En cours au Siège de l'ONU

AG/1095

L'AFRIQUE AU COEUR DU DEBAT SUR L'URGENCE DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA

2 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1095


L'AFRIQUE AU COEUR DU DEBAT SUR L’URGENCE DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA

20001102

L'Assemblée générale a entamé cet après-midi l'examen du point de son ordre du jour intitulé «Examen du problème du virus de l'immunodéficience humaine et du syndrome d'immunodéficience acquise sous tous ses aspects». En début de séance, le représentant de l'Ukraine a présenté un projet de résolution (A/55/L.13) qui préconise la convocation d'une Session extraordinaire de l'Assemblée générale du 25 au 27 juin 2001 pour examiner le problème du virus de l'immunodéficience humaine et du syndrome d'immunodéficience sous tous ses aspects et y faire face, ainsi que pour lancer une action mondiale visant à renforcer la coordination et à intensifier les efforts déployés aux niveaux national, régional et international pour s'y attaquer de façon systématique. En outre, l'Assemblée était saisie du rapport de la Cinquième Commission intitulé «Incidences sur le budget-programme de la résolution 54/283 de l'Assemblée générale relatives à l'examen du problème du virus de l'immunodéficience humaine et du syndrome d'immunodéficience acquise sous tous ses aspects» (A/55/529) qui précise que la tenue de cette session extraordinaire pourrait exiger un montant de 1 628 900 dollars en sus des ressources approuvées dans le budget-programme de l'exercice biennal 2000-2001 qui serait consacré à la politique, la direction et la coordination d'ensemble pour un montant de 790 000 dollars, à l'information pour un montant de 585 200 dollars et enfin à la gestion et aux services centraux d'appui pour un montant de 253 700 dollars.

Au cours du débat, les délégations ont dans leur ensemble regretté, à l'instar du représentant du Sénégal, l'«africanisation progressive» de la pandémie du VIH/sida. Le représentant togolais a quant à lui précisé que le continent africain se trouvait une fois de plus en tête du peloton des régions les plus durement touchées, comptant à lui seul environ 24,5 millions de sidéens, soit 70% des personnes atteintes à travers le monde. Au-delà du constat général qu'il y a urgence à se saisir de cette question au sein de la communauté internationale, plusieurs délégations se sont félicitées de l’initiative prise par le Conseil de sécurité, sous la présidence américaine, d’avoir organisé le 10 janvier 2000, une réunion spéciale sur le VIH/sida en Afrique. Cette initiative marque une prise de conscience et un changement dans l'approche que les pays développés portent à ce fléau étroitement lié au phénomène de la pauvreté et menaçant les efforts déployés en faveur du développement, comme l'a souligné le représentant norvégien. Il a également fait remarquer que le monde vivait aujourd'hui avec le VIH/sida et que la lutte contre cette épidémie devait être placée au premier rang des priorités pour l'ensemble de la communauté internationale.

A ce titre, le représentant de la France a souligné qu'il s'agissait pour les pays développés de répondre efficacement aux partenaires du Sud qui revendiquent un meilleur accès aux soins pour leurs malades. Il a rappelé que la France avait, au cours de la réunion du Conseil de sécurité de janvier 2000, suggéré qu'une réunion internationale sur l'accès aux soins de l'infection du VIH/sida soit convoquée sous les auspices des Nations Unies, ceci afin de permettre à tous les partenaires concernés de proposer des mesures concrètes pour faciliter un meilleur accès aux soins.

Au chapitre des mesures urgentes, la représentante des Etats-Unis a annoncé que son administration accorderait, en 2001, 400 millions de dollars à la lutte contre la pandémie du VIH/sida tandis que la Norvège a annoncé qu'elle doublerait sa contribution aux fonds multilatéraux de lutte contre ce fléau. Cependant, le représentant de l'Egypte a pour sa part considéré que la lutte contre le VIH/sida ne pouvait se limiter ni à octroyer des prêts supplémentaires qui ne feraient qu’accroître la dette des pays africains, ni à multiplier les réunions alors que l’on discute de ce problème depuis 20 ans, ajoutant qu'il fallait prendre des mesures claires et proposer par exemple un vaccin abordable car le seul sérum disponible actuellement coûte 12 000 dollars par mois. De son côté, la représentante du Brésil a mis en avant l'expérience de son pays où une action gouvernementale efficace avait permis de réduire le taux d’infection et d'atténuer l’impact de la crise du VIH/sida. Elle a ajouté que, tout au long des années 80, le Brésil avait mené à bien un programme de prévention et de lutte contre le sida et que, selon les estimations, pour la seule période 1994 à 1999, le programme avait permis de réduire de 50% le taux de mortalité lié au sida, le Gouvernement brésilien s’étant appuyé sur d’importantes campagnes médiatiques et ayant bénéficié de l’étroite coopération des ONG. Elle a expliqué que le taux d’infection par le VIH/sida chez l’adulte était estimé à 0,57%, l’un des plus bas au monde et que depuis 1996, le Ministère de la santé avait mis en libre accès les médicaments approuvés contre le sida et d’autres maladies avant d'ajouter que, en partisan convaincu de la coopération Sud-Sud, le Gouvernement brésilien avait procédé à des échanges techniques d’expertise avec d’autres pays en développement.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Ukraine, Etats-Unis, Mexique, Togo (au nom de l'OUA), Thaïlande, Egypte, Australie, Sénégal, Inde, Brésil, République-Unie de Tanzanie, Norvège, Fédération de Russie, Cuba, Namibie, Nigéria, France (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Chili.

Le Président a par ailleurs annoncé que l'Assemblée générale examinera le premier rapport du Comité des contributions lundi 6 novembre 2000, dans la matinée.

L'Assemblée poursuivra l'examen de ce point demain matin à partir de 10 heures. Elle se saisira également des questions concernant la coopération entre l'ONU et l'Organisation des Etats américains et le renforcement du système des Nations Unies.

EXAMEN DU PROBLÈME DU VIRUS DE L’IMMUNODÉFICIENCE HUMAINE ET DU SYNDROME D’IMMUNODÉFICIENCE ACQUISE SOUS TOUS SES ASPECTS

Projet de Résolution (A/55/L.13)

Aux termes de la résolution concernant l’Examen du problème du virus de l’immunodéficience humaine et du syndrome d’immunodéficience acquise sous tous ses aspects l’Assemblée générale déciderait de convoquer d’urgence une session extraordinaire de l’Assemblée générale qui se tiendra du 25 au 27 juin 2001, pour examiner le problème du virus de l’immunodéficience humaine et du syndrome d’immunodéficience acquise (VIH/sida) sous tous ses aspects et y faire face, ainsi que pour lancer une action mondiale visant à renforcer la coordination et à intensifier les efforts déployés aux niveaux national, régional et international pour s’y attaquer de façon systématique. Elle déciderait aussi d’inviter les États membres des institutions spécialisées qui ne sont pas membres de l’Organisation des Nations Unies à participer aux travaux de la session extraordinaire en qualité d’observateur.

Déclarations

M. VOLODYMYR YU YEL'CHENKO (Ukraine) a annoncé, en présentant le projet de résolution intitulé «Examen du problème du virus de l'immunodéficience humaine et du syndrome d'immunodéficience acquise sous tous ses aspects (VIH/sida)», qu'il était coparrainé par soixante délégations qu'il a remerciées pour leur participation constructive. Il a ajouté que le VIH/sida était une épidémie dont les conséquences humaines et sociales s'étendent bien au-delà du secteur de la santé. Il a déclaré que seule une action concertée et coordonnée de la communauté internationale pourrait apporter des réponses aux problèmes posés par le VIH/sida. Son pays, a-t-il, dit pourrait avoir 2,1 millions de victimes de ce fléau d'ici à 2016, et qu’il attendait des Nations Unies qu'elles élaborent un plan d'action contre la pandémie. Il a déclaré ensuite que ce projet de résolution avait pour objectif de mobiliser l'Assemblée générale sur ce sujet afin qu'elle prenne des mesures efficaces, notamment au cours de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale sur cette question devant se tenir du 25 au 27 juin 2001.

Il a précisé que ce projet de résolution avait pour but d'exprimer la préoccupation de la communauté internationale face à la propagation du VIH/sida et se susciter un engagement des Etats et des Nations Unies pour mieux coordonner leurs actions tant aux niveaux national, régional qu'international à l'occasion de la Session extraordinaire de juin 2001. Il a poursuivi en déclarant que cette résolution encourageait toutes les structures des Nations Unies à se mobiliser dans le cadre de la préparation de la session extraordinaire et invitait le Secrétaire général à mettre en oeuvre les moyens et la documentation nécessaires pour le bon déroulement de cette session. Il a souhaité que les Etats s'engagent en faveur de ce projet de résolution.

Mme SANDRA THURMAN (Etats-Unis) a déclaré, en sa qualité d'Envoyée spéciale du Président pour la coopération internationale pour la lutte contre le sida, qu'après 20 années d'attitude passive de la communauté internationale face à la pandémie du VIH/sida, on assistait à un revirement historique dont le point de départ aura été la réunion de janvier 2000 du Conseil de sécurité présidée par le Vice-Président Gore qui a, pour la première fois, abordé cette question du VIH/sida. Elle a poursuivi en déclarant que cette réunion avait été suivie en mars d'une réunion conjointe du Conseil de sécurité et de l'ECOSOC puis de l'adoption, en juillet 2000, d'une résolution du Conseil de sécurité qui s'engageait à toujours mentionner la question de la prévention contre le VIH/sida dans toute résolution votée sur les missions de maintien de la paix. Elle s'est réjouie de voir l'Assemblée générale se saisir de cette question, considérant que les ravages de cette pandémie en Afrique, en Asie et en Amérique constituait une menace à la paix et à la sécurité. Elle a déclaré que le Président Clinton avait choisi d'engager son Administration en décidant par exemple de ne plus prendre de mesures contre les pays les plus touchés qui voudraient importer ou fabriquer, à faible coût, des traitements contre le VIH/sida sous licence américaine. Elle a ajouté que les fonds consacrés par les Etats-Unis à la lutte contre le VIH/sida avaient été portés à plus de 400 millions de dollars, devenant ainsi le premier donateur dans ce domaine. Elle a ajouté que des mesures d'allègement de la dette avaient été approuvées par le Congrès afin de permettre aux pays en développement d'agir contre le VIH/sida plus efficacement. Elle a estimé qu'aujourd'hui, le temps de l'inaction, du pessimisme et de l'indifférence avait été dépassé. Elle a conclu en rappelant qu'aujourd'hui, 35 millions de personnes étaient affectées et qu'elles ne pourraient rester en marge des solutions qui seront proposées, souhaitant par ailleurs que la Session extraordinaire soit l'occasion d'englober toutes les nations dans le processus, de prendre des engagements financiers et de coordonner les initiatives, assurant que de leur côté, les Etats-Unis apportaient tout leur soutien à cette initiative.

M. MAURICIO ESCANERO (Mexique) a exhorté tous les Etats Membres de l’Organisation des Nations Unies à mobiliser les ressources humaines et financières, en collaboration avec les bailleurs de fonds, les institutions financières internationales et le secteur privé, afin de redoubler d’efforts dans la lutte contre le VIH/sida, en Afrique et au niveau mondial. Il a estimé qu’il était impératif de partager les progrès scientifiques et technologiques afin que chacun puisse en bénéficier. A cet égard, il a prié les gouvernements, les organisations à but non lucratif, les bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux ainsi que le secteur privé de faire ce qui est en leur pouvoir pour réduire les prix des médicaments et des traitements de façon à ce qu’ils soient accessibles à tous.

Le représentant a souligné que dans cette démarche, la coopération internationale est plus que jamais essentielle; c’est pourquoi le Mexique a appuyé et continuera d’appuyer ONUSIDA à tous les niveaux, y compris en développant une coopération horizontale avec les Etats d’Amérique latine et des Caraïbes. Il est nécessaire de renforcer les capacités institutionnelles, d’intégrer le sida dans les programmes migratoires communs et de former un réseau de conseillers chargés de la planification stratégique. Le représentant du Mexique, en tant que coauteur de la résolution A/55/L.13 a, en conclusion, exhorté l’Assemblée générale à élaborer des mesures concrètes et à intensifier la coopération internationale pour combattre efficacement le syndrome du VIH/sida.

M. ROLAND Y. KPOTSRA (Togo) s’est exprimé au nom des pays membres de l’Organisation de l’unité africaine. Il a déclaré que, comme l’indique le Secrétaire général dans son rapport adressé au Sommet du millénaire et dans celui présenté sur l’activité de l’Organisation, la pandémie du VIH/sida détruit le tissu économique et social des pays gravement touchés et y constitue l’une des causes principales de mortalité. Il a rappelé que le continent africain se trouve une fois encore à la tête du peloton des régions les plus durement touchées. A lui seul, il compte environ 24,5 millions de sidéens, soit 70% des personnes atteintes à travers le monde.

Le représentant a souligné que maintenant que les opinions nationales et internationales sont sensibilisées, il est temps de concrétiser les engagements et de s’employer effectivement et efficacement à arrêter la propagation du VIH/sida. Il est d’une impérieuse nécessité d’aider les pays touchés à se doter des capacités requises afin de freiner la propagation de la pandémie du VIH/sida. A cet effet, la 36ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA, qui s’est tenue à Lomé en juillet 2000, a décidé d’organiser à Abuja en 2001 un sommet africain sur le problème du VIH/sida, la tuberculose et les autres maladies infectieuses. Le représentant a précisé que l'initiative vise à susciter, au sein de la communauté internationale, un véritable partenariat destiné à mobiliser des ressources financières additionnelles pour lutter contre la pandémie et pour venir en aide aux orphelins du VIH/sida.

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a déclaré que le VIH/sida représente une menace directe pour le bien-être des populations mondiales. Il constitue un fardeau socioéconomique énorme et s’avère plus mortel que les armes de destruction massive à travers le monde. Le virus touche tous les peuples de tous les pays, développés ou en développement, riches ou pauvres, petits ou grands, sans exception. Le plan développé en Thaïlande pour traiter de cette question concentre ses priorités sur le développement des individus, de la famille et de la communauté. Ce qui sous- entend le développement d’un meilleur environnement socioéconomique et un soutien psychologique, social et sanitaire de telle manière que les personnes atteintes par le VIH/sida soient capables de mener une vie normale et productive, a affirmé le représentant.

La Thaïlande a également développés des partenariats avec les organisations non gouvernementales et la société civile aux niveaux national et international sur la question. Cependant, le VIH/sida reste un problème médical et le prix des médicaments essentiels pour soigner le virus les rend inaccessibles aux pays en développement, comme la Thaïlande. Le représentant a estimé que la Session spéciale de l’Assemblée générale, prévue en juin 2001, sur le VIH/sida doit permettre de coordonner et d’intensifier les efforts et les initiatives pour combattre le virus. Il a notamment cité le besoin pressant d’assurer un accès peu onéreux pour les pays en développement aux techniques médicales et aux soins essentiels en matière de sida. Nous avons tous un rôle à jouer dans la croisade contre le VIH/sida, a-t-il dit.

M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a fait observer que le problème du sida n’était pas seulement un problème de santé, mais qu’il avait aussi des implications économiques et sociologiques. Il a mis en avant le fait que le continent africain était le plus touché, à une époque où les conditions économiques qui y prévalent l’empêchent de faire face à la pandémie. En 1999, a-t-il indiqué, sur 4,5 millions de personnes nouvellement infectées, 4 millions se trouvaient en Afrique. Le continent africain déjà accablé par la dette doit aussi subir le poids de cette maladie auquel il doit affecter une grande partie de ses ressources. Le sida fait également peser des menaces sur l’avenir. Sur 1,3 million d’enfants touchés, un million sont africains.

La lutte contre le sida ne peut se limiter à des prêts supplémentaires ce qui ne ferait qu’augmenter la dette des pays africains, ni à multiplier les réunions alors que l’on discute de ce problème depuis 20 ans, a déclaré le représentant. Il faut prendre des mesures claires et proposer un vaccin abordable. Le sérum disponible actuellement coûte 12 000 dollars par mois. L’allègement de la dette des pays les plus touchés s’impose. Ma délégation a participé aux consultations menées dans le cadre de l’élaboration du projet de résolution et attache une grande importance à la réunion de juin prochain. Cette question est trop vaste pour être traitée par les pays isolément. Elle exige une implication internationale. Cette réunion doit aboutir à l’adoption de mesures concrètes. Nous n’avons pas besoin d’autres conférences ou d’autres séminaires mais d’engagements concrets.

Mme PENNY WENSLEY (Australie) a rappelé que plus de 34 millions de personnes sont infectées par le VIH dans le monde et que 95% d'entre elles vivent dans les pays en développement. Elle a affirmé que sa délégation reconnaît que la pandémie du sida constitue une crise de développement aux conséquences dévastatrices du point de vue du progrès humain, social et économique. Le traitement de la question du sida requiert des actions sans précédent, a-t-elle déclaré, ajoutant qu'à cet égard, l'Australie qui a enregistré de bons résultats dans le traitement de la maladie au niveau national, est prête à partager son expérience. La représentante a, par ailleurs, accueilli avec satisfaction les récents acquis réalisés dans le domaine de la lutte contre la pandémie du VIH/sida au niveau international, à savoir notamment, la mobilisation de ressources substantielles de la part de donateurs bilatéraux et multilatéraux et une augmentation de la prise de conscience relative à l'attention à porter à l'impact du VIH sur les individus et aux pays touchés et les moyens de minimiser cet impact.

Au titre de l'aide déployée par l'Australie dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida, la représentante a rappelé que parallèlement aux sommes octroyées à ONUSIDA, son pays a lancé une action, en juillet dernier, évaluée à 200 millions de dollars australiens et intitulée: "Global HIV/AIDS Initiative". Pour l'essentiel, ces actions seront destinées à nos partenaires de la région Asie-Pacifique, a-t-elle ajouté. Bien que l'Australie reconnaisse l'ampleur de la pandémie du VIH/sida en Afrique, en tant que pays de la région du Pacifique, elle a choisi de concentrer son aide dans sa propre région. Elle a insisté sur le fait que la pandémie prend des proportions inquiétantes notamment en Inde, en Thaïlande, en Birmanie et au Cambodge. Elle a indiqué qu'une grande partie des

ressources allouées par son pays à la lutte contre le VIH/sida est dirigée vers l'Indonésie, où l'Australie a apporté une contribution de 20 millions de dollars australiens au cours des cinq dernières années. Elle a également évoqué l'aide fournie à la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui compte entre 10 000 à 15 000 personnes infectées. Mme Wensley a conclu en affirmant que sa délégation attache beaucoup d'importance à la tenue de la session extraordinaire et apportera une contribution active à cette session, comme à son processus préparatoire.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a fait observer que la progression exponentielle du sida sur le continent africain laisse penser que nous assistons à une «africanisation progressive» de la pandémie. Il s’est félicité de l’initiative prise par le Conseil de sécurité, sous la présidence américaine, d’avoir organisé le 10 janvier 2000, une réunion spéciale sur le VIH/sida en Afrique. Il a lancé un appel en faveur d’une mobilisation exceptionnelle de ressources financières pour la mise en oeuvre rapide, coordonnée et efficiente du Cadre d’action du Partenariat international contre le sida en Afrique (PISIDAF) déjà approuvé par les Ministres africains de la santé réunis à Ouagadougou en mai 2000 et par le Conseil d’administration de l’ONUSIDA.

Le représentant a attiré l’attention sur le fait que les compagnies pharmaceutiques ont été à nouveau directement interpellées, lors de la 13ème Conférence internationale sur le sida de Durban. Elles ont, a-t-il fait valoir, une responsabilité historique à assumer devant le monde et devant ces peuples qui souffrent et s’interrogent sur leur présent et sur leur destin.

Il s’est félicité de ce que son pays soit partout cité en exemple dans la lutte pour arrêter la propagation de la maladie par des campagnes ciblées de sensibilisation, d’éducation et d’information. Aujourd’hui le taux national de prévalence se situe à 1,77% selon les estimations de l’ONUSIDA, a-t-il déclaré. Le Sénégal s’honore également d’avoir des chercheurs internationalement reconnus qui ont, pour la première fois, mis en évidence l’existence du VIH de type 2.

Le représentant a souligné que la lutte contre le VIH/sida ne devait pas servir de prétexte pour atténuer les nécessaires efforts à fournir pour s’attaquer à d’autres maladies aussi mortelles comme le paludisme et la tuberculose qui se développent au même rythme que le sida en Afrique subsaharienne notamment.

Mme SHYAMA SINGH (Inde) a déclaré que le sida est un problème mondial avec une dimension africaine importante. Une personne sur cinq est menacée de mort dans les quatre prochaines années à cause du VIH/sida. Dans les pays africains, l’espérance de vie va chuter de 61 ans en 1990 à 41 l’année prochaine. Un combat immédiat et global est indispensable pour mettre un terme à l’épidémie qui provoque d’énormes souffrances humaines et exerce une influence négative sur la croissance économique et le développement des pays concernés. Aujourd’hui, l’Inde qui a presque réussi à éliminer la lèpre de son territoire est confrontée à une résurgence de la malaria, de la tuberculose et au sida qui touche entre 3 et 4 millions d’Indiens, selon les estimations.

Alors qu’il est impossible de se prémunir contre un simple rhume, nous pouvons prendre des précautions pour éviter le sida, a constaté le représentant. Une prise de conscience est la clef de la prévention contre cette maladie, a-t-il dit. Les formateurs d’opinion, les organisations non gouvernementales, les élus du peuple à tous les niveaux doivent se faire les vecteurs de cette prise de conscience. Le cinéma peut également jouer un rôle dans les campagnes de prévention, a-t-il ajouté. La réprobation sociale qui va de pair avec les maladies sexuellement transmissibles, est plus grave encore à l’encontre du HIV/sida. Ainsi, certains malades se sont vu refuser leur admission à l’hôpital ou les soins à domicile. L’isolement des personnes atteintes du sida dans des services spéciaux répand le sentiment que le sida est une maladie contagieuse et provoque la panique chez d’autres patients, a encore affirmé le représentant.

Le prix des traitements contre le VIH/sida reste prohibitif, a-t-il ajouté, précisant qu’aucun vaccin n’a encore été trouvé. Des médicaments génériques existent en Inde, à un coût extrêmement raisonnable, cependant les exigences des multinationales ne permettant pas leur mise sur le marché. La Session spéciale de l’Assemblée doit permettre de traiter de cette question cruciale pour s’assurer qu’un usage mercantile abject ne puisse pas être fait de la propriété intellectuelle et provoquer des problèmes de santé ou mettre en péril certains objectifs socioéconomiques, a-t-il dit.

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a fait valoir que le projet de résolution présenté constituait une avancée historique pour les Nations Unies dans la mesure où il insiste sur le fait qu’il faut aborder la pandémie du sida au niveau mondial et l’identifier comme une crise qui nécessite un niveau d’engagement politique maximum.

La représentante a indiqué qu’une action gouvernementale ferme avait permis de réduire le taux d’infection et d’atténuer l’impact de la crise au Brésil. Tout au long des années 80, le Brésil avait mené à bien un programme de prévention et de lutte contre le sida et selon les estimations, rien que pendant la période 94- 99, le programme a permis de réduire de 50% le taux de mortalité lié au sida, a-t- elle précisé. Le Gouvernement brésilien s’est appuyé sur d’importantes campagnes médiatiques partant du principe que des stratégies d’information et d’éducation étaient la meilleure façon d’enrayer le sida. Grâce à ces efforts intensifs et à l’étroite coopération avec les ONG, le taux d’infection par le sida chez l’adulte est estimé à 0,57%, l’un des plus bas au monde. En outre depuis 1996, le Ministère de la santé a rendu l’accès libre à tous les médicaments approuvés contre le sida et les maladies opportunistes. En partisan convaincu de la coopération Sud-Sud, le Gouvernement brésilien a procédé à des échanges techniques d’expertise avec d’autres pays en développement. Nos politiques à bas coût de lutte contre le sida se sont avérées fournir des réponses efficaces en dépit des contraintes budgétaires, a souligné la représentante.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que son pays est l’un de ceux qui, dans l’Afrique subsaharienne sont gravement touchés par la pandémie du VIH/sida. Depuis les trois premiers cas enregistrés en 1983, une personnes sur 10 est désormais porteuse de la maladie en République-Unie de Tanzanie. Le Gouvernement tanzanien a classé le VIH/sida au rang de catastrophe nationale.

Les défis économique, social et sécuritaire que pose le VIH/sida réclament des efforts concertés non seulement des pays concernés par l’épidémie mais encore de la communauté internationale dans son ensemble. Il est important que les gouvernements travaillent avec les organisations non gouvernementales, la société civile, le secteur privé et les organisations qui s’occupent des communautés de base si l’on veut s’attaquer efficacement à la pandémie. Le succès de cette entreprise dépend d’une approche multidimensionnelle, a encore déclaré le représentant. Selon lui, il faut empêcher l’épidémie de s’étendre, en même temps qu’il faut soigner et aider ceux qui sont déjà touchés par la maladie; il est indispensable de mettre à leur disposition les médicaments nécessaires à un prix abordable pour prolonger leur vie.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a affirmé que la pandémie du VIH/sida ne relevait plus uniquement du domaine de la santé mais était devenue une véritable crise sociale à l'échelle globale qui causait encore plus de ravages que les guerres en Afrique. Il a ajouté que le VIH/sida posait de réelles menaces au développement économique, humain et social, l'espérance de vie ayant de nouveau chuté ces dernières années. Il a rappelé que le VIH/sida ne se transmettait ni par l'eau, ni par le vent et que nous n’étions pas sans défense contre le virus: pour le combattre, un véritable partenariat politique s'impose, de même que des réponses multisectorielles. Il a souhaité que la Session extraordinaire soit l'occasion de développer des stratégies communes afin de répondre à ce fléau en le prenant à sa base. Le représentant a ainsi identifié la pauvreté comme cause aggravante du VIH/sida, les populations démunies étant les plus vulnérables. Par ailleurs, le VIH/sida est également une cause de paupérisation. Il a affirmé que des stratégies en vue de la réduction de la pauvreté, les tables rondes sur ce thème, devraient tenir compte des conséquences économiques et sociales de la pandémie du VIH/sida, avant d'ajouter que ce fléau affectait plus dangereusement encore les femmes et les jeunes filles pour des raisons biologiques, sociales et culturelles. Pour cette raison, il a recommandé une plus grande sensibilisation des femmes et des jeunes filles et souhaité que ces questions soient franchement abordées. Il a ainsi suggéré que les hommes soient davantage responsabilisés et impliqués dans les campagnes afin de changer le cours de cette épidémie. Il a poursuivi en proposant que soient également impliqués, outre les structures éducatives, les syndicats et les milieux d'affaires, de même que les groupes religieux et les associations sportives. Il a suggéré que les travailleurs migrants soient approchés, ainsi que le secteur informel, avant de souhaiter que le VIH/sida ne soit plus une raison d'exclusion sociale et que les droits humains des personnes infectées soient respectés.

Le représentant a poursuivi en recommandant de conjuguer les efforts afin de construire un partenariat tant aux niveaux local que national et mondial qui associe tant les structures publiques que privées et la société civile, à l'image du partenariat mondial contre le sida en Afrique. Il a ensuite proposé que les institutions spécialisées des Nations Unies et les autres agences de coopération multilatérales coordonnent leurs efforts et aient une approche complémentaire dans la lutte contre le VIH/sida. Il a souhaité que la Session extraordinaire de juin 2001 soit l'occasion de renouveler et renforcer l'engagement international en faveur de la lutte contre cette épidémie. Il a informé les délégués que son pays avait apporté un appui financier à de nombreux programme nationaux de lutte contre le VIH/sida en Afrique et doublé ses contributions aux agences multilatérales de lutte contre le sida, comme l'ONUSIDA pour l'année 2001. Il a conclu en rappelant que le monde vivait avec le VIH/sida et que la lutte contre cette épidémie devait être placée au premier rang des priorités afin de ne pas voir les efforts d'une décennie de développement anéantis.

M. YURIY ISAKOV (Fédération de Russie) a déclaré que la Russie est pleinement consciente de la gravité de l’épidémie du VIH/sida. Il s’est inquiété qu’en Russie, où le taux de prévalence était remarquablement faible, jusque dans les années 90, on enregistre une croissance rapide depuis quelques années. La Russie est disposée à participer à toutes les initiatives internationales visant à lutter contre la maladie; elle participe déjà au programme ONUSIDA et elle souhaite contribuer aux recherches d’un vaccin contre le sida. Il a rappelé que le problème du VIH/sida frappe plus particulièrement l’Afrique où il est devenu la principale cause de décès. La gravité exceptionnelle de la situation exige un renforcement de la coopération. Il a indiqué que la Russie produit des traitements de lutte contre le HIV/sida à un coût deux fois et demie à trois fois inférieur au coût moyen international. Le représentant s’est déclaré convaincu que la session extraordinaire relancera la coordination des efforts internationaux en matière de lutte contre le virus, mais il a estimé que le succès de cette session dépendra dans une large mesure de la qualité des travaux préparatoires. Pour cette raison, il a réitéré qu’il est impératif de procéder à une préparation minutieuse et d’axer les travaux sur des décisions réalistes, concrètes et bien coordonnées.

M. BRUNO RODRIGUEZ (Cuba) a indiqué que, comme la faim, le sida en Afrique, est le corollaire du sous-développement. Ce n’est pas un hasard si l’épidémie se propage plus rapidement dans une population pauvre, marginalisée, et qui manque cruellement de services de santé et d’éducation. Le représentant a indiqué que l’Afrique a aujourd’hui besoin de ressources plutôt que de recettes de bonne gouvernance. Il a déclaré que les ressources nécessaires pour lutter contre le sida dans les pays en développement ne peuvent être fournies que par les pays développés, qui contrôlent 86% du PIB mondial et 82% des exportations mondiales, et par ces sociétés opulentes qui consomment chaque année des milliards de dollars en cigarettes, cosmétiques, aliments pour les animaux et qui produisent des armes.

Le représentant a réitéré la proposition faite par le Président de Cuba, M. Fidel Castro lors du Sommet du millénaire, de mobiliser gratuitement 3 000 médecins et spécialistes dans une campagne mondiale de lutte contre le sida dans le nord de l’Afrique subsaharienne. Le représentant a souhaité que cette contribution soit complétée par des contributions de la part des institutions spécialisées des Nations Unies et des pays développés, notamment en médicaments et en équipements médicaux. Il a rappelé que, malgré les difficultés économiques de Cuba, 2 146 collaborateurs cubains travaillent déjà dans 14 pays d’Amérique centrale, d’Afrique et des Caraïbes. En conclusion, il a rappelé que son pays appuie la tenue d’une session spéciale pour l’examen du problème du VIH/sida en juin 2001 et participera activement aux travaux préparatoires de cette session.

Mme SELMA ASHIPALA-MUSAVYI (Namibie) a fait observer qu’aucun gouvernement ne pouvait relever seul le défi posé par la pandémie du Sida et que la tenue de la session extraordinaire correspondait bien à une nécessité urgente. Ma délégation considère qu’il s’agit d’une importante occasion pour les gouvernements, le système des Nations Unies, la société civile, secteur privé inclus, de renforcer les efforts menés collectivement pour formuler des politiques et stratégies appropriées pour la prévention et les soins des individus infectés ainsi que plus généralement des familles et des communautés. C’est également une occasion exceptionnelle de faire l’inventaire de ce qui a été fait jusqu’à ce jour, de partager l’expérience accumulée et de consolider les initiatives et programmes qu’il est par ailleurs important d’harmoniser. Elle a souhaité que l’industrie pharmaceutique saisisse cette occasion pour s’engager concrètement pour permettre aux pays en développement d’accéder à des vaccins, à des médicaments et à des soins abordables.

La représentante a indiqué que le budget de la santé en Namibie représentait 17% du PNB et que sur ce montant, plus de 8,3% étaient affectés à des programmes de prévention et de traitement du VIH/sida. Un bilan de l’action de l’action menée de 1992 à 1998 fait apparaître des progrès significatifs, a-t-elle précisé. Un second plan à moyen terme a été lancé pour la période 1999-2004.

Elle a fait valoir que, venant d’un continent sévèrement touché par la pandémie, elle n’envisageait pas la session extraordinaire comme un simple lieu de rencontres et de discussions, mais comme l’occasion de se réunir pour décider d’actions concrètes de prévention, de soins et de traitements des personnes infectées et affectées par le VIH/sida.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a déclaré que la pandémie du VIH/sida menace le développement économique et social de la planète, particulièrement dans les pays en développement. Cette réalité requiert une action urgente de la communauté internationale. La situation est particulièrement alarmante au Mozambique où le virus a déjà un impact dévastateur sur les efforts de développement. Au sein d’une population totale évaluée à 17 millions de personnes, rien que pour l’année 99, 700 nouvelles infections ont été enregistrées tous les jours, portant à 98 000 le nombre de malades. Environ 65% des nouvelles infections touchent les personnes de moins de 30 ans, c’est-à-dire le segment de la population qui a le rôle le plus important à jouer dans le développement du pays. Du fait de la pandémie, l’espérance de vie a chuté à 35,9 ans dans le pays, a dit le représentant. Le Mozambique a donc adopté un Plan stratégique de lutte contre le VIH/sida sur la période 2000-2002.

La pandémie du sida constitue non seulement un problème de santé ou de comportement social, mais aussi un problème économique aux conséquences graves pour la sécurité nationale. Le VIH/sida sape les efforts économiques en faveur du développement en provoquant la mort prématurée des travailleurs en général, mais surtout des plus jeunes et des plus talentueux d’entre eux, a encore affirmé le représentant du Mozambique. De longues périodes de maladie entraînent le déclin de la production et une augmentation des coûts des soins de santé, des pensions et de la sécurité sociale. Le manque de croissance économique contribue aussi à l’aggravation de la pauvreté de nos populations, a-t-il ajouté. Malgré l’existence de traitements pour minimiser les souffrances des personnes infectées, la plupart des pays concernés n’ont pas les moyens de les acquérir, les prix étant trop élevés. Le représentant s’est donc prononcé en faveur d’un partenariat et d’un dialogue continu entre les gouvernements, le secteur privé, la société civile, notamment pour traiter de ce problèmes qui affecte tous les secteurs de nos sociétés.

M. HARTHUR C. I. MBANEFU (Nigéria) s’est inquiété que le VIH/sida ait des conséquences dramatiques non seulement sur les taux de mortalité infantile, juvénile et maternelle mais également sur l’économie, dévastant ainsi des familles et fragilisant le tissu social. Ce problème est particulièrement aigu dans les pays en développement qui doivent consacrer une partie disproportionnée de leurs maigres ressources au secteur de la santé. De plus, la maladie frappe en priorité les classes d’âge productives, de 15 à 49 ans, et cause ainsi des pertes massives en termes de production dans les secteurs vitaux de l’économie tels que les transports, l’agriculture, l’éducation.

Le représentant a mentionné l’initiative prise lors du sommet de l’Organisation de l’unité africaine à Lomé, en juillet 2000, et appelé la communauté internationale à apporter son soutien à la Déclaration faite lors de ce Sommet. Il a insisté sur le rôle des institutions financières internationales, et en particulier sur celui de la Banque mondiale, et encouragé l’initiative internationale de recherche d’un vaccin contre le sida. Il a enfin salué la tenue d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale en juin 2001 et espéré que ce forum sera l’occasion de faire le point sur les différents programmes d’action existants et de renouveler l’engagement politique et la coopération internationale. Le monde n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui, a déclaré M. Mbafeno, et les ressources existent pour combattre la maladie. Il importe de mobiliser tous les segments concernés de la société, et en particulier les compagnies privées afin qu’elles fournissent des traitements à un prix abordable pour les pays en développement.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France), s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays d’Europe centrale et orientale associés (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie) et des autres pays associés (Chypre, Malte), a déclaré que la lutte contre la pandémie requiert une approche intégrée et globale, comme l’ont montré les expériences de plusieurs pays qui ont enregistré des résultats notables comme le Sénégal, l’Ouganda ou la Thaïlande. Il a fait valoir que la prise de conscience et l’engagement des plus hautes autorités politiques, religieuses et morales sont des facteurs décisifs et, au-delà la mobilisation de la société tout entière. La modification des comportements ne pourra se faire sans le développement de campagnes d’information et de sensibilisation qui intègrent les besoins des différents secteurs publics, y compris les hommes et les adolescents.

S’exprimant ensuite au plan national, le représentant a fait observer que l’apparition de traitements permettant une prolongation spectaculaire de la vie des séropositifs a provoqué une prise de conscience : il est médicalement possible et donc moralement nécessaire, de traiter les malades, qu’ils vivent au Sud ou au Nord, et il n’est plus justifié de se limiter à la seule prévention de la maladie. Mais les malades dans les pays en voie de développement demeurent encore largement exclus de l’accès aux traitements, victimes sans voix de l’inégalité, a-t-il déclaré. La France n’ignore aucune des difficultés techniques, financières et économiques qui expliquent la situation actuelle : nous sommes depuis 15 ans maintenant engagés dans la lutte contre le sida en Afrique subsaharienne et depuis plusieurs années nous y luttons en faveur d’un meilleur accès aux soins pour les personnes infectées dans les pays du Sud.

Le représentant a indiqué que la France avait proposé, lors de la réunion du Conseil de sécurité de janvier dernier consacrée au Sida en Afrique, l’organisation d’une réunion internationale sur l’accès aux soins de l’infection du VIH/sida, sous les auspices des Nations Unies. Ce projet, a-t-il précisé, vise à organiser un dialogue avec tous les partenaires concernés (bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, gouvernements du Nord et du Sud, représentants du secteur privé, associations de malades). Cette réunion devrait être organisée en 2001. Elle s’inscrira dans le cadre de la préparation ou plus probablement du suivi de la session extraordinaire de l’Assemblée générale. La date et le lieu seront définitivement arrêtés d’un commun accord avec les acteurs impliqués dans

sa préparation, en particulier ONUSIDA et l’OMS. Il ne s’agit pas pour nous de proposer une nouvelle réunion pour le plaisir d’ajouter à un agenda international déjà particulièrement chargé, a fait valoir le représentant. Il ne s’agit pas non plus d’oublier la prévention, qui doit rester l’axe prioritaire des politiques de lutte contre le sida. Il s’agit pour nous de répondre concrètement à nos partenaires du Sud qui revendiquent un meilleur accès aux soins pour les malades. Il s’agit d’organiser le dialogue, de le structurer pour identifier les actions à entreprendre et à développer.

M. GERARDO ATEAGA (Chili) a rappelé que la pandémie VIH/sida est une question urgente de politique extérieure du fait de ses incidences humanitaires, sécuritaires et économiques. Ces incidences risquent de remettre en cause des progrès réalisés en terme de développement et d’acquis au terme de décennies d’efforts. Il a exhorté les Nations Unies à augmenter leur contribution en collaboration avec la société civile et le secteur privé afin de fournir l’assistance dont les populations africaines ont un besoin urgent. Il s’agit d’une obligation morale pour l’Organisation des Nations Unies qui défend le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Le représentant a longuement évoqué le programme mis en place par le Chili pour lutter contre le sida. Ce programme est composé des éléments suivants: la participation conjointe d’acteurs gouvernementaux, non-gouvernementaux ainsi que des secteurs privé et scientifique; une action intersectorielle qui implique tous les secteurs de la société; la décentralisation, afin que les programmes soient efficaces au plan local; et l’équité, qui constitue un rempart contre la vulnérabilité de certains groupes. Le représentant a souligné que ce programme d’action s’est traduit par une régression du taux de croissance de l’épidémie du sida, une meilleure information sur les mécanismes de prévention et la perception du risque ainsi que par une réduction de la discrimination contre les personnes porteuses du virus. Le budget public en faveur des thérapies a été multiplié par trois entre 1996 et 1999. Le représentant a en conclusion déclaré que son pays était disposé à coopérer avec tous les programmes de lutte contre la pandémie.

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