EXAMEN DES RAPPORTS PRESENTES PAR LES ETATS PARTIES EN APPLICATION DE L'ARTICLE 18 DE LA CONVENTION SUR L'ELIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES
Communiqué de Presse
FEM/1096
EXAMEN DES RAPPORTS PRESENTES PAR LES ETATS PARTIES EN APPLICATION DE LARTICLE 18 DE LA CONVENTION SUR LELIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION A LEGARD DES FEMMES
20000615Suite du dialogue avec les expertes
Mme ROSALYN HAZELLE, experte de Saint-Kitts-et-Nevis, se référant au document final adopté lors de la session extraordinaire de lAssemblée générale consacrée à lexamen du Programme daction de Beijing, a estimé que certains mandats manquent de clarté et de ressources, ce qui affectent la capacité des mécanismes à rationaliser lintégration dune perspective sexospécifique. Exprimant sa préférence pour un Ministère spécifiquement chargé des affaires féminines, elle a voulu savoir sil existe un Ministère chef de file chargé de vérifier que les programmes sont suffisamment fondés et de coordonner la mise en uvre des divers programmes. Elle a demandé des précisions sur le rôle exact du groupe de travail interministériel chargé de lintégration des perspectives sexospécifiques et sur le niveau de représentation dans ce groupe de travail. Ce groupe de travail interministériel est-il le même que celui présidé par Mme Sickl, Ministre de la sécurité sociale et des générations?
Mme SILVIA ROSE CARTWRIGHT, experte de la Nouvelle-Zélande, félicitant lAutriche pour ses efforts visant lintégration des femmes réfugiées et migrantes, a demandé des précisions sur un commentaire figurant au rapport du Comité pour lélimination de la discrimination raciale qui note la survivance de règles qui tolèrent la discrimination à légard des étrangers se trouvant sur le territoire autrichien. Concernant les femmes victimes de la traite, elle a observé quil ne semblait pas que ces femmes puissent bénéficier de soins de santé. Il importe que lEtat fasse en sorte que les responsables de la traite des femmes soient poursuivis en justice et que ces femmes, même si lAutriche souhaite les renvoyer dans leurs foyers, aient accès aux soins de santé. Elle sest également inquiétée de la difficulté pour les épouses de travailleurs migrants dobtenir un permis de travail qui leur permettrait dêtre indépendantes de leur mari. Abordant la question des femmes demandeurs dasile, elle a demandé des détails sur les conditions dans lesquelles elles peuvent remplir une demande dasile indépendamment de leur mari.
Abordant ensuite les questions de harcèlement sexuel, Mme Cartwright a estimé que les mesures prises par le Gouvernement autrichien semblent insuffisantes. Si lAutriche souhaite limiter de telles violences à légard des femmes, il faut quelle établisse une politique plus clair et informe la police de son obligation darrêter les agresseurs. Les policiers ayant tendance à être conservateurs, il est nécessaire de leur fournir une formation constante sur ces questions. Elle a suggéré que des recherches et des analyses plus poussées soient faites dans ce domaine.
Rapprochant la situation des femmes âgées de celle des femmes handicapées, elle a estimé nécessaire de prendre des mesures particulières pour les protéger des abus psychologiques. Sagissant de la violence sexuelle, elle a suggéré quil ny ait pas de prescription pour que les femmes puissent porter plainte contre des violences sexuelles. Indépendamment de lâge de lhomme et de son statut dans la société, il est nécessaire que celui-ci soit poursuivi, même longtemps après les faits, nonobstant les difficultés que cela pose au niveau de la preuve. Au vu des mesures visant à exclure les hommes violents de la famille, elle a demandé sil existait aussi des mesures visant à les réformer et les réhabiliter.
Evoquant lallocation que lEtat autrichien sapprête à verser aux parents qui décident de prendre un congé parental, Mme AYSE FERIDE ACAR, experte de la Turquie, a estimé que donner ce choix aux parents peut être dangereux, en particulier lorsquil sagit de femmes migrantes. Elle a demandé si le Gouvernement a évalué leffet que cette allocation aura sur le fonctionnement des familles de migrants. Elle a craint que cette mesure nempêche les femmes dacquérir leur propre autonomie et ajoute à leur dépendance financière vis-à-vis de leur conjoint. Bien que la plupart des femmes migrantes soient là en tant que personnes à charge, et ne possèdent souvent pas de permis de travail, peuvent- elles saisir les tribunaux? Mme Acar a recommandé que la formation du personnel de police et du personnel judiciaire comporte une formation sur les communautés migrantes et les sensibilise à la question de la violence à légard des femmes au sein des communautés de migrants.
Le rapport indique quun plan de promotion de la femme est en vigueur depuis 1995 et oblige légalement les universités à respecter un pourcentage de femmes dans leur personnel, a noté lExperte, cependant les statistiques indiquent des progrès très lents en matière dintégration des femmes aux postes de direction dans ladministration. Mme Acar a encouragé lAutriche à prendre des mesures plus dynamiques pour remédier à ces lenteurs pour faciliter lavancement des nouvelles générations de femmes.
Mme SALMA KHAN, experte du Bangladesh, a regretté la séparation claire entre le marché de lemploi réservé aux femmes et celui quoccupent les hommes. Selon les informations fournies par une ONG, près de 60% des femmes salariées se concentrent dans 27 professions dont le niveau de rémunération est inférieur à la moyenne. Dans les secteurs auxquels elles sont cantonnées, elles occupent des postes moins élevés que les hommes. Comment les autorités vont-elles assurer la transition de ces femmes déjà salariées vers dautres secteurs? Relevant que les hommes gagnent 28 à 32% de plus que les femmes, Mme Khan sest demandé comment les autorités se proposent déliminer ces disparités de revenus. Elle a ajouté quune étude réalisée en Autriche a conclu que ces disparités allaient augmenter à terme en dépit des mesures déjà adoptées par le Gouvernement. Pourtant, un tiers des familles ont une femme à leur tête. Lexperte a demandé quel pourcentage de femmes travaille à temps partiel en Autriche et sil sagit de mères ayant des enfants en bas âge. En outre, ces femmes toucheront une pension réduite car elles auront travaillé moins dannées et touché des salaires plus bas. A terme, un grand nombre de femmes âgées risque de toucher une pension réduite et dêtre menacée par la pauvreté.
Mme Khan a également demandé quelles sont les procédures dobtention dun permis de travail pour les migrants et quels types demploi ils occupent? Mme Khan a demandé si les migrantes sont principalement employées dans le secteur informel ou en tant quemployées de maison. Lexperte sest également inquiétée de la situation des 6 à 8 000 femmes étrangères travaillant comme prostituées à Vienne seulement. Quelles sont les possibilités légales de réhabilitation des femmes victimes de la traite et quel accès ont-elles aux soins médicaux?
Répondant aux questions, Mme ELISABETH SICKL, Ministre de la Sécurité sociale et des générations de lAutriche, a expliqué que le Groupe de travail interministériel existant est composé de représentants de tous les ministères qui sont chargés dobserver et dévaluer lintégration de la perspective sexospécifique à tous les programmes des divers ministères. En revanche, le Groupe de travail interministériel quelle se prépare à instaurer sera quelque peu différent puisquil sera chargé dévaluer le travail des ministères en fonction des intérêts des femmes. Sur la question des migrantes et de leur intégration, elle a fait part de la volonté de son Gouvernement de les intégrer toutes.
Revenant sur la disposition qui laisse les familles choisir si les femmes souhaitent reprendre leur travail tout de suite ou rester à la maison pour garder leurs enfants, elle a précisé que lallocation qui est allouée aux femmes qui choisissent de garder leurs enfants ne doit pas être comprise comme une mesure visant à les inciter à rester à la maison, mais à répondre à leur désir de soccuper elles-mêmes de leurs enfants plutôt que de les confier à une institution publique.
Mme EVA KRICHMAYR, membre du Ministère de la sécurité sociale et des générations chargée de la promotion de la femme, a reconnu quil serait nécessaire détablir une institution permettant de collecter des statistiques plus précises concernant les femmes. Sagissant de la violence à lencontre des femmes, elle a mentionné plusieurs programmes de formation sur ce sujet et la multiplication des centres daccueil pour les femmes victimes de violence.
Répondant aux questions concernant les femmes victimes de la traite et leur accès aux soins de santé, M. HEINZ DROBESCH, membre du Ministère de lintérieur chargé de lélimination de la violence à légard des femmes, a signalé lexistence dun centre daide aux victimes de la traite et a reconnu que son Gouvernement était prêt à pallier les insuffisances dans ce domaine. Le Parlement autrichien sapprête à modifier la loi concernant les étrangers de façon à qualifier plus précisément les délits dexploitation détrangers victimes de la traite. Il a espéré que cette modification permettra de punir plus efficacement les responsables de la traite. Des mesures sont à létude pour aider les victimes à préparer leur retour dans leur foyer et pour leur permettre de témoigner dans les procédures civiles contre les responsables de la traite. Sagissant de la prostitution à Vienne et de la possibilité pour les prostituées dobtenir un permis de résidence, il a précisé que ce permis nest attribué que pour des raisons humanitaires et quil ne permet pas de travailler. Les prostituées doivent donc être appuyées par le Centre dintervention si elles souhaitent obtenir un permis de résidence.
Concernant la violence domestique à légard des épouses de migrants, il a corrigé le paragraphe du rapport selon lequel ces femmes ne peuvent porter plainte quaprès avoir résidé huit ans en Autriche et a affirmé quil nexiste aucun délai de ce genre. Une étude sur la violence à légard des femmes migrantes est en cours et sera soumise au Conseil consultatif en juillet, a-t-il ajouté. Sagissant de la formation des policiers sur les questions de violence domestique, il a fait part de nombreux programmes de formation des policiers et a reconnu que cette formation, qui fait partie de la formation de base des policiers, est complétée par des séminaires de formation plus spécifiques tout au cours de leur carrière. En outre, la loi sur la sécurité a été modifiée pour étendre le délai dexclusion de deux semaines à 20 jours. Dautre part, lamélioration de la collaboration entre les forces de police et les tribunaux civils permet à linformation sur la violence domestique de mieux circuler. La Loi sur la sécurité stipule maintenant clairement quil doit y avoir une coopération entre la police et le Centre dintervention contre la violence. Il a en outre mentionné quil existait deux centres de réhabilitation des auteurs de violence à légard des femmes. Les abuseurs peuvent décider librement de suivre la thérapie ou y être assignés doffice par le tribunal.
Sagissant de la violence sexuelle, il a indiqué que la loi pénale avait été modifiée en 1996 de façon à ce que des poursuites puissent être plus facilement engagées. Les peines pour des violences sexuelles à légard dadolescentes peuvent aller jusquà 15 ans demprisonnement. Concernant le droit dasile, les forces de police ont été critiquées pour ne pas appliquer la loi telle quelle existe et une deuxième instance a été instaurée devant laquelle les demandeurs dasile peuvent présenter un deuxième recours. De nouvelles lois portant une attention particulière aux femmes sont également en cours dadoption, a-t-il souligné.
Réponses de lEtat partie
Au sujet de lattribution du permis de travail aux migrants, Mme SILVIA ANGELO, Membre du Ministère fédéral des affaires économiques et de lemploi, a rappelé quil existe un quota fixant à 8% de la population le nombre de migrants qui peuvent légalement être admis à travailler. Etant donné que la situation en matière demploi sest améliorée, une législation a été adoptée il y a deux jours et facilite lattribution du permis de travail aux migrants. Si un employeur ne trouve pas de candidats à un poste parmi les chômeurs autrichiens dans les deux semaines, il doit lattribuer à un candidat étranger vivant en Autriche depuis plus de cinq ans. Cette législation comprend cependant certaines limites a indiqué la représentante.
Pour ce qui est de la discrimination sur le marché du travail et des disparités de salaire, la représentante a reconnu quil est difficile dintégrer les femmes dans un marché de lemploi dominé par les hommes. Les politiques dans ce domaine peuvent sefforcer de faire entrer les femmes sur le marché du travail par les secteurs quelles emploient traditionnellement, notamment celui des services, ou de les intégrer aux secteurs dominés par les hommes, ce qui est beaucoup plus difficile. Actuellement, lAutriche tente daugmenter le nombre de femmes dans les services, ce qui ne limite pas la ségrégation. La représentante a fait valoir que lexpérience a démontré quil est très dur pour les chômeuses darriver dans un secteur dominé par les hommes. Pour ce qui est du niveau des salaires, Mme Angelo a précisé que les partenaires sociaux sont responsables de létablissement des niveaux de rémunération. Pour ce qui est des intérimaires, elle a précisé quils représentent 16% de la population active et que 30% dentre eux sont des femmes. Cependant ces proportions augmentent en même temps que le taux de chômage des femmes. De nombreuses mères acceptent des emplois intérimaires pour pouvoir combiner leur vie de famille avec leur vie professionnelle.
Mme SANDRA MUKHERJEE-COSMIDIS, Membre du Ministère fédéral de léducation, de la science et de la culture, a déclaré que son ministère a mis laccent sur la législation afin de donner aux femmes une chance de bénéficier dune égalité des chances dans le secteur universitaire. Précisant que le nombre de femmes professeurs est passé de 2,8% à 6% au cours de cette décennie, elle a déclaré quil sagit de résultats satisfaisants pour un pays européen. Un groupe de travail se charge actuellement dun projet de mise en uvre de mesures supplémentaires pour renforcer leur participation aux instances universitaires. Elle a espéré que lAutriche pourra tirer des enseignements des pays scandinaves qui semblent avoir trouvé des réponses à ces questions. M. HELMUT SIEDL, Membre du Ministère fédéral de la sécurité sociale et des générations, a déclaré que le droit à la retraite existe pour la femme après 68 ans et pour lhomme après 65 ans. Le montant de la retraite dépend du montant des cotisations dassurance retraite apportées pendant les 15 meilleures années. Les travailleurs indépendants et les femmes qui travaillent à leur domicile, notamment, peuvent également souscrire une assurance facultative obligatoire. Les salariés à faible revenu, dont un fort pourcentage de femmes, peuvent bénéficier dune assurance maladie. La pension minimum était en 2000 de 140 dollars mais elle a été augmentée de 2 ou 3% supplémentaires pour les femmes. Les mesures pour lavenir visent à accroître le pourcentage de femmes actives, à améliorer la protection des femmes âgées, de considérer les congés maternité comme une période de cotisation qui compte pour la retraite.
Mme YUNG-CHUNG KIM, experte de la République de Corée, revenant sur les relations avec les organisations non gouvernementales, a demandé à savoir quel était leur rôle concernant la violence à légard des femmes. Quel type dactivités mènent-elles? Ont-elles instauré des centres daccueil pour les femmes victimes de violence? Quel type de relation le Ministère de la sécurité sociale et des générations entretient-il avec les ONG?
Sagissant de la participation des femmes à la vie politique, elle a rappelé que selon le rapport 27% des femmes seraient représentées au niveau fédéral, un pourcentage quelle a estimé faible par rapport aux autres pays européens et bien inférieur à leur représentation au niveau local. Elle a voulu savoir quels étaient les efforts faits par le Gouvernement fédéral dans ce domaine et si les ONG y participaient.
Concernant le programme de promotion de la femme dans lenseignement supérieur, elle a demandé combien de femmes bénéficient de ce programme. Quelle est la perspective davenir des femmes qui ont bénéficié de ce programme? Elle a demandé sil existait des universités de femmes et des politiques visant à favoriser lemploi des femmes dans lenseignement supérieur.
Revenant sur le fait que la Commission pour légalité de traitement semble recevoir peu de plaintes, elle a demandé quel était le pourcentage daffaires qui étaient soumises aux tribunaux du travail et a espéré que, dici le prochain rapport, les expertes pourront disposer de la jurisprudence dans ce domaine.
Mme CHIKAKO TAYA, experte du Japon, a demandé des détails sur la loi visant à protéger les femmes de la violence qui, à son avis, mériterait dêtre renforcée. Elle a relevé des problèmes concernant lindemnisation des victimes et leur représentation légale. Elle a noté que lindemnisation des victimes à lissue dune procédure pénale était rarement appliquée et que les victimes avaient rarement recours à une procédure civile. Pourquoi la règle dindemnisation nest- elle pas la même pour la procédure civile et la procédure pénale? Concernant le personnel de police, le système dinjonction et les sanctions pour manquement au système dinjonction, elle a estimé que le chiffre de femmes subissant des violences est très élevé par rapport à la population et que ce chiffre devrait être majoré étant donné le faible nombre de femmes qui portent plainte. Elle a donc demandé quelles étaient les sanctions pour le non-respect de linjonction dexclusion du foyer, estimant quune amende administrative était trop faible et ne répondait pas à la situation. Il faudrait une sanction plus efficace, a-t-elle souligné en demandant sil était possible daméliorer la formation de la police sur les questions ayant trait à la violence à légard des femmes.
Mme HANNA BEATE SCHOPP-SCHILLING, experte de lAllemagne, a fait valoir que ce Gouvernement, à linstar du précédent, lance des projets pilotes qui ne sont pas toujours intégrés par la suite à la législation fédérale. Elle a encouragé le Gouvernement autrichien à aller au-delà de simples projets pilotes. Félicitant le Gouvernement de lAutriche pour linclusion dune perspective sexospécifique dans ses programmes daide aux pays en développement, elle a suggéré que le Gouvernement autrichien nhésite pas à demander des conseils au Comité dexpertes.
Estimant quil importe au Gouvernement fédéral de donner une impulsion en faveur de légalité entre les sexes, elle sest déclaré insatisfaite par la réponse de la délégation autrichienne selon laquelle les changements dans les politiques reflètent lévolution de la société. Revenant sur les attributions de la Commission pour légalité des chances, elle a demandé sil nétait pas possible de lui confier la prérogative de prendre des décisions contraignantes. Elle a refusé laffirmation de la délégation autrichienne selon laquelle les principes légaux nont pas le pouvoir dinfluencer le marché et a mis en garde contre le fait que de telles affirmations peuvent être des freins à la discrimination positive.
Abordant la question de la santé, elle a demandé à savoir si un Groupe de travail ministériel était chargé dexaminer les recommandations du Comité concernant la santé et dappliquer strictement larticle 12 de la Convention qui dispose que les Etats parties doivent prendre toutes les mesures pour éliminer la discrimination à légard des femmes dans le domaine de la santé, car il arrive souvent que lon omette de prendre des mesures suffisantes pour lutter contre la discrimination de facto dans ce domaine.
Sagissant de la question de la traite qui est directement liée à la criminalité organisée, elle a recommandé que le Centre daide aux victimes à Vienne soit renforcé car il semblerait que son action nait pas lefficacité voulue. Il importe que lAutriche, comme lAllemagne, collabore avec les pays denvoi pour lutter contre ce phénomène qui touche non seulement les femmes, mais aussi les fillettes.
Elle a également demandé des précisions complémentaires sur lallocation allouée aux femmes qui arrêtent de travailler pour garder leurs enfants, estimant quil importe que les femmes qui décident de conserver leur emploi et de faire garder leurs enfants bénéficient-elles aussi dune allocation suffisante de façon à ce que cette allocation ne soit pas une incitation à rester à la maison. Citant lexemple des pays nordiques très en avance dans ce domaine, elle a demandé que le nombre de places dans les crèches et les garderies soit augmenté de manière à ce que les femmes aient réellement un choix dans ce domaine.
Mme ZELMIRA REGAZZOLI, experte de lArgentine, a posé une question sur la situation des femmes emprisonnées pour des crimes de droit commun. Ces crimes sont-ils plus fréquents parmi la population née en Autriche ou parmi les immigrées et les prostituées? Existe-t-il une politique de réinsertion de ces femmes?
Mme FENG CUI, experte de la Chine, a demandé des précisions sur les contrats accordés aux femmes dans le secteur privé et sur lefficacité des directives gouvernementales visant à favoriser lemploi des femmes dans le privé. Quelle est linstance chargée de surveiller lapplication de ces directives? Pourquoi nexiste-t-il pas de données à ce sujet?
Mme ROSARIO MANALO, experte des Philippines, citant lexemple de son pays qui fait obligation aux divers ministères de consacrer 5% de leur budget aux activités en faveur de la promotion des femmes, a demandé des précisions sur le financement de ce type dactivités. Elle a demandé sil existe un mécanisme permettant dévaluer le résultat des politiques de promotion de la femme dans un délai donné.
Elle a également posé des questions sur le recrutement de travailleurs par le système de filles au pair qui permet de recruter illégalement, sous couvert déchanges culturels, des fillettes comme femmes de ménage dans les pays développés. Ces femmes sont ensuite employées sans protection sociale, a-t-elle précisé, avant de demander ce qui était fait pour examiner0000000 cette pratique sournoise.
Mme MAVIVI MYAKAYAKA-MANZINI, experte de lAfrique du Sud, a demandé si les organisations non gouvernementales ont été consultées avant la suppression du mécanisme de promotion de la femme par la suppression du Ministère des affaires féminines. Elle a rappelé les termes du Programme daction de Beijing qui demandait que le mécanisme de promotion de la femme soit institué au plus haut niveau et a estimé que tout recul dans ce domaine risquait daffaiblir les mécanismes de promotion de la femme. Elle a demandé également si le Gouvernement autrichien nentendait la promotion de la femme quau niveau social.
Sinquiétant du déclin de la représentation des femmes au Parlement autrichien, elle a rappelé que la masse critique de femmes au parlement doit atteindre 30 à 32% pour que celles-ci puissent avoir une influence sur les décisions. Quelles sont les mesures qui sont prises pour améliorer cette situation? Existe-t-il des moyens de vérifier si les partis politiques appliquent les quotas à tous les niveaux, notamment au niveau fédéral?
En ce qui concerne le rôle des ONG en Autriche, une représentante de la délégation autrichienne a indiqué que le Ministère des affaires féminines soutient un réseau dorganisations qui uvrent pour la promotion des femmes. Il existe en outre 22 centres daccueil pour les femmes et les enfants victimes de maltraitance, y compris dans les zones rurales.
M. HEINZ DROBESCH, Membre du Ministère fédéral de lintérieur, a indiqué quun Conseil composé de membres de différents ministères et organisations non gouvernementales uvre dans le domaine de la lutte contre la violence domestique. En ce qui concerne lindemnisation des victimes de violences, le représentant que le code pénal autrichien, étant très ancien, ne fait pas référence aux victimes. Aujourdhui, il est cependant possible de combiner une procédure pénale et une procédure civile. Il a reconnu que la traite des êtres humains a fait plus de victimes que ne lindiquent les statistiques officielles. En plus de louverture de centres dintervention, il a précisé que lAutriche a pris des mesures supplémentaires pour lutter contre lexploitation des migrants par le biais de la coopération internationale. En ce qui concerne les filles au pair, elles ne peuvent pas entrer clandestinement en Autriche car elles doivent préalablement demander un permis dinstallation et être recensées sur un quota pour les étrangers. Il a précisé quen Autriche, il y a eu des cas dexploitation de prostituées mais pas de filles au pair.
Mme SANDRA MUKHERJEE-COSMIDIS, Membre du Ministère fédéral de léducation, de la science et de la culture, a souligné que les projets pilotes en cours sur lintégration professionnelle des femmes seront appliqués à terme.
En conclusion, Mme ELISABETH SICKL, Ministre de la sécurité sociale et des générations, a souligné lexistence de nombreux projets pour lélimination de la violence physique mais aussi de la violence psychologique. Adressant les remarques sur la nécessité daméliorer les pratiques du secteur privé, elle a indiqué que son Gouvernement sy employait. Concernant lévolution des retraites, elle a mentionné lexistence dun groupe de travail ministériel chargé détudier cette question. Sur la question de lintégration des femmes handicapées, elle a fait valoir quune institution était chargée de les aider à sintégrer au marché de lemploi.
Répondant aux questions sur les organisations non gouvernementales, elle a fait part dun dialogue en cours et a insisté sur le fait quelle tenait compte des opinions de ces organisations. Elle sest dite soucieuse de maintenir un dialogue positif avec les ONG. Concernant la disparition de linstance chargée des affaires féminines auprès de la Chancellerie fédérale, elle a rappelé que tous les ministères sont à égalité et que son département a la même position formelle. Elle a précisé que pour son Gouvernement la question de la promotion de la femme est une question dhumanisme et pas seulement de protection sociale.
Mme AIDA GONZALEZ, experte du Mexique et Présidente du comité, a remercié la délégation autrichienne pour la précision de ces réponses et la qualité du dialogue qui a eu lieu cet après-midi. Elle a exprimé lespoir de voir rapidement lAutriche ratifier le Protocole facultatif à la Convention et lamendement à larticle 20 de la Convention. Elle a apporté des précisions sur les méthodes danalyse du Comité quelle a qualifiées de globales et dintersectorielles. Elle a rappelé les préoccupations du Comité et des autres instances chargées des droits de lhomme ayant trait à la traite et à la criminalité organisée, et sest félicitée des mesures prises pour traduire en justice les auteurs de ces crimes. Toutefois, elle a souligné quil faut aussi bien sattaquer à la source de la traite quà la demande qui existe dans les pays occidentaux sans laquelle il ny aurait pas de victimes de ce fléau. Elle a également mentionné les préoccupations du Comité à légard des femmes migrantes, de leur protection contre la violence et de leur accès au marché du travail. Enfin, elle a demandé à la Ministre de diffuser le contenu de cette séance à toutes les instances concernées dès son retour dans son pays.
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