AG/1083

L'ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE UNE RESOLUTION PAR LAQUELLE ELLE CONDAMNE LA VIOLENCE A JERUSALEM ET DANS LES TERRITOIRES PALESTINIENS OCCUPES

20 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/1083


L’ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE UNE RESOLUTION PAR LAQUELLE ELLE CONDAMNE LA VIOLENCE A JERUSALEM ET DANS LES TERRITOIRES PALESTINIENS OCCUPES

20001020

L’Assemblée générale condamne la violence qui s’est déchaînée le 28 septembre 2000 et les jours qui ont suivi dans Haram al-Charif et dans d’autres Lieux saints à Jérusalem, ainsi que dans d’autres endroits du territoire palestinien occupé, faisant plus de cent morts parmi les civils palestiniens dans la très grande majorité des cas. Tel est l'un des paragraphes de la résolution (A/ES-10/L.6) qu’elle a adoptée ce soir au cours de la reprise de sa session extraordinaire d’urgence consacrée aux mesures illégales prises par les autorités israéliennes à Jérusalem-Est occupée ainsi que dans le reste du Territoire palestinien occupé.

Par cette résolution, présentée par le représentant de l’Egypte et adoptée par 92 voix pour, 6 voix contre (Israël, Iles Marshall, Micronésie, Nauru, Tuvalu, Etats-Unis) et 46 abstentions, l’Assemblée exige qu’il soit immédiatement mis fin à la violence et à l’emploi de la force; elle demande aux parties de s’employer immédiatement à rapporter toutes les mesures prises en l’espèce depuis le 28 septembre 2000 et constate qu’elles ont déjà pris des dispositions à cet effet depuis le Sommet de Charm el-Cheikh. Elle exige en outre qu’Israël, puissance occupante, s’acquitte scrupuleusement de ses obligations juridiques et des responsabilités qui lui incombent en vertu de la Quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949 qui est applicable à tous les territoires occupés par Israël depuis 1967.

L’Assemblée appuie les efforts qu’accomplit le Secrétaire général, en vue notamment de la mise en place de la commission susmentionnée et demande qu'il lui rende compte des progrès qui seront faits à cet égard.

L’Assemblée avait auparavant entendu le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies qui rendait compte de sa mission au Moyen-Orient. Selon M. Kofi Annan, “les Accords de Charm el-Cheikh ont évité la catastrophe et permis la reprise du processus de paix. Il est essentiel qu’ils soient appliqués honnêtement et dans leur intégralité”. Il a engagé l’ensemble de la communauté internationale à faire preuve de retenue dans ses propos. “Les mots peuvent enflammer ou calmer ; il est nécessaire de retrouver le calme et la quiétude afin de créer la meilleure atmosphère possible pour la reprise des pourparlers de paix”.

Ce plaidoyer a été repris par de nombreux intervenants qui ont estimé qu’il fallait “éviter la rhétorique de la confrontation” ou encore “se rendre compte que le langage peut être aussi une violence”.

De nombreuses délégations ont défendu le point de vue qu’il ne saurait y avoir de paix durable au Moyen-Orient sans règlement politique. Des appels ont à nouveau été lancés pour qu’Israël se conforme aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et qu’il mette fin à son occupation des territoires palestiniens. “La paix ne sera possible que lorsque existera un Etat palestinien indépendant” a-t-il été notamment déclaré. “La session extraordinaire se justifie d'autant plus que le Conseil de sécurité a renoncé à se saisir de cette question” a également estimé un délégué.

Cinquante-six orateurs ont pris la parole au cours de cette session extraordinaire d’urgence. Sont intervenus Le Ministre des affaires étrangères du Bangladesh ainsi que les représentants des pays suivants: Egypte, Cuba, Fédération de Russie, Malaisie, Algérie, Emirats arabes unis, Tunisie, Bélarus, Indonésie, Argentine, Yémen, Chine, Australie, République islamique d’Iran, Pakistan, Botswana, Brunéi Darussalam, Qatar, Nouvelle-Zélande, Koweït, Maldives, Oman, Viet Nam, Jamahiriya arabe libyenne, Guyana, Colombie, Equateur, Singapour, Canada, Pérou, Arabie Saoudite, Namibie, Japon, Iraq, Chili, Brésil, Jordanie, Bahreïn, Sri Lanka, Inde, Jamaïque, Chypre, Syrie, Maroc, Soudan, Norvège, Micronésie, Comores et Maurice. L’Observateur permanent de la Suisse a également pris la parole. L’Observateur permanent de l’Ordre militaire souverain de Malte a fait une déclaration.

Les représentants de la Turquie, de la République islamique d’Iran, de la France, de la Syrie, du Brésil (au nom du Mercosur) et de la Norvège ont donné des explications de vote. Le représentant d’Israël et l’Observateur permanent de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.

L’Assemblée générale se réunira à nouveau en séance plénière le mercredi 25 octobre à 15 heures et examinera les deux points suivants de son ordre du jour: coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, et coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Comité consultatif juridique afro-asiatique.

MESURES ILLEGALES PRISES PAR LES AUTORITES ISRAELIENNES A JERUSALEM-EST OCCUPEE AINSI QUE DANS LE RESTE DU TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPE

Texte de la résolution (A/ES-10/L.6)

L’Assemblée générale,

Réaffirmant les résolutions de sa dixième session extraordinaire d’urgence, ainsi que la nécessité d’en assurer l’application intégrale,

Se félicitant de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1322 (2000), en date du 7 octobre 2000, et soulignant la nécessité impérieuse d’en faire pleinement appliquer les dispositions,

Se déclarant profondément préoccupée par la visite provocatrice faite à Al-Haram Al-Charif le 28 septembre 2000, ainsi que par les événements tragiques qui se sont ensuivis à Jérusalem-Est occupée et dans d’autres endroits du territoire palestinien occupé, faisant des morts et des blessés en grand nombre, principalement parmi les civils palestiniens,

Se déclarant profondément préoccupée également par les affrontements entre l’armée israélienne et la police palestinienne, ainsi que par les pertes subies de part et d’autre,

Réaffirmant qu’une solution juste et durable au conflit arabo-israélien doit être fondée sur les résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de sécurité, en date des 22 novembre 1967 et 22 octobre 1973, respectivement, moyennant un processus actif de négociation qui tienne compte du droit à la sécurité de tous les États de la région ainsi que des droits légitimes du peuple palestinien, y compris son droit à l’autodétermination,

Appuyant le processus de paix au Moyen-Orient, ainsi que les efforts accomplis en vue de parvenir à un règlement définitif entre les parties israélienne et palestinienne, et adjurant l’une et l’autre d’apporter leur concours à ces efforts,

Réaffirmant la nécessité de faire en sorte que les Lieux saints de la ville de Jérusalem soient pleinement respectés par tous, et condamnant tout comportement contraire à cet impératif,

Réaffirmant également la nécessité de faire en sorte que les Lieux saints dans le reste du territoire palestinien occupé, ainsi qu’en Israël, soient pleinement respectés par tous, et condamnant tout comportement contraire à cet impératif,

Résolue à faire respecter les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, le droit international humanitaire et tous les autres instruments du droit international, de même que les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité,

Rappelant la responsabilité permanente qui incombe à l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est de la question de Palestine, jusqu’à ce que celle-ci soit réglée sous tous ses aspects,

Consciente des graves dangers que portent en elles les violations persistantes et graves de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, ainsi que des responsabilités qui en découlent,

Soulignant la nécessité pressante d’assurer la protection des civils palestiniens dans le territoire palestinien occupé,

Prenant acte de la tenue le 15 juillet 1999 à l’Office de l’Organisation des Nations Unies à Genève d’une première Conférence des Hautes Parties contractantes à la Convention de Genève sur les mesures à prendre pour imposer la Convention dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et accueillant avec satisfaction la déclaration adoptée à cette occasion,

1.Condamne la violence qui s’est déchaînée le 28 septembre 2000 et les jours qui ont suivi dans Al-Haram Al-Charif et dans d’autres Lieux saints à Jérusalem, ainsi que dans d’autres endroits du territoire palestinien occupé, faisant plus de 100 morts, parmi les civils palestiniens dans la très grande majorité des cas, ainsi que de nombreuses autres victimes;

2.Condamne également les actes de violence, en particulier l’emploi excessif de la force auquel les forces israéliennes ont recours contre des civils palestiniens;

3.Appuie les accords intervenus lors du sommet réuni à Charm al-Cheikh (Égypte), et conjure toutes les parties concernées d’y donner suite avec honnêteté et sans attendre;

4.Exige qu’il soit immédiatement mis fin à la violence et à l’emploi de la force, demande aux parties de s’employer immédiatement à rapporter toutes les mesures prises en l’espèce depuis le 28 septembre 2000, et constate qu’elles ont déjà pris des dispositions à cet effet depuis le Sommet de Charm al-Cheikh;

5.Réaffirme que les colonies de peuplement israéliennes dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, sont illégales et font obstacle à la paix, et demande que le nécessaire soit fait pour prévenir les actes de violence illégaux des colons israéliens;

6.Exige qu’Israël, puissance occupante, s’acquitte scrupuleusement de ses obligations juridiques et des responsabilités qui lui incombent en vertu de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, qui est applicable à tous les territoires occupés par Israël depuis 1967;

7.Se déclare résolument en faveur de la mise en place d’un dispositif d’enquête sur les événements tragiques de ces derniers temps, l’objectif visé étant d’établir précisément les faits et d’empêcher que ces événements ne se reproduisent, ainsi, à cet égard, que de l’accord intervenu à Charm al-Cheikh touchant une commission d’enquête, et demande que celle-ci soit constituée sans tarder;

8.Appuie les efforts qu’accomplit le Secrétaire général, en vue notamment de la mise en place de la commission susmentionnée, et demande qu’il lui rende compte des progrès qui seront faits à cet égard;

9.Demande aux membres du Conseil de sécurité de suivre de près l’évolution de la situation, notamment l’application de la résolution 1322 (2000) du 7 octobre 2000, conformément à la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales qui lui incombe;

10.Invite le dépositaire de la quatrième Convention de Genève à s’enquérir de l’évolution de la situation humanitaire sur le terrain, conformément à la déclaration adoptée le 15 juillet 1999 par la Conférence susmentionnée des Hautes Parties contractantes à la Convention, en vue de faire respecter la Convention en toutes circonstances, conformément à l’article premier commun aux quatre Conventions;

11.Appuie les efforts tendant à la reprise des négociations israélo-palestiniennes sur la base convenue dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient, et demande que soit rapidement conclu l’accord sur le règlement définitif entre les deux parties;

12.Décide de clore à titre provisoire la dixième session extraordinaire d’urgence et d’autoriser le Président de l’Assemblée générale du moment à reprendre les séances sur la demande des États Membres

Déclaration du Secrétaire général

Evoquant sa mission au Moyen-Orient, M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l’ONU, a indiqué que le but principal de sa démarche avait été de tenter d’aider Israéliens et Palestiniens à trouver une solution à la crise actuelle et à parvenir à un accord incluant les éléments suivants: désengagement, fin de la violence et normalisation de la situation; reprise du processus de paix; et mise en place d’un mécanisme d’établissement des faits sur les événements tragiques récents et les moyens d’éviter qu’ils se reproduisent. A cette fin, a-t-il déclaré, j’ai participé, sur une période de dix jours, à une série de réunions avec le Premier Ministre Barak à Tel-Aviv et Jérusalem, et avec le Président Arafat à Gaza. D'autre part, j’ai assisté au Sommet de Charm el-Cheikh, présidé conjointement par les Présidents Moubarak et Clinton. Je me suis en outre rendu au Liban pour parler de questions régionales ainsi que de la capture de trois soldats israéliens dans le Golan occupé.

Tout au long de ma visite, a précisé le Secrétaire général, la situation sur le terrain à Jérusalem, en Cisjordanie et Gaza restait extrêmement tendue. Alors que je me trouvais dans la région, plus de cinquante Palestiniens, ont été tués et deux réservistes israéliens ont été lynchés à Ramallah. Les sentiments étaient exacerbés des deux côtés et il y avait un réel danger que la situation devienne réellement incontrôlable. J’ai ressenti des deux côtés une extrême méfiance quant aux intentions réciproques. Les uns et les autres tenaient, en public comme en privé, le langage de la guerre. C’est dans ce contexte que se situaient mes efforts de paix. De mon point de vue, nous nous trouvions au bord de l’abîme.

Le Secrétaire général a indiqué que son premier objectif a été d’obtenir des deux dirigeants qu’ils lancent publiquement des appels au calme à leurs populations respectives et qu’ils indiquent les mesures spécifiques qu’ils envisageaient pour relâcher la tension. Malheureusement, il est apparu que la rapide détérioration de la situation des deux côtés rendait impossible de part et d’autre des déclarations pouvant être jugées conciliantes. Lors de consultations avec les Présidents Clinton et Moubarak, j’ai mis alors toute mon énergie à persuader le Premier Ministre Barak et le Président Arafat d’assister au Sommet qui devait se tenir à Charm el-Cheikh.

Le Sommet lui-même reflétait l’atmosphère et les événements qui l’avaient provoqué, a déclaré le Secrétaire général. Le manque de confiance entre les deux parties était évident, l’émotion extrême et, à certains moments, le déroulement même du Sommet est devenu difficile. Par moments, le fossé semblait infranchissable. Pourtant, je continuais à penser qu’il était possible de parvenir à un accord. Car en dernière instance, la paix reste la seule option stratégique pour Israël et les Palestiniens. A ce stade, je voudrais de tout mon cœur rendre hommage au Président Clinton. Il est sorti d’un vol de nuit pour immédiatement plonger dans l’action. Il a travaillé sans interruption pendant les 28 heures qui ont suivi, tard dans la nuit et jusqu’au petit matin. C’est largement grâce à ses efforts personnels qu’il a pu annoncer, le 17 octobre, que le Premier Ministre Barak et le Président Arafat étaient parvenus à un accord sur les trois objectifs de base et sur les étapes pour y parvenir.

Ce qui a été accepté à Charm el-Cheikh peut se résumer ainsi, a rappelé le Secrétaire général. Tout d’abord, les deux côtés ont accepté de déclarer publiquement et sans équivoque qu’il fallait mettre fin à la violence. Ils ont aussi accepté de prendre des mesures concrètes pour en finir avec la confrontation en cours, éliminer les points de friction, mettre un terme aux incitations à la violence, maintenir le calme et empêcher que se reproduisent les événements récents. En deuxième lieu, il a été convenu que les Etats-Unis mettraient en place, avec les Israéliens et les Palestiniens, et en consultation avec le Secrétaire général des Nations Unies, une Commission d'enquête sur les événements des semaines écoulées et sur la façon d’empêcher qu’ils se reproduisent. Le Président des Etats-Unis, le Secrétaire général et les parties prendraient connaissance du rapport avant sa publication. Un rapport final sera soumis sous les auspices du Président des Etats-Unis pour publication. Troisièmement, il a été convenu qu’il fallait reprendre le chemin des négociations et déployer de nouveaux efforts pour parvenir à un accord sur un statut permanent, fondé sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité.

De mon point de vue, ces accords ont évité la catastrophe et permis la reprise du processus de paix, a fait valoir le Secrétaire général. Il est essentiel qu’ils soient appliqués honnêtement et dans leur intégralité. Les événements des semaines passées ont soulevé de vives émotions. Je suis moi-même vivement ému par ce qui s’est produit. Toute vie perdue est à mes yeux une tragédie humaine et la vie des hommes a pour moi la même valeur. Je crois que vous tous au sein de l’Assemblée générale pouvez faire la différence et je souhaite vous rappeler que les mots peuvent enflammer ou calmer et qu’il est nécessaire de retrouver le calme et la quiétude afin de créer la meilleure atmosphère possible pour la reprise des pourparlers de paix.

Déclarations

M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a remercié le Secrétaire général pour le rôle qu'il a joué pour tenter de désamorcer la crise qui menace non seulement les territoires occupés palestiniens mais aussi la sécurité de l'ensemble du Moyen- Orient. La présente session se justifie d'autant plus que le Conseil de sécurité a renoncé à se saisir de cette question. Il a considéré que les bombardements israéliens sur des villes palestiniennes, le 12 octobre dernier, ne constituent pas une bagatelle et s'est interrogé sur la réaction qu'aurait eu le Conseil de sécurité si cela s'était produit entre deux Etats voisins Membres de l'ONU. Le Conseil aurait, conformément aux dispositions de la Charte, contraint dans ce cas l'agresseur, y compris en ayant recours à la force si nécessaire, d'indemniser les victimes de cette agression et traduire en justice ses responsables. Considérant que la Palestine n'est pas encore un Etat Membre, il a estimé que cette agression honteuse et perpétrée par une puissance occupante sur des populations sans défense tombe sous le coût du droit humanitaire et de la quatrième Convention de Genève. Il a appelé l'Assemblée générale à faire triompher les valeurs humanitaires et de justice en condamnant les actions d'Israël et en le contraignant à mettre un terme à cette agression. Le cœur du problème est l'occupation par Israël de territoires palestiniens, a-t-il soutenu, tout en faisant appel à la communauté internationale afin qu'elle fasse comprendre à Israël que toute solution au conflit passe par le retrait de ses forces des territoires occupés depuis 1967, y compris Jérusalem- Est. Il a jugé qu'Israël devait admettre de verser des réparations au peuple palestinien, accepter le retour des réfugiés et renoncer définitivement au recours à la violence.

Il a déclaré qu'un processus de paix juste et équitable au Moyen-Orient doit répondre à certaines conditions essentielles telles que le retrait d'Israël des terres occupées dans Gaza et en Cisjordanie depuis 1967, la restauration de la souveraineté sur Jérusalem-Est, y compris Haram al-Charif, la cessation des colonies de peuplement israéliennes dans les territoires palestiniens et le développement de relations de bon voisinage et de coopération entre Israéliens et Palestiniens. Il a rappelé les efforts du Président Moubarak en faveur de la recherche d'une solution négociée au conflit israélo-palestinien, notamment le Sommet de Charm el-Cheikh de la semaine dernière. Il a souhaité qu'Israël respecte ses engagements, notamment la levée complète du siège et le retrait de ses armes lourdes des zones palestiniennes.

M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a déclaré que la paix ne sera possible que lorsqu’il existera un Etat palestinien indépendant avec comme capitale Jérusalem- Est, et lorsque tous les territoires occupés auront été restitués, y compris le Golan syrien. Tant que le Gouvernement israélien maintiendra sa politique d’occupation coloniale et de violation massive, continue et systématique des droits inaliénables du peuple palestinien et tant qu’il tolérera que les forces extrémistes de droite imposent leurs desiderata, la paix ne sera pas possible. Le représentant a déclaré qu’il était maintenant difficile d’assurer que le processus de paix survivra à cette crise. Les forces militaires d'Israël se sont engagées dans une répression sauvage en violation flagrante du droit international humanitaire et de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre. M. Rodriguez Parrilla a déclaré que les derniers accords signés à Charm el-Cheikh semblent être précaires et espère que le prochain Sommet des pays arabes qui s’ouvrira demain au Caire permettra d’apporter une solution à la crise.

M. Rodriguez Parrilla a rappelé que des dizaines de fois, l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité se sont réunis au sujet de la Palestine. Mais les résolutions adoptées, et plus particulièrement les 242(1967) et 338(1973), n’ont pas été appliquées. Il a évoqué la paralysie actuelle du Conseil de sécurité, due notamment au privilège despotique et obsolète du droit de veto et déclaré que la paix nécessite que les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité soient appliquées.

M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a rappelé le rôle actif de la Fédération de Russie dans la recherche de la paix et la participation du Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie aux consultations d’urgence qui se sont tenues au Moyen-Orient pendant la crise. Il a souhaité que les Accords de Charm el-Cheikh mettent fin aux affrontements sanglants et permettent de stabiliser la région. Il importe que les parties respectent les engagements pris, permettent le travail sans entrave de la Commission d'enquête et reprennent le processus de paix. Le dialogue est la seule façon d’atteindre un règlement global et juste dans la région, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité, a-t- il ajouté.

M. Lavrov a déclaré qu’il est nécessaire de mener les négociations de paix simultanément sur la Palestine, la Syrie et le Liban. En tant que coparrain du processus de paix, la Fédération de Russie a précisé qu’elle continuerait à agir conformément au mandat de la Conférence de Madrid et aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité. Elle a par ailleurs souligné être disposée à coopérer avec tous les pays concernés par l’établissement de la paix au Moyen-Orient. Enfin, M. Lavrov a souhaité que le prochain sommet des pays arabes au Caire sera l’occasion de consolider la paix et d’avancer sur la voie d’un règlement global des conflits au Moyen-Orient.

M. ABUL HASAN CHOWDHURY, Ministre d’Etat aux affaires étrangères du Bangladesh, a rendu hommage au Secrétaire général pour les efforts diplomatiques qu’il a déployés en faveur de la tenue d’un Sommet d’urgence à Charm el-Cheikh. Il s’est félicité des efforts du Président Clinton et du Président Hosni Moubarak avant et pendant le Sommet pour mettre un terme à la violence en Palestine. Il y a vingt-six ans, le Président du Bangladesh, Cheikh Mujibur Rahman, avait exprimé devant cette auguste Assemblée son appui sans réserve à la cause juste et légitime de la Palestine et à la paix au Moyen-Orient. Cet engagement a été réaffirmé par le Gouvernement actuel. Le Bangladesh condamne fermement l’escalade de la violence et le recours excessif à la force par les troupes israéliennes contre des civils palestiniens. Au moment où le processus de paix traverse une période cruciale, un dirigeant israélien, par sa provocation préméditée, a menacé de compromettre l’ensemble du processus. La délégation du Bangladesh adresse ses profondes condoléances aux familles des victimes. Elle appelle en outre à la création d’un mécanisme approprié pour établir les faits, y compris la violation éventuelle de la Convention de Genève et pour traduire en justice les responsables. M. Chowdhury prie instamment toutes les parties de faire preuve de la plus grande prudence et de retenue, de s’abstenir d’actes de provocation ainsi que de déployer tous les efforts nécessaires pour restaurer le calme. De l’avis de sa délégation, le cycle de la violence dans la région ne peut prendre fin que par le biais d’un accord de paix juste et global fondé sur les résolutions pertinentes des Nations Unies et les différents accords internationaux signés par les parties concernées. A cet égard, M. Chowdhury a souligné la nécessité de mettre en œuvre immédiatement et pleinement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 1322 (2000).

M. HASMY AGAM (Malaisie) s'est félicité de la tenue de cette dixième session extraordinaire d'urgence et de la contribution du Secrétaire général et des Nations Unies à la recherche d'une solution pacifique au conflit du Moyen-Orient. Il est normal, a-t-il dit, que les Nations Unies soient impliquées dans le processus de paix au Moyen-Orient, y compris dans le règlement de la question palestinienne. Les Etats Membres quant à eux, ne peuvent demeurer neutres face à une violation continue des droits du peuple palestinien. Il a souhaité que l'Accord intervenu à Charm el-Cheikh soit mis en œuvre afin de mettre fin à l'escalade de la violence, mais il a rappelé que le but de la présente session était, pour les Etats Membres, de s'exprimer sur la situation au Moyen-Orient de recommander des mesures à prendre et inciter Israël à tenir compte de la teneur des débats au sein de l'Assemblée générale.

Il a estimé que la réaction israélienne était disproportionnée face aux manifestants palestiniens et a souhaité qu’Israël traduise en justice les responsables de cette explosion de violence, rappelant que ces violations relevaient du droit humanitaire et de la Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre. Il a souhaité qu'une Commission d'enquête soit mise en place de manière impartiale et objective, ajoutant que seul un retrait israélien des zones occupées en territoire palestinien depuis 1967, pourrait favoriser une normalisation de la situation. Il a conclu en appelant Israël à prendre conscience que la poursuite de la violence ne pourrait que conduire à de nouveaux désastres et qu'il était dans son intérêt de parvenir à une solution négociée avec le peuple palestinien.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a rappelé que le Conseil de sécurité a eu, au début de ce mois et à la demande des pays arabes et non alignés, l'occasion de se réunir d'urgence en vue d'examiner cette même question. Après un débat au cours duquel la communauté internationale avait été unanime à dénoncer cette répression et à exiger qu'il y soit mis fin, le Conseil avait adopté, le 7 octobre, une résolution condamnant "le recours excessif à la force contre les Palestiniens" et demandant à "Israël, puissance occupante, de se conformer scrupuleusement aux obligations juridiques et aux responsabilités qui lui incombent en vertu de la quatrième Convention de Genève".

En dépit de cette réprobation générale, Israël a décidé de faire ce qu'elle n'a cessé de faire par le passé, c'est-à-dire ignorer la volonté de la communauté internationale. Loin de cesser, la répression s'est ainsi poursuivie et aggravée puisque des dizaines de Palestiniens, parmi lesquels des écoliers sont tombés sous l'œil des caméras, hachés par les balles des soldats israéliens alors qu'ils n'avaient à opposer à leurs assassins que leurs poings nus et leurs frêles poitrines. Plus grave encore, les autorités d'occupation décidèrent d'opter pour l'escalade en bombardant, en toute impunité, les Bureaux de l'autorité palestinienne, portant un coup peut-être fatal au processus de paix aujourd'hui en lambeaux.

Face à cette guerre disproportionnée, et face aux risques d'embrasement généralisé dont elle est porteuse, les efforts se sont multipliés au cours des derniers jours pour mettre un terme au massacre des populations civiles et à la répression et pour permettre un retour au calme plus propice à la reprise des négociations. M. Baali a rendu un hommage appuyé au Secrétaire général pour avoir pris le risque de se rendre dans cette région et pour avoir, avec courage et

détermination, œuvré avec succès, à réunir les deux parties et à tenter de renouer patiemment et opiniâtrement, le fil du dialogue. Son rapport dense et complet témoigne de l'immensité de la tâche et de la fragilité et du caractère volatile d'une situation qui peut, à tout moment, brutalement basculer et s'engager dans la voie du non-retour.

L'implication du Secrétaire général dans l'apaisement de la tension marque le retour de l'ONU dans le processus de règlement du problème du Moyen-Orient dont, longtemps, elle a été tenue à l'écart, de manière aussi injuste qu'inacceptable, a poursuivi M. Baali. L'Algérie ne peut que s'en réjouir, comme elle se réjouit de l'implication de l'Union européenne.

Aujourd'hui, il importe que les mesures agréées par les parties au conflit soient rapidement et intégralement mises en œuvre. La résolution 1322 du Conseil doit être immédiatement appliquée. Il est donc impérieux que cessent l'usage de la force et l'utilisation des armes contre des civils palestiniens désarmés comme il est essentiel que se retirent, entièrement et au plus tôt, les forces de sécurité israéliennes des villes et villages palestiniens investis et que soit effectivement levé le blocus imposé aux territoires palestiniens, y compris Al Qods Al Charif. Il est également impérieux qu'Israël, puissance occupante, respecte les dispositions de la quatrième Convention de Genève, qu'elle coopère sans réserve ni restriction avec le mécanisme d'investigation agréé par les deux parties et dont le Conseil avait souligné dans sa résolution 1322 la nécessité de la mise en place. Il est, enfin, impérieux que reprenne, lorsque les conditions en auront été réunies, le processus de paix avec pour objectif de parvenir à un règlement juste et définitif du conflit israélo-arabe, fondé sur le principe de la terre contre la paix et sur la légalité internationale, et articulé autour de la pleine réalisation des droits nationaux du peuple palestinien, y compris son droit à l'établissement de son Etat indépendant avec Al Qods Al Charif comme capitale.

M. MOHAMMED J. SAMHAN (Emirats arabes unis) a considéré que, face à la cruelle escalade de violence contre les Palestiniens, la tenue de cette session avait toute son importance. Les pertes infligées, tant humaines que matérielles, par Israël au peuple palestinien s'apparentent à une imposition du statu quo par la force. Il a regretté que les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité soient bafouées par Israël qui privilégie l'escalade de la violence, en pillant et incendiant les propriétés des Palestiniens. Il s’agit incontestablement d’une violation sans précédent du droit humanitaire et de la quatrième Convention de Genève. Le délégué considère que le refus d'Israël de respecter les engagements pris à Charm el-Cheikh, notamment la mise en place d’une Commission d'enquête, traduit sa responsabilité évidente dans le déclenchement des événements. Il a déclaré que son pays tenait le Gouvernement israélien pour responsable des dommages infligés aux Palestiniens et a souhaité que les Nations Unies et la communauté internationale fassent pression sur Israël pour qu'il respecte les engagements pris à Charm el-Cheikh, à savoir, le retrait des armes lourdes des villes palestiniennes, la facilitation du libre passage de l'aide humanitaire et la libération des prisonniers. Il s'est prononcé en faveur de la mise en place rapide d’une Commission d'enquête. Il a conclu en déclarant que les règles internationales devaient être respectées afin que le peuple palestinien puisse un jour disposer d'un Etat.

M. SAID BEN MUSTAFA (Tunisie) a rappelé que suite à la visite du chef du Likoud sur l’Esplanade des Mosquées, les affrontements ont fait plus de 100 victimes. Dans le même temps, l’occupation et la coercition continuent sur le terrain, en flagrante violation de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre. Le représentant de la Tunisie a mentionné que le Rapporteur des droits de l’homme à son retour des territoires occupés a fait état des exactions commises par les Israéliens et a notamment exprimé sa préoccupation face aux actions des colons israéliens et face à leur agressivité envers la population palestinienne.

Estimant qu’il est maintenant essentiel que la communauté internationale fasse respecter les Accords de Charm el-Cheikh pour mettre un terme aux hostilités, il a fait remarquer que la partie israélienne a suspendu la mise en œuvre de l’Accord et continue d’assiéger le territoire palestinien. Il a cependant souligné que les causes du conflit demeurent et que l’occupation est une situation politique qui exige une réponse politique. Il importe donc que la communauté internationale guide le processus de paix vers une solution qui garantira les droits inaliénables et légitimes du peuple palestinien et assurera la mise en œuvre de la quatrième Convention de Genève. Tant que ces questions n’ont pas trouvé d’issue, il importe que l’Assemblée générale reste saisie.

M. SERGEI LING (Bélarus) a estimé que l’Assemblée générale, organe le plus représentatif des Nations Unies, ne pouvait demeurer indifférent face aux aggravations de la situation au Moyen-Orient. Il a souhaité qu’après une série échecs, la réunion de Charm el-Cheikh ouvre de nouvelles opportunités de revitalisation du processus de paix tout en saluant les efforts de tous les participants à ces négociations difficiles. La contribution apportée par l’ONU, représentée par son Secrétaire général, est à cet égard particulièrement significative. Selon M. Ling, seul le retrait complet d’Israël des terres arabes et palestiniennes occupées depuis 1967, y compris la ville de Al Qods Al Charif (Jérusalem) et le Golan syrien occupé, peut permettre d’obtenir une paix véritable et durable. L’établissement d’un Etat palestinien indépendant, avec Al Qods Al Charif pour capitale, ainsi que l’application des résolutions 242, 338 et autres documents du Conseil de sécurité, sont les seules garanties de la paix entre Israël et la Palestine. Le Bélarus ne partage pas le point de vue que la participation des différents organes et institutions des Nations Unies, y compris le Secrétaire général, le Conseil et l’Assemblée générale, peut représenter des obstacles à de futurs progrès. M. Ling a ajouté que les dispositions de la résolution 1322 (2000) devaient être appliquées immédiatement.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a regretté qu’en dépit des nombreuses résolutions adoptées par la session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale conformément à la résolution 377 A (V) de 1950, Israël continue d’ignorer ces décisions. C’est une situation inacceptable pour tout pays de rejeter l’appel lancé par la communauté internationale et, face à une telle condamnation, continuer à prendre des mesures illégales avec impunité. Les dispositions de ces résolutions sont claires. Elles réaffirment, entre autres, la position des Etats Membres sur le statut de Jérusalem et les colonies de peuplement israéliennes tout en réitérant l’application «de jure» de la quatrième Convention de Genève de 1949 et le respect de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Les territoires occupés subissent des actes inadmissibles d’agression tels que la fermeture des points de contrôle et le recours à la force. La communauté internationale ne peut demeurer impassible face à ces actes de provocation. C’est pourquoi, la délégation indonésienne appelle Israël à retirer ses forces immédiatement et inconditionnellement du Territoire palestinien.

La paix ne pourra être instaurée dans la région tant que le peuple palestinien ne sera pas en mesure de réaliser ses aspirations, y compris le droit à l’autodétermination dans un Etat indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale. Pour sa part, l’Indonésie a constamment réaffirmé que le processus de paix doit être fondé sur la pleine mise en œuvre des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et sur le principe de l’échange de la terre contre la paix. Israël devrait cesser d’agir en violation des accords et des engagements pris. Ce n’est que par ce biais que la confiance et le respect mutuels seront établis entre les parties concernées pour surmonter les politiques de répression et d’occupation qui ont marqué plusieurs décennies.

Le représentant a émis l’espoir que les conclusions du Sommet de Charm el-Cheikh des 16 et 17 octobre 2000 permettront de rétablir la paix dans la région. Celles- ci appellent à la cessation immédiate de la violence et du recours à la force, permettant à la sagesse politique de prévaloir. En outre, il est impératif pour le Conseil de sécurité, en tant qu’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, de prendre des mesures immédiates et résolues non seulement pour condamner le recours excessif à la force contre des civils palestiniens sans défense, mais également pour désigner nommément l’agresseur et l’auteur de violences gratuites.

M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a indiqué que son pays avait observé avec beaucoup de préoccupation et de regret les actes de violence qui ont secoué les territoires palestiniens et Israël depuis le 28 septembre dernier. Il a fait observer que les communautés juives et arabes d’Argentine, qui ont répondu à l’appel de son gouvernement, en faveur du prompt rétablissement de la paix au Moyen-Orient, mettent en évidence l’esprit de convivialité pacifique et harmonieux des deux communautés et leur désir de vivre en paix en Argentine.

Il a rappelé la position de son pays qui a toujours reconnu le droit d’Israël de vivre en paix avec ses voisins à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. De la même façon, l’Argentine reconnaît le droit inaliénable du peuple palestinien à l'autodétermination, y compris son droit à la création d’un Etat indépendant et souverain. Le plus tôt ces aspirations seront réalisées et consacrées par un traité, le mieux cela sera pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il déclaré.

Le représentant a fait observer que le processus de paix au Moyen-Orient est entré dans une phase très difficile. Il a lancé un appel à la prudence et a demandé que les émotions pour légitimes qu’elles paraissent, ne favorisent pas la recherche d'un règlement.

M. ABDALLA SALEH AL-ASHTAL (Yémen) a déclaré que le peuple palestinien avait été victime de torture et d'humiliation de la part d'Israël. Considérant que le processus de paix était dans l'impasse, il a jugé que le Gouvernement israélien était responsable de cette escalade de la violence. Il a apporté son soutien à la résolution 1322 du Conseil de sécurité recommandant la mise en place d'une enquête internationale et a approuvé la démarche de la Commission des droits de l'homme qui a décidé, au cours d'une réunion à Genève, la mise en place d’une Commission d'enquête. Il a considéré que le Gouvernement israélien devait respecter les engagements pris à Charm el-Cheikh, à commencer par la mise en place d'une Commission d'enquête. Il a apporté son soutien au projet de résolution de

l'Assemblée générale et souhaité que les résolutions adoptées dans le passé par le Conseil de sécurité soient respectées par Israël. Il a poursuivi en appelant Israël à se retirer de tous les territoires palestiniens occupés depuis 1967 et du Golan syrien et à renoncer à l'usage de la force et de la violence. Il a souhaité que le processus de paix reprenne au plus vite afin de ramener la paix et la stabilité au Moyen-Orient.

M. WANG YINGFAN (Chine) a exprimé l’inquiétude profonde de son pays face à l’escalade et à la dégradation de la situation dans la région du Moyen-Orient. Il a condamné l’usage de la force et a déclaré avoir été choqué par le grand nombre de victimes civiles, y compris des femmes et des enfants. Il a signalé que la Société de la Croix-Rouge de Chine fournissait une assistance d’urgence aux civils palestiniens blessés.

Le représentant de la Chine a déclaré que seul le dialogue permettra d’atteindre une solution pacifique et de stabiliser la paix et la sécurité dans la région et le monde. Tout en se félicitant des négociations de paix qui ont eu lieu à Charm el-Cheikh et des progrès enregistrés, il a regretté toutefois que les affrontements violents continuent et que la situation reste extrêmement tendue. Il a lancé un appel pour mettre fin aux violences et a exhorté les parties au conflit à adopter une voie flexible et pacifique. Enfin, il a réaffirmé le droit inaliénable des Palestiniens à se doter d’un Etat et souhaité que le Sommet arabe du Caire fasse avancer le processus de paix.

MME PENNY A. WENSLEY (Australie) a indiqué que son pays s'est toujours posé la question de savoir si le recours à une session extraordinaire d'urgence peut être de quelque assistance au règlement de la question des territoires occupés. Notre préoccupation est d'autant plus importante que les deux parties s'emploient à mettre en œuvre l'Accord de Charm el-Cheikh, dans le but d'arrêter la violence et les tueries, a-t-elle indiqué, en ajoutant que les négociations directes entre les parties offraient les meilleures perspectives de mettre fin au cycle de la violence. Ce qui permettra la reprise du processus conduisant à un accord complet qui reconnaisse le droit d'Israël d'exister dans des frontières définies et le droit des Palestiniens à une patrie. Il est impératif que les engagements pris à Charm el-Cheikh soient mis en œuvre le plus tôt possible, a-t-elle souligné.

Le processus de paix ne peut pas être abandonné, a-t-elle déclaré, en indiquant qu'il n'y a pas d'alternative, pour les deux parties, à un règlement négocié sur la base des Résolutions 242 et 338 du Conseil et du principe de l'échange "terre contre paix". En dépit des événements récents, l'Accord de Charm el-Cheikh montre que les dirigeants des deux parties restent engagés à résoudre le différend. Elle a déclaré que les dirigeants des deux parties méritent le soutien de leur peuple et de la communauté internationale dans leurs efforts pour construire une paix durable, ainsi que l'opportunité de le faire sans la terreur et la provocation.

M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a déclaré que cette cinquième reprise de la Dixième session extraordinaire de l'Assemblée générale a été provoquée par la politique intransigeante d'Israël consistant à faire complètement fi du droit international et des appels de la communauté internationale afin que soit mis fin à ses actes et pratiques illégales en Palestine occupée, et face à la récente campagne de terreur menée par Israël contre les Palestiniens. Les résolutions adoptées lors de cette session durant les trois dernières années ont sans équivoque condamné Israël pour son refus de reconnaître l’applicabilité des dispositions de la quatrième Convention de Genève aux territoires occupés et de différer aux décisions de cette auguste Assemblée.

En même temps, cette reprise de session recèle une promesse, a estimé le représentant, dans la mesure où elle montre la détermination de l'Assemblée générale de se préoccuper de la question de Palestine. Tout en notant les efforts du Conseil de sécurité marqués par sa résolution 1322 d’octobre 1978, nous regrettons qu'il n'ait pas encore répondu favorablement à l'appel qui lui a été lancé pour la convocation d'une nouvelle réunion afin de prendre des mesures susceptibles de mettre un terme à la violence contre les civils palestiniens, a déclaré M. Hosseinian. La République islamique d'Iran souhaite que le Conseil assure le suivi de sa résolution 1322 et prenne des mesures pour faire face au refus israélien de s'y conformer.

Aujourd'hui encore et malgré les récents efforts visant à mettre fin à la violence, les militaires israéliens ont tué six Palestiniens dans les territoires occupés, a déclaré le représentant. Le retrait par Israël de ses armements lourds et l'exercice d'une certaine retenue dans le recours excessif à la force contre des civils palestiniens désarmés restent des conditions à remplir. En outre, Israël continue de dénier aux Palestiniens le droit de prier à Haram al-Charif, et d’isoler la ville du reste des territoires occupés. Tout cela démontre une fois de plus l'irresponsabilité du régime israélien et l'impossibilité de lui faire confiance.

Il est indispensable, a déclaré M. Hosseinian, que la communauté internationale, représentée par les Nations Unies, examine les massacres commis par les forces israéliennes durant les dernières semaines, avec pour objectif de traduire en justice leurs auteurs et d'empêcher que de tels crimes ne soient de nouveau commis dans l'avenir. Le représentant a fait état sur ce point de la résolution adoptée jeudi à Genève par la Commission des droits de l'homme qui a, entre autres, condamné Israël pour ses violations systématiques des droits de l'homme et a décidé de créer une Commission d'enquête internationale sur la violence dans les territoires occupés.

Les sévères restrictions imposées par le régime israélien aux mouvements de personnes et de biens dans les territoires occupés sont toujours en place, a ajouté le représentant. Ces restrictions constituent des punitions collectives infligées à une population entière et gênent considérablement les efforts entrepris par les peuples arabes et musulmans afin de fournir une assistance médicale d'urgence aux plus de 3 000 Palestiniens blessés par les forces israéliennes. Tous ces actes illégaux constituent une violation totale et préméditée de la quatrième Convention de Genève ainsi que d'un grand nombre de résolutions des Nations Unies et autres instruments du droit international.

Les agissements d’Israël représentent indiscutablement la principale source d'instabilité et d'insécurité dans la région, a affirmé M. Hosseinian. Israël méprise même les obligations librement contractées dans des accords qui, pourtant, lui ont été taillés sur mesure. La question de Palestine reste de la responsabilité des Nations Unies, en tant que seul organe universel représentatif de la communauté internationale. Le seul moyen aujourd'hui de restaurer le calme est d'arrêter la brutale répression exercée contre les Palestiniens par les Sionistes, d'amener l'occupant à se retirer des territoires occupés et de permettre aux Palestiniens de décider librement de leur sort. La communauté internationale devrait faire pression sur Israël pour qu'elle mette fin à des actes qui ont fauché tant de vies précieuses de Palestiniens, a conclu le représentant.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) s’est déclaré préoccupé par le fait que les demandes faites dans la résolution 1322 du Conseil de sécurité, en date du 7 octobre 2000, ne soient pas actuellement respectées. En conséquence de quoi, la situation a continué à se détériorer. Il est impératif de mettre fin à l’utilisation excessive et disproportionnée de la violence contre le peuple palestinien et de garantir le respect par Israël de ses obligations et responsabilités légales en tant que Puissance occupante et conformément à la Quatrième Convention de Genève du 12 août 1949. Le Pakistan soutient l’établissement d’un mécanisme d’enquête, sur les récents événements, pour établir les faits et éviter qu’ils se reproduisent. Tous les efforts doivent être faits, a insisté M. Ahmad, pour la reprise des négociations dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient et sur les bases déjà convenues, et ce, afin d’aboutir à un règlement rapide et final entre les deux parties. Le Pakistan appuie la juste lutte en faveur des droits inaliénables du peuple palestinien. M. Ahmad a rappelé que les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité constituent un cadre juste et viable pour une paix véritable au Moyen-Orient. Et il ne peut y avoir de paix durable, a-t-il ajouté, sans la réalisation des droits légitimes du peuple palestinien, qui incluent la restitution des territoires occupés, l’établissement d’un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale et l’exercice de leur souveraineté sur Haram al-Charif.

M. LEGWAILA J. LEGWAILA (Botswana) a rappelé que l'aspiration des Palestiniens à reprendre possession de leur terre a été déçue pendant trop longtemps, estimant que leur frustration est compréhensible et affirmant que le Botswana soutient et soutiendra toujours leur droit à l'autodétermination dans leur propre pays. De même, a-t-il poursuivi, on ne peut ignorer le fait que les expériences tragiques endurées par le peuple d'Israël influencent leurs actes et leurs dispositions lorsqu’il s'agit de faire la paix avec leurs voisins. Nous n'aiderons en rien le processus de paix si nous pensons qu'il s'agit d'un processus facile pour un Israélien que de faire la paix avec un voisin qu'il a appris à considérer comme un ennemi depuis l'enfance. Le représentant a, par conséquent, affirmé que cette session extraordinaire ne serait utile que si sa raison d'être est d'encourager les Israéliens et les Palestiniens à retourner dans la voie des négociations, à abandonner toute logique de guerre et de destruction.

Le représentant a appelé les deux parties à lutter contre ceux qui plaident en faveur de solutions nihilistes à ce conflit. M. Legwaila a ajouté que les provocations, telles que celles tendant à poursuivre l'établissement de nouvelles colonies dans les territoires occupés ou encore la violence perpétrée dans les Lieux saints par les deux parties sont des actes qui vont à l'encontre du processus de paix. Il a estimé qu'il conviendrait qu'Israël abandonne la pratique provocatrice et inutile tendant à créer des faits accomplis.

M. JOHAN THANI ABDULLAH (Brunéi Darussalam), préoccupé par les récents développements en Palestine, notamment à Jérusalem-Est et à Gaza, a fait remarquer que la situation de ces dernières semaines pouvait saper tous les progrès et efforts réalisés par le passé. Le Brunéi Darussalam considère que la politique d’Israël dans Jérusalem-Est occupée et le reste des territoires occupés est un obstacle à tout progrès véritable du processus de paix. Israël, a estimé le représentant, devrait respecter et mettre en œuvre les engagements, les promesses et les accords conclus au cours des différentes phases du processus de paix et appliquer toutes les résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 1322 adoptée récemment. Le Brunéi Darussalam réitère son soutien et sa solidarité au peuple palestinien dans sa lutte pour une paix durable et pour l’établissement d’un Etat palestinien indépendant.

M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a déclaré que la détérioration rapide de la situation ne menace pas seulement la sécurité au Moyen-Orient mais également d'autres pays du monde. Ces développements ont également contribué à exacerber les opinions. La population des quartiers arabes est fatiguée des délais imposés par les Israéliens dans la mise en œuvre des engagements contenus dans le processus de paix. Cette population commence à nourrir de sérieux doutes quant à la crédibilité de notre Organisation en l'absence de mesures effectives de protection de leurs droits historiques et naturels. Il est donc nécessaire de prendre des mesures urgentes pour assurer la stabilité et la sécurité de la région. La cessation des violations de la part des Israéliens, le respect de la part du Gouvernement israélien des résolutions internationales et l'arrêt des violations des Lieux saints seraient de nature à conduire à ce résultat.

Nous soutenons tout effort visant à restaurer la stabilité et la paix au Moyen- Orient que ce soit par le biais des Nations Unies ou non, à condition que les droits du peuple palestinien soient respectés. Les résultats du Sommet de Charm el-Cheikh sont insuffisants et ne répondent pas aux pleines aspirations du peuple palestinien. Pourtant, s'ils étaient mis en œuvre, ils pourraient constituer la base de la reprise des négociations et permettre de relancer le processus de paix. Pour maintenir la crédibilité des Nations Unies, nous devons prendre des mesures concrètes pour garantir le respect des droits du peuple palestinien, leur protection ainsi que celle des Lieux saints de la ville d'Al Qods Al Charif. C'est la raison pour laquelle nous soutenons le projet de résolution.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a exprimé sa profonde sympathie aux familles endeuillées et aux blessés des deux côtés. La Nouvelle- Zélande a répondu aussitôt à la demande de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient concernant une assistance médicale d’urgence. Le représentant a ajouté que son Gouvernement appuyait fermement les efforts que déploie le Secrétaire général en vue de mettre fin à la violence au Moyen-Orient. Il a accueilli avec satisfaction les engagements pris entre le Président de l’Autorité palestinienne, M. Yasser Arafat, et le Premier Ministre Ehud Barak au Sommet de Charm el-Cheikh. Il faut à présent se fixer comme objectif la mise en œuvre de ces engagements. A cet égard, nous partageons les préoccupations de certaines autres délégations sur l’opportunité de cette session extraordinaire d’urgence et la rhétorique qu’elle engendre.

Le représentant a rappelé que les engagements contractés à Charm el-Cheikh portent notamment sur la mise en place d’une Commission d'enquête sur les évènements de ces dernières semaines et chargée d’explorer les voies et les moyens d’empêcher leur répétition. Personne ne devrait donc préjuger des conclusions de cette commission. S’il devait apparaître qu’aucune des parties n’est innocente, nous ne pouvons cependant pas ignorer l’obligation qu’a Israël en tant que puissance occupante de protéger les vies des civils des territoires qu'elle occupe. Il a souhaité que la Commission d'enquête puisse faire dès que possible son travail et de façon objective car la vérité doit être connue et les responsabilités acceptées. Il a prié les parties de s’engager dans cette voie qui est la seule façon de mettre en œuvre un processus de paix juste et durable dans la région.

M. MANSOUR AL-OTAIBI (Koweït) a souligné que l'objectif de cette session était de réagir aux violations perpétrées par Israël sur les populations civiles palestiniennes. Il a souhaité que les démarches entreprises par la communauté internationale permettent de parvenir à une solution négociée au conflit du Moyen- Orient par un infléchissement des positions israéliennes. Il a appelé le Gouvernement israélien à cesser ses activités illégales en territoire palestinien et souhaité que la communauté internationale et les Nations Unies mettent en place au plus vite une Commission d'enquête sur les événements de ces dernières semaines, car elle seule permettra de ramener les parties en conflit à la table des négociations.

Il a ensuite déclaré que le Gouvernement israélien devait comprendre que la logique de la violence, de l'agression et de défi obstiné lancé au peuple palestinien ne pouvait que retarder la perspective de la paix qui, pour être juste et durable devait reposer sur le respect des règles et engagements internationaux, à commencer par les résolutions du Conseil de sécurité demandant un retrait des forces d'occupation israéliennes des territoires palestiniens occupés depuis 1967 et également du Golan syrien. Il a conclu en souhaitant que la souffrance endurée par le peuple palestinien s'achève par la proclamation d'un Etat indépendant avec Jérusalem comme capitale.

M. HUSSAIN SHIHAB (Maldives) a déclaré que la situation actuelle au Moyen-Orient peut avoir des conséquences désastreuses non seulement pour la région mais également pour la paix et la sécurité dans le monde. Nous avions pourtant été les témoins d’avancées prometteuses dans la voie d’une paix durable de la région qui, il est vrai, n’a guère connu que la violence en raison de la violation du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et de l’occupation de territoires arabes par Israël. Les Maldives ont suivi avec une profonde préoccupation les récents événements du Moyen-Orient qui se sont notamment traduits par un usage disproportionné de la force contre des populations civiles désarmées. Les Maldives condamnent avec force de tels développements. La fureur palestinienne provoquée par la visite à Haram al-Charif de quelques extrémistes israéliens était légitime. La violence avec laquelle Israël y a répondu ne l’était pas. Ne serait-ce que parce que la violence appelle la violence et nourrit l’instabilité et l’insécurité de la région. Les Maldives lancent un appel à la communauté internationale pour qu’elle adopte urgemment les mesures permettant de mettre fin aux provocations et aux agressions israéliennes contre les Palestiniens et de mettre en œuvre les Accords conclus au Sommet de Charm el-Cheikh. Il conviendrait qu’une enquête internationale objective, relative aux faits qui sont récemment intervenus, soit lancée. L’instauration d’une paix juste, dotée de la

légitimité internationale, ne peut être réalisée que par la mise en œuvre des engagements pris par Israël et par un retrait immédiat de tous les territoires occupés, y compris Jérusalem. La poursuite de la politique d’occupation des territoires arabes par Israël et la perpétuation des violations flagrantes des droits du peuple palestinien ne peuvent que mettre en danger le processus de paix.

M. FUAD MUBARAK AL-HINAI (Oman) a estimé que les actions commises par les autorités israéliennes d’occupation contre les civils non armés dans les territoires occupés et l'utilisation de mesures oppressives et de forces militaires pour répondre à la résistance palestinienne contre l'occupation israélienne sont injustifiées. Il a ajouté que ces actions appellent la communauté internationale à prendre une position ferme en condamnant ces actions et en appelant le Gouvernement israélien à mettre fin à la violence et à se conformer à son obligation de mettre en œuvre les résolutions internationales pertinentes. Ce qui a été une surprise, a-t-il déclaré, est la tentative du Gouvernement israélien de faire porter la responsabilité sur l'Autorité nationale palestinienne, en déclarant que le dirigeant palestinien était le provocateur de la violence, au moment où tout le monde savait, et Israël lui-même, que les événements avaient débuté après la provocation faite par le dirigeant du parti Likoud à Haram al-Charif dans la ville Al Qods Al Charif. Il a indiqué que sa délégation est très préoccupée par l'escalade de violence israélienne envers le peuple palestinien et par le fait que le Gouvernement israélien persiste à imposer une politique, qu'il estime être salutaire, consistant à utiliser la force militaire, à tuer, à blesser, et à déplacer des centaines de Palestiniens dont la seule attente est leur droit légitime à la libération de leur territoire occupé.

L'Oman appelle la communauté internationale à assumer pleinement ses responsabilités en protégeant le peuple palestinien et exhorte Israël à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 242 et 338, ainsi qu'à respecter les droits de l'homme et les conventions internationales, en particulier la quatrième Convention de Genève de 1949 relative à la protection des civils en temps de guerre et à respecter ses engagements à l'égard du processus de paix.

M. PHAM BINH MINH (Viet Nam) a rappelé qu'en septembre 1999, la signature du Mémorandum de Charm el-Cheikh venait mettre fin à l'impasse dans laquelle se trouvait le processus de paix au Moyen-Orient et faisait renaître l'espoir d'un règlement final à la question israélo-palestinienne et, au-delà, à la question israélo-arabe dans son ensemble. Il a déploré qu'à peine un an après cette signature, cet espoir soit ruiné par l'irruption d’actes de violence engendrés par la visite provocatrice du 28 septembre, à Haram al-Charif. Le représentant s'est dit profondément ému par la mort injustifiée de plus de 100 innocents et par l'usage excessif de la force par les troupes israéliennes à Jérusalem, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Il a lancé un appel en faveur d'un arrêt immédiat de la violence et de l'usage excessif de la force à l'encontre des Palestiniens, de même qu'au retour à la situation qui prévalait avant la crise actuelle. Il a estimé qu'il incombe à Israël, la Puissance occupante, de respecter ses devoirs et obligations conformément aux dispositions de la quatrième Convention de Genève. A cet égard, il a accueilli avec satisfaction les engagements pris le 17 octobre à Charm el-Cheikh par le Président Yasser Arafat et le Premier Ministre, Ehud Barak, exprimant l'espoir que leur mise en œuvre se fera sans plus attendre. Il a affirmé que ce Sommet de Charm el-Cheikh constitue un pas dans la bonne direction qui tend à apaiser les tensions et à établir les conditions nécessaires à la reprise du processus de paix au Moyen-Orient.

Le représentant a indiqué que le Viet Nam, en tant qu'ancienne colonie, apporte un soutien sans faille à la lutte du peuple palestinien pour l'exercice de ses droits inaliénables, notamment son droit à l'autodétermination, son droit au retour et son droit d'établir un Etat indépendant de Palestine. Il a affirmé que le conflit israélo-arabe ne peut se résoudre pacifiquement sans résolution de la question de la Palestine.

M. ABUZED OMAR DORDA (Jamahiriya arabe libyenne) a demandé que la question de la Palestine soit abordée sous l’angle de la géographie et de l’histoire. Il a engagé les délégués à regarder les cartes d’avant 1947. On n’y trouve pas trace d’Israël. C’est le nom d’un prophète, a-t-il déclaré, mais pas d’une terre. La Palestine, c’est ainsi que l’on a toujours appelé cette terre. Prenons maintenant les dirigeants israéliens: Shimon Pérès vient de Biélorussie; Nétanyahou vient de New York. Si tous les Chrétiens, tous les Musulmans retournaient sur la terre de leur religion, ils devraient tous vivre en Palestine. Cette terre alors devrait appartenir aux croyants de ces religions. La patrie, c’est la terre de ceux qui y vivent. Il faut traiter le problème sous l’angle de l’occupation de la terre sinon on ne trouvera jamais de solution à la question de la Palestine.

Le représentant a cité en exemple les cas de l’Allemagne, du Viet Nam et bientôt de la Corée. Il a estimé que dans tous ces cas, le facteur sociologique avait joué et que ces pays avaient fini par être réunifiés. En ce qui concerne la situation en Palestine, a-t-il fait valoir, nous avons d’un côté, une force d’occupation qui utilise ses armes et ses chars et demande à l’autre partie de ne pas réagir. On parle de violence quand il ne s’agit que d’autodéfense. C’est cette injustice qui a envoyé tous les Palestiniens et tous les Arabes dans les rues. Il faut trouver une solution avant que toute la région arabe n’explose, elle est prête à exploser. La Palestine est occupée, les Palestiniens souffrent. Les implantations juives encerclent la Cisjordanie et Gaza. Plus de 4 millions de Palestiniens ont été obligés de partir. Où est la paix? Comment peut-on espérer la paix?

Nous nous opposons à un occupant venu de partout dans le monde pour occuper la Palestine, a déclaré M. Dorda. Si l’on ne trouve pas une solution, l’équilibre des pouvoirs sera renversé comme en Allemagne, comme en Iran où la rue a fait tomber le despote, comme en Ethiopie où l’Empereur est tombé. Ceux qui ne tiennent pas compte de l’histoire mérite qu’on la leur rappelle.

M. SAMUEL R. INSANALLY (Guyana) a déploré la détérioration de la situation au Moyen-Orient et l’escalade de la violence, mais il s’est déclaré rassuré par les efforts de paix du Secrétaire général et par sa déclaration d’aujourd’hui qui ouvre de nouveaux espoirs en faveur d’un règlement du conflit. Ce règlement doit s’inscrire dans le cadre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des accords conclus entre la Palestine et Israël. Il a exhorté les parties au conflit à reprendre les négociations et l’Assemblée générale à consentir un effort concerté pour garantir la reprise du dialogue.

M. ANDRES FRANCO (Colombie) a déclaré que le Groupe de Rio, au nom duquel il prenait la parole, s’est exprimé à plusieurs reprises et tout récemment encore, sur la situation au Moyen-Orient. S’adressant aux parties concernées, il leur a demandé avec insistance de déployer tous les efforts possibles pour calmer les esprits, éviter tout acte de violence et chercher de nouveau le chemin du dialogue et d’un accord de paix définitif dans la région. C’est avec beaucoup d’espoir que

le Groupe a pris note des résultats du Sommet de Charm el-Cheikh. Il souhaite que l’Accord conclu permette de contribuer au rétablissement du climat de confiance nécessaire à la reprise du processus de paix dans la région.

Le représentant a d’autre part exprimé l’espoir que la présente session extraordinaire d’urgence contribuera à surmonter la situation actuelle et à réactiver le processus de paix. Pour cela, les efforts et la décision prise devront s’attacher à établir les faits, garantir l’arrêt des violences et appuyer la reprise des négociations, en facilitant la mise en place d’un climat propice. M. Franco a conclu en réaffirmant que, sur cette question, il est absolument nécessaire de garantir le respect des principes de la Charte, des normes du droit international humanitaire et de l’application des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.

M. MARIO ALEMAN (Equateur) a déclaré que face aux événements tragiques de Gaza et de Cisjordanie, il est plus que jamais urgent qu’Israël et la Palestine redoublent d´efforts pour que cessent les hostilités. Il a estimé qu’il est nécessaire de replacer ces événements dans le contexte de l’occupation continue des territoires palestiniens et qu’il est urgent d’arriver à une solution juste, globale et définitive en conformité avec les résolutions adoptées par les Nations Unies. L’Equateur a affirmé qu’il reconnaît le droit d’Israël à vivre à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues et que ce même droit doit être reconnu au peuple palestinien. Par ailleurs, la délégation de l’Equateur a mentionné la session spéciale de la Commission des droits de l’homme récemment réunie à Genève et exprimé son inquiétude face à la détérioration de la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés.

MME CHRISTINE LEE (Singapour) a regretté que la situation au Moyen-Orient ait atteint une dimension critique avec l'escalade de la violence de ces dernières semaines. Souhaitant que les engagements pris à Charm el-Cheikh soient respectés, elle a déclaré qu'il fallait poursuivre les efforts pour rétablir la paix; elle a remercié le Secrétaire général pour le rôle essentiel qu'il a joué dans l'organisation de ce Sommet. Rappelant la violence des représailles dont avaient été victimes des populations civiles palestiniennes, la représentante a souhaité qu'une enquête sur ces tragiques événements ait lieu au plus vite, conformément à la résolution 1322 du Conseil de sécurité et aux engagements pris par les parties en conflit à Charm el-Cheikh. Elle a également regretté le lynchage de deux soldats israéliens à Ramallah, mais a noté que l'Autorité palestinienne avait conduit une enquête sur cet événement. La déléguée a appelé les Etats Membres à privilégier une approche objective de cette crise qui ne concerne pas uniquement les Israéliens et les Palestiniens, étant donné que ce conflit risque de s'étendre aux autres Etats de la région. Il est indispensable, a-t-elle dit, que le Conseil de sécurité mette tout en œuvre afin que sa résolution 1322 soit respectée et appliquée et que les partieS en conflit s'en tiennent à la Déclaration adoptée à Charm el-Cheikh. Mme Lee a estimé que le rôle du Secrétaire général et des différents organes des Nations Unies était important dans ce processus. Singapour appuie les efforts déployés, et souhaite que la résolution qui sera adoptée par l'Assemblée générale soit équilibrée et empreinte d’objectivité.

Elle a poursuivi en rappelant d’une part le chemin parcouru depuis sept ans et les Accords d'Oslo et d’autre part souhaité que les deux parties prennent conscience que ce processus était irréversible. Concluant son propos, elle a déclaré que, tout comme Israël a obtenu de ses voisins la reconnaissance de son droit d’exister, les Palestiniens ont, eux aussi, le droit légitime de disposer d'un Etat, et le plus tôt sera le mieux, pour parvenir à la paix et à la sécurité.

M. PAUL HEINBECKER (Canada) a estimé que la situation au Moyen- Orient compromet gravement la sécurité des populations qui y vivent et celle de leurs communautés. Lorsque la politique et le dialogue perdent leurs droits, ce sont les populations qui souffrent, en particulier les enfants. Ces derniers, qui devraient être protégés, et non pas exploités ou persécutés, ont particulièrement souffert au cours de la crise actuelle – le traumatisme de la perte personnelle, la terreur de la violence, la ruine sociale et l’insécurité générale. Le meilleur moyen de rétablir la sécurité commune est de mettre fin au cycle de la violence. Souhaitant à la fois la cessation de la violence et un retour à la table des négociations, le Canada appuie les initiatives qui contribuent à ces objectifs, en particulier le Sommet de Charm el-Cheikh. Le succès des efforts politiques dépendra de la capacité de toutes les parties concernées à accorder la priorité à la sécurité et au bien-être des populations, et ce faisant, à contribuer à restaurer la stabilité et la tolérance dans cette région tourmentée. Exprimant sa gratitude au Secrétaire général et aux Présidents Clinton et Moubarak pour leurs efforts inlassables dans la recherche urgente de la paix au Moyen-Orient, la délégation canadienne estime qu’il n’existe pas d’alternative aux négociations si l’on veut que Palestiniens et Israéliens vivent en paix.

M. JORGE LUIS VALDEZ CARILLO (Pérou) a déclaré que son pays souscrit aux sentiments exprimés dans cette session de l’Assemblée générale et salue le compromis de Charm el-Cheikh. Il a encouragé tous les efforts internationaux visant à faire appliquer les accords de paix et indiqué que le Pérou privilégie le recours à la voie pacifique pour consolider une paix durable et promouvoir le développement. Parce qu’il a connu des différends, maintenant résolus, avec ses voisins, le Pérou sait fort bien que toute négociation exige courage et dévouement. Tel est le prix qu’il faut payer pour la paix. Le délégué a souhaité que les parties respectent les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et a lancé un appel pour que les Lieux saints ne soient pas utilisés à des fins politiques.

M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie Saoudite) a considéré qu'il fallait saisir l'occasion de cette session de l'Assemblée générale pour mettre fin au martyr du peuple palestinien sans défense qui n'a fait que riposter à la profanation de sanctuaires musulmans par des Israéliens. Il a évoqué l'assassinat de cet enfant par des soldats israéliens, retransmis par les médias et estimé qu'il justifiait à lui seul les réactions violentes du peuple palestinien qui vit la frustration de l'occupation depuis des décennies. Ajoutant qu'Israël avait le devoir de protéger les sanctuaires musulmans au lieu de pointer des chars contre les Palestiniens, il a jugé que ces actes brutaux résultant de la haine qu'ont les Israéliens envers les Palestiniens devaient être condamnés. Il a considéré que, pour mener une enquête objective sur les événements de ces dernières semaines, la communauté internationale devait commencer par condamner la profanation de l'esplanade de Haram al-Charif par Ariel Sharon. Regrettant que, sept ans après Oslo, les Palestiniens soient toujours encerclés par des colonies de peuplement israéliennes, séparés de leurs familles, menacés par des forces d'occupation qui

usurpent leurs terres et bafouent leur dignité, il s'est demandé comment de telles explosions de violences pouvaient être évitées face aux pratiques extrémistes israéliennes. Il a souhaité que la communauté internationale, dans ses efforts de paix, insiste pour que les résolutions du Conseil de sécurité soient respectées et fasse en sorte qu'Israël infléchisse sa position.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a fait observer que la crise qui sévit actuellement au Moyen-Orient se déroule sur fond de refus répétés d’Israël à honorer ses obligations internationales. Le représentant a qualifié de provocatrice la visite effectuée par M. Ariel Sharon à Haram al-Charif, et qui est à l'origine du grave recul que connaît le processus de paix. La Namibie condamne solennellement les violences actuellement perpétrées par les forces israéliennes de sécurité contre les populations civiles palestiniennes, y compris les enfants. Le représentant s’est dit particulièrement ému par le grand nombre de pertes en vies humaines ainsi que par les blessures dues au recours excessif et indiscriminé à la force.

L’occupation militaire et l'étranglement économique des territoires palestiniens sont absolument inhumains et doivent cesser immédiatement, a déclaré le représentant. Poursuivant, il a estimé que les événements des semaines passées constituent une grave violation par Israël des quatre Conventions de Genève relatives à la protection des civils en temps de guerre. Or ces instruments sont applicables aux territoires occupés depuis 1967 et Israël, en tant que puissance occupante, est tenu de garantir le respect scrupuleux de leurs dispositions. Le représentant s'est félicité de la création d’une Commission d’enquête afin de faire la lumière sur les événements qui se sont produits depuis le 28 septembre 2000.

La situation actuelle est une nouvelle preuve de ce que la question de l’exercice par le peuple palestinien de ses droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance sont essentiels à l’avènement d’une paix juste et durable au Moyen-Orient. Les résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité forment un cadre solide pour le rétablissement de la paix dans la région. Il est également important que la résolution 1322 du Conseil de sécurité soit pleinement mise en œuvre. A un moment où le processus de paix est marqué par un net recul, il est plus que jamais important que les parties relèvent les défis auxquels elles sont confrontées et qui consistent notamment à calmer la situation et à reprendre les négociations. Les résultats du Sommet de Charm El-Cheik sont un point de départ important en ce sens.

M. YUKIO SATOH (Japon), saluant les efforts inlassables du Président Clinton et du Président Moubarak ainsi que les efforts de médiation du Secrétaire général, M. Kofi Annan, a souligné qu’il est d’importance cruciale que les deux parties mettent en œuvre l’Accord de Charm el-Cheikh sans attendre que l’autre le fasse. C’est pourquoi, le Japon appelle les deux parties à respecter l’Accord pour restaurer dès que possible le calme dans la région. Il est également impératif pour la communauté internationale d’appuyer et d’encourager la mise en œuvre de l’Accord. Déplorant l’escalade de la violence à Jérusalem et dans les autres zones et condamnant tous les actes de provocation, toute forme de violence et le recours excessif à la force, le Gouvernement japonais prie instamment et fermement toutes les parties concernées à faire de leur mieux pour mettre fin à la violence et à faire preuve de la plus grande retenue. La crise actuelle souligne une fois encore la nécessité de parvenir à un règlement négocié, seule option viable, a estimé M. Satoh, appelant les parties concernées à déployer tout effort pour rétablir la confiance mutuelle et reprendre le processus de paix dès que possible.

M. SAEED HASAN (Iraq) a déclaré que la deuxième moitié du XXe siècle a été marquée par les mouvements de décolonisation, le mouvement sioniste pour sa part, a procédé à une véritable colonisation de la Palestine, obligeant les Palestiniens à quitter leurs terres. Cette occupation s’est effectuée par la force contre des civils palestiniens et, tout récemment, par l’utilisation de la force militaire, en violation flagrante de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre. Il s’agit de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, a déclaré le représentant de l’Iraq, rappelant que les autorités d’occupation ont créé une situation privant les Palestiniens de nourriture et de médicaments.

Evoquant la résolution 1322 du Conseil de sécurité, le représentant de l’Iraq a déclaré qu’elle ne représentait même pas le minimum de ce qu’on pourrait exiger du Conseil de sécurité dans une telle situation de crise. Il a regretté qu’aucun comité n’a été institué alors que les agressions contre les Palestiniens se multiplient. Par ailleurs, il a condamné l’attitude des Etats-Unis qui avaient annoncé qu’ils auraient recours au droit veto pour tout autre projet de résolution condamnant Israël et a rappelé que c’est ce qui a amené les pays arabes à demander la reprise de la dixième session extraordinaire de l’Assemblée générale. Il a, en conclusion, remercié les pays non-alignés d’avoir soutenu cet appel.

Pour M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili), les images terribles dont nous avons été témoins ces derniers jours montrent bien comment la violence engendre la violence et l’intolérance. Les événements récents rendent encore plus nécessaire la reprise des négociations afin qu’une fois pour toutes la paix s’instaure au Moyen- Orient. Il s’agit là de la seule voie praticable aussi bien pour les Israéliens que pour les Palestiniens s’ils veulent que leurs enfants et petits-enfants aient véritablement un avenir, or pour parvenir à la paix, il faut à tout prix que les deux parties reconnaissent qu’elles devront vivre l’une à côté de l’autre dans un esprit de tolérance et de respect mutuel. Le Chili estime que cela est possible, comme en témoigne ce qui s’est passé à Oslo et que l’on croyait pourtant impossible. Il a réitéré son appel vibrant à toutes les parties concernées pour qu’elles prennent des mesures visant à empêcher tout acte de violence et permettant, dès que possible, le rétablissement des conditions de reprise du processus de paix. Pour cela, il faut mettre l’accent sur des principes comme le règlement pacifique des différends; le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et notamment les résolutions 242, 338 et 1322; la protection de la vie humaine, particulièrement des civils; et le droit des Israéliens et des Palestiniens à vivre à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. M. Valdes a exprimé l’espoir que l’Accord de Charm el-Cheikh, conclu mardi dernier, sera suivi de l’arrêt immédiat des violences et de la création de la Commission d’enquête pour mettre à jour les causes des violences qui ont secoué les territoires occupés et Israël. Il a également souhaité qu’il débouche sur la restauration du climat de confiance permettant de ramener les deux parties à la table de négociations.

M. GELSON FONSECA (Brésil) a déploré l’explosion de violence qui a embrasé les territoires palestiniens au cours des derniers jours, tout en condamnant le recours excessif à la force qui a été fait et qui a mené au déferlement d’actes de brutalité gratuits. Il a appelé les deux parties à mettre fin à cette effusion de sang. Le représentant a rappelé que depuis que cette question a été placée sous l’égide des Nations Unies, le Brésil a toujours plaidé en faveur d’une solution

pacifique du conflit du Moyen-Orient. Il a affirmé que cet objectif ne pourrait être atteint que par l’entière réalisation du droit inaliénable à l’autodétermination, de même que par la mise en œuvre des résolutions pertinentes des Nations Unies concernant Jérusalem.

Il a regretté que les nombreux efforts diplomatiques déployés au cours des derniers mois et que les récents appels au calme n’aient pas produit l’effet escompté. A cet égard, il a exprimé l’espoir que le récent accord de Charm el- Cheikh engendre une atmosphère propice à la réflexion et mène à la reprise des négociations. Dans le contexte actuel, il est essentiel que les Nations Unies, conformément à leurs valeurs et idéaux, jouent un rôle décisif au Moyen-Orient. Le droit international doit être respecté et les négociations doivent être reprises. Il a encouragé les dirigeants israéliens et palestiniens à tenir compte des appels lancés par la communauté internationale en ce qui concerne ce débat. Ils doivent prendre toutes les mesures nécessaires de façon à mettre un terme à la confrontation et à engendrer les conditions nécessaires à la reprise du processus de paix. Le soutien international et la confiance populaire ne peuvent être réalisés et gagnés que par la paix, et non par la confrontation. Seule la négociation permet de parvenir à des résultats durables et bénéfiques, a-t-il déclaré. Il est possible de parvenir à la paix, a-t-il précisé, ajoutant que le processus d’Oslo, les progrès réalisés ces dernières années et la souplesse dont il a été fait preuve récemment indiquent qu’un futur meilleur peut être bâti par le dialogue. Il a exprimé l’espoir que le présent débat incitera les parties concernées à mettre un terme à la violence.

M. ZEID RA'AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a déclaré qu’il appréciait les efforts déployés par le Secrétaire général et les Nations Unies au cours des dernières semaines pour trouver une solution négociée au conflit. Il a exprimé les craintes de la Jordanie face à ce conflit et le souhait que les droits du peuple palestinien soient respectés au plus vite. Il a condamné les violations dont ont été victimes les Palestiniens, mais également le meurtre des deux soldats israéliens assassinés à Ramallah. Prenant acte de la décision de l'Autorité palestinienne de conduire une enquête sur ces meurtres, il a exhorté les Israéliens à en faire de même pour la centaine de Palestiniens tués ces dernières semaines, ceci afin de faire la lumière sur les responsabilités dans cette escalade de la violence. Il a poursuivi en déclarant que, sans de telles mesures, il serait difficile de contenir les réflexes extrémistes et fanatiques au Moyen- Orient, réelle menace pour Israël mais également pour ses Etats voisins. Regrettant que les événements de ces derniers jours aient anéanti les possibilités de dialogue, il a souhaité que le Gouvernement israélien assume ses responsabilités et reprenne le chemin de la négociation afin de parvenir à un accord de paix et de mettre un terme aux souffrances du peuple palestinien. Défendant la cause du peuple palestinien, il s'est prononcé en faveur de l'émergence d'un Etat indépendant avec Jérusalem comme capitale.

M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a regretté qu’en dépit des efforts déployés sur le plan diplomatique pour désamorcer la crise, le Gouvernement israélien persiste à avoir recours de façon excessive à la force. Tous les efforts doivent être consentis pour mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et aux exactions israéliennes, a-t-il indiqué. Il a ensuite exprimé le souhait que les auteurs de ces crimes soient traduits devant un tribunal international. Pour conclure, il a déclaré que tant qu’Israël poursuivra sa politique d’occupation en Palestine et dans les terres du Golan, la paix ne pourra pas régner dans la région.

M. JOHN DE SARAM (Sri Lanka) a déclaré que son pays avait toujours soutenu la cause du peuple palestinien pour qu'ils recouvrent ses droits inaliénables. Tous les Etats de la région ont le droit de vivre en paix dans le cadre de frontières sûres et reconnues au niveau international. La réunion de Charm el- Cheik a été convoquée pour restaurer la paix dans la région et tenter de recoller les morceaux du processus de paix qui devra mener à une paix juste et durable tant attendue depuis si longtemps par les peuples de la région et la communauté internationale. Il faut espérer que toutes les parties concernées prendront les mesures qui s'imposent pour soutenir le processus de paix.

En ma qualité de Président du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme du peuple palestinien et des autres arabes des territoires occupés, je suis également chargé de vous transmettre les graves inquiétudes du Comité, a ajouté le représentant. La force avec laquelle les Israéliens ont agi, les affrontements et les violations graves des droits de l'homme qui ont suivi, le nombre important de Palestiniens tués et blessés, y compris de très jeunes Palestiniens, la nature des armements déployés et le bouclage des territoires palestiniens sont autant de source de préoccupations. Le Comité spécial est de l'avis que le système général d'occupation dans les territoires palestiniens constitue une violation des droits de l'homme.

M. MADAN LAL KHURANA (Inde) s'est associé à la déclaration faite le 18 octobre au nom du Mouvement des non alignés. Il a affirmé que l'Inde est convaincue du besoin de dialogue et de négociations pacifiques pour parvenir à un règlement juste, complet et durable à toutes les questions qui subsistent entre les Palestiniens et les Israéliens. Il a indiqué que l'Inde a été très préoccupée et consternée par les récentes éruptions de violence qui ont surgi à Jérusalem, en Cisjordanie, dans la Bande de Gaza et d'autres régions de l'Autorité nationale palestinienne et d'Israël. Il y a eu des actes délibérés de provocation, un recours excessif à la violence et des violations des droits fondamentaux de l'homme, y compris du droit à la vie, a-t-il affirmé. Le Gouvernement de l'Inde a exprimé ses condoléances aux familles de ceux qui ont été tués et a réitéré sa volonté de fournir toute l'aide possible au peuple palestinien. Il a indiqué que son pays a décidé l'envoi aérien de matériel médical à la Société du Croissant- Rouge palestinienne.

Il a indiqué que seuls la retenue, la non-provocation et le non-usage de la violence et de son encouragement pourraient restaurer la paix et le calme. L'évaluation impartiale et objective de ces événements sera utile dans le cadre des violations des droits de l'homme qui ont été commises et pour tirer des leçons pour l'avenir. Alors qu'il y a eu des progrès considérables dans le processus de paix entre les Palestiniens et les Israéliens, les événements de ces derniers jours ne doivent pas retarder le processus pour lequel les dirigeants de la Palestine et d'Israël se sont battus ardemment. Il a estimé que compte tenu de la volonté, de la détermination et de l'engagement requis pour régler pacifiquement cette question, aucun problème n'est insurmontable et aucun objectif n'est irréalisable. Il a rappelé que lors de la réunion du Conseil de sécurité du 4 octobre, sa délégation avait souligné que la diplomatie et les qualités d'homme d'Etat devaient triompher et a émis l'espoir que les résultats du Sommet de Charm el-Cheikh mettront fin à la violence et traceront la voie du retour à la table des négociations. Il s'est félicité des efforts du Secrétaire général pour mettre fin

à la violence et encourager les deux parties à reprendre la voie de la paix juste et durable. Il a conclu en déclarant que pour les peuples d'Israël et de Palestine, la paix n'est pas une option et qu'il n'y a pas d'alternative à la paix.

MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a regretté les événements de ces dernières semaines entre Israéliens et Palestiniens qui ont causé de nombreuses pertes en vies humaines. Elle a souhaité que l'ensemble de la communauté internationale se mobilise pour inciter les deux parties à reprendre le chemin de la paix. Rappelant que cette escalade de la violence était intervenue à un moment crucial du processus de paix, elle a souhaité que les efforts déployés, notamment à Camp David, ne soient pas vains. Elle a ajouté que la Jamaïque appuyait la résolution 1322 du Conseil de sécurité et exprimé le vœu que les parties s'engagent à respecter ses dispositions, de même que les engagements pris dans la Déclaration adoptée à l'issue du Sommet de Charm el-Cheikh. Elle a considéré qu'une Commission d'enquête favoriserait l'établissement des responsabilités et permettrait aux parties de reprendre le chemin de la négociation. Elle a loué les efforts du Secrétaire général, estimant que les Nations Unies ne pouvaient demeurer en marge de ce processus de paix et remercié les Présidents américain et égyptien pour la détermination dont ils ont fait preuve dans les efforts qui ont permis d’aboutir à un accord au Sommet de Charm el-Cheikh. Elle a déclaré que seule la confiance retrouvée entre Palestiniens et Israéliens pourrait mettre fin au cycle de la méfiance et de la violence et aider les parties à parvenir à la paix.

M. SOTIRIOS ZACKHEOS (Chypre) a déclaré que le gouvernement chypriote approuve la résolution 1322 adoptée samedi dernier par le Conseil de sécurité et demande son application immédiate. Conformément au Sommet de Charm el-Cheikh, le représentant a affirmé que sa délégation accorde une grande importance au respect des engagements par les deux parties. Il a ajouté qu’il espère que la réouverture de l’aéroport de Gaza et des frontières ainsi que le retrait des troupes israéliennes et la prise de mesures concrètes en vue d’éliminer les points de friction et l’incitation à la violence vont ramener la crise à la situation antérieure qui prévalait avant les troubles actuels et ouvrir la voie à une reprise rapide du processus de paix.

M. Zackheos a affirmé que la résurgence de la violence au Proche-Orient au moment où une solution était en vue est un fait particulièrement troublant. Il n’y a pas d’autre alternative à la diplomatie, a-t-il affirmé. Il a rappelé que Chypre considère que la question palestinienne est au cœur du conflit au Moyen-Orient. Le représentant a réitéré que son pays appuie un règlement juste et durable conformément aux résolutions 242 et 338. Il a estimé que l’absence d’une solution pacifique pourrait ouvrir la voie à l’instabilité. Des millions de personnes, dans la région et ailleurs dans le monde ont mis leur espoir dans le processus de paix, pour lequel il est vital que la communauté internationale redouble d’efforts, a-t- il conclu.

M. MIKHAIL WEHBE (Syrie) a expliqué que la présente session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale a été convoquée en raison de l’incapacité du Conseil de sécurité à remplir ses fonctions. En effet, en dépit de la résolution 1322 qui a non seulement dénoncé les provocations et les occupations d’Israël, mais également chargé le Conseil de sécurité de suivre de près l’évolution de la situation, le Conseil de sécurité n’a pas souhaité se réunir à nouveau. Le Conseil de sécurité n’a pas rempli ses responsabilités telles qu’elles sont définies par la Charte, a déploré le représentant de la Syrie.

Il a par ailleurs annoncé qu'aujourd'hui, dix autres martyrs palestiniens sont tombés et a regretté que les forces israéliennes n’aient pas stoppé le processus de guerre et qu’elles continuent de tuer. Car il s’agit bien d’une guerre qu’Israël impose à la Palestine afin de pouvoir, par la suite, lui imposer ses conditions de paix, a déclaré le représentant de la Syrie. Il a insisté sur la nature raciste et agressive de la politique d’Israël et appelé la communauté internationale à réagir. Il a déploré qu’Israël ne respecte ni la quatrième Convention de Genève ni les Accords de Charm el-Cheikh et s’efforce de miner les Accords de paix, se rendant ainsi responsable de l’instabilité qui prévaut dans la région. La Syrie a appelé de ses vœux un retrait complet du territoire du Golan occupé depuis 1967 et le respect de la résolution 425 du Conseil de sécurité des Nations Unies relative au Liban.

M. AHMED SNOUSSI (Maroc) a indiqué aux délégations qu’il avait écouté avec une grande émotion le compte rendu du Secrétaire général et qu’il rendait hommage à son courage, à sa perspicacité et à sa volonté d’inciter la communauté internationale à étayer ses efforts en faveur de la paix et de l’arrêt de la violence. Il a déploré que la violence ait encore frappé et que l’on ne soit pas réellement parvenu à rétablir la paix totale. Il s’est indigné que l’on jette le blâme sur les victimes de cette catastrophe mais a-t-il précisé, la communauté internationale sait fort bien ce qui s’est passé, de même qu’Israël se rend bien compte du cataclysme déclenché par les «calculs d’un homme irresponsable». On a laissé libre cours à la folie et on est surpris qu’elle ait suscité la furie, a-t- il déclaré.

Le représentant a estimé indispensable qu’Israël fasse amende honorable. Personne ne peut se permettre de sacrifier l’avenir de deux peuples et de déclencher dans le monde arabe et musulman l’irréversible et l’impardonnable, a-t- il observé. Il avait été décidé de créer un Comité conjoint, qu’on ne tarde plus à le faire car demain il sera trop tard. Qu’on ne tarde pas non plus à retirer les blindés pour effacer cette image de guerre livrée à des enfants désarmés. Qu’Israël montre qu’elle veut vraiment la paix et il y a peut-être une dernière chance. Nos frères palestiniens sauront alors si l’on tient compte de leur dignité ou si au contraire on veut continuer à les humilier.

M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) s'est félicité de la reprise de cette dixième session à la suite de l'attitude provocatrice d'Israël et a remercié le Secrétaire général pour sa contribution en vue de ramener les parties sur la voix de la paix. Il a attribué à Israël la responsabilité de la violence de ces dernières semaines et a considéré que les derniers développements étaient dus à la complaisance de certains Etats Membres de la communauté internationale face à cette violence perpétrée par des forces israéliennes contre le peuple palestinien et les Lieux saints de la religion musulmane. Il a déclaré que les balles israéliennes avaient fait de nouvelles victimes aujourd'hui, à peine l'encre de l'Accord de Charm el-Cheikh séchée. Il a regretté l'impuissance du Conseil de sécurité face à ce conflit, lui reprochant d'être paralysé par le droit de veto d'un Etat Membre qui est pourtant le maître d'œuvre du processus de paix. Il a souhaité que les résolutions 242 et 338 soient appliquées et qu'Israël se retire des territoires palestiniens occupés depuis 1967. Il s'est félicité de la résolution 1322 et a souhaité que la déclaration adoptée à Charm el-Cheikh se traduise en actes et soit mise en œuvre.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a regretté profondément les pertes en vies humaines et les souffrances que les affrontements entre Palestiniens et Israéliens ont causé ces derniers jours. Son pays est horrifié par la mort intolérable de civils innocents, notamment des enfants, et par le nombre considérable de blessés. Déplorant tous les actes de violence et le recours à la force sans discernement, le Gouvernement norvégien note que les émeutes se poursuivent et que les appels à la violence continuent d’être lancés. Les évènements de ces dernières semaines ont révélé les frustrations et la méfiance entre Israël et les Palestiniens, et les efforts accomplis pour parvenir à la paix ont subi de grands revers. Il sera très difficile de surmonter l’animosité et la méfiance qui ont marqué la situation de ces dernières semaines. Toutefois, il est maintenant important de rechercher une base commune en vue de retourner à la table des négociations. La Norvège est convaincue que l’Accord du Sommet de Charm el-Cheikh représente une importante étape en faveur du rétablissement du processus de paix.

La Commission d’enquête doit être impartiale et viser principalement à apaiser le conflit. Il faut respecter scrupuleusement les termes de l’accord de cessez-le-feu et mettre un terme à la violence. C’est pourquoi la Norvège appelle de manière urgente à la cessation de toutes les hostilités et à l’application des mesures visant à réduire les tensions. Il incombe en particulier à Israël, puissance militaire, de faire preuve de retenue. Pour leur part, les autorités palestiniennes doivent faire tout leur possible pour empêcher que les manifestations ne deviennent violentes. La Norvège, exerçant la présidence du Comité spécial de liaison et important donateur en faveur du développement du territoire palestinien, est gravement préoccupée par les conséquences à long terme du conflit sur les activités en cours visant à développer l’économie palestinienne, et à améliorer la situation économique et sociale. Il est essentiel que la communauté internationale tire maintenant profit de l’Accord conclu à Charm el-Cheikh et appuie tous les efforts visant à rétablir la confiance entre les parties. La poursuite du processus de paix est le seul moyen de garantir une paix et une stabilité durables dans la région.

M. MASAO NAKAYAMA (Micronésie) a regretté qu’autant de déclarations faites dans l’enceinte de l’Assemblée aient eu pour objet de condamner. Il a estimé que les discussions dans le cadre de cette session extraordinaire n’avaient déployé aucun un effort authentique pour encourager le processus de paix. Il a exprimé sa sympathie au peuple palestinien pour les pertes qu’il a subies et a lancé un appel pour que les délégations jouent un rôle de conciliation, qu’elles s’associent au processus de paix et qu’elles évitent d’adopter des résolutions déséquilibrées.

M. MAHMOUD MOHAMED ABOUD (Comores) considère que les actions violentes commises par les forces israéliennes sur les populations palestiniennes sont injustifiées. Les Comores sont en faveur de la mise en place d'une Commission d'enquête sur les exactions perpétrées par Israël. Considérant que la gestion de la question de la Palestine devait demeurer de la responsabilité des Nations Unies, il a émis l’espoir que la communauté internationale condamnera l'attitude d'Israël et apportera son soutien au peuple palestinien. Il a conclu en considérant qu'Israël devait mettre fin à la violence, regrettant que l’armée israélienne ait de nouveau ouvert le feu sur des manifestants palestiniens le 20 octobre, contrairement aux engagements pris par les deux parties au cours du sommet de Charm el-Cheikh.

M. ANUND PRIYAY NEEWOR (Maurice) a regretté que l’accord, qui était sur le point d’être signé à Camp David, ne l’ait pas été car cela aurait permis à Israël et à la Palestine, à l’époque, de surmonter bon nombre d’obstacles. Le délégué a par ailleurs qualifié d’acte d’agression injustifié l’acte d’Ariel Sharon qui a entraîné la perte de nombreuses vies innocentes. Il a dénoncé l’usage de la force par les forces israéliennes. Le représentant de Maurice a par ailleurs lancé un appel pour que les deux parties travaillent ensemble dans le cadre de l’Accord de Charm el-Cheikh dont l’objectif est de garantir l’exercice du droit inaliénable du droit palestinien à l’autodétermination.

M. JOSE ANTONIO LINATI-BOSCH (Ordre de Malte) a rappelé que l’Ordre de Malte qui fut fondé à Jérusalem au 11e siècle est très lié aux événements en Terre sainte. Evoquant le phénomène de la mondialisation qui peut être appliqué aux conflits, il a affirmé que l’Ordre de Malte est préoccupé par les conséquences néfastes de la crise sur les populations civiles, notamment les femmes et les enfants. Le représentant a souhaité que la communauté internationale renouvelle le message d’amour, d’amitié et de courtoise que le Christianisme, l’un des trois monothéismes de la Terre sainte, avait reçu il y a deux siècles.

M. Linati-Bosh s’est dit préoccupé par la sécurité du personnel humanitaire de l’Ordre de Malte dans la région, mais aussi de celle des patients qui sont soignés dans les hôpitaux de l’Ordre. Sur le plan légal, et conformément à l’histoire et aux dispositions actuelles du droit international, le représentant a estimé qu’il est possible de trouver un règlement qui garantirait le statut et le développement dans la paix des différents peuples, des différentes religions et des civilisations impliquées dans la question palestinienne.

M. JENÖ STAEHELIN, Observateur permanent de la Suisse, a déclaré que les évènements graves qui ont motivé la présente session extraordinaire d’urgence illustrent les liens étroits entre l’établissement d’une paix juste et durable et le respect du droit international. Tous s’accordent à condamner les provocations, les violences, les haines d’où qu’elles viennent. On ne saurait instrumentaliser les souffrances des uns ou ignorer celles des autres, a-t-il souligné. S’inspirant des principes fondamentaux d’humanité, d’impartialité et d’universalité, les travaux de l’Assemblée générale doivent servir à réaffirmer et à renforcer la fonction essentielle du droit international, et plus particulièrement du droit international humanitaire. Ils contribueront à maîtriser la violence, rétablir la confiance et à favoriser la reprise de l’indispensable dialogue. A cet égard, la délégation suisse tient à saluer les efforts du Secrétaire général et les autres acteurs clefs, émettant l’espoir que le Sommet de Charm el-Cheikh permettra de reprendre et de faire aboutir le processus de paix au Moyen-Orient.

Pour mettre fin à l’engrenage de la violence, a préconisé M. Staehelin, chacun, sans condition, doit s’abstenir de toute provocation. Il faut aussi s’efforcer de promouvoir tolérance et respect mutuels, inséparables de la paix entre les peuples. Aussi, a-t-il appelé solennellement au respect du droit international humanitaire. Le Gouvernement suisse tient à rappeler que les Conventions de Genève de 1949 sont le fruit de l’expérience tragique de l’humanité, et qu’elles indiquent non pas un idéal, mais le seuil en deçà duquel commence la barbarie. Ces Conventions prennent en compte les impératifs de sécurité. La quatrième Convention, en particulier, traite de la protection des personnes civiles en temps de guerre et s’applique de jure dans les territoires

occupés par Israël, notamment dans ceux dont la communauté internationale n’a pas reconnu l’annexion. En ce qui concerne le projet de résolution dont l’Assemblée générale est saisie, les autorités suisses examineront les possibilités permettant au dépositaire de la quatrième Convention de Genève d’agir dans le sens voulu.

Droit de réponse

Le représentant d'Israël a salué la vision, l'autorité morale et le leadership dont a fait preuve le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, dans son œuvre de paix. Il a qualifié le Secrétaire général d'architecte du Sommet de Charm el-Cheikh, acte salutaire pour se dégager de la confrontation et faire émerger un espace de dialogue et une logique de paix. Il a ensuite salué l'action responsable et constante du Président égyptien Mubarak qui, en rejetant toute tentation à une perspective de conflit armé, a exprimé une position courageuse mise au service de la paix. Il a ajouté que l'Egypte s'était imposée en axe majeur dans l'installation d'une coexistence nécessaire entre Juifs et Arabes au Moyen-Orient. Il a ensuite salué le Président Clinton pour sa foi inébranlable dans la paix nécessaire et inéluctable entre Israël et ses partenaires régionaux.

Il a, concernant la notion récurrente de territoires occupés, souligné que, depuis les accords d'Oslo, Israël avait adhéré à une logique et une politique de non occupation concrétisée par des redéploiements territoriaux incluant, à l'heure actuelle, près de la moitié de l'ensemble des territoires. Il a rappelé que cette occupation était le résultat d'une agression concertée visant la dislocation pure et simple de l'Etat d'Israël en juin 1967. Il a rappelé, qu'entre l'avènement de l'Etat d'Israël en 1948 et la tentative avortée de son annihilation en 1967, d'autres puissances avaient exercé, sinon leur occupation, du moins leur présence et leur souveraine responsabilité sur ces mêmes territoires avant d'ajouter que ce n'était que sous l'administration israélienne de ces territoires qu'avait émergé, depuis les accords d'Oslo, le principe de compromis territorial avec les Palestiniens.

Préférant parler de territoires disputés plutôt que de territoires occupés, il a évoqué la négociation de Camp David, après le tournant historique d'Oslo, au cours de laquelle Israël s'apprêtait à livrer cette sage et incontournable "dispute", c'est-à-dire la négociation ouverte et résolue pour projeter concrètement les fondements d'un statut définitif avec les Palestiniens. Il a ajouté que le Premier Ministre Ehud Barak avait pris, à Camp David, tous les risques possibles pour aboutir à la fin du conflit. Il a regretté qu'en place et lieu d'une vraie décision palestinienne à la hauteur des aspirations du peuple palestinien, le Président Arafat ait choisi d'embraser les territoires et de déstabiliser la région à cause de son incapacité à répondre à l'appel de l'histoire.

Il a renouvelé sa condamnation et son rejet de cette résolution qui, malgré quelques relents modérateurs que des bonnes volontés ont essayé de lui apporter, demeure arbitraire, inique et partiale. Il l'a qualifiée de message négatif face à la volonté d'ouverture et de paix du peuple israélien dans sa majorité qui marque un profond recul dans la dynamique de paix et sème le doute majeur quant à la capacité des Palestiniens à se poser en partenaires résolus de paix et de réconciliation.

Il a remercié les Etats épris de justice et de paix qui ont fait le choix courageux de s'opposer, dans la pleine mesure ou dans la demi-mesure, à cette résolution résolument inutile. Il a exprimé son regret face à la fin de non- recevoir qui a été opposé à la demande de sa délégation de voir cette séance levée à 18 heures pour respecter la fête juive de Souccoth et la sainteté du Shabbat, regrettant que des modalités retenues pour d'autres religions ne le soient pas pour la délégation israélienne.

L’Observateur permanent de la Palestine a indiqué qu’il était fier de cette importante majorité qui a appuyé la résolution votée par l’Assemblée générale et du fait qu’il n’y ait pas eu d’autres objections que celles auxquelles il était accoutumé. 92 voix favorables n’est pas un résultat ordinaire. Il a toutefois dénoncé les fortes pressions qui se sont exercées, y compris à travers les médias, comme si l’hégémonie au Conseil de sécurité n’était pas suffisante. Notre peuple qui n’oubliera pas ceux qui ont pris une position de principe en faveur de la résolution, est par contre préoccupé par la position de certains Etats. Cette résolution a une grande importance. Elle est prise dans le cadre d’une session extraordinaire d’urgence et étaye les conclusions de Charm el-Cheikh car elle soutient le processus et confirme le fait que la présence d’Israël en Palestine constitue une occupation. Cette résolution gagnera en importance lorsqu’Israël écoutera les conclusions de l’opinion internationale. Dès lors, le conflit s’arrêtera. Par contre si Israël demeure sur ces mêmes positions, nous demanderons la reprise de la session extraordinaire d’urgence.

Explications de vote

Le représentant de la Turquie a déclaré que sa délégation votera en faveur de la résolution parce qu’elle était particulièrement préoccupée par l’escalade de la violence. Il a noté que les Accords de Charm el-Cheikh représentent un premier pas vers le maintien de la paix, mais à condition seulement que les engagements soient honorés.

Le représentant de l’Iran a indiqué que sa délégation a voté en faveur de la résolution, mais qu’elle a des réserves sur les dispositions de la résolution qui impliquent une reconnaissance d’Israël.

Le représentant de la France a fait observer que l’on avait assisté depuis trois semaines à une tragédie au Proche-Orient qui a fait plus de 110 morts et quelques 3 000 blessés. Il a insisté sur la nécessité d’appliquer l’Accord de Charm el-Cheikh. Les dernières nouvelles, qui font état de 9 morts, a-t-il indiqué, sont préoccupantes. La France et l’Union européenne appellent à une mise en œuvre sans restrictions des dispositions adoptées. Il a indiqué que sa délégation avait négocié les termes de la résolution avec l’Observateur permanent de Palestine et le Groupe arabe et que la France considérait que c’était un bon texte. Même si les quinze ne sont pas parvenus à s’exprimer d’une seule voix sur ce texte, ils sont cependant unanimes à souhaiter la fin de la violence.

Le représentant de la Syrie a déclaré que son pays a voté en faveur du projet de résolution. Cela s’explique, a-t-il indiqué, par notre appui continu en faveur de la lutte du peuple palestinien. Cette résolution comporte beaucoup d’aspects positifs notamment en ce qui concerne le rôle des Nations Unies ainsi que la protection des populations civiles dans les territoires occupés mais nous n’acceptons pas les termes qui mettent sur un pied d’égalité l’agresseur, Israël, et les victimes, les Palestiniens, et ceux qui ne font pas porter clairement la responsabilité des événements sur Israël. Toute résolution qui ne demande pas qu’on mette fin à la souffrance du peuple palestinien sur la base de la légitimité internationale ne répond pas aux attentes de la communauté internationale.

Le représentant du Brésil, au nom du Mercosur, a déclaré avoir soutenu le projet de résolution car il renforcera le processus de paix. Il a également souhaité que les accords de Charm el-Cheikh soient mis en œuvre.

Le représentant de la Norvège s’est abstenu. Il s’est félicité de l’Accord de Charm el-Cheikh et a déclaré soutenir la création d’une Commission d’enquête. Cependant, la Norvège a préféré s’abstenir car elle estime que ce projet contient des éléments qui pourraient gêner une stratégie de reprise du processus de paix.

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