ECOSOC/478

L'UNIVERSALITE, LA NEUTRALITE ET L'HUMANISME DEVRONT CONTINUER A FORMER LE PILIER DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DE L'ONU MALGRE LES EXIGENCES DE LA MONDIALISATION

18 juillet 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/478


L’UNIVERSALITE, LA NEUTRALITE ET L’HUMANISME DEVRONT CONTINUER A FORMER LE PILIER DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DE L’ONU MALGRE LES EXIGENCES DE LA MONDIALISATION

20000718

Le Bélarus, l’Iran, Sainte-Lucie, le Viet Nam, l’Angola, l’Indonésie et l’Equateur ont été les sept délégations qui ont clôturé, cet après-midi, le débat général que le Conseil économique et social tient, depuis lundi dernier, sur les activités opérationnelles de développement entreprises par les fonds et programmes des Nations Unies dans les pays en développement. Au cours de ces trois jours de débat, le Conseil a abordé la question de la coordination nécessaire des activités sur le terrain en passant en revue l’efficacité et l’impact des efforts de rationalisation matérialisés par des mécanismes tels que le Groupe des Nations Unies pour le développement, le Plan-cadre des Nations Unies pour le développement ou encore le système d’évaluation commune de pays. Dans ce contexte, les exemples concrets du Ghana et de Madagascar ont été présentés au Conseil. Le débat s’est ensuite dirigé vers l’examen de la question du financement de ces activités opérationnelles. L'ensemble des délégations s’est alors montré préoccupé par le déclin de l’Aide publique au développement (APD) qui occupe une place centrale dans le volume des ressources de base allouées aux fonds et programmes des Nations Unies. Dénonçant le non-respect des engagements pris par les pays donateurs d’attribuer 0,7% de leur PNB à l’APD – une moyenne de 0,2% en 1998 -, des délégations ont imputé la situation à un manque de volonté politique et appuyé, à cet égard, la proposition du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), d’organiser, au cours de l’Assemblée du millénaire, une réunion ministérielle pour mobiliser la volonté politique nécessaire au financement des objectifs fixés en matière de développement économique et social.

Les pays donateurs, dont l’Union européenne principale contributrice avec 54%, ont, eux, imputé la situation au manque de transparence des fonds et programmes dans l’affectation de leurs contributions. Ils ont, d’ailleurs, invoqué cette érosion de la confiance pour expliquer l’augmentation des ressources additionnelles dont l’affectation vers des projets spécifiques peut être contrôlée et l’utilisation vérifiée. Cette question des ressources a fait dire aujourd’hui à la délégation de Sainte-Lucie, que le Gouvernement ne peut nourrir sa population de bonne gouvernance et de réformes en arguant que si ceux qui sont en mesure de financer le développement nient à l’Organisation les ressources dont elle a légitimement besoin, alors ils n’ont ni la crédibilité ni l’autorité de pontifier sur la bonne gouvernance, la corruption et même les droits de l’homme.

Le débat a également porté sur la question de la simplification et de l’harmonisation des procédures programmatiques, opérationnelles et administratives des activités opérationnelles de développement. Les délégations, dans leur ensemble, ont constaté avec le Secrétaire général que les progrès en la matière ne sont pas satisfaisants. Elles ont appelé à des efforts supplémentaires d’autant

plus, ont estimé certaines d’entre elles, que le but ultime est de renforcer la faculté des pays en développement à diriger effectivement la formulation et la mise en oeuvre des activités opérationnelles de développement.

Le débat sur les activités opérationnelles de développement a coïncidé avec la célébration du cinquantième anniversaire de la coopération en matière de développement. A cette occasion, la question des ressources a ressurgi qui a fait s’interroger certaines délégations sur la capacité de l’ONU à poursuivre ses efforts en la matière sans le financement requis. A cela, l’Administrateur du PNUD, durement touché par le déclin des ressources de base, a estimé que compte tenu de la disproportion des moyens financiers dont disposent des institutions telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale par rapport aux Nations Unies, l’ONU devrait envisager de consolider son rôle d’avocat de l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale plutôt que d’en être le financier. Des délégations ont cependant exprimé certaines réserves, craignant qu’une telle approche ne vienne mettre ne péril les principes d’universalité, de neutralité et d’humanisme qui sont le pilier du multilatéralisme prôné par les Nations Unies et que le phénomène de la mondialisation ne doit pas remettre en question. Elles ont plutôt encouragé le renforcement d’un partenariat basé sur les intérêts bien compris des pays récipiendaires avec les institutions de Bretton Woods, le secteur privé, la société civile et les ONG. A l’issue du débat, le représentant du Département des affaires économiques et sociales a estimé que le débat du Conseil aidera le Département à se préparer à l’examen triennal des activités opérationnelles du développement qui doit se tenir l’année prochaine.

Le Conseil économique et social continuera ses travaux demain matin, mercredi 19 juillet, à 10 heures.

ACTIVITES OPERATIONNELLES DU SYSTEME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPERATION INTERNATIONALE POUR LE DEVELOPPEMENT

Echange d’idées générales avec les chefs de secrétariat du Programme des Nations Unies pour le développement, du Fonds des Nations Unies pour la population, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance et du Programme alimentaire mondial

Suite et fin du débat général

M. ALYAKSEI MAZHUKHOU (Bélarus) a déclaré que sa délégation accorde une grande importance au maintien et à la constance des activités opérationnelles de l’ONU pendant cette période de réformes que connaît l’Organisation. La qualité des services fournis par les fonds et programmes de l’ONU s’est accrue avec la simplification et l’harmonisation des procédures administratives et programmatiques et avec l’amélioration de la coordination et de la cohérence de mise en oeuvre des opérations. Mais la baisse des contributions et des budgets dévolus aux activités opérationnelles fait craindre une perte d’efficacité des opérations menées. La mise en place de cadres pluriannuels de financement devraient s’accompagner d’une relance des contributions. Notre délégation pense aussi que le niveau de coopération avec les institutions de Bretton Woods devrait être relevé et renforcé, et que la recherche de financements auprès des partenaires non gouvernementaux devrait être plus développée. Une meilleure consultation des gouvernements des pays bénéficiaires des opérations devrait aussi être encouragée pour mieux définir les cadres et les objectifs des interventions de l’ONU en faveur du développement. Le renforcement du système des Coordonnateurs résidents devrait s’accompagner d’un rapprochement avec les autorités des pays hôtes des activités opérationnelles.

Le Bélarus souligne le rôle positif joué par l’ONU dans le domaine de la coopération pour le développement. La section du PNUD chargée du Bélarus s’est attachée à définir les tâches qu’elle mène dans notre pays selon les priorités définies par notre Gouvernement, a dit le délégué, et nous nous en félicitons. Quant à l’UNICEF, les efforts qu’il déploie en matière de sécurité de la maternité et d’assistance à la prime enfance méritent d’être salués. Le Bélarus lance à cet égard un appel pour une augmentation de l’aide accordée à la résolution des problèmes issus des conséquences néfastes sur l’enfance de la catastrophe de Tchernobyl.

M. ALI ZARIE ZARE (Iran) a souligné que le manque de ressources et la baisse continue des contributions financières aux ressources de base font peser une lourde menace sur la capacité opérationnelle du système des Nations Unies. Le représentant a cité le déclin de l’Aide publique au développement (APD), qui, paradoxalement pendant une ère de croissance économique sans précédents dans les économies développées, intervient comme l’un des facteurs de la baisse des ressources de base. Il a soulevé en outre le problème de l’augmentation des ressources n’entrant pas dans la catégorie des ressources de base, et qui, étant liées à des activités spécifiques déployées au détriment des ressources de base, ont un impact direct sur la nature multilatérale des fonds et programmes des Nations Unies. S’il a convenu que ces ressources “non de base” sont un complément important du financement des fonds et programmes, le représentant s’est opposé à ce qu’elles se substituent à “la fondation solide” que constituent les ressources de bases, garants de l’universalité des fonds et programmes des Nations Unies.

Abordant la question de la simplification et de l’harmonisation des procédures programmatiques, opérationnelles et administratives des fonds et programmes, le représentant a souhaité que l’objectif principal en soit la responsabilisation, l’augmentation de la quantité et l’amélioration de la qualité des activités opérationnelles. Les modalités de simplification et d’harmonisation, a-t-il souhaité également, doivent partir du rôle central des gouvernements dans la gestion et de la mise en oeuvre des programmes et projets de développement. La création de nouvelles modalités et les changements de procédures, a souligné le représentant, doivent se faire avec la pleine coopération des gouvernements des pays récipiendaires et avec la souplesse requise. Les ressources allouées à la mise au point de ces modalités représentent des coûts de transaction pour les pays-programmes comme pour les organisations du système des Nations Unies, a-t-il rappelé avant de souligner l’importance de prendre ne compte ces coûts dans l’analyse de l’efficacité du système des Nations Unies en matière de développement. Dans le cadre de cette analyse, l’importance relative des coûts de transactions par rapport à celui du volume des ressources allouées aux activités opérationnelles de développement doit également être évaluée, a estimé le représentant.

Mme RAMONA SONIA LEONCE-CARRYL (Sainte-Lucie)a déclaré que son pays s’associait totalement à la déclaration faite hier par le Nigéria au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Sainte Lucie réaffirme que tous les Etats Membres devraient participer à la formulation d’un nouvel agenda pour le développement, de telle façon que le développement soit celui de tous les peuples, où qu’ils soient, de manière à les faire tous bénéficier des bienfaits et des avantages de la mondialisation. Nous pensons aussi que l’agenda pour le développement restera incomplet tant que les questions systémiques et celles liées aux systèmes financiers, monétaires et commerciaux ne seront pas pleinement évaluées et incluses dans un processus de développement qui, lui-même, doit être abordé de manière intégrée. C’est parce que la gouvernance au niveau international et les conditions économiques mondiales n’ont jamais été vraiment abordées comme part entière du processus de développement, que cette Organisation et le processus même du développement continuent d’être tenus en otages par quelques pays qui prétendent dicter aux autres la stratégie à suivre. Nous tenons à affirmer que nous considérons l’ONU comme l’organe légitime et le principal forum où doivent être débattues ces questions, et nous rappelons ici l’importance du multilatéralisme, surtout en cette période de mondialisation. Sainte-Lucie est fort inquiète de la chute continuelle du niveau des ressources mises à la disposition des institutions de l’ONU et notamment du PNUD. La crise financière que traversent ces institutions fait peser un fardeau insupportable sur les petits pays comme le nôtre.

Nous aimerions poser la question de savoir pourquoi tant d’accent est mis actuellement sur les questions de “bonne gouvernance” et de mise en oeuvre des programmes au niveau national. Nous estimons que toute discussion sur la gouvernance doit aussi inclure la gouvernance et la démocratisation au niveau international et que l’on doit remettre en question les procédures non démocratiques qui régissent les prises de décisions au niveau international et même au sein des organisations internationales. Les informations disponibles montrent des injustices flagrantes. Par exemple, des pays où règnent la corruption reçoivent autant d’aide, sinon plus que ceux dont les gouvernements font des efforts substantiels pour développer une vie publique démocratique basée sur le respect des droits de l’homme et le fonctionnement d’institutions

transparentes. Les investissements étrangers directs semblent curieusement s’investir d’abord dans des pays à la moralité douteuse, récompensant ainsi la corruption, et ceci parce que certains pays riches ferment les yeux sur les agissements coupables de régimes qui sont protégés car ils défendent les intérêts politiques et stratégiques de certains pays du Nord. Sainte-Lucie ne pourra pas, en ce qui la concerne, nourrir continuellement sa population de plus en plus pauvre de bonne gouvernance et de réformes libérales. La question de la pauvreté et de la faim doit d’abord être résolue, avant que l’on prétende nous abreuver de grands principes. Et si ceux qui ont les moyens de financer le développement continuent à refuser à cette Organisation les ressources qui lui reviennent de droit, pensent-ils qu’ils auront la moindre crédibilité ou autorité quand ils pontifient sur les principes de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption et de respect des droits de l’homme?

M. NGUYEN XUAN ANG (Viet Nam) a fait part de sa préoccupation devant le déclin continu des ressources de base des fonds et programmes des Nations Unies. Il a, par ailleurs, partagé l’avis selon lequel le processus de simplification et d’harmonisation des procédures de ces fonds et programmes ne doit pas représenter un fardeau supplémentaire pour les pays-programmes et les bureaux des fonds et programmes sur le terrain. Le processus, a insisté le représentant, doit se fonder sur les principes fondamentaux des activités opérationnelles des Nations Unies que sont l’universalité, le caractère volontaire, la gratuité, la neutralité et la capacité de répondre aux besoins en développement des pays concernés. Etant l'un des quatre premiers pays à avoir fait l’objet d’une évaluation, a poursuivi le représentant, le Viet Nam est heureux de faire part de l’excellente collaboration qui prévaut depuis 1977 entre son Gouvernement et les Nations Unies. Les programmes des Nations Unies au Viet Nam, a affirmé le représentant, ont été efficaces. De 1986 à 2000, l’appui des Nations Unies au Gouvernement a contribué à satisfaire les besoins urgents en matière de développement. Le représentant a indiqué que le but ultime de cette coopération est de faciliter un développement durable et équitable avec un accent sur les problèmes sociaux et économiques pour pouvoir éliminer totalement d’ici 2010 la pauvreté absolue. Le Viet Nam étant toujours confronté à des problèmes complexes au regard des réformes qu’il entreprend pour affermir la lutte contre la pauvreté, la modernisation et l’industrialisation, réitère sa détermination à renforcer sa coopération avec le système des Nations Unies et à appuyer toutes les réformes visant à améliorer l’efficacité des activités opérationnelles des NationS Unies.

Mme MARGARIDA ROSA DA SILVA IZATA (Angola) a déclaré que son pays avait bénéficié ces dernières années d’un soutien exceptionnel des programmes et fonds de l’ONU et notamment du PNUD. En raison de la guerre qui y règne et perdure, l’Angola a des besoins urgents en matière de développement social, a dit la déléguée. Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, nous avons élaboré des politiques visant à renforcer les activités de développement au niveau local et communautaire. Les tentatives de résolutions du conflit que connaît notre pays nous amené, avec le soutien du système de l’ONU, concevoir et mettre en oeuvre des politiques et des mesures visant la réinsertion des ex-combattants dans la vie active, activité que notre gouvernement s’efforce de mener avec le soutien des Nations Unies et notamment du PNUD. Nous savons cependant que les conséquences de la baisse des ressources et des contributions accordées par les donateurs aux fonds et programmes de l’ONU et notamment au PNUD, ne permettront sans doute pas de mener à terme de façon harmonieuse tous les programmes que nous aurions souhaité voir exécutés sur notre territoire, et nous le regrettons.

M. DJAUHARI ORATMANGUN (Indonésie) a estimé que le déclin et la stagnation continus des ressources représentent une menace certaine pour la viabilité de certaines activités opérationnelles de développement et un obstacle de taille pour les autres au moment même où les demandes des pays-programmes sont en augmentation. Le représentant a ainsi appelé les fonds et programmes des Nations Unies tout comme les Etats membres à n’épargner aucun effort pour augmenter substantiellement les ressources allouées aux activités opérationnelles. Le représentant a, à cet égard, appuyé l’initiative de l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de convoquer une réunion ministérielle, au mois de septembre prochain, pour examiner la situation financière des fonds et programmes et mobiliser la volonté politique nécessaire à la réalisation des objectifs fixés. Evoquant aussi la question de l’harmonisation et de la simplification des procédures programmatiques, opérationnelles et administratives des fonds et programmes, le représentant a jugé que des efforts plus avant sont nécessaires au niveau des pays, et que ces efforts doivent être menés avec la pleine coopération des pays-programmes. Les procédures en question doivent aussi s’adapter, a ajouté le représentant, aux besoins des pays en développement; leur impact sur la capacité des pays-programmes devant mener à l’intégration de l’assistance des Nations Unies dans les processus nationaux de développement. Les changements apportés ne sauraient en aucun cas représenter un fardeau supplémentaire pour les pays-programmes, a conclu le représentant avant de souhaiter encore une accélération du processus qui contribuerait à renforcer la faculté des pays en développement de gérer effectivement la formulation et la mise en oeuvre des activités opérationnelles de développement.

M. MARIO ALEMAN (Equateur) a dit que sa délégation estime que le PNUD doit devenir l’organisme central de promotion de l’aide et de l’assistance au développement du système de l’ONU. L’efficacité des interventions du PNUD dans les zones en conflit a été amplement démontrée, a dit le représentant. Mais il faudrait que le Programme renforce et élargisse les opérations et les mènent dans les pays qui, s’ils ne connaissant pas de conflits armés, vivent cependant des situations de tensions sociales aiguës, ceci en vue de prévenir qu’ils ne sombrent dans l’instabilité. Il faut d’autre part, encourager la décentralisation des centres et des méthodes de décisions et des procédures d’exécution des activités opérationnelles du PNUD. Notre pays a dit le délégué place beaucoup d’espoirs et fait confiance au système de l’ONU et surtout au PNUD. C’est pourquoi notre délégation participera de façon active aux différents conseils d’administration des fonds et programmes des Nations Unies qui se tiendront au début de l’année 2001.

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