L'AUTRICHE VA LEVER SES RESERVES PORTANT SUR LE TRAVAIL DE NUIT DES FEMMES ET LEUR ACCES A L'ARMEE
Communiqué de Presse
FEM/1095
LAUTRICHE VA LEVER SES RESERVES PORTANT SUR LE TRAVAIL DE NUIT DES FEMMES ET LEUR ACCES A LARMEE
20000615La discrimination à légard des femmes sur le marché de lemploi continue de poser un problème en Autriche
Il existe encore une discrimination de fait à légard des femmes dans de nombreuses sphères de la société autrichienne, a déclaré Mme Elisabeth Sickl, Ministre de la sécurité sociale et des générations et Chef de la délégation de lAutriche, devant le Comité pour lélimination de la discrimination à légard des femmes (CEDAW). Le Comité entamait, ce matin, son examen des troisième, quatrième et cinquième rapports périodiques de ce pays. En-dehors des mesures législatives, seule une liberté de décision accrue à tous les niveaux de léconomie et de la société peut compenser les différentes formes de discrimination qui frappent encore les femmes dans la société autrichienne, a poursuivi la Ministre, avant de présenter une série de mesures prises pour protéger les femmes de la violence domestique, de la traite, de la discrimination dans lemploi, ainsi que pour valoriser les compétences familiales des mères au foyer.
Une représentante a reconnu que la discrimination à légard des femmes sur le marché du travail continue de poser problème en Autriche. Les enquêtes ont révélé que les deux tiers des femmes travaillent dans les secteurs traditionnellement dits féminins, ce qui a des conséquences sur les niveaux de salaires. En outre, elles ont, pour la plupart des emplois à temps partiel et interrompent leur carrière pour fonder une famille. Face à cette situation, le Gouvernement a pris des mesures visant à favoriser la formation professionnelle des femmes et à faciliter leur insertion dans tous les secteurs.
A une experte qui regrettait labolition du Ministère des affaires féminines de la Chancellerie fédérale, dont lutilité est de jouer le rôle de chien de garde et de sassurer que les politiques intègrent une dimension sexospécifique, la Ministre a précisé que ce département a simplement été intégré au Ministère de la sécurité sociale et des générations quelle dirige. Elle a fait valoir que le budget consacré aux femmes a augmenté denviron 15% depuis le dernier exercice.
(à suivre 1a) - 1a - FEM/1095 15 juin 2000
La Ministre de la sécurité sociale et des générations a annoncé que lAutriche devrait ratifier le Protocole facultatif relatif à la Convention pour lélimination de toutes les formes de discrimination à légard des femmes (CEDAW) dici au mois de juillet 2000. Rappelant que les femmes navaient traditionnellement pas accès à larmée fédérale autrichienne, Mme Sickl a indiqué que cette situation a complètement changé en janvier 1998, avec ladoption dune loi sur la formation des femmes dans les forces armées, qui autorise leur participation volontaire à des stages de formation équivalents au service militaire. De ce fait, lAutriche a décidé de retirer ses réserves à larticle 7b de la CEDAW, qui engage les Etats parties à éliminer la discrimination à légard des femmes dans la vie politique et publique, ainsi quà larticle III de la Convention sur les droits politiques des femmes. Un autre membre de la délégation a indiqué que, dans le cadre de lapplication des directives européennes en la matière qui doivent entrer en vigueur dici à 2001, lAutriche sapprête à lever entièrement sa réserve à larticle 11 de la CEDAW relatif au travail de nuit des femmes.
Au cours du dialogue qui sest engagé entre les expertes du Comité et les membres de la délégation autrichienne, les questions ont porté sur la situation des femmes non autrichiennes vivant en Autriche quelles soient immigrées ou réfugiées. Au vu du rapport dautres comités chargés des droits de lhomme, une experte sest inquiétée de la montée de la xénophobie et du racisme en Autriche. Elle a également demandé si les femmes victimes de la traite ou de la violence sur le territoire autrichien ont accès aux soins de santé et disposent de moyens de sen protéger. Une autre experte sest inquiétée de la situation des femmes âgées célibataires ou divorcées et de leur accès à la sécurité sociale et aux retraites qui semblent dépendre de leur état civil. Elle a demandé quels types de prestations sociales étaient disponibles pour ces femmes, ce à quoi un membre de la délégation a répondu que 99% de la population autrichienne bénéficie dune couverture sociale.
Au sujet des informations fournies dans les rapports selon lesquelles de nombreuses femmes travaillent à temps partiel et dans des emplois mineurs afin de pouvoir se consacrer aux travaux domestiques et à léducation des enfants, une experte a demandé quels sont les programmes mis en place pour transformer ces stéréotypes. Elle a également noté que, daprès les statistiques, 50% des femmes ne seraient pas passées par lenseignement obligatoire, et a mis en garde la délégation sur le fait que ces disparités dans léducation se répercutent sur la situation des femmes tout au long de leur vie.
Le Comité poursuivra, cet après-midi à 15 heures, lexamen de la situation des femmes en Autriche.
EXAMEN DES RAPPORTS PRESENTES PAR LES ETATS PARTIES EN APPLICATION DE LARTICLE 18 DE LA CONVENTION SUR LELIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION A LEGARD DES FEMMES
Documentation
Les troisième et quatrième rapports périodiques de lAutriche (CEDAW/C/AUT/3-4) décrivent lévolution de la situation des femmes dans ce pays depuis la présentation du deuxième rapport périodique, examiné en 1991, qui porte sur la période allant de 1983 à 1988. Il expose les problèmes quotidiens faisant obstacle à la réalisation de la pleine égalité des sexes et rend compte des principales mesures juridiques prises entre 1989 et 1995, des programmes entrepris en faveur des femmes, des initiatives lancées par et pour les femmes ainsi que dautres projets intéressants les femmes. Ils rappellent que les progrès accomplis au cours des dix années précédentes sont laboutissement logique de laction engagée précédemment. Dans une lettre introductive, Mme Helga Konrad, Ministre fédéral aux affaires féminines de lAutriche, écrit que lhistoire retiendra les années 70 comme la décennie des réformes sociopolitiques, au cours de laquelle les femmes ont acquis beaucoup plus dindépendance personnelle et, par le biais de la réforme du droit autrichien de la famille, de la légalisation de lavortement et du relèvement du niveau dinstruction, ont acquis une maîtrise accrue de leur vie. Entre 1989 et 1995, les femmes se sont surtout efforcées dasseoir leur position dans le secteur public. Leurs objectifs prioritaires étaient légalité de traitement dans le travail et une répartition équitable des postes dans les instances politiques et dans ladministration. Cela sest traduit par létablissement de quotas, dune législation sur légalité de traitement, par la désignation de responsables des affaires féminines, par une loi sur le congé parental et par la création dun bureau de médiateurs pour les questions touchant légalité de traitement.
Le cinquième rapport périodique de l'Autriche (CEDAW/C/AUT/5) contient une description approfondie de certaines initiatives pour la promotion de la femme en Autriche depuis 1996 jusqu'à mi-1999. Les mesures les plus importantes que l'Autriche s'est efforcée d'appliquer au cours de la période couverte par ce rapport ont été la création d'un cadre juridique pour l'établissement de l'égalité des femmes et des jeunes filles dans tous les aspects de la vie sociale. Les autorisés autrichiennes se sont efforcées de préserver et de créer des emplois pour les femmes grâce à des programmes concernant le marché du travail spécialement consacres à la promotion de la femme. Elles ont élaboré des mesures spéciales pour appuyer les femmes qui, après avoir interrompu leur vie professionnelle ou après des périodes de chômage, souhaitent retourner sur le marché de l'emploi. LAutriche a élaboré des programmes pour surmonter les préjugés défavorables aux femmes et qui gênent le libre choix dune profession ou dun emploi. Des activités de formation des femmes ont été organisées afin daccroître le nombre de femmes ayant une position importante dans la vie politique, économique et publique, dans la science et dans dautres domaines intéressants particulièrement la société. Les pouvoirs publics autrichiens ont tenté de donner aux hommes et aux femmes la possibilité de concilier les responsabilités du travail et les obligations familiales grâce à la création de services de soins aux enfants en nombre suffisant en insistant pour que les époux partagent le travail à la maison et agissent en partenaires égaux pour ce qui touche à léducation des enfants. Lamélioration de la situation des femmes âgées a aussi fait lobjet dune législation sur les assurances sociales et la situation des femmes lors de létablissement des retraites a été examinée avec une attention accrue. Le Gouvernement sest attaché à sauvegarder besoins fondamentaux matériels et non matériels des femmes et des enfants constituant une famille monoparentale. Il a adopté des mesures de prévention de la violence et fourni une assistance aux victimes, en les informant sur leurs droits et en créant des refuges pour les femmes et les enfants qui sont menacés par la violence ou qui y sont exposés. Par ailleurs, les programmes et les projets de coopération pour le développement instituent une prise en compte complète des besoins des femmes à tous les niveaux et dans tous les domaines. Ces programmes et projets défendent le principe de légalité des femmes et de la prise de responsabilité par les femmes dans les politiques de développement de lUnion européenne et dans dautres assemblées internationales. Le rapport indique également que lAutriche a entrepris de plaider la cause des droits des femmes au niveau international et dappuyer les mesures visant à assurer une application plus sélective des conventions internationales sur les droits de lhomme. Le document expose ensuite la mise en uvre de la Convention par la réalisation des activités décrites conformément à chaque article du traité.
Dans la liste des questions et problèmes soulevés dans le cadre de lexamen des rapports périodiques de lAutriche (CEDAW/PSWG/2000/II/CRP.1/Add.1), le groupe de travail présession relève que certains progrès ont été réalisés en ce que des dispositions législatives non sexistes ont été adoptées touchant le travail de nuit mais quaucune précision nest donnée quant à létat de la réserve formulée par lAutriche au sujet de larticle 11. Il ressort de certaines parties des rapports présentés par ce pays que les réflexes dassigner les hommes et les femmes à leurs rôles et tâches jugés traditionnels perdurent et quentre le deuxième rapport périodique, examiné en janvier 1991, et le cinquième rapport, ils nont guère évolué. Le Groupe de travail note également que le dernier paragraphe de lintroduction du cinquième rapport donne limpression que lAutriche aborde la question du progrès de la femme et de légalité des femmes et des hommes dans la perspective de laide sociale au lieu den faire une question de droits de lhomme. Le Groupe de travail présession fait ensuite part de ses questions au sujet de la conformité à chacun des articles de la Convention pour lélimination de toutes les formes de discrimination à légard des femmes de certaines parties des rapports présentés par lAutriche.
Présentation de lEtat partie
Le Chef de la délégation autrichienne, Mme ELISABETH SICKL, Ministre de la sécurité sociale et des générations de lAutriche, a indiqué quelle a accédé à cette charge le 1er avril dernier, à la suite de la formation dune nouvelle coalition gouvernementale en Autriche au mois de février dernier. Ses responsabilités englobent les questions relatives aux politiques sociales, les politiques féminines, les politiques concernant les jeunes, la famille, les personnes âgées et le domaine de la santé. Précédemment, lélaboration des politiques féminines était du ressort des services de la Chancellerie fédérale.
Mme Sickl a déclaré que le nouveau Gouvernement fédéral autrichien considère que les politiques à légard des femmes font partie intégrante de sa politique générale. Les politiques féminines relèvent donc du Gouvernement dans son ensemble et, partant, de tous les ministères. Etant donné quil existe encore une discrimination de fait à légard des femmes dans de nombreuses sphères de la société, le Gouvernement est conscient de la nécessité délaborer indépendamment des autres les politiques concernant les femmes afin de lutter contre ce phénomène. La Ministre a été davis quen-dehors des mesures législatives,
seule une liberté de décision accrue à tous les niveaux de léconomie et de la société peut compenser les différentes formes de discrimination qui frappent les femmes dans la société. Beaucoup reste à faire en Autriche pour créer les conditions propices à lexercice de cette liberté par les femmes.
La représentante a indiqué que son Gouvernement semploie, à travers le Ministère fédéral de léconomie et de lemploi, à amender dans les meilleurs délais la loi sur légalité de traitement dans le secteur privé. Lamendement de cette loi vise notamment à déplacer le fardeau de la preuve dans les cas de harcèlement sexuel et à aggraver les sanctions punissant les infractions à lobligation de faire des offres demploi neutres en ce qui concerne le sexe des candidats. Elle a précisé quune représentation régionale du bureau de lombudsman chargé de légalité de traitement a été mise en place. Linstitution a un bureau central à Vienne et un bureau régional à Innsbrück. Un bureau sera prochainement établi en Carinthie.
La Ministre a souligné la volonté de son Gouvernement doffrir aux parents une réelle liberté de choix dans lharmonisation de leurs vies professionnelle et familiale. Le Gouvernement a lintention de mettre en place une pension destinée à aider les parents à élever leurs enfants, et à choisir librement entre la poursuite de leur carrière et un congé parental. A partir du 1er janvier 2002, le Gouvernement versera 6 000 Schillings (environ 400 dollars) aux pères ou aux mères qui choisissent le congé parental, quelle ait été préalablement employée ou non.
Les activités de lutte contre la violence à légard des femmes, se sont intensifiées au cours des dernières années. En mai 1997, ladoption de la loi fédérale sur la protection contre la violence familiale a créé un cadre légal pour la protection des victimes. Les organes de sécurité publique sont désormais autorisés à ordonner au coupable de ces violences de quitter le domicile familial et à interdire son retour. Les femmes et les enfants victimes de violences familiales ne sont donc plus obligés de fuir leur foyer par peur de leur agresseur. Pour accompagner cette loi, des centres dintervention contre la violence domestique ont été créés. En outre, une campagne de sensibilisation télévisée à ces problèmes et des programmes de formation ont été entrepris dans toutes les professions et les institutions susceptibles dy être confrontées. Le Gouvernement autrichien continue de déployer des efforts pour renforcer la protection des victimes de violence.
Le problème de la traite des êtres humains, et particulièrement des femmes, a reçu une attention particulière et un centre dintervention qui conseille et aide les femmes victimes de la traite a été ouvert à Vienne en 1998. Les dispositions du droit pénal en matière dabus sexuels des enfants et des adolescents ont été renforcées.
Dans le cadre de lUnion européenne, lAutriche a intégré les directives européennes pour légalité des chances en matière demploi dans son Plan national pour lemploi et les réexamine annuellement. La représentante a exposé les mesures prises pour renforcer lutilisation par les femmes des nouvelles technologies de linformation, ainsi que leur participation à lélaboration de ces technologies. Ces actions sont entreprises dans le cadre des institutions éducatives, des entreprises et des services administratifs. Elles sadressent tant aux mères, qui ont un rôle de modèle, quà leurs filles. De nombreuses mesures ont également été prises pour aider la réinsertion professionnelle des femmes au foyer et pour valoriser les compétences familiales.
Mme Sickl a rappelé que lAutriche a signé le Protocole facultatif relatif à la Convention pour lélimination de toutes les formes de discrimination à légard des femmes (CEDAW) en décembre 1999 et quil devrait être ratifié dici au mois de juillet 2000. En outre, elle a indiqué que, suite à ladoption dune loi sur léducation des femmes autorisant leur enrôlement volontaire dans larmée, en 1998, lAutriche a décidé de retirer ses réserves à larticle 7b de la CEDAW et à larticle III de la Convention sur les droits politiques des femmes, émises dans le cadre des limitations que prévoit la législation nationale autrichienne.
Questions des expertes
Mme AIDA GONZALEZ, experte du Mexique et Présidente du Comité, avant de passer la parole aux expertes, sest félicitée du fait que lAutriche sapprête à accepter lamendement à larticle 20 de la Convention.
Mme CARMEL SHALEV, experte dIsraël, sest déclaré préoccupée par lévolution de la condition de la femme en Autriche, tout en se disant impressionnée par lampleur et la qualité de la délégation autrichienne présente qui semble attester du sérieux que le Gouvernement autrichien, en labsence dun Ministère spécialisé, accorde aux affaires féminines. Elle a félicité le Gouvernement de lAutriche pour le retrait de sa réserve concernant le service militaire et la encouragé à retirer sa réserve à larticle 7.
Ses questions ont porté principalement sur la situation des femmes non autrichiennes -- immigrées ou réfugiées -- vivant en Autriche. A linstar des autres comités chargés des droits de lhomme, elle sest inquiétée de la montée de la xénophobie et du racisme en Autriche. Abordant la question des victimes de la traite qui se trouvent en Autriche et sont victimes de violence sur le territoire autrichien, elle a tenu à savoir si ces femmes avaient accès aux soins de santé et disposaient de moyens de se protéger contre les violences à leur encontre. Elle a regretté labsence de chiffre concernant les victimes de la traite.
Concernant légalité des chances sur le marché du travail, Mme Shalev a regretté labsence de statistiques concernant les cas portés devant les tribunaux du travail. Elle a voulu savoir si lon avait mis en place des programmes visant à favoriser le recrutement de spécialistes des questions féminines dans les universités. Pour ce qui est de la tendance à favoriser les rôles traditionnels des femmes en tant que mères et éducatrices, elle a observé que les structures daccueil pour les enfants, notamment les crèches et les écoles maternelles, sont toujours insuffisantes.
Elle sest inquiétée de la situation des femmes âgées et de leur accès à la sécurité sociale et aux retraites qui semble dépendre de leur état civil. Elle a demandé quels types de prestations sociales étaient disponibles pour les femmes âgées qui sont restées célibataires ou sont divorcées. Dautres questions ont porté sur le bien être psychologique des personnes âgées, notamment les programmes existants pour rompre leur isolement.
Mme YOLANDA FERRER GOMEZ, experte de Cuba, sest penchée sur la situation de la femme autrichienne face à léducation, observant que daprès les statistiques 50% des femmes ne seraient pas passées par lenseignement obligatoire. En dépit des explications tendant à justifier ces disparités entre garçons et filles, elle a voulu savoir ce qui était fait au niveau des communautés pour transformer les stéréotypes qui régissent les rapports familiaux. Estimant que ces disparités se répercutent sur la situation des femmes tout au long de leur vie, elle a demandé des précisions sur les programmes concernant le genre et sur les actions menées dans les familles. Elle sest également inquiétée de la recrudescence de la violence à légard des femmes dans les écoles et a demandé un supplément dinformation sur ce sujet.
Abordant ensuite la question de légalité de traitement, elle a demandé quels étaient les résultats obtenus par les diverses instances mises en place, notamment le Médiateur pour légalité des chances. Quels sont les résultats pratiques des politiques menées en faveur des femmes sur le marché du travail?
Mme IVANKA CORTI, experte de lItalie, est revenue sur labolition du Ministère des affaires féminines et sest inquiétée de lévolution de la politique menée par le Gouvernement. Elle a estimé que labolition de ce Ministère avait une portée symbolique et ne sexpliquait pas si, comme la affirmé Mme Sickl, il ny a pas de changement dorientation. Un Ministère des affaires féminines est utile dans un Gouvernement car il fonctionne comme un chien de garde et permet de surveiller que les politiques intègrent une dimension sexospécifique. Elle a demandé sil y avait une diminution des ressources allouées pour les programmes et politiques en faveur de légalité des sexes et de la promotion de la femme. Observant que les disparités en matière de rémunération en Autriche sont très grandes, elle a demandé des détails sur linstitution de lOmbudsperson chargé de légalité des chances en matière demploi. A-t-elle le droit de recevoir des plaintes? Quels sont exactement ses pouvoirs? A-t-elle le pouvoir de prendre des mesures ou simplement de référer les plaintes?
Pour ce qui est de la participation des femmes aux prises de décisions, Mme Corti a noté que lon observe une diminution du nombre de femmes représentées au Parlement et au Gouvernement et a demandé ce que faisait le Gouvernement pour inverser cette tendance.
Abordant la question de limmigration, elle a reconnu que lAutriche avait reçu de nombreuses personnes venant de lEurope de lEst et que celles-ci avaient le droit de travailler. Toutefois elle a demandé si lAutriche avait fixé un quota dimmigrantes par an et a souhaité recevoir des précisions sur les programmes dinsertion existants.
Réponses aux questions du Comité
Répondant aux questions des expertes, Mme ELISABETH SICKL, Chef de la délégation de lAutriche et Ministre fédéral de la sécurité sociale et des générations, a déclaré que le Ministère de la condition féminine na pas été réellement aboli. En fait, le département de la Chancellerie fédérale, qui était chargé des affaires féminines, a été transféré sans modification au Ministère de la sécurité sociale qui, en plus des affaires féminines, englobe également la protection de la santé. Toutes les questions dont soccupe ce ministère sont également importantes mais ne peuvent apparaître dans le titre de cet organe. Elle a ajouté que, pour ce qui est de la participation des femmes à la vie politique, lAutriche se place au 11e rang au niveau international et son Chancelier est une femme.
Prenant à son tour la parole, M. HEINZ DROBESCH, Membre du Ministère de lintérieur spécialiste de lélimination de la violence et de la sécurité contre les femmes et de limmigration, a indiqué que lAutriche possède un conseil consultatif composé de membres des ONG et des ministères soccupant de visites dans les commissariats de police et dans les établissements carcéraux, ils peuvent également consulter les dossiers de la police. En ce qui concerne les victimes de la traite des êtres humains, les ministères de lintérieur et de la sécurité sociale ont élaboré un projet modèle de centre dintervention dans lequel les victimes recevraient soins et appuis. Les victimes de la traite nont pas droit à la sécurité sociale mais les soins de santé qui leurs sont dispensés sont fournis par les deux ministères concernés.
Le représentant a indiqué que la collecte des données sur les cas de violence est effectuée par la police et les forces de lordre, ce qui implique un manque dinformations sur les victimes. Les informations sur les victimes de la traite proviennent des centres dintervention. On ne dispose pas dinformations sur létat davancement des poursuites judiciaires, ni sur la ventilation des données par sexe.
Pour ce qui est de laccès des immigrantes au marché de lemploi, il nest légalement possible que pour les étrangers qui ont le statut de résident régulier. Lobtention de ce statut requiert la possession dun permis de résidence et le dépôt dune demande de la part dun employeur. Il existe un quota de la loi des étrangers et un quota sur lemploi des ressortissants étrangers. Il est extrêmement important de préciser que la loi sur les étrangers neffectue pas de discrimination sur la nationalité ni sur le sexe.
M. HELMUT ZIEDL, Membre du Ministère fédéral de la sécurité sociale et des générations, a fourni des détails sur le fonctionnement du système des prestations sociales en Autriche. Le régime de sécurité sociale sapplique à toutes les personnes employées, y compris dans lagriculture. Le régime dassurance sociale sétend également aux membres de la famille des employés. Le régime de protection sociale touche donc 99% de la population autrichienne que ce soit en tant quemployé, de dépendant, de chômeur ou de retraité. Il a souligné que les membres de la famille sont inclus sans cotisation supPlémentaire et que la cotisation est la même pour tous les travailleurs quel que soit leur âge. En outre, les résidents autrichiens ont la possibilité de souscrire des assurances indépendantes.
Mme SICKL, Ministre de la sécurité sociale et des générations, a donné des détails sur le budget concernant les femmes qui a augmenté denviron 15% depuis le dernier exercice. Concernant les personnes âgées, elle a mentionné que le Parlement venait de décider de la création dun Conseil autrichien des personnes âgées, qui représente les intérêts des personnes âgées face au Gouvernement. Le même type de Conseil a été créÉ pour la jeunesse. La Ministre a estimé que ces institutions étaient très novatrices. Pour ce qui est des structures daccueil, elle a signalé quun projet était à létude pour créer des structures qui regrouperaient les personnes âgées et les enfants.
Mme BERNADETTE GISINGER-SCHINDLER, membre du Ministère de la sécurité sociale et des générations, a apporté des précisions sur lintégration dune perspective sexospécifique dans les programmes de santé. Elle a fait part du travail du Conseil de la santé qui sefforce daméliorer les prestations de santé délivrées aux jeunes filles, aux femmes adultes et mères, et enfin aux femmes âgées. Pour le premier groupe cible, le programme vise surtout la santé génésique des adolescentes et la protection contre la toxicomanie. Le programme visant les mères et les femmes adultes concerne principalement la santé reproductive, la création de centres daccueil pour les enfants, linstitution de refuges pour les femmes victimes de violence, lapplication dun programme de dépistage des cancers du poumon, de lutérus et du sein et laide aux femmes responsables de parents malades. Pour ce qui est des femmes âgées, le programme encourage un mode de vie actif et une alimentation saine. Il vise aussi à fournir des soins à domicile et à rompre lisolement. La représentante a défini ce quelle entendait par intégration sexospécifique et a présenté les informations diffusées par son ministère pour éduquer les femmes sur leur santé. Elle a mentionné des séminaires pour lutter contre la violence, former le personnel soignant aux questions sexospécifiques et adapter les programmes de santé aux questions touchant plus particulièrement les femmes.
Mme SILVIA ANGELO, membre du Ministère des affaires économiques et du travail, a abordé la question du travail de nuit et la mise en uvre des directives européennes à ce sujet. Elle a indiqué que lAutriche aurait pris les mesures nécessaires pour appliquer les directives européennes dans ce domaine dici 2001. Elle a également fait part des questions à létude concernant le travail des personnes handicapées et des personnes qui doivent recevoir des soins.
Concernant la stratégie en matière demploi déployée par le Gouvernement autrichien, elle a indiqué que le Plan de 1998 en matière demploi aborde la question des services daccueil aux enfants. En outre, au cours des deux dernières années, le Gouvernement fédéral a investi dans la création de jardins denfants pour aider les landers à faire face à leurs obligations dans ces domaines. Cette aide a permis la création de 10 000 places supplémentaires et de nombreux emplois.
Pour ce qui est de la situation des femmes sur le marché du travail, la représentante a reconnu que la ségrégation sur le marché du travail continue de poser problème en Autriche. Les enquêtes ont révélé que les deux tiers des femmes travaillent dans les secteurs traditionnellement dits féminins, ce qui a des conséquences sur les niveaux de salaires. Face à cette situation, le Gouvernement a pris des mesures visant à favoriser la formation professionnelle des femmes et à faciliter leur insertion dans des secteurs indifférenciés. Abordant la question des inégalités de rémunération, elle a observé que les femmes avaient pour la plupart des emplois à temps partiel et interrompent leur carrière pour fonder une famille. Elle a établi le lien entre lemploi des femmes et leur niveau de qualification.
Mme SANDRA MUKHERJEE-COSMIDIS a reconnu quil existait des disparités dans laccès à léducation. Toutefois, les filles ont de meilleurs résultats scolaires que les garçons et celles qui souhaitent poursuivre leurs études obtiennent plus de succès. Elle a fait part de programmes de formation des femmes aux nouvelles technologies et à linformatique. Pour ce qui est de lenseignement universitaire, elle a indiqué quau niveau communautaire et de la famille, des spécialistes aidaient les filles à faire des choix de carrière. Concernant la violence dans les écoles, elle a affirmé que les écoles autrichiennes étaient très sûres, reconnaissant toutefois quil existait une augmentation de la violence verbale. Ceci a conduit à l'élaboration d'un projet pilote avec des classes réservées aux filles car il a été démontré que celles-ci travaillent mieux et sont plus sûres delles que dans des classes mixtes.
Mme INGRID NIKOLAY-LEITNER, Ombudsperson pour légalité des chances, a reconnu que lAutriche ne disposait pas de statistiques sur les jugements rendus pas les tribunaux du travail. Elle a expliqué cette absence par le manque dordinateurs dans le système judiciaire. Expliquant quelle faisait un rapport de son action au Parlement autrichien, elle a indiqué quelle fournissait alors des statistiques sur les cas traités par lOmbudsperson. Concernant son mandat et ses prérogatives, elle a reconnu quelle pourrait disposer de plus de pouvoir, mais que des propositions étaient actuellement discutées pour donner le droit à lOmbudsperson de sadresser directement à la Cour suprême dans certains cas, notamment lorsque lon remarque une discrimination cachée ou une discrimination accrue dans les annonces dembauche. Elle a remarqué que la discrimination était maintenant principalement masquée dans le secteur privé. Elle a expliqué que lOmbudsperson nest pas tenue de tenir compte des intérêts de lentreprise, mais se doit de faire valoir les préoccupations du Gouvernement en matière dégalité des chances.
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