LES EXPERTES DU CEDAW FELICITENT LA LITUANIE DE L'INSTAURATION D'UN MEDIATEUR POUR L'EGALITE DES CHANCES ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES
Communiqué de Presse
FEM/1097
LES EXPERTES DU CEDAW FELICITENT LA LITUANIE DE LINSTAURATION DUN MEDIATEUR POUR LEGALITE DES CHANCES ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES
20000616Elles sinquiètent toutefois de la survivance des discriminations héritées du passé soviétique
Présentant, ce matin, le rapport initial et le deuxième rapport périodique de la Lituanie devant le Comité pour lélimination de la discrimination à légard des femmes, M. Gediminas Serksnys, Représentant permanent de ce pays, a expliqué le fonctionnement de deux institutions nouvellement créées en vue dassurer légalité des chances entre les hommes et les femmes. Le Médiateur pour légalité des chances, nommé par le Parlement lituanien en 1999, est chargé de veiller au respect de lapplication de la Loi sur légalité des chances et est, à la fois, habilité à recevoir directement des plaintes et à mener ses propres enquêtes. La Commission pour légalité des chances, créée la même année est, pour sa part, chargée de coordonner les différentes actions ministérielles en faveur de légalité des chances et détudier la législation européenne dans ce domaine afin de pouvoir présenter des recommandations au Gouvernement. Les expertes ont bien accueilli ces nouvelles structures, mais ont toutefois demandé des précisions concernant leur financement, leur effectif, leurs règles de procédure et lévaluation de leur action. Des expertes ont souligné que si la loi sur légalité des chances couvre un certain nombre de domaines, elle ne couvre pas le logement ni les assurances.
Si les expertes ont, dans lensemble, félicité la Lituanie pour les progrès réalisés dans le domaine institutionnel, elles se sont inquiétées du chômage des femmes et de la féminisation de la pauvreté quil engendre. Elles ont souligné la discrimination qui continue dexister dans lemploi et ont relevé une perte de part de marché de lemploi pour les femmes, sauf dans lagriculture, les soins de santé et laction sociale secteurs traditionnellement dits féminins. Notant que selon certaines sources, le chômage en Lituanie sélèverait à 20% alors que le Gouvernement annonce un taux de 11%, les expertes ont demandé des précisions sur les méthodes de computation employées et sur les proportions de femmes âgées et de diplômées parmi les chômeurs.
En ce qui concerne les écarts de rémunération existant entre les hommes et les femmes, les expertes ont rappelé que dans lancien système soviétique, on observait en général une sous-évaluation des rémunérations dans les secteurs traditionnellement féminins de léducation et la santé, ce qui équivaut à une discrimination indirecte à légard des femmes. Les expertes ont donc voulu savoir quelles mesures étaient prises pour éliminer les discriminations héritées du passé.
Les expertes ont, en outre, relevé de nombreux problèmes dans le domaine de la santé des femmes. Elles ont notamment observé que le taux danémie élevé chez les femmes enceintes est révélateur de problèmes dalimentation. La situation des femmes âgées a retenu leur attention, dautant que, compte tenu de lévolution démographique récente, leur proportion saccroît rapidement dans la population. Les politiques sur les mesures temporaires spéciales ne semblent pas traiter le cas des femmes âgées, dont le nombre dépasse progressivement celui des hommes. Les expertes ont estimé que le problème le plus grave auquel sont confrontées les femmes âgées sont le chômage et les disparités de rémunération, qui se répercutent ensuite sur le montant de leurs retraites.
Le Comité poursuivra son examen du rapport initial et du deuxième rapport périodique de la Lituanie cet après-midi, à 15 heures.
EXAMEN DES RAPPORTS PRESENTES PAR LES ETATS PARTIES EN APPLICATION DE LARTICLE 18 DE LA CONVENTION SUR LELIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION A LEGARD DES FEMMES
Rapport initial de la Lituanie (CEDAW/C/LTRU/1)
Au début de 1998, la population de la Lituanie était de 3,704 millions d'habitants. L'espérance de vie à la naissance est de 65 ans pour les hommes et de 76,1 pour les femmes. En 1997, il y avait 10 décès d'enfants de moins d'un an pour 1 000 naissances (8,8 dans les zones urbaines et 12,9 dans les zones rurales). Le taux de mortalité maternelle s'élevait à 0,8 décès pour 100 000 femmes âgées de 15 à 49 ans. L'indice de fécondité était de 1,39 en 1997 et 45% des ménages étaient dirigés par des femmes. D'après le recensement de 1989, 99,8% de la population de 9 à 49 ans sont alphabétisés.
Si le système juridique lituanien ne comporte pas de définition officielle du concept de "discrimination à l'égard des femmes", plusieurs projets de loi sur l'égalité des chances sont examinés par le public et par la Seimas, l'institution législative de Lituanie. Puisquil n'y a pas de loi spécifique sur l'égalité des chances, le système juridique ne prévoit pas d'interdiction générale ni de sanction applicable dans les cas de discrimination à l'égard des femmes.
Afin de garantir non seulement l'égalité des droits mais aussi les mêmes possibilités de participer à la vie politique, sociale, économique et culturelle, le Gouvernement a approuvé le 8 novembre 1996, le Programme lituanien de promotion des femmes. Ce programme, élaboré conjointement par les organisations gouvernementales et publiques, porte sur 10 domaines essentiels : la protection des droits fondamentaux des femmes; leur condition économique et sociale; la protection des femmes et de l'environnement; la santé des femmes; la planification de la famille; les femmes et l'éducation; les femmes dans la politique et l'administration; la violence contre les femmes et les fillettes et les mauvais traitements qui leur sont infligés; les femmes et les médias; les statistiques et les différences entre les sexes. Un dispositif permettant de faire respecter l'égalité des droits et des chances a été mis en place pour contrôler l'application de ce Programme.
Ces dernières années, la prostitution est devenue plus évidente en raison de la situation économique et sociale difficile du pays. L'absence de politique uniforme, la non-participation aux programmes internationaux (la Lituanie n'a pas encore accédé à la Convention pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui) et l'attitude du public et des organisations politiques envers ce phénomène font obstacle à la mise en place d'un système de contrôle juridique. En 1996, la Lituanie a lancé un programme de prévention appelé Paslauga (Service) auquel coopèrent la police, les services fonctionnels du Département des migrations, les établissements de santé, d'autres institutions compétentes et les médias. Le nouveau code pénal prévoit des peines plus sévères pour les proxénètes et des sanctions pour ceux qui ouvrent ou dirigent des maisons de tolérance. L'adoption de ce nouveau code pénal par la Seimas permettra à la Lituanie de remplir les conditions énoncées à l'article 6 de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
En ce qui concerne la participation des femmes à la vie politique et publique du pays, il nexiste aucune mesures de discrimination positive pour accroître la participation des femmes dans les institutions. Toutefois, lors des dernières élections parlementaires et locales, la représentation des femmes a fortement progressé aux niveaux politique et administratif. Par rapport aux élections de 1992, le nombre de candidates a presque triplé, de 98 en 1992 à 278 en 1996. A lexception de trois districts électoraux à mandat unique où aucun membre de la Seimas na été élu jusqu'ici, la proportion de femmes parmi les membres de la Seimas a augmenté de 2,5 fois pour atteindre 18,1%. Le nombre de femmes a également augmenté dans le nouveau gouvernement. Dans le cadre du Programme lituanien de promotion des femmes, des efforts seront déployés pour instaurer la parité entre les sexes sur les listes électorales des partis et veiller à ce que les représentants d'un sexe n'occupent pas plus des deux tiers des sièges dans les commissions et comités constitués par le gouvernement.
A l'exception de l'enseignement supérieur, l'éducation est gratuite à tous les niveaux. Un système de prêts, de prestations et d'allocations pour les étudiantes ayant des enfants est actuellement en cours d'élaboration et s'appliquera essentiellement dans les établissements d'enseignement supérieur. La loi sur l'éducation et d'autres lois concernant l'enseignement accordent l'égalité de traitement aux femmes et aux hommes. En 1996, les femmes représentaient 50,5% des étudiants à tous les niveaux d'enseignement. Cette tendance est constante depuis de nombreuses années et, à l'heure actuelle, le niveau d'instruction des femmes est en moyenne plus élevé que celui des hommes. Toutefois, au niveau universitaire, les femmes sont moins nombreuses en maîtrise qu'en licence et le nombre de femmes est encore plus faible en doctorat.
En ce qui concerne la situation des femmes dans le travail et leur protection sociale, la discrimination positive en faveur des femmes en ce qui concerne l'âge actif, qui avait été appliquée précédemment sur recommandation de l'Union européenne, est à présent progressivement éliminée et l'âge actif est graduellement prolongé pour s'aligner sur celui établi dans l'Union européenne.
Dans le domaine des soins de santé, aucune des dispositions de la loi de 1994 sur le système des soins de santé n'octroie d'avantages discriminatoires à un sexe ou à l'autre, bien que cette loi ne prévoie pas de dispositions particulières pour éliminer la discrimination entre les sexes. Les services de santé sont gratuits et accessibles à toutes les femmes et la plupart des hôpitaux ont entamé une campagne pour encourager les mères à allaiter leurs enfants. L'un des problèmes les plus graves reste l'avortement qui est pratiqué à grande échelle sans pour autant être considéré comme une méthode de planification familiale. Le total des avortements en 1995 s'élevait à 37 655 soit 40,53 sur 1000 femmes en âge de procréer (15 à 49 ans). En 1995, le taux de mortalité infantile était de 12,4 pour 1000 naissances vivantes.
Face à cette situation, le Ministère de la santé a élaboré et exécuté un programme de santé maternelle et infantile qui comprend plusieurs projets, notamment un programme de prévention des anomalies périnatales, néonatales et congénitales, un programme de nutrition équilibrée pour les enfants de moins de 3 ans, un programme de prévention des maladies chroniques, un programme de médicaments immuno.préventifs, un programme de santé mentale des enfants et de préventions des caries, un programme de planification familiale. Seuls les programmes de prévention des anomalies périnatales, néonatales et congénitales
et de médicaments immuno-préventif sont intégralement financés. Un Centre lituanien pour le sida a également été mis en place en 1990, avec pour objectif principal d'examiner et de soigner toutes les personnes ayant contracté des maladies sexuellement transmissibles.
Deuxième rapport périodique de la Lituanie (CEDAW/C/LTU/2)
Depuis la présentation du rapport initial, lune des réalisations les plus remarquables est ladoption par la Seimas, le 1er décembre 1998, de la Loi sur légalité des chances qui est entrée en vigueur en 1999 et dont lapplication est contrôlée par le Médiateur sur légalité des chances qui examine les plaintes pour discrimination et harcèlement sexuel. A ce jour, le Médiateur sur légalité des chances a déjà reçu 25 plaintes : trois dentre elles concernaient des cas de harcèlement sexuel, la plupart des autres touchaient à la discrimination en matière demploi.
En mars 2000, une Commission interministérielle, réunissant des représentants de tous les ministères, a été mise en place afin de coordonner les activités des institutions publiques dans la mise en uvre de la politique dégalité des chances ; de soumettre des conclusions et propositions au Gouvernement et aux institutions publiques sur lapplication des principes dégalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes ; de contribuer à sensibiliser lopinion publique à la nécessité dassurer des chances égales aux hommes et aux femmes. Outre lanalyse des problèmes rencontrés pour assurer légalité des chances, la Commission étudie la législation de lUnion européenne en vue de soumettre des propositions au Gouvernement.
Le Bureau du Médiateur pour légalité des chances a été autorisé à faire en sorte quaucune publicité discriminatoire napparaisse dans les médias et peut imposer des amendes allant de 100 à 4 000 litas pour la violation de la Loi sur légalité des chances. A ce jour onze entreprises dEtat et 63 entrepreneurs privés doivent déjà rendre compte de publicités discriminatoires parues lan dernier.
Selon le rapport, les traditions anciennes de participation des femmes à la vie politique connaissent une évolution dynamique en Lituanie. Aux dernières élections locales qui ont eu lieu en mars 2000, 38,5% des candidats étaient des femmes et, daprès les résultats préliminaires, 17,6% dentre elles ont été élues. Il y avait 2 femmes parmi les 56 maires de municipalités jusquaux élections de mars 2000. Parmi les 14 membres du Gouvernement, le Ministre de la sécurité sociale et du travail est une femme et on compte 13 femmes ministres adjoints sur un total de 52.
La participation des femmes aux activités économiques sest accrue depuis 1995. En 1998, les femmes représentaient 48,5% de la population salariée. Depuis 1999, le taux de chômage des hommes est plus élevé que celui des femmes. La crise en Russie a touché plus durement les branches techniques de lindustrie où les hommes étaient plus nombreux. Si certaines branches de léconomie se féminisent, on remarque toutefois que la ségrégation horizontale et verticale reste inchangée. Les femmes sont davantage employées dans la sphère non productive de léconomie et moins dans les activités industrielles. En outre, les femmes se situent au bas de la hiérarchie et représentent la majorité du bas de la pyramide de lemploi. On ne compte que 35,7% de femmes parmi les cadres et administrateurs de haut niveau alors quelles représentent 83,4% de lensemble des salariés. Dans le domaine de la création dentreprise, on observe que les femmes sont de plus en plus nombreuses à vouloir créer leur entreprise et ont tendance à recruter des femmes. Ainsi, les femmes géraient environ 28% des entreprises en 1998. Au début 2000, la banque dinvestissement nordique a lancé une initiative visant à financer les femmes qui souhaitent créer de petites entreprises.
Dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, la stratégie élaborée par la commission nationale de lutte contre la pauvreté a pour objectif déliminer la pauvreté extrême en Lituanie dici 2003 et de réduire la pauvreté dau moins 15% pour les groupes de population les plus démunis, y compris les mères célibataires et les femmes des zones rurales avant 2005.
Dans le domaine de léducation, la Loi sur légalité des chances oblige les établissements denseignement et les établissements scientifiques à assurer légalité des chances entre les hommes et les femmes concernant ladmission dans les établissements denseignement professionnel, collèges, établissements denseignement supérieur et cours damélioration des qualifications, dans loctroi de bourses et de prêts aux étudiants ; dans le choix des programmes et dans lévaluation des connaissances. Les établissements scolaires doivent veiller à ce que les programmes et les manuels ne contiennent aucun élément de discrimination à légard des femmes.
Selon ce rapport les femmes lituaniennes font beaucoup plus defforts que les hommes pour atteindre un niveau élevé déducation. En 1998, les jeunes filles représentaient 50,7% du total des étudiants ; elles étaient 50,6% dans le secondaire, 39,2% dans les écoles professionnelles, 65,2% dans les collèges universitaires et 57,8% dans les établissements denseignement supérieur. Par ailleurs, si les garçons sont plus nombreux que les filles dans lenseignement primaire et de base, les filles montrent ultérieurement plus de détermination à poursuivre leurs études. De plus en plus de femmes cherchent à obtenir des diplômes scientifiques supérieurs et elles ont de plus en plus nombreuses à étudier jusquà la maîtrise. En outre, le nombre de femmes obtenant leur doctorat ès sciences augmente constamment.
Aux termes du rapport, les femmes sont en meilleure santé que les hommes et vivent, en moyenne, 11,7 années de plus. Lun des problèmes de santé les plus importants rencontrés par les femmes en Lituanie est lanémie durant la grossesse qui na commencé à diminuer quau cours de ces dernières années. En ce qui concerne lavortement qui constitue un grave problème dans un grand nombre de pays post-communistes, leur nombre reste élevé, bien quon ait commencé à observer une tendance à la baisse, leur nombre ayant diminué de 38% en 6 ans. En 1998, le taux de mortalité des nouveau-nés était de 9,2 enfants de moins dun an pour mille naissances vivantes. Le Ministère de la santé a mis en uvre, en 1999, un programme de santé maternelle et infantile qui comprend un programme de périnatalogie, un programme sanitaire pour les enfants ayant des problèmes de croissance, un programme pour lamélioration des soins intensifs aux enfants, un programme pour lamélioration de léducation en faveur dun mode de vie plus sain et un programme de prévention des anomalies congénitales.
Présentation de lEtat partie
M. GEDIMINAS SERKSNYS, Représentant permanent de la Lituanie, présentant les institutions et lappareil juridique de son pays, a indiqué que la Lituanie sapprête à signer, très prochainement, le Protocole facultatif à la Convention sur lélimination de toutes les formes de discrimination à légard des femmes. Il a expliqué que son pays avait adopté, en 1999, une Loi sur légalité des chances qui donne une définition précise de la discrimination à légard des femmes conforme à la Convention, concept qui était auparavant absent du droit lituanien. La Loi introduit également les notions de discrimination positive, dégalité des chances pour les hommes et les femmes et de harcèlement sexuel. Cette Loi prévoit aussi la nomination, par le Parlement, dun Médiateur en ce qui concerne légalité des chances, le premier en Europe centrale et de lEst. Cest en 1997 que la plupart des mesures visant à instaurer un appareil institutionnel chargé de garantir légalité des chances ont été prises. Ainsi une sous-division a été instituée auprès du Ministère de la sécurité sociale et de travail, et une section des statistiques chargée de collecter des données ventilées par sexe auprès du Département des statistiques.
Revenant sur le rôle du Médiateur pour légalité des chances, amplement décrit dans le deuxième rapport périodique, le représentant a précisé que cette institution est bien reconnue dans le pays et a reçu, en un an, 42 plaintes, dont 37 ont déjà été examinées. En outre, le Bureau du Médiateur a lancé, de sa propre initiative, 4 enquêtes sur des faits de presse. Le Gouvernement a en outre instauré une Commission pour légalité des chances qui comprend des représentants des 14 ministères et à laquelle peut siéger le Médiateur pour légalité des chances. La Commission est principalement chargée de coordonner les actions institutionnelles visant à assurer légalité des chances entres les hommes et les femmes. Le représentant a indiqué que lon recensait, en 1999, 63 organisations non gouvernementales (ONG) de femmes, qui sont particulièrement active dans le domaine de léducation.
Le représentant sest félicité que la participation des femmes à la vie politique se soit accrue, leur proportion au parlement ayant atteint 18% en 1996. En outre, la proportion de femmes aux élections locales de cette année sest élevée à 30%. Près de la moitié des diplomates du Ministère des affaires étrangères sont des femmes, 7 missions diplomatiques sur 34 sont dirigées par des femmes, et les femmes sont également bien représentées dans le système judiciaire.
Rappelant que léducation est gratuite et accessible à tous en Lituanie, le représentant a indiqué que, sous laction du Médiateur pour légalité des chances, les restrictions imposées aux femmes par lAcadémie militaire ont été levées. Il a précisé que 58,6% des diplômés de luniversité étaient des femmes et 70% des diplômés du secondaire. Toutefois, les femmes continuent de sorienter le plus souvent vers des emplois de bureaux. On remarque également que les femmes sont de plus en plus nombreuses à briguer des diplômes élevés, 51,8% des étudiants de doctorat étaient des femmes, mais le pourcentage de femmes diplômées tombe à 45,6% pour 54,4% dhommes.
Dans léconomie, le représentant a noté que lon constate une féminisation de certains secteurs de léconomie et que la ségrégation verticale et horizontale demeure. Il a mis laccent sur la crise économique en Russie qui affecte les employés lituaniens, le chômage touchant 11% de la population en 2000, 10% de femmes et 12% dhommes. Il a également indiqué que les femmes dirigent environ 30% des petites et moyennes entreprises, un phénomène qui a été favorisé par laction du Centre pour lemploi et linformation des femmes qui aide les femmes à créer leur propre entreprise, ainsi que par une initiative leur donnant accès au microcrédit. Le représentant a cité le Programme lancé par le Gouvernement pour venir en aide aux femmes rurales.
Présentant la Loi sur le système national de santé qui est gratuit, le représentant a indiqué que les femmes ont accès à des services de santé reproductive et perçoivent des allocations pour congé maternité. Abordant ensuite la question de la violence à lencontre des femmes, il a signalé lexistence de 14 numéros durgence que les femmes peuvent appeler pour obtenir des informations et un soutien psychologique. Il existe également 9 centres durgence qui accueillent les femmes et leurs enfants en cas de violence domestique. Un programme de formation de la police a été mené en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Centre lituanien de prévention des conflits.
En conclusion, le représentant a présenté les progrès réalisés dans la représentation des femmes dans les médias, notamment grâce à laction du Médiateur pour légalité des chances et a annoncé la tenue le 30 juin prochain dune conférence organisée en collaboration avec le PNUD qui examinera les stéréotypes négatifs présents dans les médias. Il a estimé que son pays avait fait des progrès considérables dans le domaine institutionnel et a mis laccent sur le fait que la Lituanie participe aux efforts internationaux dans ce sens. Toutefois, il a reconnu que légalité entre les hommes et les femmes nétait pas complètement réalisée dans les faits. En effet, les femmes sont toujours désavantagées sur le marché de lemploi et la violence à lencontre des femmes demeure un problème important, particulièrement la violence domestique.
Questions et observations des expertes
Mme HANNA BEATE SHOPP-SCHILLING, experte de lAllemagne, a espéré quà lavenir, les nouvelles structures administratives créées en Lituanie permettront à ce pays de présenter ses rapports périodiques dans les temps. Au cours de la dernière décennie, la Lituanie a manifesté la volonté politique dadopter des mesures favorables à la promotion de la femme. Elle a exprimé sa préoccupation face à la féminisation de la pauvreté. Lexperte a souhaité savoir si des mesures avaient été prises pour sensibiliser les fonctionnaires, les enseignants ou les médias à la Convention pour lélimination de la discrimination à légard des femmes. Mme Schöpp-Schilling a souhaité savoir les dispositions prévoyant ladoption de mesures de discrimination positive. Même si la loi sur légalité des chances couvre un certain nombre de domaines, elle ne couvre pas le logement ni les assurances. Lexpérience a démontré dans de nombreux pays quà moins que les lois ne le précisent très clairement, les personnes ne sont pas conscientes du principe de légalité des chances. Les plaintes demployeurs publics et privés sont-elles traitées de la même manière? Chaque ministère doit-il contribuer au Plan daction 1998-2000, de chaque ministère et les ONG participent-elles à létablissement de ce plan et qui est responsable de la création de nouvelles législations? a demandé lexperte. Elle a également demandé à savoir la valeur légale des verdicts de lombudsman.
Mme CHARLOTTE ABAKA, experte du Ghana, a demandé à savoir si les femmes ont besoin de garanties pour pouvoir bénéficier de crédits ou de prêts. La loi de 1997 sur les familles de plus de trois enfants a-t-elle encouragé la formation de familles plus grandes? Mme Abaka a souhaité savoir si limpact des privatisation sur léconomie en transition de la Lituanie, en particulier dans le secteur social, notamment dans le domaine de léducation et de la santé. Pour ce qui est de la situation sanitaire, le taux danémie élevé chez les femmes enceintes est révélateur de problèmes dalimentation, ainsi que la tuberculose, a-t-elle déclaré.
Mme SAVITRI GOONESEKERE, Experte du Sri Lanka, sest concentrée sur la question de légalité des chances et a noté que les femmes sont peu présentes en politique et dans plusieurs secteurs de lemploi. La situation de désavantage dans laquelle se trouvent les femmes requiert peut-être des mesures daction positive. Mme Goonesekere a souhaité savoir si le mécanisme de plaintes auprès de lombudsman est complété par la possibilité de faire appel aux tribunaux.
Mme YOLANDA FERRER GOMEZ, experte de Cuba, à linstar de Mme MAVIVI MYAKAYAKA-MANZINI, experte de lAfrique du Sud, a demandé quels ministères sont représentés au comité interinstitutions permanent? Quelles relations il entretient avec le Consultant de lEtat et avec les ONG? Le Comité a également des fonctions de coordination et est chargé de mettre en uvre les mesures pour légalité des chances, et il emploie un ombudsman. De quel budget dispose chacun de ces mécanismes et ont-ils des représentations en province? a-t-elle demandé. Lexperte a voulu savoir si les résultats de leurs travaux ont été évalués.
Mme SILVIA ROSE CARTWRIGHT, experte de la Nouvelle-Zélande, a concentré ses commentaires sur la situation des femmes âgées et de la population vieillissante en Lituanie. Les politiques sur les mesures temporaires spéciales ne semblent pas traiter le cas des femmes âgées, dont le nombre dépasse progressivement celui des hommes. Le chômage semble être le plus grave problème auquel feront face les femmes âgées. Les femmes qui nauront pas eu demploi de façon continue seront désavantagées. Outre les interruptions dans leurs périodes de travail, elles auront aussi des pensions moins élevées du fait de leur niveau de salaire inférieur. Bien quelles vivent plus longtemps que les hommes, les femmes souffrent donc de conditions handicapantes pendant plus longtemps. Mme Cartwright a demandé si le Gouvernement sest également préoccupé de leurs besoins en matière de soutien psychologique et de santé. Le Gouvernement a-t-il observé des problèmes liés à la violence dans ce groupe dâge? sest interrogée lexperte, et des mesures ont-elles été prises pour lutter contre ces problèmes?
Mme YUNG-CHUNG KIM, experte de la République de Corée, a demandé à savoir si le décret ordonnant, dans le cadre des mesures temporaires spéciales, des mesures préférentielles à légard des femmes dans une institution universitaire est exécutoire, si les mesures quil prévoit ont été mises en uvre et avec quels résultats. Elle a souhaité savoir si une politique analogue a été adoptée dans dautres domaines.
Mme AHOUA OUEDRAOGO, experte du Burkina-Faso, a estimé que la présence de nombreuses ONG serait un atout majeur pour discuter de linstauration de quotas pour assurer la participation de la femme à la vie publique et sa présence à des postes de responsabilité. Cest quand la femme sera bien représentée quelle pourra prendre des décisions protégeant ses droits.
Mme YOLANDA FERRER GOMEZ, experte de Cuba, a voulu connaître les détails de la participation de la Lituanie aux programmes européens démancipation de la femme. Elle a souligné limportance de travailler auprès des hommes pour transformer les schémas et modèles de comportement en vue de parvenir à lélimination des préjugés et des pratiques coutumières préjudiciables aux femmes. Reconnaissant les efforts pour éliminer les représentations défavorables des femmes dans les médias, elle a demandé ce qui était fait dans le domaine de léducation, de la formation du personnel judiciaire et policier. Insistant sur le rôle du père dans la famille, elle a estimé quil importe de faire un travail déducation permanente pour éliminer les préjugés. Notant que le chômage des femmes est élevé et que les disparités de rémunération restent importantes, elle a recommandé que des mesures soient prises pour assurer lapplication de la loi dans ce domaine et a demandé quon lui explique les actions entreprises en vue déliminer les stéréotypes.
Mme IVANKA CORTI, experte de lItalie, a insisté sur la difficulté dappliquer larticle 5 qui invite à modifier les modèles de comportements culturels. Elle a voulu connaître la portée de linfluence de léglise sur la politique de promotion de la femme. Elle a demandé des détails sur le manuel publié par le Gouvernement sur la violence conjugale, compte tenu du fait que léglise considère la violence domestique comme une affaire privée dans laquelle la loi na pas lieu dintervenir.
Félicitant le Gouvernement lituanien pour son action sur les médias, elle a posé la question de savoir dans quelle mesure les médias avaient participé à la diffusion de la Convention. Elle a demandé comment le Gouvernement traitait lexploitation commerciale des femmes dans les médias. Existe-t-il un code de déontologie des médias? Regrettant labsence dinformation sur le traitement de la pornographie dans les rapports, elle a demandé des précisions à ce sujet.
Mme MAVIVI MYAKAYAKA-MANZINI, experte de lAfrique du Sud, sest intéressée aux méthodes qui avaient été utilisées pour agir sur les médias sans porter atteinte, pour autant, à la liberté de la presse. Observant que nombre de stéréotypes ont leur origine dans la famille, elle a voulu savoir combien dhommes utilisent leur congé parental pour effectivement soccuper des enfants et sil existe un mécanisme de contrôle.
Mme SAVITRI GOONESEKERE, experte du Sri Lanka, basant sa question sur larticle 6 de la Convention qui dispose que les Etats parties prennent toutes les mesures pour supprimer le trafic des femmes et lexploitation de la prostitution des femmes, sest inquiétée dune part de la définition du viol dans le droit lituanien et sur les sanctions à lencontre des proxénètes.
Mme ROSARIO MANALO, experte des Philippines, a demandé ce quil en était des programmes de réinsertion des victimes de violence sexuelle. Elle a voulu savoir quelle formation recevait le personnel chargé de venir en aide aux victimes. Elle sest inquiétée de certains articles du Code pénal Lituanien qui prévoit des sanctions pour prostitution des victimes de la traite et a espéré que ce ne sont pas les victimes qui sont punies par la loi, mais bien les responsables de la traite.
Mme HANNA BEATE SCHOPP-SCHILLING, experte de lAllemagne, fondant ses commentaires sur larticle 7 de la Convention concernant lélimination de la discrimination à légard des femmes dans la vie publique et politique, sest penchée sur le rôle des ONG et a voulu savoir si celles-ci recevaient des financements de lEtat. Elle a souhaité savoir si lEtat était prêt à soutenir les ONG comme le Centre dinformation sur les affaires féminines dont il fait des gorges chaudes et à soutenir financièrement les associations de personnes âgées. Sappuyant sur les dispositions de la loi concernant les charités, elle a voulu savoir si les associations sont autorisées à percevoir des cotisations. Elle a demandé comment le Gouvernement espère compter sur les associations de femmes alors quil ne leur fournit aucun revenu?
Mme YUNG-CHUNG KIM, experte de la République de Corée, a noté quelques inexactitudes dans les statistiques relatives à la représentation des femmes. Elle a demandé à savoir exactement combien de femmes avaient été élues lors des dernières élections locales et quelles étaient les estimations pour les prochaines élections législatives prévues à lautomne, compte tenu du fait que la proportion de femmes au Parlement nest que de 18%. De la même manière, au niveau des partis politiques, quelle est la participation des femmes et quelles positions occupent- elles. Elle a enjoint le Gouvernement à faire son possible pour soutenir laction du Centre dinformation sur les affaires féminines.
Mme SALMA KHAN, experte du Bangladesh, commentant les mesures prises en application de larticle 11 de la Convention visant à lélimination de la discrimination à légard des femmes dans le domaine de lemploi, est revenue sur le rôle du Médiateur pour légalité des chances dont le rôle est bien détaillé dans le rapport. Toutefois, elle a demandé des éclaircissements sur le fait quon relève une perte de part de marché de lemploi pour les femmes, sauf dans lagriculture, les soins de santé et laction sociale secteurs traditionnellement dits féminins et que le chômage augmente dans le pays. Elle sest inquiétée de laccessibilité à lemploi et des disparités de rémunération, relevant que la ségrégation subsiste dans le marché du travail. Elle a exprimé sa préoccupation devant la situation des femmes âgées sur le marché du travail. Elle a demandé à savoir quelles mesures étaient prévues pour mettre en conformité la Loi lituanienne sur le travail avec les conventions de lOrganisation internationale du travail (OIT). En dernier lieu, elle sest alarmée du fort taux de harcèlement sexuel sur le lieu de travail et a voulu connaître les mesures existantes pour protéger et indemniser les femmes qui se plaignent de harcèlement sexuel.
Mme HANNA BEATE SCHOPP-SCHILLING, experte de lAllemagne, reprenant la parole pour commenter lapplication de larticle 11, a demandé des précisions sur les conditions dans lesquelles les femmes qui souhaitaient créer leur entreprise avaient accès au crédit. Citant dautres chiffres concernant le chômage qui, selon ses sources, sélèverait à 20% en Lituanie a demandé de savoir comment le Gouvernement comptait les chômeurs et quelle était la proportion de femmes au chômage de longue durée, la proportion de femmes âgées au chômage et la proportion de diplômées. Notant que lallocation chômage cesse au bout de six mois, elle a demandé ce qui arrivait après cette période? Tient-on compte de la situation de famille et de son revenu pour évaluer le montant des indemnités chômage? Est-il prévu que les familles viennent en aide aux femmes qui ne touchent plus lallocation chômage. Elle sest inquiétée de laccès au plan de formation pour les femmes financé par les employeurs puisquil est courant que les employeurs préfèrent ne pas recruter des femmes ayant des enfants ou des femmes âgées.
Sinquiétant des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes, elle a observé que pour les pays sortant du système soviétique, il y a en général une sous-évaluation des rémunérations dans léducation et la santé, secteurs qui emploient de nombreuses femmes. Elle a estimé que lon remarquait là une discrimination indirecte à légard des femmes. Elle a voulu savoir ce qui était fait pour éliminer les discriminations héritées du passé.
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