AG/COL/179

L'ILE DE VIEQUES AU CENTRE DES AUDITIONS DES PETITIONNAIRES PORTORICAINS

12 juillet 2000


Communiqué de Presse
AG/COL/179


L’ILE DE VIEQUES AU CENTRE DES AUDITIONS DES PETITIONNAIRES PORTORICAINS

20000712

Le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a procédé ce matin à l'audition de pétitionnaires sur Porto Rico. Près d'une quinzaine de représentants d'associations, de partis politiques et de divers mouvements ont demandé la pleine reconnaissance du droit du peuple de Porto Rico à l'autodétermination. La situation sur l'île de Vieques a été, en particulier, portée à l'attention des membres du Comité. Les pétitionnaires ont demandé le retrait des forces navales américaines et la cessation des bombardements lors des exercices militaires. Les dégâts écologiques et sur la santé de ces activités ont été dénoncés. Les pétitionnaires ont également défendu le mouvement de désobéissance civile et demandé la libération des prisonniers politiques. Pour l’un des pétitionnaires, Porto Rico doit devenir un Etat à part entière des Etats-Unis.

Les pétitionnaires représentant les mouvements suivants ont pris la parole: Colegio de Abogados de Puerto Rico, Nuevo Movimiento Independentista Puertorriqueño, Frente Socialista, ProLibertad, Commission on the Churches on International Affairs, Partido Independentista Puertorriqueño, Instituto Puertorriqueño de relaciones Internacionales, National Advancement for Puerto Rican Culture, Al Frente, Concern Puerto Rican Americans, Gran Oriente Nacional: Puerto Rico, Todo Puerto Rico con Vieques, Sociedad Bolivariana de Puerto Rico, Causa Comun Indenpendista (Proyecto Educativo Puertorriqueño), Mi Patria, Partido Nacionalista de Puerto Rico.

Le Comité poursuivra à partir de 15 heures l'audition des pétitionnaires sur Porto Rico, ayant approuvé ce matin une liste supplémentaire. Il devrait également se prononcer sur les projets de résolution relatifs à Porto Rico, aux Tokélaou et à la Nouvelle-Calédonie.

DÉCISION DU COMITÉ SPÉCIAL DU 6 JUILLET 1999 RELATIVE À PORTO RICO

Audition de pétitionnaires

M. EDUARDO VILLANUEVA MUNOZ, Colegio de Abogados de Puerto, a exprimé son encouragement quant au fait que le président Clinton soit le premier à penser qu’il convient de trouver une prompte solution à l’expérience coloniale à Porto Rico. Le pétitionnaire s’est exprimé en faveur d’une Assemblée constituante, formulée en harmonie avec le système américain et contenant les attributs de la souveraineté. Il a plaidé en faveur de la décontamination de l’île de Vieques. Il s’est félicité de la proposition du Président Clinton d’organiser un référendum pour savoir si l’armée devrait quitter le territoire en 2003 mais a fait observer qu’il existe dans l’ensemble des secteurs de la société portoricaine un consensus pour le départ immédiat de la marine de Vieques. Il a informé le Comité que, dans ce contexte, le Collège des avocats de Porto Rico a fait une plaidoirie pour décontaminer Porto Rico et que l’armée quitte Vieques dans les plus brefs délais. Il a appelé de ses voeux une solution constituée d’une formule politique réaliste visant à faire entrer Porto Rico sur la voie de la paix et de la démocratie par un acte d’autodétermination. Il a appelé le Comité à exercer son influence morale et son poids politique pour que soient libérés les prisonniers et arrêter l’usage des bombes à Vieques. Il a demandé que les Etats-Unis prenne l’initiative de mettre en place une assemblée constituante pour que Porto Rico définisse la formule appropriée d’autodétermination.

M. JULIOS A. MURIENTE PEREZ, Nuevo Mowimiento Independentista Puertorriqueno, a souligé l’importance de l’approbation d’une résolution sur Porto Rico, du même ordre que celle historique votée l’année dernière qui reconnaissait les caractères de l’expérience coloniale de Porto Rico. Il a informé le Comité que son mouvement a réussi à faire libérer 11 prisonniers politiques portoricains l’an passé et qu’ils se sont incorporés à la société portoricaine. Il a indiqué que cette année a été pour Porto Rico “l’année de Vieques”. La lutte juste contre l’occupation américaine a été menée par l’ensemble des secteurs de la société portoricaine qui est allée jusqu’à dresser un bouclier humain pour éviter l’usage des bombes à Vieques. Il a évoqué les arrestations du 4 mai passé et a déploré le fait que le gouvernement américain et la marine de guerre des Etats-Unis ont prétendu ignorer les revendications légitimes des Portoricains. Il a fait remarquer que cette attitude a résulté en la multiplication des actes de désobéissance civile et de défi à la puissance militaire occupante. Il a notamment cité le défilé de plus de 2 millions de Portoricains à New York le 11 mai dernier pour réclamer la libération de Vieques. Il a indiqué que 100 ans après l’invasion, les Etats-Unis continuent d’ignorer les revendications des Portoricains. Il a fait remarquer que la dernière initiative du Président Clinton a été accueillie avec méfiance car en même temps, l’armée utilisait les bombes à Vieques. Il s’est prononcé pour l’option d’un convention constituante qui prendrait en compte les aspirations des Portoricains. Il a réclamé l’appui actif et militant aux frères de Caraïbes et des Amériques pour la cause des Portoricains..

M. JORGE FARINACCI GARCIA, Frente Socialista, a demandé la reconnaissance du droit du peuple de Porto Rico à l'autodétermination et à l'indépendance. Il a demandé au Comité de se prononcer de façon énergique contre le statut colonial de Porto Rico. Il a dénoncé la dégradation infligée par le régime colonial américain ainsi que les dévastations causées par les forces navales des Etats-Unis sur l'île de Vieques. Depuis le printemps dernier, la résistance du peuple s'est accrue tout comme l'a été la répression à l'encontre des militants portoricains. Le pétitionnaire a également dénoncé les incarcérations arbitraires à la suite de démonstrations de solidarité publiques. Ces actes là relèvent de l'intimidation, de la répression et de la persécution. L'intention du Gouvernement des Etats-Unis de recourir à la peine de mort vient ajouter aux tensions existantes en ce qu'il s'agit d'un outrage colonial de plus aux droits démocratiques de notre peuple. Washington n'a jamais eu la volonté politique de mettre un terme à la situation coloniale de Porto Rico. Nous exigeons le retrait immédiat de l'arsenal militaire américain, la libération des prisonniers portoricains et le retrait de l'administration américaine.

M. EDDIE PAGAN, ProLibertad, a déclaré que toutes le données recueillies par le FBI au sujet de Porto Rico visent à discréditer le mouvement indépendantiste. C'est sur ces bases que les militants portoricains ont été incarcérés dans les prisons américaines. Les Etats-Unis ont ainsi réussi à maintenir leur régime colonial à Porto Rico tout en affichant une facade de démocratie dans le monde entier. Le pétitionnaires a également dénoncé la lacune juridique qui s'est traduite par l'exemption accordée aux Etats-Unis en vertu de laquelle le gouvernement américain n'est pas tenu de diffuser des informations au sujet de la situation à Porto Rico comme le prévoit pourtant l'alinéa e de l'Article 73 de la Charte des Nations Unies. Il a également dénoncé les manoeuvres militaires sur l'île de Vieques depuis 60 ans et les dommages causés à l'environnement. Nous demandons aux Nations Unies d'intercéder en faveur de 6 de nos compatriotes qui servent des peines dans les prisons des Etats-Unis. Nous demandons également au Comité spécial de prendre des mesures supplémentaires visant à supprimer l'exemption qui a été accordée aux Etats-Unis.

MME EUNICE SANTANA, Commission of the Churches on International Affairs, a déclaré que les derniers événements à Porto Rico illustre l’ignorance des droits fondamentaux du peuple de Vieques par les Etats-Unis. Elle a fait remarquer que face au comportement américain, la population de Porto Rico pratique la désobéissance civile non violente, notamment en construisant des boucliers humains visant à mettre un terme à l’usage de bombes. Elle a déploré que les forces navales continuent à occuper Vieques, continue de construire des autoroutes, et menace d’attaquer la population. A son avis, l’option proposée dans une future consultation revient à faire voter la population portoricaine contre ses propres intérêts et à ignorer ses voeux. 85 % des personnes recensées souhaite en effet le départ immédiat de la marine, a-t-elle ajouté. La marine resterait, la décontamination ne serait pas réalisée et le statut de Porto Rico ne changerait pas en faveur du peuple portoricain. Il est injuste de prétendre qu’un processus qui prenne en compte les aspirations du peuple portoricain prend cours actuellement, a-t-elle déclaré. Elle a demandé au Comité d’oeuver à la concrétisation du processus de légitimisation du processus d’autodétermination et d’encourager les Etats-Unis à reconsidérer l’option de la consultation qui n’est pas appropriée, à s’engager à se retirer de Porto Rico et enfin d’apporter réparation pour dommages subis, notamment au niveau écologique et de la santé publique, par le peuple portoricain.

M. FERNANDO J. MARTIN, Partido Independentista Puertoriqueño, a espéré que l’appui au projet de résolution sera un appui encore plus important que l’année dernière. Il a déclaré que les événements récents réclament une vigilance renouvelée de la communauté internationale à l’égard du comportement des Etats- Unis à l’égard du peuple de Porto Rico. Il a dénoncé une campagne de persécution sans précédent contre les manifestations pacifiques du peuple contre l’explosion de bombe. L’internationale socialiste a fait siennes les aspirations du Parti indépendantiste qu’il représente, a-t-il-ajouté. Les Portoricains réagissant à l’imminence de la reprise de l’usage de bombes et à la volonté tyrannique des Etats-Unis, ont fait l’objet d’arrestations et de convocations au tribunal ou la majorité d’entre eux, n’ayant pu payer l’amende requise, est encore en attente de jugement ou incarcérée car ils n’ont pas payé l’amende requise. Ce sont des prisonniers de conscience, a déclaré le pétitionnaire. Il a informé le Comité que sa présence a cette réunion l’expose à nouveau à l’incarcération car il ne respecte pas une des dispositions de son jugement. Il s’est félicité que la couverture médiatique des événements à Porto Rico mette en évidence la grotesque répression déchaînée. Il a fait remarquer qu’un tel comportement est intolérable de la part d’une puissance administrante en cette année qui marque la fin de la Décennie pour l’élimination du colonialisme. Il a conclu en appelant le Comité à oeuvrer en faveur de la réalisation d’une solution du différend conforme aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.

M. JAVIER COLON MORERA, Instituto Puertorriqueo de Relaciones Internacionales, a dénoncé la culture d'impunité dont bénéficient les Etats-Unis qui dissimulent des visées coloniales derrière de prétendus impératifs de sécurité nationale. Le pétitionnaire a dénoncé la contamination de l'environnement de l'île de Vieques par des métaux lourds et les incidences sur la santé de ses habitants, sur l'agriculture, sur le tourisme, la pêche et les transactions commerciales. La situation à Vieques reflète bien la situation générale à Porto Rico qui est caractérisée par des violations flagrantes du droit à la vie. Nous demandons au Comité spécial de réaffirmer le droit à l'indépendance de Porto Rico et à l'Assemblée générale de procéder à l'examen de tous les aspects qui caractérisent la situation à Porto Rico.

MME NILDA LUZ REXACH, National Advancement for Puerto Rican Culture, a rappelé que Porto Rico est devenu un territoire des Etats Unis et que par conséquent tous les Portoricains sont des citoyens américains à part entière. Elle a regretté que le Gouvernement actuel n'ait pas été en mesure d'évaluer les conséquences des activités militaires sur l'île de Vieques ainsi que le manque de considération vis-à-vis de la population. Le moment est venu de mettre toutes les cartes sur la table si l'on veut règler cette question dans l'intérêt du peuple de Porto Rico. Porto Rico est un état des Etats-Unis et par conséquent il fait partie de l'Union. Plus de 50 000 hommes ont donné leur vie pour cette grande nation que sont les Etats-Unis, a ajouté la pétitionnaire qui a toutefois dénoncé l'absence de communication officielle de la part du gouvernement actuel. Nous demandons au Comité spécial d'intercéder pour que Porto Rico devienne le 51ème Etat des Etats-Unis.

M. JOSE ADAMES, Al Frente, a déclaré que Porto Rico subit un préjudice grave notamment parce qu’il se voit ignorer son droit légitime à être représenté au Sénat américain. Il a reconnu que le problème de Vieques doit être résolu et que la marine devra partir, mais considère que cette question est soulevée en excuse pour ne pas s’attaquer aux problèmes réels de Porto Rico. Il a déclaré qu’il est impératif que soit élus des représentants portoricains au Sénat américain. Il a expliqué que l’organisation politique de Porto Rico est calquée sur le système américain et a informé le comité que le Gouverneur de porto Rico a été élu Président de l’association des Gouverneurs de l’Union des Etat-Unis. Il a fait observer que les 3,5 millions des Portoricains qui vivent dans l’île sont privés de leurs droits civils et politiques en tant que citoyens américains. Selon lui, l’indépendance rendrait difficile la définition de la citoyenneté des habitants de l’île, qui sont déjà des citoyens de deuxième classe qui ne peuvent pas élire leur Président. La solution du problème, a-t-il déclaré, se définit en un mot : l’Etat peut se mettre en place simplement par l’élection d’un sénateur représentant de Porto Rico au Sénat américain et l’octroi d’un statut de citoyens égaux aux habitants de l’île. Tout autre solution ne serait qu’une aggravation des discriminations envers le peuple de Porto Rico, a-t-il ajouté. Le mariage entre les Etats-Unis et Porto Rico n’admet pas le divorce. En conséquent il convient d’arrêter ce grand larcin contre le peuple de Porto Rico. Porto Rico est le 51ème Etat de l’Union.

M. SALVADOR VARGAS, JR, Concern Puerto Rican Americans, a déclaré que l’ONU a une obligation absolue de mettre fin à l’expérience coloniale de Porto Rico. Il a demandé au Comité d’exercer tout son pouvoir pour que le peuple de Porto Rico puisse exercer ses droits. Il a ajouté que personne ne devrait avoir de doute quant à la nationalité des Portoricains et de leur caractère distinct des américains. Toutefois, il a reconnu et déploré que Porto Rico soit reconnu seulement comme une colonie des Etats-Unis alors qu’il est un pays à part entière et que son drapeau devrait flotter avec ceux des Etats Membres de cette humble institution. Il a demandé aux Nations Unis d’intervenir pour la réalisation des résolutions de l’Assemblée générale et de poursuivre les Etats-Unis pour crime contre l’humanité. Porto Rico doit voter à l’Assemblée générale comme un Etat souverain, a-t-il ajouté. Il a fait remarquer que les Etats-Unis essaient de manipuler et de faire du chantage à l’ONU pour qu’elle n’écoute pas les cris de génocide du peuple portoricain. Il a par ailleurs noté le relâchement de l’embargo américain envers Cuba et a appelé Cuba à rester ferme vis-à-vis des Etats-Unis. Les Etats-Unis doivent prendre leur responsabilité quant au génocide qu’ils ont perpétré à Porto Rico. Il a conclu en déclarant que l’Assemblée générale devrait imposer une élection présidentielle à Porto Rico pour janvier 2001 car c’est le seul moyen d’empêcher la continuation du génocide.

M. HECTOR BENGOCHEA, Gran Oriente Nacional de Puerto Rico, a dénoncé la mainmise des Etats-Unis sur la souveraineté de Porto Rico qui se trouve séquestré par le Congrès du pays envahisseur. Notre situation coloniale est une manifestation la plus criminelle et cruelle qui soit d'une violation des droits de l'homme perpétrée par la marine des Etats-Unis sur l'île de Vieques. Les dommages écologiques et les incidences sur la santé sont considérables. Face à nos craintes, la puissance impériale a répondu par l'incarcération de militants portoricains. Sur la base des principes de fraternité et d'égalité, nous demandons au Comité d'élaborer une résolution sur Porto Rico qui dénonce de manière énergique les agissements de la marine de guerre des Etats-Unis et qui consacre la reconnaissance du droit à l'indépendance du peuple de Porto Rico ainsi que la légitimité d'une assemblée constituante. Le non transfert de pouvoirs à une telle assemblée équivaudrait à maintenir entre les mains des Etats-Unis un échafaudage d'activités frauduleuses et de manipulations qui font de la liberté un crime.

M. JOSE PARALITICCI, Todo Puerto Rico con Vieques, a déclaré qu'il était important pour le Comité de reconnaître que la lutte en faveur de Vieques jouit du soutien de l'ensemble de la société civile de Porto Rico qui a fait preuve de son unité dans le cadre notamment d'activités de mobilisation. Le pétitionnaire a indiqué que plusieurs pays de la région ont apporté leur soutien à Porto Rico en refusant de participer à des exercices militaires sur l'île de Vieques. Il a rappelé que la lutte pour Vieques passe par des actions de désobéissance civile même si le prix à payer est lourd.

M. EDGARDO DIAZ DIAZ, Sociedad Bolivariana de Puerto Rico, a estimé que dans le cas de Porto Rico, les inégalités créées par le nouvel ordre mondial prennent une dimension encore plus importante en raison de l'absence de mécanismes d'autodétermination. D'un point de vue politique, il a regretté que le processus électoral qui est mis en oeuvre tous les 4 ans ne soit pas suffisamment efficace pour mener au changement. Dans le cas de Vieques, le pétitionnaire a dénoncé les violations des droits de la population ainsi que l'incidence élevée du cancer. Le pétitionnaire a fait part du renforcement des syndicats et groupes représentants la société civile tout en reconnaissant les difficultés inhérentes à la mobilisation politique des habitants de Porto Rico en raison de la peur qu'inspire la puissance coloniale. Il a demandé que le respect des droits des Portoricains à l'autodétermination et à l'indépendance soit réaffirmé et que les manoeuvres militaires sur l'île de Vieques cessent.

M. JUAN MARIA BRAS, Causa Comun Independentista, a évoqué la promesse de M. Clinton d’oeuvrer à la réalisation d’une solution prenant en compte les intérêts des Portoricains. Il a déploré le refus du Congrès de transférer ses pouvoirs à Porto Rico ce qui illustre un comportement esclavagiste. Le pétitionnaire a en outre dénoncé les manoeuvres navales obsolètes qui visent à réaffirmer la mainmise des Etats-Unis sur le territoire de l’île de Vieques et de Porto Rico en général. Ces manoeuvres représentent une violation des droits fondamentaux et une haute trahison du consensus obtenu dans la société portoricaine, a-t-il ajouté. Le peuple portoricain n’a pas besoin de consultation électorale, le peuple rejette les abus américains. Les Portoricains ont manifesté ce rejet dans leurs actes de désobéissance civile et par des manifestations pacifiques. Il a par ailleurs déclaré que son mouvement souscrit à la déclaration faite par Todo Porto Rico con Vieques. Faisant observer que la nation portoricaine a lentement mais sûrement construit la voie d’une négociation peuple à peuple, d’égal à égal, il a cité le Président Clinton qui évoquait une redéfinition des relations entre Porto Rico et les Etats-Unis. Il a informé le Colegio de Abogados de Puerto Rico est le chef de file de cette voie vers la réconciliation et la convergence des intérêts du peuple portoricain et de ceux des Etats-Unis. Dans cette même ligne de pensée, M. Bras a accueilli avec satisfaction le projet de résolution du Comité et a invité le Comité à oeuvrer pour la réalisation d’une solution qui prendrait en compte les droits fondamentaux du peuple de Porto Rico.

MME LOLITA LEBRON, Porto Rico, Mi Patria, a réclamé la liberté et le respect des droits fondamentaux de Porto Rico et de son peuple. Elle a constaté que Porto Rico n’a pas eu l’occasion d’exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance en conformité avec la résolution de l’Assemblée générale concernant les peuples colonisés et des 18 résolutions relatives à Porto Rico. Elle a évoqué le mouvement pacifique de désobéissance civile en cours au sein de la population portoricaine. Elle a qualifié ce mouvement de révolution politique représentant un acte de conscience politique en réaction à l’occupation des Etats-Unis et visant à déjouer les manoeuvres de la marine américaine. En cette fin de Décennie de l’élimination du colonialisme, la volonté du peuple de Porto Rico et de Vieques est d’obtenir la jouissance de ses droits, a déclaré Mme Lebron. Elle a expliqué que le comportement américain empêche également le développement agricole et maritime de l’île de Vieques et de manière générale de Porto Rico dans sa totalité et cause d’importants dégâts, notamment en termes écologiques. Elle a conclu en demandant à l’Assemblée générale d’agir pour mettre fin à ce crime contre l’humanité et pour le retrait de la marine de tout l’archipel portoricain. Elle a exhorté le Comité spécial à continuer à appuyer la solution du cas colonial portoricain.

MME MARISOL CORRETJER, Partido nationalista de Puerto Rico, a dénoncé le crime que commettent les Etats-Unis contre l'existence même de la nation portoricaine. La présence des Etats-Unis découle d'un acte d'agression commis en 1898. Ce statut illégal juridique ne pourra être renversé que lorsque le peuple de Porto Rico pourra réellement mettre en oeuvre son droit à l'autodétermination. Les Etats-Unis ont campé sur leur position en violation ouverte de l’avis du Comité spécial. Toutes les troupes militaires américaines doivent se retirer sous supervision de la communauté internationale et tous les prisonniers politiques portoricains doivent être libérés. La pétitionnaire a rappelé qu'une assemblée constituante permettrait à Porto Rico de décider réellement de son avenir. Elle a précisé par ailleurs que les manoeuvres militaires des Etats-Unis dans les eaux de Porto Rico violent les dispositions du Traité de Tatlelolco qui a fait de l'Amérique latine et des Caraïbes une zone exempte d'armes nucléaires.

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