AG/SHC/505

LA SECURITE DU PERSONNEL HUMANITAIRE, LES BESOINS DES PAYS D'ACCUEIL ET L'AIDE AUX PERSONNES DEPLACEES AU CENTRE DU DEBAT A LA TROISIEME COMMISSION

6 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/SHC/505


LA SECURITE DU PERSONNEL HUMANITAIRE, LES BESOINS DES PAYS D'ACCUEIL ET L'AIDE AUX PERSONNES DEPLACÉES AU CENTRE DU DEBAT A LA TROISIEME COMMISSION

20001106

Poursuivant leur débat sur les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux personnes déplacées, les délégations présentes, cet après-midi, à la Commission des affaires sociales, humanitaires et culturelles, ont notamment mis l'accent sur les questions liées à la sécurité des personnels humanitaires, au coût financier et environnemental de l'accueil de populations de réfugiés et à la manière de venir en aide aux personnes déplacées internes.

Condamnant les actes de violence contre les personnels humanitaires, le représentant de la France, s'exprimant au nom de l'Union européenne, s'est félicité que le statut de la Cour pénale internationale qualifie de crime le fait d’attaquer des personnes employées dans le cadre d’une mission humanitaire. Plusieurs représentants ont estimé à cet égard que tous les facteurs permettant d’améliorer les conditions de sécurité doivent être pris en compte, comme par exemple la formation des personnels. Le représentant de la France a appuyé l’idée d'une mise en place d’observateurs civils ou d’un recours à une police internationale.

Plusieurs représentants ont insisté sur le fait que les pays pauvres accueillant les réfugiés ont besoin de la solidarité de la communauté internationale, en particulier des pays les plus riches, qui ne portent qu'une petite partie de ce fardeau. Faisant écho à cette déclaration, le représentant du Soudan a évoqué l'érosion de l'environnement et des infrastructures ainsi que le coût social qu'implique l'accueil de populations importantes de réfugiés. De son côté, le représentant du japon a exhorté à une plus grande coopération entre les institutions du système, en particulier le HCR, le Programme des Nations Unies pour le développement et la Banque mondiale à unir leurs efforts pour combler le vide entre activités d’aide et activités de développement.

Abordant ensuite la question des personnes déplacées internes, le représentant de Cuba a regretté que l'on fasse peu de cas de l'opinion des gouvernements, y compris de ceux des pays touchés par ce problème. L'élaboration de directives pour la planification et la direction de ce type d'assistance humanitaire doit être considérée, discutée et recevoir l'approbation finale des Etats Membres de l'Organisation, a-t-il souligné.

Les délégations ont de nouveau cet après-midi loué la manière dont Mme Ogata s’est acquittée de ses fonctions pendant près de dix ans, à la tête du HCR. Le représentant du Japon a fait remarquer que la Haut Commissaire s’est rendue 31 fois en Afrique, ce qui témoigne de son courage et de son dévouement.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: France au nom de l'Union européenne et des pays associés; Etats-Unis; Soudan; Norvège; Mozambique au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC); Japon et Cuba. L'Observateur du Saint-Siège a également pris la parole.

La Commission poursuivra son débat sur les réfugiés demain, mardi 7 novembre 2000, à 10 heures.

QUESTIONS RELATIVES AUX REFUGIES, AUX RAPATRIES, AUX PERSONNES DEPLACEES ET QUESTIONS HUMANITAIRES

Débat général

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France au nom de l’Union européenne et des pays associés) a déclaré que l’Union européenne estime que les actes de violence contre les personnels humanitaires ne doivent pas rester impunis. Elle se félicite que le statut de la cour pénale internationale qualifie de crime le fait d’attaquer ces personnes et est favorable à l’élaboration d’un protocole à la convention de 1994 sur la sécurité du personnel des Nations Unies afin de l’étendre à l’ensemble des agents engagés dans des opérations humanitaires. Elle attache la plus grande importance à la présentation par le Secrétaire Général d’un rapport sur les conditions et les modalités d’engagement du personnel humanitaire dans le cadre d’opérations comportant des risques importants. Tous les facteurs permettant d’améliorer les conditions de sécurité doivent être pris en compte, comme par exemple la formation des personnels ou le recours à des techniques de communication de pointe. La sécurité des personnels est un des éléments qui devront être examinés dans le contexte du rapport Brahimi. Selon le représentant, il convient également d’étudier les options intermédiaires, conformément à l’approche suggérée à plusieurs reprises par Mme Ogata, comme la mise en place d’observateurs civils ou le recours à une police internationale.

Le représentant a rappelé qu’il appartient à toutes les parties engagées dans les conflits armés, même internes et aux Etats en particulier, de respecter le droit international humanitaire, d’assurer la protection des populations civiles, de veiller à la sécurité des personnels humanitaires et de permettre un accès sûr et sans entrave aux personnes qui ont besoin d’assistance. Il leur appartient notamment de s’assurer, avec l’assistance de la communauté internationale, si nécessaire, qu’il n’y ait pas d’éléments armés dans les camps de réfugiés et de veiller à ce que la localisation de ces camps n’augmente pas leur vulnérabilité.

M. Levitte a noté que l’assistance aux personnes déplacées à l’intérieur de leurs pays, qui relèvent de la responsabilité première des Etats, a fait l’objet, dernièrement de beaucoup d’attention. M. Levitte a appuyé les principes directeurs élaborés par le représentant du Secrétaire général, M. Deng et soutenu l’approche interinstitutions et les arrangements prévus pour améliorer la coordination et l’efficacité des efforts en faveur de ces personnes sous l’autorité du coordonnateur des secours d’urgence. Il a ajouté que l’action humanitaire ne doit pas servir de palliatif à l’absence de volonté politique et ne peut pas non plus être utilisée comme un élément d’une stratégie politique.

L’Union européenne souligne l’importance pour le HCR d’avoir une base de financement adéquate et prévisible. Elle invite le HCR, dans l’ensemble de ses activités, à assurer son mandat unique de protection et de recherche de solutions durables et à mettre en œuvre sa capacité de coordination et de réponse d’urgence. Principal donateur si l’on rend compte des contributions des Etats Membres et celle de la Commission, l’Union européenne souhaite renforcer la réflexion commune. Elle salue les initiatives du HCR pour susciter de nouveaux soutiens, notamment auprès du secteur privé et estime que la recherche de nouveaux partenariats, notamment dans le domaine de la communication ou de l’informatique, doit être poursuivie.

M. Levitte a insisté sur le fait que le respect des droits de l’homme est essentiel pour la prévention des crises comme pour le retour à la paix et la stabilisation. Les situations dans lesquelles le HCR doit intervenir sont extrêmement variées. Chaque cas appelle une réponse appropriée, souvent dans l’urgence. L’Union européenne se félicite des efforts faits par le HCR pour améliorer sa rapidité de réaction par la mise en place d’une cellule de réponse d’urgence.

On ne peut ignorer les difficultés que soulève la confusion des demandeurs d’asile et des flux de migrants, a poursuivi M. Levitte. Les Etats de l’Union européenne, qui ont réaffirmé dans le Traité d’Amsterdam leur attachement aux valeurs de l’asile, s’engageront volontiers dans les consultations lancées par le HCR sur la Convention de Genève de 1951. Il leur apparaît que ces consultations doivent confirmer que cette convention et le Protocole de 1967 sont et doivent rester la pierre angulaire de l’asile. L’Union européenne travaille à la définition de normes de protection applicables en cas d’afflux massif et soudain de réfugiés à la suite d’une crise grave. Elle a également engagé un débat sur l’harmonisation des conditions d’accueil des demandeurs d’asile. Il apparaît en effet que les disparités qui existent actuellement provoquent des mouvements secondaires. Enfin, l’Union européenne vient de créer un fonds européen pour les réfugiés, qui permettra de financer des actions relatives à l’accueil des demandeurs d’asile, à l’intégration des réfugiés au rapatriement volontaire des bénéficiaires.

MME JULIA V. TAFT (Etats-Unis)a loué le leadership et l'engagement de Mme Sadako Ogata à la tête du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au cours d'une décennie turbulente où l'Organisation a su faire face à d'énormes responsabilités, entre autres, en Iraq, dans les Balkans, au Rwanda et au Timor. Mme Taft a affirmé que sous la direction de Mme Ogata, le HCR a su régler un grand nombre de questions, montrant qu'il est disposé à faire face à toutes les situations. La représentante a évoqué quelques-uns des secteurs où l'action de Mme Ogata a été déterminente, y compris la question des personnes déplacées, la sécurité, la nécessité d'une réaction rapide et la volonté de travailler à des solutions durables en faveur des réfugiés.

Appelant à un renforcement de l'implication des États et à une plus grande générosité de leur part, Mme Taft a affirmé que la Convention de 1951 reste valable, mais qu'il faut reconnaître la nécessité d'en revoir les dispositions. A cet effet, elle a souhaité qu'une large consultation impliquant également les ONG et les chercheurs soit lancée. La représentante a aussi souligné l'importance de la sécurité des réfugiés et du personnel humanitaire. Il n'est pas normal, a-t- elle déclaré, que le personnel du HCR soit la cible d'attaques en situation de conflits. Ceux qui ont souffert d'attaques au Timor et en Afrique nous rappellent chaque jour que leur tâche est difficile, a-t-elle ajouté. Elle a estimé qu'il faut punir les auteurs des actes violents contre le personnel humanitaire.

Mme Taft a souhaité que les gouvernements et les bailleurs de fonds contribuent pour porter assistance aux pays peu nantis qui accueillent de nombreux réfugiés. Pour leur part, les Etats-Unis accordent une importance particulière aux groupes les plus vulnérables parmi les réfugiés, notamment pour ce qui est des violences sexuelles perpétrées à l'encontre des femmes et des enfants. Son pays, a-t-elle conclu, tient également à la parité entre hommes et femmes lorsqu'on traite des questions relatives à la paix et la sécurité. Mme Taft a enfin souhaité, au nom du gouvernement américain, la bienvenue à M. Ruud Lubbers, qui vient d'être nommé au poste de Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Elle a affirmé qu'il s'agit-là d'un choix excellent.

M. AHMED MOHMED ALAAS (Soudan) a déclaré que près de 100 000 réfugiés Eryhtréens sont entrés au Soudan, à la suite du conflit entre l'Erythrée et l'Ethiopie. Il a demandé un accroissement de l'assistance en faveur de ces réfugiés en vue de leur rapatriement. Le représentant a remercié Mme Ogata pour son travail au cours de la dernière décennie et pour la visite qu'elle a effectuée récemment au Soudan. M. Alaas a par ailleurs présenté les condoléances de sa délégation aux familles du personnel du HCR et des Nations Unies qui ont été éprouvées par les récentes attaques.

A propos de la clause de cessation récemment invoquée par le HCR au sujet des programmes visant les réfugiés qui demeurent sur le territoire soudanais, le représentant a affirmé que le HCR a pris cette mesure sans consulter le pays hôte, en l'occurrence le Soudan. Il a expliqué que cette décision peut compliquer le sort des réfugiés. M. Alaas a souhaité que des négociations soient entamées sur cette question, notamment à la lueur des accords qui existent entre le HCR et l'Erythrée.

Le représentant a par ailleurs réitéré l'appel de son pays au HCR pour une remise en état des régions qui ont été affectées par la présence des réfugiés. Le Soudan, a-t-il dit, est très préoccupé par le sort de ses ressortissants qui ont trouvé refuge dans les pays voisins. Son pays voudrait se rendre compte sur place de leur situation et obtenir toutes les informations nécessaires. Il a estimé que ces réfugiés doivent être convenablement informés de la situation dans le pays pour qu'ils puissent revenir au Soudan en connaissance de cause.

M. ROALD NAESS (Norvège) a déclaré que nombreuses sont les situations où le HCR a été forcé de maintenir un équilibre délicat entre l’impératif humanitaire d’un côté et les défis humanitaires découlant du manque d’accès ou de sécurité de l’autre. En Europe, en Asie, en Afrique ainsi qu’en Amérique centrale le HCR est intervenu en fournissant une protection et une aide à ceux qui en avaient besoin a-t-il ajouté. Cependant, ces dernières années, les difficultés que pose la protection étant devenues évidentes, il est aujourd’hui nécessaire d’aborder la question de nouveaux instruments de protection qui comprennent des formes de protection supplémentaire. Les consultations futures en matière de protection internationale seront l’occasion d’examiner ces questions ainsi que celles relatives au renforcement et à une meilleure application des instruments de protection.

Par ailleurs, le représentant a déclaré que l’assistance humanitaire doit être accompagnée de mesures politiques et de confiance, et a aussi souligné que les interventions du HCR ont contribué à la prévention des conflits, la réconciliation, l’établissement de la paix ainsi qu’à la reconstruction. Le HCR demeurera un partenaire indispensable dans la construction de la paix.

Soulevant le problème que pose la protection du personnel humanitaire dans des situations à risques, il a déclaré que des mesures augmentant la sécurité et la protection de ces personnes doivent être renforcées tant au niveau du système interinstitutions qu’au niveau des gouvernements, membres des Nations Unies. Il a en outre exprimé son inquiétude concernant les lacunes du système international qui reste mal équipé pour s’attaquer à la transition de l’assistance d’urgence au développement à long terme et a encouragé les efforts du HCR pour combler le vide qui existe entre les communautés de développement et humanitaires. A cet égard, il a indiqué que les Etats membres des Nations Unies doivent fournir un soutien politique et financier au HCR et que son pays s’engage à continuer à appuyer les activités du HCR.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) s'exprimant au nom de la Communauté de développement de l'Afrique Australe (SADC)et se référant au rapport du Haut Commissariat des Nations Unies, s'est dit préoccupé par l'augmentation pour l'année 1999 du nombre de personnes relevant du mandat du HCR et par la réduction des fonds affectés aux programmes spéciaux et généraux notamment ceux destinés à l'Afrique. La région de la SADC est fière d’avoir contribué à deux des plus grands succès de la période Ogata au HCR: le retour et la réintégration des réfugiés mozambicains ainsi que le rapatriement des exilés sud-africains à la suite du démantèlement de l’apartheid. La SADC tient à remercier Mme Ogata pour ses efforts sans relâche et d’avoir entre autres, aidé le Conseil de sécurité à mieux comprendre le lieu entre préoccupations politiques et humanitaires.

Notant l'existence d'un lien direct entre conflits et réfugiés, le représentant a fait remarquer que sur le continent, un certain nombre de conflits ont entraîné de nouveaux flux de réfugiés. Bien que le HCR continue d'être fortement préoccupé par le sort des réfugiés en Afrique, il a souhaité réitérer l'appel lancé par le Conseil des ministres de l'Organisation de l'unité africaine à l'occasion de sa 72ème session tenue à Lomé, en appelant la communauté internationale à fournir un soutien et une assistance appropriés aux réfugiés africains, dans un esprit de solidarité internationale et de responsabilité partagée. Il a aussi demandé une affectation équitable des ressources entre les différentes régions du monde.

Le représentant a en outre rappelé que les chefs d'Etats lors du Sommet du millénaire ont décidé de n'épargner aucun effort pour renforcer la coopération internationale, y compris le partage des responsabilités et la coordination de l'assistance humanitaire fournie aux pays accueillant les réfugiés ainsi que pour soutenir les réfugiés et les personnes déplacées à retourner volontairement dans leurs foyers. Il a souhaité que cette résolution se transforme en action concrète. C'est dans un tel contexte, a-il ajouté que la Communauté de développement de l'Afrique australe a soutenu la création d'une équipe spéciale HCR/OUA dans le cadre de la coopération entre ces deux organisations, conformément à l'application des conclusions et des recommandations de la Déclaration de Khartoum, déclaration adoptée lors de la Conférence ministérielle de l'OUA sur les réfugiés et les personnes déplacées en décembre 1998.

En ce qui concerne le renforcement de la paix, le représentant a déclaré que la SADC soutient une approche plus large, régionale visant à assister les régions et les pays émergeant des conflits. A cet égard, il a apprécié la décision prise par le HCR de réexaminer son rôle concernant la question des personnes déplacées d’avoir adopté des politiques de préparation pour répondre aux appels lancés par la communauté internationale en faveur des groupes de personnes déplacées. Rappelant le rapport Brahimi et ses recommandations sur la question du renforcement de l'efficacité des opérations de maintien de la paix, le représentant a appelé les Nations Unies à éviter les retards lorsqu'il faut fournir une assistance aux pays d'Afrique afin de minimiser les violations des accords et les possibilités de résurgence des conflits qui à leur tour provoquent de nouvelles vagues de réfugiés.

M. YUKIO SATOH (Japon) a commencé par féliciter M. Ruud Lubbers de son élection en tant que prochain Haut Commissaire aux réfugiés. Il a ensuite rendu hommage à Mme Ogata dont le mandat a marqué une époque historique pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Le représentant a estimé que déplacer des personnes de leurs foyers et communautés est l'atteinte la plus rude qui puisse être faite à leur vie et à leur dignité. Il est d'autant plus regrettable que ce phénomène ait été l'un des symptômes les plus visibles de troubles survenus après la Guerre froide dans de nombreuses régions du monde. Sans être nouveau, le problème des réfugiés s'est considérablement compliqué pendant l'ère qui a suivi la Guerre froide du fait de la complexité de la situation dans les pays et les régions concernés, dont les communautés sont souvent divisées par des inimitiés religieuses et ethniques, dont la gouvernance et la sécurité publique sont absentes et dans laquelle la pauvreté est généralisée. Les défis que Mme Ogata a dû affronter ont donc été d'une difficulté sans précédent. Le représentant a pris le fait que Mme Ogata se soit rendue 31 fois en Afrique pendant son mandat pour exemple du dévouement et de la force démontrés par la Haut Commissaire.

Le représentant a en outre rappelé l'une des plus importantes propositions faites par Mme Ogata, concernant la nécessité de parvenir à une plus grande coopération entre les organisations qui traitent des problèmes relatifs aux réfugiés et autres personnes déplacées. Il a détaillé les différents problèmes et besoins que connaissent les réfugiés à différentes étapes. Le représentant a également jugé important de fournir une assistance aux pays qui reçoivent les réfugiés. Il a ajouté que le profond décalage entre les différents efforts que la communauté internationale déploie aux diverses étapes des activités d'aide et de développement est un problème aussi réel que grave. Le représentant a regretté que les efforts de renforcement de la coopération entre les organisations engagées dans l'aide aux réfugiés n'aient pas encore porté leurs fruits et a encouragé ces organisations, en particulier le HCR, le PNUD et la Banque mondiale à unir leurs efforts dans ce sens. Il a également souligné l'importance de la sécurité du personnel engagé dans des activités humanitaires sur le terrain. Le Japon va fournir, comme il l'a fait l'année dernière, 1 million de dollars aux Nations Unies pour appuyer les programmes de formation de l'Organisation en vue de renforcer la sécurité du personnel sur le terrain.

MONSEIGNEUR RENATO R. MARTINO (Saint-Siège) a indiqué qu'une Charte des droits des personnes déplacées publiée par le Vatican lors du Jubilé des jeunes en juin dernier est annexée à sa déclaration. Il a ajouté que le retour et la réintégration de ceux qui reviennent dans leur foyer et dans leur patrie constituent le travail louable du HCR, travail qui n'est malheureusement pas achevé. Mgr Martino a insisté sur le fait que les pays pauvres accueillant les réfugiés ont besoin de la solidarité de la communauté internationale, en particulier des pays les plus riches, qui ne supportent qu'une petite parcelle de ce fardeau. Par ailleurs, il a affirmé que le Saint-Siège continuera d'appeler à la résolution des conflits et au respect de la dignité humaine. Le Saint-Siège estime que le respect des droits de la personne ne doit jamais être subordonné aux intérêts économiques ou politiques.

Mgr Martino a affirmé que l'aide aux nombreuses personnes cherchant un refuge est un défi de plus en complexe. Il a expliqué que l'on assiste à une érosion du régime de protection internationale des réfugiés. Le Saint-Siège s'est par ailleurs félicité de l'attention accordée à la famille et du rôle important que joue cette dernière dans la protection de ses membres. Mgr Martino a ajouté que le Saint-Siège continuera d'appuyer le travail du HCR et continuera également à prier dans l'espoir qu'un jour prochain, dans ce nouveau millénaire, on puisse lire un rapport sur la question des réfugiés et des personnes déplacées qui ne contient que de bonnes nouvelles.

M. LUIS ALBERTO AMOROS NUNEZ (Cuba) s'est félicité des résultats positifs de la visite à Cuba de la Haut Commissaire aux réfugiés, Mme Ogata, en mai 2000. Il a notamment cité la proposition émise par Cuba et acceptée par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) concernant l'envoi de médecins cubains dans les camps de régufiés et dans les zones ayant dû intégrer des grandes masses de réfugiés, où le rôle de ces médecins sera d'atténuer le poids des réfugiés sur les services locaux. Le représentant a rappelé que, depuis les années soixante-dix jusqu'à nos jours, Cuba a accueilli un grand nombre de personnes qui s'étaient vues obligées de quitter leur pays pour des raisons diverses, y compris à cause des persécutions que leur faisaient subir les dictatures sanglantes du continent américain qui ont été marquées par des dizaines de milliers d'assassinats et de disparitions.

Louant le travail réalisé par le HCR au cours des 50 dernières années, le représentant a souligné que la communauté internationale devra continuer à appuyer l’organisation si elle veut que le même rythme d'activités soit maintenu. Il a jugé que la tendance à la réduction du niveau des contributions fournies au HCR est préoccupante. Le représentant a dit ne pas comprendre comment il se peut que trois situations d'urgence successives, au Kosovo, au Timor oriental et au Nord-Caucase, aient pu bénéficier d’une augmentation considérable des disponibilités financières alors que, ainsi que le note la Haut Commissaire dans son rapport, on observe une réduction du financement des programmes généraux et spéciaux en Afrique. Il a regretté que seules certaines situations d'urgence humanitaire suscitent une attention soutenue de la communauté internationale.

Abordant ensuite la question des personnes déplacées internes, le représentant a regretté que l'on ait peu tenu compte de l'opinion des gouvernements, y compris des pays touchés par ce problème. L'élaboration de directives pour la planification et la direction de ce type d'assistance humanitaire doit être considérée, discutée et recevoir l'approbation finale des Etats Membres de l'Organisation, a-t-il souligné.

Documentation

Assistance aux réfugiés, rapatriés et personnes déplacées en Afrique, Rapport du Secrétaire général (A/55/471)

Le rapport note que, même si certains pays d'Afrique ont réalisé des progrès socioéconomiques significatifs et atteint une stabilité relative en 1999, il y a toujours sur le continent africain des centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées. Chassés par la violence, la pauvreté, la sécheresse et la famine, des individus et des familles entières ont traversé les frontières internationales où se sont installés dans des régions plus fertiles à l'intérieur de leur pays. C'est toujours de la Sierra Leone (487 200), du Soudan (467 700), de la Somalie (451 500), de l'Angola (350 700), de l'Erythrée (345 600) et du Burundi (325 500) que viennent le plus de réfugiés. Les mouvements de retour sont limités et, au milieu de l'année 2000, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'occupait de près de 6,3 millions de personnes en Afrique (soit un tiers du nombre total de réfugiés dans le monde). Le rapport contient un panorama de la situation dans les sous-régions du continent. Il se penche sur les questions liées à la coopération interinstitutions, à l'assistance humanitaire que mènent également le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM); à la promotion d'un accès en toute sécurité et sans restriction aux populations concernées dans laquelle le Bureau de la coordination des affaires humanitaires du Secrétariat a joué un rôle majeur.

Le rapport décrit également les progrès réalisés dans l'effort de mobilisation de ressources pour les activités humanitaires des organismes des Nations Unies, domaine dans lequel des progrès substantiels ont été réalisés pour renforcer la procédure d'appel global, notamment en augmentant la capacité des équipes nationales à gérer et à mettre en œuvre le processus par l'intermédiaire de formations et d'ateliers. Pour 2000, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a lancé des procédures d'appel global en faveur de neuf pays africains pour des programmes d'un montant total de 873 521 728 dollars. A la mi-juin 2000, 280 880 505 dollars avaient été réunis, soit environ un tiers du montant requis. Le rapport souligne que le manque de ressources financières continue d'être un obstacle à l'efficacité des actions, notamment pour des pays comme le Burundi, la République démocratique du Congo et le Congo. Le réseau régional intégré d'information pour l'Afrique, qui a des bureaux à Abidjan, Nairobi et Johannesburg, appuie les efforts de coordination en diffusant largement l'information humanitaire et en encourageant les échanges entre les organismes des Nations Unies, les organisations non gouvernementales, les organismes de promotion de la paix, les pays donateurs, les gouvernements, les milieux universitaires et les médias.

Le rapport explique que la violence demeure l'une des principales causes des déplacements de population en Afrique. Si beaucoup de civils continuent de fuir au-delà des frontières internationales, de nombreux autres ne peuvent quitter leur pays où ils ne bénéficient pas toujours de l'attention de la communauté internationale. A la suite de discussions internes et de consultations avec les Etats Membres, le HCR a établi, en mars 2000, une note de synthèse dans laquelle il a précisé à nouveau sa position sur son rôle vis-à-vis des personnes déplacées, en soulignant que, s'il était disposé à jouer un rôle plus actif, il préférerait intervenir dans le cadre d'une entreprise de coopération au sein du système des Nations Unies.

Les conclusions contenues dans le rapport citent le message diffusé par le Haut Commissaire aux réfugiés à l'occasion de la Journée des réfugiés africains, dans lequel elle estime que « remplacer la guerre et la souffrance par la paix exige de la part de tous les Africains une responsabilité partagée. Aucun conflit ne peut être résolu tant que les pays et leurs citoyens ne s'engagent pas ensemble à restaurer la paix. La reconstruction d'une société pacifique ne peut se réaliser sans le retour et la réintégration réussis des personnes déplacées et des réfugiés. Il est donc essentiel de trouver, chaque fois que possible, des solutions durables à leur situation. Toutefois, ces solutions ne peuvent intervenir que si l'on endigue résolument le phénomène préoccupant de la violence sur le continent.

Suivi de la Conférence pour l'examen des problèmes des réfugiés, des personnes déplacées, des personnes contraintes à d'autres formes de déplacement involontaire et des rapatriés dans les pays de la Communauté d'Etat indépendants et dans certains Etats voisins, Rapport du Secrétaire général (A/55/472)

Le rapport rappelle que l'Assemblée générale a demandé en 1999 aux gouvernements de la Communauté d'Etats indépendants (CEI), agissant en coopération avec le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR), l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) d’intensifier leurs efforts et leur coopération mutuelle quant au suivi de la Conférence pour l'examen des réfugiés, des personnes déplacées, des personnes contraintes à d'autres formes de déplacement involontaire et des rapatriés dans les pays de la CEI et dans certains Etats voisins. Ce rapport rend compte des progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d'action. Il établit également un bilan des travaux accomplis et fait part des projets d'avenir.

Dans son bilan, le rapport explique notamment que les activités de suivi de la Conférence ont permis de progresser sensiblement sur un certain nombre de points recensés dans le Programme d'action et d'atteindre les objectifs essentiels, à savoir: création d'une tribune internationale crédible où puissent être abordés les problèmes concernant les mouvements de population; suivi des mouvements de population se produisant dans la région; définition précise des catégories visées; mise au point d'une stratégie intégrée pour faire face aux migrations.

La Commission est aussi saisie d’une lettre datée du 4 octobre 2000 (A/55/506-S/2000/1006) par laquelle le Représentant permanent du Burundi a fait parvenir au Secrétaire général le rapport de la Conférence sous-régionale sur la question des réfugiés et du déplacement des personnes à l'intérieur de leur propre pays dans la sous-région de l'Afrique centrale. Cette conférence, tenue à Bujumbura du 14 au 16 août 2000 fut organisée par le Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale.

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