En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/497

LES DELEGATIONS SE PENCHENT SUR LES LIENS ENTRE DEMOCRATIE, DEVELOPPEMENT ET RESPECT DES DROITS DE L'HOMME

27 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/SHC/497


LES DELEGATIONS SE PENCHENT SUR LES LIENS ENTRE DEMOCRATIE, DEVELOPPEMENT ET RESPECT DES DROITS DE L’HOMME

20001027

Les questions relatives aux droits de l’homme et plus particulièrement de leurs liens avec le développement et avec la manière dont les Etats gouvernent leurs peuples, ainsi que la réalisation, dans différents pays, des principes consacrés par les instruments humanitaires internationaux ont été au centre des discussions des délégations, cet après-midi, à la Commission des affaires sociales, humanitaires et culturelles.

Le représentant du Japon a ainsi déclaré que le Gouvernement japonais tient compte du lien important entre démocratie, développement et respect des droits de l’homme dans sa politique d’aide publique au développement. Il a également indiqué que le Japon attache une importance primordiale à la question du droit au développement, en soulignant que le sujet central du développement est la personne humaine et que le droit au développement ne doit pas être considéré comme un droit des pays en développement à l’assistance économique. Pour sa part, le représentant du Mali, évoquant la coopération internationale pour la promotion et le respect des droits de l'homme, a déclaré que cette dernière doit d'une part rappeler les droits de l'homme en les réaffirmant et d'autre part aider les Etats à les mettre en œuvre, en veillant en même temps à assurer un contrôle rigoureux du processus. Il s’est dit convaincu que seul un Etat qui contrôle son territoire, maintient l'ordre et se soumet lui-même au droit peut réellement assumer ses prérogatives démocratiques et assurer le respect des droits de l'homme.

Plusieurs délégations dont celles de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie ont en outre commenté l’évolution de la situation des droits de l’homme dans différents pays. A cet égard, la représentante de l’Australie s'est déclarée satisfaite de voir que les gouvernements qui violent les droits fondamentaux de leurs citoyens sont finalement obligés de rendre des comptes. Elle s'est cependant inquiétée de ce que dans de nombreuses régions du monde, les piliers de la bonne gouvernance, c'est-à-dire la primauté du droit, des gouvernements participatifs, la responsabilité des pouvoirs et la transparence, soient bafoués. Elle a estimé qu’il existe un lien organique entre la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme. Toutefois, la représentante de la République arabe syrienne a estimé que les questions des droits de l’homme sont souvent un prétexte que certains Etats avancent pour atteindre d’autres objectifs, ouvrant ainsi la voie à l’ingérence étrangère, tout en évoquant la Charte de l’ONU. Elle a souligné que les principes consacrés par la Charte doivent être appliqués sur la base de l’égalité entre les Etats Membres.

La représentante du Danemark a présenté, au nom des coauteurs, un projet de résolution sur la torture et autres peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Les délégations des pays suivants ont participé au débat : Brésil; Mongolie; Japon; Guatemala; Norvège; Australie; République arabe syrienne; Chili; Rwanda; Lettonie; et Mali. La représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) est également intervenue. En fin de séance, les représentants de la République démocratique populaire lao, de l’Iraq, du Soudan et de la Chine ont exercé leur droit de réponse.

La Commission poursuivra ses travaux lundi 30 octobre, à 10 heures.

QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME, Y COMPRIS LES DIVERS MOYENS DE MIEUX ASSURER L’EXERCICE EFFECTIF DES DROITS DE L’HOMME ET DES LIBERTES FONDAMENTALES

SITUATION RELATIVE AUX DROITS DE L’HOMME

QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L'HOMME: APPLICATION DES INSTRUMENTS RELATIFS AUX DROITS DE L'HOMME

Présentation d'un projet de résolution

Aux termes d’un projet de résolution sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (A/C.3/55/L.30), présenté par le représentant du Danemark, au nom des coauteurs, l’Assemblée générale demanderait instamment à tous les Etats qui ne l’ont pas encore fait de devenir parties à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, à titre prioritaire. L'Assemblée générale prierait instamment le groupe de travail intersessions à composition non limitée de la Commission des droits de l’homme chargé d’élaborer un projet de protocole facultatif à la Convention de mettre aussi rapidement que possible la dernière main à un texte final qui lui serait présenté, par l’intermédiaire du Conseil économique et social, pour examen et adoption.

L'Assemblée générale inviterait le Rapporteur spécial sur la question à continuer d’examiner la question de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés à des femmes, ainsi que les situations qui occasionnent de telles tortures, à faire des recommandations appropriées en vue de prévenir et réprimer les formes de torture spécifiquement infligées aux femmes, notamment le viol ou toute autre forme de violence sexuelle, et à se concerter avec le Rapporteur spécial chargé d’examiner la question de la violence à l’égard des femmes, ses causes et ses conséquences, de manière à renforcer encore leur efficacité et leur coopération. L'Assemblée générale prierait le Secrétaire général de transmettre à tous les gouvernements les appels de l’Assemblée générale demandant qu’ils versent des contributions au Fonds et de continuer à inclure chaque année le Fonds parmi les programmes pour lesquels des contributions sont promises lors de la Conférence des Nations Unies pour les annonces de contributions aux activités de développement.

Débat

MME MARCELA NICODEMOS (Brésil) a déclaré que la dignité de l’être humain, valeur suprême qu’il faut protéger, constitue la pierre angulaire des activités des Nations Unies. Elle a rappelé que les droits de l’homme sont universels et que tous les êtres humains sont nés égaux. La représentante a regretté que certains tentent encore de masquer les violations aux droits de l’homme en arguant du principe de la non-ingérence. Elle a ajouté que d’autres visent le même objectif en se plaçant au-dessus de toute critique comme si leurs propres agissements en matière de droits de l’homme étaient parfaits.

Après avoir souligné l’importance des instruments et des mécanismes juridiques internationaux et de la coopération avec diverses instances onusiennes compétentes, dont le Haut Commissariat, Mme Nicodemus a réitéré le profond engagement de son Gouvernement à l'égard des droits de l’homme en faveur desquels

la société civile brésilienne oeuvre activement. Elle a annoncé le lancement dans son pays d’un ambitieux projet de création d’un réseau national de centres de suivi des droits de l’homme, dont une unité-pilote fonctionne déjà à Sao Paulo. La représentante a conclu en affirmant que la raison d’état est sans signification aucune si elle ne tient pas compte des droits de l’homme.

MME OCHIR ENKHTSETSEG (Mongolie) a déclaré que les lois et les déclarations ne peuvent pas, à elles seules, garantir les droits de l’homme. Une mise en oeuvre efficace des instruments des droits de l’homme aux niveaux local et national à travers la coopération et le partenariat entre tous les acteurs est indispensable. La décennie qui vient de s’écouler a vu une augmentation de la reconnaissance des principes d’interdépendance et de renforcement mutuel des droits au développement et des droits humains. Comme en a conclu le rapport du PNUD sur le développement humain en 2000, le développement humain est essentiel à la réalisation des droits humains, et les droits humains sont indispensables à un développement complet. La représentante a ensuite souligné qu’en embrassant la démocratie et le respect des droits de l’homme, le peuple de la Mongolie a fait un choix irréversible.

La représentante s’est félicitée du renforcement des programmes de coopération technique du Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme (HCDH). Elle a souligné l’importance des services de conseil et d’assistance technique pour le renforcement des structures démocratiques et des droits de l’homme dans de nombreux pays. En Mongolie, a-t-elle indiqué, le Gouvernement mène en coopération avec le HCDH des programmes de renforcement des institutions nationales des droits de l’homme, de promotion de l’éducation dans le domaine des droits de l’homme, de réforme des prisons, de formation du personnel de l’administration judiciaire. En outre, la représentante a insisté sur le développement des accords de coopération régionale pour la promotion et la protection des droits de l’homme.

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a souligné l’importance de la démocratie lorsque l’on traite de la question des droits de l’homme. Le droit qu’a toute personne de participer au gouvernement de son pays par le biais d’élections libres et justes n’appartient à aucune culture particulière. Le Japon soutient l’adoption par cette Assemblée d’une résolution sur la protection et la consolidation de la démocratie, qui serait similaire à celle adoptée par la Commission des droits de l’homme. A cet égard, le représentant a tenu à féliciter le peuple yougoslave pour la transition pacifique et démocratique parachevée lors des récentes élections.

Le Gouvernement japonais tient compte du lien important entre démocratie, développement et respect des droits de l’homme dans sa politique d’aide publique au développement (APD). Nous pensons qu’un développement démocratique favorise une meilleure promotion et protection des droits de l’homme. Il a ajouté que dans le cadre de l’appui que son pays accorde à la démocratie, le Japon a soutenu des processus électoraux dans plus de 40 régions dans le monde depuis 1994. Le représentant a également indiqué que le Japon attache une importance primordiale à la question du droit au développement. Faisant écho aux propositions du Professeur Arjun Sengupta relativement au concept de “pacte de développement”, M. Kobayashi s’est dit en faveur d’une approche graduelle qui accorderait la priorité au droit à l’alimentation, la santé et l’éducation.

Le représentant a ensuite évoqué la situation des droits de l’homme dans quelques pays de la sous-région. A propos du Cambodge, il s’est félicité des efforts du gouvernement pour promouvoir les droits de l’homme et la démocratie et a souhaité que les normes internationales soient appliquées lors du procès des Khmers rouges responsables des violations des droits de l’homme les plus graves. Affirmant que le Cambodge, au sortir d’une longue guerre civile, a été freiné dans ses efforts de réhabilitation nationale par le manque de ressources, M. Kobayashi a indiqué que le Japon continuerait à lui accorder son aide et a appelé la communauté internationale à faire de même. A propos de Myanmar, le Japon soutient les efforts de l’envoyé spécial du Secrétariat général, M. Razali Ismail et prie le gouvernement et le NLD d’entamer un dialogue authentique en coopération étroite avec M. Razali. Pour ce qui est de l’Iran, il s’est félicité des progrès enregistrés sous la présidence de M. Khatami, bien que beaucoup reste à faire. Le Gouvernement de l’Iran et le Japon ont récemment eu leur premier dialogue sur les droits de l’homme.

Evoquant le financement du Haut Commissariat aux droits de l’homme, le représentant a souhaité que cet organisme fournisse souvent des rapports plus transparents sur l’utilisation des contributions volontaires. Il a ajouté que des ressources adéquates doivent être accordées aux organes de surveillance des traités à partir du budget régulier de l’ONU. Le Japon continuera à appuyer les programmes du Bureau du Haut Commissaire grâce à sa contribution volontaire, a-t-il dit.

M. LUIS CARRANZA (Guatemala) a souhaité rendre compte des actions de son gouvernement visant à garantir efficacement la promotion et la protection des droits de l’homme au niveau national, et ce sur la base non seulement des accords internationaux en la matière, mais également des Accords de Paix signés en décembre 1996. Le représentant a rappelé que l’établissement de la paix est un processus complexe et que la mise en oeuvre des accords de paix est en cours, même si certaines réformes, notamment les réformes fiscale et judiciaire, accusent des retards. Un des principaux défis consiste à consolider les acquis et à garantir la pérennité des avancées, a déclaré M. Carranza.

Le représentant a rappelé que la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala a accordé la priorité aux thèmes des droits de l'homme et de la réconciliation nationale et que dans ce domaine, la mise en oeuvre des accords a déjà donné des résultats. Par ailleurs, le Guatemala a réitéré sa volonté d'avancer dans la mise en oeuvre des recommandations de la Commission de clarification historique. Ainsi, le gouvernement a mis en place deux projets- pilotes qui visent à apporter une aide aux communautés affectées par la guerre et qui n'ont pas bénéficié d'autre programme d'assistance. La SEPAZ (Secrétariat pour la paix) a créé une commission pour la paix et la concorde afin de faciliter l'examen de la politique de recherche des disparus et d'exhumation. La campagne d'identification et de localisation des charniers clandestins est en cours.

En conclusion, le représentant a signalé que nombre de problèmes rencontrés dans la mise en oeuvre des accords de Paix sont dus au manque de ressources; par conséquent, il a souhaité que des fonds supplémentaires soient mobilisés. Il a également signalé avoir demandé au Secrétaire général la prorogation de trois ans du mandat de la Mission de Vérification des Nations Unies au Guatemala.

M. ROALD NAESS (Norvège) a commencé par déclarer que les droits de l’homme sont liés à chacun des principes de liberté, d’égalité, de solidarité, de tolérance, de respect de la nature et de responsabilité partagée évoqués dans la Déclaration du millénaire. Nos Etats se sont engagés à l'égard des droits de l'homme et nous ne devons négliger aucune des possibilités qui s’offrent à nous pour les mettre en oeuvre. La lutte contre le racisme et la discrimination raciale est une priorité pour la Norvège, a ajouté le représentant. Elle a entrepris des réformes législatives, pris des mesures de renforcement des institutions et de stimulation du débat aux niveaux local et national tant pour avancer dans la lutte contre le racisme que pour mettre en pratique les principes qui seront discutés lors de la future Conférence mondiale contre le racisme.

Le représentant a ensuite évoqué les droits des enfants et ceux des femmes. Il a déclaré que les violations des droits des femmes, telles que le viol et les mutilations génitales, ne doivent pas être considérées comme des questions privées mais bien comme de graves problèmes humanitaires exigeant l’intervention de l’Etat. Les violations des droits des enfants, particulièrement lorsqu’elles sont liées à l’usage des armes, sont un signal d’alarme qui indique l’urgence d’améliorer le respect des droits de l’homme dans le monde. Le représentant a également manifesté sa préoccupation au sujet du maintien de la peine de mort.

Le représentant a ensuite commenté la situation des droits de l’homme dans différents pays du monde dont l’Afghanistan où il a estimé que les violations par les Taliban des droits de l’homme, en particulier ceux des femmes et des filles, sont particulièrement graves. Il a engagé le Gouvernement du Myanmar à entamer un dialogue politique véritable avec les dirigeants politiques, y compris Aung San Suu Kyi et avec les représentants des groupes ethniques. Il a estimé que la situation des droits de l’homme en Iraq est déplorable. Pour ce qui est de l’Afrique et notamment de la région des Grands Lacs, le représentant a déclaré qu’elle se caractérise par la violence et les menaces. Il a félicité le Gouvernement de la Colombie des vigoureux efforts qu’il déploie pour lancer un processus de paix avec les principaux groupes de la guérilla. Le représentant a également indiqué qu’il a entamé un dialogue direct avec certains pays, tels que la Chine, dans le domaine des droits de l’homme. Il a noté des progrès en ce qui concerne les conditions économiques et sociales de la population chinoise. Toutefois, a-t-il ajouté, beaucoup reste à faire sur la liberté de religion et de croyances, sur la liberté d'association et de parole. La situation des droits de l'homme au Tibet préoccupe la Norvège.

MME PENNY WENSLEY (Australie) s'est déclarée satisfaite de voir que les gouvernements qui, abusant de leur pouvoir autoritaire, violant les droits fondamentaux de leurs citoyens sont finalement obligés de rendre des comptes. La Yougoslavie en est l'exemple le plus récent et la représentante a salué l'accent que les forces démocratiques de la Yougoslavie mettent sur les droits de l'homme et le respect du droit. Elle s'est cependant inquiétée de ce que dans de nombreuses régions du monde, les piliers de la bonne gouvernance, c'est-à-dire la primauté du droit, des gouvernements participatifs, la responsabilité des pouvoirs et la transparence, soient bafoués. Or l'Australie maintient qu'il existe un lien organique entre la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme et se réjouit que la Commission des droits de l'homme ait, cette année, formellement reconnu l'existence de ce lien.

La situation en Indonésie suscite encore de vives inquiétudes, même si, comme l'a reconnu Mme Wensley, des progrès ont été accomplis, notamment grâce à l'inclusion d'un nouveau chapitre sur la protection des droits de l'homme dans la Constitution. Cependant, la situation demeure préoccupante dans un certain nombre de parties du pays, dont la région des Moluques. L'Australie a demandé instamment au Gouvernement indonésien de faire tout ce qui est en son pouvoir pour résoudre la situation au Timor occidental, notamment en mettant un terme aux activités des milices, en faisant comparaître en justice ceux qui se sont rendus responsables de crimes, en créant un environnement suffisamment sûr pour que les travailleurs humanitaires puissent retourner dans la région, et en trouvant une réponse à la question des réfugiés.

En ce qui concerne la Chine, le représentant a déclaré avoir pris note des progrès accomplis mais rester très préoccupé par la persistance de violations à la liberté d'opinion, de culte, de rassemblement et d'association, en contradiction avec les deux instruments majeurs des droits de l'homme signés par la Chine. Enfin, elle a profondément déploré les violentes confrontations qui ont eu lieu en Cisjordanie, à Gaza et dans certaines parties d'Israël. Il est urgent de mettre fin au cycle de provocation, de violence et de vengeance, a-t-elle déclaré, et de mettre en place les conditions d'une coexistence pacifique.

MME. RANIA HAJ ALI (République arabe syrienne) a déclaré que souvent, les droits collectifs des peuples sont ignorés. La communauté internationale devrait traiter les droits humains de façon exhaustive et équitable, tout en tenant compte des facteurs historiques et religieux, a-t-elle ajouté. Mme Haj Ali a exhorté les Etats Membres à surveiller de près l’application des traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, tout en veillant à ce que les organes compétents de l’ONU ne sortent pas du cadre de leurs mandats respectifs et évitent les chevauchements.

La représentante a estimé que les questions des droits de l’homme sont souvent un prétexte que certains Etats avancent pour atteindre d’autres objectifs; ils ouvrent ainsi la voie à l’ingérence étrangère, tout en évoquant la Charte de l’ONU, qui doit pourtant être appliquée sur la base de l’égalité entre les Etats Membres. La représentante a souhaité que la communauté internationale accorde une priorité aux graves violations, telles que les crimes d’occupation étrangère. A cet égard, Mme Haj Ali a cité l’exemple des violations perpétrées par Israël dans les Territoires occupés. Elle a rendu hommage à la résolution adoptée lors de la dernière session extraordinaire de l’Assemblée générale et traitant de ces violations mais a exprimé sa déception à l’encontre de la position négative prise sur cette résolution par certains Etats qui prêchent habituellement la bonne parole sur les droits de l’homme.

Pour ce qui est de la situation en République arabe syrienne, Mme Haj Ali a affirmé que son pays assure la protection et la promotion des droits de l’homme, garantit l’état de droit et respecte les conventions internationales pertinentes tout en accordant une attention particulière aux questions de la femme. Sans la participation de celles-ci, il n’y a pas de prospérité, a-t-elle dit.

M. EDUARDO TAPIA RIEPEL (Chili) a déclaré que le Chili met actuellement en oeuvre d’importants changements destinés à consolider l’état de droit et à renforcer ses institutions démocratiques conformément aux principes qui gouvernent le droit international humanitaire au sein du système des Nations Unies et au sein du système interaméricain. Le représentant a déclaré que les autorités démocratiques chiliennes ont la ferme intention d’avancer vers la réalisation et l’expansion des droits de l’homme et des libertés fondamentales ainsi que de la justice sociale, de la solidarité et de l’égalité pour le peuple chilien dans son ensemble.

Pour garantir à tous un environnement social et international dans lequel les droits consacrés par la Déclaration universelle des droits de l’homme sont pleinement réalisés, la communauté internationale doit prendre en compte les dimensions économique, sociale et culturelle des droits de l’homme. De cette façon, la mise en oeuvre des conventions internationales dans ce domaine contribuera pleinement à garantir la jouissance des droits de l’homme et l’amélioration des conditions de vie de tous. A cet égard, le représentant a insisté sur la nécessité d'intégrer des objectifs sociaux tenant compte des besoins de tous dans le développement.

Le représentant s’est ensuite dit convaincu de la validité universelle des droits de l’homme, qui signifie qu’il faut accepter la dignité de tous les habitants de la planète, quels que soient leur culture, religion, statut social, origine ethnique, sexe ou traditions. Ni les retards de développement ni les particularités culturelles ne peuvent être invoquées pour justifier les limitations de droits humains reconnus par la Déclaration universelle des droits de l’homme, par le Pacte international des droits civils et politiques et par les conventions relatives à la promotion et à la protection des droits de l’homme.

M. AUGUSTUS MUSENGA (Rwanda) a déclaré que son pays, qui a ratifié la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, comme une majorité d'Etats, a connu un génocide au cours duquel plus d’un million de personnes ont été tuées en quelques 90 jours. Fustigeant la communauté internationale pour son indifférence pendant ces événements, il a estimé que celle-ci a le devoir d’intervenir dans de tels cas. Le représentant a ajouté que même si ce qui s’est passé au Rwanda ne peut plus être changé, des leçons utiles peuvent en être tirées. M. Musenga a indiqué que l’impunité ne doit pas être tolérée.

Le Rwanda remercie la communauté internationale pour l’établissement du Tribunal pénal international pour le Rwanda et le gouvernement et le peuple rwandais attendent avec impatience que justice soit faite, a poursuivi le représentant. Il a déclaré que son Gouvernement a, entre autres améliorations apportées, renforcé le système judiciaire, formé des juges, créé une police nationale et accordé une grande importance à la protection et la promotion des droits des femmes et des filles, en veillant aux aspects sexospécifiques de ces réformes. Il a ajouté que son pays vit actuellement un processus de démocratisation et de décentralisation, et que les prochaines élections seront à bulletin secret. Par ailleurs, M. Musenga a rappelé qu’une Commission d’unité et de réconciliation nationale a été constituée la semaine dernière lors d’un sommet où quelques 600 délégués ont participé, y compris le président sud-africain Thabo Mbeki.

M. JANIS PRIEDKALNS (Lettonie) a déclaré que la législation lettone récente facilite l’intégration dans la société de la Lettonie. Les lois sur la langue officielle, l’éducation et les médias publics sont d’importants éléments dans ce processus d’intégration. La contribution des organisations non gouvernementales, des institutions académiques et des organes d’expert est croissante. La participation du Programme des Nations Unies pour le développement (PNDUD) à la mise en oeuvre des objectifs de l’intégration est également importante. Le représentant a indiqué que le Gouvernement letton soutient les écoles dispensant des enseignements dans les langues des minorités, conformément à ses obligations dans le domaine des droits de l’homme. Il a indiqué que l’éducation publique est dispensée en huit langues minoritaires : le russe, le polonais, le “juif”, l’ukrainien, le lituanien, le rom et le biélorusse. Le représentant a ajouté que le pouvoir judiciaire est indépendant et qu’il n’y a pas d’ingérence du pouvoir exécutif. Toutes les personnes sont égales devant la loi. Les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et de génocide font l’objet d’enquêtes quelle que soit l’idéologie ou l’origine ethnique des personnes qui les ont perpétrés. Le représentant a réfuté les allégations sur les questions des droits de l’homme en Lettonie proférées par la délégation de la Fédération de Russie devant la Commission au début du mois d’octobre. Ces allégations ont été réfutées dans le document A/55/776, a-t-il souligné.

M. NOUHOUM SANGARE (Mali), évoquant la problématique fondamentale de la coopération internationale pour la promotion et le respect des droits de l'homme, a déclaré que la communauté est mise face à un arbitrage. En effet, elle doit d'une part rappeler les droits de l'homme en les réaffirmant et d'autre part aider les Etats à les mettre en œuvre, en veillant en même temps à assurer un contrôle rigoureux du processus, ce qui pose la question de l'éthique et de l'efficacité des sanctions pour atteinte aux droits de l'homme.

M. Sangaré a également déclaré que l'appauvrissement économique, l'effondrement de la cohésion nationale et le développement de l'identité ethnique et clanique, ainsi que les détournements de ressources nationales conduisent à une dégénérescence des institutions. C'est pourquoi il est nécessaire de renforcer, en priorité, les capacités nationales et de prévenir la dégradation des conditions socioéconomiques et des situations conflictuelles. Car seul un Etat qui contrôle son territoire, maintient l'ordre et se soumet lui-même au droit peut réellement assumer ses prérogatives démocratiques et assurer le respect des droits de l'homme. C'est pourquoi le système des Nations Unies doit s'adapter au traitement des causes multiples et complexes de la défaillance des Etats en créant des synergies entre les contributions sectorielles nécessaires à l'obtention de plus-values politiques. Dans cette tâche, le rôle des ONG et des associations de défense des droits de l'homme qui possèdent des expertises plus professionnelles et plus réelles doit être renforcé puisqu'elles réalisent la majorité des projets pour maximiser l'efficacité des mécanismes d'avant-garde et de vigilance. Sans ces soutiens extérieurs, il est à craindre que ces droits ne restent purement formels dans un grand nombre de régions dont l'Afrique.

En réponse à ces questions, le représentant a rappelé que le Mali a adopté depuis le 25 février 1992 une constitution consacrant le caractère démocratique, républicain et laïque de son Etat et garantissant toutes les libertés dites fondamentales pour la personne.

MME KERSTIN TRONE (Fonds des Nations Unies pour la population) a rappelé que le Programme d'action de la Conférence mondiale de 1994 sur la population et le développement, qui a établi que les droits relatifs à la procréation sont une composante intrinsèque des droits de l'homme, a été accepté par 179 pays et repris dans de nombreuses conférences internationales par la suite. Aujourd'hui, ces droits sont reconnus au niveau mondial et considérés comme essentiels à la promotion des femmes et du développement. Ainsi, des lois interdisant les mutilations génitales ont été adoptées dans plusieurs pays d'Afrique, et de nombreux pays ont mis en oeuvre des politiques publiques visant à protéger les droits de la femme. La santé génésique des adolescentes reçoit également une attention spéciale de la part des décideurs et du corps médical.

Mais si des progrès ont été accomplis dans de nombreux domaines, Mme Trone a regretté que les droits relatifs à la sexualité et à la santé génésique soient encore largement bafoués et que le trafic des femmes et des petites filles ait encore cours. C'est pourquoi le FNUAP redouble d'efforts afin de mettre en oeuvre les instruments relatifs aux droits de l'homme, en mettant l'accent sur le respect des droits relatifs à la sexualité et à la santé génésique. Ainsi, le FNUAP plaide pour que ces droits soient intégrés dans tous les traités concernant les droits de l'homme. Il soutient également des partenariats de surveillance des violations des droits relatifs à la procréation. Par ailleurs, il a intensifié sa collaboration avec la Commission pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Il contribue également à la préparation de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et toutes les formes d'intolérance qui lui sont associées.

Droits de réponse

Le représentant de la République démocratique populaire lao a regretté les commentaires faits hier par le représentant de la France au nom de l’Union européenne sur la République lao et a estimé qu’il ne les a pas faits dans l’assemblée appropriée. Il a rappelé que l’histoire de son pays a connu des périodes “amères” dues à la domination étrangère, à la colonisation et au néocolonialisme. Pendant ces périodes, les Lao se sont battus pour leurs droits humains les plus fondamentaux, dont le plus sacré est le droit à l’indépendance et à la paix.

Le représentant a ajouté que, lorsque les gens sont pauvres, ils ne pensent qu’à remplir leur estomac. Il a estimé qu’en tant que guide, on doit d’abord se préoccuper du bien-être des siens et que, suivant ce principe, le Gouvernement lao accorde une grande importance à la vie matérielle et spirituelle du peuple lao. Depuis 1986, le Gouvernement a mis en oeuvre une politique de réformes ayant pour objectif l’expansion des différents secteurs économiques. En même temps, le Gouvernement a lancé une politique visant à établir le règne du droit, qui a abouti à l’adoption de la première Constitution et de la première législation lao en 1991. Cette constitution garantit tous les droits humains et les libertés fondamentales du peuple lao dans ses articles 21 à 32. Le représentant a ensuite annoncé que la République lao fêtera son 25eme anniversaire le 2 décembre 2000 et que le Gouvernement lao est fier de ce qu’il a accompli pour son peuple. Il s’est déclaré convaincu qu’il faut respecter les droits du droit d’autrui à choisir un système politique et une voie de développement en toute indépendance, et que toute opération dans le domaine des droits de l’homme doit être conduite dans le plein respect de l’indépendance nationale et de la souveraineté des Etats.

Souhaitant réagir aux allégations de la Nouvelle Zélande sur le manque de coopération du Gouvernement iraquien avec le programme “Pétrole contre nourriture”, le représentant de l’Iraq a indiqué que ces propos contredisent les déclarations du Secrétaire général contenues dans le document S/2000/855, paragraphes 47 et 49. Le représentant a rappelé que dans ce document, le Secrétaire général s’est plutôt félicité de la coopération de l’Iraq avec le programme cité. Il a affirmé que le représentant de la Nouvelle-Zélande aurait dû demander que l’embargo soit levé pour que les 22 millions d’Iraquiens cessent de souffrir des conséquences des sanctions.

Le représentant du Soudan a regretté les commentaires faits ce matin par la délégation de la Nouvelle Zélande au sujet de la situation des droits de l’homme dans son pays qui, a-t-il estimé, manquaient d’objectivité. Il a réaffrimé que le Gouvernement du Soudan est favorable à un cessez-le-feu complet et est allé jusqu’à déclarer un cessez-le-feu unilatéral.

Critiquant les déclarations faites sur la situation des droits de l’homme dans son pays par les délégations de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie et de la Norvège, le représentant de la Chine a qualifié leurs propos de "commentaires irresponsables". Le représentant a rappelé qu’après de longues années de lutte afin de gagner leur liberté, les Chinois sont devenus maîtres de leur propre pays. Il a ajouté que tous les droits humains sont ancrés dans la législation chinoise. Le représentant a tenu à dire avec insistance que la tendance qui veut que l’on utilise l’ONU pour formuler des critiques contre les autres pays en fermant les yeux sur les violations dans son propre pays empoisonne l’atmosphère. Il a récusé cette pratique.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.