QUATRIEME COMMISSION: DE NOMBREUSES DELEGATIONS ESTIMENT QUE LA REPRISE DU PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-ORIENT EST UN CHOIX IRREVERSIBLE
Communiqué de Presse
CPSD/205
QUATRIEME COMMISSION: DE NOMBREUSES DELEGATIONS ESTIMENT QUE LA REPRISE DU PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-ORIENT EST UN CHOIX IRREVERSIBLE
20001107Seule la paix permettra de répondre aux frustrations des Palestiniens et dassurer la sécurité dIsraël dans ses frontières internationalement reconnues, a affirmé le représentant de la France à loccasion de la clôture du débat de la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) sur le rapport du Comité spécial chargé denquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de lhomme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés.
Revenant sur les événements dans la région, le représentant du Sénégal, qui est également Président du Comité pour lexercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a estimé que les pratiques répétées dIsraël qui consistent à nier les aspirations légitimes du peuple palestinien à la liberté, à lexistence et à la dignité sont manifestement incompatibles avec un désir de cohabitation durable. Face aux difficultés que continuent de subir les Palestiniens quotidiennement, il a réaffirmé son soutien au Comité pour quil poursuive sa mission essentielle jusquà linstauration dune paix juste et durable pour tous les pays de la région, y compris Israël.
Le représentant de la France, sexprimant au nom de lUnion européenne et des pays associés, a, pour sa part, estimé que la colonisation est au cur des difficultés du processus de paix et alimente les frustrations des Palestiniens, quelle complique la négociation du règlement final et que cette pratique est contraire aux résolutions du Conseil de sécurité et de lAssemblée générale. A cet égard, rappelant que lUnion européenne a condamné lusage excessif de la force ainsi que les opérations de représailles, il a déclaré quil est important que les pratiques israéliennes dans les territoires occupés respectent le droit humanitaire international. Il a par ailleurs estimé que laction menée par le Comité spécial nest pas la meilleure manière daborder ces différents problèmes et quil serait préférable de les évoquer dans un autre contexte, plus favorable à un esprit de compromis et de compréhension mutuelle.
Le représentant dIsraël a, pour sa part, appelé les Etats Membres à voter contre le rapport du Comité spécial ou à sabstenir, tout en affirmant quil convient de supprimer ce Comité ou du moins de revoir son mandat. Celui-ci, a-t-il expliqué, ne favorise pas la cause de la paix, constitue un anachronisme et
il est un poids pour les Nations Unies. Le représentant a vivement dénoncé la violence des dernières semaines, imputant la responsabilité de la situation à la partie palestinienne et estimant quelle se sert de la violence pour créer une réalité différente et forcer Israël à faire de nouvelles concessions. A cet égard, il a affirmé quIsraël reste engagé en faveur de la paix et rappelé les efforts sérieux consentis par Israël lors du Sommet de Camp David de juillet 2000. Cest le sort des deux peuples que de vivre lun à côté de lautre, a-t-il poursuivi, et le moment est venu pour lAutorité palestinienne de prendre des décisions courageuses.
Les représentants des délégations suivantes ont pris la parole au cours du débat: Ghana, Sénégal, Malaisie, Koweït, Iran (République islamique d), Arabie saoudite, Tunisie, Oman, Brunéi Darussalam, Bangladesh, Bahreïn, Israël et France, au nom de lUnion européenne et des pays associés.
Les représentants dEgypte et de la République arabe syrienne, de même que lObservatrice permanente de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.
La Quatrième Commission reprendra ses travaux mercredi 8 novembre à 10 heures. Elle entamera lexamen du point de son ordre du jour consacré à létude densemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. RAPPORT DU COMITE SPECIAL CHARGE DENQUETER SUR LES PRATIQUES ISRAELIENNES AFFECTANT LES DROITS DE LHOMME DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPES
Débat général
M. YAW O. OSEI (Ghana) a repris les propos prononcés par son Ministre des Affaires étrangères, M. Ghebo, sur le Moyen-Orient devant lAssemblée générale, qui mettait notamment laccent sur le fait que la situation dans la région réclame lattention de tous. Il appelait également les deux parties à plus de souplesse. Le représentant a poursuivi en mentionnant les récents évènements qui selon lui ont miné les progrès du processus de négociation. Concernant le rapport du Comité spécial, il a déploré que ce document soit, comme les années précédentes, limité, car ne reflétant pas la position du Gouvernement israélien du fait que le Comité spécial na pas eu accès aux territoires occupés. Il sest dit préoccupé des témoignages présentés dans le rapport et notamment ceux relatifs à la colonisation, la confiscation des terres, la fourniture deau, les bouclages, le traitement accordé aux personnes en détention, les conditions dhygiène et de santé et la situation économique. Il sest demandé comment lon pouvait justifier ces politiques qui ne respectent pas les droits fondamentaux des Palestiniens et les normes internationales relatives aux droits de lhomme.
Tout en réaffirmant sa préoccupation face au climat actuel de tension au Moyen-Orient, le représentant a condamné le cycle de violence, estimant que les deux parties cherchent à faire avorter tout processus visant à la paix. Il a vivement dénoncé les actes terroristes en tant que moyen dobtenir réparation de toutes mesures subies ou pour arriver à des fins politiques. Il a jugé nécessaire que les deux parties cherchent à contrôler les activités des éléments violents conformément aux accords pris à Charm el-Cheikh, exprimant lespoir que cela permettra de ramener le calme, de rétablir la confiance et de créer une atmosphère propice aux négociations de paix. Il a estimé quun environnement de violence entrave également la croissance et le développement. Il a conclu en réaffirmant que le processus de paix est plus que jamais dune importance capitale.
M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a rappelé que lescalade de la violence dans les territoires occupés préoccupe gravement la communauté internationale et quen tant que Président du Comité pour lexercice des droits inaliénables du peuple palestinien, il déclarait récemment devant le Conseil de sécurité, devant le Comité lui-même et devant la 10ème session extraordinaire durgence de lAssemblée générale que ces développements inattendus risquaient de saper le processus de pays au Moyen-Orient, sils devaient se poursuivre indéfiniment. Il a indiqué que son pays a dénoncé ces violences dont les victimes sont, pour lessentiel, des Palestiniens. Il a dit la consternation de son pays devant les nombreuses pertes en vies humaines lors des graves événements à Jérusalem Est, à Gaza et au Sud- Liban et a demandé aux parties de faire preuve de retenue et de veiller à appliquer les recommandations issues du récent Sommet de Charm el-Cheikh. Il a recommandé que les forces responsables de ces violences soient retirées des zones de confrontation et quune commission internationale denquête soit constituée.
Il a renouvelé lappel de sa délégation pour le retour au calme dans la région et pour que les acteurs du processus semploient, sans tarder, à le sauver car il demeure un choix stratégique irréversible pour les parties concernées. Face aux difficultés que continuent de subir les Palestiniens quotidiennement, sa délégation estime que la communauté internationale devrait se mobiliser davantage, surtout le Conseil de sécurité, pour créer les mesures de confiance aptes à faire revenir le calme dans cette région sensible. A cet effet, il sest félicité de limplication personnelle de M. Kofi Annan mais a estimé que pour que le calme et la paix reviennent dans la région, la quête de la paix doit être partagée par toutes les parties et surtout par Israël, la puissance occupante. Les pratiques répétées et qui consistent à nier les aspirations légitimes dun peuple à la liberté, à lexistence et à la dignité sont manifestement incompatibles avec un désir de cohabitation durable, a-t-il déclaré.
Il a estimé quIsraël a lobligation de faire respecter les Lieux saints et de garantir la protection des populations palestiniennes et de leurs biens dans les territoires occupés, y compris Jérusalem comme le stipule le droit international. Israël doit veiller aussi au respect scrupuleux des accords quil a signés, des normes internationales humanitaires ainsi que des dispositions de la Quatrième Convention de Genève, a-t-il poursuivi. Il a félicité le président du Comité spécial pour son rapport qui permet dapprécier la situation difficile dans laquelle vit le peuple palestinien et surtout les dénis de droits dont ce peuple souffre encore. A cet égard, il a réaffirmé son soutien au Comité pour quil poursuive sa mission essentielle jusquà linstauration dune paix juste et durable pour tous les pays de la région, y compris Israël. Il a déclaré que sa délégation comprend le désespoir et la frustration du peuple palestinien mais mesure aussi le sens des responsabilités et la hauteur des sacrifices de ce brave peuple, pour lui demander de tout entreprendre pour donner une nouvelle chance à la paix, une chance de relance du processus de paix. Il a espéré que les parties se retrouveront autour de la table de négociation pour convenir dun accord de paix, dans les meilleurs délais, afin de faire taire les armes et dapaiser les tensions dans les rues et dans les curs.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a regretté que le Comité spécial nait, une fois de plus, pas eu accès aux territoires occupés, tout en le félicitant pour le travail quil a effectué dans des conditions difficiles. Il dit ne pas comprendre que le Gouvernement israélien refuse de coopérer avec le Comité spécial, sa délégation juge bon chaque année devant cette Commission de critiquer son rapport. Il a mis laccent sur la fiabilité du rapport, qui se fonde sur des témoignages faits sous serment. Il a estimé que si Israël souhaite avoir un rapport plus équilibré, il devrait coopérer avec le Comité spécial. Evoquant le contenu du rapport, le représentant a estimé que les conditions de vie des populations palestiniennes telles que décrites dans le document sont très préoccupantes. Le rapport indique que la situation des droits de lhomme dans les territoires ne sest pas améliorée, et fait clairement le point sur les règles répressives très dures qui touchent tous les aspects de la vie quotidienne dans les territoires. Il a dénoncé certaines formes de torture que subissent certains détenus qui continuent dêtre utilisées, ces pratiques allant à lencontre de la juridiction internationale. Il a mis laccent sur les effets traumatisants des pressions dues à lusage actuel excessif de la force par les militaires israéliens.
Le représentant a par ailleurs affirmé que le conflit actuel semble être déséquilibré, comme le prouve le nombre disproportionné de victimes palestiniennes. Il a également dénoncé la politique dIsraël tendant à vider Jérusalem-Est de sa population arabe, pour récupérer la capitale en déséquilibrant aussi la nature démographique de la ville. Il a aussi dénoncé la construction sans fin et lélargissement des colonies juives autour de la ville. Il a rappelé que la communauté internationale dénonce ces politiques mais que ses critiques restent sans effet. Le représentant a rappelé que la communauté internationale continue dappuyer les travaux du Comité spécial ce qui prouve son engagement en faveur du peuple palestinien dans sa lutte pour lindépendance. Il a estimé que lexistence du Comité spécial permet de faire connaître la situation des Arabes des territoires et assure une surveillance continue des droits de lhomme dans cette région. Aussi tant que les territoires occupés le resteront le Comité spécial doit continuer de travailler. Le représentant sest dit préoccupé par la violence actuelle qui pourrait aggraver le sort des populations des territoires. Il a demandé à Israël de renoncer à ces pratiques violentes et aux deux parties de faire tous les efforts nécessaires pour relancer le processus de paix. Israël doit comprendre quil ne peut espérer la paix tant quil refuse daccéder aux aspirations du peuple palestinien. La communauté internationale doit prendre des mesures pour assurer la protection de la population palestinienne, a-t-il conclu.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. AL-OTAIBI (Koweit) sest félicité des efforts du Comité spécial. Il sest dit préoccupé de voir que le Gouvernement israélien actuel applique la même politique que le Gouvernement précédent en violation des accords signés et de la légitimité internationale. Le rapport du Comité spécial montre que les autorités israéliennes ont poursuivi la politique de colonisation et de judaïsation. Il a notamment dénoncé la politique de retrait des cartes didentité et de destruction dhabitations. Ces pratiques sont claires aux yeux de tout le monde, surtout après la visite provocatrice dAriel Sharon, et démontrent quIsraël ne respecte pas ses obligations internationales. Les violences et le nombre de morts quelles ont entraînés sont une violation flagrante de la Quatrième Convention de Genève et sape le développement socio- économique des populations des territoires occupés. La politique israélienne consiste en la violation des accords et des résolutions pertinentes. Le représentant a réitéré sa position de principe à savoir le droit du peuple palestinien à lautodétermination sur son territoire et à un Etat indépendant ayant comme capitale Jérusalem. Il a appelé lattention sur la résolution du Sommet arabe du Caire visant à créer deux fonds en vue de trouver des ressources pour les familles des martyrs palestiniens. Il faut sauvegarder la crédibilité de lOrganisation en mettant en uvre les résolutions pertinentes pour mettre en place une paix durable dans la région sur la base du principe terre contre paix, a-t-il estimé.
M. MOHAMMED HASSAN FADAIFARD (République islamique dIran) a félicité le Comité spécial pour ses travaux et son rapport. Pendant la période à létude, a-t-il poursuivi, la puissance occupante a continué de perpétrer des violations graves des droits de lhomme et des normes juridiques internationales. Le représentant a dénoncé le recours sans discrimination à la force de larmée doccupation israélienne ces dernières semaines, tout en affirmant quIsraël a suscité la colère des Palestiniens par ses actes de provocation et doppression. Les conditions de vie des Palestiniens dans les territoires et à Jérusalem-Est violent toujours la Quatrième Convention de Genève. Le représentant a estimé que cette campagne de violence menée par Israël met laccent sur la nécessité de poursuivre les travaux du Comité spécial. Il a vivement demandé à Israël daccepter lapplicabilité de ce texte aux territoires occupés et de mettre en uvre ses dispositions. La communauté internationale doit intervenir immédiatement pour faire cesser la campagne brutale menée par Israël contre le peuple des territoires occupés, a-t-il conclu.
M. ADBULLAH AL-HARTHY (Arabie saoudite) a exprimé sa gratitude au Président du Comité spécial pour la mise au point des rapports sur les pratiques israéliennes dans les territoires palestiniens et le Golan syrien occupé. Il a rappelé que le Comité spécial na pas pu, depuis sa création, avoir accès aux territoires occupés en raison du refus des autorités israéliennes qui ne respectent pas la légitimité internationale. Les violences récentes sont une preuve de lintransigeance dIsraël qui prend à la légère la légitimité internationale, a-t-il estimé. Les événements récents reflètent la politique sanguinaire dIsraël qui voudrait rejeter le blâme sur le peuple palestinien qui lui, veut jouir de son droit à lautodétermination sur son territoire. Il a évoqué lIntifada palestinienne et la réponse disproportionnée dIsraël. Il a également évoqué la politique dIsraël en matière de colonies de peuplement qui sont contraires au droit international. Cette politique vise à transformer le caractère démographique des territoires et crée des zones de tension. Il a indiqué quen plus les colons sont armés jusquaux dents pour terroriser la population palestinienne. Ces pratiques sont contraires à la Quatrième Convention de Genève, a-t-il déclaré. Il a réaffirmé son appui à la réalisation dune paix durable et juste conforme aux résolutions de lOrganisation des Nations Unies et sur la base du principe Terre contre paix. Il a demandé que le Comité continue jusquà ce que la paix complète soit réalisée. Le maintien du Comité est dailleurs lié à la poursuite, années après années, des pratiques israéliennes à légard des populations des territoires occupés. Ce sont ces pratiques qui doivent cesser, a-t-il conclu.
M. MOHAMED SALAH TEAKAYA (Tunisie) a remercié le Comité spécial pour le rapport préparé cette année et pour son rôle important visant à informer la communauté internationale de la réalité de loccupation israélienne dans les territoires occupés. Il a précisé que le rapport comprend un nombre de détails attestant de la poursuite par Israël de pratiques violant les droits de lhomme et qui sont contraires à tous les instruments juridiques internationaux et aux résolutions des Nations Unies. Il a dénoncé la politique de colonisation poursuivie par Israël contrairement aux accords conclus dans le cadre du processus de paix qui se fonde sur léquation de la terre contre la paix. Il a ajouté quIsraël a continué de confisquer des territoires afin dagrandir les colonies et de construire des routes, tout en imposant des restrictions sur lédification de bâtiments arabes dans les territoires occupés. Il a mis laccent sur le fait que le Comité indique aussi dans son rapport que les autorités israéliennes restent insensibles à la situation des droits de lhomme pourtant déplorable qui prévaut dans les territoires.
Le représentant a indiqué que la communauté internationale avait ces dernières années lespoir que les efforts diplomatiques mènent à un changement radical de politique de la part dIsraël dans les territoires. Or, a-t-il poursuivi, depuis le mois de septembre la région vit dans des circonstances dangereuses. Il a affirmé que les forces doccupation israéliennes ont fait preuve dun recours excessif à la force armée face à des civils qui manifestaient pour refuser le non-respect de leur religion et contre la politique du fait accompli. Ces événements sanglants ont mené à la mort de plus de 160 victimes et plus de 1000 personnes ont été blessées, les forces doccupation visant la partie supérieure des corps des manifestants, a-t-il déclaré. Estimant que la situation actuelle reste explosive, il a indiqué quil convient de désamorcer les facteurs de tension qui trouvent leur racine dans la situation doccupation et de colonisation. Il convient aussi que la communauté internationale fournisse une protection aux civils palestiniens et encourage les efforts visant à trouver un règlement juste et global à la cause palestinienne garantissant ses droits légitimes, y compris le droit dinstaurer son Etat indépendant avec Jérusalem pour capitale. M. RIYADH YUSUF AL-RAISY (Oman) a exprimé ses remerciements au Président du Comité spécial pour le rapport complet qui reflète clairement les politiques et les pratiques doppression des autorités israéliennes à légard des populations des territoires occupés depuis 1967. Il a évoqué les restrictions sur les déplacements, lhabitat, leau, la politique dinternement, la création et lextension de colonies de peuplement et la limitation des zones dautonomie. Ce sont des violations flagrantes de la Charte des Nations Unies et de la Quatrième Convention de Genève, a-t-il déclaré. Il a souligné le fait que la résolution 1322 de Conseil du sécurité, la résolution de la session extraordinaire durgence de lAssemblée générale et celle de la Commission des droits de lhomme confirment la nécessité pour la communauté internationale de prendre des mesures pour mettre en uvre les résolutions pertinentes, garantir la protection des civils et le droit à la vie. Il en va de la crédibilité de lOrganisation, a-t-il poursuivi. Israël doit mettre un terme à toutes ces violations des droits de lhomme et de la légitimité internationale dans les territoires occupés depuis 1967. Il est impossible que Jérusalem soit sous souveraineté israélienne si on veut une paix durable dans la région, at-il déclaré. Il a demandé que le Comité poursuivre son travail jusquà ce que la paix juste et durable soit réalisée.
Mme HADIJAH HJ MD IDRIS (Brunéi Darussalam) sest dit préoccupée par la situation actuelle dans la région, tout en exprimant lespoir que les deux parties feront preuve de retenue et éviteront ainsi une escalade de la violence. Elle sest dit aussi préoccupée par le fait quIsraël continue de violer les droits de lhomme du peuple palestinien. Elle a demandé à Israël de mettre fin aux restrictions en matière deau, de constructions et de déplacements. Elle a dénoncé les maltraitances subies par les prisonniers palestiniens, demandant à Israël de respecter les résolutions pertinentes de lONU à cet égard. Elle a aussi demandé quIsraël respecte les dispositions de la Quatrième Convention de Genève relative aux civils en temps de guerre. Pour conclure la représentante a estimé que la mise en place dune paix durable ne pourra se faire que si les deux parties respectent les dispositions des accords signés et la juridiction internationale.
M. MUSTAFA CHOWDHURI (Bangladesh) a indiqué que le rapport du Comité spécial est complet et met en lumière la nécessité pour la communauté internationale de faire en sorte de renverser la situation injuste que connaissent les populations des territoires occupés. Il a évoqué les événements récents et les politiques et pratiques israéliennes qui sont contraires aux résolutions pertinentes de lOrganisation des Nations Unies et aux traités signés entre les parties qui stipulent le principe Terre contre paix. Loccupation étrangère constitue en soi une violation des droits de lhomme, a-t-il déclaré. Israël continue sa politique de recours à la force pour supprimer la résistance civile. Il est malheureux quIsraël continue son blocus économique sur Gaza et la Cisjordanie empêchant la libre circulation des personnes et des biens. Ces mesures freinent le développement économique de la région. Dun côté Israël encourage les Juifs à sinstaller et de lautre il donne ordre de démolir des maisons palestiniennes. Il continue la construction de colonies alors que la communauté internationale lui a demandé dy mettre fin. Le représentant a condamné la politique de violations systématiques des droits de lhomme des Palestiniens et a réaffirmé les obligations dIsraël en vertu de la Quatrième Convention de Genève. Il a souligné en particulier la situation des enfants. Il a exprimé sa solidarité à légard des frères palestiniens et a appuyé les recommandations du Comité spécial visant la réalisation des droits du peuple palestinien. Il a également demandé que le Comité poursuive ses activités jusquà ce que la paix juste et durable soit réalisée dans la région. M. AL-ZAYANI (Bahreïn) a remercié le Président et les autres membres du Comité spécial pour leur travail et le rapport présenté devant la Commission, estimant que ce rapport est riche denseignements précis de grande valeur. Ce rapport, le 32ème du Comité spécial, atteste bien dune détérioration de la situation dans les territoires occupés, situation qui sest encore aggravée ces dernières semaines, a-t-il déclaré. Il a imputé cette aggravation à la persistance de la politique israélienne de persécution et de colonisation, qui va pourtant à lencontre des dispositions juridiques internationales. Le représentant a indiqué que les dernières résolutions adoptées sur cette question à lONU demandent instamment que soit mis fin à tout acte de violence illégale. Il a rappelé que lAssemblée générale et le Conseil de sécurité ont demandé à Israël, dans ces textes, dassumer ses responsabilités au titre de la Quatrième Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre qui sapplique à tous les territoires occupés par Israël depuis 1967. Il a déploré la nature arbitraire de la répression, qui touche tous les civils et le fait que les victimes nont aucun recours judiciaire, ce qui entraîne encore plus de frustration.
Le représentant a mentionné le paragraphe 44 du rapport qui stipule que larmée israélienne protège systématiquement les colons et que la détérioration des rapports entre les colons et les Palestiniens semble être une des conséquences les plus graves et les plus préoccupantes de loccupation. Il a affirmé quIsraël se sert des territoires palestiniens pour rejeter des déchets qui entraînent la destruction de milliers dhectares de terres arables. Concernant le Golan syrien occupé, a-t-il poursuivi, où les colonies se sont multipliées, le rapport indique que la politique israélienne na pas évolué et quen outre la politique de judaïsation se poursuit aux dépens de la population arabe. Il a estimé quun changement simpose aujourdhui au Golan syrien occupé comme dans le reste des territoires, mais que la persistance des pratiques habituelles de la puissance doccupation freine les efforts qui visent la paix. La paix est un choix stratégique, a-t-il déclaré, rappelant que les chefs dEtats et de Gouvernements, lors du Sommet du millénaire des Nations Unies, ont déclaré quils étaient décidés à voir une paix juste et durable sinstaller partout dans le monde, conformément à la Charte de lOrganisation. Rappelant que la Charte garantit aussi le droit à lautodétermination, il a estimé quune paix juste et durable au Moyen-Orient exige un respect de tous les accords signés, de toutes les résolutions et instruments juridiques pertinents. Le sort du peuple palestinien et des Arabes syriens ne sera pas réglé tant que se poursuivra loccupation israélienne, a-t-il conclu.
M. DAVID ZOHAR (Israël) a rappelé que, selon les mots du représentant dIsraël lan dernier devant la Commission, le Comité spécial ne favorise pas la cause de la paix et constitue un anachronisme et un poids pour les Nations Unies et quil doit, par conséquent, être supprimé. Il a poursuivi en soulignant que presque tous les habitants des territoires occupés vivent sous régimes et bannières arabes. Il leur a donc suggéré, sils ont des plaintes à formuler, de les envoyer aux gouvernements pertinents et à lAutorité palestinienne. Il a rejeté le rapport du Comité spécial et lui a demandé de mettre fin à ses pratiques et à sa rhétorique dépassée. Il a indiqué que la seule autre alternative pour le Comité, cest de modifier son mandat et détudier dorénavant la façon dont les Palestiniens ont été traités par les régimes arabes au Moyen-Orient ces cinquante dernières années. Il a, par ailleurs, affirmé, quIsraël applique et respecte la Convention de Genève, précisant que la Croix-Rouge a accès aux territoires occupés. Il a également estimé quil serait plus judicieux dallouer les ressources utilisées par le Comité spécial à dautres causes, notamment en Afrique ou en Amérique latine. Rappelant la Déclaration du Sommet du millénaire, le représentant a fait valoir quaucune de ses dispositions ni objectifs relatifs à la construction de la paix napparaissent dans le rapport du Comité spécial et il a appelé les Etats Membres à voter contre son rapport ou à sabstenir.
Le représentant a fait mention du Sommet de Camp David tenu en juillet dernier, tout en mettant laccent sur les efforts sérieux dont Israël a fait preuve en abordant les questions sensibles des réfugiés et de Jérusalem. Il a regretté que ces efforts naient pas reçu déchos de la part de lautre partie, retardant ainsi les débats de fond, et que les Palestiniens ne comprennent pas quil leur faudra parvenir à une paix complète avec Israël comme voisin. Il a déclaré quIsraël reste engagé en faveur de la paix.
M. Zohar a dénoncé la violence des dernières semaines, jugeant que la partie palestinienne au lieu de retourner à la table des négociations se sert de cette violence pour créer une réalité différente et forcer Israël à faire de nouvelles concessions. Il a indiqué que la responsabilité de cette situation regrettable et intenable repose sur la personne de Yasser Arafat qui méprise les engagements pris par lAutorité palestinienne. Il a dénoncé les attaques dont ont été victimes les civils israéliens, le personnel militaire et de sécurité, actes perpétrés par des membres de Tanzim, qui est étroitement lié au Fatah et sont illégalement armés. Il a également dénoncé le fait que des terroristes et des criminels sont relâchés de prison par lAutorité palestinienne. Il a regretté que les autorités palestiniennes aggravent la situation plutôt que de la calmer par leurs déclarations dans les médias arabes, comme le prouve notamment lattentat à la voiture piégée intervenu la semaine dernière à Jérusalem. Il a affirmé que de leur côté les forces israéliennes ont fait preuve de retenue et ont rarement initié la violence, affirmant quIsraël veut que la lutte prenne fin et que malgré lengagement de Charm el-Cheikh, les Palestiniens continuent de se battre alors quIsraël veut que les négociations de paix reprennent dans le calme.
Quelque soit la rhétorique violente du Djihad, a-t-il poursuivi, cest le sort des deux peuples de vivre lun à côté de lautre et le moment est venu pour lAutorité palestinienne de prendre, comme Israël la fait en juillet, des décisions courageuses. Il a estimé que les efforts de paix ne seront pas abandonnés et quil revient aux Palestiniens et à leurs alliés de montrer quils veulent réellement se lancer dans un dialogue de civilisations et de mettre en place de bonnes relations de voisinage avec Israël. En conclusion, il a lu des passages de livres saints juif, chrétien et musulman consacrés à la recherche de la paix.
M. CHRISTOPHE BIGOT (France), au nom de lUnion européenne et des pays associés, a rappelé que les chefs dEtat et de gouvernement de lUnion européenne réunis à Biarritz le 13 octobre ont notamment adopté une déclaration substantielle sur les graves événements qui ont eu lieu depuis le 28 septembre. Il a estimé que ce drame, qui a provoqué la mort de plus de 180 personnes et des milliers de blessés, a démontré à quel point le processus de paix était fragile. A cet égard, il sest félicité que les deux parties restent toujours fermement engagées dans une démarche de paix, seule issue possible à la crise actuelle. Il a ajouté que les accords pris au Sommet de Charm el-Cheikh et entre MM. Peres et Arafat vont dans le bon sens et doivent être respectés. Il faut que les négociations de paix reprennent, a-t-il déclaré en ajoutant que seule la paix permettra de répondre aux frustrations des Palestiniens et dassurer la sécurité dIsraël dans ses frontières internationalement reconnues. Seule la paix permettra la cohabitation viable et pacifique des deux Etats sur le territoire de la Palestine mandataire. Il a par ailleurs estimé quil convient que les accords intérimaires soient pleinement appliqués pour rétablir la confiance entre les parties comme pour améliorer rapidement la vie quotidienne des Palestiniens. Il a estimé que la négociation sur le statut permanent doit également reprendre. Il ne faut pas perdre de vue les progrès décisifs accomplis à Camp David, a-t-il ajouté. A cet égard, il a salué les efforts et le courage des Israéliens et des Palestiniens pour avoir abordé cette phase essentielle des négociations dans un esprit de compromis et avoir proposé des solutions audacieuses, voire difficiles, pour les opinions publiques israélienne et palestinienne.
Il a ajouté quil est important que les pratiques israéliennes dans les territoires occupés respectent le droit humanitaire international. Il a rappelé que lUnion a condamné lusage excessif de la force ainsi que les opérations de représailles. Il a indiqué que lUnion européenne regrette les opérations de bouclage des territoires, les entraves à la circulation des personnes et des biens, les obstacles mis aux secours humanitaires et aux actions conduites par les agences des Nations Unies comme LUNRWA, au bénéfice des réfugiés. Ces opérations sont en contravention avec la Quatrième Convention de Genève, a-t-il précisé.
LUnion européenne se félicite que les parties aient accepté la constitution dun Comité détablissement des faits et espère que ce Comité pourra préciser les responsabilités des uns et des autres dans lengrenage de la violence. Il faut en tirer toutes les leçons pour éviter que cet épisode se reproduise, a-t-il expliqué. Sagissant de la force de protection des Nations Unies proposée par lObservateur de Palestine, il a précisé que la résolution sur les pratiques israéliennes, en particulier le paragraphe 13 du préambule nentraîne aucune implication pour la position de lUnion sur cette proposition actuellement soumise au Conseil de sécurité.
Revenant sur la colonisation, il a estimé quelle est au cur des difficultés du processus de paix et alimente les frustrations des Palestiniens créant des points de friction inutiles sur le terrain. Il a ajouté que la colonisation complique la négociation du règlement final et que cette pratique est contraire aux résolutions du Conseil de sécurité et de lAssemblée générale. La recherche du fait accompli sur le terrain nest pas conforme à lesprit du processus de paix, a-t-il ajouté. A cet égard, il a dénoncé le fait que la colonisation se soit malheureusement poursuivie à un rythme spectaculaire à Jérusalem et dans les territoires occupés. Lobjectif est apparemment de rendre définitives certaines implantations à lEst de la ligne verte et de contrôler les ressources hydrauliques, a-t-il ajouté.
Il a par ailleurs estimé que laction menée par le Comité spécial nest pas la meilleure manière daborder ces différents problèmes et quil serait préférable de les évoquer dans un autre contexte, plus favorable à un esprit de compromis et de compréhension mutuelle. Il a conclu en rappelant lengagement de lUnion européenne en faveur du processus de paix et dun règlement juste et global du processus de paix fondé sur les résolutions 232 et 338 du Conseil de sécurité et sur les accords de Madrid et dOslo. LUnion européenne réaffirme sa disposition à contribuer à un règlement définitif entre les parties.
Droits de réponse
LObservatrice de la Palestine répondant à la déclaration du représentant dIsraël a indiqué que lexistence de ce Comité est une évidence compte tenu des évènements dans le territoire occupé depuis six semaines qui constituent une violation du droit international et de la Quatrième Convention de Genève. Cest loccupation israélienne qui est un anachronisme et non pas le Comité, a-t-elle poursuivi. Le représentant dIsraël a déclaré que pratiquement tous les Palestiniens vivent sous bannière arabe faisant une nouvelle tentative dabsoudre le Gouvernement israélien de ses responsabilités. Or loccupation israélienne continue et cest cette pratique même qui est en jeu, a-t-elle poursuivi, indiquant que cest cela que le représentant dIsraël refuse dadmettre.
Le représentant de lEgypte a estimé quencore une fois le représentant dIsraël a fait une déclaration qui sort du cadre acceptable. Hier, a-t-il poursuivi, le droit de réponse dIsraël était plus une déclaration quun droit de réponse dans lequel il nous a abreuvé dune série darguments israéliens qui nont convaincu personne. Aujourdhui, il a fait encore une fois une déclaration pleine dironie. Sa déclaration donne un exemple du problème que nous avons avec Israël qui prétend vouloir vivre en paix et ensuite fait tout pour saper et miner cette paix. Cet Etat refuse de reconnaître son occupation des territoires des autres. Tel est le problème que nous rencontrons avec Israël. Le représentant dIsraël peut se permettre de dire que le peuple palestinien vit sous bannière arabe, mais il refuse de dire que cest son pays qui a envahi les terres et les villages qui sont sous lautorité palestinienne en vertu des accords signés entre les parties. Où est largument qui consiste à dire que le peuple palestinien vit sous bannière arabe, sest-il interrogé, en ajoutant quIsraël peut à tout instant étrangler ces villages, y compris à Gaza et en Cisjordanie. Tous ont pu constater ce quIsraël a entrepris depuis six semaines. Le représentant dIsraël vient ensuite nous expliquer que son pays est la victime et que la responsabilité de la violence incombe aux Palestiniens. Je ne peux pas croire quune délégation puisse vivre dans un tel mensonge, a-t-il expliqué. La meilleure chose que le représentant dIsraël a dite dans son discours est la mention aux versets saints qui représentent lobjectif commun qui nous réunit ici. Le représentant a par ailleurs réaffirmé la position des Etats arabes lors du Sommet arabe du Caire selon laquelle il ny a pas dalternative à la paix dans la région qui doit passer par le retrait dIsraël de tous les territoires occupés.
Le représentant de la République arabe syrienne a estimé que la déclaration du représentant dIsraël, en bien des points, va à lencontre de la législation internationale. En refusant aux Palestiniens le droit de jouir de leurs droits fondamentaux, Israël va à lencontre de la paix. Il a jugé que le rejet israélien du Comité spécial et la demande faite aux Etats Membres de voter contre la résolution pertinente ne sont pas surprenantes, étant donné quIsraël ne souhaite pas que la communauté internationale reçoive des informations sur les exactions quil commet afin de pouvoir continuer son oppression et ses massacres en toute impunité. Ceux qui souhaitent une paix juste dans la région ne peuvent être en faveur de cette approche israélienne, a-t-il poursuivi, dans la mesure où elle génère de la tension. On ne peut non plus être favorable à ceux qui tuent et violent les droits de lhomme.
Le représentant a, par ailleurs, affirmé que de nombreux Palestiniens vivent effectivement dans des pays arabes, ajoutant toutefois quIsraël cache la raison de cet état des choses. Il a expliqué que cette situation résulte de la politique systématique appliquée par Israël depuis 1948 et qui se fonde sur lexpulsion et le déplacement forcé des populations palestiniennes. Rappelant que le représentant israélien a également invité les pays à faire en sorte de mettre en uvre les dispositions de la Déclaration du Sommet du millénaire, le représentant sest posé la question de savoir si Israël est effectivement prêt à mettre en uvre cette Déclaration, ajoutant que la République arabe syrienne en serait très heureuse. Il a souligné que cette Déclaration insiste sur le droit des réfugiés à revenir sur leur territoire en toute dignité. Il a rappelé que depuis longtemps les paroles dIsraël sont vides de sens et que depuis 1948, il a refusé dappliquer les résolutions des Nations Unies. Israël veut la terre et la paix en même temps et non pas une paix durable, a-t-il déclaré, tout en mettant laccent sur la contradiction dIsraël tendant à tuer les Palestiniens qui luttent simplement pour vivre. Il a conclu en affirmant que la voie vers la paix ne passe pas par des assassinats et des bombardements, ni par une liquidation du peuple palestinien, mais par la mise en uvre par Israël des résolutions pertinentes et le respect de la juridiction internationale: voilà le défi quIsraël doit relever, sil souhaite une paix juste.
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