En cours au Siège de l'ONU

AG/1039

LES PEUPLES DU MONDE SONT BIEN PLUS UNIS PAR LEUR DESTIN COMMUN QUE PAR LA DIVERSITE DE LEURS IDENTITES, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

5 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1039


LES PEUPLES DU MONDE SONT BIEN PLUS UNIS PAR LEUR DESTIN COMMUN QUE PAR LA DIVERSITE DE LEURS IDENTITES, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

20000905

Le dialogue entre les civilisations s’ouvre aux Nations Unies

Dans le cadre des activités pour marquer le Sommet du millénaire, une rencontre au Sommet intitulée "Dialogue entre les civilisations" a eu lieu ce matin au Siège des Nations Unies. Ouvert par M. Koichiro Matsuura, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), et par M. Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies, la rencontre répondait au souci exprimé, lors de la 54ème Assemblée de l'ONU, par la République islamique d’Iran, de voir les instances internationales et les Etats accorder plus de place et de considération aux aspects culturels et de civilisation dans les relations entre les peuples et les nationsC'est ainsi que le Président Khatami (Iran) a observé que la culture mondiale d’aujourd’hui ne devait pas faire table rase des caractéristiques des différentes cultures locales ou nationales. Il a suggéré que toutes les parties sur la scène internationale devraient se livrer à un profond dialogue qui permettrait un échange de perceptions de la réalité mondiale. En l'absence d'un tel dialogue, il se dessinerait à l'horizon un danger "d'apatride culturel" qui risquerait de priver les peuples d’une véritable culture mondiale et de véritable culture tout court, a-til averti. C’est pourquoi le Gouvernement iranien a proposé un nouveau paradigme des relations internationales dont la réalisation impose un réexamen du paradigme dominant pour préparer le terrain à l’instauration d’une vision qui ne valorise plus seulement le pouvoir et la domination, mais plutôt la quête de la compassion.

Cette réunion au sommet a vu la participation des Présidents de l’Algérie, du Nigéria et du Mali qui, ont, après avoir fait un rappel historique des faits coloniaux et autres des pays en développement, de leurs peuples et de l'exploitation de leurs ressources, ont indiqué qu'il ne pourrait y avoir de dialogue sans un respect total pour la vie et de la personne humaine. L’arrogance des uns, qui a longtemps dominé les relations entre les peuples et les nations et qui a permis à ceux-ci d'imposer un modèle universel basé sur des vues et des intérêts politiques et économiques "égoïstes", ne saurait continuer à être acceptée dans le monde d’aujourd’hui, ont observé les Présidents. Rappelant l’exploitation et la balkanisation historique de l’Afrique qui ont culminé lors de la Conférence de Berlin en 1884, M. Olesegun Obasanjo, Président de la République fédérale du Nigéria, a rappelé qu’il avait lancé un appel pour la tenue d’une nouvelle conférence de Berlin, qui réunirait essentiellement les pays et les peuples d’Europe et d’Afrique, en vue d’examiner le poids du passé et de discuter d’une parité de l’Afrique avec les autres parties du monde en ce nouveau siècle.

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Ont également pris la parole ce matin lors du débat sur le dialogue entre les civilisations, les chefs d’Etat et de Gouvernement des pays suivants: Qatar, Namibie, Indonésie, Lettonie, Géorgie, et Mozambique. Les Ministres des affaires étrangères du Costa Rica et de l’Inde ont également pris la parole.

Le débat sur le dialogue entre les civilisations se poursuivra cet après- midi à 15 heures 30.

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Déclarations liminaires

M. KOICHIRO MATSUURA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a déclaré en ouverture du Dialogue entre les civilisations, que cet évènement se tient sur la base de la proposition faite l’an dernier devant l’Assemblée générale par la République islamique d’Iran en vue de la proclamation et de l’observation d’une Année internationale pour le dialogue entre les civilisations. L’UNESCO a toujours placé ses activités dans la ligne droite de cette idée. Tant au plan interne qu’externe, les civilisations ont toujours transcendé leurs frontières d’origine pour aller au-delà. Il est symptomatique que cette discussion se tienne juste à l’aube du Sommet du Millénaire qui marque un moment où les peuples et les Etats sont attelés à redéfinir leur place dans l’évolution de l’humanité. L’ignorance est souvent source de mésentente et de conflits, et seule la connaissance des autres permettra de construire un monde harmonieux. Seul le dialogue peut conduire à la compréhension mutuelle et à la construction de la paix. Le dialogue culturel nous aidera à semer les graines de la paix. Les droits fondamentaux de l’homme, tels qu’inscrits dans la Déclaration universelle de 1948, doivent aussi s’inscrire dans le cadre du dialogue entre civilisations. Les cultures, en faisant, des emprunts les unes auprès des autres se sont heurtés parfois à des obstacles qui, dans certains cas ont entraîné des conflits sans fin. Aussi souhaitons-nous que le dialogue que nous tiendrons dans l’avenir et qui s’ouvre aujourd’hui entrouvre des portes nouvelles vers la compréhension et la paix.

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a rappelé que l’Organisation des Nations Unies a été créée avec la conviction que le dialogue peut l’emporter sur la discorde, que la diversité est une vertu universelle et que les peuples du monde sont bien plus unis par leur destin commun que divisés par leurs identités différentes. Les Nations Unies, par excellence, peuvent être la véritable maison du dialogue entre les civilisations, l’instance où ce dialogue peut se développer et porter des fruits dans tous les domaines de l’activité humaine. C’est pourquoi j’ai chaleureusement accueilli la proclamation de l’Année internationale des civilisations en 2001. Sans un dialogue quotidien entre les nations, au sein et entre les civilisations, les cultures et les groupes, aucune paix ne pourra être durable et aucune prospérité sûre. C’est la leçon qui s’est dégagée au cours du premier demi-siècle d’existence des Nations Unies. C’est une leçon que nous ignorons à nos risques et périls.

L’histoire de ce dernier demi-siècle doit nous enseigner que, parallèlement à une infinie diversité des cultures, il existe réellement une civilisation mondiale unique dans laquelle les idées et les croyances humaines se rencontrent et ce développement pacifiquement et fructueusement. Il s'agit d'une civilisation qui doit être définie par sa tolérance face à la différence, sa célébration de la diversité culturelle, son insistance sur le caractère fondamental et universel des droits de l'homme, ainsi que sa croyance dans le droit des peuples d'avoir un droit de regard sur la manière dont ils sont gouvernés, où qu'ils se trouvent. Nous entamons un nouveau siècle à un moment où nous sommes appelés à défendre et à promouvoir cette civilisation, a observé M. Annan.

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Le Secrétaire général a souligné que les efforts des Nations Unies pour faire avancer le dialogue entre les civilisations sont conduits par son envoyé personnel, M. Giandomenico Picco. M. Picco a réuni un groupe de personnalités éminentes qui auront pour tâche de cerner les questions essentielles dans ce domaine et d'élaborer un rapport qui sera présenté au Secrétaire général l'été prochain. Leurs réflexions partiront de l'observation selon laquelle nous devons utiliser la diversité comme un atout au sein d'un monde de plus en plus interdépendant. Car percevoir la diversité comme une menace pourra conduire à la guerre. La diversité est non seulement la base du dialogue entre les civilisations mais aussi une réalité, qui rend indispensable ce dialogue.

Déclarations

M. MOHAMMAD KHATAMI, Président de la République islamique d’Iran, a estimé que la proposition, avancée l’an dernier par l’Iran et acceptée par l’ONU, avait aussi été bien accueillie par la communauté internationale des scientifiques, des universitaires, des penseurs et des théologiens. Les raisons à la base de la nécessité de ce dialogue sont aujourd’hui nombreuses. La situation géographique de l’Iran l’a placée au cours de l’histoire sur la voie des échanges culturels, politiques et commerciaux, dont l’esprit marque encore aujourd’hui l’âme perse. Pour analyser les éléments constitutifs de l’esprit perse iranien, il faut percevoir sa capacité à intégrer les apports de toutes les sagesses anciennes, qu’elles soient de l’ancienne Grèce ou de l’Islam des origines. L’Islam incarne la sagesse universelle. Tout individu, quel qu’il soit, et quels que soient le temps et le lieu, est le produit de son existence, ce qui est inscrit dans le monde de l’Islam. C’est pourquoi l’Islam a conquis tous ceux qui aspirent à la conscience et à la véritable liberté. La civilisation islamique est l’une de celles qui se sont construites autour d’un texte sacré, en l’occurrence le Coran. La culture mondiale d’aujourd’hui ne doit pas oublier les caractéristiques des différentes cultures locales. Les éléments des différentes pensées s’intègrent les uns aux autres et réagissent entre eux. Pour assurer l’harmonie de la culture mondiale, toutes les parties devraient se livrer à un profond dialogue dans lequel, elles échangeraient leurs différentes perceptions. En l’absence de ce dialogue, le danger de l’apatride culturel se dessine à l’horizon et risque de priver les peuples d’une véritable culture mondiale et de culture véritable tout court.

La question de ce dialogue soulève de nombreuses questions, que nous ne sous-estimons pas. En avançant cette proposition, le gouvernement de l’Iran a suggéré un nouveau paradigme des relations internationales. Il nous incombe d’examiner le paradigme dominant et de préparer le terrain pour l’instauration du nouveau paradigme. Nous devons tirer des leçons des expériences passées. Le paradigme actuel valorise le pouvoir et la domination. Au lieu de la quête du pouvoir nous devons plutôt nous livrer à une quête de la compassion. Un nouveau mode d’interaction doit être perçu, qui soit volontaire et sans préméditation, et doit être déterminé par le hasard des évènements. Il doit aussi se caractériser par la participation de penseurs et de chercheurs venus de tous les horizons et doit promouvoir un discours méta-historique sur les questions humaines qui ont toujours été le principal souci de l’humanité. Sans un examen des questions fondamentales, le dialogue ne pourra aller très loin, s’il ne se résume qu’à des questions superficielles à visées courtes.

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L’échange d’idées culturelles se produit fréquemment dans l’histoire humaine. Les échanges et les voyages ont souvent été à la base de la transmission des idées. Mais il peut se poser des questions quand l’une des parties emploie un langage séculier basé sur la foi dans l’au-delà. L’essence de l’humanité comprend plus que le langage, et cet autre nature très subtile de l’essence humaine se prête à un dialogue qui pourrait être très fructueux. Il conviendrait que le discours très cartésien de la civilisation occidentale cède le pas à d’autres formes de pensée et accepte celle des autres peuples. Un autre objectif du dialogue est de reconnaître et de comprendre non seulement les cultures des autres, mais aussi de prendre du recul par rapport à soi-même et mieux se connaître. Aussi bien les artistes, que les philosophes et les théologiens doivent faire partie de ce dialogue. La mer n’est pas seulement une masse d’eau pour l’artiste, et la montagne n’est pas seulement une masse à abattre ou à exploiter. Nous avons besoin de la magie de l’artiste ensorcelé et du poète inspiré pour protéger la vie de la main de la mort de l’exploitation. Le langage sacré de l’esprit qu’emploie l’artiste n’a pas été pollué par la logique de mort du matérialisme. Notre appel au dialogue vise à remédier à ce danger. L’expérience mystique est constituée de la révélation du sacré qui place l’esprit humain sur une nouvelle voie existentielle. La proposition d’un dialogue entre les civilisations se fera sur la base d’un processus ouvert, mais la participation des Etats Membres est nécessaire, car sans l’Etat son aboutissement sera incertain. Son principe fondamental est que toutes les parties prenantes sont égales. La représentation de la déesse de la justice, Artémis, est universelle et acceptée dans tous les tribunaux du monde. Aujourd’hui nous demandons qu’Artémis enlève son bandeau et pose sa balance en ne la plaçant plus seulement sous le joug de la puissance économique et technologique. Le développement des nouvelles technologies de la communication nous donne les moyens de communiquer plus aisément. Mais ce n’est qu’en faisant appel à l’expérience la plus profonde de l’esprit que nous pourrons nous connaître mutuellement, bien qu’il soit difficile de connaître la vie intérieure des autres. Si nous croyons au triomphe de la paix nous pourrons alors comprendre l’appel divin du Créateur en faveur de tous les êtres humains. Hafez de Chiraz disait qu’aucune clameur ne résonne plus fort sous le dôme des cieux que le chant de l’amour.

M. SAM NUJOMA, Président de la Namibie, louant l’aspiration au dialogue entre les civilisations, a jugé que la résolution qui a proclamé l’an 2001, «Année internationale pour le dialogue entre les civilisations» a marqué une étape décisive et qu'il faut désormais la mettre en œuvre. Il a affirmé que nous sommes tous des êtres humains et que nous voulons tous sauvegarder la paix et le développement durable. Le Président a estimé que nous devons inculquer en nous- mêmes une culture de la paix et de la tolérance et poursuivre le noble objectif de la justice. La dignité de l’homme et de tous les peuples doivent être la base de tout ce que nous entreprenons. Etant donné que les guerres ont toutes commencé dans l’esprit de l’homme, la paix doit également être présente dans l’esprit de l’homme, a-t-il observé. Bien que nous dépendions les uns des autres, la tolérance dont nous avons fait preuve dans un certain nombre de conflits est un sujet de préoccupation. Le grand nombre de personnes qui souffrent de la faim et de la pauvreté doit également nous inciter à revoir notre action. Nous devons instaurer le dialogue pour instaurer la coopération internationale, a souligné le Président.

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Si nous partageons tous le principe de la dignité humaine, nous devons l'appliquer dans notre approche de la pauvreté qui demeure un problème dans les pays en développement. Lançant un appel pour la coopération internationale et la tolérance, il s’est dit convaincu qu’elles représentent la clé de l’instauration du développement humain et de la paix dans le monde. La coopération dans le domaine de la technologie faciliterait également la défense des libertés fondamentales et le rapprochement entre les peuples, a conclu le Président.

M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, Président de l’Algérie, a déclaré que l’unité de temps pour juger l’évolution d’une civilisation était le millénaire. Au gré des ambitions temporelles et de la démographie galopante, l’interaction des civilisations conduit à un flux et des reflux de leur coexistence. Nous voulons proposer les conditions qui permettraient de ne pas aller droit vers la violence et les conflits. L’expérience a montré que quand la force matérielle veut vaincre une certaine idéologie, elle ne peut cependant le faire sans créer des remous qui déstabilisent la planète ou certaines régions. Les nations d’aujourd’hui sont issues d’un concept qui n’exclut pas la préservation de leur identité et de leur spécificité culturelles. Les cultures sont un élément intangible de l’histoire de l’humanité. L’expansion coloniale s’est traduite dans certains pays, comme le mien, qui appartient à la sphère de l’Islam, par une volonté forcenée de vouloir oblitérer sa culture. Cela s’est manifesté à travers des idées préconçues promues par des “islamologues” et autres “spécialistes”. L’Occident, dans son arrogance, se clamait porteur d’une “civilisation universelle” qui ne considérait les autres que comme des anachronismes. Ernest Renan écrivait ainsi que “l’histoire de la Chine était ennuyeuse” ou qu’il fallait “poursuivre le dernier fils d’Ismaèl jusqu’au fin fond du désert”. L’ethnocentrisme occidental est tout simplement une manière de se croire supérieur, alors que l’autre, loin d’être inférieur, est simplement différent. L’Occident tend à réduire tout ce qui n’est pas lui à un destin marginal. Cette attitude, qui se prétend en faveur de l’universel, va au contraire, à son encontre. L’Occident tend à regarder l’évolution, la technologie et le progrès comme sa propriété, en rejetant toujours l’autre dans les ténèbres.

La proposition faite par l’Iran et le Président Khatami vient à point nommé. Les pays pauvres en matériel, mais riches en esprit, peuvent craindre aujourd’hui que l’histoire ne soit à nouveau confisquée, comme cela s’est fait par le passé, par les forces autrefois coloniales. Le modèle actuel ne nous convient pas, car il ne permet plus de rencontrer l’autre. Il transforme les pays et les peuples en sociétés de sous-consommation et en sociétés schizophrènes. Les chocs entre l’Occident et le monde islamique se manifestent par des stéréotypes et des clichés à relents racistes et condescendants. Ils assimilent aujourd’hui la civilisation islamique à la violence et au fanatisme du terrorisme, ceci pour mieux combattre l’Islam. Le Coran appelle à la reconnaissance de l’homme par l’homme, et la devise qui dit “connais-toi toi-même” devrait être complétée par “connais-toi toi- même en connaissant l’autre”. La célébration de l’Année internationale du dialogue entre civilisations doit renvoyer dos à dos les extrémistes des deux bords, qui prédisent et souhaitent une conflagration entre l’Islam et l’Occident. La diversité doit constituer un enrichissement. Afin d’assurer le succès du dialogue, il faudrait que les pays qui y prennent part soient d’abord eux-mêmes des pays démocratiques, entretenant, sur le plan intérieur, un dialogue permanent.

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Ensuite, il faudrait reconnaître qu’il n’y a pas de civilisation pure. A ce sujet, les oppositions entre les cultures judéo-chrétiennes et islamiques, font abstraction des interactions qui ont existé au cours de l’histoire. La civilisation andalouse par exemple, a été le fruit de la rencontre de l’Islam et des cultures occidentales. Ceux qui parlent aujourd’hui de civilisations judéo- chrétiennes pourraient donc aussi parler de civilisations islamo-chrétiennes. Les peuples qui ont un jour connu la grandeur ne trouveront d’apaisement aujourd’hui que s’ils sont pleinement intégrés et non pas rejetés du monde. Ceci n’exclut pas qu’ils travaillent pour éliminer certains comportements archaïques. Il ne s’agit pas cependant de sombrer dans un cosmopolitisme absurde, qui effacerait tout ce qui fait les particularités. Le dialogue doit être un échange permanent, semblable à un dialogue amoureux, où l’on cherche à atteindre un objectif commun. Nous devons privilégier la recherche du consensus, la solidarité, l’équilibre entre tradition et progrès. Les civilisations n’étant pas figées et calcinées, doivent plutôt avancer. A travers le dialogue elles devraient aboutir à un substrat de valeurs qui serait alors la base d’une civilisation de l’universel.

M. ABDURRAHMAN WAHID, Président de l'Indonésie, a déclaré que si nous voulons nous livrer à un véritable dialogue entre les civilisations, nous devons également être attentifs à ce qui se passent à l’intérieur de nos sociétés. Il a rappelé que l'Indonésie est composée de plusieurs cultures différentes. Nous devons d'abord savoir ce qui se passe chez nous, à l'intérieur de nos pays et entretenir un dialogue entre la mondanité et la tradition. Ce dialogue doit animer les différentes forces à l'intérieur de nos pays. Ce n'est qu'ainsi qu'un dialogue international entre les civilisations pourra aussi porter ses fruits. Le Président s'est réjoui que l'Indonésie commence à pouvoir recueillir les fruits de la démocratie naissante. L'émergence de groupes extrémistes minoritaires qui refusent le dialogue et s'imaginent que leurs idées s'appliquent au reste de l'humanité est préoccupante. Le Président a loué ceux qui embrassent la modernité tout en restant fidèles à la tradition et s'efforcent de mettre un terme au conflit entre ces deux concepts. Il a souligné que l'apparition de l'Etat-nation a vu les forces s'opposant à la tradition au sein de l'Islam se manifester aux niveaux local et international. Il a préconisé d'ouvrir le dialogue par la réflexion sur la modernité et les éléments qui peuvent enrichir ce monde de plus en plus interdépendant. Nous avons souffert de la confrontation entre les différentes cultures et, aujourd'hui, nous avons besoin de paix, a souligné le Président. Il a observé que le dialogue nous permettra de mieux connaître les raisons de la violence et de la haine, ce qui nous permettra d'être mieux à même de lutter contre celles-ci.

M. OLOSEGUN OBASANJO, Président du Nigéria, a déclaré que le Sommet du millénaire devait placer la réforme de l’ONU sous un signe favorable. Les pays en développement attendent aussi que ce Sommet mette l’accent sur leur situation difficile actuelle. Le dialogue entre les civilisations est l’essence même de l’existence de l’ONU, et nous nous félicitons de la résolution prise l’an dernier par l’Assemblée générale de proclamer 2001 l’Année internationale du dialogue entre les civilisations. Le Nigéria soutient les activités que mèneront les Nations Unies et l’UNESCO pour célébrer cet évènement. Le cours de l’histoire a fortement été perturbé par les interventions de certaines cultures, pays et civilisations au détriment des autres.

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Cette attitude qui s’est traduite par le colonialisme, l’exploitation et le racisme, s’exprime encore aujourd’hui, de manière peut-être un peu plus subtile, mais bien réelle. C’est là l’expression d’un profond défaut de la nature humaine. Aujourd’hui, nous sommes plus conscients de la nécessité de la paix grâce au respect de la diversité humaine que nous devons tous promouvoir. Le monde doit également apprécier la valeur de la diversité des cultures, notre village planétaire ne devant pas seulement son existence au progrès scientifique et technique. Les préjugés à l’égard des autres cultures et civilisations sont un obstacle à la promotion d’une véritable “mondialisation”.

Ce respect doit cependant commencer au plan intérieur, avec la bonne gestion, dans un cadre démocratique, des affaires publiques. Nous devons chérir les libertés fondamentales inscrites dans les textes universels. La communauté des nations quant à elle, doit revenir à la conviction fondamentale que la vie, dans tous ses aspects, est sacrée. Nous devons démontrer notre volonté d’entretenir des relations de bon voisinage en tenant compte des normes morales élevées. Dans le domaine de la religion, nous noterons que l’Islam ou le Christianisme ont pour principe l’amour du prochain. L’extrémisme nationaliste ou religieux est destructeur, et nous vivons, au Nigéria, des situations qui le démontrent amplement. Ces comportements sont issus d’une faillite morale engendrée par le genre de régime sous lequel notre pays a longtemps vécu. Aujourd’hui la situation a changé, et nous proclamons que les Nigérians doivent baser leur comportement sur des attitudes de paix, cette dernière n’étant pas un moyen, mais une fin en soi. Le dialogue est un impératif aussi bien au plan national qu’international. Il convient de noter que les dirigeants d’Afrique et d’Europe ont récemment ouvert un dialogue en faveur d’une coopération qui serait mutuellement bénéfique à leurs peuples. Divisée depuis la Conférence de Berlin de 1884, l’Afrique ne s’est jamais remise du partage arbitraire qui a démantelé l’unité de ses peuples autrefois cohérents et producteurs. Le démembrement de l’Afrique avait cependant commencé quatre siècles plus tôt, avec la traite des esclaves pratiquée par les Européens, et qui est le plus grand crime commis par l’homme contre l’homme. La traite a privé notre continent de ses forces productives, le mettant totalement à l’écart, comme un mineur, des progrès accomplis par l’humanité. Plus tard, les Africains étaient embrigadés de force pour aller combattre dans des guerres qui n’étaient pas les leurs. Quand au début des années 60, le continent a connu ses premières indépendances, ses ressources avaient déjà été complètement pillées et ses structures perverties en faveur des pays de l’Occident. Les mythes qui courent aujourd’hui sur une soi disant volonté divine qui s’abattrait sur l’Afrique ne sont qu’un mensonge visant à dissimuler le mal que l’Europe a fait subir à l’Afrique. Les Africains sont la seule population dans l’histoire du monde qui ait subi une discrimination et une martyrisation systématiques du seul fait de leur race et de leurs caractéristiques physiques. Ces blessures sont trop récentes et ont trop duré pour nous demander de les oublier. J’ai demandé récemment que soit organisée une nouvelle conférence de Berlin qui discuterait des moyens d’une parité de l’Afrique avec le reste du monde. Ce dialogue aurait essentiellement lieu entre l’Afrique et l’Europe. Le dialogue entre civilisations et le Sommet du Millénaire doivent mettre l’accent sur le soutien aux peuples les plus défavorisés.

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Mme VAIRA VIKE-FREIBERGA, Présidente de la Lettonie, a expliqué que la civilisation est tout ce qui fait de l'homme un être différent de l'animal. Nous sommes des êtres biologiques à qui la civilisation permet de transcender l'aspect animal. L'humanité est dotée du privilège d'hériter sagesse, expérience, compréhension et connaissance des générations qui l'ont précédée. Cependant, outre les limitations biologiques, l'être humain est également limité et déterminé par le contexte dans lequel il évolue et donc par les événements qui ont modelé chacune de nos nations. En dépit de ces différences, nous partageons tous les mêmes aspirations et les mêmes espoirs pour le futur. La Présidente a lancé un appel pour que chacun écoute l'autre, en gardant un esprit mais aussi un cœur ouverts. Elle a expliqué que, dans chacune de nos civilisations, nous avons tenté de retenir les éléments qui nous ont semblé les plus précieux. Ces éléments sont différents dans chaque civilisation mais enrichissent l'ensemble de la communauté humaine. A l'aube d'un nouveau millénaire, nous avons l'occasion de réexaminer ce que nous entendons par humanité et d'aller de l'avant dans ce qui est un processus permanent et ouvert. La Présidente a estimé que le dialogue entre les civilisations est également l'occasion d'élaborer des valeurs nouvelles auxquelles nous pourrons tous souscrire et que nous pourrons distiller progressivement sans engendrer de conflits.

M. SHEIKH HAMAD BIN KAHLIFA AL-THANI, Emir du Qatar, a condamné les idées prônées par des publications récentes qui font état de choc inévitable entre les différentes civilisations du monde. Le livre intitulé “Le choc des civilisations” publié par M. Samuel Huntington, professeur à l’université de Harvard, se base sur des postulats complètement faux et dangereux. Selon cet ouvrage, les civilisations occidentales devraient inéluctablement affronter au cours de ce siècle les autres parties du monde en vue d’assurer la survie même de l’Occident. Mais nous pensons plutôt que le processus de modernisation et de mondialisation que connaissent toutes les parties du monde pourrait au contraire, loin de créer des chocs inéluctables, rapprocher les peuples et les intérêts. Les conséquences du genre de théories qui oppose l’Occident aux autres cultures, notamment islamiques et confucéennes, seraient désastreuses, si certains décideurs venaient à les considérer et à les prendre au sérieux. En ce qui nous concerne, nous croyons au dialogue entre les peuples et en leur égalité. Dans le Coran, Dieu n’a pas privilégié les Arabes par rapport aux autres peuples, et le Coran incite à la tolérance et à la recherche de la connaissance. La culture islamique a fait preuve de son ouverture et de sa tolérance au cours des siècles. Au Qatar, des populations venues de toutes les parties du monde ont contribué, au cours de l’histoire récente, à faire de notre pays ce qu’il est aujourd’hui. Le dialogue que nous engageons aujourd’hui doit être ouvert à tous sur un même pied d’égalité. Il peut contribuer à la résolution des conflits armés, la lutte contre les catastrophes naturelles et au développement commun. Mais quand on parle de choc entre les civilisations, nous pensons que l’ONU devrait jouer un rôle en faveur d’une meilleure compréhension, en particulier à travers des actions de l’UNESCO. Les conflits commençant toujours par des idées préconçues, l’UNESCO pourrait s’atteler à rétablir la vérité dans les esprits, en restituant aux peuples leur véritable histoire, et en éduquant par des programmes d’information et de formation pertinentes.

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L’UNESCO devrait assister les hommes politiques à avoir des vues plus équilibrées de la réalité internationale. Le Qatar est prêt à participer à toutes activités organisées sous cet angle par les Nations Unies. Nous pensons que le dialogue est un moyen d’enrichir de façon mutuelle nos différentes cultures et sommes profondément en sa faveur.

M. EDOUARD SHEVARDNADZE, Président de la Géorgie, a estimé que les problèmes que nous examinons aujourd'hui étaient déjà d'actualité il y a mille ans. Il a cependant jugé important de se pencher sur le thème du dialogue entre les civilisations à une époque où des chercheurs annoncent la "guerre des civilisations". Les millénaires d'expérience acquise ne nous permettront-ils donc pas de coexister pacifiquement et les nouvelles technologies de mettre fin aux discours de supériorité d'une civilisation sur les autres ? a demandé le Président. Il a poursuivi en expliquant qu'au cours de son histoire multiséculaire, la Géorgie s'est perpétuellement enrichie de nouvelles cultures humanistes, y compris la grande culture musulmane et celle des frères d'Israël. En outre, la Géorgie et son Etat se sont enrichis grâce aux apports des cultures iranienne, turque, byzantine, russe et européenne. Cette multiplicité culturelle a conféré à la Géorgie un caractère unique sans pour autant compromettre son identité nationale.

En tant que président de la Géorgie, M. Shevardnadze a annoncé la tenue de la prochaine table ronde sur le thème du dialogue entre les civilisations à Tbilissi. Il a estimé que cette ville pourrait accueillir une structure internationale permanente chargée de coordonner les actions et la réflexion sur cette question. La culture doit rester le dénominateur commun, a estimé le Président. Il y a 5 ans, lors de la Conférence internationale pour le dialogue des cultures, M. Shevardnadze avait appelé l'homme politique à être au centre de ce dialogue. Cette conviction s'est confirmée au cours des années suivantes et il est indispensable d'élaborer une architecture du monde qui corresponde à la réalité de la géoculture. Il a appelé à lutter contre la haine et l'intolérance raciales. Nous avons non seulement l'obligation mais aussi la capacité de créer des garanties solides de développement pacifique et harmonieux au cours du troisième millénaire qui sera celui du dialogue harmonieux entre les êtres et les civilisations, a-t-il espéré.

M. ALPHA OUMAR KONARE, Président du Mali, a déclaré que l’initiative pour le dialogue entre les civilisations était la bienvenue, mais qu’elle ne devait pas se transformer en un autre sujet purement symbolique au niveau des décideurs de la communauté internationale. Il ne saurait y avoir de dialogue entre civilisations s’il n’y a pas de respect profond de la vie, et s’il n’y pas de respect sans obstacle entre les hommes. Les progrès spectaculaires accomplis par l’humanité ces dernières années s’accompagnent aussi de la montée des intolérances, du racisme et de la discrimination, accentués par l’exclusion et la montée de la pauvreté. Les peuples ne connaissent pas l’exclusion du fait d’une démarche philosophique, mais la connaissent souvent du fait de la folie de leurs dirigeants. L’esclavage, le racisme, le colonialisme et l’exploitation ne peuvent parfois se comprendre que sous cet angle. Le sujet capital du dialogue ne peut se contenter d’une langue de bois.

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Les identités et les entités qui discutent doivent se respecter, se brasser et s’enrichir mutuellement. Une civilisation qui se réclame du passé est une civilisation morte, dont la fin souvent, a été causée ou accentuée par l’intervention brutale de forces extérieures. Les sentiments d’infériorité n’ont pas leur place dans un dialogue, car il faut pouvoir donner, et non seulement recevoir.

Le bien-être est un concept qui ne peut se matérialiser que quand on se sent à l’aise dans sa peau et en symbiose avec son environnement. L’extrême pauvreté dépouille l’être humain de ses qualités de dignité. Si les Dogons selon les exégètes, ont su développer des modes de pensée qui témoignent de la force de leur moi intérieur, l’autre réalité est que les Dogons sont réduits à l’esclavage de la pauvreté. Si on déclare lors de grandes conférences, que l’Afrique est le berceau de l’humanité, qu’en est-il cependant aujourd’hui de l’existence des Africains? Faut-il que le fameux dialogue entre civilisations se résume à des discussions de salon entre poire et fromage, entre quelques privilégiés? La véritable Afrique d’aujourd’hui avance à petits pas, loin des regards des médias et des grands débats. Si la pauvreté existe, les Africains ont cependant gardé leur chaleur et leur sens de l’humain. Le dialogue des civilisations reposera sur des sociétés où l’acceptation des différences sera un droit, et où le travail de tous sera justement rémunéré. Pourquoi certains en arrivent-ils à ne s’exprimer que par la violence, le terrorisme, les génocides? Que la petite poignée qui possède veuille bien partager… C’est là une tâche à laquelle devront s’atteler les Nations Unies. D’autre part, on parle aujourd’hui de multimédias, mais nous avons que la communication n’est pas forcément le dialogue. La sécurité doit être un droit pour tous, et nous devons promouvoir la culture de la paix. A l’aube du troisième millénaire, nous devons rendre à l’ONU un hommage pour la manière dont elle a assumé ses tâches en faveur des plus faibles et des plus démunis et l’appuyer pour un meilleur avenir. Chacune de nos grandes organisations internationales doit être dotée d’un comité d’éthique favorisant l’équité et la pertinence des choix. Le pardon, non l’oubli, est une composante essentielle du dialogue entre civilisations, et nous appuyons le Président Khatami dans l’exigence de l’instauration d’une vision qui ne soit pas seulement une vision de marché pour le monde de demain.

M. JOAQUIM CHISSANO, Président du Mozambique, a déclaré que l'examen du dialogue entre les civilisations ne saurait avoir lieu à un moment plus approprié que cette veille du Sommet du millénaire. Il a rappelé qu'à une certaine époque, ceux qui se considéraient comme civilisés se donnèrent pour mission de répandre la "civilisation" dans le monde. L'histoire nous appris qu'il s'agissait d'un point de vue erroné et, en réalité, motivé par la cupidité et la recherche de biens économiques. Aujourd'hui, l'objectif est de rassembler tous les peuples au sein d'un monde à l'abri de la guerre et de la pauvreté. Nous entendons le concept de la culture comme un ensemble de valeurs, de comportements et de modes de vie fondés sur la solidarité et les principes de justice, de tolérance et d'amitié entre les peuples, a poursuivi M. Chissano. Le Président a ajouté que la paix s'appuie sur le concept de la non-violence. Il a expliqué que c'est grâce à cet esprit d'unicité que la population du Mozambique a pu œuvrer à la reconstruction et au redémarrage économique de son pays. Poursuivant, M. Chissano a regretté que la mondialisation suscite de nombreuses difficultés.

- 12 - AG/1039 5 septembre 2000

En dépit des possibilités nouvelles que la mondialisation semble créer dans de nombreux domaines, l'expérience nous montre que certaines régions du monde sont de plus en plus marginalisées. Dans ce contexte, ce dialogue pourrait nous donner l'occasion de présenter notre expérience et de façonner une nouvelle approche.

M. ROBERTI ROJAS LOPEZ, Ministre des affaires étrangères du Costa Rica, a observé que le monde doit unir ses forces en vue d’en créer un autre qui soit basé sur la justice, le respect des droits de l’homme et la culture de la paix. Ce faisant, ce monde pourra 0faire face à la destruction de l’environnement et à celle de l’homme lui-même. Le développement doit viser l’amélioration de la qualité de la vie, mais cette dernière n’est pas seulement dépendante des biens matériels. La vie de l’esprit doit être une partie à part entière de la mondialisation qui n’aura de chances de réussir que si elle donnait à tous la possibilité de vivre dans la dignité. Le respect des droits humains, l’égalité des sexes et l’absence de discrimination de tous genres doivent être la base de la culture de la paix, dont le maintien dépend aussi, dans une certaine mesure, de l’interdépendance des peuples, qui ne saurait, finalement, être un phénomène simplement économique. Nous devons tous mieux nous comprendre et nous connaître, et le dialogue entre les civilisations devrait à cet égard, nous donner les moyens de la connaissance mutuelle. Le Costa Rica pense que l’UNESCO et les autres institutions des Nations Unies doivent faire de l’Année du dialogue entre les civilisations une occasion de mettre à la disposition de tous les peuples les moyens d’une meilleure compréhension.

M. JASWANT SING, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a déclaré qu'au seuil du XXe siècle, il est significatif que l'Iran ait lancé l’idée de ce dialogue entre les civilisations et que l'UNESCO l'ait suivi. Il a lié cet événement avec la fin de l'ère impérialiste, ère qui a été marquée par un silence assourdissant au sujet des civilisations des pays non conquérants et par une absence de dialogue entre elles. Le Ministre a estimé qu'une civilisation moderne ne peut être jugée qu'à l'aune de la compassion et de la solidarité qu'elle sait démontrer. Il a ajouté que le progrès d’une communauté ou d’une civilisation ne saurait être achevé tant que ce progrès n’aurait pas bénéficié à l'humanité toute entière. Les nouveaux outils techniques nous offrent de nouvelles possibilités de conservation et de propagation du patrimoine de chaque culture. Mais la révolution technique et la mondialisation ne doivent pas créer de nouveaux déséquilibres. L'équilibre entre l'acceptation d'une mondialisation intégrée et la quête d'une nouvelle identité doit être pris en compte par chaque pays. Cependant, la préservation des identités et la protection des traditions ne doit pas être un outil entre les mains des extrémistes. Citant Gandhi, le représentant a dit préférer que les vents des différentes écoles de pensée et de cultures soufflent "dans toute sa maison" sans pour autant l’emporter comme le ferait un ouragan.

Il a estimé que ce dialogue serait une occasion d'apprécier la diversité en tant que variation de l'humanité. A cet égard, le Ministre a expliqué que la civilisation de l'Inde croit depuis des temps immémoriaux dans une humanité du monde entier. Cette civilisation considère qu'il n'y a qu'une vérité, que les sages expriment de façons différentes. Le respect de toutes les cultures, et la coexistence pacifique en constituent la pierre angulaire.

- 13 - AG/1039 5 septembre 2000

Le représentant a estimé qu'il est erroné de penser que les affinités ne peuvent se fonder que sur la religion car le véritable point commun est celui de la civilisation. Notant que les valeurs de la démocratie ont acquis une valeur presque universelle, le représentant a préconisé que le dialogue entre les civilisations promeuve le multiculturalisme et détermine de quelle manière on peut promouvoir des sociétés à la fois multiculturelles et respectueuses du droit. Il faut élaborer des manières de lutter contre l'extrémisme. Le Ministre a recommandé que le dialogue entre celles-ci.

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