En cours au Siège de l'ONU

CPSD/197

QUATRIEME COMMISSION : LES DELEGATIONS EXAMINENT LE RAPPORT 2000 DU COMITE

10 octobre 2000


Communiqué de Presse
CPSD/197


QUATRIEME COMMISSION : LES DELEGATIONS EXAMINENT LE RAPPORT 2000 DU COMITE

20001010

SCIENTIFIQUE DES NATIONS UNIES POUR l’ETUDE DES RAYONNEMENTS IONISANTS

Réunie sous la Présidence de Mme Jelena Grcic Polic (Croatie), la Quatrième Commission a entamé ce matin son débat général sur la question des effets des rayonnements ionisants. Tandis que la plupart des délégations ont félicité le Comité scientifique des Nations Unies pour son rapport 2000 et l’ont encouragé à continuer à évaluer les effets des rayonnements sur la santé et sur l’environnement, les représentants du Bélarus et de l’Ukraine ont émis des critiques sur ce document. Rappelant qu’un cinquième du territoire du Bélarus a été touché par les retombées de l’accident de Tchernobyl, le représentant de ce pays a regretté que les analyses du Comité sur les doses de rayonnements reçues par la population de la région reposent sur la base de l’ensemble de l’humanité et que le rapport ne fasse pas mention des doses annuelles reçues par les habitants des zones contaminées. Concernant l’évaluation du Comité sur les effets des rayonnements sur la santé, le représentant a regretté qu’elle soit présentée dans des termes approximatifs, ajoutant que l’Organisation mondiale de la santé dispose pourtant de données sur les pathologies existantes au Bélarus. Il a estimé que le rapport contient une analyse insuffisante du lien ou de l’absence de lien entre la détérioration de la santé et les rayonnements. C’est pourquoi, il a encouragé le Comité à coopérer avec les scientifiques des régions touchées par l’accident qui disposent de données accumulées au cours des 15 dernières années. Faisant écho à la déclaration du Bélarus, le représentant de l’Ukraine a estimé que le rapport du Comité ne présente pas de façon appropriée la situation actuelle en Ukraine et que ses conclusions ne font pas preuve de la précision et de l’objectivité nécessaires. Il a précisé que des données nationales attestent de conséquences sur la santé beaucoup plus sérieuses que celles présentés dans le rapport.

En tant que seul pays ayant connu une attaque nucléaire, le représentant du Japon a, pour sa part, indiqué que son pays est déterminé à utiliser son expérience au bénéfice de l’humanité. A cet égard, il a précisé qu’en plus des contributions qu’il apporte au Fonds d’affectation pour l’abri de Tchernobyl, le Japon s’emploie à coordonner le travail des membres du Groupe de travail pour la sécurité nucléaire du G-7 sur les thèmes du développement de sources d’électricité de substitution et des possibilités d’emploi dans la perspective de la fermeture de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Il a également mentionné l’aide bilatérale octroyée par le Japon, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), à la population de Semipalatinsk notamment dans le domaine médical ainsi que de l’aide qu’il apporte à la réhabilitation économique de la région.

- 2 - CPSD/197 10 octobre 2000

Le Président du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants, M. Lars-Erik Holm (Suède), a présenté à la Quatrième Commission le rapport 2000 du Comité.

Au cours du débat général, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Brésil, au nom des pays membres du MERCOSUR, France, au nom des pays membres de l’Union européenne et des pays associés, Japon, Bélarus, Ukraine et Fédération de Russie.

Le représentant du Belarus a pris la parole, en fin de séance, pour présenter des amendements au projet de résolution sur la question des effets des rayonnements ionisants, présentée par la représentante de la Suède. Il a invité les délégations à les analyser avec un esprit constructif, afin de pouvoir adopter, comme tous les ans, le projet de résolution sur cette question par consensus.

La Quatrième Commission poursuivra ses travaux le mercredi 11 octobre à 15 heures.

Documentation

Rapport du Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (A/55/46)

Ce rapport et ses annexes scientifiques rendent compte de l'examen approfondi des sources et des effets des rayonnements ionisants, mené par le Comité de sa quarante-quatrième à sa quarante-neuvième sessions. Il présente également les résultats d'évaluations récentes concernant les sources de radioexposition et le cancer lié aux rayonnements. Le document s'intéresse aussi aux effets sur la santé de l'accident de Tchernobyl. Il présente, en termes généraux, une synthèse des résultats des travaux du Comité, tandis que ses annexes scientifiques s'adressent à la communauté scientifique. Ces textes font aussi l'objet d'une publication des Nations Unies destinée à la vente intitulée "Sources et effets des rayonnements ionisants, Rapport 2000 du Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants à l'Assemblée générale, avec annexes scientifiques".

Sources de radioexposition et niveaux d'exposition au rayonnement

Irradiation naturelle. Le rapport rappelle que nous sommes tous soumis à une irradiation naturelle, du fait des rayons cosmiques et des substances radioactives présentes à l'état naturel (le radon notamment) dans la croûte terrestre et dans notre organisme, le niveau de l'exposition naturelle variant selon le lieu et selon les activités humaines. Il fait mention de la réévaluation des composantes des expositions résultants des sources naturelles de rayonnement auxquelles le Comité a procédé sur la base de nouvelles informations. Ces résultats sont présentés à l'annexe B, "Expositions provenant de sources naturelles de rayonnement". Le Comité estime, en outre, que dans toute population importante, 65% des habitants reçoivent des doses effectives annuelles de 1 à 3 mSv, environ 25% moins de 1mSv et 10% plus de 3 mSv (Sievert, unité de calcul de la dose effective de rayonnement reçue).

Radioexpositions artificielles. Le document fait mention des activités humaines qui comportent l'utilisation de rayonnements et de substances radioactives et entraînent une exposition qui s'ajoute à l'exposition naturelle, à savoir notamment: extraction et utilisation de minerais contenant des substances radioactives, production d'énergie lorsque l'on brûle du charbon contenant de telles substances, résidus radioactifs provenant des essais d'armes nucléaires, production de matières nucléaires à des fins militaires, centrales nucléaires et autres installations nucléaires et utilisation de matières radioactives dans l'industrie, l'agriculture et la recherche. Ces trois dernières activités n'entraînent généralement des expositions qui ne correspondent qu'à une faible fraction de la dose moyenne d'irradiation naturelle dans le monde, est-il précisé. Le rapport indique, cependant, qu'au voisinage d'installations rejetant des matières radioactives dans l'environnement, certains groupes de population peuvent recevoir des doses plus élevées, tout en ajoutant que l'exposition de personnes du public est soumise à des limites internationalement reconnues qui sont parfois fixées à des niveaux inférieurs au niveau mondial moyen d'irradiation naturelle. Il est toutefois indiqué que si certains des sites ayant des quantités élevées de résidus radioactifs étaient habités ou réhabités, les résidents seraient exposés à des doses supérieures à la dose moyenne mondiale d'irradiation naturelle.

Toujours au titre des radioexpositions artificielles, le document indique que ce sont les essais d'armes nucléaires dans l'atmosphère de 1945 à 1980 qui ont constitué la principale source artificielle de radioexposition de la population mondiale. Chaque essai a entraîné le rejet non contrôlé dans l'environnement de quantités substantielles de matières radioactives, qui se sont largement dispersées dans l'atmosphère et se sont déposées sur toute la surface de la planète. Le Comité a accordé une attention spéciale à l'évaluation des doses dues aux explosions nucléaires. De nouvelles informations sont maintenant disponibles sur le nombre et les rendements des essais nucléaires et une liste actualisée des essais nucléaires dans l'atmosphère est donnée à l'annexe C. Elle ne présente que les rendements des explosifs totaux de chaque essai et non le rendement de fission et de fusion qui sont le plus souvent tenus secrets. Le Comité a procédé au calcul de doses moyennes annuelles de rayonnements résultant des essais. Son rapport indique que dans l'hémisphère nord ces doses annuelles sont supérieures de 10% à celles de l'hémisphère sud et que bien qu'elles aient suscité beaucoup d'inquiétude au moment des essais, ces doses sont restées relativement faibles, atteignant au maximum environ 7% du rayonnement naturel. En ce qui concerne l'exposition des populations vivant à proximité des sites d'essais, le document rapporte que le niveau de détail des informations disponibles n'est pas encore suffisant pour documenter des expositions avec une grande précision. Expliquant que la pratique des essais souterrains n'a donné lieu à des expositions au-delà des sites d'essais qu'en cas de fuite de gaz radioactif ou de rejet dans l'atmosphère, le rapport indique que la plupart des essais souterrains avaient des rendements beaucoup plus faibles que les essais dans l'atmosphère et qu'il a généralement été possible de contenir les débris. Il fait en outre valoir qu'étant donné que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires n'est pas encore entré en vigueur, on ne peut pas affirmer que cette pratique a cessé.

Exposition médicale. Les rayonnements ionisants sont largement utilisés dans le monde entier à des fins diagnostiques et thérapeutiques. Il s'agit, selon le document, de la principale source de radioexposition due à l'homme, et elle prend une importance croissante. Les expositions à des fins diagnostiques sont caractérisées par des doses assez faibles tandis que les expositions thérapeutiques donnent lieu à des doses beaucoup plus élevées délivrées pour éradiquer une maladie, principalement le cancer. Etant donné que les ressources et la pratique de radiologie médicale varient considérablement d'un pays à l'autre, de nombreux habitants de la planète ne peuvent encore bénéficier de toutes ces nouvelles techniques, et restent pour le moment moins exposés. Mais la situation va probablement changer dans l'avenir et devra être suivie par le Comité. Le niveau moyen d'exposition dû aux utilisations médicales des rayonnements dans les pays développés est équivalent à environ 50% de l'exposition moyenne au rayonnement naturel dans le monde.

En ce qui concerne le niveau moyen de radioexposition qui peut résulter de l'activité professionnelle - comme c'est le cas dans l'industrie, la médecine et la recherche, pour ceux qui utilisent des rayonnements ou des substances radioactives, ainsi que les passagers et les équipages -, le Comité indique qu'il est généralement comparable à celui de l'exposition au rayonnement naturel, mais qu'un faible pourcentage de travailleurs reçoit des doses plusieurs fois supérieures à cette dernière. Le Comité précise que l'exposition des travailleurs est soumise à des limites internationalement reconnues, qui sont encore 10 fois supérieures à l'exposition moyenne au rayonnement naturel.

En conclusion, le Comité estime que la source qui, de loin, contribue le plus à l'exposition est le rayonnement naturel. La deuxième source d'exposition, par ordre d'importance, est l'utilisation médicale des rayonnements. Viendraient ensuite les essais nucléaires dans l'atmosphère, l'accident de Tchernobyl et la production nucléaire d'électricité. Le rapport indique, en outre, que le Comité est en train de préparer un rapport complet sur les effets héréditaires des expositions aux rayonnements, qu'il soumettra à l'Assemblée générale à sa cinquante-sixième session.

Cancers liés au rayonnement

Le document rend compte des évaluations relatives aux effets radiobiologiques de faibles doses de rayonnements sur les systèmes cellulaires ainsi que sur les végétaux et les animaux. De ces évaluations, le Comité estime que l'on peut conclure, pour autant qu'on le sache, que les rayonnements peuvent, même à faible dose, agir comme déclencheurs mutationnels de l'oncogénèse.

Le Comité a aussi entrepris une étude des rapports existants entre le cancer et les doses de rayonnements reçues (épidémiologie du cancer). Le Comité estime que l'on sait maintenant que les rayonnements peuvent provoquer des cancers dans presque n'importe quel tissu ou organe de l'organisme. Les résultats que l'étude des survivants japonais d'Hiroshima et de Nagasaki fournit sont la principale base d'estimation du risque de cancer radio-induit. Sur les 86 572 sujets de cette cohorte suivis pendant toute leur vie, 7 578 ont succombé à des tumeurs solides entre 1950 et 1990; 334 décès peuvent être attribués à l'irradiation, de même que 87 des décès par leucémie sur les 249 survenus sur la même période. Des études épidémiologiques ont également été menées sur des populations exposées à une irradiation médicale ou professionnelle ou dans l'environnement. Sur la base des données épidémiologiques disponibles, le Comité a calculé des estimations du risque pour les cancers radio-induits. Dans une population des deux sexes, tous âges confondus, recevant une dose aiguë de 1 Sv (Sievert, unité de calcul de la dose effective de rayonnement reçue), on estime que le risque à vie de mortalité par cancer solide pourrait être de 9% pour les hommes et de 13% pour les femmes avec un facteur d'incertitude de plus ou moins 2. Pour les expositions chroniques, le rapport de 1993 indiquait que le chiffre pourrait être divisé par deux, avec le même facteur d'incertitude. Il faudra toutefois suivre en permanence de tels groupes pour déterminer les risques sur toute la vie.

L'accident de Tchernobyl

Le document présente la première évaluation réalisée par le Comité sur les expositions et les effets au niveau local de l'accident, du réacteur nucléaire de Tchernobyl, survenu le 26 avril 1986. A la suite de l'explosion et compte tenu que le réacteur n'avait pas d'enceinte de confinement, il y a eu un immense feu de graphite qui a duré 10 jours et libéré de grandes quantités de matières radioactives dont l'iode-131 qui peut être transféré à l'homme assez rapidement par l'air, le lait et les légumes à feuilles et se concentre dans la thyroïde.

Le Comité a estimé que les expositions des individus ont été beaucoup plus élevées pour ceux qui sont intervenus pour atténuer les effets de l'accident et pour les habitants du voisinage. Il est indiqué que sur les 600 ouvriers présents sur le site lors de l'accident, 30 d'entre eux sont morts, tandis que pour les 200 000 individus affectés aux opérations de remise en état, il existe un risque potentiel de conséquences tardives telles que cancer et autres maladies. Le rapport ajoute que l'accident de Tchernobyl a également provoqué la contamination radioactive de vastes régions du Belarus, de la Fédération de Russie et de l'Ukraine où vivent plusieurs millions de personnes, et que des dépôts nucléides ont été mesurés dans tous les pays de l'hémisphère nord.

Le document fait aussi état d'environ 1 800 cas de cancer de la thyroïde chez les enfants exposés au moment de l’accident. A cet égard, le Comité indique que si la tendance actuelle se poursuit, il pourrait y en avoir davantage dans les décennies à venir, en particulier chez les personnes exposées à un jeune âge. A part un nombre accru de cancers de la thyroïde chez les personnes irradiées dans l'enfance, le Comité constate que l'on n'a pas observé d'augmentation de l'incidence globale du cancer, ni de la mortalité pouvant être attribuée aux rayonnements ionisants. Bien que les personnes qui ont été exposées aux doses les plus fortes courent un risque accru de subir les effets liés aux rayonnements, il est peu probable que des conséquences sanitaires graves soient à craindre pour la grande majorité de la population du fait d’une irradiation due à l’accident de Tchernobyl. Les résultats de la nouvelle évaluation de l’accident sont présentés à l’annexe J du rapport, intitulée “Irradiation et conséquences de l’accident de Tchernobyl.”

Présentation d’un projet de résolution

Aux termes d’un projet de résolution portant sur les effets des rayonnements ionisants (A/C.4/55/L.6), présenté par le représentant de la Suède, l’Assemblée générale noterait avec satisfaction l’achèvement en 2000 du treizième rapport général du Comité scientifique intitulé “Sources des effets des rayonnements ionisants, Rapport 2000 du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants à l’Assemblée générale, et ses annexes scientifiques”, qui fournit à la communauté scientifique et à la communauté mondiale ses évaluations les plus récentes des sources et des effets des rayonnements ionisants sur l’homme et son environnement. Elle réaffirmerait sa décision tendant à ce que le Comité scientifique conserve les fonctions et le rôle indépendant qui sont actuellement les siens, y compris en ce qui concerne les modalités d’établissement de ses rapports. Elle prierait le Comité scientifique de poursuivre ses travaux, y compris ses importantes activités visant à mieux faire connaître les niveaux, les effets et les dangers des rayonnements ionisants de toute origine.

L’Assemblée générale approuverait les intentions et les projets du Comité scientifique quant à la poursuite de ses activités scientifiques d’examen et d’évaluation au nom de l’Assemblée générale, y compris la publication de son prochain rapport détaillé en 2000. Elle prierait le Programme des Nations Unies pour l’environnement de continuer d’apporter son appui au Comité scientifique afin de lui permettre de poursuivre efficacement ses travaux et d’assurer la diffusion de ses conclusions auprès de l’Assemblée générale, de la communauté scientifique et du public. L’Assemblée générale se déclarerait satisfaite de l’assistance fournie au Comité scientifique par les Etats Membres, les institutions spécialisées l’Agence internationale de l’énergie atomique et les organisations non gouvernementales, et les inviterait à accroître leur coopération dans ce domaine. Elle se féliciterait, à cet égard, de l’empressement mis par les Etats Membres à fournir au Comité scientifique des informations utiles sur les effets des rayonnements ionisants dans les régions touchées et inviterait le Comité scientifique à analyser ces informations et à les prendre dûment en considération, compte tenu en particulier de ses propres conclusions. Elle inviterait, enfin, les Etats Membres les organismes des Nations Unies et les organisations non gouvernementales intéressés à continuer de communiquer des données pertinentes sur les doses, les effets et les dangers des différentes sources de rayonnement, ce qui aiderait considérablement le Comité scientifique à élaborer les prochains rapports qu’il lui présentera.

M. ENIO CORDEIRO (Brésil, au nom du Mercosur et des Etats associés) a déclaré que le Comité scientifique a joué un rôle important dans l’établissement de normes internationales pour la protection des populations contre les effets nocifs des rayonnements ionisants. Il s’est félicité du rapport détaillé qui fait preuve de l’excellence du travail du Comité. Il a estimé que la communauté internationale doit concentrer son attention pour tempérer les conséquences de l’accident de Tchernobyl pour les populations et sur l’environnement. A cet égard, il a appelé la communauté internationale à apporter son assistance au programme de reconstruction.

Le Mercosur attache une grande importance à la question du transit maritime des déchets radioactifs. Les Etats riverains ont une juridiction visant le contrôle et la réduction de la pollution de l’environnement. Le Mercosur appuie les efforts visant la mise en place d’une règlementation sur la navigation de déchets et estime qu’il conviendrait que cette règlementation inclue l’échange d’informations sur les itinéraires et le versement d’indemnités dans les cas de dommages. Le représentant a souligné l’importance du travail du Comité pour évaluer les effets des rayonnements ionisants sur l’environnement et prend note des conclusions du rapport. Il espère que celles-ci serviront de base à l’adoption de mesures appropriées importantes. Il a fait valoir l’importance du travail du Comité sur le problème des sources orphelines et le problème de l’exposition des sources à faible dose. Il a réitéré l’engagement des pays du Mercosur à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et pour promouvoir le développement.

M. JEAN-CLAUDE BRUNET (France), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a estimé que le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants est le principal organe international en la matière et ses rapports et études font autorité. Il étudie les risques que présente, pour la population mondiale et pour l’environnement, l’exposition à toutes les sources de rayonnements ionisants, qui varient dans le temps et dans l’espace. Le représentant a constaté que la qualité des travaux du Comité scientifique fait généralement de ses rapports la base pour l’élaboration de normes nationales et internationales visant à protéger la population contre les effets des rayonnements ionisants. Il s’est félicité de la publication du rapport 2000 du Comité scientifique, un travail remarquable qui fournit à l’aube du nouveau millénaire un bilan des connaissances et une évaluation étendue des effets des radioexpositions d’origine naturelle, artificielle et médicale. Il a, en outre, estimé que l’inventaire universel des sources d’irradiation constitue en particulier un travail monumental qui mérite d’être salué.

Le représentant a salué et encouragé la coopération entre le Comité scientifique et d’autres organisations internationales, en particulier la coopération avec l’OMS, l’AIEA, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Commission internationale de protection radiologique (CIPR), le Centre international de recherche sur le cancer et la Commission internationale des unités et mesures radiologiques. M. Brunet a réitéré le plein appui de l’Union européenne au Comité scientifique, qui apporte à la communauté internationale, compte tenu en particulier de son autorité scientifique, une contribution essentielle, indépendante et efficace à l’évaluation des niveaux et des effets des expositions aux rayonnements ionisants. Il a indiqué que l’Union européenne est convaincue, à la lumière des études publiées cette année que le Comité scientifique mérite tout notre soutien.

M. SHINGO MIYAMOTO (Japon) s’est félicité du rapport détaillé du Comité scientifique qui constitue une base pour la communauté scientifique internationale et les Gouvernements leur permettant d’évaluer les effets des rayonnements ionisants sur l’homme et sur l’environnement. Le Japon, qui est membre du Comité, a exprimé son soutien continu au travail du Comité scientifique et s’est félicité des relations de coopération qu’il entretient avec les autres organisations internationales concernées, telles que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation mondiale du Travail (OIT), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Agence de l’énergie nucléaire et l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Le Japon est co-auteur de la résolution et souhaite qu’elle soit adoptée par consensus.

Gardant en mémoire l’accident survenu le 30 septembre 1999 dans une centrale de conversion d’uranium et fort des leçons tirées de cet accident, le Gouvernement japonais a mis en œuvre des mesures de prévention des catastrophes en améliorant son système de gestion des crises et en instaurant une culture de la sécurité parmi ses employés. Le Japon est en train de finaliser un plan à long terme pour la recherche, le développement et l’utilisation de l’énergie nucléaire visant l’utilisation du potentiel multiple de l’énergie nucléaire. Le Japon continuera d’attacher une grande importance à la transparence, notamment vis-à-vis de la communauté internationale, dans tous les domaines d’activités nucléaires, et de l’utilisation du plutonium en particulier. Mentionnant la découverte, au Japon, de traces de rayonnements émis d’un conteneur en acier importé de l’étranger, il a fait valoir qu’il convient de ne pas diminuer l’importance des mesures concernant la sécurité de l’élimination des déchets nucléaires.

Il a indiqué que le Japon participe à la promotion de l’utilisation pacifique et sûre de l’énergie nucléaire au niveau bilatéral comme à travers l’AIEA et les autres organisations internationales concernées. En tant que seul pays ayant connu une attaque nucléaire, le Japon est déterminé à utiliser son expérience au bénéfice de l’humanité. Indiquant que le Japon attache une grande importance à l’aide aux populations touchées par l’accident de Tchernobyl, il a précisé qu’en plus des contributions que le Japon apporte au Fonds d’affectation pour l’abri, il préside le groupe de travail pour la sécurité nucléaire du G-7, dont il coordonne les activités sur les thèmes du développement de sources d’électricité de substitution et des possibilités d’emploi dans la perspective de la fermeture de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Le Japon, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a également accueilli l’année dernière, une Conférence internationale pour l’aide à la population de Semipalatinsk à l’occasion de laquelle il a annoncé qu’il étendra le champ de l’aide bilatéral au domaine médicale. Il a également décidé, en accord avec le PNUD d’accroître l’aide à la réhabilitation économique de la région par l’intermédiaire du Fonds pour le développement humain et du Fonds d’aide aux femmes dans les pays en développement.

M. SERGEI LING (Bélarus) a déclaré que le Belarus a toujours appuyé les travaux de ce Comité scientifique y compris son évaluation de la catastrophe de Tchernobyl. Il a remercié le Comité d’avoir accumulé tant d’informations depuis sa création. M. Ling a rappelé qu’un cinquième du territoire du Belarus a été touché par l’accident. A cet égard, il s’est déclaré préoccupé de constater qu’au tableau 4 du rapport du Comité les doses reçues par la population de cette région semblent assez mineures. Il a regretté que cette évaluation repose sur la base de l’ensemble de l’humanité et que c’est un peu comme si l’on avait pris une température moyenne. Il a déploré que l’on ne trouve rien sur les doses annuelles que reçoivent les populations qui vivent dans les zones polluées proche de l’accident. Concernant les questions les plus pressantes, à savoir les effets sur la santé des rayonnements, le représentant a déploré les expressions telles que ne “peut-être” ou “le plus probable” trouvées dans le rapport et concernant les sujets médicaux très importants. Il a déploré ce manque de clarté, ajoutant que des données existent à l’OMS sur les pathologies existantes au Belarus. Il a estimé que le rapport ne contient pas assez d’analyse sur le lien ou l’absence de lien entre la détérioration de la santé et les rayonnements. Il a demandé au Comité de se pencher sur le travail accumulé pendant les 15 dernières années par les scientifiques qui vivent sur les territoires pollués et de s’en servir. A cet égard, il a encouragé le Comité scientifique à coopérer avec les radiologues du Bélarus et de la région. Il a indiqué que c’est en fonction de telles considérations que l’Ukraine et le Belarus ont présenté des amendements au projet de résolution sur ce point et ont invité les Etats Membres à étudier ces amendements dans un esprit constructif.

M. VOLODYMYR G. KROKHMAL (Ukraine) a déclaré que l’Ukraine est prête à mener un travail constructif avec le Comité scientifique afin d’atteindre les objectifs communs qui sont les leurs. Il a indiqué que le Comité a joué un rôle très important pour l’évaluation des effets des rayonnements ionisants, notamment dans les domaines de la santé et de l’environnement contribuant ainsi au développement durable et dans une certaine mesure à la paix et à la sécurité. Il a ajouté que l’Ukraine attache une grande importance au travail du Comité qui s’est penché depuis quelques années sur l’évaluation des conséquences de l’accident de Tchernobyl. Il a estimé que le rapport du Comité est un travail remarquable mais qu’il ne présente pas de façon appropriée la situation actuelle en Ukraine et que les conclusions ne font pas preuve de la précision et de l’objectivité nécessaires. A cet égard, il a précisé que des données nationales montrent que les conséquences de Tchernobyl sur la santé sont beaucoup plus sérieuses que celles qui figurent dans le rapport.

Le représentant s’est félicité qu’au plan international on continue d’accorder une grande attention à la catastrophe de Tchernobyl et il a appelé l’attention du Comité sur le fait que les 200 tonnes de carburants qui sont encore dans le réservoir restent une menace. Le projet d’abri tente de répondre à cette question, a-t-il ajouté, précisant que la Conférence de Berlin, qui s’est tenue en juin dernier a permis de trouver 18 millions de dollars permettant ainsi de commencer les travaux de gros œuvre. Le représentant a précisé qu’il manque 50 millions pour mener ce projet à bien. Il a estimé qu’il est nécessaire de continuer à procéder des examens supplémentaires et qu’à cet égard, le Comité scientifique devrait se concentrer sur les effets combinés notamment en matière de stress. L’Ukraine appelle le Comité à prendre en compte les études menées par des scientifiques ukrainiens et des pays voisins. L’Ukraine compte sur le Comité pour qu’il continue d’évaluer les effets des conséquences de Tchernobyl en garantissant une plus grande transparence et une meilleure objectivité. Il a par ailleurs estimé que les efforts de coopération se trouveraient considérablement renforcés si les résultats des évaluations du Comité étaient présentés rapidement au membres du Comité. Il a appuyé l’idée d’un mécanisme consultatif entre le Comité scientifique et les Etats Membres et une meilleure coordination entre le Comité et l’Assemblée générale. Il a également appuyé les amendements présentés par le Belarus et a souhaité qu’un accord se dégage sur ces amendements afin que la résolution soit adoptée par consensus.

M. GENNADY A. VASILIEV (Fédération de Russie) a exprimé sa reconnaissance au Comité scientifique pour la grande importance qu’il a accordé à l’étude de questions qui sont au centre des préoccupations des pays touchés par les rayonnements, et notamment de s’intéresser à la situation dans la zone de Tchernobyl. Il a félicité le Comité pour son rapport. Le représentant a rappelé que le représentant du Bélarus a évoqué de nouvelles données selon lesquelles les effets de Tchernobyl seraient plus graves que ce qui est indiqué dans le rapport du Comité scientifique. A cet égard, il a estimé que le Comité devrait tenir compte des points de vues des spécialistes de cette région. Il a indiqué que la Fédération de Russie est prête à s’associer aux co-auteurs du projet de résolution et à continuer d’appuyer les délégations du Bélarus et de l’Ukraine, afin de trouver un compromis acceptable sur ce projet de résolution.

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