AG/1098

L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LA COOPERATION ENTRE LES NATIONS UNIES ET L'ORGANISATION DE L'UNITE AFRICAINE

7 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1098


L’ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LA COOPERATION ENTRE LES NATIONS UNIES ET L’ORGANISATION DE L’UNITE AFRICAINE

20001107

L’Assemblée termine l’examen du rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

L'Assemblée générale, réunie ce matin en séance plénière, a examiné le rapport du Secrétaire général relatif à la Coopération entre les Nations Unies et l'Organisation de l'unité africaine (A/55/498).

Quelques jours après l’examen du point de l’ordre du jour relatif aux causes des conflits en Afrique, les délégations ont, à l’instar du représentant du Togo qui s’exprimait au nom de l’Organisation de l’unité africaine, tenu à rappeler la situation particulièrement difficile dans laquelle se trouve le continent africain. Déplorant le manque de stabilité et la déliquescence du tissu économique, le représentant du Togo a néanmoins estimé que la coopération entre l’ONU et l’OUA avait connu, ces dernières années, un développement continu et permis de répondre à de nombreux problèmes touchant notamment à la prévention des conflits, au maintien de la paix, à l’assistance électorale, à l’aide humanitaire, à la reconstruction après les conflits, à la protection et à la promotion des droits de l’homme, à l’accès aux technologies de l’information, au développement économique et social ainsi qu’à la gestion des problèmes des réfugiés. Il a considéré que l’ONU dispose d’une expérience à partir de laquelle elle peut aider au renforcement des capacités de l’OUA et des organisations sous-régionales.

Le représentant de l’Algérie a, pour sa part, insisté sur l'utilité de cette coopération entre les deux institutions, regrettant le manque de ressources malgré la volonté commune existant pour la promouvoir. Il s’est ainsi fait l’écho de l’Observateur permanent de l’Organisation de l’unité africaine auprès des Nations Unies qui a estimé qu’afin de gérer les conflits ouverts, de leur trouver une solution durable et de prévenir l’éclatement d’autres conflits, il fallait qu’un véritable programme de coopération soit mis en place entre les Nations Unies, l’OUA et les autres organisations sous-régionales africaines. Cette coopération pourrait par exemple répondre aux problèmes humanitaires tels que celui des 7 millions de réfugiés africains.

Des délégués africains ont également mis l’accent sur les efforts déployés par leurs gouvernements dans la mise en place d’une Union africaine dont l’acte constitutif a été adopté en juillet dernier à Lomé. L’Observateur de l’OUA a qualifié cette décision historique de fondamentale avant d’ajouter que le continent ne pourrait éradiquer le fléau de la pauvreté qu’avec l’aide et l’appui de la Communauté internationale. Il a par ailleurs demandé aux partenaires de l’OUA d’étudier la meilleure manière d’annuler l’ensemble de la dette pour favoriser la relance économique du continent.

En réponse à ces préoccupations, les pays développés qui ont pris la parole ont réaffirmé, à l’instar du Japon, leur engagement à contribuer au règlement des problèmes du continent, en apportant leur soutien notamment aux mécanismes de prévention des conflits de l’OUA et aux programmes de développement durable mis en oeuvre conjointement par l’OUA et l’ONU. A ce titre, le représentant de la France, s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, a rappelé que l’Union européenne disposait d’un mécanisme consultatif auprès de l’OUA et que les pays européens étaient disposés à renforcer le dialogue avec l’OUA et les organisations sous-régionales sur les possibilités concrètes d’appuyer leurs initiatives, entre autres dans les domaines de la diplomatie préventive, du maintien de la paix, de la sensibilisation au respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire et de la promotion de l’Etat de droit et d’une société pluraliste.

Les représentants du Togo (au nom de l’OUA), de la France (au nom de l’Union européenne et des pays associés), du Sénégal, de l’Egypte, de l’Algérie, du Japon, de la Tunisie, du Nigéria, de la Norvège, de l’Ethiopie et de la Namibie ont pris la parole au titre de ce point. L’Observateur permanent de l’OUA auprès des Nations Unies a fait une déclaration.

Le Président de l’Assemblée a déclaré qu’un projet de résolution sur ce point serait soumis ultérieurement.

En début de séance, l'Assemblée générale avait terminé l'examen du rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique ainsi que du projet de résolution amendé et révisé A/55/L.25, qui sera soumis au vote, le vendredi 10 novembre. Les pays suivants se sont exprimés sur ce point: Nouvelle-Zélande, Lituanie, Bélarus, Pakistan, Fédération de Russie et Pérou.

L'Assemblée reprendra ses travaux cet après-midi à partir de 15 heures. Elle examinera les questions intitulées «Coopération entre l’ONU et la Communauté des Caraïbes» et «Bethléem 2000».

RAPPORT DE L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE

Déclarations

Mme WEN CHIN POWLES (Nouvelle-Zélande) a réaffirmé le soutien de son pays aux travaux de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), notamment son rôle de vérification et de contrôle de la non-prolifération et du désarmement nucléaires de même que dans la promotion d'un nucléaire sécurisé. Elle a ajouté que, bien qu'un long chemin ait déjà été parcouru, il reste encore beaucoup à faire dans ces deux domaines. Elle a regretté que le Protocole additionnel sur les garanties qu'elle a présenté n'ait été signé que par 53 Etats, souhaitant une mobilisation universelle. Elle a exprimé sa préoccupation face à la coopération entre la République populaire et démocratique de Corée et l'AIEA, souhaitant que le processus de réconciliation en cours dans la péninsule coréenne favorise un plus grand respect des normes de sécurité. Elle a également regretté les difficultés rencontrées par l'AIEA dans la mise en oeuvre de son mandat en Iraq avant de rappeler les effets des accidents nucléaires sur l'humanité et l'environnement. Elle a poursuivi en recommandant que des efforts soient déployés pour renforcer la coopération internationale en matière de sécurité nucléaire, notamment dans la gestion des déchets et des mesures à prendre en cas d'accident. Bien que la Nouvelle-Zélande ait pris toutes les mesures en ce sens, elle n’en demeure pas moins vulnérable en raison du transport maritime de produits radioactifs. Elle a rappelé que son pays avait, au cours de la Conférence générale de l'AIEA de cette année, coprésenté une résolution sur le transport maritime de substances radioactives, se félicitant du consensus obtenu sur ce sujet d'importance pour la Nouvelle-Zélande et toute la sous-région. Elle a conclu en déclarant que la communauté internationale attendait beaucoup de l'AIEA mais que les Etats devaient s'engager davantage pour soutenir les activités de l'Agence, notamment en terme de contributions financières.

M. GEDIMINAS SERKSNYS (Lituanie) a salué les efforts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans la promotion d'une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, ajoutant qu'elle pouvait permettre de combler les besoins énergétiques de manière durable et en respectant l'environnement. Il a ensuite déclaré que son pays a bénéficié de la coopération bilatérale et multilatérale, de même que de programmes régionaux de l'AIEA qui lui ont permis de mettre ses équipements en conformité avec normes internationales. Selon le représentant, la fermeture d'un des deux réacteurs de la centrale d'Ignalina représente un coût global de 3,5 milliards de dollars que la Lituanie ne peut couvrir sans assistance internationale. Il a rendu hommage au G-7, à l'Union européenne et aux institutions financières internationales pour l'assistance apportée lors de la première Conférence internationale des bailleurs de fonds, tenue en juin 2000 en Lituanie et souhaité que les programmes de coopération soient envisagés sur le long terme.

Il a ajouté que l'AIEA avait, au cours des dernières années, défini un cadre international de normes de sécurité, notamment en adoptant des conventions internationales sur la sécurité nucléaire et la protection contre les radiations. Il a également salué les efforts de l'AIEA dans la gestion des déchets nucléaires et des substances radioactives et pour l'expertise fournie aux Etats en matière de gestion des besoins énergétiques. Il a enfin abordé la question du Traité de non-

prolifération et appuyé la détermination de la communauté internationale à avancer sur ce dossier, souhaitant que l'AIEA poursuive ses efforts en vue de la ratification du Protocole additionnel de garantie par tous les Etats, précisant que la Lituanie avait été l'un des premiers Etats à signer le Protocole cette année.

M. ALEG IVAMOV (Bélarus) a déclaré que pour de nombreux pays, la diversification des sources d'énergie est aujourd'hui un impératif et qu'il est nécessaire de mettre au point de nouveaux moyens pour produire de l'électricité à des prix abordables. Mais rappelant que même dans ses usages civils, l'atome peut être dangereux, il s'est félicité du rôle que l'AIEA joue en faveur de la non- prolifération. Le représentant a déclaré que le Bélarus appuie fermement l'action de l'Agence en faveur de la non-prolifération et qu'il est en faveur d'un régime de non-prolifération plus strict encore. Il a rappelé que le Bélarus s'est acquitté de ses obligations relatives à l'Accord sur les garanties et examine actuellement la signature du Protocole supplémentaire. Il a précisé que le Bélarus observe déjà un certain nombre des obligations du Système renforcé de garanties. Par ailleurs, le Bélarus se félicite tout particulièrement du programme de l'AIEA sur le trafic des substances illicites et de l'application de nouvelles normes qui permettraient de lutter plus efficacement contre les trafics illicites.

Selon le représentant, un autre aspect essentiel de l'activité de l'AIEA consiste à assurer la sécurité maximale des installations nucléaires. Le Bélarus, où des milliers d'enfants souffrent de cancers et où une grande partie des terres agricoles n'est plus utilisable, est particulièrement conscient des risques inhérents à l'usage de l'atome. Le représentant a exprimé la reconnaissance de son pays à l'AIEA pour l'aide pratique qu'elle fournit dans le cadre des ses programmes d'aide technique. Il a souligné qu'il est important de lutter contre la peur de nucléaire engendrée par les incidents du passé et qui détournent de nombreux jeunes scientifiques très doués des domaines liés au nucléaire. Par conséquent, il importe de démontrer que l'énergie nucléaire peut être sûre et produite avec un niveau élevé de sécurité.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a indiqué que son pays était particulièrement satisfait, en tant que membre fondateur de l’AIEA, de constater que l’Agence reste l’une des organisations les plus efficacement gérées de l’ensemble du système des Nations Unies. Il a fait valoir que la promotion des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire est la raison d’être de l’AIEA. Les besoins du monde en énergie ne cessent d’augmenter, a-t-il déclaré. Ces besoins ne peuvent être couverts par les seuls combustibles fossiles. Le développement massif de l’hydroélectricité est une solution. La seule autre solution durable ayant déjà fait ses preuves est l’énergie nucléaire. Nous considérons que l’opposition à cette forme d’énergie en dépit d’un historique prouvant qu’il s’agit d’une énergie sûre, provient soit d’une incompréhension soit d’une volonté délibérée de refuser cette technologie aux pays en développement. Dans un contexte de ressources limitées des énergies fossiles et hydroélectriques, le Pakistan souhaite avoir rapidement un accès plus large à l’énergie nucléaire pour répondre à ses besoins futurs en électricité. Le délégué a déploré que le fonds volontaire en faveur de la coopération technique ne se soit vu attribuer que 64 millions de dollars au lieu des 73 millions projetés et a déclaré que sa délégation était préoccupée par le fait qu’une évolution visible du rôle de l’AIEA en faveur de la vérification et au détriment de la coopération technique était en cours.

Le Pakistan reste engagé en faveur du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, a fait valoir le représentant. Il a soutenu toutes les propositions et tous les accords visant à limiter, réduire progressivement et finalement éliminer les armes de destruction massive. Pendant plus d’un siècle, nous nous sommes efforcés de préserver l’Asie du Sud de la nucléarisation. Ces efforts se sont effondrés avec les essais nucléaires menés par l’Inde en mai 1998. L’ampleur de la menace nous a forcés à mener nos propres essais nucléaires pour rétablir l’équilibre stratégique et préserver la paix dans la région. Les armes nucléaires sont désormais une réalité en Asie du Sud. Toutefois, a-t-il indiqué, nous avons annoncé un moratoire unilatéral limitant les essais futurs et insistons sur la nécessité de prévenir une course à l’armement nucléaire. Nous avons aussi proposé à l’Inde de mettre sur pied un régime de restriction stratégique en Asie du Sud. Enfin, nous avons renforcé l’an passé notre réglementation nationale, déjà contraignante, en matière d’exportation de matériel ou d’équipement nucléaires.

M. ANDREI GRANOVSKY (Fédération de Russie) a déclaré que le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique dresse un tableau objectif des multiples activités de l’AIEA qui consistent notamment à veiller à la non- prolifération et à promouvoir l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, avec le développement pour objectif. Il a estimé que la signature du Protocole additionnel par la Fédération de Russie pour l’application des garanties est l’illustration de l’intérêt que porte son pays à cette matière. L’examen du rapport a lieu après la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération qu’il a qualifiée de succès. Les documents adoptés par la Conférence créent un programme précis pour le désarmement nucléaire, a-t-il dit. Il est important que l’équilibre soit maintenu entre les parties et que l’intérêt de tel ou tel pays ne devienne pas prépondérant. Le maintien du traité ABM de 1972, qui est la pierre angulaire de la sécurité dans le monde, peut amener à un accord Start III, avec 15 000 unités nucléaires pour chaque partie, a-t-il encore affirmé.

Au XXIème siècle, au nombre des tâches fondamentales de l’Agence, figurera une coopération internationale pour éviter la fabrication des armes nucléaires. La Fédération de Russie attache une importance particulière au contrôle par l’AIEA des matières fissiles des productions d’armements. En ce qui concerne la création des technologies novatrices et sûres en matière nucléaire, le représentant a cité l’initiative de Vladimir Poutine qui inclut le développement durable, un assainissement économique et la non-prolifération en éliminant l’uranium enrichi et le plutonium pur des processus de production d’énergie nucléaire. Des études montrent qu’il est possible de créer de l’énergie nucléaire sans ces matériaux qui peuvent être à la base de la fabrication d’armements nucléaires, a-t-il ajouté. Il s’est félicité que certains travaillent déjà à la concrétisation de cette proposition. Cette initiative n’exige pas que l’on renonce à utiliser le cycle actuel du combustible et qu’on ferme les centrales existantes, a-t-il dit, mais prévoit une coopération internationale pour arriver à cette fin sous l’égide de l’Agence.

Le représentant de la Fédération de Russie a soutenu le travail de l’AIEA pour empêcher le trafic des matières nucléaires et leur contrôle. Il a estimé important que l’Agence fournisse l’aide technique aux pays en développement pour l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Le représentant a également cité l’aide aux pays à l’économie en transition et noté les progrès politiques positifs en péninsule de Corée, espérant qu’ils conduiront à une application totale des garanties dans la région.

M. LUIS SALAZAR-MONROE (Pérou) a déclaré que puisque l’énergie atomique est considérée à la fois comme une menace et un outil de développement social, il devient dès lors impératif d’appliquer les Accords de garanties. Évoquant la coopération technique, il a estimé qu’elle seule permet aux pays en développement de profiter des possibilités offertes par l'usage pacifique de l'atome et de bénéficier des avantages sociaux qu’il apporte. Ainsi, le représentant s'est félicité de l'appui apporté par l'AIEA au programme de développement de la région frontalière entre le Pérou et l'Equateur, qui a permis l'établissement d'un projet de médecine nucléaire et d'un programme sur les applications des techniques isotopiques à l'hydrologie. Par ailleurs, il a rappelé qu'à Lima verra le jour un centre régional de coopération technique grâce à un accord signé avec l'AIEA, en collaboration avec l'Institut péruvien de l'énergie nucléaire (Instituto peruano de energia nuclear). En conclusion, le représentant a rappelé le soutien que l'AIEA apporte à son pays pour l'organisation, à Lima en 2001, d'un séminaire régional visant à promouvoir le Protocole supplémentaire sur les garanties.

COOPERATION ENTRE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET L'ORGANISATION DE L'UNITE AFRICAINE

Le rapport du Secrétaire général (A/55/498) fait état de l'évolution des relations entre l'Organisation de l'unité africaine et le système des Nations Unies et précise que les Secrétaires généraux des deux Organisations ont tenu des consultations périodiques tant à l'occasion des réunions au sommet de l'OUA qu'en marge des séances de l'Assemblée générale des Nations Unies sur des questions relatives au programme de travail des deux organisations. Le rapport ajoute que de hauts fonctionnaires des deux organisations ont tenu des consultations et procédé à des échanges de vue sur des domaines précis tandis que les séances que le Conseil de sécurité a consacré, en décembre 1999 et janvier 2000, à la question de la paix et de la sécurité en Afrique ont donné l'occasion à l'ONU et l'OUA d'approfondir leur collaboration et de se concerter sur des solutions possibles aux situations de conflit dans certaines régions d'Afrique. Le rapport indique que les Secrétaires généraux de l'OUA et de l'ONU ont adopté en 1998 un programme de coopération propre aux deux organisations qui définissait des axes d'intervention autour desquels s'articuleraient des projets dont l'exécution interviendrait dans les deux ans. Il précise que la réunion la plus récente visant à examiner les résultats de la coopération entre l'ONU et l'OUA a eu lieu en avril 2000 à Addis-Abeba et qu'à cette occasion, les représentants des deux organisations ont, d'une part, évalué leur coopération depuis 1998 et, d'autre part, examiné comment la renforcer au cours des deux années suivantes. Ils ont à ce titre proposé la mise en place d'un mécanisme de coordination et de suivi efficace et désigné un Groupe de travail composé de deux représentants de chaque organisations chargés de préparer une synthèse des rapports d'activités présentés par l'OUA et l'ONU.

Le rapport du Secrétaire général qui dresse le bilan des activités conjointes des deux organisations depuis le précédent rapport de 1998 se subdivise en 11 parties. La partie introductive et la seconde partie donnent un aperçu dans les grandes lignes des relations établies entre l'ONU et l'OUA au plus haut niveau. La troisième partie traite des questions prioritaires et domaines de collaboration qui recense dans un premier temps les questions prioritaires autour desquelles devrait s'articuler les programmes conjoints avant d'exposer dans un

second temps les programmes de l'OUA. Les domaines prioritaires identifiés sont l'état de préparation aux situations d'urgence et d'intervention rapide en cas de catastrophe, les crises sanitaires (VIH/sida) et le paludisme, la démocratie, la bonne gouvernance et les droits de l'homme, l'allègement ou l'annulation de la dette et les apports en ressources, l'échange d'informations et la gestion des conflits, l'application du Traité établissant la Communauté économique africaine et enfin l'éducation. Les programmes de l'OUA présentés dans le rapport portent quant à eux sur la restructuration de l'Organisation, et le fonctionnement du Centre de gestion des conflits de l'OUA, du Groupe des affaires humanitaires, de la Division de la coopération et de l'harmonisation des politiques, de même que sur les Politiques en matière de population ainsi que sur la Parité et le développement.

La quatrième partie traite de la Coopération dans les domaines de la paix et de la sécurité et évalue les activités du Département des affaires politiques et du Département des opérations de maintien de la paix, notamment l'aide à la formation et à la planification concernant le maintien de la paix pour lesquelles l'ONU s'associe à l'OUA et aux autres organisations sous-régionales africaines. La cinquième partie traite de la Coopération avec le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, notamment par l'intermédiaire de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples. La sixième partie aborde la Coopération pour le développement économique et social, notamment les activités du Bureau du Coordonnateur spécial pour l'Afrique et les pays les moins avancés, l'organisation du Sommet Afrique-Europe, la tenue du Troisième Forum Asie-Afrique, la Suite donnée à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (CITDA), le Groupe de travail spécial à composition non limitée de l'Assemblée générale, ainsi que la Suite donnée au cadre de coopération de Séoul. La septième partie traite de la Coopération avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, la huitième partie de la Coopération avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Dans sa neuvième partie, le rapport évalue la Coopération avec l'Organisation mondiale de la santé, plus précisément les résultats de la Conférence au sommet d'Abuja sur l'initiative «Faire reculer le paludisme». La dixième partie traite de la Coopération dans le domaine de la gestion des opérations en cas de catastrophe et la dernière partie de la Coopération avec le FNUAP.

Déclarations

M. ROLAND Y. KPOTSRA (Togo), dont le pays assure la Présidence en exercice de l’OUA, a rappelé la situation particulièrement difficile dans laquelle se trouvent les Etats africains, situation essentiellement caractérisée par un considérable déficit de stabilité, la déliquescence des économies nationales et un état sanitaire continuellement dégradant, et davantage exacerbée par les effets pervers du phénomène de la mondialisation, et qui se présente comme de nature à conduire spontanément la communauté internationale à accroître sa coopération avec les pays d’Afrique. Il a ajouté que, dans un tel contexte, l’Organisation des Nations Unies reste, à l’évidence, le cadre d’action le plus approprié, notamment à travers ses organes, ses fonds, programmes et institutions spécialisées, l’ONU jouant un rôle de premier plan dans la prévention et le maintien de la paix ainsi que dans la promotion du développement en Afrique. Le représentant a ensuite souligné que la coopération entre l’ONU et l’OUA avait connu, ces dernières années, un développement continu et qu’elle touche des domaines aussi variés que la prévention des conflits, le maintien de la paix, l’assistance électorale,

l’aide humanitaire et les secours d’urgence, la reconstruction après les conflits, la protection et la promotion des droits de l’homme, l’accès aux technologies de l’information et de la communication, le développement économique et social ainsi que la gestion des problèmes des réfugiés et celle des questions de population. Il a ajouté qu’en matière de maintien de la paix et de la sécurité, l’ONU dispose d’une expérience considérable à partir de laquelle elle peut aider au renforcement des capacités de l’OUA et des organisations sous-régionales. Le représentant a évoqué les crises dans lesquelles les deux organisations sont intervenues conjointement, à savoir la corne de l’Afrique, le Burundi et la République démocratique du Congo de même que le cas de la Sierra Leone où un mécanisme de coordination entre les Nations Unies, la CEDEAO et le Gouvernement sierra-léonais a été mis en place. Le représentant a poursuivi en considérant que la prévention des conflits reste l’axe à privilégier davantage dans le cadre de la coopération entre l’ONU et l’OUA, insistant sur la nécessité de privilégier davantage les mesures préventives. Cependant, il a ajouté que la détermination de l’Afrique à se prendre en charge elle-même et les différents axes de la coopération entre l’OUA et l’ONU ne devraient cependant pas faire perdre de vue que la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales incombe au Conseil de sécurité et qu’à ce titre, l’ONU se doit de soutenir résolument les initiatives des Etats africains tendant au renforcement des capacités africaines en matière de maintien de la paix et au règlement des conflits.

Evoquant les problèmes économiques, le représentant a souligné que les objectifs que poursuit l’ONU à travers son partenariat dense et multidimensionnel avec l’OUA et les pays africains visent aussi à l’élimination de la pauvreté en Afrique, regrettant que la dette extérieure énorme, le taux d’épargne stagnant et la baisse continuelle de l’aide publique au développement affectent la situation financière du continent. Il a ajouté que l’ONU a un rôle de premier plan à jouer en vue de la mobilisation des ressources adéquates dont l’Afrique a besoin, avant de considérer qu’elle devra prendre une part plus active dans la croisade que mènent les pays africains en vue de l’annulation pure et simple de la dette extérieure. Il a conclu en considérant qu’en dépit du raffermissement sans cesse continu de la coopération entre l’ONU et l’OUA, de nombreux défis demeurent à relever et que pour les surmonter, il faudra du temps, des ressources et des initiatives globales de la part de l’ONU.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a pris la parole au nom de l’Union européenne, des pays d’Europe centrale et orientale associés (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie) et des pays associés (Chypre, Malte et Turquie). Nous nous réjouissons de l’actuelle coopération entre l’ONU et l’OUA pour renforcer leur capacité commune à prévenir et à régler les conflits en Afrique. M. Levitte a émis le souhait que la Présidence en exercice et le Secrétariat général de l’OUA puissent venir s’expliquer plus régulièrement devant le Conseil de sécurité sur leur action dans la gestion des différentes crises africaines. Ajoutant que le débat sur la coopération entre l’ONU et l’OUA se déroule à un moment toujours critique pour le continent africain, le représentant a néanmoins fait observer que des progrès avaient été faits dans les domaines politique et socioéconomique avant de regretter que plus d'un tiers des pays africains sont actuellement, ou ont été récemment, impliqués dans des conflits armés. Le représentant s’est ensuite félicité de l’engagement exprimé par les pays africains et les organisations régionales à jouer un rôle de chef de file dans la prévention et le règlement des

conflits en Afrique. Il a ajouté que l’Union européenne disposait d’un mécanisme consultatif auprès de l’OUA et que les pays européens étaient disposés à renforcer le dialogue avec l’OUA et les organisations sous-régionales sur les possibilités concrètes d’appuyer leurs initiatives, entre autres dans les domaines de la diplomatie préventive, du maintien de la paix, de la sensibilisation au respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire et de la promotion de l’Etat de droit et d’une société pluraliste. A ce titre, le représentant a déclaré que l’Union européenne se réjouissait de la réussite de la Conférence Afrique-Europe organisée au Caire cette année sous l’égide de l’Union européenne et de l’OUA, ajoutant que la Déclaration et le Plan d’action du Caire constituent à bien des égards des documents et des instruments de référence pour la coopération en matière de sécurité, mais aussi en matière sociale et de santé, notamment en ce qui concerne la lutte contre le VIH/sida.

Il a ensuite estimé que les points thématiques qui devaient, aux yeux de l’Union européenne, faire l’objet d’une concertation plus étroite entre toutes les instances concernées, notamment celles de l’ONU et de l’OUA, étaient en premier lieu la lutte contre le trafic d’armes légères et de petits calibres, le représentant saluant au passage l’initiative prise par la CEDEAO d’établir un moratoire sur l’importation et la fabrication de petites armes, initiative qui devrait, selon lui, être soutenue et élargie à d’autres régions d’Afrique. Le représentant a ensuite évoqué la mise en place d’un mécanisme intégré et coordonné de lutte contre les trafics de matières premières et d’armements, saluant en la matière les efforts du Conseil de sécurité pour mieux comprendre les origines économiques et les aspects mercantiles de certains conflits africains. Il a enfin suggéré comme troisième thème la mise en place d’une action de sensibilisation beaucoup plus systématique dans tous les pays en conflit contre l’utilisation des enfants soldats. Le représentant a déclaré que l’Union européenne accorde une grande importance au dialogue régulier qu’elle entretient sur la gestion des différentes crises avec le Secrétaire général de l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en Afrique, notamment en Sierra Leone, dans la corne de l’Afrique ou encore en République démocratique du Congo. Il a déclaré que, pour l’Union européenne, le développement durable en Afrique est une priorité, ajoutant que l’engagement de l’Union vis-à-vis de l’Afrique reposait sur des intérêts, des valeurs et des objectifs communs et que l’Union voulait aider l’Afrique à réaliser la paix et la stabilité pour améliorer la qualité de vie de ses peuples. A ce titre, le représentant a déclaré que l’Union européenne reste résolue à lutter contre la pauvreté et à atteindre l’objectif consistant à réduire de moitié la proportion d’êtres humains vivant dans la pauvreté absolue d’ici à 2015. Il a conclu son intervention en abordant la question de la dette, considérant que l’initiative PPTE/HIPC était essentielle pour lutter contre la pauvreté et atteindre les objectifs de développement durable.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a déclaré qu’en dépit des réformes courageuses qui ont été opérées pour assainir le cadre macro-économique et démocratiser les systèmes politiques, le continent africain continue d’être secoué par de nombreux foyers de tensions. Le représentant a cité les crises en Sierra Leone, en République démocratique du Congo, au Burundi, en Angola, en Somalie et le conflit entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Dans ces différentes situations, la coopération entre l’ONU et l’OUA en matière de prévention des conflits et de maintien de la paix a été décisive pour avoir permis la formulation d’arrangements techniques destinés à faciliter la mise en oeuvre d’accords de cessez-le-feu et le

déploiement de missions conjointes civiles ou militaires renforçant ainsi les capacités africaines de prévention et de gestion des conflits. Ces différents acquis sont encourageants, a estimé le représentant, ajoutant que les avancées positives constatées n’ont pas tari les ressentiments de l’Afrique à l’égard d’une communauté internationale souvent trop timorée lorsqu’il s’agit de gérer des crises graves qui éclatent en Afrique.

L’échec relatif de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone mais surtout le cas de la République démocratique du Congo où le déploiement d’une mission est renvoyé aux calendes grecques, constituent une illustration parfaite des manquements à ce devoir d’assistance que les Africains attendent de l’ONU, a poursuivi le représentant du Sénégal. Dans ce contexte, il a insisté sur la pertinence des recommandations du rapport communément appelé «rapport Brahimi» qui, selon lui, ouvre à l’ONU de nouvelles perspectives dans la réduction des tensions et dans la gestion judicieuse des conflits pour permettre aux pays ravagés par la guerre de se tourner vers leur développement. Le Sénégal est convaincu que l’ONU peut faire plus et veut faire mieux pour l’Afrique. L’Afrique, de son côté, est prête à assumer sa part de responsabilité, comme en témoigne la décision des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA, à Lomé, en juillet dernier, de créer l’Union africaine pour sceller leur communauté de destin, a constaté le représentant.

M. AHMED DARWISH (Egypte) a évoqué à la fois le besoin grandissant de renforcer la coopération entre l'Organisation de l'unité africaine et l'Organisation des Nations Unies dans les domaines de la sécurité, de la paix et du développement et la nécessité de renforcer les capacités structurelles de l'OUA. Il a rappelé que, comme le signale le rapport du Secrétaire général, le programme de coopération entre les deux organismes comporte un certain nombre de priorités: l'annulation de la dette, l'accroissement de l'aide, les réponses à apporter aux questions de santé publique telles que le sida et le paludisme, la promotion des droits de l'homme. Pour que les objectifs puissent être atteints, il importe d'élaborer des programmes conjoints entre les deux organisations et de renforcer les capacités de l'OUA, a-t-il déclaré. En ce qui concerne le maintien de la paix et la gestion des crises en Afrique, il est souhaitable que les deux organisations travaillent de concert et que les agences de l'ONU participent aux programmes conjoints. Le représentant a reconnu qu'à terme, l'OUA doit pouvoir compter sur ses propres ressources pour faire face aux défis du continent, notamment grâce à la mise en place d'une force d'alerte rapide. A cet égard, il s'est félicité des initiatives prises par l'OUA pour régler les conflits armés en Afrique et de la création du centre de gestion de crises à Addis-Abeba. En conclusion, il a affirmé que l'Afrique doit assumer un rôle de plus en plus important, sans marginaliser les Nations Unies, et il a souhaité que les Nations Unies gèrent les crises africaines de la même façon qu'elles gèrent les crises dans d'autres parties du monde.

M. ABDELKADER MESDOUA (Algérie) a rappelé que son pays qui a assuré la présidence en exercice de l'OUA durant l'année écoulée, accorde une place importante à la coopération et à la coordination avec les Nations Unies. A ce titre, il a fait quelques suggestions de nature à améliorer le contenu et l'efficacité de la coopération entre l'OUA et l'ONU. Il s'est félicité que l'ONU ait été associée à tous les efforts entrepris par l'OUA pour le règlement des

différends africains. Cependant, il s'est déclaré préoccupé par la résurgence du spectre de l'indifférence des pays développés à l'égard des missions de paix en Afrique et par les difficultés rencontrées par l'ONU afin de trouver, pour la MINUSIL, des troupes en nombre suffisant après l'autorisation du Conseil de sécurité de déployer plus de 200 000 hommes.

En ce qui concerne le développement économique et social, le représentant s'est inquiété de l'érosion constante des ressources du PNUD et des autres agences spécialisées de l'ONU, alors même que ces institutions ont un rôle essentiel d'appui et de soutien des efforts de redressement en Afrique. L'action humanitaire constitue un domaine tout aussi important de la coopération entre l'OUA et l'ONU. Le continent africain accueille, aujourd'hui, plus de la moitié des quelques 20 millions de réfugiés recensés à travers le monde. En contrepartie, il ne bénéficie pas, a estimé M. Mesdoua, de l'attention qui s'attache à une situation aussi dramatique, ni ne reçoit une part équitable des ressources allouées dans le cadre des secours humanitaires. Le représentant a émis le souhait qu'il soit remédié à une telle situation par la mise en œuvre du Plan d'action pour les réfugiés en Afrique, fruit de la coopération entre l'OUA et le HCR en mars 2000.

Le représentant a réitéré la nécessité et l'utilité de la coopération entre les deux institutions mais a regretté que cette coopération, en dépit de la volonté commune qui existe pour la promouvoir, continue de subir les contraintes de la rareté des ressources. Seule la dotation de l'ONU en moyens conséquents lui permettra de mener à terme les nombreux projets inscrits dans le cadre de sa coopération avec l'OUA, a-t-il déclaré. Il a enfin souligné que l'Afrique nourrit de réelles ambitions à l'endroit des prochaines conférences spéciales des Nations Unies sur la pandémie de sida et sur le financement du développement.

M. YUKIO SATOH (Japon) a déclaré que son pays soutenait les efforts de coopération entre les Nations Unies et l’Organisation de l’unité africaine et salué les efforts de l’OUA dans la recherche de la paix et de la prospérité en Afrique, citant notamment les différents processus de facilitation mis en œuvre dans les crises comme au Rwanda, en Sierra Leone, au Burundi, en République démocratique du Congo. Il s’est ensuite félicité de la mise en place d'un mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits en Afrique qui constitue selon lui une preuve de la volonté des Etats africains de faire avancer la paix sur le continent. Il a ajouté que la coopération entre l’OUA et l’ONU était importante notamment dans la mise en œuvre effective de ce mécanisme, avant de préciser que le Japon était prêt à appuyer l’OUA dans ses efforts de prévention et de règlement des conflits comme il l’a fait récemment dans le cas du conflit entre l’Erythrée et l’Ethiopie. Par ailleurs, concernant le développement, le représentant a souligné la contribution de son pays au renforcement des liens entre l’ONU et l’OUA, notamment par le biais de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) qui constitue un cadre de concertation et d’action pour le développement durable et la prévention des conflits en Afrique. Il a conclu en déclarant que l’Afrique avait besoin d’une attention particulière dans les prochaines années, notamment en vue d'éradiquer la pauvreté, de prévenir les conflits et la prolifération des armes légères, et de lutter contre le VIH/sida, assurant que le Japon aiderait l’OUA et les pays africains à relever ces défis et souhaitant que l’ONU s’engage encore davantage.

M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a déclaré que l’OUA, depuis sa création, reflète les aspirations des peuples africains pour un continent uni et la promotion d’un rapprochement entre tous les peuples d’Afrique. La Tunisie attache une importance particulière à la coopération entre les Nations Unies et l’OUA ainsi qu’aux moyens qui y sont accordés. Le représentant s’est félicité de toutes les réalisations déjà accomplies mais a demandé que les efforts soient poursuivis pour promouvoir la collaboration entre l’ONU et l’OUA particulièrement dans les domaines où l’Afrique a besoin du soutien de la communauté internationale. Le continent africain a œuvré sur la base de ses propres ressources pour faire face à ses problèmes, en comptant sur la solidarité de la communauté internationale, a-t-il ajouté, notant les nombreuses guerres qui ont donné naissance à la situation économique et sociale particulièrement grave sur le continent.

Une évaluation de la situation a pu être opérée pour contribuer au règlement de certains conflits afin de garantir la paix et la sécurité internationales et, par-là même, le développement. Cependant, de nombreux autres conflits n’ont pas encore trouvé de solutions malgré le travail conjoint de l’ONU et de l’OUA. Le mécanisme de gestion des crises et de règlement des différends reflète, selon le représentant tunisien, la volonté des Etats d’Afrique de compter sur leurs propres ressources pour régler leurs problèmes sur le continent tout en continuant à compter sur une coopération avec les Nations Unies. La coopération entre les deux organisations a enregistré de nombreux succès, il faut que cela continue, a-t-il dit, considérant que l’Afrique a fait beaucoup d’efforts dans le domaine du développement, pour renforcer la démocratie et les droits de l’homme ainsi que la coopération régionale. Le représentant a encore espéré que les partenaires de l’OUA vont poursuivre leur soutien. Il a notamment cité le problème de la dette en espérant des efforts plus grands pour éradiquer la pauvreté et l’ouverture des marchés internationaux. Enfin, il a demandé une meilleure coordination du travail des Nations Unies et de l’OUA avec les institutions de Bretton Woods.

M. J. K. SHINKAIYE (Nigéria) a rappelé que l’Afrique est souvent considérée comme le maillon le plus faible de la chaîne qui lie la famille mondiale des nations et des peuples. La myriade de problèmes auxquels est confronté le continent du fait de leur nature même ne peut être résolue par les pays africains seuls, ni même ensemble. La solution ne peut venir que d’une coopération avec les partenaires du développement de l’Afrique et la communauté internationale dans son ensemble. La coopération entre l’OUA et les Nations Unies doit servir à atteindre cet objectif, et elle n’a jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui compte tenu de la dégradation de la situation sur le continent africain, a-t-il dit. Dans ce contexte, la délégation du Nigéria appelle de ses vœux une meilleure assistance des Nations Unies aux mécanismes de prévention et de gestion des conflits de l’OUA.

Le représentant a cité comme exemple fructueux de collaboration entre l’ONU et l’OUA, l’Accord de paix intervenu entre l’Ethiopie et l’Erythrée. En revanche, il a demandé que les Nations Unies impliquent davantage l’OUA dans les efforts déployés pour instaurer la paix en Sierra Leone, admettant par ailleurs que l’Organisation de l’Unité africaine ne dispose pas des ressources nécessaires pour jouer un rôle plus visible dans ce pays. L’Organisation peut toutefois y apporter son concours, a estimé le représentant du Nigéria. Il a encore appelé l’ONU à

reconsidérer la situation en Somalie, un pays ravagé par la guerre depuis si longtemps dont le peuple réclame la paix et que la communauté internationale ne devrait pas abandonner, a-t-il dit. Le représentant a encore annoncé l’intention de son pays d’organiser un sommet africain sur le VIH/sida et d’autres maladies infectieuses à Abuja l’année prochaine.

M. ARNE B. HONNINGSTAD (Norvège) a fait observer que le simple fait que l'Afrique soit toujours ravagée par de graves conflits armés, des sécheresses et un sous-développement persistant, souligne l'importance d'une coopération forte et concrète entre les Nations Unies et l'Organisation de l'unité africaine. La Norvège est convaincue qu'une telle coopération est bénéfique aux deux organisations et poussera à une coopération et une coordination accrues quand elle occupera son siège au Conseil de sécurité, a-t-il déclaré.

Beaucoup de choses se sont produites depuis la décision de l'OUA en 1993 d'abandonner sa politique de non-intervention et de créer un mécanisme de prévention, de gestion et de résolution des conflits, a-t-il fait remarquer. L'Organisation est actuellement impliquée dans la recherche de solutions aux conflits en cours sur le continent et bien que beaucoup reste encore à faire avant d'avoir un mécanisme de l'OUA complètement opérationnel, l'aide apportée par l'ONU et par les partenaires bilatéraux de l'OUA a renforcé sa capacité. La Norvège compte maintenir son soutien au mécanisme et demande qu'une assistance technique des Nations Unies et des programmes d'échanges de personnels soient mis en place.

Le représentant a indiqué qu'une restructuration de l'OUA était en cours, qu'un groupe de pays, «les Amis de l'OUA», apportait son concours au processus et que l'éventualité de développer ce concept d' «Amis de l'OUA» avec la participation des Nations Unies devait être étudiée. Compte tenu des efforts régionaux et sous-régionaux visant à réaliser une plus grande intégration économique et politique, les Nations Unies pourraient également jouer un rôle décisif en aidant l'OUA à cet égard, a-t-il fait valoir. Il faut encourager les efforts sous-régionaux visant à créer une Communauté économique européenne. En conséquent, les Nations Unies doivent apporter un soutien accru à cette intégration économique et une plus grande participation de l'OUA à l'ECOSOC doit être encouragée.

M. ABDULMEJID HUSSEIN (Ethiopie) a indiqué que son pays avait toujours pleinement soutenu les efforts de l'OUA en matière de règlement pacifique des conflits sur le continent et a, à différentes occasions, participé au règlement de conflits dans différentes régions d'Afrique. Il a fait valoir que, lors de la crise qui s'est produite entre l'Ethiopie et l'Erythrée, l'Ethiopie avait montré son respect total et son engagement à l'égard de l'OUA en coopérant à ses efforts pour résoudre la crise. Il a rappelé que les efforts de l'OUA, en coopération et avec l'aide des Nations Unies et des autres parties concernées, ont conduit à la signature par l'Ethiopie et l'Erythrée, le 18 juin 2000 à Alger, d'un Accord sur la cessation des hostilités qui précise que la mission de maintien de la paix doit être déployée par l'ONU sous les auspices de l'OUA. Il s'est félicité de ce que le Secrétaire général ait l'intention de poursuivre sa collaboration avec l'OUA au cours de la phase suivante des efforts de médiation et de la mise en oeuvre de l'Accord.

Le représentant a fait valoir que la persistance des conflits, le fardeau de la dette et le déclin de l'aide publique au développement, la baisse nette des ressources et la question de l'accès aux marchés mondiaux ne sont que quelques-uns des facteurs qui paralysent la croissance et le développement du continent. Alors que ces défis ne cessent de grandir, a- t-il déclaré, il est nécessaire d'évaluer, de façon approfondie et objective, la situation de l'Afrique et le rôle que les Nations Unies peuvent y jouer en coopération avec l'OUA. Dans le domaine social, il s'est félicité des résultats obtenus grâce à la coopération de l'OUA avec les institutions de l'ONU et notamment de la création d'une équipe commune ONU-OUA qui concevra un plan de lutte contre le VIH/sida pour les deux ans à venir.

M. HAROLDT URIB (Namibie) a salué la qualité du rapport du Secrétaire général et s'est félicité des nombreux contacts entre les deux organisations, notamment en matière de prévention et de gestion des conflits. Il a estimé qu’il fallait renforcer la capacité de l'OUA, mais que l'action du Conseil de sécurité reste toutefois essentielle à la mise en oeuvre des accords de sécurité en Afrique. Rappelant les recommandations du rapport Brahimi, il a insisté sur le caractère essentiel de l'amélioration des mécanismes de prévention des conflits et, pour cela, a exhorté les Etats à participer au Fonds d'affectation spéciale pour la prévention des conflits. Le représentant a longuement évoqué le problème des réfugiés et des personnes déplacées. Il a exhorté la communauté internationale à aider l'OUA à développer ses capacités institutionnelles et à lui fournir un appui logistique. En effet, le prix à payer est trop élevé pour les pays qui reçoivent les réfugiés, a-t-il déclaré. Il a également demandé à la communauté internationale et aux Etats développés de répondre aux besoins du Haut Commissariat aux réfugiés. Le représentant a souligné que l'établissement de la Commission économique pour l'Afrique au sein de l'ONU est un pas en avant significatif qui permettra la mise en oeuvre efficace des programmes de développement. Il a également salué la coopération entre la CNUCED et l'OUA, qui aide l'Afrique à bénéficier de la mondialisation, ainsi que la coopération avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Il a finalement déclaré que c'est d'un plan Marshall que l'Afrique a besoin aujourd'hui, face à la liste interminable des problèmes économiques, humanitaires et sanitaires qui assaillent le continent, un véritable plan d'aide qui prenne place dans le cadre d'un partenariat authentique entre l'Afrique et le reste du monde.

M. AMADOU KEBE, Observateur permanent de l’Organisation de l’Unité africaine auprès des Nations Unies, a déclaré que la décision prise par les chefs d’Etats et de gouvernements africains, de faire de l’an 2000 une année de paix et de stabilité en Afrique, découle de leur volonté et de leur détermination à changer le cours des choses en pesant plus positivement sur la destinée de leurs pays et de leurs populations. Pour ce faire, il faut tourner le dos aux tensions et aux conflits avec leur corollaire de flux massifs de réfugiés et de personnes déplacées, et nous ouvrir une ère de sécurité et de stabilité où toutes nos ressources, humaines et matérielles, pourront être consacrées à la construction de nos Etats, à la consolidation de la démocratie, au développement économique et social de nos pays, au bien-être et au mieux-être de nos populations, a-t-il dit. Les préoccupations des partenaires et des interlocuteurs de l’Afrique concernant les questions de démocratisation, de bonne gouvernance, du respect des droits de l’Homme, ont été prises à bras le corps par les chefs d’Etat et de gouvernement africains à Alger, en 1999. La décision prise de ne plus accepter au sein de l’Assemblée des chefs d’Etat les dirigeants qui auront usurpé le pouvoir en renversant un gouvernement démocratiquement élu, montre le sérieux et la détermination des responsables africains quant à ces questions, a estimé l’Observateur de l’OUA.

Actuellement, a-t-il dit, il faut gérer les conflits ouverts et leur trouver une solution durable. Il faut ensuite tout mettre en oeuvre pour prévenir l’éclatement d’autres conflits. Il s’agit d’un véritable programme qui nécessite une coopération de plus en plus étroite avec les Nations Unies. Dans la gestion des conflits, l’OUA et les organisations sous-régionales africaines (CEDEAO et SADC) ont pris des initiatives qui ont mené à la signature d’accords de paix. La mise en oeuvre de ces accords nécessite des moyens financiers et matériels au-delà de la capacité de ces organisations, a constaté l’Observateur, insistant sur la nécessité pour les Nations Unies et plus particulièrement pour le Conseil de sécurité de prendre le relais très rapidement par l’envoi d’une force de maintien de la paix ou d’une mission de consolidation de la paix.

La prévention des conflits nous paraît être d’une urgente nécessité, a encore déclaré M. Kebe. Investir dans la prévention est dans tous les cas de figure moins coûteux. C’est pourquoi nous souhaiterions une coopération plus poussée dans ce domaine entre les Nations Unies, l’OUA et les organisations régionales africaines, a-t-il dit, jugeant difficile parfois de faire la démarcation entre prévention et ingérence. Evoquant ensuite le domaine social et humanitaire, l’Observateur a réclamé pour les 7 millions de réfugiés africains des ressources à la dimension de ce qui constitue, selon lui, une véritable catastrophe continentale et un traitement égal à celui accordé à d’autres réfugiés d’autres continents. Il a également cité la création d’une Union Africaine, en juillet dernier à Lomé, conformément aux objectifs fondamentaux de la Charte de l’OUA. Une décision que l’Observateur a qualifiée de fondamentale si l’Afrique veut compter au siècle de la mondialisation et assumer sa part de responsabilité dans la gestion et la direction des affaires du monde. Un défi que le continent ne pourra relever qu’avec l’aide et l’appui de la Communauté internationale, la pauvreté restant le problème majeur à résoudre dans plusieurs pays africains, a-t- il ajouté, réclamant des partenaires de l’OUA qu’ils étudient la meilleure manière d’annuler l’ensemble de la dette pour la relance économique du continent.

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