ans. Il a payé au prix fort son obligation morale envers une population de réfugiés afghans qui, au point culminant de son exode, s'élevait à plus de 3,5 millions. Dans plusieurs districts, l'équilibre démographique a été complètement détruit car les réfugiés étaient en plus grand nombre que la population locale. Appartenant à un peuple de bergers, les réfugiés afghans s'étaient enfuis avec leur bétail, ce qui a contribué à dénuder des chaînes de montagnes entières et a provoqué une grave érosion des sols. La présence prolongée d'une importante population de réfugiés a eu un coût très élevé dans les domaines économique, social et environnemental.

Deux millions d'Afghans sont rentrés en Afghanistan mais 1,8 million vivent encore au Pakistan, a précisé le représentant. Ces derniers mois, la grave sécheresse qui frappe l'Afghanistan a provoqué l'afflux de 28 000 nouveaux réfugiés et ce nombre pourrait encore augmenter si la situation ne s'améliore pas dans ce pays. Le retour de la paix et de la sécurité, la reconstruction des infrastructures, le déminage et la création de conditions de vie et de travail propices sont essentiels pour encourager le rapatriement des réfugiés, mais aucune de ces conditions n'existe encore en Afghanistan, a regretté le représentant. Il a estimé que la communauté internationale devrait élaborer une nouvelle approche qui permettrait de faire face à la réalité qui prévaut en Afghanistan afin de faciliter le retour honorable et digne des réfugiés dans leurs foyers.

M. JAE-HONG LIM (République de Corée) a déclaré que son pays partage l’idée que les principes relatifs de la Convention de 1951 doivent être considérés comme la base universelle du régime international des réfugiés et qu’ils doivent guider les réponses aux problèmes actuels des flux massifs de réfugiés et demandeurs d’asile, problèmes mêlés à ceux de l’immigration illégale. Afin de contrecarrer les réactions gouvernementales contre les demandeurs d’asile ainsi que la confusion de l’opinion publique sur l’abus des mécanismes d’asile, il a indiqué le besoin de créer un régime efficace et universel de protection international des réfugiés. A cet égard, il a soutenu la proposition du HCR de lancer un processus de consultations mondial avec les gouvernements visant à promouvoir la Convention de 195 et à développer des nouvelles normes et approches.

La mondialisation de l’économie et la complexité croissante des mouvements de population, y compris ceux motivés par la recherche de meilleures opportunités économiques, indiquent que les consultations futures devraient porter une attention aux aspects variés du phénomène nouveau de la mondialisation en tenant compte de la nécessité de parvenir à un équilibre entre les considérations humanitaires et les préoccupations des pays d’accueil.

Rappelant les incidents tragiques de septembre dernier au Timor occidental et en Guinée, et posant ainsi la question de la sécurité des travailleurs humanitaires, le représentant a déclaré que la réponse doit être obtenue au niveau de la communauté internationale. A cet égard, il a indiqué que son pays a été le premier à soulever cette question auprès du Conseil de sécurité en mai 1997, et que le Conseil depuis, a suggéré une série de mesures importantes relatives à la protection du personnel humanitaire. Le représentant a ajouté que l’Assemblée générale a adopté en décembre dernier une résolution sur la sécurité du personnel humanitaire ainsi que sur celui des Nations Unies, établissant ainsi les principes directeurs pour renforcer la protection de ces personnes. Le représentant s’est alors félicité des recommandations du Secrétaire général qui ont été faites après cette résolution. La République de Corée attend avec impatience les résultats de travail du Groupe permanent interorganisations sur une approche commune pour assurer la sécurité de tout le personnel humanitaire. Concluant, le représentant a indiqué que le problème des réfugiés nécessite l’engagement de la communauté internationale dans le partage des responsabilités et dans un esprit de solidarité.

M. OM PRADHAN (Bhoutan)a déclaré que ce sont des facteurs incontournables - la démographie, l'environnement ou l'extrême pauvreté- qui forcent des millions de personnes à se déplacer et à s'installer ailleurs. Il a ajouté qu'il est capital de faire une différenciation très nette entre les réfugiés et les immigrants illégaux. M. Pradhan a indiqué que dans la déclaration qu'il a présentée hier, le représentant du Népal a affirmé que son pays accueille "plus de 100 000 réfugiés qui sont venus du Bhoutan". Il a récusé cette affirmation, selon lui, exagérée, qui n'est reprise dans aucun rapport du HCR. M. Pradhan a expliqué les conditions multiples qui obligent des milliers de Népalais à fuir leur pays et forçant certains à entrer au Bhoutan. Les ressortissants népalais, a-t-il indiqué, représentent environ 25% de la population du Bhoutan. Ils ont été intégrés et vivent dans le pays comme des citoyens à part entière. Tout nouvel afflux menacerait la paix, la sécurité et la souveraineté du Bhoutan, a-t-il dit.

M. Pradhan a rappelé que son pays et le Gouvernement du Népal négocient actuellement en vue de trouver une solution au problème. Les deux parties ont reconnu qu'il y a diverses catégories de personnes dans les camps, a-t-il précisé. Mais le représentant a ajouté que le Gouvernement népalais a toujours refusé de communiquer une liste permettant d'identifier exactement qui sont les personnes qui se trouvent dans ces camps. M. Pradhan a souligné que le Bhoutan est très préoccupé par le sort de ces personnes et demeure engagé à trouver une solution juste et durable par la voie de négociations bilatérales.

Mme DALILA SAMAH (Algérie) a appelé la communauté internationale, qui a toujours appuyé le HCR, à lui renouveler ce soutien, sinon en faisant preuve d'une plus grande générosité du moins à conserver ses contributions au même niveau. Elle a rappelé qu'avec un peu plus de 6,25 millions de réfugiés et autres personnes relevant du mandat du HCR, l'Afrique est le continent le plus affecté par ce phénomène. Les pays d'accueil, animés par l'esprit humanitaire, continuent leur action de solidarité malgré le peu de moyens dont ils disposent. Mais le volume de l'assistance en direction de l'Afrique accuse une baisse constante, a ajouté la représentante soulignant qu'il est primordial que la communauté internationale se mobilise encore davantage en apportant aux réfugiés africains le même volume d'assistance que celui qu'elle consacre à d'autres continents.

Le peuple algérien a toujours répondu positivement à ceux lui demandant asile et protection, a poursuivi Mme Samah. Dans cet esprit et par solidarité avec les réfugiés sahraouis, l'Algérie a fourni et continuera à leur fournir son aide et son assistance conjuguée à celle apportée par le Haut Commissariat aux réfugiés et d'autres organismes internationaux, publics et privés, et ce jusqu'au règlement juste et définitif du Sahara Occidental conformément au Plan de règlement de l'ONU et aux accords de Houston signés entre les deux parties.

M. AMARE TEKLE (Erythrée) a regretté de devoir informer la Commission, pour la troisième fois consécutive, de l'aggravation des violations des droits de l'homme des Erythréens et des Ethiopiens d'origine érythréenne commises par l'Ethiopie. Cette année, les crimes commis par l'Ethiopie contre les droits de l'homme ont englobé des violations des droits d'Ethiopiens qui vivaient pacifiquement en Erythrée depuis plusieurs années, y compris pendant le conflit. Pour appuyer ses propos, le représentant a cité des organisations du système des Nations Unies et des organisations non gouvernementales.

Le représentant a ensuite signalé, entre autres problèmes, que plus d'un million d'Erythréens, qui représentent environ un tiers de la population du pays ont été déplacés à cause de l'agression et de l'occupation par l'Ethiopie. Cela a été confirmé par le Haut Commissaire aux réfugiés en personne, Mme Sadako Ogata, dans sa déclaration prononcée il y a quelques jours. Beaucoup de ces personnes étaient déplacées pour la deuxième fois et ont dû abandonner les abris qu'ils habitaient depuis les agressions précédentes. Les troupes éthiopiennes s’étant retirées d'une partie du territoire érythréen, 600 000 d'entre eux sont retournés sur leurs lieux d'origine tandis qu'environ 50 000 personnes sont parties au Soudan. Le reste des personnes déplacées, environ 215 000, se trouvent dans des camps et environ 100 000 sont dispersées à travers le pays. Les besoins de ces personnes sont immenses car leurs foyers ont été détruits presque entièrement, ainsi que les hôpitaux, les églises et les écoles. Le représentant a également regretté que les Erythréens se trouvant en territoire occupé soient expulsés de leurs terres ancestrales pour laisser la place à des paysans tigréens d'Ethiopie. Il a qualifié cette pratique d'épuration ethnique.

Mme BEATRICE ROSA BROBBEY (Ghana), s'exprimant au nom des pays d'Afrique de l'Ouest, a rappelé que selon le rapport du HCR, la sous-région compte 2,5 millions de réfugiés, sur les 22,3 millions dénombrés dans le monde en 1999. Indiquant que Mme Sadako Ogata a attribué cette situation à la violation systématique des droits de l'homme et à l'échec des négociations de paix ou au fait que les accords ne sont pas appliqués, la représentante a affirmé que sa délégation s'associe à la partie du rapport du HCR où Mme Ogata souligne l'importance de la résolution des conflits.

Mme Brobbey a expliqué que conformément à la tradition de l'hospitalité africaine, les pays de la sous-région continuent à collaborer avec le HCR en vue d'offrir des terres et du soutien matériel aux réfugiés dans la perspective, ultimement, de leur rapatriement. Mais ceci a coûté cher aux économies des pays d'accueil dont les ressources sont déjà limitées. A cet égard, la représentante a estimé que l'aide de la communauté internationale a été peu abondante et lente vis-à-vis de l'Afrique, contrairement à la générosité et à l'empressement dont elle a fait montre pour d'autres régions comme le Kosovo. Elle a souhaité que les pays africains qui sont confrontés à l'énorme fardeau de réfugiés et qui essaient en même temps d'assurer leur développement durable dans des conditions difficiles soient davantage aidés.

La représentante a appuyé le HCR dans ses efforts pour faire le lien entre activités d'urgence et de reconstruction. Mme Brobbey a par ailleurs dénoncé l'érosion des principes reconnus de protection des réfugiés, certains pays adoptant des politiques restrictives. Soutenant l'application intégrale de la Convention de 1951, elle a lancé un appel à tous les États afin que ceux-ci s'abstiennent de procéder au refoulement ou à la détention arbitraire qui menacent la sécurité personnelle des réfugiés. Après avoir dénoncé la présence d'éléments armés dans les camps et les violences perpétrées contre le personnel humanitaire, Mme Brobbey a enfin exhorté les Etats Membres à accroître leurs contributions afin que le HCR puisse s'acquitter de son mandat.

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a déclaré qu'en tant que pays de premier asile, la Thaïlande a accueilli des centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées qui fuient des pays voisins depuis trois décennies. Aujourd'hui, plus de 102 000 personnes déplacées en provenance d'un pays voisin se trouvent dans onze sites d'accueil provisoires. Sans compter environ 1 million de travailleurs clandestins. Cette tradition d'accueil est devenue un fardeau en termes d'administration, de personnel, de dégradation de l'environnement, de contrôle épidémiologique, de sécurité, et elle a eu un impact négatif sur la population thaïlandaise. Beaucoup de ces facteurs sont cachés et leur coût ne peut être mesuré en dollars, a ajouté le représentant. Notre longue expérience nous a démontré que ce problème ne peut pas être résolu par le pays de premier asile mais doit l'être par la communauté internationale en vertu du principe des responsabilités partagées.

S'il existe une lassitude au niveau de l'aide, il peut aussi exister une lassitude face aux flux de réfugiés, a ajouté le représentant. Il a souligné qu'il faut s'attaquer aux causes profondes du problème des réfugiés, que ce soit les conflits armés internes, les violations des droits de l'homme, les problèmes de gestion des affaires publiques ou encore les déplacements forcés. "Les violations des droits de l'homme d'aujourd'hui peuvent être le début des problèmes de réfugiés de demain", a-t-il souligné en citant Mme Ogata.

M. RAOUL DE MELO CABRAL, Programme alimentaire mondial - PAM a déclaré que le HCR, l'UNICEF et le PAM, travaillant en étroite collaboration au niveau de leurs sièges et sur le terrain, sont en première ligne de l’action humanitaire dans les zones éloignées ou dans des régions en conflit. Il a indiqué qu'au cours de l'année écoulée, le PAM a accordé son aide à 3 millions de réfugiés et à 19 millions de personnes déplacées à travers le monde. Il a ajouté que le PAM a réorienté ses programmes d'assistance humanitaire de façon à ce que l'accent soit mis sur la préservation de l'environnement.

M. Cabral a indiqué que récemment, le PAM a joint ses efforts à ceux du HCR afin d'attirer l'attention sur les cas d'urgence qui sont oubliés et qui manquent de financements adéquats. Il a par ailleurs souligné la question de la sécurité du personnel humanitaire et évoqué les pertes en vies humaines que le HCR a enregistrées ces derniers mois en Guinée et au Timor, ajoutant que des employés du PAM ont également été victimes de meurtres prémédités au Burundi. M. Cabral a estimé que l'environnement dans lequel l'assistance humanitaire est fournie est de plus en plus difficile. Le drapeau des Nations Unies n'est plus un bouclier, a-t- il dit. C'est pour cela qu'un grand nombre d'intervenants du monde humanitaire ont sans cesse répété que des actions doivent être prises par les Etats Membres. Il a expliqué que rien ne changera véritablement sur le plan de la sécurité du personnel humanitaire sans le soutien des Etats et si les auteurs des crimes et de violations du droit humanitaire ne sont pas traduits en justice.

M. NICOLAS BWAKIRA, Directeur du Bureau de liaison de New York du Haut Commissariat pour les réfugiés, a remercié les délégations de la sollicitude qu'elles ont manifestée à l'égard des membres du HCR qui ont été victimes d'assassinats et de violences au cours des récents mois. Il a jugé important que les délégations aient appelé à une action par le biais de l'élaboration d'un protocole à la Convention de 1994 sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé et de l'application des recommandations pertinentes du Secrétaire général et du rapport Brahimi.

M. Bwakira a notamment noté que les délégations ont jugé que le rapatriement volontaire est la solution la plus appropriée au problème des réfugiés, et que l'intégration et la réinstallation restent des solutions valables à plusieurs égards. Il a également pris note des préoccupations exprimées au sujet du lourd fardeau qui repose sur les pays d’accueil. Il a souligné la nécessité d'accorder le même soutien aux différentes régions, en particulier à l'Afrique qui ne reçoit pas l'attention qu'elle mérite.

Le Directeur du bureau de liaison a ensuite expliqué que le HCR ne peut remplir son mandat ni moderniser et perfectionner son fonctionnement ou lancer de nouvelles opérations sans les ressources adéquates, notamment financières. Il a salué les appuis déjà fournis par les bailleurs de fonds mais a insisté sur le fait que, sans ressources supplémentaires, le HCR devra renoncer à des activités prioritaires et ne pourra pas étendre son assistance à des zones trop souvent négligées et oubliées dans l'actualité internationale. La Conférence des donateurs qui se tiendra ce vendredi sera l'occasion pour la communauté internationale de renouveler son engagement en faveur du HCR.

Le mois prochain, lors de la célébration de son 50e anniversaire, le HCR continuera d'informer la Commission et le Conseil de sécurité des situations de réfugiés; continuera de réfléchir à des approches nouvelles dans sa recherche de solutions durables; poursuivra son dialogue avec les gouvernements pour s'assurer que la détermination du statut se fait en conformité avec les normes internationales; et enfin le HCR continuera de "vivre avec son temps" et "d'être présent sur le terrain auprès des personnes dans le besoin".

Droits de réponse

Répondant aux déclarations de la délégation de l'Azerbaïdjan, le représentant de l'Arménie a affirmé que le Gouvernement azéri, pourtant riche en pétrole et en ressources naturelles, ne veut en réalité pas résoudre la question des réfugiés arméniens. Le représentant a estimé que l'Azerbaïdjan dispose de 60 000 logements vides qui avaient été abandonnés par les Arméniens fuyant les pogroms et que ces logements peuvent permettre de trouver un logis pour plus de 500 000 réfugiés arméniens. Cette situation, a-t-il dit, résulte de la guerre totale commencée par l'Azerbaïdjan en vue d'opérer une épuration ethnique au Nagorno-Karabakh.

Le représentant du Népal s'est dit très préoccupé par les déclarations de la délégation du Bhoutan, notamment sur la nationalité que ce pays aurait octroyée aux ressortissants népalais. Le représentant a récusé ces allégations et a insisté sur le fait qu'il ne s'agit pas de gens partis du Népal, mais bien de Bhoutanais. Il a par ailleurs maintenu son chiffre de 100 000 réfugiés bhoutanais au Népal.

Le représentant de l'Ethiopie a déclaré que la délégation érythréenne continue de tenter de se livrer à une désinformation sur les évènements qui se déroulent depuis deux ans. L’Ethiopie n'a jamais été accusée par le HCR de violer les droits de l'homme. Il a ajouté qu'il existe d'ailleurs un nouveau bureau chargé de ces questions à Addis Abbeba. Le représentant a précisé que dans sa déclaration liminaire faite la semaine dernière, Mme Ogata a déclaré

qu'1,5 million d'Ethiopiens et 500 000 d'Erythréens ont été déplacés mais que la conclusion d'un accord de cessez-le-feu a permis d'éviter la famine.

Le Haut Commissaire a également déclaré que l'accord de paix conclu par les deux pays a eu un impact positif sur les pays voisins, y compris la Somalie. Le représentant a ensuite accusé le régime érythréen de continuer d'envoyer des civils éthiopiens, y compris des femmes et des enfants, dans des "camps de concentration". L'Ethiopie ne laissera pas ce genre d'action impunie sans exercer les pressions qui s'imposent, a-t-il souligné.

Le représentant du Bhoutan, répondant aux remarques faites par le représentant du Népal, a précisé que le Bhoutan est un petit pays en développement, qui accueille depuis des années un grand nombre de personnes déplacées en provenance du sous-continent asiatique et en particulier du Népal. Aujourd'hui, a-t-il ajouté, 25 % de la population bhoutanaise est d'origine népalaise. Le représentant a ajouté que son pays ne peut plus continuer à accueillir des populations de réfugiés aussi importantes. Il a ensuite précisé que l'Assemblée nationale du Bhoutan a promulgué, il y a plus de vingt ans, une loi sur la nationalité accordant la nationalité bhoutanaise à toutes les personnes d'origine népalaises. Toutes les personnes qui se trouvent au Népal ne sont pas toutes originaires du Bhoutan, a-t-il ajouté.

Le représentant de l'Azerbaïdjan a tenu à rappeler que son Gouvernement considère que le problème des réfugiés arméniens dans son pays ne pourra être résolu que quand les territoires azéris occupés seront libérés. S'adressant à la délégation de l'Arménie, il a ensuite affirmé que le retrait inconditionnel des forces arméniennes des territoires azéris occupés a été demandé par le Conseil de sécurité.

Le représentant de l'Erythrée a affirmé que les propos de la délégation de l'Ethiopie dépassent l'imagination. Il a expliqué la position de son pays sur la question des réfugiés en s'appuyant sur les déclarations d'un porte-parole du HCR dans la région et en citant le rapport présenté par Mme Sadako Ogata qui ne peut pas être accusé de fabrication ou de la désinformation. Le représentant a estimé que contrairement aux déclarations de l'Ethiopie, la Troisième Commission, qui examine entre autres la question des droits de l'homme, est l’instance appropriée pour la présentation de la cause érythréenne. Il a ajouté que c'est l'Ethiopie qui occupe le territoire de l'Erythrée.

Le représentant de l'Arménie a estimé que la déclaration faite par l'Azerbaïdjan tend à établir un lien exclusif entre le problème des réfugiés et le conflit du Nagorno-Karabakh, ce qui prouve que la partie azerbaïdjanaise ne se concentre pas sur l'aspect humanitaire du problème des réfugiés mais tente de l'utiliser à des fins politiques. Le représentant a déclaré que l'Arménie a fait des propositions réalistes afin de résoudre le problème du Nagorno-Karabakh, par le biais de négociations menées dans le cadre du Groupe de Minsk de l'OSCE, mais que l'Azerbaïdjan les a refusées.

Le représentant de l'Ethiopie a déclaré que sa délégation ne répondra pas à ce qu'a dit la délégation érythréenne car cela ne correspondait pas aux questions qui avaient été évoquées par l'Ethiopie. Il a réaffirmé que l'Ethiopie n'a pas l'intention d'occuper Erythrée et n'en revendique pas le territoire, mais que l'Ethiopie veut faire reculer l'armée menaçante qui se trouve depuis 2 ans à ses frontières.

Le représentant de l'Erythrée s'est félicité de ce que la délégation éthiopienne ait enfin reconnu que l'Ethiopie se trouve sur le territoire érythréen. Il a ajouté qu'il est ridicule de prétendre que l'Erythrée détient des Ethiopiens dans des camps de travail. Il n'y a qu'un faible nombre d'Ethiopiens dans les deux zones concernées et ils ont reçu la visite du Haut Commissariat pour les réfugiés et de plusieurs organisations non gouvernementales, a-t-il déclaré. Chacun d'entre eux a été contacté hier et a confirmé être déplacé à titre provisoire et être bien traité, conformément aux dispositions des conventions de Genève, a-t-il ajouté.

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