AG/1094

L'AVENEMENT D'UNE CULTURE DE PAIX EST LIE A LA PROMOTION DE LA DEMOCRATIE ET DE L'EDUCATION, ESTIME UNE MAJORITE DE DELEGATIONS

2 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1094


L’AVENEMENT D’UNE CULTURE DE PAIX EST LIE A LA PROMOTION DE LA DEMOCRATIE ET DE L’EDUCATION, ESTIME UNE MAJORITE DE DELEGATIONS

20001102

“Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix” a rappelé, ce matin, le représentant de la France, au nom de l’Union européenne et des pays associés, lors de l’examen par l’Assemblée générale du point intitulé “Culture de paix”. Une société internationale fondée sur la culture de la paix doit être bâtie sur la tolérance, la justice, les droits de l’homme, la démocratie, a poursuivi le représentant, estimant que l’éducation est l’instrument principal de diffusion et de promotion de ces valeurs. L’Histoire a appris aux pays qui composent l’Union européenne que la tolérance et les droits de l’homme ne sont jamais un bien définitivement acquis, même dans les sociétés démocratiques, a-t-il dit.

Le représentant de l’Egypte a, dans ce cadre, exprimé sa colère de voir se poursuivre l’occupation israélienne des territoires arabes qui va, selon lui, à l’encontre de tous les textes fondateurs des Nations Unies. “Nous ne pouvons ignorer les appels du peuple palestinien qui vit dans des conditions inhumaines”, a-t-il dit. Les Nations Unies sont la voix de la communauté internationale et le symbole de la légalité internationale. Il est temps qu’elles annoncent leur engagement à mettre en œuvre la culture de paix, a encore déclaré le représentant de l’Egypte, avant d’appeler à un retrait d’Israël de tous les territoires occupés et à la mise en œuvre de tous les accords et décisions qui ont été signés pour aller de l’avant dans le processus de paix et permettre au peuple palestinien d’exercer ses droits légitimes.

La représentante de l’Inde a mentionné la situation en Afghanistan comme un exemple contraire à la culture de la paix par l’éducation. Elle a décrit le conflit qui s’y déroule comme l’un des plus longs et des plus vicieux parmi ceux qui ravagent actuellement le monde, rappelant qu'il est mené par de jeunes gens qui, enfants, ont été élevés dans la guerre et dans une culture de haine et d’intolérance. Elle a évoqué le rôle négatif des écoles qui exploitent la pauvreté, attirent des enfants en leur faisant miroiter deux repas par jour et les forment pour faire d’eux de la chair à canon dans une guerre ou une autre, créées de toutes pièces et poursuivies au nom de la religion. Le poison qu’elles distillent s’est répandu de l’Afghanistan aux pays voisins dont nous sommes, a-t- elle déclaré, et d’autres vont à leur tour devenir leurs cibles.

Par ailleurs, la représentante de l’Inde a fait observer que les Nations Unies sont maintenant convaincues qu’une opération de maintien de la paix ne peut réussir que si elle contribue à la mise en place d’un environnement politique qui puisse promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et qui soit propice au développement économique et social. Tous ces éléments sont ceux d’une culture de la paix, a-t-elle déclaré, et ne peuvent être concrétisés que par des forces de maintien de la paix qui ont cette expérience chez elles. Selon elle, des contingents provenant de pays sans tradition démocratique et où il est courant pour les militaires de renverser la démocratie, ne sont pas à même d’accomplir cette tâche.

Les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat: Bangladesh, France au nom de l’Union européenne et des pays associés, Bélarus, Egypte, Inde, Bhoutan, Colombie, Mongolie, Guatemala, Philippines, Mozambique, El Salvador, Tunisie, Japon, Costa Rica, Nigéria, Cameroun, Népal. L’Observateur permanent du Saint-Siège a fait une déclaration. Israël et l'Egypte ont exercé leur droit de réponse.

Au titre de ce point, l’Assemblée était saisie d’un rapport du Secrétaire général concernant la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (A/55/377). Le Président a annoncé que l’Assemblée se prononcera à une date ultérieure sur le projet de résolution présenté au titre de ce point.

L’Assemblée reprendra ses travaux cet après-midi, à partir de 15 heures, et entamera l’examen du problème du virus de l’immunodéficience humaine et du syndrome d’immunodéficience acquise sous tous ses aspects.

CULTURE DE PAIX (Point 33)

Le Rapport du Secrétaire général (A/55/377), intitulé Décennie internationale de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde, s'inscrit dans le cadre de la Décennie internationale de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010), qui pourra aider l'Organisation des Nations Unies à définir les modalités de son action au 21ème siècle vers une communauté mondiale juste et pacifique. Il développe les huit domaines auxquels seront consacrés l'Année internationale de la culture de la paix et la Décennie internationale de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde. Ces huit domaines recouvrent l'éventail de tous les aspects de l'action internationale à entreprendre en vue de la transition vers une culture de paix et de non-violence, à savoir le renforcement d'une culture de paix par l'éducation, la promotion d'un développement durable aux plans économique et social, la promotion du respect de tous les droits de l'homme. Ils ont trait aux mesures visant à assurer l'égalité entre les hommes et les femmes, à favoriser la participation à la vie démocratique, à développer la compréhension, la tolérance et la solidarité, à soutenir la communication participative et la libre circulation de l'information et des connaissances et enfin à promouvoir la paix et la sécurité internationales. Le rapport souligne par ailleurs que c'est la première fois, dans l'action des Nations Unies en faveur d'une culture de la paix, que tous les secteurs de son action sont intégrés les uns aux autres en un cadre unique propre à maximiser leurs complémentarités et leurs synergies. Il ajoute que les mesures qui seront prises présenteront un intérêt particulier pour la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance, qui doit se tenir l'année prochaine en Afrique du Sud. Enfin, le rapport recommande un examen approprié de la manière dont on peut placer les enfants au centre de l'action pour une culture de la paix.

Le rapport se divise à cet effet en quatre parties, la première étant introductive, la seconde traitant des voies et moyens de placer les enfants au centre d'intérêt de la décennie, la troisième abordant la stratégie de l'Organisation pour le Mouvement mondial en faveur d'une culture de paix, cette partie soulignant l'importance de développer les partenariats et de faire usage des nouvelles technologies de l'information. Enfin, la dernière partie évoque les mesures prises par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et les autres organismes des Nations Unies tels que l'UNICEF, en faveur de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde.

La note du Secrétaire général (A/55/338) intitulée application de la déclaration de principes sur la tolérance et du plan d’action destiné à donner suite à l’année des Nations Unies pour la tolérance (1998-2000) transmet le rapport du Directeur général de l’ONU pour l’éducation, la science et la culture sur l’application de la Déclaration de principes sur la tolérance et du Plan d’action destiné à donner suite à l’Année des Nations Unies pour la tolérance 1998-2000.

Le rapport rappelle qu’en 1995, sur l’initiative de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a été célébrée l’Année des Nations Unies pour la tolérance. Le travail réalisé a conduit à l’adoption de la Déclaration de principes sur la tolérance, à la proclamation de la Journée internationale de la tolérance (16 novembre) et à la création de réseaux régionaux pour la promotion de la tolérance, de la non-violence et de la solidarité.

L’objectif général du programme du Plan d’action est d’éduquer et d’informer les individus, de leur donner les moyens d’assumer le dialogue, le respect mutuel, la largeur d’esprit et la non-violence et d’encourager les Etats Membres à pratiquer le pluralisme et la tolérance. Il s’adresse en particulier à la jeunesse. Ses axes principaux sont l’éducation, la sensibilisation ainsi que le suivi et la recherche à travers des réseaux notamment en coopération avec les chaires UNESCO. L’accent est mis sur la construction et l’exploitation d’outils pratiques et concrets de résolution des problèmes. La célébration de la Journée internationale de la tolérance, la promotion de la Déclaration de principes sur la tolérance et les réseaux régionaux pour la promotion de la tolérance, de la non- violence et de la solidarité constituent les éléments clefs du suivi.

Le rapport établit la liste des types d’activités menées par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, définit la thématique envisagée, revient sur la célébration des troisième et quatrième Journées internationales de la tolérance dans le monde et les prix UNESCO pour 1998 et 1999. Le rapport évoque aussi, entre autres, les activités de sensibilisation et les publications concernées.

Débat

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que les priorités identifiées dans le Programme d’action sur la culture de la paix, adopté par l’Assemblée générale en septembre dernier, sont des priorités des Nations Unies depuis sa fondation; il s’agit de l’éducation, du développement durable, des droits de l’homme, de l’égalité entre les hommes et les femmes, de la participation démocratique, de la tolérance et de la paix et de la sécurité. Il est important aujourd’hui de relier ces notions entre elles afin qu’elles forment un tout cohérent et que leurs complémentarités et synergies puissent être développées. Le représentant a souhaité que la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la paix permette de consolider la paix et de la faire descendre dans les rues où le crime est endémique et les sans-abris nombreux, dans les communautés où la pauvreté est la règle et l’harmonie un espoir seulement et dans nos sociétés où la discrimination et l’exclusion persistent et, de façon plus importante encore, dans les esprits de chacun pour éliminer l’intolérance et les préjugés. Le représentant a déclaré qu’il est important de placer les enfants au centre des activités pour une culture de la paix, et que l’UNESCO devrait continuer à coordonner le mouvement global et à diriger les activités de la Décennie. Enfin, après avoir souligné l’importance de l’éducation pour les enfants et les jeunes adultes, il a rappelé qu’à cet égard l’UNICEF et l’Université de la Paix ont des rôles essentiels à jouer.

M. PHILIPPE BOSSIERE (France), au nom de l’Union européenne, des pays d’Europe centrale et orientale associés (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République Tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie) et les pays associés (Chypre, Malte, Turquie) a déclaré qu’une approche non conflictuelle des relations internationales implique, dans l’esprit de tous les acteurs concernés, une volonté constante de promouvoir la tolérance et le respect de l’autre. Ainsi que le proclame l’acte constitutif de l’Unesco, “les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix”. Une société internationale fondée sur la culture de la paix doit être bâtie sur la tolérance, la justice, les droits de l’homme, la démocratie. L’Union européenne considère que l’éducation est l’instrument principal de diffusion et de promotion de ces valeurs.

Le forum mondial de Dakar “éducation pour tous” a assigné à la communauté internationale l’objectif de garantir à toute personne l’accès à une éducation de base, quels que soient son âge, son origine géographique ou sociale. Il a confié à l’Unesco, pour les quinze prochaines années, le mandat de coordonner les initiatives tendant à ce but, a rappelé le représentant. L’Union européenne considère que les valeurs de tolérance, de droits de l’homme et de justice sont une composante essentielle de l’éducation de base. Elles constituent aussi un élément indispensable de toute politique efficace de développement. L’Histoire a appris aux pays qui composent l’Union européenne que la tolérance et les droits de l’homme ne sont jamais un bien définitivement acquis, même dans les sociétés démocratiques. Elle se réjouit que l’Organisation des Nations Unies en se donnant pour objectif la promotion de ces valeurs au sein de la communauté internationale replace au cœur de son action une des missions fondamentales qui lui est confiée par la Charte.

M. LING (Bélarus) a déclaré que son pays accordait beaucoup d'importance à la promotion de la culture de la paix au sein des Nations Unies, le Bélarus ayant connu une histoire conflictuelle au cours des décennies passées. Il a également souhaité que les dispositions de la Déclaration du millénaire relatives à la culture de la paix et de la tolérance soient prises en compte et que des mesures soient prises par les Nations Unies pour promouvoir les idéaux de la déclaration. Il a ajouté que la formation d'une culture de dialogue était essentielle pour assurer la réalisation des idéaux de la paix et souligné l'importance de l'Université de la paix qui œuvre en ce sens et à laquelle le Bélarus apporte tout son soutien. Il a ajouté que les pertes humaines dans les conflits sont considérables et que les chocs psychologiques sont plus profonds que les blessures physiques, souhaitant que cette réalité soit prise en compte dans les approches développées. Il a conclu en déclarant que le Bélarus était très attaché aux travaux des Nations Unies en faveur du développement d'une culture de la paix.

M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a déclaré que l’Assemblée générale examine, avec la culture de la paix, un point qui représente la raison d’être de l’existence des Nations Unies. Nous nous sommes engagés à éviter aux générations futures le fléau de la guerre. En laissant de côté les différences religieuses ou culturelles, nous nous sommes engagés à promouvoir la prospérité, a-t-il dit. Cependant le monde connaît encore de nombreux conflits et crises religieuses, régionales ou encore économiques. Il y a aussi le danger nucléaire et l’utilisation abusive des progrès techniques et scientifiques. Il a donc semblé nécessaire de renforcer le travail de l’Organisation dans le domaine de la culture de la paix pour sauvegarder les spécifités de l’humanité. Nos civilisations ont donné naissance à des tyrans mais aussi à de grands hommes, des hommes politiques notamment, qui ont établi les bases d’une culture de la paix. Selon le représentant de l’Egypte, notre monde a emprunté une nouvelle voie sur la base de principes communs et la détermination des peuples à se comprendre ne peut que contribuer de façon directe à créer un concept de la paix, afin de garantir le dialogue et la coopération, loin de toute confrontation et de tentative d’imposer un point de vue. L’Egypte croit au renforcement de la culture de la paix grâce au désarmement et à l’éducation, mais aussi grâce à tout ce qui peut éliminer les obstacles au développement et éradiquer la pauvreté. L’assistance technique et le transfert de technologies sont, à cet égard, essentiels, a-t-il ajouté, de même que de veiller au respect de l’égalité entre les hommes et les femmes dans le cadre de la Charte des Nations Unies, mais aussi sur base du principe du respect de la souveraineté des Etats et de la non-intervention dans leurs affaires intérieures. Alors que les pays du monde lancent des appels pour renforcer la culture de la paix, les guerres se multiplient faisant un nombre effarant de victimes parmi les enfants dans les sociétés déchirées par les guerres. Ces enfants ont perdu leur chance à l’éducation et souffrent de dommages psychologiques important, a constaté le représentant. Les enfants sont l’avenir de notre société. Assurer leur développement, la sauvegarde de leur vie et de leurs droits, constitue une responsabilité commune qui nous lie tous, a-t-il poursuivi.

Lorsque nous parlons de la culture de la paix nous ne pouvons qu’exprimer notre colère de voir se poursuivre l’occupation israélienne des territoires arabes, qui va à l’encontre de tous les textes fondateurs des Nations Unies, a affirmé le représentant de l’Egypte. Le peuple palestinien subit différentes formes de répression, les forces israéliennes continuent de tuer des hommes en dehors de tout principe moral, a-t-il ajouté. Nous ne pouvons ignorer les appels du peuple palestinien qui vit dans des conditions inhumaines. Les Nations Unies, qui sont la voix de la communauté internationale et le symbole de la légalité internationale ont joué leur rôle dans les résolutions historiques adoptées sur cette question. Il est temps qu’elles annoncent leur engagement à mettre en œuvre la culture de paix, a encore déclaré le représentant. L’Egypte appelle à un retrait d’Israël de tous les territoires occupés et à la mise en œuvre de tous les accords et décisions qui ont été signés pour aller de l’avant dans le processus de paix et permettre au peuple palestinien d’exercer ses droits légitimes. Ceci, afin de renforcer les principes généraux de la sécurité humaine et des droits de l’homme.

L’Egypte demande aussi que soient identifiés tous ceux qui ont violé les droits de l’homme et se sont rendus responsables d’actes répréhensibles dans la région, pour qu’ils soient traduits en justice. Nous sommes malgré tout optimistes sur nos capacités à œuvrer ensemble pour un avenir meilleur et que soient respectés les droits des peuples et des Nations, a encore déclaré le représentant, insistant sur le respect des droits, des principes et des valeurs définis par la Charte. Nous ne parviendrons pas à mettre en œuvre tous ses principes sans un dialogue constructif où chaque voix sera entendue, a-t-il dit. Selon lui, la culture de la paix est un ensemble de principes et d’actions reposant sur la base de la liberté, de la sécurité humaine, de la tolérance, de la solidarité, de l’application des mêmes règles à tous, de l’interdiction de l’occupation, du respect des droits de l’homme pour promouvoir une coexistence mutuelle harmonieuse.

MME J.G. MOHANTA (Inde) a dépeint la situation en Afghanistan comme constituant une dangereuse exception à la culture de la paix par l’éducation. Elle a décrit le conflit qui s’y déroule comme l’un des plus longs et des plus vicieux parmi ceux qui ravagent actuellement le monde et indiqué qu’il était mené par de jeunes gens qui, enfants, ont été élevés dans la guerre et dans une culture de haine et d’intolérance. Elle a rappelé que l’on avait beaucoup écrit sur ces écoles qui exploitant la pauvreté, attirent des enfants en leur faisant miroiter deux repas par jour et les forment pour faire d’eux de la chair à canon dans une guerre ou une autre, créées de toutes pièces et poursuivies au nom de la religion. Le poison qu’elles distillent s’est répandu de l’Afghanistan aux pays voisins dont nous sommes, a-t-elle déclarée, et d’autres vont à leur tour devenir leurs cibles.

En ce qui concerne un autre domaine d’intervention susceptible de promouvoir une culture de paix, le développement économique et social durable, la représentante a formulé l’espoir que les engagements de la Déclaration du millénaire seront suivis d’effet. Une culture de la paix ne peut résister dans un contexte d’économie et de développement défaillants, a-t-elle indiqué. Elle a noté également des progrès inégaux dans le domaine du respect des droits de l’homme, signalant notamment que la promotion d’une interprétation étroite et sélective des droits de l’homme était devenue l’outil politique des puissants. Elle a fait observer qu’en matière d’égalité entre hommes et femmes, on avait assisté dans certains cas à des reculs plutôt qu’à des progrès. Elle a regretté par ailleurs qu’alors que la démocratie était devenue la norme de nombreux gouvernements au cours de la dernière décennie, plusieurs pays ayant récemment accédé à la démocratie, soient retombés, au cours des deux dernières années, dans un système de gouvernement totalitaire.

La représentante a enfin fait observer qu’on était de plus en plus convaincu au sein des Nations Unies qu’une opération de maintien de la paix ne peut durablement réussir que si elle contribue à la mise en place d’un environnement politique qui puisse promouvoir la démocratie, les droits de l’homme, l’égalité des sexes ainsi qu’un environnement propice au développement économique et social. Tous ces éléments sont ceux d’une culture de la paix, a-t-elle déclaré. Par définition, tout cela ne peut être accompli que par des forces de maintien de la paix qui aient cette expérience-là chez elles. Cela ne peut être fait par des contingents provenant de pays sans tradition démocratique ou encore où il est courant pour les militaires de renverser la démocratie. Que les Nations Unies recourent à de telles forces pour le maintien de la paix, est le meilleur moyen de s’assurer que les objectifs recherchés seront en fait mis en échec. C’est l’évidence et nous sommes sidérés que les Nations Unies ne réagissent pas à cela.

M. OM PRADHAN (Bhoutan) a rappelé que la guerre et la paix émanaient de la conscience des hommes et que, pour prévenir la guerre et la violence, il fallait précisément agir sur les mentalités des peuples, la culture de la paix trouvant alors tout son sens dans cette démarche et devant être intégrée et entretenue par chaque société. Elle doit être inculquée dans les écoles et les foyers dès le plus jeune âge, pratiquée par les gouvernements, soutenue par la société civile et les institutions religieuses. Il a ajouté que des solutions aux conflits devaient être trouvées à travers le dialogue et par des moyens pacifiques mais a reconnu également que lorsque des vies innocentes étaient menacées, lorsque des enfants et des femmes étaient tués, seul le recours à la force pouvait mettre fin à la violence. Il a fait remarquer que la communauté internationale avait souvent fait usage de la force et continuerait à le faire mais que ce devait être le dernier recours, uniquement lorsque les situations deviennent intenables pour les populations innocentes.

Il a ensuite, dans la perspective de la Décennie de la culture de la paix et de la non-violence pour les enfants du monde, exprimé la préoccupation de son pays face au trafic des enfants des pays pauvres à des fins de prostitution et autres activités illégales. Il a appelé les gouvernements, la société civile et tous les autres acteurs à se mobiliser afin de mettre un terme à ces pratiques. Parmi les causes de ces pratiques, le représentant a cité les conditions d'extrême pauvreté, souhaitant que les gouvernements et la communauté internationale interviennent, la pauvreté ne pouvant que s'accentuer avec la croissance démographique dans les pays en développement. Il a proposé que des conditions économiques et sociales soient mises en place pour favoriser l'éducation, la santé et un avenir meilleur pour les enfants, suggérant un renforcement de l'aide publique au développement. Il a rappelé que dans son pays, une politique de développement socioéconomique a été développée dont les indices ne sont pas uniquement le PNB et le PIB, mais le Bonheur National Brut, cette politique reposant sur la culture du bouddhisme. Il a conclu en appelant à une mobilisation contre la pauvreté qui affecte la moitié de la population mondiale, considérant que la culture de la paix et de la non- violence commençait par le développement de conditions de prospérité et de bien- être.

M. ANDRES FRANCO (Colombie) a fait remarquer que l’exercice de la paix ne pouvait se fonder seulement sur des accords politiques, économiques et sociaux entre les gouvernements ou entre les parties en conflit. Pour qu’une paix soit solide et durable, a-t-il indiqué, elle doit avoir pour base la conviction intellectuelle et morale de la société, sur son comportement éthique et solidaire. Ainsi conçue, la paix pourrait se définir par ces mots de bon sens: apprendre à vivre ensemble.

Mon pays, qui a été englouti dans un conflit de 40 ans, réclame le droit de vivre en paix, a-t-il déclaré. C’est ce qu’ont manifesté dix millions de Colombiens quand, il y a trois ans, faisant usage de nos droits de citoyens, nous avons investi le Président de la République d’un mandat clair et précis, ramener la paix de façon pacifique. Le Gouvernement de Colombie est engagé dans une politique claire de paix, soutenue par la conviction qu’une solution négociée peut seule donner à la paix des bases larges et solides. En tant que victimes principales du conflit, les enfants de Colombie sont au centre de notre attention et tous les efforts sont faits pour répondre au compromis de la Proclamation de la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde.

MME O. ENKHTSETSEG (Mongolie) s’est félicitée que le Secrétaire général ait mis l’accent, dans son rapport, sur les enfants et l’éducation. Elle s’est déclarée favorable à une approche élargie de l’éducation, c’est-à-dire englobant l’éducation scolaire mais également l’éducation non scolaire, acquise au sein de la famille et par les médias. Pour promouvoir les objectifs de la décennie, il faudrait encourager les échanges internationaux scolaires et la communauté internationale pourrait œuvrer dans ce sens. La Mongolie, en dépit de restrictions budgétaires, a envisagé d’augmenter le nombre de bourses à l’étranger. Par ailleurs, la représentante a proposé qu’une décennie de l’alphabétisation soit proclamée et a indiqué qu’une telle initiative constituerait la preuve de l’engagement politique nécessaire à la mise en œuvre des objectifs exprimés dans le Programme d’action de Dakar. En conclusion, la représentante, citant l’éducatrice italienne Maria Montessori, a déclaré que l’établissement d’une paix durable ne peut être que le travail de l’éducation; tout ce que la politique peut accomplir, c’est éviter la guerre.

M. LUIS CARRANZA-CIFUENTES (Guatemala) a fait valoir qu’en cette Année internationale de la culture de la paix, il importait de prendre conscience du rôle capital que joue la conjonction des valeurs, attitudes, traditions, coutumes, comportements et modes de vie centrés sur le respect de la vie, des êtres humains et du droit. Le Guatemala fait partie des privilégiés qui bénéficient de programmes d’action au titre de la culture de la paix, a-t-il indiqué. Le Projet culture de la paix au Guatemala est un programme de l’UNESCO, qui fonctionne avec l’appui financier du Gouvernement italien, en partenariat avec le Ministère de l’éducation du Guatemala.

Depuis la signature des Accords de paix le 29 décembre 1996, a déclaré le représentant, le Guatemala a engagé un processus de consolidation de la paix basé sur une culture de la paix et une participation démocratique. Ces Accords ont contribué à ouvrir largement les espaces politiques et sociaux et ce faisant, à favoriser la participation au débat national de groupes et secteurs historiquement marginalisés. M. Carranza a indiqué que plus de 25 associations, universités, écoles, sociétés, médias et agences gouvernementales, participaient à l’Année internationale de la culture de la paix et que plus de 35 événements étaient organisés dans le but de promouvoir la culture de la paix et le refus de la violence.

MME EVELYN D. AUSTRIA-GARCIA (Philippines) a apporté le soutien de son pays à la déclaration et au programme en faveur d'une culture de paix, ajoutant qu'au cours des deux dernières décennies, le monde s'était libéré de la guerre froide et du rideau de fer et que la démocratie avait été restaurée dans de nombreux pays, laissant apparaître l'espoir de parvenir à la paix. Mais, malgré la mondialisation et les nouvelles techniques de l'information, le monde s'assombrit toujours en raison de la violence et du mécontentement qui frappent une multitude d'êtres humains confinés dans la misère. Elle a rappelé que les débats sur l'élimination de la pauvreté, la faim et les maladies avaient pour unique objectif l'établissement de la paix. Ajoutant que ce concept n'était pas nouveau, elle a déclaré que l'engagement des Etats à promouvoir une culture de paix et de dialogue traduisait leur volonté de mettre fin à la «logique» de la guerre.

Abordant la question de la promotion d'une culture de la paix et de la non- violence pour les enfants du monde, la représentante a suggéré que l'accent soit mis sur l'éducation, les adultes étant chargés de l'acclimatation des enfants dans la société, de leur inculquer les valeurs de paix et de respect d'autrui, de justice et de tolérance. Elle a ajouté que l'utilisation des médias et des techniques de l'information était un vecteur d'éducation envers les jeunes et les enfants, souhaitant que les graines de la paix et de la tolérance soient semées dans leurs cœurs à l'aube de la Décennie consacrée par les Nations Unies à la culture de la paix et de la non-violence pour les enfants du monde.

M. HIPOLITO PATRICIO, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a estimé que le rapport porté à l'examen de l'Assemblée générale propose une grande diversité d'actions visant à placer les enfants au centre de la Décennie internationale pour une culture de la paix, de même qu'il constitue une étape importante pour mettre un terme aux souffrances disproportionnées auxquelles les enfants sont soumis par le biais de différentes formes de violences Il a engagé les Etats Membres à ne pas ménager leurs efforts pour faire évoluer cette situation, ajoutant qu'il convenait non seulement de ratifier la Convention sur les droits de l'enfant, mais aussi de la mettre en œuvre, ainsi que les autres instruments juridiques internationaux pertinents.

M. Patricio a demandé aux Etats Membres de s'attaquer ensemble aux causes des conflits responsables des souffrances qui pèsent sur les civils innocents et plus particulièrement sur les enfants, qui sont à la fois victimes et instruments de violence. A cet égard, il a indiqué que les Nations Unies, tous les pays donateurs et les institutions spécialisées doivent se pencher avec sérieux sur les problèmes de la pauvreté, de la faim, de l'analphabétisme et des maladies, comme le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, qui affectent une grande partie de la population mondiale. Selon M. Patricio, il convient également de régler le problème de la dette extérieure, de promouvoir l'investissement et la croissance économique, des niveaux adéquats d'aide internationale et l'ouverture des marchés mondiaux au monde en développement. La culture de la paix n'aura de sens et n'engendrera des résultats positifs que si les acteurs internationaux et nationaux s'attaquent réellement aux causes des conflits, en créant un environnement propice à un monde de paix et de sécurité.

Concernant plus particulièrement le Mozambique, le Vice-Ministre a rappelé que le succès du processus de paix dans son pays reflète le choix délibéré de la population de renforcer la paix par le biais d'un processus de dialogue dans un climat de tolérance, d'unité dans la diversité et de respect des choix individuels et des libertés. Il a, par ailleurs, jugé que le fait de placer les enfants au centre de la Décennie internationale pour une culture de la paix permettrait de récolter des fruits importants, tout en indiquant que l'éducation constitue l'instrument le mieux indiqué pour introduire et diffuser une culture de la paix et de non-violence, en apprenant aux enfants, aux jeunes et aux adultes à connaître les valeurs de tolérance, d'égalité, d'amitié et de respect de la dignité humaine.

M. JOSE ROBERTO ANDINO SALAZAR (El Salvador) a déclaré que son pays accorde beaucoup d’importance à la question de la culture de la paix qui est intimement liée à la normalisation de la situation en El Salvador après le conflit armé des années 80. Avec la mise en place du premier forum national de réflexion sur l’éducation et la culture de la paix, le gouvernement, sous les auspices de l’UNESCO et d’autres institutions internationales, a contribué à établir les bases de cette nouvelle notion et adopter un programme d’action dans ce domaine, a-t-il dit. Pour qu’il y ait une culture de la paix, il faut en définir les critères et élaborer des programmes qui seront retenus comme un objectif national.

Le système politique doit prendre comme référence le respect des droits de l’homme. La concertation suppose que les différentes parties au conflit reconnaissent leurs propres intérêts mais aussi ceux de la nation. La culture de paix ne fait pas disparaître les conflits, a encore déclaré le représentant, mais elle offre les occasions de trouver les solutions à ces divergences et permet d’encourager la création de tissus sociaux qui favoriseront la solidarité et l’équité. La construction d’une culture de paix n’est pas un acte unique ou isolé mais bien un processus concerté, incluant la participation de tous qui doit être intégré dans la construction nationale à tous les niveaux de l’Etat.

L’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé que tous les peuples ont le droit sacré à la paix et que cette tâche constitue une obligation pour chaque Etat. Le Gouvernement d’El Salvador est engagé à promouvoir et renforcer la culture de la paix, a encore affirmé le représentant. Il a cité dans son pays et sa région, la création du festival pour la paix, le renforcement du programme culture de paix en Amérique centrale, qui a notamment permis d’éveiller l’intérêt des médias sur ce point, la consolidation de la démocratie via une information des forces armées et la création d’un comité national pour une culture de paix. M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a réaffirmé le lien puissant qui existe entre l’épanouissement d’une culture de paix, une action résolue et continue des divers acteurs de la vie internationale dans les domaines aussi variés que ceux du règlement pacifique des conflits, du respect et de l’entente mutuelle et de la coopération internationale, de la promotion de la démocratie, du développement et du respect universel de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales, de l’élimination de la pauvreté et de l’analphabétisme ainsi que la réduction des inégalités au sein des nations et entre elles, de la promotion du développement économique et social durable, de l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, du respect et de la protection des droits de l’enfant et d’une gestion des affaires publiques plus transparente. L’élimination de toutes les formes de racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y sont associées, la promotion de la compréhension, de la tolérance et de la solidarité entre toutes les civilisations, tous les peuples et toutes les cultures, y compris à l’égard des minorités ethniques, religieuses et linguistiques sont d’autres domaines que préconise la Déclaration de l’Assemblée générale pour une action de promotion d’une culture de paix, a déclaré le représentant.

Le même texte met en évidence non seulement le rôle certes essentiel que doivent jouer les gouvernements mais aussi celui qui revient à la société civile et aux médias dans le développement d’une telle culture, tant il est vrai qu’il s’agit d’une œuvre globale d’éducation, a-t-il dit. C’est cette approche globale et multidimensionnelle que la Tunisie a épousée et qu’elle met en œuvre constamment au plan intérieur et dans son action à l’extérieur pour consolider les fondements de la paix dans son acception la plus large, a précisé le représentant. La Tunisie croit fermement que les relations entre les nations ne peuvent se développer ni prospérer que dans un climat de dialogue, de concorde et de solidarité, dans le respect mutuel et la coopération sur un pied d’égalité, tant il est vrai que les êtres humains par-delà leur nationalité et leur appartenance raciale, religieuse et culturelle, partagent tous la même foi en les valeurs impérissables de liberté, de justice, d’égalité, de tolérance et de paix. Il est de la plus haute priorité que se rassemblent les énergies et les efforts sincères et déterminés de tous les acteurs de la vie internationale, fussent-ils des gouvernements, des composantes de la société civile ou des organisations régionales et internationales, a encore estimé le représentant de la Tunisie. Le rôle central de l’ONU en tant que forum universel unique et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture en tant qu’Organisation au rôle privilégié dans le domaine de l’éducation et de la formation ont une mission essentielle à la réussite de laquelle nous devons tous contribuer, a-t-il encore déclaré.

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a déclaré que la notion de culture de paix se définit par les liens et les connexions qu’elle établit entre toutes les activités ayant trait à la paix et à la non-violence dans le monde. Soulignant qu’il relève de la responsabilité de chacun de participer à la diffusion de valeurs pacifiques, il a indiqué que le Japon prend activement part aux manifestations de la Décennie pour la promotion d’une culture de la paix. Ainsi, une campagne menée dans les rues et sur Internet, au Japon, a permis de recueillir plus d’un million de signatures qui ont été soumises par des délégués de la jeunesse à M. Koichiro Matsuura, Directeur général de l’UNESCO. Il a également souligné que de nombreuses initiatives ont été prises par des organisations non gouvernementales, en étroite collaboration avec les Ministères des affaires étrangères et de l’éducation au Japon. Le représentant a déclaré qu’un rôle de premier plan revient à l’UNESCO dans l’organisation du mouvement global en faveur de la paix et il a félicité cette organisation pour sa contribution en tant que principal coordonnateur de l’Année internationale pour une culture de la paix. En outre, le Japon a demandé à l’UNESCO de poursuivre ses efforts afin de mettre en œuvre des programmes éducationnels en faveur de la compréhension mutuelle, de la paix et de la tolérance, et qui aident à prévenir la violence et les conflits, ainsi que le conseillait le Programme d’action élaboré à Dakar.

MME MARIA ELENA CHASSOUL (Costa Rica) a déclaré que l’établissement d’une culture de la paix est un processus qui restera lettre morte si on ne fait pas porter un effort réel sur l’éducation des enfants. A cet égard, la famille joue nécessairement un rôle fondamental car, comme l’a souligné le Secrétaire général dans son rapport, c’est au travers de cette institution que se transmettent aux enfants les valeurs de base et le soutien émotionnel dont ils ont besoin pour leur épanouissement physique et moral. Si les familles sont fragilisées, alors nos futurs citoyens manqueront des valeurs nécessaires à la vie pacifique en société, a déclaré la représentante. Si l’on veut construire une culture de paix, il est également nécessaire d’inclure dans les programmes scolaires des éléments s’y reportant. La représentante a appuyé l’initiative du Secrétaire général consistant à inculquer aux enfants dès leur plus jeune âge l’amour du dialogue et de la négociation, l’attachement aux valeurs de tolérance, de démocratie et de justice ainsi qu’une foi solide dans les principes de bases des droits de l’homme.

La représentante a déclaré que le second aspect d’une culture de paix réside dans la démocratie. En effet, l’expérience du Costa Rica enseigne qu’il ne saurait y avoir de culture de paix sans démocratie. La démocratie est le seul système qui offre à chacun des chances égales de participer aux processus politiques et de bénéficier des avantages du développement économique, et le seul système qui garantisse une paix sociale réelle.

M. ARTHUR C.I. MBANEFO (Nigéria) a déclaré que ce débat était l'occasion de mieux saisir les enjeux et les défis posés par la promotion d'une culture de la paix. Il a ajouté que l'Année internationale de la culture de la paix et la Décennie internationale pour la culture de la paix et de la non-violence pour les enfants du monde étaient l'occasion de réaffirmer le désir de paix qui réside en chaque être humain. Il a ajouté que depuis cinquante cinq ans et la création des Nations Unies, le monde était généralement devenu un espace pacifique, bien que de nouveaux défis aient émergé, menaçant la paix qui nous est si chère. Il a ainsi cité la pauvreté, les maladies, la prolifération de la violence dans les conflits internes, notamment en Afrique, considérant qu'il fallait réaffirmer les principes et idéaux de la Charte des Nations Unies en adoptant une culture de paix, qui devrait se traduire par un changement dans les comportements qui doivent refléter davantage de cohésion sociale, afin de promouvoir les droits de l'homme, de la démocratie, de la tolérance et du développement, en particulier dans les pays en développement.

Il a ensuite déclaré que les enfants et les victimes innocentes des conflits doivent être au centre des objectifs de paix pour la décennie à venir, ajoutant que l'élimination de la violence était le meilleur legs qui puisse être transmis aux enfants car l'avenir leur appartient. Rappelant que la guerre commence dans la conscience des hommes et que c'est dans la conscience des hommes que devraient être développés les idéaux de paix, il a estimé que l'accent devait être mis sur l'éducation, afin d'inculquer la culture de paix aux enfants. Il a ainsi salué le rôle de l'UNESCO dans la promotion d'une culture de paix et recommandé que des efforts soit faits par les parents, les professeurs, les politiciens, les autorités religieuses, les artistes, les journalistes, afin d'inculquer aux enfants les valeurs de respect de la vie humaine, de droits de l'homme, de dignité, sans préjudice ni discrimination. Il a ajouté que la paix était une combinaison de facteurs qui, au-delà de l'absence de guerre et de violence, passait également par la lutte contre l'extrême pauvreté, le représentant saisissant cette occasion pour souligner les effets néfastes du poids de la dette sur les pays en développement, considérant que son annulation serait un geste de solidarité considérable face aux efforts déployés par ces pays pour promouvoir une culture de paix.

M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a déclaré qu'il fondait beaucoup d'espoir dans ce débat, l'Afrique tendant toujours la main à la recherche de la paix, ajoutant qu'il se permettait de réaffirmer avec solennité l'engagement du Sommet du millénaire de construire un monde de paix, une terre des hommes fraternelle et pacifique. Il a regretté qu'au sein du système des Nations Unies les promesses n'aient pas été tenues notamment celles faites dans les années 1990 face aux grands problèmes mondiaux. Il a ajouté qu'aujourd'hui, la communauté internationale n'avait plus le choix, les conflits armés et leurs conséquences devant prendre fin, précisant qu'il fallait investir dans la paix, tâche d'autant plus réalisable que nous connaissons les causes des conflits et des guerres, aussi bien que les ingrédients de la paix.

Il a ajouté que la culture de la paix était la culture de la vie et de l'espoir, la paix étant plus que l'absence de guerre, mais la paix impliquant l'existence de la liberté et de la justice et appelant la résolution pacifique des différends. Il a déclaré que, en proclamant l'année 2000, Année internationale de la culture de la paix, l'ONU propose un horizon nécessaire pour la communauté internationale tout entière, cette année symbolisant à la fois le début d'une ère nouvelle et la fin d'un siècle qui a connu à la fois deux guerres mondiales, des guerres de décolonisation, l'explosion de la bombe atomique, la prolifération des génocides, ajoutant que l'an 2000 offrait la possibilité de construire l'avenir avec beaucoup plus d'optimisme. Il a ensuite déclaré qu'ensemble, les hommes devaient agir pour transformer la situation actuelle dominée par la discorde, la violence et l'égoïsme en une culture de paix, de solidarité et de développement. Il a estimé que les déséquilibres et dissymétries qui caractérisent notre monde d'aujourd'hui menacent non seulement le rythme du développement et la stabilité de nos institutions, mais aussi et surtout notre survie à tous.

S'interrogeant sur l'avenir de la paix, de la sécurité et de la prospérité dans un monde où 20% de la population possède 85% des biens de toutes sortes, le représentant a affirmé que le 21ème siècle serait celui du partage ou ne serait pas, suggérant la mise en place d'un partenariat s'appuyant sur un contrat de réelle solidarité. Il a ajouté que ce contrat devrait faciliter le dialogue et la tolérance, et aider à troquer les armes contre la parole afin de faciliter la démocratie et la bonne gouvernance. Il a enfin suggéré que ce contrat de solidarité s'attaque en priorité à l'élimination de la pauvreté, de la marginalisation et de l'exclusion. M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a déclaré que les huit domaines d’action identifiés par le Secrétaire général dans son rapport (A/55/377) sont des préceptes de paix et de portée et de valeur universelles. La société dans son ensemble doit agir de façon pacifique et non violente, et il est important d’inculquer aux enfants, dès leur plus jeune âge, les valeurs relatives à la paix. Reconnaissant que la pauvreté peut constituer un facteur déstabilisant dans la recherche de la paix, le représentant a insisté sur la nécessité d’intensifier les investissements en faveur du développement économique et social. En effet, seule la croissance économique peut empêcher que la croissance démographique rapide ne se traduise en une lutte plus acharnée encore sur des ressources rares. Le représentant s’est félicité de ce que la portée universelle des droits de l’homme ait été reconnue par presque tous les Etats et que par conséquent, chaque Etat ait fait sienne la responsabilité de les promouvoir et de les protéger.

Le représentant a indiqué qu’il reste un certain nombre de points sur lesquels il est urgent d’avancer pour promouvoir une culture de paix. Il s’agit du désarmement nucléaire, du contrôle des armes légères et de la promotion de relations pacifiques entre les Etats, afin que ces derniers n’aient pas besoin de s’armer massivement pour se sentir en sécurité. La lutte contre les armes sous toutes leurs formes permettrait de sauver des millions de vies et constituerait un réel progrès pour nos sociétés. Le représentant a conclu qu’en œuvrant tous pour la paix et la sécurité, les pays non seulement satisfont à leurs intérêts particuliers mais font également avancer le multilatéralisme et les valeurs défendues par la Charte des Nations Unies.

L’ARCHEVEQUE RENATO R. MARTINO, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré que l’on se souviendra du siècle qui s’achève comme d’un siècle de grands progrès scientifiques mais aussi d’un siècle de grande violence, un siècle pendant lequel des millions de personnes sont mortes victimes de deux conflits mondiaux et d’innombrables autres conflits terrifiants, le siècle de l’Holocauste et de génocides répétés, des camps de concentration, de la haine et du nettoyage ethnique. Le siècle qui commence, doit devenir celui de la paix, a-t-il fait valoir. Cela doit être l’espoir de cette Organisation, de la communauté des nations et de l’humanité dans son ensemble.

Le représentant a fait observer que la condition première de la culture de la paix consistait à réaffirmer que la guerre n’est plus la façon de résoudre les conflits entre les nations et les peuples. Une culture de paix doit être une culture des droits de l’homme, a-t-il indiqué. La Déclaration universelle des droits de l’homme est le fruit d’une réflexion sur la destruction qui résulte de la guerre, sur ce qui se passe quand la dignité de chacun est foulée aux pieds. La reconnaissance des droits inaliénables et de la dignité de chaque individu est le fondement de tout ordre politique authentiquement libre. L’Observateur a également indiqué qu’une culture de la paix devait être basée sur la vérité et la justice, qu’elle devait respecter le droit des nations, rejeter la logique de la libre circulation des armes et se concentrer sur la jeunesse.

Le monde a besoin d’hommes et de femmes qui travaillent à la réconciliation plutôt qu’à la guerre, d’hommes et de femmes de vision qui portent témoignage de la force de la non-violence, a-t-il déclaré. Les dirigeants religieux tout particulièrement doivent se tourner vers les racines profondes de leur message, celui qui insiste sur la fraternité fondamentale des peuples et s’élève au-dessus de toute tentative d’exploitation des messages ou du sentiment religieux à des fins étroites politiques ou ethniques. Droits de réponse

Le représentant d’Israël a déclaré que le représentant de l’Egypte a malheureusement lancé une attaque politique contre son pays. Ses paroles sonnent creux en cette journée, a-t-il dit, alors qu’une grave attaque terroriste s’est produite à 15 heures, heure locale, sur un marché de Jérusalem. Une attaque qui se produit après la mise en garde qui a suivi la libération de 100 terroristes par l’Autorité palestinienne. L’Autorité palestinienne a une responsabilité importante dans cet acte terroriste, a estimé le représentant. Israël exige la réincarcération des personnes libérées.

Le représentant a, par ailleurs, mentionné l’accord intervenu entre Yasser Arafat et Shimon Pérès prévoyant notamment la tenue de réunion de coordination et la fin de la violence. Il a été prévu de passer en revue la mise en œuvre de cet accord dans deux jours et faire appel au Président Clinton, mais cet accord est aujourd’hui «sur la balance». Le commentaire du représentant de l’Egypte aurait pu être moins offensant si les circonstances avaient été moins tragiques, a-t-il dit, rappelant que les deux parties se sont engagées à mettre fin au cycle de la violence et à retourner à une culture de paix, à Charm el-Cheikh, en Egypte. Comme le représentant de l’Egypte a choisi de parler de notre région pour évoquer la culture de paix nous aurions voulu qu’il mentionne le rejet par l’Autorité palestinienne de l’Accord de Camp David, a-t-il encore déclaré.

Le représentant de l’Egypte a déclaré qu’il rejetait totalement les accusations relatives à sa déclaration qui aurait comporté des attaques politiques contre Israël. Nous avons été les premiers à tendre une main pour la paix au Moyen-Orient il y a plus de 20 ans, a-t-il rappelé, et depuis lors, l’Egypte a déployé tous les efforts possibles pour renforcer le processus de paix dans la région. Toutefois la culture de la paix n’existe pas si elle ne répond pas aux demandes de toutes les parties. L’application de la Convention de Genève sur les droits des civils en temps de guerre est applicable sur les territoires occupés et ce fait est reconnu par la communauté internationale, a-t-il poursuivi. Si nous voulons promouvoir la culture de la paix nous devons identifier ceux qui provoquent les tensions et les circonstances qui ont placé la région dans cette situation précaire.

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