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AG/AB/588

INDISPENSABLE, LA REFORME DU FINANCEMENT DES ACTIVITES DE MAINTIEN DE LA PAIX NE DOIT CEPENDANT PAS FAIRE PESER DE CHARGE SUPPLEMENTAIRE SUR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT

5 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/AB/588


INDISPENSABLE, LA REFORME DU FINANCEMENT DES ACTIVITES DE MAINTIEN DE LA PAIX NE DOIT CEPENDANT PAS FAIRE PESER DE CHARGE SUPPLEMENTAIRE SUR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT

20001005

La répartition actuelle des dépenses sur quatre groupes est jugée inadéquate

Compte tenu de l’augmentation qualitative et quantitative sans précédent enregistrée ces dernières années par les opérations de maintien de la paix, le moment est venu de mettre en place un système de financement de ces activités, stable, viable et équitable. C’est la conclusion à laquelle sont parvenues les délégations qui s’exprimaient, ce matin en Cinquième Commission, dans le cadre de la poursuite du débat général sur le barème des quotes-parts pour la répartition des dépenses des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Ainsi que l’a fait observer le représentant de l’Algérie, il serait en effet pour le moins incohérent de vouloir s’attaquer aux déficiences opérationnelles et organisationnelles des opérations de maintien de la paix, relevées très clairement dans le rapport Brahimi sur la question, tout en laissant en l’état les anomalies du mécanisme spécial qui sert à financer ces opérations.

Adapter le mode de répartition des dépenses du maintien de la paix aux nouvelles réalités internationales est une nécessité, même si, pour une majorité des intervenants, cette question n’a pas directement partie liée avec les graves difficultés financières que rencontre l’Organisation. Ces dernières tiennent en effet à l’accumulation d’arriérés de contribution considérables par un petit nombre d’Etats Membres, qui, par manque de volonté politique, ne s’acquittent pas de leurs obligations juridiques posées par la Charte. Les délégations ont réaffirmé de manière quasi-unanime que le principe de la capacité de paiement doit présider à tout nouveau barème. Cela implique notamment, selon elles, que la capacité contributive limitée des pays en développement soit dûment prise en compte. A l’image de la représentante de la Tunisie, plusieurs orateurs ont également demandé à ce qu’une solution durable soit trouvée au problème récurrent des retards dans les remboursements aux pays contributeurs de troupes, dont une majorité sont des pays en développement et qui subissent ainsi un fardeau supplémentaire. Le principe de la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité a aussi été clairement réaffirmé. A cet égard, le représentant du Brésil a souligné que, le processus de décision pour la création des opérations de maintien de la paix excluant la plupart des pays en développement, il serait difficile de justifier le moindre changement de barème qui permettrait une réduction de la quote-part des cinq membres

permanents du Conseil de sécurité ou des pays développés. Pour de nombreuses délégations, représentées notamment par le Groupe des 77 et la Chine, il apparaît également indispensable de parvenir à un accord sur le barème ordinaire avant toute décision sur le présent barème.

Quelques délégations, dont celle de l’Ukraine, ont prôné une approche plus radicale arguant que la formule de 1973 contient de graves anomalies, dues notamment à son système de groupement trop rigide par rapport aux changements économiques connus par les Etats Membres. Un point de vue partagé par le représentant de la Bolivie qui a souligné que les groupes établis répondent à des critères politiques et non pas à des résultats mathématiques. La solution ne consiste donc pas, selon lui, à créer des groupes intermédiaires dont la constitution serait encore gouvernée par des critères politiques, mais à établir une classification économique stricte applicable à tous les pays. Le représentant a également estimé que les activités de développement, qui sont tout aussi importantes que celles du maintien de la paix, ne devaient pas pâtir de l’augmentation des besoins nécessaires pour les opérations de maintien de la paix. Lui faisant écho, le représentant de l’Inde s’est aussi demandé pourquoi si les pays développés jugent le maintien de la paix si fondamental, il leur est si difficile de le financer. Pour lui, ce n’est pas le barème qui est irréaliste, mais les mandats attribués aux opérations de maintien de la paix.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Nigéria (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Egypte, Brésil, Algérie, Bélarus, Tunisie, Botswana, Singapour, Ukraine, Pérou, Inde, Ghana, Chine, Kirghizistan, Bulgarie, Costa Rica et Bolivie.

Cet après-midi, à 15 heures, la Commission achèvera son débat général sur le plan des conférences, entamé le 2 octobre dernier.

Barème des quotes-parts pour la répartition des dépenses des opérations de maintien de la paix des Nations Unies (Point 169)

Suite du débat général

M. ARTHUR C.I. MBANEFO (Nigéria), s'exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a indiqué que le Groupe estime de la plus haute importance que des ressources adéquates soient disponibles pour financer toutes les activités de maintien de la paix. Il a souligné que les difficultés financières de l'Organisation peuvent être résolues si les Etats Membres, en particulier les principaux contributeurs, prennent des mesures concrètes pour régler leurs arriérés à temps, intégralement et sans condition. Les principes et directives pour la répartition des dépenses approuvées par les résolutions pertinentes de l'Assemblée générale de 1963 et de 1973, doivent constituer la base de toute discussion sur le barème des opérations de maintien de la paix. Toute discussion doit également tenir dûment compte de la situation économique des pays en développement. En outre, le représentant a estimé que le barème des opérations doit tenir compte des responsabilités particulières des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, un nouveau plancher pour ces membres ne devant pas, selon lui, être inclus dans le nouveau barème. Il est important de parvenir à un accord sur le barème des quotes-parts au budget ordinaire avant de parvenir à une conclusion sur le barème des opérations de maintien de la paix, a-t-il précisé.

M. AHMED DARWISH (Egypte) a réitéré l’importance des opérations de maintien de la paix pour l’Organisation. C’est pourquoi, un financement approprié de ces activités est essentiel. De l’avis de l’Egypte, la situation financière difficile actuelle peut être résolue si tous les Etats Membres s’acquittent intégralement, à temps et sans conditions de toutes leurs obligations. Le problème est que les retards enregistrés dans le versement des contributions au maintien de la paix ont fait peser un poids supplémentaire parfois difficilement supportable pour de nombreux pays contributeurs de troupes. Toute discussion sur le barème devra reposer sur les résolutions existantes en la matière. Il faudra aussi tenir dûment compte de la situation particulière des pays en développement, notamment ceux à faible revenu. La responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité devra aussi être pleinement reflétée dans toute nouvelle méthodologie. Ainsi que l’a déjà fait observer le représentant du Mexique, il serait inacceptable que les pays en développement payent plus que les membres permanents du Conseil, a souligné M. Darwish. Ce faisant, l’Egypte examinera de manière constructive toutes les propositions avancées, y compris celles des Etats-Unis et de l’Union européenne. Elle espère que l’accord se fera sur la base d’un consensus.

M. GELSON FONSECA (Brésil) s'est déclaré préoccupé par la crise financière des opérations de maintien de la paix, la complexité croissante de ces opérations ne faisant qu'accroître les besoins en ressources. Important fournisseur de contingent, le Brésil partage également les préoccupations du monde quant aux lacunes existantes. Selon M. Fonseca, évaluer les principaux défauts des opérations de maintien de la paix et avancer des propositions pour les réformer, semble plus simple que mettre au point des plans de financement équitables. L'application des recommandations formulées dans le rapport Brahimi nécessite à elle seule des ressources considérables. Le représentant a réaffirmé que les problèmes existants ne peuvent être attribués à un défaut de méthode de calcul du barème, tout en reconnaissant que le barème est dépassé et doit être réformé. Les difficultés viennent plutôt du fait que le principal contributeur ne respecte pas ses obligations. Le Brésil ayant mené les négociations sur la résolution de 1973 qui régit les modalités de répartition des dépenses de maintien de la paix, estime que les principes fondateurs de ce document sont aujourd'hui toujours justes et équitables. Il est prêt à modifier la formule de calcul dans la mesure où ces principes ne seront pas modifiés. Le processus de décision pour la création des opérations de maintien de la paix exclut la plupart des pays en développement. Il serait donc difficile, a noté le représentant, de justifier le moindre changement de barème qui permettrait une réduction de la part des cinq Etats membres permanents du Conseil de sécurité ou des pays développés. L'examen du barème étant à la fois une tâche technique et politique, les Etats Membres ont besoin d'informations fiables pour évaluer les conséquences de leurs décisions.

Pour M. ABDALLAH BAALI (Algérie), toute tentative de maintenir le mécanisme actuel du financement des opérations de maintien de la paix, devenu obsolète au fil du temps et, à l’épreuve du terrain, ne sert ni la cause de la paix mondiale, ni les intérêts des Etats Membres. Le représentant a rappelé l’engagement pris par les chefs d’Etat et de gouvernement à l’issue du récent Sommet du millénaire, qui ont décidé de “faire en sorte que l’Organisation dispose, en temps voulu et de façon prévisible, des ressources nécessaires pour s’acquitter de ses mandats”. Il appartient à tous de traduire cet engagement dans les faits en participant de manière constructive à des consultations transparentes et ouvertes permettant d’aboutir à une formule consensuelle en vue d’institutionnaliser le barème des quotes-parts. Le barème ad hoc établi en 1973 et toujours en vigueur, intervient dans un contexte aujourd’hui fondamentalement différent. Certains pays sont plus riches, d’autres au contraire plus pauvres et le temps est venu d’adapter ce mécanisme spécial aux nouvelles réalités internationales. En outre, ces dix dernières années, les opérations de maintien de la paix ont connu un essor considérable, tant du point de vue de leur nombre que de leur complexité. “Dans ce contexte, nous avons de sérieux doutes que le barème ad hoc soit encore à même d’assurer un financement régulier et approprié à ces opérations”, a insisté M. Baali, ajoutant que les palliatifs que constituent les reclassements épisodiques de certains Etats ne peuvent régler durablement le problème.

La situation est d’autant plus préoccupante que la dette de l’ONU à l’égard des Etats fournisseurs de troupes s’élève encore à 800 millions de dollars. Or, les Etats qui attendent le remboursement de leurs créances sont pour la plupart des pays en développement. Un statu quo sur ce point risquerait de compromettre, à terme, la mise en oeuvre des mandats prescrits, a mis en garde le représentant. Selon lui, il est pour le moins incohérent de vouloir s’attaquer aux déficiences opérationnelles et organisationnelles des opérations de maintien de la paix, relevées très clairement dans le rapport Brahimi sur la question, tout en laissant en l’état les anomalies du mécanisme spécial qui sert à financer ces opérations. Il est donc absolument nécessaire que des propositions franches, précises et réalistes soient soumises par les Etats Membres en vue d’établir un barème des opérations du maintien de la paix plus équitable et plus viable. L’Algérie ne pourra soutenir des solutions fictives et partielles, a averti M. Baali. C’est pourquoi elle soutiendra uniquement les propositions qui ne s'écartent pas des principes fondamentaux que sont la responsabilité spéciale des membres permanents du Conseil de sécurité, la capacité de paiement relativement limitée des pays en développement, ainsi que la nécessité d’un dégrèvement en faveur de ces pays. La structure des groupes devra être fondée sur des paramètres clairs et objectifs, en particulièrement le revenu par habitant, a également déclaré le représentant.

M. MARTYNOV (Bélarus) a estimé que le moment est venu de passer de l'accord de 1973, régissant la répartition des dépenses de maintien de la paix, à des négociations dont le résultat pourrait être un barème des quotes-parts équitable et transparent. Le maintien de la paix est une des priorités de la participation du Bélarus à l'ONU. Celui-ci fait tout son possible pour assurer, de manière fiable, sa contribution financière à l'Organisation tout comme aux deux Tribunaux internationaux. La stabilité de l'ONU dépend avant tout du paiement des contributions de ses membres, a estimé le représentant. Etant donnée la complexité de la question examinée aujourd'hui, la décision finale ne doit pas contenir d'erreur, car le prix à payer serait alors trop élevé. Le nouveau barème doit donc se fonder sur la capacité de paiement, évaluée sur la base de données précises, notamment le PNB par habitant. Le représentant a rendu hommage aux pays qui se sont déclarés prêts à renoncer à leur réduction de 80%, tout comme il a appuyé la demande de l'Afrique du Sud de passer au Groupe C. Si la contribution du Bélarus ne doit pas s'accroître dans le nouveau barème, il étudie, pour sa part, la possibilité d'apporter une aide plus importante aux opérations de maintien de la paix.

Mme RADHIA ACHOURI (Tunisie) a rappelé que le maintien de la paix est l’activité la plus visible des Nations Unies aux yeux de l’opinion et que c’est à l’aune de son efficacité et de son rendement que le public juge l’Organisation. Au vu de l’évolution quantitative et qualitative des opérations de paix menées désormais, une réforme globale, couvrant aussi leurs aspects financiers, s’impose, a estimé le représentant. L’objectif doit être de mettre en place un système de financement viable pour tous. Pour sa part, la Tunisie demeure attachée aux principes de la responsabilité collective des Etats Membres, la responsabilité spéciale des membres permanents du Conseil de sécurité, la capacité limitée des pays en développement à participer au financement des opérations de maintien de la paix. Ces principes devraient être consacrés de manière permanente comme fondement du système de financement des opérations. Si le principe de la capacité des Etats Membres doit être dûment pris en compte, un équilibre entre les considérations d’ordre économique et politique doit néanmoins être établi de manière à assurer la mise en place d’un barème véritablement équitable et qui n’alourdisse pas la charge assumée par les pays en développement.

Le barème des opérations de maintien de la paix doit continuer à être fondé sur le barème des quotes-parts pour le budget ordinaire, qui est le mieux à même de refléter la capacité de paiement des Etats Membres, a poursuivi la représentante. Compte tenu des liens étroits qui existent entre ces deux barèmes, la Tunisie estime que les travaux de la Commission sur le barème ordinaire doivent être conclus aussitôt que possible, afin de permettre la prise de décision au sujet du financement des opérations de maintien de la paix au cours de cette partie de session. Il est aussi fondamental de trouver une solution durable au problème récurrent des retards dans les remboursements aux pays contributeurs de troupes, a insisté la représentante en conclusion.

Mme PHOLILE LEGWAILA (Botswana), s'associant à la déclaration du Nigéria, a rappelé qu'en dehors de la situation difficile des Balkans et au Moyen Orient, aucune autre région n'illustre mieux la nécessité de prévenir les conflits que l'Afrique. Sur les 16 missions de maintien de la paix déployées par l'ONU, plusieurs se trouvent en Afrique. Pour les peuples africains, l'intérêt croissant que portent les Etats Membres au maintien de la paix, les concerne donc directement. Mme Legwaila a estimé que les efforts engagés ne seraient pas réalistes s'ils ne se fondaient sur les principes convenus qui se sont avérés utiles dans le passé. En effet, rien ne peut se substituer à l'Article 17 de la Charte, qui stipule que les dépenses de l'Organisation sont une responsabilité collective et doivent être réparties par l'Assemblée générale. Dans ce contexte, il est logique de s'inspirer de la capacité de paiement des Etats Membres. Le Botswana s'est toujours pour sa part acquitté de ses obligations financières vis-à-vis de l'Organisation. Selon la représentante, les résolutions de 1963 et 1973 demeurent des bases solides pour établir le mécanisme de répartition des dépenses des opérations de maintien de la paix. Le groupement des Etats Membres en fonction de leurs possibilités économiques, y compris le système de rabais accordé aux pays qui connaissent des difficultés, doit être maintenu, a-t-elle ajouté. En outre, les membres permanents du Conseil de sécurité ont une responsabilité particulière dans le financement des opérations de maintien de la paix.

“Tout en ayant assigné à l’Organisation la tâche de maintenir la paix et la sécurité, nous ne lui avons pas accordé les ressources nécessaires à ce mandat” a fait, pour sa part, observer, M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour). Il a aussi estimé que le Conseil de sécurité, à qui revient la décision de mener ou non des opérations de maintien de la paix, est par trop partial dans ses décisions. Il semble que pour lui certaines régions soient moins importantes que d’autres, surtout lorsqu’elles se situent en Afrique. Les ressources sont alors encore plus difficiles à rassembler. Ce Conseil qui prend ainsi des décisions inéquitables est composé notamment de cinq membres permanents et c’est pourquoi tant que le principe de “membre permanent” existera, ceux-ci devront assumer une responsabilité financière particulière. Dans une perspective plus large, le monde est composé de puissances très variées : certains Etats ont plus de pouvoirs que d’autres et là aussi ils doivent assumer une responsabilité particulière dans les activités de maintien de la paix. Ce sont ces situations si différentes que le classement des pays en groupes distincts tente de refléter. Ce système de classement a été institué en 1973 et depuis les réalités économiques sont totalement différentes. C’est pourquoi un examen global du mode de financement des activités de maintien de la paix est nécessaire. Le schéma actuel de répartition ne devrait pas constituer le cadre limité des négociations sur ce point. L’objectif devrait être d’établir un barème reflétant pleinement la complexité du monde actuel.

Le défi à relever est difficile, a poursuivi le représentant. S’il semble y avoir un consensus universel sur l’importance du principe de la capacité de paiement, il n’y a pas cependant de réponse simple à la question de savoir comment le mesurer. De l’avis de Singapour, il est toutefois clair que l’on ne doit pas se limiter pour l’évaluer au seul revenu par habitant. Il paraît en outre inconcevable que l’on accorde à la nation la plus riche du monde, la possibilité de payer moins. Enfin, l’examen doit aussi porter sur les pays qui connaissent de brusques augmentations de leur quote-part. Un principe d’augmentation progressive devrait donc être introduit, a ajouté le représentant, avant d’avertir néanmoins que ce serait une erreur de modifier radicalement le barème du jour au lendemain. Tout échec mettrait en effet en péril l’existence même de cette organisation de sécurité collective qu’est l’ONU. Aussi ne faut-il pas se faire d’illusions et comprendre que les négociations seront aussi longues qu’ardues, a conclu M. Mahbubani.

M. VOLODYMYR YU. YEL'CHANKO (Ukraine) a indiqué que les initiatives de réforme avancées dans le groupe de travail ont acquis une importance de plus en plus grande à l'époque où la capacité d'intervention des Nations Unies est mise à l'épreuve. Selon lui, la répartition inéquitable du fardeau financier peut entraîner des déséquilibres encore plus importants et empêcher l'ONU d'obtenir de plus amples financements. Pendant 27 ans nous n'avons pas pu examiner le système de répartition des dépenses de maintien de la paix qui se faisait par un accord ad hoc. La formule de 1973, a noté M. Yel Chanko, contient de graves anomalies, dues au décalage entre quotes-parts et capacités de paiement, et son système de groupement est trop rigide par rapport aux changements économiques connus par les Etats Membres. Ainsi le barème réformé doit être fondé sur la responsabilité collective, la capacité de paiement, la responsabilité particulière des cinq permanents et les possibilités limitées de contribution des pays en développement. L'Ukraine estime que le barème des opérations de maintien de la paix devrait être fondé sur le barème du budget ordinaire et consister en un système de groupements sur la base du PNB par habitant. Il est prêt à étudier la proposition pour fixer les seuils en fonction des capacités des pays.

M. EZIO VALFRE (Pérou) a estimé que la révision du barème des quotes-parts a pour but d'institutionnaliser son utilisation, ce qui permettrait à l'Organisation de remplir correctement ses mandats et de déployer des opérations de maintien de la paix avec des ressources financières et humaines qui feront de ces opérations des facteurs décisifs dans les régions de conflit. Un système de répartition des dépenses doit équilibrer, d'un côté, les besoins matériels de l'ONU, croissants dans le domaine du maintien de la paix, la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil dans le processus de décision en matière de maintien de la paix et le niveau de développement économique des Etats Membres, et de l'autre, l'attention spéciale dont doivent bénéficier les pays en développement. Le représentant a suggéré que pour définir le niveau de participation des Etats, la taille de leur économie nationale doive être prise en considération et pour ceci il est indispensable de se référer au barème des quotes-parts au budget ordinaire, dont la définition doit être utilisée comme élément de base. Estimant pertinente la répartition des pays en quatre groupes, il a indiqué toutefois que les seuils appliqués aux pays en développement devaient être déterminés avec soin afin que ceux-ci n'absorbent pas la part des contributions des pays développés.

M. KAMALESH SHARMA (Inde) a fait remarquer que bien que la plupart des opérations de maintien de la paix aient lieu dans des pays en développement et que ces pays comptent parmi ceux qui y participent le plus, leurs populations savent, elles, très peu de ces activités. Elles ont en effet d’autres préoccupations plus urgentes et plus immédiates et connaissent par conséquent mieux ce que l’UNICEF ou le PNUD font. Les gouvernements de ces pays accordent, eux, bien sûr une grande importance aux opérations de maintien de la paix. Comptant parmi ceux-là, l’Inde toutefois estime que le maintien de la paix ne constitue pas l’activité la plus primordiale de l’Organisation. Les pays développés, eux, ne partagent pas cette opinion. Pourquoi alors est-il si difficile à ces ardents défenseurs de financer les activités de maintien de la paix, s’est interrogé le représentant, ajoutant que de manière tout à fait incohérente ceux qui pensent que le maintien de la paix est la tâche la plus importante en font peser le poids financier sur ceux qui ne partagent pas cet avis. Les pays développés qui demandent ainsi une baisse de leur niveau de contribution cherchent en fait et, selon les chiffres de la Banque Mondiale, un allègement équivalent à 0,001% de leur PNB accumulé. Plus déroutant encore, cette diminution correspond à 0,084% de l’augmentation que leur PNB enregistrera cette année. “C’est pourquoi nous demandons instamment à nos collègues des pays développés de considérer leurs contributions de manière plus ouverte”, a insisté M. Sharma.

Le représentant a également fait remarquer qu’à l’inverse les pays contributeurs de troupe n’ont jamais fait pression sur l’Organisation concernant les remboursements qui leur sont dus et qui se chiffrent bon an, mal an, en centaines de millions de dollars. Or n’est-il pas déconcertant de s’entendre dire que ces pays n’obtiendront des remboursements que si l’on réduit le niveau de contribution des pays les plus riches ? Les principaux contributeurs prennent en fait le problème par le mauvais côté, a jugé M. Sharma pour qui ce n’est pas le barème qui est irréaliste, mais les mandats attribués aux opérations de maintien de la paix. Les tâches qui leur sont assignées sont par exemple incroyablement ambitieuses, parfois infaisables, et inspirées par des considérations politiques qui ne sont pas celles des pays hôtes de ces opérations. Or, selon ce scénario, les Nations Unies sont vouées à l’échec, a averti le représentant. De l’avis de l’Inde les faiblesses du maintien de la paix découlent de l’absence de volonté politique et non de lacunes opérationnelles. Contrairement à ce que prône le rapport Brahimi, elle estime qu’agrandir encore le Département des opérations de maintien de la paix ne résoudra en rien le problème, d’autant que si le premier pays contributeur continue d’insister pour que ce renforcement se fasse dans le cadre d’une croissance budgétaire nulle, les conséquences pourraient être tout à fait néfastes. “Nous ne devons jamais accepter que le maintien de la paix soit pris en otage”, a insisté en conclusion le représentant.

M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a rappelé que la communauté internationale doit fournir à l'ONU des ressources financières et humaines à la taille de ses responsabilités si elle souhaite que l'ONU remplisse le rôle qui lui a été confié. Aujourd'hui, la croissance exponentielle du nombre d'opérations de maintien de la paix amène l'opinion publique à juger l'ONU principalement au travers de son efficacité et de ses réalisations dans ce domaine. Le rapport Brahimi, examiné récemment par le Conseil de sécurité, établit que les Etats Membres doivent rassembler la volonté politique nécessaire pour soutenir financièrement l'Organisation et maintenir sa crédibilité. Fournisseur de troupes, le Ghana a joué, pendant quarante ans, et continuera de jouer un rôle actif dans les opérations de maintien de la paix. Dans ce contexte, le représentant s'est déclaré préoccupé par le fait que l'ONU ne puisse rembourser, à temps, les pays fournisseurs de contingents et de matériel, et ce parce que certains membres ne paient pas leur contribution au maintien de la paix. La dette des Nations Unies ne pourra être éliminée que si les Etats honorent leur obligation légale. La solution à long terme passe néanmoins par l'établissement d'une base stable et prévisible au calcul des contributions de tous les Etats Membres. Le représentant a estimé que le barème adopté en 1973 doit être révisé, ses principes fondateurs demeurant toutefois valables aujourd'hui. Il a en outre souligné que toute discussion sur le barème des opérations de maintien de la paix doit prendre en compte les conditions économiques des pays en développement ainsi que la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité.

M. WANG YINGFAN (Chine) a profondément regretté que les retards dans les versements par certains Etats de leurs contributions placent les activités de maintien de la paix de l’Organisation dans une situation très difficile et limitent leur réalisation normale. Si la Chine n’est pas opposée à discuter de la question d’une réforme du barème spécial, elle estime néanmoins que la méthodologie actuelle reflète le principe de la capacité de paiement. Ce principe doit absolument être préservé même si l’on peut introduire certains ajustements à la lumière des circonstances nouvelles. La capacité limitée des pays en développement doit notamment être dûment prise en compte afin de faire en sorte qu’ils n’auront pas à subir un poids financier supplémentaire. Membre permanent du Conseil de sécurité, la Chine est parfaitement consciente de la responsabilité particulière qui lui revient à ce titre, a reconnu ensuite le représentant. C’est pourquoi, au fil des ans, elle s’est acquittée consciencieusement de ses obligations financières, qui sont déjà assorties d’une surcharge. Toutefois, toute tentative visant à relever de manière radicale le taux de contribution ou à instaurer un taux plancher pour les membres permanents est tout simplement inacceptable pour le Gouvernement chinois. Il faut clairement indiquer que les difficultés financières de l’Organisation sont dues essentiellement à l’importance des arriérés accumulés par un petit nombre d’Etats, et notamment le premier contributeur. Ce n’est que lorsque tous les Etats s’acquitteront pleinement, en temps voulu et sans conditions, de leurs obligations financières, que l’Organisation jouira d’une assise financière solide. Sans cela, toutes les discussions visant à renforcer l’efficacité de l’ONU demeureront vaines, a mis en garde le représentant, avant de demander à ce que le principe de l’égalité souveraine des Etats Membres soit respecté durant les négociations.

Mme ELMIRA IBRAIMOVA (Kirghizistan) a estimé que le rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix doit être renforcé, tout comme son efficacité et sa vitesse de réaction dans ce domaine. L'augmentation du nombre des opérations de maintien de la paix exige un accroissement des ressources budgétaires, a-t-elle noté. En effet, sur une période de 50 ans le budget du maintien de la paix a atteint 20 milliards, et cette année seule il s'élèvera à deux milliards. Dans ce contexte, nous devons veiller à ce que les opérations de maintien de la paix soient financées comme il se doit. La représentante a signalé qu'au 30 juin 2000, 1 648 Casques-bleus étaient morts, depuis 1948, en service. Ainsi, le Kirghizistan estime que les recommandations du rapport Brahimi doivent être étudiées et analysées avec soin. La représentante a soutenu la proposition d'autoriser le Secrétaire général à engager 50 millions de dollars, avec l'approbation du CCQAB, avant l'adoption d'une résolution par le Conseil de sécurité et lorsqu'il devient évident qu'une opération va être déployée. De même, elle a appuyé le renforcement du Département des opératiosn de maintien de la paix. La réforme du barème doit se fonder sur la capacité de paiement des Etats et les membres permanents doivent assumer une responsabilité particulière qui tienne compte également de leur capacité de paiement. L'adoption d'un nouveau barème doit se faire de manière transparente et consensuelle.

M. VLADIMIR SOTIROV (Bulgarie) a appuyé les mesures proposées par l'Union européenne pour une réforme du barème des quotes-parts pour les opérations de maintien de la paix. Il a également noté avec intérêt la déclaration de Mme Wensley, représentante de l'Australie. La réforme du barème du maintien de la paix doit se fonder sur une assise stable et durable. La Bulgarie souhaite apporter une contribution supplémentaire en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix. Ainsi elle a renoncé à sa réduction de 80% et elle est passée du Groupe C au groupe B. Des dispositions sont également prises pour s'acquitter de tous les arriérés, a annoncé M. Sotirov.

M. BERND NIEHAUS (Costa Rica) a déclaré que les travaux sur cette question ne devraient pas faire l’objet de conflits politiques et devraient se fonder sur les plus hautes normes d’objectivité. Il a rappelé qu’il y a un mois tous les chefs d’Etat du monde entier ont réaffirmé leur confiance en l’Organisation. Or, celle-ci connaît toujours une crise financière aiguë, découlant principalement du défaut de versement des contributions de la part de certains Etats Membres. Le Costa Rica est convaincu que l’Organisation a besoin d’un système financier durable et stable. Le barème du maintien de la paix doit se fonder sur le principe de la capacité de paiement. Il convient aussi de tenir compte de la capacité de paiement limitée des pays en développement et de la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité. Il convient, de plus, de tenir compte de la situation particulière des Etats, qui comme le Costa Rica, ont renoncé de manière permanente au recours à la force et n’ont pas d’armée. Ces pays contribuent relativement beaucoup plus que les nations qui disposent de budgets militaires énormes ou qui sont de grandes exportatrices d’armes. Ils devraient donc bénéficier d’un dégrèvement supplémentaire.

M. ROBERTO JORDAN-PANDO (Bolivie), rappelant les conclusions du rapport Brahimi, a souligné la nécessité d'employer moins la force à l'avenir, et d'assurer le développement économique et social des pays. L'ONU a besoin de ressources financières pour assurer le développement des pays, les opérations de maintien de la paix et son agrandissement. La situation financière des opérations de maintien de la paix n'est pas imputable au barème des contributions ni aux pays en développement, a estimé M. Pando, elle est due au fait que le principal contributeur ne règle pas ses obligations. Il a recommandé que chaque Etat intègre les objectifs et les intérêts de l'Organisation dans sa politique internationale. Le barème des quotes-parts au budget ordinaire et celui du maintien de la paix doivent être déterminés par la capacité de paiement mesurée par le biais du revenu par habitant. L'A2ccord de 1973 sur la répartition des dépenses de maintien de la paix n'est qu'une disposition consensuelle et non pas un barème. Les groupes établis répondent à des critères politiques et non pas à des résultats mathématiques, ils sont asymétriques et regroupent des pays où les revenus par habitant varient considérablement, a insisté le représentant. Ainsi la solution ne consiste pas à créer des groupes intermédiaires dont la constitution serait encore gouvernée par des critères politiques. Il faut établir une classification économique stricte, évaluer la situation des 189 pays et les classer en fonction de celle- ci. Cette année, les contributions au maintien de la paix atteindront 3 milliards, augmentation qui préoccupe tous les Etats. La Bolivie estime qu'il n'est pas juste que les intérêts d'un groupe régional prennent le pas sur le principe de la responsabilité collective. Les pays membres du Conseil de sécurité sont également dans une position particulière, leur responsabilité de paiement devant augmenter par rapport aux Etats qui respectent la Charte et n'ignorent pas le Conseil. Le représentant a signalé que le rapport Brahimi ne dit nullement qu'il faut accorder la priorité au financement du développement, qui ne peut se produire que dans la paix. Certes les pays développés aussi ont besoin de paix mais les pays en développement ont besoin d'un financement pour leur développement. Si le coût des opérations de paix augmente, le financement du développement lui n'augmente pas car il faut, dit-on, donner la priorité aux opérations de maintien de la paix.

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