En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/470

LES DELEGATIONS RENOUVELLENT LEUR ENGAGEMENT A LIBERER LES PEUPLES DE LA DROGUE ET DU CRIME

4 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/SHC/470


LES DELEGATIONS RENOUVELLENT LEUR ENGAGEMENT A LIBERER LES PEUPLES DE LA DROGUE ET DU CRIME

20001004

La troisième Commission conclut son débat sur la prévention du crime et la justice pénale et le contrôle international des drogues

La Commission des affaires sociales, humanitaires et culturelles a conclu, cet après-midi, son débat sur la prévention du crime et la justice pénale et le contrôle international des drogues. La plupart des représentants sont revenus sur les implications régionales de la criminalité transnationale organisée, et notamment du trafic des drogues, des cultures illicites et du transit de stupéfiants sur la souveraineté, la stabilité et le développement des Etats.

Le représentant de la République islamique d’Iran a appelé à une coopération internationale et régionale en vue de créer un "cordon de sécurité" autour de l'Afghanistan pour freiner le flot des drogues provenant de ce pays vers le reste du monde. Le régime des Taliban, fustigé par l’Inde, constitue selon le représentant de ce pays, une menace alimentée par l’argent du trafic de la drogue et appuyée par ce qu’il a appelé des "parrains idéologiques". Le Népal n’est ni producteur, ni consommateur des drogues, mais sa situation géographique qui est en fait un voisin des grands centres producteurs d’héroïne, ne le met pas à l’abri du trafic, a expliqué le représentant de ce pays.

Plusieurs représentants de pays devenus zones de transit dont Haïti et l’Azerbaïdjan, ont évoqué les problèmes engendrés par ce phénomène, particulièrement l'aggravation des activités criminelles. La République démocratique populaire lao, déplorant la persistance de la production d'opium chez elle, a expliqué que les cultivateurs n’ont pas d'autres possibilités de survie. La faim et la pauvreté restent graves dans les zones isolées, et plus particulièrement dans les zones de production du pavot à opium. La République islamique d'Iran, pour sa part, est d'avis que les pays qui consomment le gros du trafic de drogues illicites doivent également honorer leurs responsabilités et leurs engagements en réduisant leur demande au niveau national.

Dans le cadre de l’Afrique centrale, le Cameroun a estimé qu’il serait indiqué que le PNUCID envisage de créer dans un futur pas trop lointain un bureau des Nations Unies pour la coordination et l’intensification de la lutte contre ces fléaux. Le représentant a indiqué que son pays serait heureux d’abriter un tel bureau.

Pour ce qui est de la lutte contre la corruption, plusieurs délégations ont appuyé l’élaboration d’un instrument juridique international. L’Inde a insisté sur la nécessité de tenir compte des systèmes juridiques nationaux respectifs, et des liens entre la corruption internationale et le blanchiment d’argent.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Jamahiriya arabe libyenne; Népal; République démocratique populaire lao; Azerbaïdjan; République islamique d'Iran; Liban; Brésil; Myanmar; Turquie; Bahreïn; Haïti; Cameroun; Brunei Darussalam; Inde et Venezuela.

La Commission entamera son examen des questions relatives à la promotion de la femme à sa prochaine séance, vendredi 6 octobre, à partir de 15 heures.

PREVENTION DU CRIME ET JUSTICE PENALE

CONTROLE INTERNATIONAL DES DROGUES

Fin du débat général

MME HANAN K. ZOGHBIA (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que sa délégation appuie le projet de résolution présenté par le Mexique sur la coopération internationale contre le problème mondial des drogues. Entre autres mesures nationales, la représentante a mentionné les sanctions très sévères adoptées par son pays contre les trafiquants depuis l’emprisonnement à vie jusqu’à la peine de mort. La Libye considère en effet, a-t-elle expliqué, que l’acte de trafic des stupéfiants équivaut à un meurtre prémédité.

Mme Zoghbia a indiqué que son pays voudrait souligner l’importance que jouent les médias et l’éducation dans la prise de conscience du public au problème des drogues. La représentante a par ailleurs souligné la coopération entre la Libye et les pays méditerranéens, arabes et africains pour lutter contre ce dangereux phénomène international. Mme Zoghbia a réitéré l’appui de son pays aux programmes de cultures de substitution et aux activités de contrôle international des stupéfiants, mais elle a insisté sur les principes de souveraineté nationale et de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays qu’il faut respecter.

M. DIL BAHADUR GHARTI (Népal) a déclaré que son pays appuie les engagements pris par le Dixième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants qui visent à réduire la criminalité, à renforcer les systèmes de justice pénale, garantir les droits de l’homme et libertés fondamentales. Le Népal salue en outre les recommandations du Comité spécial en vue de l’élaboration d’une convention des Nations Unies contre la corruption. Le Népal appuie également la Déclaration politique de la Session spéciale des Nations Unies sur le problème de la drogue ainsi que la stratégie globale qui y avait été adoptée.

M. Gharti a ajouté que sa délégation remercie le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) pour l’aide accordée au Népal. Il a ajouté que même si son pays n’est ni producteur, ni consommateur des drogues, sa situation géographique qui est en fait un voisin des grands centres producteurs d’héroïne, ne le met pas à l’abri du trafic. Le Népal s’est engagé à confronter de manière efficace ce fléau. Des lois ont été votées et diverses dispositions, y compris une réforme du système judiciaire, ont été mises en place.

Pour réduire la demande, le représentant a évoqué la nécessité de créer des débouchés et des opportunités d’emploi, notamment pour les jeunes, ainsi que de prendre des mesures répressives contre les trafiquants. Il a indiqué que le Népal collabore aussi avec les 7 pays membres de l’Association d’Asie du Sud pour la coopération régionale afin de combattre le trafic. Cette association a adopté en 1990 une convention sur les drogues et les substances psychotropes, ce qui a eu des effets positifs dans la collaboration et la coordination dans la sous-région.

M. KHENTHONG NUANTHASING (République démocratique populaire lao) a regretté que plus de 21 millions de personnes consomment de l'héroïne et de la cocaïne, et qu'environ 30 millions de personnes consomment des stimulants de type amphétamine. Il a déploré la persistance de la production d'opium dans son pays, ce qui démontre que les cultivateurs n’ont pas d'autres possibilités de survie. La faim et la pauvreté restent graves dans les zones isolées, et plus particulièrement dans les zones de production du pavot à opium. La main-d’œuvre reste faible parce que de nombreux hommes sont toxicomanes. Le représentant a placé le problème de la culture du pavot à opium dans le contexte de la pauvreté rurale.

Le représentant a estimé que les cultures de pavot à opium pourraient être éradiquées en appliquant trois mesures, en assurant la sécurité alimentaire, en améliorant les perspectives de profit et en développant une infrastructure physique et sociale. Il a souligné la volonté de participation à de tels programmes qui existe au sein des populations locales, qui considèrent que le développement fournit des alternatives à l'opium et que l'accès à l'hygiène et aux soins de santé ne rend plus nécessaire de se servir de l'opium comme anesthésique. Le représentant a précisé que 50 % de la récolte d'opium de son pays est utilisée sur place, par 63 000 consommateurs. Il a également regretté que la consommation de stimulants de type amphétamine ait augmenté en République démocratique populaire lao, pays de transit pour des drogues de ce type produites à l'étranger. Le représentant a indiqué que son Gouvernement a signé l'année dernière un accord avec le PNUCID portant sur l'éradication de la culture du pavot et de la demande d'opium d'ici à l'année 2006.

M. ELDAR KOULIEV (Azerbaïdjan) a déclaré que les États Membres du GUUAM (la Géorgie, l’Ukraine, l’Ouzbékistan, l’Azerbaïdjan, et la République de Moldava) au nom desquels il s’exprime, ont élaboré des stratégies et des législations pénales rigoureuses pour réduire la demande et stopper l’offre. Le représentant de l’Azerbaïdjan a expliqué que l’analyse du trafic de la drogue dans ces états du GUUAM montre que les stupéfiants viennent d’autres régions, la plus grande partie étant acheminée plus loin, destinée aux pays européens, l’Asie centrale devenant ainsi une importante zone de transit. Ce phénomène n’aide pas les zones en conflit, qui en connaissent un plus grand essor.

M. Kouliev a indiqué qu’en cette période de transition dans la sous-région, et considérant les difficultés d’ordre social qui prévalent, il est difficile pour un pays de lutter isolément contre ce fléau. Les États du GUUAM sollicitent l’aide internationale, a-t-il dit. Il a par ailleurs insisté sur les principes de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale qu’il faut respecter. La communauté internationale doit consentir des efforts supplémentaires pour lutter contre l’ensemble des menaces dans la région, dont le trafic des drogues, le terrorisme et le crime organisé.

Le représentant a affirmé que la lutte contre le trafic des drogues exige une approche intégrée et exhaustive, y compris contre le blanchiment d’argent, corollaire au trafic illicite des drogues. Le programme d’aide aux États doit rester l’une des priorités du PNUCID, a-t-il par ailleurs ajouté.

M. MOHAMMAD HASSAN FADAIFARD (République islamique d'Iran) a estimé que l'un des plus graves problèmes dans le domaine de la lutte internationale contre les drogues est que la culture des plantes servant à la fabrication des stupéfiants se poursuit dans certaines régions du monde et surtout en Afghanistan. Ce pays est le plus grand producteur mondial d'opium illicite. Il est donc dans l'intérêt de la communauté internationale dans son ensemble de combattre la culture du pavot à opium en Afghanistan. Le représentant a appelé à une coopération internationale et régionale en vue de créer un "cordon de sécurité" autour de l'Afghanistan pour freiner le flot des drogues provenant de ce pays vers le reste du monde. Il est également crucial de mettre en place des plans de développement alternatif.

Le représentant a ensuite expliqué que les activités anti-drogues menées aux frontières de l'Iran sont une véritable guerre, avec des opérations militaires lancées contre des caravanes et des contrebandiers au moyen d'équipements militaires sophistiqués. Il a cité le PNUCID qui établissait, le 30 septembre 1999, que l'Iran est le pays qui a procédé aux plus grandes saisies d'héroïne, de morphine et d'opium dans le monde. En 1999, l'Iran a saisi l'équivalent de 49 tonnes en opiacés. Les pays d'Europe occidentale en ont saisi environ 7 tonnes. De 1979 à 1999, 2895 membres des forces de l'ordre iraniennes ont été tués dans des opérations anti-drogues. Le représentant a ajouté que le coût social de ce combat est inestimable.

Le renforcement de la coopération régionale et internationale doit aussi permettre de s'attaquer aux grands trafiquants de stupéfiants par le biais de la lutte contre le terrorisme, le trafic d'armes et la corruption. La République islamique d'Iran est d'avis que les pays qui consomment le gros du trafic de drogues illicites doivent également honorer leurs responsabilités et leurs engagements en réduisant leur demande au niveau national.

M. MOHAMED ISSA (Liban)a commencé par évoquer la récente visite au Liban de M. Pino Arlacchi, le Directeur exécutif du PNUCID. Au cours de cette visite, les efforts accomplis ont été constatés, notamment pour ce qui est de l’élimination des cultures illicites. Il a ensuite ajouté que le Liban aspire toujours à obtenir une aide pour les paysans pour qui les cultures illicites étaient le seul moyen de subsistance. Le représentant a affirmé que des programmes de substitution doivent être réalisés et les sommes engagées doivent être conséquentes pour pouvoir détourner définitivement les paysans libanais de ces cultures. M. Issa a estimé que les ressources modestes envisagées jusqu’ici par le PNUCID à cet effet doivent être revues à la hausse.

Tout en affirmant l’engagement libanais à sauvegarder l’environnement, les autorités et les divers services compétents poursuivront les programmes d’élimination définitive de ces cultures, a indiqué M. Issa. Le législateur et le gouvernement sont déterminés à lutter contre ces fléaux, mais le Liban a besoin d’aide. Le blanchiment d’argent est une autre menace. Le représentant a affirmé que dans son pays, il n’y a aucune opération de blanchiment d’argent grâce aux dispositions en vigueur qui prévalent dans les institutions bancaires libanaises.

M. LUIZ TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil) a regretté que la communauté internationale soit confrontée à une "mondialisation" du crime, qui est la conséquence malheureuse d'une expansion sans précédent du commerce international et des communications. Dans un tel monde, les activités criminelles transnationales organisées ont également pris une nouvelle dimension, ce qui appelle une réaction active de chaque pays ainsi que de la communauté internationale. Le Brésil accorde une grande importance au renforcement de l'assistance technique internationale dans la lutte contre les activités criminelles aux niveaux national et international.

Dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale, le Congrès et le Gouvernement brésiliens sont en train d'adopter une législation qui vise à réduire la criminalité. Le Congrès examine en outre une loi d'interdiction de la vente des armes à feu et de munitions sur l'ensemble du territoire du Brésil. Cette loi ne s'appliquera pas aux forces armées, aux agences publiques de sécurité ou aux sociétés de sécurité privées. Une loi de désarmement a d'ores et déjà été appliquée dans l'Etat de Rio de Janeiro. En 1999, un Programme fédéral d'assistance aux victimes et aux témoins faisant l'objet de menaces a également été mis en place. Le représentant a également déclaré que le trafic de drogues, principale source de revenus de la criminalité organisée, est une menace pour la dignité des êtres humains et a un coût social énorme.

M. WIN MRA (Myanmar) a déclaré que son pays salue et appuie pleinement la Déclaration du millénaire par laquelle tous les États ont décidé d’intensifier leur lutte contre la criminalité transnationale organisée. Au Myanmar, a dit le représentant de ce pays, l’éradication des drogues, et notamment de la culture du pavot, est une priorité nationale pour le gouvernement. M. Mra a expliqué que ce fléau national est lié à l’insécurité, l’instabilité et à l’insurrection armée. Il a ajouté que grâce au rétablissement de la stabilité sur presque toute l’étendue du territoire, le gouvernement est maintenant mieux placé pour réaliser ses programmes de lutte contre le trafic des drogues dans des régions qui étaient auparavant inaccessibles à cause de l’insécurité. Les efforts soutenus du Myanmar se sont traduits par une baisse notable de la culture et de la production du pavot à opium, a précisé le représentant.

Le gouvernement a commencé à mettre en œuvre son plan de 15 ans pour l’élimination des drogues, doté d’un budget estimé à 150 millions de dollars, mais M. Mra a précisé que la réalisation de ce plan serait accélérée si les efforts consentis par son pays étaient complétés par une aide et une coopération internationales adéquates. Myanmar, a-t-il affirmé, a opté pour une approche durable et compte déclarer en 2005 la région de Wa, zone libérée de toute drogue. Dans cette région, des ONG de Chine et du Japon assistent les autorités. Par ailleurs, la délégation du Myanmar est totalement d’accord avec M. Arlacchi quand ce dernier déclare que les programmes alternatifs et les cultures de substitution peuvent permettre de venir à bout, dans certaines régions éloignées, de la dépendance économique locale à la culture du pavot. M. Mra a rappelé que son pays compte toujours atteindre l’objectif de faire de Myanmar un pays libre de toute drogue, avant la date butoir de 2015.

En cette époque de mondialisation, le Myanmar est extrêmement vigilant à l’égard des crimes transnationaux. Récemment, la Réunion spéciale des hauts fonctionnaires des pays de l’Association de l’Asie du Sud-Est sur la criminalité transnationale s’est tenue à Yangoon, capitale du Myanmar.

M. HAKAN TEKIN (Turquie) s'est félicité de la coopération qui s’est établie entre le PNUCID et la Turquie depuis de nombreuses années. Il a rappelé qu'en tant que pont entre l'Est et l'Ouest, le territoire turc est particulièrement exposé au transit de stupéfiants. Le représentant a expliqué que la stratégie turque de lutte contre la production, le commerce et la consommation illicites de drogues et de substances psychotropes repose sur un contrôle sévère des exportations de précurseurs et d'anhydride acétique. En outre, la Turquie estime que la communauté internationale doit être consciente du rôle des organisations terroristes et des groupes criminels organisés dans la production et le trafic de narcotiques.

Depuis des années, la Turquie mène une lutte sans merci contre le trafic de drogues en utilisant tous les moyens qui sont à sa disposition. Au cours de cette lutte, les autorités turques ont appris que le trafic de drogues est l'une des principales sources de revenus illicites servant à constituer une forte base financière au trafic illicite d'armes par les organisations terroristes. Pour éradiquer ce problème, la Turquie a mis en place différentes mesures réprimant le blanchiment de l'argent, que la mondialisation de l'économie mondiale rend de plus en plus difficile à détecter et à sanctionner. Il est évident que la coopération internationale est absolument nécessaire pour rendre plus efficaces les mesures nationales de lutte contre de tels crimes transnationaux. A cet égard, l'adoption de la convention contre la criminalité transnationale organisée et de ses trois protocoles additionnels sera un progrès important, à condition que tous les aspects soient couverts, y compris le terrorisme.

M. MOHAMMED AL-SUWAIDI (Bahreïn) a noté que le trafic de drogues s'est étendu à toutes les régions du monde et que son élimination appelle une action concertée au niveau international. Le représentant a reconnu que les drogues et les stupéfiants existent depuis toujours et qu'en dépit de leurs effets négatifs, on en produit dans des quantités de plus en plus importantes. Il a relevé le paradoxe qu'il y a dans la juxtaposition de grandes avancées scientifiques et technologiques et de l'augmentation de la consommation de stupéfiants. Il est pourtant aussi reconnu que le trafic de drogues et la toxicomanie sont liés à différentes autres activités criminelles, a-t-il fait remarquer. Et il est bien connu que la consommation de drogues entraîne une détérioration physique.

Dans ce contexte, le Bahreïn a mis en place des moyens sophistiqués de détection des drogues à ses frontières terrestres, aériennes et maritimes; il forme le personnel chargé de la lutte contre le trafic aux dernières évolutions dans ce domaine; il prend en charge les toxicomanes dans des hôpitaux spécialisés; et incorpore des informations sur ce problème dans les programmes scolaires. En outre, le Bahreïn a institué la peine de mort ou la prison à vie pour les trafiquants. Pour lutter contre le blanchiment de l'argent sale, des enquêtes sont également menées sur les enrichissements "trop" rapides. Le représentant a déclaré que les efforts déployés par le Bahreïn ont heureusement porté leurs fruits en éliminant ces problèmes des préoccupations de la société bahreïnite. Il a appelé les autres pays à s'inspirer de cette démarche.

M. PAUL-PROMPT YOURI EMMANUEL (Haïti) a d'abord voulu donner des exemples de tragédies humaines liées au fléau de la drogue. Des pleurs aigus émanent d'une salle de soins intensifs, un nouveau né est inconsolable, il est séropositif, la mère héroïnomane; une mère de famille emprunte par inadvertance une rue infestée de trafiquants de drogues. Les balles pleuvent sur sa voiture. Sa fille unique est tuée, elle avait à peine 11 ans. Un paysan cultive un champ de cocaier, la récolte est bonne, le cocaier se vend bien, c'est son gagne-pain, sa famille en dépend; mais ces plantes seront converties en cocaïne destinée au commerce illicite. Le bilan de ce commerce est lourd: des centaines de morts, d'innombrables veuves et orphelins, des vies à jamais brisées, des foyers complètement détruits. Directement ou indirectement, nous sommes tous concernés, a poursuivi le représentant. Nous sommes tous menacés et l'adversaire est de taille; il est donc impératif que nous conjuguions nos efforts pour avoir raison de lui.

Conscients des handicaps majeurs dans sa lutte contre le trafic de drogues, le Gouvernement haïtien s'est engagé résolument, dans un cadre de coopération internationale, à combattre ce fléau qui continue de poser un défi à l'instauration d'un climat de sécurité et de stabilité propice au développement économique. Il a ainsi signé avec le Programme des Nations Unies pour le Contrôle International des Drogues (PNUCID) une lettre d'entente donnant mandat à un groupe de travail pour l'aider à élaborer un mécanisme de coordination et à formuler un plan directeur. De même, le Président de la République a signé un accord avec les Etats-Unis permettant aux agents des garde-côtes américains et de la DEA, après consultation, de pénétrer dans les eaux territoriales haïtiennes pour appréhender tout navire suspecté de transporter de la drogue. Enfin une version expérimentale du programme national de réduction de la demande élaboré en collaboration avec le PNUCID a démarré le premier mai 2000. Deux projets de lois, respectivement sur le Contrôle et la Répression du trafic illicite des drogues et le blanchiment d'argent des avoirs provenant de la drogue et d'autres délits graves, seront bientôt présentés au Parlement pour ratification.

La délégation haïtienne tient à souligner que depuis quelque temps le pays fait face à une recrudescence de la criminalité; laquelle est étroitement liée au rapatriement en masse opéré par les autorités de l'immigration américaine et canadienne. Cette situation accule le Gouvernement à réorienter des ressources qui pourraient être affectées aux priorités de développement vers la mise en place de structures d'accueil adéquates. Nous sommes persuadés que seul un système de justice pénale efficace, fiable, juste et moral pourra aider à la sécurité des personnes et à la prévention du crime. Fort de cette conviction le Gouvernement s'est engagé résolument à combattre l'impunité, obstacle majeur à la prévention du crime. C'est dans ce contexte que doit être appréciée la tenue, en août dernier, du procès de Carrefour-Feuilles: ce procès d'officiers haut gradés de la Police Nationale, accusés de meurtre, a abouti à la condamnation de plusieurs d'entre eux, y compris d'un ancien chef de Police de la capitale. Nous nous félicitons également du déroulement en ce moment même du jugement des auteurs présumés du massacre de Raboteau, a affirmé le représentant qui a cependant regretté l'absence sur le bac des accusés de certains commanditaires et auteurs intellectuels de ce massacre. A ce propos, a-t-il dit, il est déplorable que les archives de l'ancienne armée, confisquées en septembre 1994 par les militaires américains n'aient toujours pas été restituées à la justice haïtienne.

M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun), a déclaré que la consommation et le trafic illicites des drogues ont des conséquences socioéconomiques désastreuses sur le tissu familial, la santé des personnes et les sociétés et constitue avec son corollaire, la criminalité transnationale organisée, des menaces et des atteintes sérieuses à la paix, à la sécurité et à la stabilité des États. Le représentant du Cameroun a insisté sur la question des profits illicites provenant du trafic des drogues. M. Belinga Eboutou a dénoncé les ramifications que sont la corruption, le crime organisé, le blanchiment d’argent et les autres infractions telles que le trafic d’êtres humains et celui des migrants. C’est pourquoi, a dit M. Belinga Eboutou, la lutte contre la criminalité et l’abus des drogues doit participer de l’effort mondial de créer un monde plus pacifique, plus prospère parce que respectueux de la personne humaine et de ses droits fondamentaux. La délégation du Cameroun s’est félicitée du processus de négociation du projet de convention contre la criminalité transnationale organisée et ses trois protocoles, ainsi que de l’initiative intitulée “United Nations Offshore Forum” lancée par l’ONU en mars 2000 contre le blanchiment d’argent.

A la lueur de la mondialisation et de ses retombées, M. Belinga Eboutou a déclaré que son pays adapte avec méthode sa législation pour répondre efficacement aux problèmes posés par le trafic des drogues, mais ces efforts devront s’associer à ceux de la coopération régionale et internationale. Pour le Cameroun, “prévenir vaut mieux que punir”, a dit le représentant, qui s’est réjoui de la création d’un nouveau bureau de coordination de la lutte contre les stupéfiants en Afrique du Sud et du renforcement des bureaux existants en Afrique de l’Ouest et du Nord. Le Cameroun salue la mise en place prochaine d’un Centre africain sur les armes à feu au sein de l’Institut africain pour la prévention du crime et le traitement des délinquants. Dans la perspective de la prévention, et dans le cadre de l’Afrique centrale, M. Belinga Eboutou a estimé qu’il serait indiqué que le PNUCID envisage de créer dans un futur pas trop lointain un bureau des Nations Unies pour la coordination et l’intensification de la lutte contre ces fléaux. Le Cameroun serait heureux d’abriter un tel bureau, a-t-il indiqué.

MME KASMALATI DATO HAJI KASSIM (Brunei Darussalam) a déclaré que les sociétés traditionnelles telles que celle du Brunei Darussalam, dans lesquelles le développement social et le développement des ressources humaines jouent un rôle vital, sont particulièrement conscientes des dangers posés par l'abus des drogues. Les informations sur les effets physiques et psychologiques de l’abus sur les jeunes et même les enfants, que l'on observe dans les autres pays, ainsi que sur les liens du trafic de drogues avec d’autres activités criminelles, sont extrêmement perturbantes. Nos autorités ont pris conscience il y a plusieurs années du besoin de vigilance, d'éducation, de suivi et de coopération entre pays voisins a dit le représentant. Le Brunei Darussalam est prêt à contribuer par tous les moyens à sa disposition à la lutte, aux niveaux national et international, contre ces problèmes.

M. S. RAMACHANDRA REDDY (Inde) a déclaré que son pays espère que la Déclaration de Vienne, après son adoption par le Dixième Congrès sur la prévention du crime et le traitement des délinquants, établira les fondements de la coopération internationale en matière de lutte contre la criminalité transnationale et le terrorisme. Le représentant de l’Inde a aussi évoqué la résolution 54/127 de l’Assemblée générale qui mentionnait l'élaboration possible, par le Comité spécial chargé d'élaborer la Convention contre la criminalité transnationale organisée, d’un instrument juridique international ayant trait à la fabrication illicite et au trafic de munitions. Par ailleurs, M. Reddy a instamment recommandé que les consultations intergouvernementales sur les termes de référence des travaux sur l’élaboration d’un instrument juridique international contre la corruption soient largement ouvertes et tiennent compte des systèmes juridiques nationaux respectifs, et des liens entre la corruption internationale et le blanchiment d’argent. Le représentant a souligné que les pays en développement ont besoin d’assistance afin de renforcer leur capacité à faire face à la criminalité transnationale organisée.

M. Reddy a affirmé que la date butoir de 2008, pour l’élimination ou la réduction substantielle, en collaboration avec le PNUCID, des cultures illicites de coca, de cannabis et de pavot à opium, constituent un important objectif que la plupart des pays essaient d’atteindre. Mais le représentant a regretté que l’Afghanistan, sous le règne des Taliban, demeure la source de 75% de la production mondiale du pavot. M. Reddy a fustigé le régime Taliban, dont la terreur et l’idéologie guerrière, nourries par l’argent de la drogue, n’ont pas fait que des victimes afghanes, ajoutant que les méfaits de ce régime ne s’arrêteront qu’avec le retrait du soutien financier, militaire et idéologique que lui accordent ses parrains. M. Reddy a expliqué que l’Inde, et ses 3 millions de toxicomanes sur un milliard d’habitants, exposée par sa proximité géographique et des principaux centres de production dans la région, fera montre de vigilance sur le plan intérieur, notamment vis-à-vis de la jeunesse et des groupes à haut risque, et collaborera, à travers les organisations de l’ONU, aux efforts internationaux.

Mme LUISA KISLINGER (Venezuela) s'est félicitée de la conclusion des travaux d’élaboration de la convention sur la criminalité transnationale organisée. Elle a pris note de la nécessité d'élaborer un instrument juridique international efficace contre la corruption indépendant de la convention sur la criminalité. La représentante a poursuivi en exposant la stratégie du Venezuela pour faire face au problème des stupéfiants, qui se concentre non seulement sur le contrôle, l'interdiction et la répression du trafic de drogues, mais aussi sur la prévention, le traitement de la toxicomanie et la réinsertion sociale; le contrôle et la fiscalisation des capitaux; ainsi que le contrôle de la commercialisation des précurseurs. Par ailleurs, le Venezuela est convaincu que le problème mondial de la drogue doit recevoir une attention mondiale et être abordé de manière équilibrée.

Calendrier des travaux

La Secrétaire de la Troisième Commission, Mme Kate Starr Newell, a indiqué que le projet de résolution intitulé "Suivi de l'Année internationale des personnes âgées : Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement" (A/C.3/55/L.6) sera présenté lundi 9 octobre 2000. Mardi 10 octobre, la Commission se prononcera sur ce projet de résolution ainsi que, sur recommandation du Conseil économique et social, sur le projet de résolution concernant l'"Année internationale des volontaires" (A/C.3/55/L.2).

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