AG/1038

L'ASSEMBLEE GENERALE CLOTURE SA SESSION PAR UN APPEL SOLENNEL A LA TREVE OLYMPIQUE A L'OCCASION DES JEUX DE SYDNEY

5 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1038


L’ASSEMBLEE GENERALE CLOTURE SA SESSION PAR UN APPEL SOLENNEL A LA TREVE OLYMPIQUE A L’OCCASION DES JEUX DE SYDNEY

20000905

Elle transmet au Sommet du Millénaire un projet de Déclaration politique

L’Assemblée générale a clôturé, ce matin, sa cinquante-quatrième session par un appel solennel à la trêve olympique lancé par son Président, M Théo-Ben Gurirab de la Namibie. M. Gurirab a saisi l’occasion des XXVIIe Jeux Olympiques, qui doivent se dérouler à Sydney en Australie du 15 septembre au 1er octobre 2000, pour appeler tous les Etats à montrer leur attachement à l’esprit de fraternité et de compréhension entre les peuples en respectant la trêve olympique. Il a souhaité qu’au cours des Jeux, tous ceux qui sont actuellement engagés dans une lutte armée suspendent les hostilités et respectent la trêve, qui, a souligné M. Gurirab, “est un moyen de promouvoir la bonne volonté et de favoriser le règlement pacifique des conflits conformément aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies”. L’humanité a soif d’un monde sans haine ni guerre, un monde où les relations entre pays seraient fondées sur les idéaux de paix, de bonne volonté et de respect mutuel et si la trêve olympique peut aider à obtenir ne serait-ce qu’un bref répit dans les conflits et les querelles, ce serait pour la communauté internationale un retentissant message d’espoir. Le drapeau des Nations Unies flottant sur aux XXVIIe Jeux olympiques, le respect de la trêve aura une valeur symbolique encore plus grande, a ajouté le Président de l’Assemblée générale.

Dans son discours de clôture, le Président de l’Assemblée générale a rappelé que la cinquante-quatrième session a constitué un moment unique et mémorable en ce qu’elle était à cheval sur deux siècles et deux millénaires et qu’elle a eu la responsabilité de préparer le Sommet sans précédent du Millénaire des chefs d’Etat et de Gouvernement. Il a également expliqué qu’au cours de sa présidence il a mis l’accent sur les questions qui avaient un impact décisif sur les Nations Unies et notamment la réforme des Nations Unies, l’intervention humanitaire, les droits des femmes, les enfants, la pandémie du VIH/sida, l’élimination de la pauvreté, le poids de la dette, le financement du développement et l’accroissement de l’autorité et de l’intégrité de l’Assemblée générale. Il a appelé à davantage de coopération entre l’Assemblée, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et le Secrétariat qui semble indispensable à ses yeux à un moment de l’histoire où les circonstances internationales en constantes mutations exigent que les principaux organes des Nations Unies partagent une vision commune, parlent d’une même voix et mènent une action conjointe”. Le Président de l’Assemblée générale a ajouté que l’un des défis les plus importants qui attend les Nations Unies est d’accorder une place centrale aux besoins des peuples et pour ce faire de mobiliser la volonté politique et les ressources nécessaires.

A cet égard, l’Assemblée a décidé de transmettre au Sommet du Millénaire, qui doit se tenir du 6 au 8 septembre, un projet de Déclaration qui énumère les engagements renouvelés des chefs d’Etat et de gouvernement relatifs à la paix, la sécurité et le désarmement; au développement et à l’élimination de la pauvreté; à la protection de l’environnement; aux droits de l’homme, la démocratie et la bonne gouvernance; à la protection des groupes vulnérables; aux besoins spéciaux de l’Afrique; et au renforcement de l’ONU. Les représentants de l’Iraq, de la France, des Etats-Unis, de la Fédération de Russie, de la Chine, de la Thaïlande, du Nigéria (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), de Cuba, d’Israël et de la Colombie ont expliqué leur position. Le Président de l’Assemblée générale et le Koweït ont répondu aux propos de l’Iraq. Le représentant de la France a, en outre, expliqué la position de l’Union européenne en ce qui concerne la décision prise, ce matin par l’Assemblée, de convoquer, de préférence en mai 2001 pour une durée de trois jours, une session extraordinaire pour examiner le problème du VIH/sida et la manière d’y faire face. Toujours au titre des décisions, l’Assemblée générale a admis Tuvalu à l’Organisation des Nations Unies.

L’Assemblée a, d’autre part, pris note d’une lettre adressée par le Président de la Commission économique et financière – deuxième Commission - concernant le futur débat de haut niveau sur le thème “S’adapter à la mondialisation : faciliter l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale au XXIe siècle.” Dans cette lettre, le Président de la Deuxième Commission indique qu’après consultations avec les Etats Membres, le débat devrait se tenir en deux jours, en 2001, immédiatement avant le début du débat général et comprendre des réunions plénières, des tables rondes ministérielles et des groupes informels. Le débat porterait sur les deux thèmes partiels suivants : “Promotion de l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale et obtention de nouvelles ressources financières publiques et privées destinées à compléter les efforts de développement” et “ Amélioration de l’insertion des pays en développement dans le réseau mondial de l’information, qui commence à se constituer, et élargissement de l’accès des pays en développement aux technologies de l’information et de la communication”. Le débat devrait être clôturé par un résumé du Président.

Outre la série de points qu’elle a renvoyés à l’ordre du jour de la prochaine session, l’Assemblée a aussi décidé de reconduire dans ses fonctions le Groupe de travail chargé d’examiner la question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l’augmentation du nombre de ses membres, ainsi que d’autres questions ayant trait au Conseil. Dans le même registre, l’Assemblée a été saisie d’une note verbale, datée du 18 août 2000, par laquelle la Mission permanente de l’Autriche lui demandant de maintenir à l’ordre du jour la question intitulée “Coopération entre l’ONU et la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaire”. Une demande similaire a été adressée, dans une note verbale du 21 août 2000, par la Mission permanente de la République démocratique du Congo concernant la question intitulée “Agression armée contre la République démocratique du Congo”.

Sur recommandation du Président du Comité des conférence, l’Assemblée a autorisé le Comité des relations avec le pays hôte, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, le Groupe de travail sur le financement de l’Office de secours et des travaux pour les réfugiés dans le Proche-Orient (UNRWA), le Comité préparatoire de la Réunion intergouvernementale internationale de haut niveau sur le financement du développement, les Conseils d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) à se réunir pendant la partie principale de la cinquante- cinquième session étant entendu que ces réunions se tiendront en fonction des installations et services disponibles.

L’Assemblée a également pris note du fait que les pays suivants ont effectué les paiements nécessaires pour réduire leurs arriérés en deçà du montant spécifié dans l’article 19 de la Charte des Nations Unies : Djibouti, Kirghizstan, Madagascar, Sainte-Lucie, Turkménistan, Vanuatu et Yémen.

Discours de clôture du Président de la Cinquante-quatrième session de l’Assemblée générale

M. THEO-BEN GURIRAB a rappelé que la Cinquante-quatrième session de l’Assemblée générale a constitué un moment unique et mémorable en ce qu’elle était à cheval sur deux siècles et deux millénaires. Cette session a également eu la responsabilité de préparer le Sommet sans précédent du Millénaire des chefs d'Etat et de Gouvernement. Le Sommet adoptera une déclaration finale qui devrait faire preuve d’une autorité politique de portée historique et être à la mesure de son caractère unique. Le monde assistera en effet à la plus grande réunion jamais organisée de dirigeants du monde. Dressant le bilan des travaux accomplis par l’Assemblée générale, le Président a rappelé qu’elle avait tenu trois sessions extraordinaires consacrées en septembre aux petits Etats insulaires en développement et en juin au suivi de la Conférence de Beijing de 1995 sur les femmes et au suivi de Sommet mondial sur le développement social. Ces trois sessions ont adopté des déclarations orientées vers l’action ainsi que des programmes de mise en oeuvre. Je recommande que la Cinquante-cinquième session de l’Assemblée générale attache une importance particulière à ces documents et donne effet à leurs recommandations, a souligné M. Gurirab.

Le Président de l’Assemblée générale a expliqué que l’Assemblée a également poursuivi son travail sur la réforme et l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité. Ce débat qui est dans sa septième année n'a toutefois pas permis aux Etats Membres de s’entendre sur certains éléments comme l’admission de nouveaux membres permanents, l’exercice du droit de veto et d’autres questions de procédure. M. Gurirab a cependant noté certains progrès pour ce qui est des méthodes de travail du Conseil. Celui-ci a commencé à ouvrir ses réunions à d’autres Etats Membres des Nations Unies et à favoriser une interaction informelle avec les ONG. Cette ouverture et cette souplesse doivent être encouragées, a-t-il souligné. Le Président a cependant estimé que le manque évident de volonté politique de la part de certains États Membres était l’un des problèmes fondamentaux. Il a proposé, à la lumière de cette impasse, de réexaminer l’ensemble des propositions qui avaient été élaborées. Il a invité les délégués à examiner avec soin le dernier rapport du Groupe de travail chargé de la réforme du Conseil qui contient des idées créatives et des propositions pratiques.

Le Président de l’Assemblée générale a également rappelé qu’il a établi le Groupe de travail en vue de la mise en oeuvre des recommandations du Secrétaire général contenues dans son rapport sur les causes de conflit et leurs conséquences en Afrique. Ce Groupe de travail doit soumettre des propositions concrètes qui tiennent compte des recommandations du Conseil économique et sociale. L’Assemblée a également décidé d’organiser une réunion intergouvernementale en 2001 sur le financement du développement. Cette question se trouve au coeur du débat actuel sur le développement, l’élimination de la pauvreté, l’annulation de la dette, le plein emploi et la prospérité pour tous. Il s'agit là, a-t-il observé, un défi mondial qui touche aussi bien à la volonté politique qu’à la mobilisation de ressources. Dans ce contexte, a expliqué M. Gurirab, j’ai mis en place un Bureau préparatoire dont les activités ont déjà commencé et appellent à une indispensable coopération de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, de l’Organisation mondiale du commerce et du Programme des Nations Unies pour le développement. Je rends hommage à l’Assemblée générale pour avoir lancé cette initiative qui est à mes yeux une opération de secours des peuples, a ajouté le Président.

M. Gurirab a expliqué qu’au cours de sa présidence il est resté fidèle au mandat de l’Assemblée générale. J’ai tenté d’accorder la même importance à tous les points inscrits à l’ordre du jour tout en mettant l’accent sur des questions qui ont un impact critique sur les Nations Unies et notamment la réforme des Nations Unies, l’intervention humanitaire, les droits des femmes, les enfants, la pandémie du sida, l’élimination de la pauvreté, le poids de la dette, le financement du développement et l’accroissement de l’autorité et de l’intégrité de l’Assemblée générale. Je développerai ces points en d’autres occasions en ma qualité de Ministre des affaires étrangères de la Namibie. Revenant plus particulièrement sur le fonctionnement de l’Assemblée générale, le Président a fait ressortir que celle-ci avait été dotée de pouvoirs et de fonctions accrus conformément aux résolutions et décisions pertinentes des Nations Unies, y compris dans le domaine du maintien de la paix et de l’imposition de la paix. Il a regretté qu’au cours des douze derniers mois, l’autorité et l’intégrité de l’Assemblée générale eussent été si dénigrées. Il est grand temps que les Etats Membres, en particulier les pays en développement, réagissent aux attaques et à la marginalisation dont fait l’objet cet organe prééminent. L’Assemblée générale est en effet l’organe délibérant le plus représentatif, le plus démocratique et le plus transparent des Nations Unies, a-t-il souligné. Il a appelé à davantage de coopération entre l’Assemblée, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et le Secrétariat afin de renforcer la capacité de l’Organisation de mesurer les progrès accomplis et de garantir un souci de rentabilité et d’efficacité dans la mise en oeuvre des programmes au sein de l’ensemble du système. Ceci est absolument nécessaire à un moment de l’histoire où les circonstances internationales en constante mutation exigent que les principaux organes des Nations Unies partagent une vision commune, parlent d’une même voix et mènent une action conjointe, a-t-il ajouté.

La violence à l’égard des enfants, en particulier à l’égard de ceux qui se trouvent dans des situations de conflits armés a également constitué un axe d’action prioritaire du Président qui, a-t-il expliqué, a tenté de mobiliser l’opinion publique. L’adoption des deux Protocoles additionnels à la Convention sur les droits de l’enfant contribuera sans doute à l’amélioration des conditions de vie des enfants et de leur protection. Il est encourageant, a-t-il ajouté, d’assister au renforcement de l'engagement des Etats Membres des Nations Unies en faveur de la protection et de la promotion des droits des enfants même s'il reste encore beaucoup à faire. L’Assemblée générale doit continuer à faire preuve de vigilance et à dénoncer leurs bourreaux et complices. L’un des défis les plus importants qui nous attend aujourd’hui, a ajouté le Président, est de placer les besoins des peuples au coeur de l’Agenda mondial pour la paix et le développement et la démocratie. Nous devons pour cela mobiliser la volonté politique et les ressources nécessaires et nous attacher à définir des priorités qui accordent une place centrale à la personne humaine et qui permettent de vaincre la pauvreté, la faim et la peur.

ADOPTION DE TEXTES

Projet de Déclaration politique

Par la résolution relative au Projet de Déclaration du Millénaire soumise par le Président de l’Assemblée générale, adoptée sans vote, l’Assemblée générale décide d’adresser le projet de Déclaration du Millénaire, pour examen au Sommet du millénaire qui doit se tenir sous les auspices des Nations Unies, du 6 au 8 septembre. Ce projet de Déclaration du Millénaire invite les chefs d'Etat et de gouvernement, qui seront rassemblés au Siège de l’ONU, à l’aube d’un nouveau millénaire, pour réaffirmer leur foi dans l’Organisation et dans sa Charte à réaffirmer leur attachement aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, qui ont une valeur éternelle et universelle. Ce projet de Déclaration invite les chefs d'Etat et de gouvernement à se déclarer résolus à instaurer une paix juste et durable dans le monde entier conformément aux buts et aux principes inscrits dans la Charte. Le projet de déclaration invite également les chefs d'Etat et de gouvernement à considérer que le principal défi qu’ils doivent relever aujourd’hui est de faire en sorte que la mondialisation devienne une force positive pour l’humanité tout entière. Cet effort visant à ce que la mondialisation soit profitable pour tous doit produire des politiques et des mesures, à l’échelon mondial, qui correspondent aux besoins des pays en développement et des pays en transition et sont formulées et appliquées avec leur participation effective. Aux termes de ce projet de Déclaration, les chefs d'Etat et de gouvernement estimeraient que les valeurs fondamentales que sont la liberté, l’égalité, la solidarité, la tolérance, le respect de la nature et le partage des responsabilités doivent sous-tendre les relations internationales au XXIe siècle. En matière de paix, de sécurité et de désarmement, les chefs d'Etat et de gouvernement sont invités à n’épargner aucun effort pour délivrer leurs peuples du fléau de la guerre, qu’il s’agisse des guerres civiles ou des guerres entre Etats, et à s’efforcer également d’éliminer les dangers posés par les armes de destruction massive. En conséquence, ils décideraient de mieux faire respecter la primauté du droit dans les affaires tant internationales que nationales, et en particulier de veiller à ce que les Etats Membres appliquent les règles et décisions de la Cour internationale de Justice, conformément à la Charte des Nations Unies, dans les litiges auxquels ils sont parties. Ils décideraient d’accroître l’efficacité de l’ONU dans le maintien de la paix et de la sécurité, en lui donnant les moyens et les outils dont elle a besoin pour mieux assurer la prévention des conflits, le règlement des différends, le maintien de la paix, la consolidation de la paix et la reconstruction après les conflits. A cet égard, ils prendraient acte du rapport du groupe d’étude sur les opérations de paix des Nations Unies et prieraient l’Assemblée générale d’examiner promptement les recommandations. Ils prendraient des mesures pour lutter contre le terrorisme international et redoubleraient d’efforts dans la lutte contre le problème mondial de la drogue, la lutte contre la criminalité transnationale dans toutes ses dimensions, y compris la traite des êtres humains, leur acheminement clandestin à travers les frontières et le blanchiment d’argent sale. Ils prendraient des mesures concertées pour mettre fin au trafic d’armes légères et inviteraient tous les Etats à adhérer à la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert de mines antipersonnel et sur leur destruction, ainsi qu’au Protocole modifié relatif aux mines se rapportant à La Convention sur les armes classiques. Ils demanderaient en outre à tous les Etats Membres de respecter la trêve olympique.

En matière de développement et d’élimination de la pauvreté, les chefs d'Etat et de gouvernement décideraient de créer – aux niveaux tant national que mondial – un climat propice au développement et l’élimination de la pauvreté. A cet égard, ils seraient résolus à mettre en place un système commercial et financier multilatéral ouvert, équitable, fondé sur le droit, prévisible et non discriminatoire. Ils feraient tout pour assurer le succès de la Réunion intergouvernementale de haut niveau sur le financement du développement, qui doit se tenir en 2001. Ils demanderaient aux pays industrialisés d’adopter une politique d’admission en franchise et hors quota pour la quasi totalité des produits exportés par les pays les moins avancés, d’appliquer sans plus de retard le programme renforcé d’allègement de la dette des pays pauvres très endettés et de convenir d’annuler toutes les dettes publiques bilatérales contractées par ces pays et enfin, d’accorder une aide au développement plus généreuse. Les chefs d'Etat et de gouvernement décideraient également de répondre aux besoins particuliers des petits Etats insulaires en développement en appliquant le Programme de la Barbade. Ils décideraient en outre de réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population mondiale dont le revenu est inférieur à un dollar par jour, et celles qui souffrent de la faim; et de réduire de moitié, d’ici à la même date, la proportion des personnes qui n’ont pas accès a l’eau potable. Ils décideraient que, d’ici à la même date, les enfants partout, garçons et filles, seront en mesure d’achever un cycle complet d’études primaires que les filles et les garçons auront à égalité accès à tous les niveaux d’éducation. Ils décideraient de réduire de trois quarts la mortalité maternelle et de deux tiers la mortalité des enfants de moins de 5 ans par rapport aux taux actuels. Ils décideraient d’arrêter, d’ici là, la propagation du VIH/Sida et de commencer à inverser la tendance actuelle ainsi que de maîtriser le fléau du paludisme et d’autres grandes maladies qui affligent l’humanité. Ils décideraient, d’ici à 2020, d’améliorer sensiblement la vie d’au moins 100 millions d’habitants des taudis, conformément à l’initiative de lutte contre les taudis et les bidonvilles. Ils décideraient de promouvoir l’égalité des sexes et l’automnisation des femmes, de formuler et d’appliquer des stratégies qui donnent aux jeunes partout dans le monde une chance de trouver un travail décent et utile. Ils encourageraient l’industrie pharmaceutique à rendre les médicaments essentiels plus largement disponibles et abordables. Ils décideraient d’établir des partenariats solides avec le secteur et les organisations de la société civile et de faire en sorte que les avantages des nouvelles technologies, notamment celles de l’information et de la communication, soient accordées à tous, conformément aux recommandations contenues dans la Déclaration ministérielle du Conseil économique et social de 2000.

En matière de protection de l’environnement, les Chefs d'Etat et de gouvernement décideraient de ne ménager aucun effort pour que le Protocole de Kyoto entre en vigueur de préférence avant le dixième anniversaire de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement en 2002 et de commencer à appliquer les réductions prescrites des émissions des gaz à effet de serre. Ils décideraient d’intensifier leur action commune pour la gestion, la préservation et le développement durable de tous les types de forêt. Ils décideraient également d’insister sur l’application intégrale de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention sur la lutte contre la désertification, en particulier en Afrique. Ils décideraient de mettre fin à l’exploitation irrationnelle des ressources en eau, en formulant des stratégies de gestion de l’eau aux niveaux régional, national et local. Ils décideraient également d’intensifier la coopération en vue de réduire le nombre et les effets des catastrophes naturelles et des catastrophes dues à l’homme. Ils décideraient enfin d’assurer un libre accès à l’information relative au génome humain.

En matière de droits de l’homme, de démocratie et de bonne gouvernance, les chefs d'Etat et de gouvernement décideraient notamment de respecter et de faire appliquer intégralement la Déclaration universelle des droits de l’homme, de chercher à assurer, dans tous les pays, la promotion et la protection intégrale des droits civils et des droits politiques, économiques, sociaux et culturels de chacun. Ils décideraient de renforcer, dans tous les pays, les capacités nécessaires pour appliquer les principes et pratiques de la démocratie et du respect des droits de l’homme, y compris les droits des minorités. Ils décideraient de lutter contre toutes les formes de violence contre les femmes et d’appliquer la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Ils décideraient de prendre des mesures pour assurer le respect et la protection des droits fondamentaux des migrants, des travailleurs migrants et de leur famille, pour mettre fin aux actes de racisme et de xénophobie dont le nombre ne cesse de croître dans de nombreuses sociétés.

En matière de protection des groupes vulnérables, les chefs d'Etat et de gouvernement décideraient d’élargir et de renforcer la protection des civils dans les situations d’urgence complexes, conformément au droit international humanitaire. Ils décideraient de renforcer la coopération internationale, y compris en partageant le fardeau des pays qui accueillent des réfugiés et en coordonnant l’assistance humanitaire, en aidant toutes les personnes déplacées à rentrer volontairement chez eux.

Afin de répondre aux besoins spéciaux de l’Afrique, les chefs d'Etat et de gouvernement décideraient d’appuyer pleinement les structures politiques et institutionnelles des démocraties naissantes en Afrique. Ils décideraient d’encourager et de soutenir les mécanismes régionaux et sous-régionaux de prévention des conflits et de promotion de la stabilité politique, et d’assurer un financement régulier aux opérations de maintien de la paix menées sur le continent. Ils décideraient de prendre des mesures spéciales pour relever les défis que sont l’élimination de la pauvreté et la réalisation du développement durable en Afrique, y compris l’annulation de la dette, l’amélioration de l’accès aux marchés, l’accroissement de l’aide publique au développement (APD) et des flux d’investissements étrangers directs, ainsi que des transferts de technologie. Ils décideraient enfin d’aider l’Afrique à se doter des capacités voulues pour freiner la propagation de la pandémie du VIH/Sida et d’autres maladies infectieuses.

Enfin, afin de renforcer l’Organisation des Nations Unies, les chefs d'Etat et de gouvernement décideraient de réaffirmer le rôle central de l’Assemblée générale en tant que principal organe délibérant et représentatif de l’ONU et de redoubler d’efforts pour réformer les procédures du Conseil de sécurité. Ils décideraient de renforcer encore le Conseil économique et social, ainsi que la Cour internationale de justice. Ils décideraient d’encourager des consultations et une coordination régulières entre les principaux organes de l’ONU. De faire en sorte que l’Organisation dispose de ressources nécessaires pour s’acquitter de ses mandats. Ils inviteraient instamment le Secrétariat à utiliser mieux ses ressources en adoptant les meilleures méthodes de gestion. Ils décideraient de favoriser le respect de la Convention sur la sécurité du personnel des Nations unies et des personnels associés. Ils garantiraient une plus grande cohérence des politiques et d’améliorer la coopération entre l’NOU, les organismes, les institutions de Bretton Woods, et l’Organisation mondiale du commerce, ainsi que d’autres organismes multilatéraux, afin de suivre une démarche pleinement coordonnée vis-à-vis des problèmes de paix et de développement. Ils décideraient de renforcer davantage la coopération entre l’ONU et les Parlements nationaux, représentés par l’Union interparlementaire, et de donner au secteur privé, aux organisations non gouvernementales et à la société civile en général la possibilité de contribuer davantage à la réalisation des objectifs et programmes de l’Organisation. Les chefs d'Etat et de gouvernement demanderaient enfin à l’Assemblée générale d’examiner de façon régulière les progrès accomplis dans la mise en oeuvre des dispositions de la présente Déclaration et s’engageraient à accorder un soutien indéfectible à la réalisation de ces objectifs communs.

Explications de position

Le représentant de l’Iraq a fait des réserves sur le paragraphe du projet de Déclaration relatif aux sanctions économiques qu’il a dénoncé comme la manifestation d’une politique de deux poids et deux mesures. Ce paragraphe, a-t- il expliqué, ne reflète en aucun cas le point de vue des Etats Membres tel qu’elle figure dans la résolution pertinente de l’Assemblée générale, adoptée par consensus. Cette résolution de l’Assemblée avait de juste qu’elle se fondait sur des principes essentiels tels que la nécessité d’épuiser toutes les mesures pacifiques avant de recourir aux sanctions qui doivent demeurer une solution de dernier recours et en conformité avec les principes, et être assorties aussi de dispositions prévoyant leur levée. Les sanctions, a poursuivi le représentant, ne sauraient en aucun cas être utilisées comme une stratégie de revanche ou de représailles. Il a ainsi déploré que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et leur agent, le Koweït aient insisté sur le maintien du paragraphe, qui permet de frapper des populations innocentes. Le représentant a donc exprimé son étonnement de voir une utilisation aussi flagrante de la politique de deux poids et deux mesures dans un document des Nations Unies, adopté pour le nouveau millénaire. Le paragraphe qui est le fruit de l’insistance des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de leur agent, le Koweït, ne revêt aux yeux de l’Iraq, aucune légitimité politique ou morale. L’Iraq ne peut donc accepter un texte aussi honteux.

Le Président de l’Assemblée générale et Président des négociations sur le projet de Déclaration a rejeté les allégations selon lesquelles il aurait été influencé par les pays cités par l’Iraq. Le Président a rappelé que d’autres pays ont appuyé la position qui prévaut aujourd’hui. « J’ai fait preuve d’équité et la décision prise se fonde sur un consensus clair », a précisé le Président.

Le représentant de la France a fait des réserves à l’endroit de l’idée d’une conférence internationale pour recenser les moyens d’éliminer les dangers nucléaires. Il a rappelé la préférence de son pays pour la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement.

La représentante des Etats-Unis a également exprimé des réserves sur l’aspect relatif à l’élimination des armes de destruction massive. Elle a regrette que le document invoque la convocation d’une conférence internationale alors même que son pays s’y est opposé. Regrettant également le lien établi entre la croissance économique et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, la représentante a rappelé qu’il a été convenu que le Protocole de Kyoto ne serait mis en oeuvre qu’après ratification des parlements nationaux. Evoquant aussi les paragraphes relatifs à l’Afrique, la représentante a regretté que figurât au nombre des mesures en vue de l’élimination de la pauvreté l’annulation de la dette. Elle a une nouvelle fois défendu le point de vue de son pays qui appelle à un dialogue entre les institutions financières et les Etats pour travailler à l’élaboration de mesures d’allègement de la dette voire de son annulation.

Le représentant de la Fédération de Russie a également évoqué les références faites au désarmement pour déclarer que les objectifs en la matière imposent le respect des accords en vigueur et qu’ils doivent être poursuivis dans le contexte de la stabilité stratégique.

Le représentant de la Chine a exprimé l'espoir que la conférence internationale sur le désarmement mentionnée dans le projet de Déclaration sera convoquée dans le cadre prévu pour des conférences sur le désarmement.

Le représentant de la Thaïlande a souhaité pour sa part qu'en matière de désarmement, un accent particulier soit mis sur les arrangements régionaux.

Le représentant du Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a formé le voeu que les réserves émises aujourd’hui ne compromettent pas l’adhésion aux engagements énoncés dans le projet de Déclaration.

La représentante de Cuba, s’est, pour sa part, félicitée de ce que le projet de Déclaration fasse du désarmement nucléaire une priorité. Elle a indiqué, par ailleurs, qu’elle aurait souhaité une différenciation plus nette entre la pauvreté et le développement. Elle a également fait des commentaires sur le chapitre relatif à la démocratie et aux droits de l’homme.

Le représentant d’Israël a fait des réserves sur le libellé du paragraphe relatif à la protection des groupes vulnérables.

Le représentant de la Colombie a regretté que le projet de Déclaration n'ait pas fait mention du Protocole de Carthagène sur la biodiversité.

Droit de réponse

Le représentant du Koweït s’est déclaré surpris par les propos de l’Iraq qui a impunément traité son pays d’agent de certains pays. Le problème, a estimé le représentant, est que l’Iraq se refuse de reconnaître ses torts et surtout son mépris pour le dialogue. Il a dit sa surprise de constater qu'alors que plus de 180 Etats ont souscrit à ce projet de Déclaration, son pays soit le seul à être montré du doigt par l'Iraq. Le Koweït est un pays souverain qui a le droit de faire valoir ses opinions, a poursuivi le représentant, avant de rejeter les allégations de l’Iraq comme inacceptables.

Question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l’augmentation du nombre de ses membres (A/54/47)

Par ce texte, l’Assemblée générale se félicite des progrès déjà réalisés en ce qui concerne l’examen des questions en rapport avec les méthodes de travail du Conseil de sécurité étant donné qu’un accord provisoire a pu être réalisé sur un grand nombre de questions. En conséquence, l’Assemblée décide qu’elle devrait examiner au cours de sa cinquante-cinquième session la question de la représentation équitable au Conseil et de l’augmentation du nombre de ses membres. Elle décide également que le Groupe de travail sur la question devrait poursuivre ses travaux et lui présenter, avant la fin de sa cinquante-cinquième session, un rapport contenant toutes les recommandations convenues.

Examen du problème du virus de l’immunodéficience humaine et du syndrome d’immunodéficience acquise (VIH/sida) sous tous ses aspects (A/54/L.88/Rev.1)

Aux termes de cette résolution, présentée par l’Ukraine, l’Assemblée générale décide de convoquer une session extraordinaire d’une durée de trois jours aussitôt que possible, de préférence en mai 2001, mais avant la fin de la cinquante-sixième session, pour examiner le problème du VIH/sida sous tous ses aspects et y faire face et pour coordonner et intensifier les efforts internationaux pour en venir à bout. Elle demande instamment aux Etats Membres et aux observateurs de se faire représenter à un niveau politique élevé et décide aussi que la date exacte de la session ainsi que les modalités, la participation au processus préparatoire et à la session et leur organisation doivent être arrêtées dès que possible, lors de la cinquante-cinquième session.

Explication de position

M. PHILIPPE BOISSIERE (France), au nom de l’Union européenne et des pays associés, ainsi que de l’Association européenne de libre échange (AELE) et de l’Espace économique européen (EEE), a déclaré que tous les acteurs, tant aux niveaux local, national et régional qu'international, doivent s’engager pleinement par des efforts et des mesures communs et coordonnés à relever le défi de l’épidémie de sida. Par son appui en faveur du projet de session extraordinaire de l’Assemblée générale, l’Union européenne souhaite, que dès les premières semaines de la 55ème session de l’Assemblée générale, un processus préparatoire concentré et efficace permette à toutes les délégations de décider ensemble les modalités de participation à cette session et de son organisation. A cet égard, l’ONU, et tout particulièrement l’Assemblée générale, est un forum irremplaçable, a-t-il souligné, en ajoutant qu’il conviendrait également de décider du moment opportun pour tenir cette session en tenant compte du cadre volontariste et réaliste de la présente résolution. Il faut se fixer pour objectif de ne pas différer au-delà de septembre 2002 tout en prenant en compte que l’année 2001 est excessivement chargée par des réunions de haut niveau et des processus préparatoires, a fait observer M. Boissière qui a notamment cité la troisième Conférence pour les pays les moins avancés (PMA), le Sommet mondial pour les enfants, la Conférence contre le racisme et le suivi de la Conférence Habitat.

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