LA QUATRIEME COMMISSION ENTEND DES PETITIONNAIRES SUR LA QUESTION DU SAHARA OCCIDENTAL
Communiqué de Presse
CPSD/193
LA QUATRIEME COMMISSION ENTEND DES PETITIONNAIRES SUR LA QUESTION DU SAHARA OCCIDENTAL
20000928Réunie ce matin pour poursuivre lexamen de la question de la décolonisation, la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de décolonisation) a continué son audition des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental. Des pétitionnaires ont déploré les retards que connaît actuellement la mise en uvre du plan de règlement, plaidant pour que soit respecté le droit du peuple du Sahara occidental à lautodétermination.
Un pétitionnaire (au nom du Front POLISARIO) a affirmé que limpasse dans laquelle se trouve ce plan de règlement ne pouvait se poursuivre, dautant quelle nuit gravement à la crédibilité de lOrganisation des Nations Unies. Il a demandé à lONU qui dispose à présent dune liste de votants, établie au prix de nombreux efforts déployés par la MINURSO, de faire en sorte que ce référendum ait enfin lieu dans de bonnes conditions. Un autre pétitionnaire, ancien Chef de tribu, citoyen marocain, dorigine sahraouie, a informé la Commission quil a été enlevé de force et emprisonné pendant 15 ans par le Front POLISARIO en 1976 en compagnie dautres personnes sahraouies pour constituer des otages et des outils de manuvre politique. Il a ajouté quil a participé à lopération didentification dans le cadre de lapplication du plan de règlement de lONU et a attesté que, dans ce contexte, il recevait des instructions strictes de la part du commandant du Front POLISARIO pour exclure la majeure partie des requérants des différentes tribus.
Les pétitionnaires suivants ont pris la parole: M. Robert Jarry, maire de la ville du Mans; M. Felipe Briones Vives, International Association of Jurists for Western Sahara; M. Francisco Jose Alonso Rodriguez, Human Rights League of Spain; M. Salem Bouseif Brahim, au nom du Front POLISARIO; M. Richard Cazenave, Groupe détudes parlementaires sur les droits de lhomme de lAssemblée nationale française; M. Gaoutah Mohammed Ahmed Baba, ancien cheikh (Tribu Oulad Dlim) et M. Mohammed Salem Ali Omar Bahia, ancien cheikh (Tribu Laâroussyenne).
Le représentant du Maroc a posé des questions à deux des pétitionnaires: M. Felipe Briones Vives et M. Francisco Jose Alonso Rodriguez.
Par une motion dordre, le Maroc a remis en cause le fait que le pétitionnaire qui devait prendre la parole au nom du Front POLISARIO puisse le faire dans la mesure où sa demande daudition avait été faite au nom dun autre pétitionnaire. A la suite de cette requête, les représentants des délégations suivantes ont demandé que ce pétitionnaire soit autorisé à parler: Algérie, Antigua-et-Barbuda, Namibie, Afrique du Sud, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Guinée, Sénégal, Ghana, République-Unie de Tanzanie, Cuba, Zimbabwe, Angola et Jamaïque.
A lissue de cet échange de vues, la séance a été interrompue pendant dix minutes. Après quoi, la Quatrième Commission a repris laudition des pétitionnaires.
Le représentant de lAlgérie a posé des questions à un pétitionnaire: M. Richard Cazenave.
La Quatrième Commission reprendra ses travaux vendredi 29 septembre à 10 heures.
Auditions de pétitionnaires
M. ROBERT JARRY, Maire du Mans (France), évoquant le jumelage de la ville du Mans avec la ville de Hahousa depuis 1982, jumelage qui représente un clair engagement en faveur du droit du peuple sahraoui de choisir son sort et pour la stabilité dans la région, a exprimé la force de sa conviction à défendre le droit à lautodétermination de ce peuple. Il a expliqué que la large présence française au Maghreb a créé des liens avec ses peuples. Il a fait observer que le prix à payer par ce conflit est le déni du droit dun peuple à sautodéterminer. Il sagit donc dun problème de décolonisation qui doit être résolu par la mise en place dun référendum conformément au plan de paix, a-t-il continué. Il sest déclaré attentif à lapplication du plan de règlement et au travail didentification effectué par la MINURSO et espère un retour à la paix pour tous les peuples du Maghreb. Il a regretté limpuissance de la communauté internationale et de lONU devant limpasse qui existe aujourdhui. Il a fait observer que la partie sahraouie a fait beaucoup de concessions sur les critères déligibilité et que le plan de règlement exige la pleine coopération des parties. Il a regretté que lavancement du processus se soit trouvé bloqué par les milliers de recours et lentêtement du Maroc, quil a qualifié de violation des résolutions des Nations Unies et des Accords de Houston. Il a exprimé sa grande inquiétude de voir ce plan sinstaller dans une impasse et créer une situation lourde de risque de reprise du conflit. Il est temps dapprécier limpatience des sahraouis qui ont exprimé quils ne veulent pas intégrer le Maroc. Limpasse du plan de paix constitue un risque de conflit qui impose de réfléchir à des solutions de compromis pour trouver une solution aux divergences qui subsistent. Le référendum est la seule solution, a-t-il affirmé, en ajoutant que lidentification doit être menée à son terme afin de parvenir à la définition indiscutable du corps électoral. Il est temps de faire passer le peuple sahraoui du statut de victime au statut de peuple souverain, a-t-il conclu.
M. FELIPE BRIONES VIVES, International Association of Jurist for Western Sahara, a constaté que les mesures du plan de règlement sont en retard de neuf ans. Il a rappelé quil a fallu un quart de siècle pour établir enfin le chiffre de 86 386 personnes admises à voter et que, depuis, 134 000 recours ont été présentés, pour la plupart par le ministère de lIntérieur marocain. Il a rappelé que selon le rapport du Secrétaire général les appels doivent être entendus un par un, ce qui engendre encore un retard de deux ans dans le calendrier. Il a regretté que les réunions qui ont eu lieu entre les parties à Londres et Genève, cette année, naient donné aucun résultat. Il a indiqué que la partie sahraouie a annoncé quelle reprendrait les hostilités, constatant que lon atteint aujourdhui une situation très grave. Face au retard alarmant que connaît le référendum, il a considéré que certains éléments doivent être appliqués sans plus de retard par lONU. Il a dabord évoqué à cet égard la libération immédiate des prisonniers sahraouis qui se trouvent entre les mains du Royaume du Maroc, ainsi que la défense par lONU des droits de lhomme des Sahraouis, notant quils subissent aujourdhui une répression sous diverses formes. Il a mis en garde la Commission contre les dangers du «timorisation» du conflit au Sahara occidental. Il a également demandé louverture des espaces terrestres et maritimes du territoire sous contrôle de la MINURSO, estimant quon ne peut refuser à la communauté internationale dentrer sur ce territoire. M. Vives a affirmé que la tenue du référendum exige une présence internationale, cest pourquoi il convient de créer pour la suite du processus un corps dobservateurs, comme cela a eu lieu dans dautres régions du monde. M. Vives a affirmé que les Nations Unies ne doivent pas renoncer à leur rôle dans le domaine de la décolonisation dans cette
région. Le même engagement que celui manifesté au Timor oriental doit se manifester au Sahara occidental. A cet égard, lEspagne, qui occupe au Sahara le même rôle que le Portugal au Timor, devrait participer plus activement au processus de décolonisation.
Le représentant du Maroc, posant une question au pétitionnaire, a indiqué quun pétitionnaire ne doit pas prononcer un réquisitoire et des allégations, mais donner des informations à la Commission. Rappelant que le Maroc est lun des pays où les libertés fondamentales et les droits de lhomme ont connu des progrès considérables, il lui a demandé de donner à la Commission des détails sur létat et la situation des droits de lhomme dans les camps des réfugiés de Tindouf, et plus précisément sur la liberté de mouvement et dexpression des Sahraouis de Tindouf.
M. Briones Vives, en réponse à la question du Maroc, a indiqué quil sagit dune critique qui lui est adressée. Il a affirmé que le représentant du Maroc dispose de plus dinformations que lui sur la question quil a posée et quil pourra défendre sa thèse devant qui de droit. En tous cas lorsquil parle de la situation des droits de lhomme au Sahara occidental, M. Briones Vives a signalé quil sen remet aux rapports récents publiés par différentes instances, précisant quil ne sagit pas de violations systématiques des droits de lhomme, mais que des violations ont eu lieu et ont lieu encore.
Le représentant du Maroc a demandé au pétitionnaire ce quil pouvait dire sur la liberté de circulation et dexpression des réfugiés du camp de Tindouf.
M. Briones Vives a indiqué quil existe une liberté de mouvement et dexpression totale dans les camps de réfugiés notamment en ce qui concerne ceux qui ont décidé de partir de ces camps.
Le représentant du Maroc a constaté que le pétitionnaire na rien dit concernant la liberté dexpression.
M. Briones Vives a indiqué quil sagit dans cette Commission de parler du Sahara occidental dans son ensemble et non des régions du sud. Il a indiqué que le représentant a fait référence à un nombre réduit de personnes qui ont quitté les camps de réfugiés et il semble oublier la répression du régime du Maroc et qui touche des milliers de familles de Sahara.
Motion dordre
Le représentant du Maroc a estimé que le pétitionnaire nest pas là pour sattaquer à un Etat souverain, mais doit répondre à une question pour informer la Commission.
M. Briones Vives a indiqué que le fait que le représentant du Maroc lui coupe la parole et demande quon la lui retire montre bien létat desprit du régime du Maroc sur cette question.
Motion dordre
Le représentant du Maroc a indiqué que si le pétitionnaire ne peut répondre à une question il doit se taire, mais ne doit pas sattaquer au Maroc.
Le président a demandé au pétitionnaire, M. Briones Vives, de répondre à la question du Maroc simplement.
M. Briones Vives a indiqué quil nest pas là pour sattaquer à un pays, mais pour défendre le droit international. Il a indiqué quil na pas connaissance dune répression institutionnelle dans les zones placées sous le contrôle de la partie sahraouie.
M. FRANCISCO JOSE ALONSO RODRIGUEZ, Ligue des droits de lhomme de lEspagne, a indiqué que le Sahara occidental est un des conflits les plus dissimulés et quil est intolérable quenviron 200 000 réfugiés soient obligés de rester dans les camps de Tindouf. Il a informé la Commission que la portée de la répression par les forces marocaines est considérable et quelle se concrétise notamment par des exécutions sommaires, un état de siège, des tortures, des emprisonnements, la mise en place de colons qui sont des violations des droits de lhomme. Il a indiqué que malgré la politique de dissimulation menée par le Maroc plus de 500 Sahraouis sont encore portés disparus, quil existe des centres de détention clandestins, quaucun fonctionnaire na été condamné par un tribunal pour avoir torturé un réfugié et que les demandes denquêtes des organisations non gouvernementales sont toujours refusées. Le facteur commun de toutes ces violations est limpunité, a-t-il déclaré, expliquant que la passivité de la communauté internationale permet que des centaines de Sahraouis voient leurs droits violés au quotidien. Il a souligné que ces droits ne seront jamais respectés si on noctroie pas à ce peuple le droit dautodétermination par un référendum juste et équitable. Il est offensant que Mohammed VI qualifie la question du Sahara occidental de querelle artificielle, a-t-il continué. Le plan de règlement doit être appliqué et pour ce faire, il faut rejeter les recours présentés par des citoyens marocains qui nont pas présenté dinformations nouvelles au moment du recours. Il a ainsi demandé aux Nations Unies dexaminer cette question ajoutant que cette année une demande à été présentée en ce sens au Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de lhomme. Ce qui est plus inquiétant est lattitude inefficace pour faire respecter la légalité internationale, notamment lattitude de semblante neutralité de lEspagne qui a signé un accord de pêche avec le Maroc dans les eaux sahraouies. Concernant la troisième voie qui transformerait le Sahara occidental en une province pour éviter une nouvelle guerre, il a déclaré quelle dissimule le fait que ces risques sont dus à lattitude obstructionniste du Maroc et à linsuffisante action de la communauté internationale. Il considère que la seule solution est lexercice par le peuple sahraoui de son droit à lautodétermination. En ce qui concerne le risque dun retour au conflit, le risque est réel, a-t-il fait observer, indiquant quil faut faire peser toutes les pressions diplomatiques nécessaires pour que le référendum puisse avoir lieu dans les délais les plus brefs.
Le représentant du Maroc a fait valoir que les informations données par le pétitionnaire sont fausses et contraires aux statistiques des Nations Unies. Il a indiqué que lexemple le plus flagrant est le chiffre des réfugiés. Où a-t-il trouvé le chiffre de 200 000 réfugiés, a-t-il demandé? Les chiffres de lONU sont de lordre de 20 000 ou 30 000. Le chiffre du pétitionnaire na aucune base et de plus il parle de violations des droits de lhomme sans donner de référence, induisant ainsi en erreur la Commission. Concernant les droits de lhomme au Maroc, il a demandé au pétitionnaire si les autorisations de circulation entre les camps de Tindouf ont été abolies et donc si les réfugiés peuvent circuler librement. Est-ce que les réfugiés qui ont fui les camps peuvent rejoindre les membres de leur famille librement?
M. Rodriguez a déclaré quil na parlé que des 200 000 personnes qui vivent dans les camps de réfugiés et non pas du corps électoral identifié et que ces données viennent des statistiques de lONU. Il a continué en ajoutant que le représentant du Maroc sait que les réfugiés peuvent sortir des camps notamment pour prendre des vacances et pour bénéficier de soins médicaux. Le représentant du Maroc pourrait sengager à permettre à ceux qui sont dans les zones occupées au Maroc de se rendre librement dans les camps a-t-il suggéré en indiquant également que tous ceux qui voudront visiter les camps de Tindouf seront les bienvenus.
Motion dordre
Le représentant du Maroc a indiqué quil a posé des questions et quil ne comprend pas pourquoi le pétitionnaire ny répond pas et accuse le Maroc. Il a demandé au pétitionnaire de sen tenir aux règles de la Commission.
M. Rodriguez a demandé que le Maroc cesse de faire perdre du temps à la Commission.
Motion dordre
Le représentant du Maroc a demandé au Président de demander à M. Rodriguez de quitter la salle.
M. SALEM BOUSEIF BRAHIM, au nom du Front POLISARIO, a félicité le Président pour son élection à la tête de cette Commission.
Motion dordre
Le représentant du Maroc a estimé quétant donné que la demande daudition de ce pétitionnaire a été déposée à un autre nom que celui de ce pétitionnaire, on ne pouvait le laisser parler.
La Présidente a indiqué que la demande daudition a été acceptée par le Bureau selon la pratique établie.
Le représentant du Maroc a rappelé que le Front POLISARIO nest pas reconnu par lONU. Or, les pétitionnaires parlent à titre individuel et non au nom dune quelconque organisation, si la personne dont le nom est indiqué sur la demande daudition nest pas là, il semble quon ne puisse laisser parler quelquun dautre à sa place, a-t-il ajouté.
Le représentant de lAlgérie a estimé que la réponse de la présidence est claire et a souligné que le Front POLISARIO est lautre partie au différend sur cette question et quil figure sur toutes les résolutions du Conseil de sécurité. Il a signalé quil suffit dune demande pour que nimporte quel représentant puisse prendre la parole devant cette Commission.
La Présidente, en réponse à la question du Maroc a indiqué que la pratique selon laquelle des personnes peuvent prendre la parole au nom dun autre pétitionnaire qui en a fait la demande, est une pratique établie au sein de cette Commission. Elle a rappelé que plusieurs interventions ont lieu de cette manière durant cette même session.
Le représentant du Maroc a précisé que le nom du professeur Ruf, qui a parlé hier, en tant que pétitionnaire devant cette Commission, était mentionné dans la lettre de demande daudition. Dans le cas présent du pétitionnaire Brahim rien nest indiqué, sur la demande daudition il nest pas fait mention de son nom. De plus, il na jamais été question quun pétitionnaire représente une quelconque organisation. Le représentant a estimé quil ny a aucune base juridique pour que lon change le statut des pétitionnaires. Si lon veut changer dorateur, il faut en faire la demande en temps et en heure. Le représentant a souhaité que lon clarifie plus tard lexamen de cette question devant le Département juridique, rappelant que le Maroc na jamais accepté de telles pratiques.
La Présidente a demandé au pétitionnaire de se retirer.
Motion dordre
Le représentant de lAlgérie sest étonné que lon demande au pétitionnaire de se retirer, alors que la décision du Président était de lui donner la parole. Il a demandé dans quelle mesure on pourrait lui donner la parole et a interrogé le Secrétariat pour savoir si lon peut empêcher de parler une organisation comme le Front POLISARIO, qui est partie au conflit et aux Accords de Houston et signataire des Accords de mai. Est-ce que lorsquil parle au nom dune organisation, un orateur peut en remplacer un autre? Si oui, le représentant a demandé que le représentant du Front POLISARIO puisse prendre la parole maintenant et ici, comme on lui en a donné le droit au départ.
La Présidente a indiqué que la présidence entend pour le moment donner la parole à un autre pétitionnaire. Si lon doit contester cette décision, elle a proposé que la Commission procède à un vote.
Le représentant du Maroc a indiqué quil convient détudier le problème. Mais il a rappelé que cette demande daudition doit être replacée dans le cadre de la question de la décolonisation, que traite cette Commission, et non dans le cadre du plan de règlement. Il a donc estimé quici le Front POLISARIO est un pétitionnaire à titre individuel et non une partie au conflit.
Le représentant dAntigua-et-Barbuda, sest étonné que la présidence qui a reconnu quil existe des précédents dans le cas dune personne parlant au nom dune autre personne, demande à ce pétitionnaire de se retirer. Il a estimé que cette décision est injuste et indiqué quil aimerait que lon autorise ce pétitionnaire à prendre la parole.
Le représentant de la Namibie a indiqué quil est daccord avec les représentants dAntigua-et-Barbuda et de lAlgérie, dans la mesure où il y a des précédents, il sest étonné que la présidence ne permette pas au Front POLISARIO de parler.
Le représentant de lAfrique du Sud a déclaré que venant dun pays où lon a été forcé de combattre contre une grande adversité, il a estimé, à linstar des autres représentants, que ne pas donner la parole au représentant du Front POLISARIO ne ferait quajouter à linjustice.
Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a estimé que la Commission est saisie ici dune question de statut, rappelant que le statut du Front POLISARIO lui a toujours permis de sexprimer devant cette Commission ou devant le
Comité spécial, quil préside. Si lon vote sur cette question, il a estimé quil fallait clairement savoir sur quoi la Commission vote, car la Commission a déjà approuvé la demande daudition faite au nom du Front POLISARIO. Il a estimé que si lautorisation de parler a été donnée à lorganisation elle-même, on peut donner la parole au pétitionnaire ici présent, même si la demande daudition na pas été présentée en son nom. Lobjection du Maroc vise-t-elle lindividu lui- même ou le Front POLISARIO, a-t-il demandé?
Le représentant du Maroc a expliqué que le Maroc ne sest jamais opposé à la demande dun pétitionnaire, sauf dans un cas pour un problème juridique. Il a fait observer que lindividu du Front POLISARIO qui a demandé de prendre la parole nest pas là et quil est remplacé par une autre personne pour laquelle aucune demande na été faite. Lindividu qui avait demandé et qui est absent a été retiré de la liste. La situation présente est contraire aux principes qui règlent la participation de pétitionnaires. Le représentant du Maroc soutient la décision de la présidence.
Le représentant de la Guinée ne sest pas opposé à lintervention du délégué du Front POLISARIO, mais a indiqué que le fait quune personne parle à la place dune autre nest pas correcte et quil appuie la position de la Présidence.
Le représentant du Sénégal a indiqué quil appuie la position de la Présidence qui est dans lesprit des textes juridiques.
Le représentant du Ghana a appuyé les points de vues qui consistent à ce que le représentant du Front POLISARIO puisse prendre la parole.
Le représentant de la République Unie de Tanzanie a déclaré que la question nest pas une simple question de procédure mais une question de fond importante. Il a demandé des garanties que quelle que soit la procédure que la Présidence suivra, elle devra permettre au Front POLISARIO de sexprimer.
Le représentant du Maroc a réaffirmé quil sagit dune question de procédure sachant que le pétitionnaire présent na pas adressé de demande et quil ne peut donc pas prendre la parole. Il a ajouté que ce nest pas une question politique, car le Maroc a un cas semblable concernant un pétitionnaire du Rassemblement des familles qui est absent et qui par conséquent ne sexprimera pas.
Le représentant de Cuba a remercié le représentant du Maroc de son explication. Il a fait observer que la décision prise est inexplicable et quil reste convaincu que toutes les parties doivent être entendues. Lune des questions principales dont la Commission est saisie est de pouvoir entendre des gens qui viennent des territoires non autonomes, a-t-il ajouté. La Commission doit pouvoir entendre ce pétitionnaire qui représente le Front POLISARIO même sil remplace la personne prévue.
Le représentant du Zimbabwe a déclaré quil serait correct de permettre à ce pétitionnaire de parler et a demandé avec insistance quil soit permis au représentant du Front POLISARIO de parler.
Le représentant de lAngola a appuyé les déclarations de lAfrique du Sud, de lAlgérie et de Cuba selon lesquelles il est juste que lon permette à ce pétitionnaire de sexprimer.
Le représentant de la Jamaïque a indiqué quil sagit dune confrontation didée et que sa délégation tient à sassurer que le représentant du Front POLISARIO ne sera pas privé du droit de sexprimer.
La Présidente a expliqué quelle na jamais eu lintention de ne pas permettre à un représentant du Front POLISARIO de sexprimer et quelle a demandé au pétitionnaire de sortir de manière temporaire. Elle a indiqué quelle comprend que le Maroc conteste le fait que la personne qui souhaite sexprimer nest pas la personne qui a fait la demande et elle a ajouté que dans sa lettre, quelle a devant les yeux, M. Boukhari, informe que M. Brahim parlera en son nom. Elle a proposé que la Commission suive la liste des orateurs ou quelle entende le pétitionnaire suivant et revienne à M. Brahim par la suite.
Le représentant de lAlgérie a rappelé quil a demandé que le Secrétariat éclaircisse laspect de procédure et lexistence de précédents. Il a rappelé que plusieurs représentants se sont exprimés avec force sur le fond pour demander que ce représentant puisse prendre la parole, ajoutant quil serait regrettable que la Commission puisse senliser dans des questions de procédures dans la question de décolonisation. Il faut faire en sorte de faire sexprimer ce représentant du Front POLISARIO sans entrer dans des questions de procédures, a-t-il conclu.
La Présidente a déclaré quil est clair que le précédent existe et quelle na pas lintention de prolonger le débat.
Motion dordre
Le représentant du Maroc a indiqué quil avait sous les yeux la lettre du Front POLISARIO et que dans celle-ci, M. Boukhari na mandaté personne. Il a rappelé que dans le cadre de règles qui régissent la Commission, on décide sur la base des documents dont on dispose. Or le fait quil soit remplacé par une autre personne nest pas mentionné, a-t-il ajouté, concluant quil est en faveur dune suspension de séance.
Interruption de séance
La Présidente a informé la Commission que la raison de labsence du pétitionnaire au nom duquel la demande daudition a été présentée lui a été expliquée et elle a donné la parole à M. Salem Bouseif Brahim pour quil parle devant la Commission au nom du Front POLISARIO et à la place de M. Boukhari.
M. SALEM BOUSEIF BRAHIM, au nom du Front POLISARIO, a rappelé que le conflit du Sahara occidental a été déclenché lorsque le Maroc a envahi et occupé cette région, après le départ des Espagnols. Après une guerre de 15 ans, a-t-il continué, lONU a repris linitiative et le contrôle de la situation en organisant un référendum devant permettre au peuple de ce territoire dexercer son droit à lautodétermination. Le Maroc et le Front POLISARIO ont accepté le plan de règlement et le cessez-le-feu, ainsi que lorganisation dun référendum qui devait se tenir en 1992. Ce représentant a regretté que les obstructions marocaines aient empêché que le plan de paix se déroule comme prévu. Il a affirmé que le Maroc a manuvré pour obtenir de nouveaux critères didentification des votants, qui nétaient pas prévus au départ dans le plan de règlement. Il a rappelé que plus de 10 années se sont écoulées depuis la signature du plan de règlement, estimant que cette période est trop longue pour une population inférieure en nombre à celle du Timor oriental par exemple. Durant cette période, lONU a
déployé beaucoup defforts et des moyens financiers gigantesques pour surmonter la demande du Maroc, qui voulait que des milliers de ses colons et habitants participent à ce référendum qui ne sadresse quau peuple Sahraoui. La MINURSO a aujourdhui fini la tâche colossale qui consistait à publier une liste provisoire. Cette liste a été publiée en juillet 2000 et contient 86 449 personnes. Le pétitionnaire a estimé que le principal obstacle est donc levé et que le référendum aurait pu normalement avoir lieu en juillet dernier, lONU ayant ainsi résolu un long conflit. Il a expliqué que le Maroc sest au contraire érigé en obstacle, en exigeant de lONU une révision de toute lopération et en déposant de très nombreux recours. Cette attitude, a-t-il constaté, va à lencontre des résolutions du Conseil de sécurité qui formulaient des mises en garde contre la tentation de déposer des recours pour bloquer le processus de référendum. Il a notamment dénoncé le fait que le Maroc déploie des tentatives pour que lONU lui accorde un corps électoral afin de sassurer de lissue du référendum. Le pétitionnaire a affirmé quil sagit en fait dune divergence entre le Maroc et lONU, et non dune divergence entre les parties au conflit. Le Maroc a décidé de faire obstacle au processus confiant dans le fait quun pays européen influent et membre permanent du Conseil de sécurité ferait pression en son sens. Le ministre des affaires étrangères du Maroc a déclaré devant lAssemblée générale que la solution au conflit du Sahara doit se situer dans le cadre de la souveraineté nationale du territoire du Maroc, ce qui ramène le conflit au point de départ de linvasion militaire du Maroc en 1975, cest à dire un retour au combat. Il a estimé que la résolution de lan passé de lAssemblée générale sur le Sahara occidental montre que le processus de paix a réalisé des progrès sérieux mais quil se heurte à des défis qui mettent en cause les fondements sur lesquels il a été établi cest-à-dire le droit à lautodétermination du peuple sahraoui. Il a demandé à lONU de persuader le Maroc de coopérer au référendum et au plan de règlement, qui bénéficie de lappui de la communauté internationale. Enfin, il a affirmé que si lONU ne peut le faire ou ny est pas décidée, le fait de rester dans cette région indéfiniment nuit à sa crédibilité et quune situation du type chypriote nest pas acceptable au Sahara occidental.
M. RICHARD CAZENAVE, Groupe détudes parlementaires sur les droits de lhomme de lAssemblée nationale française, a précisé quil nintervient pas sur la question politique du plan de paix mais simplement sur la situation des droits de lhomme. Il a informé le Comité quil intervient à la suite des témoignages quil a réunis des membres dune association qui représente des familles sahraouies qui ont quitté les camps et qui lui ont fait part, en direct, de la situation des droits de lhomme dans les camps de Tindouf. Il a évoqué la situation des anciens du Front POLISARIO qui ont voulu les quitter et qui lui ont relaté les conditions de détention sans procès ni jugement et sans avocat et les tortures quils ont subies. Lassociation des anciens du Front POLISARIO lui a remis une liste de personnes qui ont disparu, a-t-il continué. M. Cazenave a évoqué le témoignage danciens réfugiés de Tindouf qui lui ont fait part du fait quà Tindouf les personnes des camps sont des otages séquestrés. Il a évoqué en particulier la situation des femmes et des familles dont on sépare les enfants. Dans une situation comme celle-ci, a-t-il estimé, la communauté internationale ne peut pas ne pas se préoccuper de la manière dont les droits de lhomme sont vécus. A cet égard, il a demandé que la communauté internationale se donne les moyens denquêter sur la situation des droits de lhomme et quelle ne laisse pas continuer une situation flagrante de violation de ces droits.
Le représentant de lAlgérie a demandé si ce pétitionnaire a été dans les camps de réfugiés en Algérie et en Mauritanie, combien de fois il a été au Maroc cette année, si son groupe parlementaire soccupe uniquement de la situation des droits de lhomme des Sahraouis dans les camps ou sil soccupe également de la situation des Sahraouis au Sahara occidental sous occupation du Maroc.
M. Cazenave a répondu quil se rend là où on linvite et là où on lalerte que la situation des droits de lhomme le rend nécessaire. Il a précisé que lors de ses visites, il exige des conditions de neutralité et des critères très exigeants concernant les personnes quil rencontre. Il a précisé quil est allé fin février au Maroc sur linvitation des témoins dont il a entendu les témoignages.
Le représentant de lAlgérie a déclaré que le pétitionnaire semble avoir oublié la deuxième question.
M. Cazenave a répété quil a répondu quil était prêt à aller à Tindouf si les conditions quil exige sont réunies, quil est allé au Maroc une fois cette année et que son groupe parlementaire soccupe de toutes les situations dans le monde où la situation des droits de lhomme rend sa présence nécessaire.
Le représentant de lAlgérie a indiqué que le pétitionnaire na pas répondu à sa deuxième question mais quil ninsisterait pas.
M. GAOUTAH MOHAMMED AHMED BABA, ancien cheikh (tribu Oulad Dlim), a pris la parole, mais a été coupé car ses propos nétaient pas interprétés.
Motion dordre
Le représentant de lAlgérie a rappelé la pratique onusienne selon laquelle linterprétation se fait à partir dun discours. Or, dans le cas où le discours est fait dans une autre langue que les 6 langues officielles, lorateur doit venir avec un discours et un interprète capable de traduire sa langue.
Le représentant du Maroc a indiqué que ce type de situation sest présenté à maintes reprises et que les chefs de tribus qui parlent la langue du Sahara occidental avaient toujours pu être interprétés. Il a ajouté que les gens qui parlent seulement la langue du Sahara occidental disposent à la MINURSO dun interprète pour traduire leur parole et quil sagit par là-même dune langue reconnue par lONU, tout en sétonnant que lAlgérie soulève ce problème
Le représentant de lAlgérie a fait remarquer que le représentant du Maroc avait demandé, tout à lheure, que lon ne suive pas les précédents de procédure dans le cas du pétitionnaire sexprimant au nom du Front POLISARIO et quil demande à présent que lon fasse linverse dans le cas présent. Il a indiqué quil ne voulait toutefois pas entrer dans la polémique, rappelant que les dispositions de la MINURSO ne sont pas les mêmes que celles de cette Commission.
La Présidente indiquant quun interprète à même dinterpréter les propos de M. Gaoutah Mohammed Ahmed Baba se trouvait à présent en cabine, la invité à reprendre la parole.
M. GAOUTAH MOHAMMED AHMED BABA a lancé un appel pour que lon vienne en aide aux populations qui souffrent dans la terre de lArmada. Il a expliqué quavant larrivée des Nations Unies, le Front POLISARIO ne parlait pas de tribus et que ce nest quensuite, avec larrivée de la MINURSO, que sont apparues les appellations de tribus et sous-tribus. Il a par ailleurs informé la Commission du fait que les cheiks qui ont travaillé avec le Front POLISARIO ont été utilisés pour soccuper des chameaux et que quelques-uns dentre eux seulement ont été engagés pour se battre. Le Front POLISARIO leur avait dit quil représenterait leur population, celle de lArmada. Il a déploré le fait quon ait pris les chameaux et les richesses des femmes sahraouies, rappelant que celles-ci vivent dans des conditions lamentables et que rien nest fait pour ces personnes. Il a dénoncé le fait que laide humanitaire destinée à sa population profite aux chefs du Front POLISARIO qui la revendent à létranger.
M. MOHAMED SALEM ALI OMAR BAHIA, ancien Chef de tribu Laâroussyenne, a indiqué quil est citoyen marocain, dorigine sahraouie et quil a été enlevé de force par les mercenaires en 1976 en compagnie dautres personnes sahraouies pour constituer des otages et des outils de manuvre politique. Il a ajouté quil a participé à lopération didentification dans le cadre de lapplication du plan de règlement de lONU et a attesté que, dans ce contexte, il recevait des instructions strictes de la part du commandant du Front POLISARIO pour exclure la majeure partie des requérants des différentes tribus, surtout les chefs de tribu, les personnes âgées et les personnes influentes. Par ailleurs, a-t-il continué, le commandant du Front POLISARIO insistait sur linsertion des jeunes, des chômeurs et des habitants du sud de lAlgérie, du nord du Mali et de quelques Mauritaniens. Il a demandé à ceux qui défendent les droits de lhomme quils assurent leur sécurité pour quils se rendent dans les charniers dans lesquels se trouvent leurs compatriotes. Il a indiqué que les prisonniers ont souffert dans les cellules de larmada et ont été torturés. Il a dailleurs montré une radiographie dun crâne criblé de balles. Il a demandé que ceux qui défendent les droits de lhomme viennent visiter les prisons et, répondant au pétitionnaire qui a affirmé que se trouvent 200 000 personnes dans larmada, a déclaré que ce nétait pas possible et quil y a seulement 35 000 personnes. Il a enfin déclaré que toutes les sommes qui sont payées par les gens qui croient défendre les droits de lhomme bénéficient à lAlgérie et aux chefs du Front POLISARIO.
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