En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/483

LE CONSEIL ACHEVE SON DEBAT SUR L'ASSISTANCE ECONOMIQUE SPECIALE, L'AIDE HUMANITAIRE ET LES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE

21 juillet 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/483


LE CONSEIL ACHEVE SON DEBAT SUR L’ASSISTANCE ECONOMIQUE SPECIALE, L’AIDE HUMANITAIRE ET LES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE

20000721

Le Conseil économique et social a achevé ce matin, sous la présidence de M. Vladimir Sotirov (Bulgarie), son débat consacré à l’assistance économique spéciale, à l’aide humanitaire et aux secours d’urgence. Résumant ce débat de trois jours qui a abordé les questions de la coordination des activités humanitaires, de leur financement, de leur cadre de mise en oeuvre et de l’usage des nouvelles technologies pour améliorer les capacités de prévention et de réaction des structures nationales et de la communauté internationale face aux catastrophes naturelles et aux déplacements internes de réfugiés, Mme Caroline McAskie, Coordonnateur des secours d’urgence du système des Nations Unies et modératrice des débats, a fait un certain nombre de constats. Plusieurs points essentiels et critiques ont été soulevés au cours des discussions et appellent à une nouvelle réflexion et à des solutions en vue d’améliorer le fonctionnement des opérations humanitaires, a-t-elle estimé. Parmi ces points figurent notamment la question du financement substantiel et prévisible des opérations qui, s’il n’est pas assuré, peut mettre en danger leur déroulement. Ensuite, en dehors de la simplification des procédures d’opération et de leur meilleure coordination, il s’est posé le besoin de concevoir et faire accepter un cadre légal de mise en oeuvre des opérations humanitaires, ce cadre ne pouvant être énoncé et exécuté qu’à travers une collaboration étroite avec les Etats concernés par les interventions de secours et leurs sociétés civiles. Faisant le bilan des activités de l’ONU dans un certain nombre de pays, dont l’Angola, la République démocratique du Congo et la Géorgie, dont les Coordonnateurs résidents du système des Nations Unies avaient fait auparavant des présentations, Mme McAskie a constaté que le sentiment général était celui d’une certaine satisfaction concernant les opérations menées en faveur des personnes déplacées par les conflits à l’intérieur de ces pays. Mais au vu du nombre de réfugiés, de leurs besoins croissants et de l’inadéquation flagrante des ressources disponibles, beaucoup reste à faire, a-t-elle dit, en annonçant qu’un demi-million de personnes vivait dans des camps provisoires en Angola, et qu’en RDC seul un million de personnes sur les 1,6 millions de réfugiés dans le besoin, avait pu recevoir une aide au mois de juin 2000.

Les opérations de secours d’urgence des fonds et programmes des Nations Unies ont connu un certain succès au cours de cette année ont reconnu certaines délégations, dont celle de la Namibie, qui a rappelé les catastrophes qui ont frappé la région de l’Afrique australe, et notamment son pays et le Mozambique. Sans les secours d’urgence des Nations Unies et la capacité de l’Organisation à mobiliser l’aide internationale, les conséquences de ces évènements auraient été pires a estimé le représentant, qui a cependant joint sa voix à celles d’autres

(à suivre 1a)

délégations pour demander plus de contributions financières et plus de rapidité dans le déblocage des fonds destinés au secours et dans les transferts de technologies qui pourraient permettre aux Etats de pleinement tirer profit des capacités des technologies de l’information en matière d’alerte avancée et de prévention des catastrophes.

Les délégations dont la liste suit ont pris la parole au cours du débat de ce matin: Indonésie, Afrique du Sud, Erythrée, Kirghizistan, Inde, Mongolie, Suriname (au nom des petits Etats insulaires en développement), Libye, Ethiopie et Namibie. Les représentants du Programme commun des Nations Unies pour la prévention et la lutte contre le VIH/sida (ONUSIDA), du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général sur la question des personnes déplacées, et de l’ONG “International Society for traumatic stress studies” ont aussi pris la parole.

Les délégations de l’Ethiopie et de l’Erythrée ont exercé leur droit de réponse en fin de réunion.

Le conseil économique et social poursuivra ses travaux cet après –midi à 15 heures en entamant l’examen de la question de la coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organisations des Nations Unies se rapportant aux thèmes suivants: évaluation des progrès réalisés au sein du système de l’ONU dans le cadre de conférences d’examen en ce qui concerne la promotion de l’application et du suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU dans les domaines économique et social et domaines connexes; et la questionde la mise en oeuvre coordonnée par le système des Nations Unies du Programme pour l’habitat.

DEBAT CONSACRE AUX ACTIVITES HUMANITAIRES

Assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe

Fin du débat général

M. MAKTUR WIDODO (Indonésie) a déclaré que malgré le lancement du processus d’appel consolidé pour l’année 2000, lancé en novembre 1999, qui demandait aux Etats Membres de verser 2,4 milliards de dollars en faveur de l’assistance humanitaire, le rapport du Secrétaire général indique rapporte que la réponse à cette demande a jusqu’ici été décevante. Nous espérions a dit le représentant, qu’au vu des améliorations apportées dans le processus d’appels précédent, les contributions seraient plus généreuses. Le processus d’appel est un instrument important pour la coordination des opérations d’assistance humanitaire actuelles ou à venir. Si nous voulons renforcer notre capacité de réaction humanitaire, nous devons répondre massivement à ces appels.

Nous soutenons donc l’appel du Secrétaire général qui demande aux Etats membres de fournir les ressources nécessaires aux opérations humanitaires à travers des canaux d’assistance multilatérale, et de contribuer au processus d’appels de l’an 2000 en tenant compte de la nécessité d’équilibrer les interventions sur les plans géographique et sectoriel. L’Indonésie tient aussi à souligner l’importance des technologies dans les opérations de secours humanitaires. Il est donc indispensable de faciliter les transferts de technologies pour promouvoir l’alerte, la prévention et la préparation de l’aide aux populations affectées par des catastrophes. Ces transferts pourraient se faire à travers l’assistance au développement des pays donateurs, et ceci sur des bases concessionnelles. A cet égard le renforcement de l’organe de coordination et d’évaluation des catastrophes naturelles des Nations Unies (UNDAC) et la nomination de conseillers régionaux aux catastrophes naturelles seraient utile. D’autre part, nous tenons à réaffirmer le rôle central que doivent jouer les gouvernements nationaux. Ce n’est qu’à leur demande que la communauté internationale doit se manifester en cas de besoin de secours. Toute intervention qui ne respecterait pas cette condition serait illégale et sans aucune légitimité, et pourrait entraîner l’échec de l’opération projetée.

M. J. KRISHNAMURTY, Représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que les conséquences économiques des catastrophes naturelles et des autres urgences humanitaires ne peuvent être traitées qu’en fournissant de la nourriture et des fournitures d’urgence et en réparant les infrastructures endommagées. Ce serait ignorer l’ampleur du chômage, de la pauvreté et de l’exclusion qui accompagnent de telles situations. Il a estimé qu’une infrastructure de développement créatrice d’emploi contribuerait à accélérer la reprise en rétablissant l’infrastructure essentielle à la conduite des affaires et en favorisant une augmentation de la demande en biens et en services. Ces mécanismes fonctionnent mieux lorsqu’ils sont complétés par des mesures destinées à promouvoir directement l’investissement et l’essor des économies locales affaiblies par les catastrophes et les conflits.

M. Krishnamurty a poursuivi en déclarant que les catastrophes naturelles et les autres urgences mènent souvent à un déclin du niveau de vie et affaiblissent le tissu social. Dans de telles conditions, le travail des enfants, y compris la prostitution infantile, peut devenir un problème grave. En tant qu’organisation de développement, l’OIT met l’accent sur le renforcement des capacités nationales face aux crises. Pour ce faire, les pays à risque doivent être en position d’activer en peu de temps les programmes d’emploi d’urgence. Il faut renforcer les filets de protection sociale sous forme de plans d’épargne et d’assurances et, éventuellement, renforcer les autres mécanismes de support mutuel. La diversification de l’emploi au sein des foyers peut faire partie d’une stratégie explicite de minimisation des risques. Il peut être nécessaire de renforcer la capacité du système de formation et du marché de l’emploi à absorber les personnes frappées par la crise, y compris les réfugiés et les personnes déplacées, et à réagir rapidement aux situations de crise. Au lieu de n’utiliser que les informations portant sur des variables telles que le climat et les précipitations, les systèmes d’alerte précoce devraient aussi utiliser les informations sur l’emploi et les tendances salariales.

M. ULF T. KRISTOFFERSON (Coordonnateur humanitaire de l’ONUSIDA) a déclaré que 18,8 millions de personnes sont mortes du sida dans le monde, dont 3,8 millions d’enfants. Environ 34,3 millions de personnes vivent aujourd’hui avec le HIV, et la plupart d’entre elles mourront au cours de la prochaine décennie. Sur les 5,4 millions de personnes infectées en 1999, 4 millions se trouvent en Afrique, où, dans 16 pays, un dixième de la population adolescente est touchée. Le HIV/sida est devenu une question humanitaire pour le système des Nations Unies parce que la pandémie se répand plus rapidement dans les zones de pauvreté et d’impuissance sociale où manquent les structures de soutien. Les personnes déplacées et les réfugiés sont très vulnérables à la transmission de la maladie. Les déplacements détruisent les structures sociales existantes et les relations familiales, et la promiscuité dans les camps de réfugiés est une source croissante de propagation de la pandémie. Après les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité, un plan d’action a été décidé au mois de mai dernier, qui intègre la lutte contre le VIH/sida à l’action humanitaire. Ce plan prévoit l’assistance des troupes de maintien de la paix à la lutte contre la pandémie.

M. HAIKO ALFELD(Afrique du sud) a déclaré que son pays se félicite des travaux du Représentant spécial du Secrétaire général pour les personnes déplacées, M. Francis Deng, en particulier la formulation et la diffusion des principes directeurs sur les déplacements internes. Le représentant a lancé un appel afin que M. Deng reçoive un soutien financier et institutionnel accru.

Il s’est dit convaincu que les enseignements tirés des catastrophes survenues récemment doivent être identifiés et les solutions correspondantes mises en place. Il s’est dit impatient de voir les effets des enseignements tirés de la réponse fournie par la communauté internationale aux inondations survenues au Mozambique. L’un des réflexions saillantes concerne la nécessité d’intervenir rapidement. A cet égard, le représentant a cité un journal sud africain qui avait critiqué le processus d’élaboration de mécanismes de coordination détaillés entrepris à Genève et à New York alors que des personnes attendaient les secours, perchées dans des arbres pour avoir une chance de ne pas périr noyées.

Certain qu’il vaut mieux prévenir les catastrophes naturelles qu’en réparer les effets, le représentant a souligné qu’on peut également en atténuer les effets en renforçant les capacités des personnes les plus vulnérables. Il a regretté que les directives de la “Stratégie internationale de réduction des catastrophes” ne soit pas plus rapidement mises en œuvre. Il a ensuite salué l’excellent travail effectué par Mme Sadako Ogata, Haut Commissaire aux droits de l’homme.

M. TEKEMICHAEL WOLDEGIORGIS(Erythrée) a remercié l’ECOSOC pour la mise au point d’un cadre appropriée des réponses à apporter aux situations d’urgence complexes. Nous espérons que cette politique se traduira en actions complètes, a dit le représentant. Le conflit entre l’Erythrée et l’Ethiopie a causé des difficultés sérieuses à la survie de notre population et plus de 1,5 million de personnes vivent aujourd’hui dans un état précaire. La moitié de notre population est en danger sérieux, toutes les structures de certaines régions ayant été détruites. Le gouvernement de l’Erythrée a engagé toutes ses ressources pour répondre à la crise humanitaire actuelle, notamment sur le plan alimentaire. Des ressources qui étaient utilisées, notamment sur le plan des transports, pour répondre aux besoins de défense, ont été envoyées pour servir les besoins civils pressants, notamment en ce qui concerne la distribution des secours. Les structures traditionnelles d’assistance et de solidarité ont contribué à limiter le nombre de victimes des destructions militaires et de la sécheresse. Nous sommes heureux que l’aide humanitaire soit distribué de façon équitable, grâce à l’organisation des communautés locales. Mais cette aide est encore en dessous des besoins et nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle réponde généreusement aux appels en faveur de notre pays.

M. NICOLAS BWAKIRA, Directeur du Bureau de liaison du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a indiqué que le Haut Commissariat entreprend actuellement une révision complète de son système de gestion des urgences afin de renforcer sa préparation aux situations d’urgence et sa capacité de réaction. A l’issue de ce processus, le service de réponse d’urgence dépendra directement du Haut Commissaire. M. Bwakira a ajouté que des mesures ont également été prises pour améliorer la sécurité du personnel et celle des civils, y compris les réfugiés dans les zones peuplées de réfugiés, les camps et les campements. Des consultations sont également en cours au sein du Comité de coordination interorganisations pour améliorer la sécurité du personnel des organisations non gouvernementales.

En ce qui concerne les menaces de remise en question du caractère humanitaire et civil des camps, M. Bwakira a attiré l’attention du Conseil sur les zones peuplées de réfugiés qui se sont militarisés et risquent d’être attaqués ou de commettre des agressions eux-mêmes, et sur les zones dans lesquelles la population réfugiée risque, de bonne foi, de tomber sous la coupe d’individus soupçonnés de génocide, de crimes contre l’humanité ou de graves violations des droits de l’homme ou du droit humanitaire.

Le Haut Commissaire a mis l’accent sur les possibilités qu’offrent les technologies de l’information pour renforcer la sécurité du personnel et améliorer les capacités d’intervention. La formation a également reçu une attention accrue. Par ailleurs, le Haut Commissariat est de plus en plus préoccupé par l’insuffisance du financement multilatéral des opérations humanitaires. Les programmes humanitaires en Afrique ont particulièrement pâti de cette situation, a-t-il regretté.

M. LARRY DE BOICE, Directeur de la Division des interventions d’urgence au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré quelle PNUD continue de chercher les moyens de renforcer la coordination des équipes de pays du système des Nations Unies, en utilisant les cadres existant. Ces efforts seront sources de succès si les institutions de l’ONU et les autres agences participent pleinement au système des coordonnateurs résidents et contribuent au partage des mécanismes et des responsabilités qu’implique ce système. Nous avons appris que la coordination n’est pas un but en elle-même, et nous avons appris qu’aucune agence ne peut, individuellement, répondre à toutes les demandes complexes qui émergent au cours d’une situation de crise humanitaire et de catastrophes liées à des massifs déplacements intérieurs de populations. C’est pourquoi nous estimons qu’il faut renforcer nos capacités de réponses individuelles et collectives.

En plus des besoins de coordination, le PNUD reconnaît pleinement la nécessité de développer des capacités d’analyse des situations et d’actions sur le terrain en vue de répondre à la question des personnes déplacées de l’intérieur. Comme discuté plus tôt au sein de cette assemblée, nous traitons cette question à travers nos programmes opérationnels en proche collaboration avec les principaux acteurs de l’humanitaire, et notamment le Haut Commissariat pour les réfugiés, et des organes de développement comme la Banque mondiale.

MME ZAMIRA TOHTOHODJAEVA (Kirghizistan) a déclaré que le Kirghizstan se trouve dans une zone montagneuse menacée de nombreux types de catastrophes naturelles, notamment les glissements de terrain et les tremblements de terres. Les décharges de déchets d’uranium ne respectant pas les normes internationales sont un danger croissant. Ces décharges se trouvent dans des prairies inondées, en altitude, et menacent la santé de la population. Un centre de surveillance des processus naturels et un programme de gestion des déchets naturels et de protection de la population ont été mis en place par les autorités. Les décharges et dépôts de déchets industriels des zones montagneuses sont également sous surveillance. Cependant, les ressources de la République sont insuffisantes pour prendre les mesures de surveillance et d’actions écologiques qui s’imposent. C’est pourquoi la coopération internationale est absolument nécessaire, a souligné la représentante.

M. SIVANKA DHANAPALA (Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général sur la question des personnes déplacées) a dit que le Bureau a toujours demandé la proche collaboration des gouvernements quand il se rendait dans une région pour examiner la situation des personnes déplacées sur le terrain. Quelles que soient les circonstances qui mènent à ces situations, la protection des populations est notre premier souci, en y ajoutant les besoins essentiels d’assistance, liés à l’hébergement, à l’alimentation, à la fourniture d’eau, aux soins de santé et à l’éducation. Un des outils essentiels de dialogue avec les gouvernements que nous employons est celui des “Principes directeurs sur le traitement des personnes déplacées”. Quand le Bureau a été créé en 1992, un des premiers objectifs était d’étudier un cadre normatif, s’il n’en existait pas sur cette question. En coopération avec un panel d’experts, et à la demande urgente de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies et de l’Assemblée générale, nous avons préparé une compilation et une analyse des normes juridiques s’appliquant aux déplacements internes de réfugiés. C’est ainsi qu’ont été élaborés les Principes directeurs, qui ont été soumis à la Commission des droits de l’homme en 1998. Bien qu’ils ne soient pas légalement contraignants, ces Principes sont une réaffirmation des normes existantes en matière des droits de l’homme, du droit humanitaire et du droit des réfugiés.

M. SATYABRATA PAL (Inde) a expliqué que, par principe, l’action humanitaire doit respecter les besoins et les intérêts des personnes impliquées, ce qui est le cas généralement. En effet, la destination que prend l’action humanitaire, et son montant, dépendent du besoin qu’ont les donateurs de satisfaire leur électorat ou leur conscience, du besoin que ressentent de puissantes organisations non gouvernementales de regonfler leur ego, et du besoin des grands groupes de communication d’images de foules miséreuses à intercaler entre les feuilletons télévisés. Il s’agit de besoins très réels, mais il serait bon que les besoins des personnes emportées par les catastrophes naturelles ou les situations d’urgence soient aussi pris en compte.

Il existe des principes directeurs à cet égard, a souligné M. Satyabrata Pal. Ces principes ont été soigneusement négociés par les Etats Membres et traduisent un consensus international. Ils ne sont cependant qu’à moitié suivis. Je ne vais pas répéter l’ensemble du “mantra” de la résolution 46/182, a dit M. Satyabrata Pal, mais nous appelons le système des Nations Unies à la respecter.

Le représentant a également regretté que le rapport du Secrétaire général sur l’assistance humanitaire et la discussion menée sur ce sujet au Conseil ne se penchent pas sur les problèmes de mauvaise coordination comme l’envoi de médicaments périmés ou inutilisables dans le pays hôte. En 1995, dans une ville de la République fédérale de Yougoslavie, 250 tonnes de médicaments dangereux ont du être détruites, a-t-il rappelé. Lorsque le gouvernement du pays hôte n’a pas les moyens de filtrer l’aide humanitaire, des problèmes s’installent durablement au sein de la population.

Reconnaissant qu’on ne peut fournir une assistance humanitaire dans des zones de combat, le représentant a estimé que le problème de l’accès aux populations à risque doit néanmoins être réglé. Cette question est liée à l’emploi croissant de forces armées pour la fourniture des secours humanitaires. Lorsque les forces concernées sont impartiales, comme celles que l’Afrique du Sud a envoyées au Mozambique, leur savoir-faire est précieux. Cependant, ainsi qu’on l’a observé dans deux situations récentes, les forces armées engagées dans des opérations militaires dans un pays peuvent décider, pour redorer leur blason, de contrôler la fourniture de l’assistance humanitaire. Le fait que les Nations Unies soient associées à de telles entreprises ternit leur image d’acteur humanitaire impartial.

Par ailleurs, le représentant a estimé que les largesses déployées récemment par certaines sociétés transnationales dans le cadre de situations humanitaires, ne sont pas une manifestation d’altruisme mais plutôt une opération de relations publiques dans un marché potentiel. Etant donné les ressources que possède le secteur privé, cette aide peut être utile mais, ayant des motivations commerciales, elle est sélective et doit être contrôlée pour éviter de nouveaux problèmes. Le représentant a ensuite procédé à un commentaire de certains passages du rapport du Secrétaire général sur la coordination de l’aide humanitaire dans lequel il a notamment regretté que les paragraphes 34 et 35 donnent l’impression que la Tchétchénie et le Kosovo sont des pays indépendants.

M. J. ENKHSAIKHAN (Mongolie) a dit que les changements climatiques étaient une cause de catastrophes naturelles en Mongolie. Ces changements ont causé des hivers extrêmement rigoureux suivis de sécheresses, dont l’une, survenue cet été a causé la destruction du bétail et des récoltes mongoles. La répétition de ce phénomène pourrait mener la Mongolie à une catastrophe de plus grande envergure que celle qu’elle traverse en ce moment. Les opérations de secours dont notre pays a bénéficié de la part de la communauté internationale ont montré que les secours devraient être fournis de manière très rapide si l’on veut sauver des vies humaines. On ne devrait pas perdre de temps entre le moment où sont lancés les appels, celui où les Etats prenne des engagements, et celui où les fonds sont effectivement versés. Vu l’extrême vulnérabilité de notre pays dont la population, peu nombreuse, est répandue sur des espaces immenses, sans voies de communications modernes, seule une aide d’urgente très bien organisée et structurée pourra nous permettre de faire face aux catastrophes naturelles à venir, qui se produiront certainement, étant donné la répétition des anomalies météorologiques.

M. SUBHAS C. MUNGRA (Suriname), s’exprimant au nom de l’association des petits Etats insulaires en développement, a exposé les progrès réalisés dans le cadre du Plan d’action adopté par la Conférence mondiale des Nations Unies pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement pour protéger leur fragile environnement. Il a estimé que la coopération mondiale, en particulier financière, a fait défaut. La situation critique des Etats insulaires s’est encore aggravée, a-t-il regretté. Les catastrophes naturelles se sont intensifiées et leurs dommages sur la population, sur l’infrastructure et sur l’économie se sont aggravés. Le coût de la reconstruction excède largement les capacités financières des petits Etats insulaires, a souligné M. Mungra. Les femmes et les enfants souffrent le plus de cette situation.

On estime que la seule région des Caraïbes pourrait être obligée de dépenser 1,1 milliard pour se protéger de l’élévation du niveau des océans. Entre 1977 et 1996, 44 petits Etats insulaires en développement ont été frappés par 153 cyclones et ouragans. Les capacités des petits Etats insulaires sont encore évaluées en fonction de leur produit national brut par habitant sans tenir compte de leur vulnérabilité écologique et économique. Le représentant a réitéré l’appel lancé en 1995 par le Premier ministre d’Antigua et Barbuda, M. Lester Bird, au nom des petits Etats insulaires, pour la création d’un Fonds d’intervention en cas de catastrophe naturelle.

M. A. J. ABDALLA (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que le développement doit se faite sur une base offrant des options aux peuples et donnant à chaque nation et à ses populations le droit de faire leurs propres choix. La question des personnes déplacées de l’intérieur ne peut être traitée de façon uniforme, étant donnée la multiplicité des circonstances qui sont à la base des déplacements de réfugiés. Ces déplacements de populations imposent des contraintes en matière d’alimentation, de logement et de soins de santé dans les zones où elles s’établissent. La capacité agricole de ces régions se trouve même souvent affectée. Ce phénomène crée des situations d’urgence qui elles-mêmes entraînent souvent la violence et la criminalité. Nous pensons qu’il faut donner aux personnes déplacées des possibilités de s’intégrer à la vie des populations de leurs lieux d’accueil. Il faut leur offrir une réelle possibilité de refaire leur vie, en leur donnant du travail et les moyens de se prendre en charge. Nous soutenons l’action des organisations de la société civile dans ce domaine.

En Afrique, la question des réfugiés a pris une dimension particulière et nous sommes déçus que les efforts déployés par le Haut Commissariat aux réfugiés ne favorisent pas plus le retour des réfugiés dans leurs pays d’origine. Les organes de l’ONU doivent appliquer les décisions prises lors de la conférence sur les réfugiés tenue il y a quelques années. Les secours d’urgence ne pourront jamais couvrir tous les besoins immédiats et à moyen terme des réfugiés, et il est dommage que le potentiel de groupes entiers de personnes soit dilué et perdu parce qu’on ne leur offre pas des possibilités de réintégration, comme le font les politiques actuelles. Les Etats ont besoin de l’aide de la communauté internationale pour pouvoir mettre eux-mêmes en place des structures plus fonctionnelles de traitement des réfugiés de l’intérieur.

M. FESSEHA A. TESSEMA (Ethiopie) a détaillé les mécanismes mis en place par le Gouvernement éthiopien pour faire face aux catastrophes naturelles. En janvier 2000, les acteurs humanitaires concernés estimaient à 8,1 millions le nombre de personnes touchées par la guerre et la sécheresse. Cependant, les ressources nécessaires n’ont été disponibles que vers la fin du mois d’avril. Cependant, la communauté internationale a ensuite augmenté son aide à l’Ethiopie, s’est félicité le représentant. Le Gouvernement a ainsi pu éviter qu’une famine éclate parmi les populations pastorales de la région somali. Le représentant a conclu son intervention en soulignant l’urgente nécessité de reloger ou réintégrer les populations déplacées à cause du conflit entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Les survivants ont perdu tous leurs biens. Les villages ne possèdent plus d’infrastructure. Pour que les victimes puissent être autonomes au cours des années à venir il faut prendre immédiatement les mesures qui s’imposent. Le représentant a également signalé une baisse des précipitations qui met en danger l’agriculture pluviale que pratiquent les agriculteurs sédentaires des hautes terres ainsi que les pasteurs des basses plaines. Il a espéré que le danger d’une famine pourra être repoussé grâce aux efforts coordonnés de toutes les organisations humanitaires.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a déclaré qu’au cours de l’année qui vient de s’écouler, l’Afrique australe a été frappée par de nombreuses catastrophes, la Namibie et le Mozambique ayant été les pays les plus touchés. Les dommages et destruction ont touché plus de trois millions de personnes. La Namibie reconnaît l’importance de la démarche thématique de l’ECOSOC sur la question de l’usage des technologies. La technologie peut jouer un rôle précieux en matière de secours aux catastrophes. Mais l’accès au téléphone ou à l’ordinateur reste encore un luxe en Afrique. Mme Bellamy, Directrice exécutive de l’UNICEF, a dit que les femmes et les enfants représentaient 80% des personnes déplacées dans le monde, et nous sommes heureux que l’attention soit portée sur ces groupes vulnérables. On estime aujourd’hui à 20 ou 25 millions le nombre de personnes déplacées dans le monde. Nous pensons que les gouvernements devraient être les premiers responsables de la survie de ces groupes, tout en reconnaissant que les besoins sont tels qu’il serait difficile aux Etats de pouvoir y faire face. La Communauté internationale doit donc continuer à jouer son rôle d’assistance en augmentant le niveau de la coordination des activités de secours. D’autre part, nous savons que tant que la pauvreté ne sera pas éliminée et que la question de la sécurité alimentaire ne sera pas résolue, il sera difficile de lutter contre les catastrophes, dont les effets négatifs sont accentués par ces phénomènes. MME ELLEN FREY-WOUNTERS, Représentante des organisations “International Society for Traumatic Stress Studies” et “International Working Group on Trauma”, a déclaré que le rapport soumis par son organisation illustre les risques encourus par les populations déplacées ainsi que les traumatismes auxquels le personnel humanitaire des Nations Unies et des autres organisations est exposé. La représentante a ajoute que la fourniture d’une aide aux populations traumatisées a été reconnue comme une nécessité au Sommet de Copenhague et dans d’autres réunions. Les traités internationaux, en particulier la Convention des droits de l’enfant, en font aussi état. La représentante a suggéré que la coopération qui existe actuellement entre les Nations Unies et les ONG compétentes doit être renforcée. Les ONG peuvent fournir des ressources additionnelles, a souligné la représentante. En dépit de grands accomplis succès sous l’égide du Secrétaire général et du M. Vieira de Mello au Timor oriental, notamment, les traumatismes du personnel humanitaire ne sont pas suffisamment pris en compte. Enfin, si aucune action n’est entreprise dans un avenir proche, nous devrons en payer le prix social, politique et économique, a conclu la représentante.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse après les accusations portées contre son pays par la délégation de l’Erythrée, le représentant de l’Ethiopie a dit que le débat de l’ECOSOC ne devait pas servir de terrain de règlements de compte entre pays. Nous voulions tenir notre promesse, a-t-il poursuivi, de respecter les termes agréés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu signé au mois de juin grâce aux bons offices de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Mais la délégation de l’Erythrée a formulé des allégations tout à fait mensongères et insultantes envers mon pays, a dit le représentant. L’Erythrée a été l’agresseur dans le conflit qui nous a opposé, et a constamment refusé de s’asseoir à la table des négociations. A ce jour 650.000 civils Ethiopiens disparus au débat du conflit n’ont toujours pas été retrouvés, et 50.000 personnes déplacées au début du conflit par les forces érythréennes, vivent toujours en situation instable. L’Eryhtrée, a dit le représentant, n’a aucun poids moral pour venir accuser ici l’Ethiopie qui n’a fait qu’exercer son droit à l’autodéfense. L’Erythrée a été défaite sur le plan militaire et si les troupes éthiopiennes sont entrées en territoire ennemi c’était pour s’assurer que ce dernier ne pourrait plus bombarder notre territoire. Les forces éthiopiennes ne se retireront que quand des troupes internationales de maintien de la paix et de surveillance du cessez-le-feu seront sur le terrain. Nous demandons à la communauté internationale d’exiger de l’Erythrée qu’elle libère les Ethiopiens qui sont encore dans ses geôles et dans ses camps de concentration. L’Eryhtrée est seule responsable de tout ce qui s’est passée, et devrait faire son autocritique.

Prenant la parole, le représentant de l’Erythrée a dit qu’un reportage de la BBC daté du 21 juin montrait clairement que la ville frontalière de Tissani et un village de 3 000 personnes érythréennes avaient plusieurs fois été occupés par l’Ethiopie qui les a mis à sac et pillés. Tous les commerces ont été cambriolés, le bétail massacré et les maisons incendiées. Ce sont là des exemples des exactions commises par l’Ethiopie.

Répondant à ces allégations, le représentant de l’Ethiopie a dit que l’Erythrée faisait de la propagande mensongère. Pourquoi est-ce que ce serait la BBC qui servirait de témoin au conflit? Nous pouvons aussi citer des reportages des journalistes de la BBC pour démontrer la cruauté sans foi ni loi des Erythréens, a-t-il dit. Tout ce qu’il faut retenir, c’est que l’agression ne paie pas et ne paiera jamais.

Exerçant son deuxième droit de réponse, le représentant de l’Erythrée a dit que le CICR avait été témoin du rapatriement des Ethiopiens internés dans un camp en Erythrée. C’est le Gouvernement de l’Ethiopie qui retarde le retour de ses propres citoyens chez eux.

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