SG/SM/7463

POUR AMELIORER LES CHOSES, CHERCHEZ CE QUE VOUS AVEZ EN COMMUN AVEC L'AUTRE ET TENTEZ DE MIEUX LE COMPRENDRE, CONSEILLE KOFI ANNAN AUX ENFANTS DU FESTIVAL MONDIAL DE BALE

26 juin 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7463


POUR AMELIORER LES CHOSES, CHERCHEZ CE QUE VOUS AVEZ EN COMMUN AVEC L’AUTRE ET TENTEZ DE MIEUX LE COMPRENDRE, CONSEILLE KOFI ANNAN AUX ENFANTS DU FESTIVAL MONDIAL DE BALE

20000626

On trouvera, ci-après, le message du Secrétaire général, M. Kofi Annan, au Festival mondial des enfants, à Bâle, le 24 juin 2000:

Je suis heureux de me trouver parmi vous aujourd’hui. Ici, à l’un des grands carrefours de l’Europe, des jeunes du monde entier sont venus rencontrer leurs camarades de France, d’Allemagne et de Suisse.

Ce festival revêt une importance particulière, non seulement pour vous tous, mais aussi pour moi et, j’espère, pour des millions d’autres jeunes auxquels vous allez tendre la main. Alors que vous vous apprêtez à entrer dans l’âge adulte, ce sont des millions de personnes de votre âge qui comptent bénéficier de ce que vous allez faire en temps que jeunes ambassadeurs de la paix.

Votre mission consiste à découvrir d’autres cultures, à aider d’autres personnes et à construire un monde meilleur pour l’humanité tout entière. Combien de similitudes entre votre mission et celle de l’Organisation des Nations Unies? Nous aussi, nous nous attachons à ouvrir les esprits, à mettre fin aux souffrances et à protéger l’environnement. Je vous félicite tous d’être de vrais citoyens du monde et des alliés de l’Organisation des Nations Unies.

Alors que je contemple ces jeunes visages qui sont devant moi aujourd’hui, je vois déjà quelques ambassadeurs à la carrière très prometteuse. Je vois des jeunes qui sont prêts à exploiter leur énergie et leur expérience grandissante pour construire un monde meilleur. Je vois la culture de la paix devenir une réalité.

Vous avez déjà beaucoup d’atouts pour vous, vous êtes en bonne santé et plein de dynamisme. Je sais en outre que vous voulez œuvrer pour un monde où chacun aura ces atouts, où personne ne souffrira de la faim et ne sera privé d'eau potable ou de médicaments. En effet, comment imaginer que les gens du monde entier puissent se comprendre quand des millions d'entre eux sont malades et affamés?

On m’a dit que beaucoup d’entre vous sont des élèves brillants. Je suis sûr que vous souhaitez que les mêmes chances soient offertes à tous ceux de votre âge, y compris les 100 millions d’enfants du monde entier qui ne sont pas scolarisés. En effet, comment pouvons-nous enseigner la paix à des personnes qui n’ont pas la chance d’apprendre à lire?

Beaucoup d’entre vous parlent plusieurs langues et certains ont effectué un long voyage pour venir jusqu’ici. Pour certains d’entre vous, c’est peut-être un rêve qui vient de se réaliser. Mais pour beaucoup, voyager signifie tout autre chose: certains sont contraints à partir de chez eux parce que leurs voisins ne tolèrent pas qu’ils parlent une langue différente ou que leur religion soit différente.

Beaucoup d’entre vous savent utiliser un ordinateur, le courrier électronique et Internet. Ces outils de communication sont à notre disposition pour diffuser la culture de la paix. Pourtant, saviez-vous que la moitié de la population mondiale n’a jamais ni donné ni reçu un seul coup de téléphone? Saviez-vous que moins d’1% des Africains ont jamais utilisé Internet?

Comme vous le voyez, vous avez beaucoup de chance; et si vous êtes venus ici, c'est parce que vous savez que cette chance s'accompagne de responsabilités. Je me réjouis que vous vous soyez rassemblés ici pour préparer votre avenir, sans attendre des gouvernements qu’ils vous disent ce que vous devez faire, et que vous vous apprêtiez à passer 10 jours à chercher ce que vous pouvez faire pour promouvoir la culture de la paix.

De plus en plus de jeunes me posent cette question encourageante: que puis-je faire pour améliorer les choses?

Je leur donne toujours le même conseil: commencez à regarder autour de vous et à découvrir. Essayez de rencontrer des gens qui ne vivent pas comme vous. Cherchez ce que vous avez en commun avec eux et tentez de mieux les comprendre.

Tel est le seul moyen d’apprécier vraiment la valeur des autres. Il suffit pour cela de parler à la personne assise à côté de vous ou d’échanger des courriers électroniques avec quelqu’un qui vit à l’autre bout du monde.

Les ordinateurs et les modems nous aident à communiquer au-delà des océans. Mais ils ne nous aideraient pas beaucoup si nous n’avions pas déjà beaucoup de choses en commun. Toutes les sociétés ont besoin de partager certaines valeurs: à l'échelle mondiale, ces valeurs s'appellent les droits de l’homme.

Les religions, les langues, la couleur de la peau peuvent être différentes mais nous appartenons tous à la race humaine. Nous faisons tous partie de la même famille et lorsqu’un membre de cette famille va bien, nous nous sentons tous mieux. C’est pourquoi nous voulons que tous les êtres humains aient les mêmes opportunités.

Une fois que vous avez tendu la main, parlez-vous les uns les autres et surtout écoutez-vous. C’est ce que je tente de faire dans mon travail de Secrétaire général parce que je sais qu’une fois que j’ai établi des relations de confiance avec quelqu’un, nous pouvons travailler ensemble pour faire évoluer les choses. C’est aussi ce que vous pouvez faire. Quand vous voyez que quelque chose ne va pas, quelle que soit l’importance du problème, posez-vous la question: qui d’autre aimerait faire évoluer les choses? Comment pouvons-nous travailler ensemble? Engagez-vous aux côtés de ceux qui partagent vos convictions. Ayez le courage de croire que vous pouvez avoir une influence. Comme pour tout dans la vie, les petits progrès sont importants. Si rien n’a encore été fait, cela ne signifie pas qu’il n’y a rien à faire, mais que vous pouvez être le premier à faire quelque chose.

Il est formidable qu'à l'occasion de ce festival, vous ayez lancé un programme sur 10 ans qui reflète exactement l'attitude que je viens de vous décrire. C’est un programme ambitieux, en plusieurs étapes successives qui vont de « La paix et ma personne » à « La paix et ma famille » ; de « La paix et mon école » à « La paix et ma ville » ; et de « La paix et mon pays » à « La paix et ma planète ».

Le premier volet de ce programme « La paix et ma personne » est fondé sur une idée simple: la paix est un processus qui part de la base et commence avec chacun d'entre nous.

Telle est la responsabilité que vous avez décidé aujourd’hui d’assumer: être un point de départ pour la paix.

Au nom de l’Organisation des Nations Unies, je vous félicite d’avoir choisi de relever ce défi. Chers jeunes ambassadeurs, allez de par le monde et changez-le. Je suivrai de près votre action. Vielen Dank, meine Freunde, et bonne chance à vous tous.

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