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FEM/1102

LES EXPERTES DU CEDAW S'INQUIETENT DU MANQUE D'EAU POTABLE AU CAMEROUN ET DES DISCRIMINATIONS QUI PESENT ENCORE SUR LES FEMMES MARIEES

20 juin 2000


Communiqué de Presse
FEM/1102


LES EXPERTES DU CEDAW S’INQUIETENT DU MANQUE D’EAU POTABLE AU CAMEROUN ET DES DISCRIMINATIONS QUI PESENT ENCORE SUR LES FEMMES MARIEES

20000620

Elles attirent l’attention sur les dangers de la dualité juridique et demandent au Cameroun de s’engager dans la voie des réformes juridiques

Poursuivant, cet après-midi, l’examen du rapport initial du Cameroun, les expertes du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) se sont félicitées de la précision des données relatives au logement en milieu rural et à l’approvisionnement en eau, qui donnent une réelle visibilité à la situation, trop souvent méconnue, des femmes rurales. Les expertes, observant qu’en 1987, 35,2% des foyers ruraux devaient encore s’approvisionner en eau dans les marigots, ont estimé important d’intensifier les programmes d’éducation nutritionnelle et les informations relatives à la qualité de l’eau. A cet égard, Mme Ivanka Corti, experte de l’Italie, a demandé ce qui était fait pour remédier au manque d’eau potable dans le pays et a voulu savoir si le Cameroun avait fait appel aux organisations non gouvernementales internationales et aux institutions spécialisées qui travaillent dans ce domaine. Quelques expertes ont toutefois souligné la faiblesse des informations relatives au crédit, insistant sur le fait que l’accès au crédit est nécessaire à l’autonomie des femmes. Il a été demandé des précisions relatives aux modes d’épargne traditionnels comme les tontines qui sont basées sur la confiance mutuelle. Précisant qu’il vaut parfois mieux utiliser les réseaux d’épargne traditionnels, Mme Ahoua Ouedraogo, experte du Burkina Faso, a encouragé la Ministre de la condition féminine camerounaise à collecter des données plus précises dans ce domaine.

Abordant les problèmes d’accès aux services de santé, les expertes ont voulu savoir combien de femmes accouchaient sans assistance professionnelle et obtenir des précisions sur les services de sécurité sociale accessibles aux femmes rurales. Pour sa part, Mme Savitri Goonesekere, experte du Sri Lanka, a posé des questions relatives à l’avortement, se demandant notamment sur les liens existant entre le taux de mortalité élevée des femmes et les avortements pratiqués dans de mauvaises conditions qui entraînent des risques de septicémie. La Ministre de la condition féminine du Cameroun a indiqué aux expertes que le Plan d’action pour 2000-2003 s’attachera, entre autres, à diffuser aux femmes les informations dont elles ont besoin pour se protéger du VIH/sida.

Plusieurs expertes se sont inquiétées du statut des femmes mariées et particulièrement des conflits existants entre le droit et les pratiques coutumières qui continuent de prévaloir dans ce domaine. De nombreuses questions ont porté sur la refonte du Code de la famille et il a été demandé des précisions concernant la refonte du Code du droit de la famille. Pour sa part, Mme Mavivi Myakayaka-Manzini, experte de l’Afrique du Sud, préoccupée par le fait que l’âge nubile des jeunes filles est de 15 ans, a voulu savoir si celles-ci avaient le droit de refuser ou de prendre leur décision en toute connaissance de cause. En effet, le mariage à un âge précoce favorise l’abandon scolaire chez les jeunes filles, ce qui a, tout au long de leur vie, des conséquences graves sur la santé des femmes et de leurs enfants. Une experte, remarquant que la cohabitation n’est pas reconnue dans le droit camerounais, a demandé si la notion d’enfants illégitimes qui en découle et prive les enfants de leurs droits n’était pas une survivance du droit colonial. Les expertes ont également noté que le délai de 6 mois pendant lequel les veuves n’ont pas le droit de se remarier mériterait d’être revu à la baisse, car il porte atteinte à la liberté personnelle des femmes.

Les expertes ont, en outre, souligné les dispositions discriminatoires qui continuent d’entraver l’émancipation des femmes mariées comme, par exemple, les dispositions permettant au mari de s’opposer à l’activité économique de la femme, celles restreignant les droits de succession des femmes, la pratique de la dot, la reconnaissance de la bigamie. Mme Ayse Feride Acar, experte de la Turquie et rapporteur du Comité, a voulu savoir si le principe de l’héritage des veuves par l’un des frères du conjoint après le décès de celui-ci était répandu au Cameroun. Dans l’ensemble, les expertes ont attiré l’attention de la délégation camerounaise sur les dangers inhérents à la dualité juridique et ont enjoint le Gouvernement camerounais à dresser un état des lieux juridique et à s’engager fermement sur la voie des réformes juridiques.

Prenant la parole pour apporter un début de réponse aux commentaires des expertes en attendant la séance de réponse au Comité prévue qui se tiendra lundi 26 juin au matin, Mme Julienne Ngo Som, Ministre de la condition féminine du Cameroun, a apporté quelques précisions concernant le Plan d’action triennal mis en place pour 2000-2003. Elle a indiqué qu’il est prévu, dans le cadre de ce Plan, d’examiner attentivement les compétences qui seront nécessaires pour mettre en œuvre les réformes. Rappelant que la promotion de la femme va au-delà de l’affirmation de ses droits, la Ministre a estimé qu’il faut également envisager des actions dans le domaine de la santé et favoriser le développement d’activités génératrices de revenus pour les femmes, ce qui demande la participation de scientifiques. C’est souvent le manque de compétence scientifique qui freine l’élaboration et la mise en place de politiques, a-t-elle déclaré. La Ministre a fait part des problèmes que pose la diffusion de l’information entre l’administration centrale et les administrations décentralisées.

Concernant les femmes rurales, la Ministre a reconnu qu’il fallait qu’elles disposent des moyens financiers leur permettant d’exploiter les ressources du pays. Elle a fait part des lourdes contraintes qui pèsent sur leur vie quotidienne comme l’accès à l’eau et à l’énergie, le manque de garderies communautaires. Elle a mis l’accent sur le problème de l’enclavement qui est sévère au Cameroun. A cet égard, elle a précisé que son travail consisterait principalement à attirer l’attention des ministères concernés sur la nécessité d’établir des voies de communication permettant le désenclavement.

A propos des droits des femmes, la Ministre a informé le Comité de la mise en place d’un observatoire qui permettra de collecter les informations nécessaires. Rappelant qu’il existe plus de 200 ethnies au Cameroun, elle a expliqué qu’il est impossible de faire appliquer de nouvelles lois si l’on ne comprend pas exactement les conditions dans lesquelles les coutumes se sont instaurées. Elle a insisté sur le fait qu’il faut également que les femmes elles-mêmes soutiennent les réformes en cours et qu’il faut leur donner les moyens économiques suffisants pour qu’elles ne soient pas amenées à faire des mariages uniquement pour assurer leur subsistance.

A l’issue de sa considération du rapport initial du Cameroun, le Comité a procédé à l’examen du rapport du groupe de travail pressession, présenté par Mme Charlotte Abaka, Experte du Ghana et Présidente du groupe de travail présession. Elle a rappelé que le groupe de travail s’est réuni pendant cinq jours, du 7 au 11 février 2000, pour établir les listes de questions et de problèmes relatifs aux rapports périodiques dont l’examen était prévu au cours de cette session qui a commencé le 12 juin. Ce groupe comprend également Mmes Yung-Chung Kim (Asie), Zelmira Regazzoli (Amérique latine et Caraïbes) et Hanna Beate Schöpp-Schilling (Europe). Mme Abaka a fait part des informations qui lui avaient été communiquées par l’Organisation internationale du Travail (OIT), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle a toutefois regretté de ne pas avoir disposé d’informations provenant des organisations non gouvernementales.

Le Comité entamera demain, mercredi 21 juin, à 10 heures 30, l’examen du rapport initial de la République de Moldova. Le Comité entendra les réponses de la délégation camerounaise le lundi 26 juin, au matin.

Documentation

Rapport soumis par le groupe de travail présession (CEDAW/C/2000/II/CRP.1)

Le groupe de travail du Comité sur l’élimination de la discrimination à l’égard femmes (CEDAW) présidé par Mme Charlotte Abaka (Afrique), et également composé de Mmes Yung-Chung Kim (Asie), Zelmira Regazzoli (Amérique latine et Caraïbes) et Hanna Beate Schöpp-Schilling (Europe) rappelle que le groupe de travail s’est réuni, du 7 au 11 février 2000, pour établir les listes de questions et problèmes relatifs aux rapports périodiques de l’Autriche, de Cuba, de l’Iraq et de la Roumanie, qui devaient être examinés par le Comité au cours de la présente session.

Le groupe de travail a constaté que les rapports respectaient les directives du Comité et faisaient tous référence au Plan d’action de Beijing, toutefois, ils ne se référaient pas suffisamment aux recommandations générales du Comité. Il a également constaté qu’en dépit des progrès réalisés, il n’existait toujours pas d’égalité de droit entre hommes et femmes dans tous les Etats parties. Il a noté avec préoccupation que les mesures adoptées pour restructurer l’économie ou faire face aux embargos avaient entraîné une régression de la situation des femmes sur le marché du travail et notamment une hausse du chômage qui les affecte. Le groupe de travail a constaté que les femmes continuent d’être confinées à certains secteurs du marché du travail (éducation, santé, entreprises d’Etat) où les salaires étaient inférieurs à ceux versés dans les secteurs dominés par les hommes.

En outre, le groupe de travail a constaté que les images stéréotypées des femmes, essentiellement perçues comme mères et membres de la famille, continuaient d’influencer la formulation des politiques et des textes législatifs. Il a également relevé, dans un certain nombre de cas, un manque d’information sur les femmes des minorités ethniques. Par ailleurs, le groupe de travail a noté que certains Etats n’avaient pas pris suffisamment de mesures pour éliminer la violence à l’égard des femmes, y compris la violence dans la famille.

Rapport soumis par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture sur l’application de la Convention dans les domaines relevant de sa compétence (CEDAW/C/II/3/Add.1)

La FAO transmet dans son rapport des informations sur le Cameroun, pays auquel elle a apporté une assistance technique. Le rapport signale notamment que le Cameroun vient de mettre en place un système permanent d’enquêtes agricoles à partir des résultats de son recensement agricole national de 1984-1985. Dans le même temps, le Gouvernement a totalement revu ses définitions, notions et méthodes d’enquêtes. Des conseils et éléments techniques pour l’inclusion d’une dimension sexospécifique ont été fournis. Par ailleurs, les agents de vulgarisation agricole feront désormais office d’enquêteurs en première ligne et reçoivent une formation sur le thème de l’égalité des sexes.

Rapport soumis par l’Organisation mondiale de la santé sur l’application de la Convention dans les domaines relevant de sa compétence (CEDAW/C/2000/II/3/Add.2)

L’Organisation mondiale de la santé présente en six tableaux un résumé des indicateurs de la santé en matière de procréation, du VIH/sida, de l’usage du tabac et de la violence à l’égard des femmes. On relève que l’Iraq a des indicateurs de la santé de la procréation assez peu satisfaisants. Le taux de mortalité maternelle est de 310 pour 100 000 naissances vivantes; 54% des naissances sont assistées par une personne qualifiée. On estime que seuls 14% des femmes mariées pratique la contraception et par conséquence le taux de fécondité cumulé est de 5,3. L’Autriche en revanche, avec un taux de mortalité maternelle de 10 pour 100 000, illustre la situation nettement meilleure que connaît le monde industrialisé en matière de santé de la procréation. En ce qui concerne le VIH/sida, on signale qu’à la fin de 1997 sur 7500 personnes infectées 1400 étaient des femmes. Le tabagisme, touchant 24,6% de femmes, reste un facteur de risque pour la santé et la violence constitue également un problème grave, 19% des femmes étant touchées par ce phénomène. Cuba, malgré une moindre prospérité, a d’assez bons indicateurs de la santé de la procréation et le taux de fécondité cumulée (1,6) illustre la volonté de planifier la famille. On remarque également que la prévalence du VIH/sida est très faible (0,02% des adultes) et 90% des infections sont transmises par rapports hétérosexuels. En Roumanie, 99% des accouchements sont supervisés par du personnel qualifié, mais le taux de mortalité maternelle demeure élevé (130). Le taux de fécondité cumulé (1,2%) correspond aux tendances de la région. La prévalence du VIH/sida est faible et, à la fin de 1997, on signalait que la transmission se faisait surtout par des produits sanguins (19%). On ne dispose pas de données sur la violence à l’égard des femmes.

Rapport soumis par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) (CEDAW/C/2000/II/3/Add.3)

Le rapport de l’UNESCO contient les informations qui lui ont été fournies au sujet de l’article 12 et d’articles connexes de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, lesquelles viendraient compléter celles qui figuraient dans les rapports des Etats parties à la Convention que le Comité devait examiner à la présente session. Après une introduction sur la contribution de l'UNESCO à l'application de la Convention, le rapport expose les mesures prises par l'Organisation pour appliquer les dispositions de cet instrument en Autriche, au Cameroun, à Cuba, en Iraq, en Lituanie, en République de Moldova et en Roumanie.

Rapport soumis par l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur l’application de la Convention dans les domaines qui entrent dans le cadre de ses activités (CEDAW/C/2000/II/3/Add.4)

L’Organisation internationale du Travail présente dans ce document les renseignements qui lui ont été fournis par l’Autriche, Cuba, l’Iraq et la Roumanie au sujet de l’application de l’article 14 et des articles connexes de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes pour compléter les renseignements figurant dans les rapports des Etats parties qui ont été ou seront examinés à la présente session. Le rapport contient également des renseignements supplémentaires sur les pays intéressés, y compris des tableaux statistiques, des renseignements sur les activités de coopération technique et des annexes (extraits de commentaires formulés par la Commission d’experts sur l’application des conventions et recommandations).

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