AG/COL/176

LE COMITE DE LA DECOLONISATION EXAMINE LA SITUATION EN NOUVELLE-CALEDONIE, A SAINTE-HELENE, AUX ILES VIERGES AMERICAINES ET AUX TOKELAOU

10 juillet 2000


Communiqué de Presse
AG/COL/176


LE COMITE DE LA DECOLONISATION EXAMINE LA SITUATION EN NOUVELLE-CALEDONIE, A SAINTE-HELENE, AUX ILES VIERGES AMERICAINES ET AUX TOKELAOU

20000710

Le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a entamé ce matin l'examen des question relatives à la Nouvelle- Calédonie ainsi qu'aux territoires non autonomes des Samoa américaines, Anguilla, des Bermudes, des îles Vierges britanniques, des îles Caïmanes, de Guam, de Montserrat, de Pitcairn, de Sainte-Hélène, des îles Turques et Caïques, des îles Vierges américaines et des îles Tokélaou. Le Comité a procédé à l'audition de pétitionnaires sur les questions de la Nouvelle-Calédonie et de Sainte-Hélène. Il a entendu les représentants des gouvernements de la Nouvelle-Calédonie, des îles Vierges américaines et des Tokélaou qui ont dressé le bilan du processus d'autodétermination dans ces territoires.

Le Président du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et le pétitionnaire de ce territoire, représentant du Front de libération nationale kanak et socialiste, ont évoqué la question du transfert de compétences de l'Etat français au territoire de la Nouvelle-Calédonie, conformément à l'Accord de Nouméa. Les possibilités de dérapage de ce processus ont été évoquées par le représentant du FLNKS qui a appelé l'ONU à la vigilance. Le représentant de l'administration des îles Vierges américaines a quant à lui insisté sur la nécessité de garantir l'accès de la population à une éducation politique pour que celle-ci soit consciente des options qui s'offrent à elle. Soulignant pour sa part que l'option de l'indépendance n'est pas viable à Sainte-Hélène en raison du faible nombre d'habitants, le pétitionnaire de ce territoire a plaidé en faveur du statut de libre-association qui sous-tend la restauration de la pleine citoyenneté britannique. Il a soutenu une suggestion avancée par le représentant d'Antigua- et-Barbuda visant un processus de consultations entre les territoires sous administration britannique sur la question de la citoyenneté. L'administrateur des Tokélaou a, pour sa part, décrit aux membres du Comité le projet de "Maison moderne" qui vise le passage à la modernité de l'administration du territoire.

Les représentants des pays suivants ont fait des commentaires et posé des questions aux pétitionnaires et représentants des Gouvernements des territoires: Antigua-et-Barbuda, Papouasie-Nouvelle-Guinée et République-Unie de Tanzanie.

Le Comité était saisi pour l'examen de ces questions de projets de résolution relatifs à la Nouvelle-Calédonie, aux Tokélaou ainsi que d'un projet de résolution d'ensemble sur les territoires non autonomes.

Auparavant, le Comité avait approuvé la liste des pétitionnaires souhaitant s'exprimer sur Porto Rico le mercredi 12.

La prochaine réunion du Comité aura lieu demain à 10 heures. QUESTION DE LA NOUVELLE-CALEDONIE

Documentation

Le document de travail établi par le Secrétariat (A/AC.109/2000/4) donne un aperçu de la situation politique, de la situation économique et explique comment la question a été examinée par l'ONU. Il est rappelé qu'aux termes de l'Accord de Nouméa signé en mai 1998 entre le Gouvernement français (FLNKS) - indépendantiste - et le Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) intégrationniste, les parties néo-calédoniennes ont opté pour une autonomie progressive vis à vis de la France. D'un point de vue politique, le Secrétariat indique que la loi organique, qui codifie notamment les compétences à transférer aux nouvelles institutions néo-calédoniennes, et une loi ordinaire, qui traite de questions socio-économiques, ont été ratifiées par le Parlement français le 19 mars 1999. La nouvelle structure gouvernementale mise en place après l'entrée en vigueur de la loi organique se compose d'un Congrès, d'un Gouvernement, des assemblées provinciales, d'un Conseil économique et social et de conseils coutumiers. Des élections aux assemblées provinciales et au Congrès ont eu lieu en mai 1999. Le Congrès a élu le Gouvernement de Nouvelle-Calédonie le 28 mai 1999. Ce gouvernement est présidé par J. Jacques Leques (RPCR), maire de Nouméa. Depuis la ratification de l'Accord de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie n'est plus considérée comme un territoire d'outre-mer mais comme une collectivité sui generis.

D'un point de vue économique, le Secrétariat explique que le territoire se trouve à un niveau moyen selon les normes européennes. Malgré ses actifs économiques, la Nouvelle-Calédonie souffre d'un déséquilibre structurel. La plupart des initiatives du Gouvernement français et des institutions néo- calédoniennes se sont orientées vers le rééquilibrage de l'infrastructure, des services sociaux et des possibilités d'emploi dans les trois provinces. Le secteur du nickel représente 6% de la production mondiale et 90 à 95% des exportations de la Nouvelle-Calédonie.

Présentation d'un projet de résolution

Aux termes du projet de résolution portant sur la question de la Nouvelle- Calédonie (A/AC.109/2000/L.7), le Comité spécial engagerait toutes les parties concernées, dans l'intérêt de tous les Néo-Calédoniens, à poursuivre, dans le cadre de l'Accord de Nouméa, leur dialogue dans un esprit d'harmonie. Il demanderait à la Puissance administrante de communiquer des éléments d'information concernant la situation politique, économique et sociale de la Nouvelle-Calédonie au Secrétaire général. Le Comité inviterait en outre toutes les parties concernées à continuer de promouvoir un environnement propice à l'évolution pacifique du territoire vers un acte d'autodétermination où tous les Néo- Calédoniens conformément à la lettre et à l'esprit de l'Accord de Nouméa, qui part du principe que c'est aux populations de Nouvelle-Calédonie qu'il appartient de choisir la manière de prendre en main leur destin. Il déciderait de maintenir constamment à l'étude le processus se déroulant en Nouvelle-Calédonie par suite de la signature de l'Accord de Nouméa, ainsi que de maintenir l'examen de la question du territoire non autonome de la Nouvelle-Calédonie et de faire rapport à ce sujet à l'Assemblée générale lors de sa cinquante-cinquième session.

Audition d’un pétitionnaire

M. PAUL NEAOUTYNE, au nom du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), a déclaré que l’accord de Nouméa est une étape importante dans le processus d’émancipation de la Nouvelle-Calédonie. Il a souligné que les potentialités ouvertes en droit par l’Accord de Nouméa dépendent d'une volonté réelle de les mettre en oeuvre rigoureusement, et ce pendant 15 ans au moins. Le FLNKS appelle par conséquent à la vigilance de l’ONU sur les risques d’un dérapage possible notamment du fait du non-respect du principe de collégialité au sein du Gouvernement, du retard pris dans la mise en oeuvre du transfert de compétences, et du fait que le RPCR reste un opposant politique aux aspirations d’indépendance représentées par le FLNKS. Il a conclu en affirmant que réaliser l'Accord de Nouméa reste un projet volontariste et que le FLNKS reste pleinement engagé à veiller à son succès. Dans ce contexte, a ajouté M. Néaoutyne, l’ONU doit continuer d’accorder toute son attention au processus d’émancipation de la Nouvelle-Calédonie.

Déclaration

M. JEAN LEQUES, Président du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, a souligné que l'Accord de Nouméa est très innovant sur le plan institutionnel en ce qu'il prévoit un élargissement considérable du champ de compétences de la Nouvelle-Calédonie, le transfert de l'exécutif à un gouvernement local collégial, qui vient tout juste de fêter sa première année le 28 mai dernier, la création d'un sénat coutumier qui a vocation de rendre des avis sur toutes les questions inhérentes au statut civil coutumier, aux terres coutumières ainsi que sur les signes identitaires de la Nouvelle-Calédonie aux côtés de ceux de la République. Cet Accord, a ajouté, le représentant, a fait une large place à l'identité kanake. Mais l'Accord se veut également résolument tourné vers l'avenir avec pour objectif essentiel une communauté de destin acceptée par tous. Le Gouvernement de Nouvelle-Calédonie a entrepris de regrouper et de recenser le patrimoine culturel kanake dispersé dans le monde. Le représentant a également évoqué la diversification de l'économie qui repose en premier lieu sur le nickel en vue de faire de la Nouvelle-Calédonie un pôle d'activités économiques et culturelles.

Le représentant a expliqué que des transferts importants de responsabilités de l'Etat à la Nouvelle-Calédonie se sont opérés dès la signature des accords dans les domaines de l'enseignement primaire, du droit du travail, du commerce extérieur, de la réglementation des exportations et des investissements directs étrangers, de la gestion de la zone économique, de la réglementation relative aux hydrocarbure et à certains minerais, de la desserte aérienne et maritime ainsi que des communications internationales. En un an d'existence, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a examiné pas moins de 1 250 affaires. Chaque secteur gouvernemental a mis en oeuvre de nouvelles dispositions comme la refonte de la fiscalité douanière, la conclusion d'accords de pêche, le développement de la desserte aérienne, la mise en place d'une couverture sociale unifiée, le plan d'action de sécurité routière et la recherche d'un pacte social ou encore les préparatifs du VIIIème Festival des arts du Pacifique qui se déroulera en Nouvelle-calédonie du 23 octobre au 3 novembre 2000.

Pour ce qui est de l'émancipation de la Nouvelle-Calédonie, le représentant a expliqué que l'Accord donne la possibilité au Congrès du prendre des actes de nature législative, sous forme de loi du pays, et à cet effet, la France a révisé sa Constitution pour traduire juridiquement l'accord politique calédonien. Les décisions prises au niveau local répondent aux préoccupations de l'ensemble des communautés qui vivent en Nouvelle-Calédonie, à savoir Mélanésiens, Européens, Wallisiens, Indonésiens, Vietnamiens, Polynésiens...). Aux côtés de la France, la Nouvelle-Calédonie a désormais un rôle à jouer dans les relations internationales ainsi qu'au plan régional. L'Accord de Nouméa donne la possibilité d'être le relais entre l'Océanie et la Calédonie. La Nouvelle-Calédonie a obtenu le statut d'observateur au sein du Forum du Pacifique ouvrant ainsi la voie à un renforcement des actions de partenariat avec les pays de la région. Par ailleurs, elle est liée à l'Union européenne par un statut d'association non-contraignant.

EXAMEN DES QUESTIONS DES TERRITOIRES NON AUTONOMES

Question d'Anguilla, des Bermudes, de Guam, des îles Caïmanes, des îles Turques et Caïques, des îles Vierges américaines, des îles Vierges britanniques, de Montserrat, de Pitcairn, de Sainte-Hélène et des Samoa américaines

Documentation

Les documents de travail du Secrétariat décrivent l'évolution constitutionnelle et politique, la situation économique et sociale dans les territoires non autonomes et ils évoquent le processus d'examen de la question par l'ONU, le statut futur des territoires de Pitcairn (A/AC.109/2000/2), des Samoa américaines (A/ac.109/2000/3),), de Guam (A/AC.109/2000/6), de Sainte-Hélène (A/AC.109/2000/8), de Montserrat (A/AC.109/2000/9), des Bermudes (A/AC.109/2000/13), des îles Caïmanes (A/AC.109/2000/14), des îles Vierges britanniques (A/AC.109/2000/18) et des îles Vierges américaines (A/AC.109/2000/17).

Présentation d’un projet de résolution

Aux termes du projet de résolution (AC.109/2000/L.9) d'ensemble sur la question de ces territoires, le Comité noterait avec préoccupation que le Plan d'action de la Décennie internationale pour l'élimination du colonialisme ne pourra être achevé avec l'an 2000. Il demanderait aux Puissances administrantes d'engager un dialogue constructif avec le Comité spécial avant la cinquante- sixième session de l'Assemblée générale afin d'élaborer un cadre pour l'application des dispositions de l'Article 73 de la Charte et de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux au-delà de l'an 2000. Le Comité exhorterait les Etats membres à participer aux efforts déployés par l'Organisation des Nations Unies pour que le monde du XXIe siècle soit libéré du colonialisme.

Pour ce qui est des Samoa américaines, le Comité inviterait la Puissance administrante à continuer, en coopération avec le gouvernement du territoire, de promouvoir le développement économique et social du territoire, notamment en prenant des mesures en vue de reconstituer les capacités de gestion financière et de permettre au gouvernement du territoire de mieux s'acquitter de ses autres fonctions. Le Conseil se féliciterait de ce que le Gouverneur des Samoa américaines l'ait invité à envoyer une mission de visite dans le territoire.

Au sujet d'Anguilla, le Comité inviterait la puissance administrante et tous les Etats, organisations et organismes des Nations Unies, à continuer d'aider le territoire dans le domaine du développement économique et social. Il se féliciterait du cadre de coopération de pays établi par le Programme des Nations Unies pour le développement pour la période 1997-1999 qui est en cours. Il se féliciterait en outre que la Banque de développement des Caraïbes ait estimé dans son rapport de 1998 sur le territoire que les perspectives économiques à moyen et long terme étaient favorables.

Au sujet des Bermudes, le Comité demanderait à la Puissance administrante d'élaborer, en consultation avec le gouvernement du territoire, des programmes de développement visant expressément à atténuer les effets de la fermeture de certaines bases et installations militaires sur l'économie, la société et l'environnement du territoire.

Pour ce qui est des îles Vierges britanniques, le Comité demanderait à la Puissance administrante, aux institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies ainsi qu'à toutes les institutions financières de continuer à apporter leur concours au développement socio-économique et à la mise en valeur des ressources humaines du territoire, compte tenu de la vulnérabilité de celui-ci face aux facteurs externes.

Au sujet des îles Caïmanes, le Comité demanderait à la Puissance administrante, aux institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies, de continuer d'assurer au gouvernement du territoire toutes les compétences techniques nécessaires pour lui permettre de réaliser ses objectifs socioéconomiques. Il engagerait la Puissance administrante et le gouvernement du territoire à poursuivre leur coopération en vue de lutter contre les problèmes liés au blanchiment de l'argent, au transfert illicite de fonds et aux activités frauduleuses connexes contre le trafic de drogues. Il prierait la Puissance administrante, agissant en consultation avec le gouvernement du territoire, de continuer à faciliter l'expansion du programme en cours qui vise à offrir des emplois aux autochtones, en particulier aux postes de commande. Le Comité se féliciterait de la mise en oeuvre du Cadre de coopération de pays du PNUD.

Pour ce qui est de Guam, le Comité spécial inviterait la Puissance administrante à travailler avec la Commission guamienne de décolonisation en faveur de l'exercice par le peuple chamorro du droit à l'autodétermination afin de faciliter la décolonisation de Guam. Il prierait la Puissance administrante de continuer de transférer des terres aux habitants du territoire; de continuer à reconnaître et respecter les droits politiques et l'identité culturelle et ethnique du peuple chamorro; et de prendre toutes les mesures nécessaires pour tenir compte des préoccupations du gouvernement du territoire concernant la question de l'immigration. Le Comité prierait la Puissance administrante de collaborer à la mise en place de programmes visant expressément à promouvoir le développement d'activités économiques et d'entreprises viables en notant le rôle spécial du peuple chamorro dans le développement de Guam.

Au sujet de Montserrat, le Comité inviterait la Puissance administrante, les institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies, ainsi que les organisations régionales et autres à fournir d'urgence une aide au territoire pour atténuer les effets de l'éruption volcanique.

Dans le cas de Pitcairn, le Comité prierait la Puissance administrante de continuer de contribuer à l'amélioration de la situation de la population du territoire dans les domaines économique, social, éducatif et autres.

Pour ce qui est de Sainte-Hélène, le Comité, prenant note avec préoccupation du problème que pose l'augmentation du chômage dans l'île, prierait la Puissance administrante et les organisations régionales et internationales compétentes de continuer de soutenir l'action menée par le gouvernement du territoire en faveur du développement socio-économique de Sainte-Hélène.

Au sujet des îles Turques et Caïques, le Comité demanderait à la Puissance administrante et au gouvernement du territoire de continuer de coopérer en vue d'obvier aux problèmes liés au blanchiment de l'argent, à la contrebande de fonds et autres délits connexes, ainsi qu'au trafic de drogues. Il accueillerait avec satisfaction le premier cadre de coopération de pays approuvé par le PNUD pour 1998-2000 qui devrait, entre autres, faciliter l'élaboration d'un plan national de développement intégré.

Pour ce qui est des îles Vierges américaines, le Comité se déclarerait préoccupé par le fait que le territoire a dû emprunter 21 millions de dollars à une banque commerciale pour financer l'exécution de son programme d'élimination du bogue de l'an 2000 et demanderait que le programme élaboré à cette fin par l'ONU soit mis à la disposition des territoires non autonomes. Il se déclarerait gravement préoccupé par le fait que le gouvernement territorial est confronté à de graves problèmes budgétaires, ce qui a porté le montant cumulatif de la dette à plus d'un milliard de dollars. Le Comité se féliciterait des mesures prises par le gouvernement nouvellement élu du territoire de faire face à la crise et demanderait à la Puissance administrante de fournir toute l'assistance requise pour atténuer la crise financière, notamment par des mesures d'allègement de la dette correspondant à des montants empruntés.

Tokélaou

Documentation

Le document de travail établi par le Secrétariat figure au document (A/AC.109/2000/5)

Présentation du projet de résolution

Aux termes du projet (A/AC.109/2000/L.10), le Comité spécial reconnaîtrait la nécessité de donner de nouvelles assurances aux Tokélaou, les ressources locales n'étant pas suffisantes pour faire face à la dimension matérielle de l'autodétermination, et l'obligation à laquelle restent tenus les partenaires extérieurs des Tokélaou de les aider à concilier au mieux leur volonté d'autosuffisance et leur besoin d'aide extérieure. Le Comité spécial inviterait la Puissance administrante et les organismes des Nations Unies à continuer de prêter assistance aux Tokélaou, tandis qu'elles développeront leur économie et perfectionneront leur structure administrative dans le cadre de l'évolution constitutionnelle en cours. En outre, le Comité spécial déciderait de garder à l'étude la question du territoire non autonome des Tokélaou et de présenter un rapport à ce sujet à l'Assemblée générale à sa cinquante-cinquième session.

Déclarations

M. CARLYLE CORBIN, au nom du Gouvernement des îles Vierges américaines, a émis le souhait qu’une deuxième décennie pour l’élimination du colonialisme soit proclamée à la cinquante-cinquième session de l’Assemblée générale et qu’un plan d’action renouvelé soit défini. A cet égard, il a déclaré que les îles Vierges américaines souscrivent à l’appel du Mouvement des non-alignés visant à ce que des ressources suffisantes soient allouées en la matière et à ce que toutes les institutions concernées puissent fournir des ressources extra-budgétaires.

Les îles Vierges américaines considèrent, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, qu’il est impératif de favoriser l’éducation politique pour que les populations soient conscientes des options possibles quant à leur statut. A cette fin, M. Corbin a demandé au Comité spécial de faire des recommandations supplémentaires sur les mesures à prendre en la matière et a émis l’espoir de les voir figurer dans le rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre de la Décennie pour l’élimination du colonialisme qui sera présenté à l’Assemblée du millénaire. Il a également fait observer qu’il serait utile d’y mentionner les recommandations faites au cours des séminaires régionaux du Pacifique Sud et des Caraïbes. Selon lui, les règles de remboursement et l’allocation de ressources pour l’envoi de représentants des territoires devraient être améliorées et rationalisées.

Rappelant la poursuite de consultations avec les Antilles en coopération avec le Comité économique et social depuis 1995, il a également émis le souhait que les représentants des territoires concernés pourront participer aux discussions à venir entre le Comité spécial et le Conseil économique et social. M. Corbin a appelé le Comité spécial à consacrer tous ses efforts à la réalisation de l’égalité des petits territoires. Il a conclu en déclarant que les îles Vierges américaines se réjouissent de travailler à la réalisation de l’autodétermination qui demeure un droit fondamental de l’homme.

M. LEWIS (Antigua-et-Barbuda) a apporté des précisions concernant le financement des déplacements des représentants des territoires non autonomes qui seraient amenés à venir témoigner devant le Comité. Il a rappelé que par le passé des invitations envoyées par l’intermédiaire de la Puissance administrante n’étaient pas parvenues aux représentants auxquelles elles étaient destinées. Il a rappelé que les représentants ne peuvent pas financer eux-mêmes leur participation aux débats et a déploré que le Comité et le Secrétariat ne soient pas montrés à la hauteur de leurs obligations financières. Il a également déclaré qu’il conviendrait de prêter plus d’attention aux recommandations des séminaires régionaux et a demandé s’il ne serait pas nécessaire de souscrire et de mettre en oeuvre ces recommandations pour aller de l’avant.

Audition d'un pétitionnaire

M. ED MORGAN, Commission de la citoyenneté de Sainte-Hélène, a expliqué que Sainte-Hélène a une histoire, une situation géographique et des besoins socioéconomiques uniques. Il a relevé que la décolonisation est l'objectif affirmé de la politique coloniale britannique. Nous demandons au Comité spécial d'insister auprès du Gouvernement britannique pour qu'il donne effet à ses intentions, a-t-il déclaré. La population de Sainte-Hélène doit jouir de la promesse qui lui a été faite et en aucun cas la volonté de la puissance coloniale ne doit être imposée de façon unilatérale sur la population. Evoquant la question de la citoyenneté, il a rappelé que les gouvernements successifs ont privé les habitants de la citoyenneté britannique contrairement à la Charte royale. Le Royaume-Uni a promis de restaurer la citoyenneté britannique aux habitants de Sainte-Hélène. Nous demandons au Comité spécial de faire pression pour que ce processus de restauration de la citoyenneté se fasse automatiquement. Le pétitionnaire a également insisté pour qu'un processus d'autodétermination qui respecte les voeux de la population soit mis en oeuvre. Questions au pétitionnaire

M. JIMMY OVIA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a demandé, au sujet de la jouissance de la citoyenneté britannique, si la puissance coloniale avait formulé un avis sur cette option.

M. MORGAN a répondu que le Gouvernement britannique avait été saisi de cette question mais qu'aucune réponse formelle n'avait été formulée. Il a d'autre part indiqué que l'option visant l'indépendance n'est pas une option viable en raison du faible nombre d'habitants, estimé à 5000. L'indépendance signifierait la fin de la vie à Sainte-Hélène tout comme l'est un statut d'autonomie. C'est la raison pour laquelle la seule option viable est de négocier un statut d'association avec le Royaume-Uni. Malheureusement, cette solution ne semble pas rallier l'approbation de la Puissance administrante qui n'a toujours pas formulé d'option de rechange.

M. MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a demandé à quelle opinion le Comité devrait se rattacher concernant la question de la citoyenneté des populations de Sainte-Hélène, à savoir à celle du Royaume Uni ou à celle de Sainte Hélène. Il a également demandé des précisions sur la question de la citoyenneté en droit.

M. MORGAN a précisé que la citoyenneté des populations de Sainte-Hélène a unilatéralement été changée par le Gouvernement britannique en 1981 sans consultation de la population qui a vu sa liberté de circulation restreinte. Il a insisté sur les changements dramatiques vécus par la population qui est isolée. Il a indiqué que les demandes passées visaient la restauration de la citoyenneté à part entière des populations de Sainte-Hélène et a précisé que tout changement doit être fait en consultant la population et en tenant compte de bonne foi de leur opinion.

M. LEWIS (Antigua-et-Barbuda),a demandé si les différents territoires sous administration britannique se sont concertés pour formuler une pétition portant sur la question de la citoyenneté. Il a également souhaité savoir comment ces territoires réagissent face aux initiatives du Gouvernement travailliste.

M. MORGAN a déclaré que le Gouvernement britannique avait restreint le droit à l’immigration des citoyens de Sainte-Hélène. Concernant la proposition de pétition auquel le représentant d’Antigua-et-Barbuda a fait référence, il a précisé qu’aucune consultation n’avait eu lieu entre les territoires. Si de telles consultations avaient lieu, ce serait un progrès très important.

M. LINDSAY WATT, Administrateur des Tokélaou, a rappelé que le Conseil des Faipule a envoyé récemment un message positif au Comité traduisant un changement important et significatif dans le territoire. Le Gouvernement de la Nouvelle- Zélande s'est efforcé de promouvoir le processus d'autodétermination dans le territoire en tenant compte des voeux de la populations. Le pétitionnaire a expliqué que les Tokélaou sont constitués de 3 atolls très éloignés les uns des autres. L'autorité traditionnelle revient aux anciens dans chaque village. La période coloniale a ouvert les atolls au monde extérieur et à la modernité. Bien qu'il n'y ait pas eu de Puissance administrante résidente, l'ouverture à la modernité rend impossible le retour en arrière à une économie de subsistance.

Un engouement réel est né notamment avec le lancement d'un projet d'administration dénommé la Maison moderne. Au centre politique se trouvent les leaders traditionnels qui doivent maintenant disposer des outils leur permettant de gérer les problèmes liés à la modernité. L'accent est mis sur la gestion au niveau des villages. Toutefois, des changements aux Tokéalou auront lieu notamment pour ce qui est des normes administratives. Il a bénéficié d'un appui extérieur et un financement pour l'exercice 2000-2001 a été fourni par la Nouvelle-Zélande. Ce projet comporte également une dimension économique qui vise à recouvrer l'ancien esprit d'orgueil et d'indépendance. Le but des programmes d'appui extérieurs va dans cette direction. L'ensemble des acteurs du projet "Maison moderne" doivent néanmoins se demander si les aspects de ce mode de vie seront viables dans quelques décennies.

M. JIMMY OVIA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a rappelé que les Tokéalou font l'objet d'une résolution séparée qui reconnaît le rôle et la relation unique qu'entretient la Puissance administrante avec le territoire. Il a demandé des précisions sur un calendrier régissant le processus d'autodétermination et sur l'édification de la Maison moderne.

M. WATTER a expliqué que la question est de parvenir à faire travailler dans un environnement moderne et différent les dirigeants traditionnels. Les douze mois qui viennent permettront de rassembler des talents éminents aux Tokélaou et en Nouvelle-Zélande en vue de mettre au point un programme de développement des capacités locales.

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