LE COMITE POUR L'EXERCICE DES DROITS INALIENABLES DU PEUPLE PALESTINIEN SOULIGNE QUE LES DEVELOPPEMENTS RECENTS SAPENT LE PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-ORIENT
Communiqué de Presse
AG/PAL/799
LE COMITE POUR LEXERCICE DES DROITS INALIENABLES DU PEUPLE PALESTINIEN SOULIGNE QUE LES DEVELOPPEMENTS RECENTS SAPENT LE PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-ORIENT
20001010Le Comité pour lexercice des droits inaliénables du peuple palestinien, qui se réunissait cet après-midi, sous la présidence de M. Ibra Deguène Ka (Sénégal), a adopté une Déclaration à la suite des développements récents à Jérusalem dans la Cisjordanie et à Gaza ainsi quun projet de résolution intitulé «Bethléem 2000» par laquelle lAssemblée générale demanderait à lensemble de la communauté internationale, y compris au secteur privé, de maintenir son appui et son engagement en faveur du projet, afin dassurer son succès. LAssemblée déciderait également de clore à la présente session lexamen de la question intitulée «Bethléem 2000». Le Comité a en outre adopté son rapport annuel tel quamendé oralement après avoir entendu la présentation quen a faite M. Walter Balzan, Rapporteur du Comité. M. Balzan a indiqué notamment que le rapport présente les évolutions survenues depuis novembre 1999 dans les domaines couverts par les travaux du Comité et que des ajouts de dernière minute ont été faits de façon à refléter lexplosion de violence dans la région et les délibérations du Conseil de sécurité sur la question.
Le Président du Comité avait auparavant attiré lattention sur les évolutions récentes de la situation au Moyen-Orient. «Le territoire palestinien occupé y compris Jérusalem-Est a été le théâtre daffrontements massifs et meurtriers qui ont opposé les forces de défense et la police israéliennes à des civils palestiniens qui protestaient contre la visite particulièrement provocante au sanctuaire de Haram al-Charif du dirigeant de lopposition israélienne, M. Ariel Sharon, accompagné dun groupe de membres de la Knesset appartenant au Likoud, et contre la force disproportionnée dont les forces de défense israéliennes ont fait usage pour réprimer les manifestations». M. Ka a informé le Comité quil avait adressé une lettre au Secrétaire général et quil sétait exprimé devant le Conseil de sécurité le 4 octobre dernier sur la question.
Le Comité examinait également la question de lévolution du processus de paix au Moyen-Orient et la situation dans le territoire palestinien occupé y compris Jérusalem. Le Président a déploré que «peu de temps après les réunions qui se sont tenues lors du Sommet du millénaire qui étaient censées redonner lélan dont elles avaient besoin aux négociations, le processus a été une fois encore interrompu du fait des incidents regrettables survenus au sanctuaire de Haram al-Charif et des affrontements sanglants qui ont suivi. Le Comité a salué laction résolue visant à relancer le processus de paix menée par le Secrétaire dEtat, Mme Albright, les Présidents Chirac et Moubarak et, le Secrétaire général Kofi Annan.» LObservateur permanent de la Palestine a salué, dans son intervention, la détermination dune majorité des membres du Conseil de sécurité dont son Président, qui au terme dune cinquantaine dinterventions, a adopté des positions particulièrement claires. Les représentants de Chypre, de la République arabe syrienne, de lAfghanistan et du Sénégal ont pris la parole.
Aux termes de la Déclaration adoptée par le Comité, il considère que le refus manifesté par Israël de se conformer aux normes du droit international ainsi que le manque de progrès récurrent dans les négociations de paix israélo- palestiniennes auront un effet délétère sur le processus de paix et pourraient saper les perspectives de pacification de la région.
Le Président avait auparavant informé le Comité que, dans le cadre du programme de formation du personnel de lAutorité palestinienne mis en place par le Comité pour 2000, deux fonctionnaires de lAutorité palestinienne ont été affectés à la Division des droits des Palestiniens depuis le début de la session en cours de lAssemblée générale afin de se familiariser avec les travaux de lOrganisation des Nations Unies. Il a également indiqué que le point 36 de lordre du jour intitulé «Bethléem 2000» serait examiné par lAssemblée générale le lundi 16 octobre au matin, que la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien aura lieu le mercredi 29 novembre 2000 dans la salle du Conseil de tutelle de 10 h 30 à 13 heures et quenfin lexamen du point intitulé «Question de Palestine» commencera également le 29 novembre après-midi.
La prochaine réunion du Comité pour lexercice des droits inaliénables du peuple palestinien sera annoncée dans le journal.
Projet de résolution : Bethléem 2000
Aux termes du projet intitulé «Bethléem 2000», lAssemblée générale notant avec satisfaction que plusieurs chefs dEtat et de gouvernement ainsi que de nombreuses autres personnalités éminentes, y compris des personnalités religieuses, ont participé aux célébrations à Bethléem; lAssemblée saluant la façon dont les Palestiniens ont préparé cette manifestation et prenant note avec satisfaction du pèlerinage historique que le pape Jean-Paul II a effectué en Terre sainte à loccasion du Jubilé de lan 2000, de sa visite des Lieux saints à Bethléem qui fait date dans lhistoire et de limportant message dont il a donné lecture place de la Nativité et exprimant de nouveau lespoir que le processus de paix au Moyen-Orient sera mené à bien et quun règlement définitif interviendra entre les parties palestinienne et israélienne, de façon que le millénaire puisse être célébré comme il convient dans un climat de paix et de réconciliation, noterait avec intérêt cette importante manifestation mondiale, dont le déroulement à lorée du troisième millénaire témoignerait pour elle de laspiration à la paix que partagent tous les peuples du monde.
LAssemblée prendrait aussi note avec gratitude du soutien apporté par le monde au projet «Bethléem 2000» et demanderait à lensemble de la communauté internationale, y compris le secteur privé, de maintenir son appui et son engagement en faveur du projet, afin den assurer le succès du projet et de cette manifestation extraordinaire. LAssemblée déciderait de clore à la présente session lexamen de la question intitulée «Bethléem 2000».
Projet de rapport du Comité (A/AC.183/2000/CRP.2)
M. WALTER BALZAN, Rapporteur du Comité, présentant oralement le projet de rapport, a indiqué que le rapport présente les évolutions survenues depuis ladoption du dernier rapport dans les domaines couverts par les travaux du Comité et que des ajouts de dernière minute avaient été faits de façon à refléter lexplosion de violence de la semaine dernière dans la région et les délibérations du Conseil de sécurité sur la question.
Le Rapporteur a attiré lattention sur le chapitre IV du rapport qui passe en revue les progrès réalisés dans la mise en oeuvre du mémorandum de Charm el- Cheikh, notamment la poursuite du redéploiement des troupes israéliennes hors de certains secteurs de la Cisjordanie, laccord sur la libération de prisonniers palestiniens, louverture dune voie de communication sécurisée entre la Cisjordanie et Gaza et la reprise des négociations sur les questions liées au statut définitif. Le Comité se féliciterait également de la signature, le 7 juin 2000, de laccord israélo-palestinien sur lapplication des questions économiques ainsi que laccord du 20 septembre 2000 sur le port de Gaza. Dans ses conclusions et recommandations, le Comité se dirait prêt à continuer à soutenir les efforts de paix des Israéliens et Palestiniens soutenus par plusieurs Etats coparrains. Il insisterait sur le fait que plus de cinquante ans après ladoption par lAssemblée générale de la résolution 181 (II) du 29 novembre 1947, le peuple palestinien attend toujours la création dun Etat indépendant et souverain et il renouvellerait son plein appui à lexercice par le peuple palestinien de ses droits inaliénables y compris le droit à lautodétermination et la création dun Etat indépendant. Il rappellerait quil existe à cet égard un large soutien international. Il soulignerait le fait que les Nations Unies doivent continuer à exercer leur responsabilité à légard de la question de Palestine dans tous ses aspects.
Le Rapporteur a rappelé quen accord avec les pratiques établies, le Secrétariat mettrait à jour si nécessaire le projet de résolution en consultation avec le Rapporteur de façon à prendre en compte tous les développements qui pourraient avoir lieu dici à la présentation du projet devant lAssemblée générale.
Evolution du processus de paix au Moyen-Orient et situation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem
Déclarations
M. NASSER AL-KIDWA, Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies, a rappelé que jusquil y a peu de temps, la communauté internationale a pensé pouvoir célébrer ladhésion pleine et entière de la Palestine au sein des Nations Unies. Personne naurait pensé que la réunion du Comité devrait évoquer une nouvelle situation dangereuse à lorigine de laquelle se trouve Israël. LObservateur a insisté sur les événements sanglants qui se sont déroulés depuis la visite de M. Ariel Sharon au sanctuaire de Haram al- Charif. Le but de sa visite était dexposer les prétentions israéliennes sur les territoires occupés, ce qui a provoqué des affrontements au sanctuaire et dans le reste de Jérusalem-Est. Le lendemain et dans les heures qui ont suivi, les forces de sécurité israéliennes ont envahi le site de Haram al-Charif, qui est le plus important des Lieux saints musulmans. Il y a eu de nombreuses victimes. Selon lObservateur de la Palestine, la mort de civils relevait dune intention délibérée et il va sans dire quil sagit dun crime de guerre qui relève de la quatrième Convention de Genève. La situation sest alors dégradée dans lensemble des territoires occupés.
Pendant cette période et jusquau 8 octobre, les forces israéliennes ont tué 76 Palestiniens et blessé plus de 2000 personnes dont un grand nombre dans une situation critique. Des colons illégaux israéliens se sont, par ailleurs, livrés à des actes de violence, de harcèlement, voire à des meurtres contre des Palestiniens, a ajouté M. Al-Kidwa. Certains policiers palestiniens affligés par la gravité des attaques menées par les forces israéliennes ont utilisé leurs armes et échangé des coups de feu avec elles. Il ny a pas eu cependant de schéma dengagement majeur de la police palestinienne contre les forces israéliennes. La réalité est quune armée doccupation sest livrée à des actes de terreur contre une population civile, a insisté lObservateur permanent de la Palestine.
M. Al-Kidwa a abordé la question du Tombeau de Joseph, estimant que de fausses informations circulent à ce sujet. Il a insisté sur le fait que les forces de sécurité israéliennes ont transformé lendroit en un lieu fortifié. La partie palestinienne a déjà et immédiatement pris des mesures pour réparer ce lieu et pour lui assurer une protection efficace, a-t-il dit, avant dattirer lattention du Comité sur la poursuite dactes odieux commis contre la population palestinienne en Israël. Les policiers israéliens se sont livrés à une campagne brutale contre les Arabes dIsraël lorsquils manifestaient leur solidarité avec leurs frères en Palestine. Des actes de mise à sac et de désacralisation de quelques mosquées ont été constatés. Cette campagne se poursuit. Des efforts ont été déployés pour mettre un terme à cette escalade de la violence dont la rencontre de Paris, qui nont rien donné jusquà présent. Le Gouvernement israélien a adopté des mesures qui nont fait quaggraver le problème, en particulier lultimatum du Premier Ministre israélien, a rappelé lObservateur. Malgré cela des efforts se poursuivent pour faire baisser la tension. La création dune Commission internationale denquête chargée dexaminer les faits commis dans les territoires occupés afin déviter que de telles violences se reproduisent est indispensable, a ajouté M. Al-Kidwa.
La résolution 1322/2000) du Conseil de sécurité est dans ce contexte très importante et nous espérons que la puissance occupante israélienne va se conformer aux normes du droit international et que le processus de paix pourra être relancé, a-t-il poursuivi. Cette résolution du Conseil revêt plusieurs aspects importants, dabord en ce qui concerne Jérusalem, et le respect des Lieux saints dont le site de Haram al-Charif. Le cadre juridique dans lequel sinscrit la situation actuelle est important: Israël reste une puissance doccupation conformément aux Conventions de Genève. Selon lObservateur permanent de la Palestine, un membre influent du Conseil de sécurité a essayé de bloquer toute résolution ou daffaiblir le projet de texte qui était sous examen. Heureusement, grâce à la détermination de la majorité des membres du Conseil, 50 intervenants dont le Président du Conseil notamment, ont adopté des positions particulièrement claires sur ce qui se passe dans les territoires occupés, et le texte a finalement pu être adopté. La communauté internationale a envoyé un message qui doit contribuer à donner le signal dun futur meilleur pour le peuple palestinien. La situation ne peut rester telle quelle. La communauté internationale doit fournir dautres efforts et nous espérons que lautre partie sera également prête à y participer.
M. SOTIRIOS ZACKHEOS (Chypre) a déclaré que son pays ne pouvait faire autrement que de regretter la détérioration de la situation au Moyen-Orient. La résurgence de lanimosité dans la région, alors que nous pensions que la solution était à portée de la main, constitue un fait particulièrement dérangeant, a ajouté le représentant. Chypre estime que le problème palestinien est au centre du conflit au Moyen-Orient et que sans le règlement de ce problème, la communauté internationale ne peut espérer aboutir à une solution définitive et complète de la question. Ces solutions devront être acceptées par les populations concernées, sil en était autrement, le ressentiment et lopposition finiraient par rejeter les accords négociés sur des considérations éphémères. Les récentes violences ne servent les intérêts daucune des parties au conflit et doivent prendre fin immédiatement. Les sites religieux devraient être respectés, a souligné le représentant.
M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a exprimé sa reconnaissance à tous les membres du Comité et aux organisations régionales qui ont su réagir face aux massacres du peuple palestinien par les Israéliens. Il a fait valoir que les Syriens partageaient la souffrance et les objectifs des Palestiniens. Cest une lutte juste qui doit mettre fin à une occupation étrangère, a-t-il déclaré. Aucun autre peuple na été confronté à la situation à laquelle est confronté depuis si longtemps le peuple palestinien. Il est vrai que la visite de M. Sharon a été le détonateur des événements récents, il nen demeure pas moins que les mesures imposées par Israël au peuple palestinien durent depuis des décennies. Israël a déclenché ce massacre et a mis fin aux rêves non seulement du peuple palestinien mais également du peuple arabe. Nous avons tous pour objectif une paix juste. Au moment où le peuple palestinien comme la Syrie a cru cet objectif réalisable, on a fait en sorte quun tel espoir ait été tué. Parler de la paix est une chose, agir pour linstaurer en est une autre. Israël parle de la paix mais nous avons vu ce quIsraël voulait : la liberté de tuer, la liberté dinvestir toute la région. Israël continue dignorer les résolutions pertinentes des Nations Unies, les principes dune terre pour la paix, des accords de Madrid. Tout cela constitue une provocation pour les Arabes. Que nous reste-t-il si ce nest notre liberté à défendre? Ce qui se passe dans les territoires occupés sapparente à une guerre raciste; des tueries qui se produisent en toute impunité. Israël est appuyé par une superpuissance et par dautres parties qui défendent les tueries dont il se rend coupable. Pourquoi le Conseil de sécurité na-t-il pas adopté une résolution dès le premier jour de la tragédie? Nous, Palestiniens, Syriens, Libanais navons quun choix possible: une paix juste fondée sur la reconnaissance des droits inaliénables du peuple palestinien et garantie par le retrait des forces israéliennes jusquaux frontières davant la guerre.
M. RAVAN A. G. FARHÂDI (Afghanistan) a déclaré que dans les actes des militaires et de la police israélienne se trouve tout ce qui choque la conscience de lHumanité surtout lorsque lon voit des enfants tomber sous les balles. Selon lui, la ville dAl Qods a une très grande importance pour plus dun milliard de musulmans dans le monde. La mosquée à cet endroit est citée nommément dans le saint texte du Coran. Le terme Aram al-Charif est vieux de plus de 14 siècles. La visite de M. Ariel Sharon à cet endroit constitue une provocation pour la Palestine mais également pour les autres nations arabes et la communauté islamique dans son ensemble. Le représentant a rendu hommage aux musulmans et sest déclaré touché par le fait quil se trouve des juifs pour comprendre combien lattitude de larmée et de la police israéliennes a été atroce et qui sympathisent avec les victimes des actes commis ces derniers jours.
Mme ABSA CLAUDE DIALLO (Sénégal) a félicité le Comité pour la qualité et limportance de ses travaux. La déclaration faite par lAmbassadeur Al-Kidwa nous conforte dans la conviction quil nous faut redoubler nos efforts pour rechercher inlassablement, et trouver le plus vite possible, un règlement global juste et durable pour linstauration dune paix si longuement recherchée et si chèrement payée, a-t-elle déclaré. La communauté internationale doit exercer une vigilance sans faille pour sassurer que les droits inaliénables des Palestiniens soient respectés et cest dans ce cadre que les événements récents seront examinés.
Déclaration du Comité sur la situation dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem.
Le Comité exprime son inquiétude la plus grande à propos des confrontations ininterrompues dans Jérusalem et à lintérieur des territoires palestiniens occupés. Près de deux semaines de violence croissante et lusage abusif de la force par les forces de défense israéliennes ont provoqué la mort de plus de 80 Palestiniens, dont 20 enfants, et fait près de 2 000 blessés. Le Comité estime que ces violences sont le résultat direct des politiques et des pratiques de loccupant israélien, et quelles caractérisent le non-respect par Israël de ses obligations au terme de la quatrième Convention de Genève et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de lAssemblée générale.
Le Comité considère que le refus dIsraël de se conformer aux normes du droit international et le manque de progrès récurrent dans les négociations de paix israélo-palestiniennes auront un effet délétère sur le processus de paix et pourraient nuire aux perspectives de pacification de la région. Dans cette optique, le Comité se réjouit de ladoption, le 7 octobre 2000, de la résolution 1322 (2000) du Conseil de sécurité sur la question et réclame son application immédiate en même temps que la cessation de tous les actes de violence dans la région.
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