En cours au Siège de l'ONU

AG/AB/571

LA CONTRIBUTION FINANCIERE AU MAINTIEN DE LA PAIX DOIT REFLETER L'INFLUENCE DANS LA PRISE DE DECISIONS ET LES NOUVELLES REALITES ECONOMIQUES, INSISTENT LES DELEGATIONS

17 mai 2000


Communiqué de Presse
AG/AB/571


LA CONTRIBUTION FINANCIERE AU MAINTIEN DE LA PAIX DOIT REFLETER L'INFLUENCE DANS LA PRISE DE DECISIONS ET LES NOUVELLES REALITES ECONOMIQUES, INSISTENT LES DELEGATIONS

20000517

La Cinquième Commission (administrative et budgétaire) a poursuivi, ce matin, son débat général sur le financement des opérations de maintien de la paix de l'Organisation, et, en particulier, sur la révision de la méthode de répartition des dépenses du maintien de la paix proposée hier par le Représentant permanent des Etats-Unis. Au vu de l'accroissement du nombre et de la portée des opérations de maintien de la paix au cours des dernières années, les délégations se sont inquiétées de la diminution sensible des ressources disponibles pour leur financement. Dans l'ensemble, elles ont répondu favorablement à l'appel des Etats-Unis visant une révision du barème des quotes-parts actuel dont l'adoption remonte à 1973. Certains pays du groupe C, dont l'Estonie, les Philippines et Israël, se sont déclarés prêts à abandonner volontairement la réduction dont ils bénéficient pour être reclassés dans le groupe B du barème. Ce changement devra néanmoins se produire de manière graduelle, a souhaité le représentant de la Hongrie, dont le pays a aussi décidé de participer à l'initiative. Comme l'a souligné le représentant du Guatemala, le manque de fonds a par le passé conduit à l'échec de certaines missions. Dans ce contexte, a relevé la Jamaïque, l'utilisation de contributions volontaires ne privilégie que les missions qui ont la faveur des donateurs. Le représentant du Rwanda a rappelé les injustices dont l'Afrique a souffert dans ce domaine.

Si pour un certain nombre d'états membres une modification du barème des quotes-parts semble s'imposer, celle-ci toutefois devra impérativement se faire de manière consensuelle et en prenant en compte la capacité de paiement de chaque état. A cet égard, le représentant de l'Argentine a appelé à la prudence dans la mesure où une modification de la méthode actuelle pourrait avoir des incidences très graves sur certains pays, dont le sien. Comment peut-on raisonnablement penser que des pays comme le mien qui traversent une situation économique et financière très difficile seront en mesure de payer 4 à 5 fois plus que leur contribution actuelle? a-t-il demandé. A l'image du représentant argentin, de nombreuses délégations ont estimé que la responsabilité du maintien de la paix, bien que collective, repose avant tout sur les membres permanents du Conseil de sécurité. Ce sont eux qui doivent d'abord et avant tout subir le contrecoup de toute modification du barème de répartition des dépenses de maintien de la paix, d'autant que, comme l'a fait observer la représentante de la Bosnie-Herzégovine, le niveau de contribution des 5 membres permanents du Conseil de sécurité, est tombé de 71,2 à 46,9% entre 1946 et 2000, alors que leur poids dans les décisions en matière de maintien de la paix est demeuré inchangé.

Les représentants des pays suivants ont participé au débat : République tchèque, Norvège, Estonie, Philippines, Fédération de Russie, Jamaïque, Zimbabwe, Israël, République de Corée, Guatemala, Bangladesh, Turquie, Pologne, ex- République yougoslave de Macédoine, Algérie, Argentine, Cuba, Panama, Ukraine, Hongrie, Nicaragua, Fidji, Albanie, Rwanda, République islamique d'Iran et Bosnie- Herzégovine.

Demain, à 10 heures, la Commission achèvera son débat général sur ce point et examinera également la question du personnel fourni à titre gracieux.

Aspects administratifs et budgétaires du financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies (point 151)

La documentation relative à ce point a été présentée dans notre communiqué AG/AB/570, en date du 16 mai 2000.

Suite du débat général

M. VLADIMIR GALUSKA (République tchèque) a rappelé que le maintien de la paix, constituant l’une des fonctions majeures de l’Organisation, son pays a participé à de nombreuses missions et opérations. Il s’est déclaré préoccupé par le niveau élevé des arriérés dans ce domaine et par les sommes dues aux Etats Membres fournisseurs de contingents, dont 9 millions de dollars pour la République tchèque. En outre, il a estimé que le barème des quotes-parts pour le maintien de la paix, établi dans les années 70 et fondé sur une répartition en quatre groupes, est devenu obsolète. Non seulement il traduit peu les capacités de paiement des états mais ne s’adapte pas non plus aux évolutions économiques de chacun. Le représentant a indiqué que son pays, connaissant des difficultés économiques au moment de son entrée aux Nations Unies, en janvier 1993, la République tchèque avait demandé à être placée dans la catégorie C du barème. Toutefois, en raison du manque de transparence des critères de classement, elle fut placée dans la catégorie B sauf pour une période transitoire de 3 ans, de 1993 à 1996. Elle a donc contribué bien plus au maintien de la paix que des états aux économies similaires mais placés dans la catégorie C. De ce fait, la République tchèque estime que le système actuel de calcul est injuste et non équitable. Approuvant les propositions de l’Union européenne dans ce domaine, elle est toutefois préoccupée par le peu de progrès dans le traitement de la question. Au vu du niveau estimé du budget du maintien de la paix pour l’année à venir, il est urgent de remédier à la situation, a fait remarquer le représentant. La répartition par groupe doit donc être scrupuleusement examinée pour prendre en considération des critères objectifs, tels les différents niveaux de développement économiques des pays. Le représentant a suggéré un système avec davantage de groupes basés sur le PNB de chaque membre et sur des critères additionnels.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a jugé indispensable que les membres des Nations Unies contribuent activement à mieux préparer l'Organisation à faire face aux missions de consolidation de la paix qui l'attendent. Etant donné la récente multiplication des opérations de maintien de la paix, il faut que les Etats s'engagent à donner à l'ONU la capacité de réaliser des tâches de plus en plus complexes. A cet effet, le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) devrait avoir une structure et le personnel lui permettant à la fois de planifier, déployer et de gérer les missions pluridisciplinaires à venir. Ceci exige qu'on lui accorde des ressources fiables provenant à la fois du budget ordinaire et du Compte d'appui. La Norvège estime qu'il faille renforcer la capacité de déploiement rapide au sein du DOMP. Selon elle, la proposition du Secrétaire général de créer un Groupe de mission de déploiement rapide devrait être examinée par le Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix.

La délégation norvégienne se félicite des améliorations apportées dans le système du matériel appartenant aux contingents. Le Secrétaire général devrait accélérer le travail dans ce domaine afin de fixer une date à partir de laquelle ces nouvelles procédures s'appliqueront à toutes les missions. Compte tenu de l'expansion de certaines missions, on se retrouve simultanément avec des contingents où les anciennes méthodes sont appliquées et d'autres qui se voient appliquer les nouvelles procédures. M. Kolby a demandé au Secrétaire général de développer plus avant l'utilisation de la base de soutien logistique de Brindisi. Il est essentiel qu'elle dispose à tout moment de l'équipement constituant la base de lancement de toute nouvelle mission. Pour cela, il faut notamment que la gestion de l'inventaire soit améliorée. La Norvège appuie la proposition de l'Union européenne visant un réexamen en profondeur du financement du maintien de la paix. Dans la mesure où le maintien de la paix et de la sécurité continue d'être la tâche la plus fondamentale de l'Organisation, il est de la plus haute importance et de la responsabilité collective des Etats Membres que les ressources financières appropriées soient mises à la disposition des opérations.

Mme PAJULA (Estonie) a indiqué que sa délégation est depuis de nombreuses années en faveur d'un réexamen du barème de répartition des dépenses du maintien de la paix. Ces activités sont une responsabilité collective que tous les Etats Membres se doivent d'assumer pleinement. Pour une discussion sérieuse, il ne faut pas que le principe de la capacité de paiement de chacun soit remis en cause. Ce faisant, l'Estonie est disposée à abandonner les 80% de réduction auxquels elle a droit au titre de son appartenance aux pays du groupe C.

M. FELIPE H. MABILANGAN (Philippines) a estimé que le maintien de la paix est une fonction fondamentale des Nations Unies. Au cours des dernières années, on a assisté à une multiplication du nombre d'opérations de maintien de la paix ainsi qu'à l'ampleur de leur déploiement, et ce, malgré une diminution des ressources. Le coût du maintien de la paix devrait atteindre plus de 2 milliards de dollars cette année. Dans ce contexte, le non-versement des cotisations des états entraîne le non-remboursement des pays fournisseurs de contingents, remettant ainsi en cause leur participation future. Le représentant a indiqué que la répartition du financement devait s'appuyer sur des mécanismes solides, être juste et équitable en tenant compte des réalités actuelles. Approuvant une modification du barème des quotes-parts, il a suggéré qu'un nouveau barème prenne en compte la capacité de paiement et que les membres permanents du Conseil de sécurité y participent plus particulièrement. En outre, le représentant a annoncé que les Philippines sont prêtes à abandonner la remise de 80% qu'ils obtiennent sur le barème.

M. NIKOLAI V. LOZINSKI (Fédération de Russie) a estimé que des décisions constructives sur la répartition des dépenses du maintien de la paix prises par la Commission durant cette session devraient permettre une meilleure planification et une plus grande efficacité des efforts déployés par le Secrétariat en faveur du maintien de la paix. La question de la méthodologie du maintien de la paix doit être révisée en première priorité. Il ne s'agit pas seulement d'un problème financier mais aussi politique. Il faut que l'Organisation soit renforcée en matière de maintien et d'appui à la paix et pour cela il lui faut des ressources supplémentaires. C'est alors qu'elle pourra mettre en oeuvre des opérations stables et bien réfléchies. Les barèmes actuels méritent d'être révisés et il faut repenser le système de financement des opérations de maintien de la paix. Certaines des réflexions des divers groupes de travail qui se sont déjà réunis sur la question peuvent servir de base pour les discussions sur ce point.

Le problème de la responsabilité particulière des Etats membres permanents du Conseil de sécurité, quant au financement du maintien de la paix, est une question fondamentale, a reconnu le représentant. Cette responsabilité particulière est parfaitement valable. La Fédération de Russie, elle-même membre permanent du Conseil, reconnaît avoir un surcroît de responsabilité en ce qui concerne le

financement des opérations de maintien de la paix. Cependant, toute réforme doit se faire sur la base du consensus et du respect par les Etats Membres de leurs obligations financières vis-à-vis de l'Organisation. Pour sa part et malgré ses nombreuses difficultés économiques, la Fédération de Russie satisfait à ses obligations et contribue largement aux activités de maintien de la paix.

M. DAVID ALLEN PRENDERGAST (Jamaïque), s'associant à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine, a souligné l'importance des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. A cet égard, il est important que l'Organisation dispose de fonds adéquats dans ce domaine, en particulier pour le développement de missions plus complexes. Le représentant a réaffirmé que le financement du maintien de la paix est une responsabilité collective de tous les Etats Membres qui doivent payer leurs contributions en totalité, à temps et sans condition. L'utilisation de contributions volontaires entraîne une discrimination contre les missions qui ne sont pas les favoris des donateurs, a-t-il fait remarquer. En revanche, un financement par le biais de la mise en recouvrement auprès des Etats membres assure l'équité de toutes les missions. Le représentant a souligné l'importance des initiatives de consolidation de la paix, qui empêchent un retour au conflit. Ainsi la Jamaïque appuie le financement de la Mission en Haïti qui doit recevoir un financement adéquat.

M. MISHECK MUCHETWA (Zimbabwe) a appuyé la demande de l'Afrique du Sud visant à être considérée non plus au sein du Groupe B mais du Groupe C pour le financement des activités de maintien de la paix. L'Afrique a été le témoin de l'échec de nombreuses missions de maintien de la paix. Il s'agit d'une réalité tragique, a déploré le représentant. A de nombreuses reprises, les Nations Unies ont trouvé des excuses pour traîner les pieds alors que la situation devenait dramatique. En ce moment même, les Nations Unies risquent en fait de louper leurs chances de rétablir la paix en République démocratique du Congo et en Sierra Leone. Les demandes répétées des dirigeants africains pour placer le mandat de la mission en Sierra Leone sous le Chapitre VII de la Charte ont été ignorées sapant ainsi les chances de réussite de la mission.

De l'avis du Zimbabwe, le maintien de la paix en général est entravé par la crise financière. L'Organisation est ainsi trop souvent forcée de déployer des missions qui ne sont pas bien équipées. Le premier pas pour améliorer la situation est donc que les Etats Membres règlent l'ensemble des sommes qu'ils doivent à l'ONU. Si une révision du barème devait avoir lieu, le Zimbabwe tient à ce qu'il soit tenu compte de la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité. Il est vrai qu'un certain nombre de pays ont connu un développement économique appréciable depuis 1973 et qu'ils peuvent payer plus, a reconnu le représentant. Il faut en revanche pleinement tenir compte de la situation très difficile des pays en développement à bas revenu qui ne doivent pas voir leur fardeau renforcé, a-t-il insisté. Il faut donner suffisamment de temps à l'examen de cette question pour garantir que les intérêts de tous les Etats Membres seront dûment pris en considération. On ne peut pas se permettre d'avoir une situation plus incertaine ou instable qu'elle ne l'est actuellement, a averti M. Muchetwa.

M. YEHUDA LANCRY (Israël) s'est déclaré favorable à une réforme du barème des quotes-parts et du budget des opérations de maintien de la paix ainsi qu'à une réforme globale du financement des Nations Unies tant pour le budget ordinaire que pour le budget du maintien de la paix. Dans ce contexte, Israël s'est déclarée prête à entreprendre un examen des possibilités pour passer du groupe C au groupe B, et à renoncer à son actuelle réduction de 80%. M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a estimé que le maintien de la paix est l'activité la plus visible et la plus importante que les Nations Unies aient eu à remplir. Alors que l'on assiste, ces derniers temps, à l'accroissement des activités de maintien de la paix au Kosovo, au Timor oriental, en Sierra Leone et au Congo, l'Organisation a besoin, plus que jamais, d'un mécanisme de financement stable et plus équitable pour honorer ces engagements vitaux. Le système actuel de répartition des dépenses de maintien de la paix, adopté en 1973, a jusqu'à présent servi à financer les missions au coup par coup. La République de Corée estime qu'il est grand temps d'en revoir de manière complète les points forts et les faiblesses. C'est pourquoi elle appuie la requête visant à faire de cette question un des points à l'ordre du jour de la 55ème session de l'Assemblée générale. Le représentant a précisé qu'il était disposé à examiner toutes les propositions de réforme sur la base de leur mérite et pourvu que les discussions tendent à améliorer la transparence et la stabilité du financement des activités de maintien de la paix.

M. LUIS RAUL ESTEVEZ-LOPEZ (Guatemala), s'associant à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine, a indiqué qu'en tant que pays qui a bénéficié d'une mission pour la consolidation de la paix, le Guatemala reconnaît le rôle important de ces opérations, principale activité de l'Organisation. Toutefois, les derniers événements en Sierra Leone témoignent des risques inhérents à un financement inadéquat de ces opérations. Les Nations Unies ont souvent connu des échecs en raison d'un manque de ressources et de la réticence de certains états à prendre leur responsabilité ainsi qu'à assurer le fonctionnement des opérations. Le représentant a rejeté toute concession dans ce domaine.

Lorsque des gouvernements décident de créer une instance telle que les Nations Unies, ils en estiment les coûts et les méthodes de répartition de ceux- ci. Tous les critères sont valables pour définir la participation de chacun, s'il y a consensus. Mais ce consensus n'existe pas aujourd'hui aux Nations Unies, a souligné le représentant, rappelant le besoin d'entreprendre un dialogue sur cette question controversée. Ainsi il faut réexaminer le barème des quotes-parts et estimé les modalités à suivre pour une révision. Selon le représentant, deux critères doivent être pris en compte : la capacité de paiement de chaque pays et la responsabilité vis-à-vis du maintien de la paix, notamment celle des membres permanents du Conseil de sécurité.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que le financement efficace des opérations de maintien de la paix est un élément crucial du rôle de l'Organisation des Nations Unies, tel qu'inscrit dans la Charte. C'est pourquoi il est de la plus grande importance d'envisager cette question sous tous ses aspects et ses dimensions et de manière globale. L'objectif final de ces discussions doit être l'amélioration de l'efficacité de ces activités vitales pour l'Organisation. Au fil des ans, les opérations de maintien de la paix sont devenues extrêmement complexes, ainsi que j'ai pu m'en rendre compte sur le terrain au Kosovo, a expliqué M. Chowdhury. Le Bangladesh estime qu'il faut tenir compte des préoccupations de tous les Etats Membres, y compris celles du plus grand contributeur de l'Organisation, les Etats-Unis. Hier, M. Holbrooke a présenté une approche pragmatique et progressiste visant à rendre les opérations plus efficaces. Le temps est venu d'adopter des dispositions qui guident le maintien de la paix et son financement. Les arrangements ad hoc de 1973 ne sont plus pertinents, a estimé le représentant. Les opérations de maintien de la paix relèvent de la responsabilité collective de tous et doivent être assumées par tous, avec bien sûr une

responsabilité particulière pour les membres permanents du Conseil de sécurité. Il est nécessaire de traiter de toute urgence tant du financement que des aspects opérationnels du maintien de la paix, a conclu M. Chowdhury, qui a proposé que des consultations officieuses sur ce point aient lieu dès la présente session.

M. SAFAK GOKTURK (Turquie) a noté que le budget du maintien de la paix pour la période du 1er juillet 2000 au 30 juin 2001 dépasse 2 milliards de dollars, une augmentation importante par rapport aux 800 millions de l’année précédente. Il a salué les améliorations apportées lors de l’établissement du budget proposé. De même, la coordination renforcée entre le Siège et les missions dans les domaines administratifs et budgétaires est la bien venue. Le déploiement à temps du personnel de la police civile devrait recevoir une plus grande attention. Bien que ce déploiement dépende des Etats Membres qui envoient des contingents, le Département du maintien de la paix, principal coordonnateur des activités, devrait devenir plus efficace. La formation du personnel de maintien de la paix a là un rôle unificateur à jouer, a relevé le représentant. Au vu de la nécessité d’accroître la capacité d’intervention rapide, la proposition du Secrétaire général sur un Groupe de déploiement rapide doit être examinée. Selon le représentant, le barème des quotes-parts pour le maintien de la paix a besoin d’être revu pour inclure les nouvelles exigences des missions et de nouvelles données économiques.

M. STANCZYK (Pologne), s'associant à la déclaration de l'Union européenne, a rappelé que la Pologne est impliquée depuis plusieurs années dans les opérations de maintien de la paix. Elle a constaté qu'il est vital d'avoir un mécanisme financier pertinent pour assurer, dès le départ, le fonctionnement de ces opérations. Le représentant a insisté sur la responsabilité collective des Etats Membres pour garantir le succès des opérations. Il a estimé que le mécanisme financier qui gouverne la répartition des dépenses ne peut fonctionner s'il n'est fondé sur la capacité réelle de paiement des Etats. De ce fait, il a appuyé la proposition des Etats-Unis visant à entreprendre, dès cette session, une discussion sur ce point. Puisqu'il présente des lacunes, le système actuel doit être réformé, a-t-il ajouté.

M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) a déclaré que les activités de maintien de la paix sont une responsabilité fondamentale de l'Organisation, mais aussi des Etats Membres. Chaque échec enregistré dans ce domaine influence la perception que le monde se fait de l'Organisation. L'ONU a accumulé dans ce domaine une grande expérience et elle peut entreprendre un vaste réexamen de tous les aspects du maintien de la paix forte de ces enseignements. Encore faut-il qu'elle soit prête à la faire, a indiqué le représentant avant d'ajouter que la situation au Kosovo a souffert du refus du Conseil de sécurité de renforcer les rangs de la mission sur place. La volonté politique des Etats Membres de l'Organisation, et surtout celle des membres du Conseil de sécurité est essentielle au succès des activités de maintien de la paix. La question de leur financement revêt actuellement une importance particulière. Tous les Etats Membres, grands ou petits, doivent verser leurs contributions au budget de l'Organisation en totalité et avec ponctualité.

Il faudra entamer des discussions franches et constructives sur tous les aspects du maintien de la paix, sans préjuger des résultats. Un bon mécanisme est indispensable et l'ex-République yougoslave de Macédoine appuie la proposition faite hier par M. Holbrooke d'entreprendre un examen en profondeur des méthodes de financement actuel.

M. ABDELMALEK BOUHEDDOU (Algérie), s'associant à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine, a rappelé que l'Algérie a pris l'initiative d'informer le Bureau de la Cinquième Commission qu'elle ne voyait aucun inconvénient à la tenue de discussions sur la question du barème des quotes-parts lors de cette deuxième reprise de session. L'Algérie, qui assure la présidence de l'Organisation de l'unité africaine, attache un grand intérêt à la nécessité de doter les différentes opérations de maintien de la paix de ressources financières, humaines et logistiques à la mise en oeuvre effective et efficace de leur mandat. Le représentant s'est déclaré préoccupé par les moyens d'assurer le financement régulier et approprié de ces opérations alors que la dette de l'ONU envers les fournisseurs de contingents s'élevait, au 30 décembre 1999, à 800 millions de dollars. L'accroissement actuel des fonds alloués aux opérations de maintien de la paix risque d'aggraver cet endettement et la situation financière ainsi que de compromettre la mise en oeuvre des mandats. L'Algérie, qui a toujours versé ses contributions à temps, estime qu'il est vital que chaque Etat Membre s'acquitte de ses obligations financières. Elle est disposée à prendre part aux négociations qui permettraient d'aboutir à une formule consensuelle et acceptable en vue de réformer et d'institutionnaliser un barème des quotes-parts établi dans un contexte économique fondamentalement différent de celui d'aujourd'hui. La capacité de paiement des Etats a fondamentalement changé dans un sens ou dans un autre depuis 27 ans, a fait remarquer le représentant. Néanmoins, toute révision devrait prendre en compte la responsabilité spéciale des membres permanents du Conseil de sécurité, la capacité de paiement de chaque pays et la capacité limitée des pays économiquement les moins développés.

M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a déclaré que les opérations de maintien de la paix sont l'une des activités centrales de l'Organisation et relèvent de la responsabilité collective de tous les Etats Membres. Le présent débat a permis à de nombreuses délégations de se prononcer en faveur du réexamen du barème de répartition des dépenses adopté en 1973. L'Argentine comprend leur point de vue, toutefois elle tient à attirer l'attention sur certains aspects fondamentaux de cette question. Il faut agir dans ce domaine avec beaucoup de prudence en tenant compte des incidences très graves que toute modification pourraient avoir sur les pays. S'agissant de l'Argentine par exemple, actuellement membre du groupe C, devrait, si elle passait au groupe B, payer 16 millions de dollars par an de plus au titre du maintien de la paix. Comment peut-on penser que des pays comme le mien qui traversent une situation économique et financière très difficile soient en mesure de payer 4 à 5 fois plus que leur contribution actuelle, s'est interrogé le représentant. La responsabilité première du maintien de la paix repose avant tout sur les épaules des membres permanents du Conseil de sécurité, a fait observer M. Listre. Ce sont eux qui doivent d'abord et avant tout subir le contrecoup de toute modification du barème de répartition des dépenses de maintien de la paix.

Mme DULCE MARIA BUERGO-RODRIGUEZ (Cuba) a souligné l'importance d'inclure, dans les rapports, des renseignements détaillés concernant les activités de formation en matière de maintien de la paix. Pour les prévisions de la période du 1er juillet 2000 au 30 juin 2001, la représentante a souhaité recevoir, au vu de la croissance du nombre des opérations de maintien de la paix, une confirmation de l'adéquation des ressources demandées et de la situation réelle. En outre, elle a fait remarquer que la Cinquième Commission devrait examiner les besoins financiers une fois que les organes intergouvernementaux auront tiré des conclusions sur la question. Les raisons qui ont été présentées par le représentant de l'Afrique du Sud dans sa requête pour passer du groupe B au groupe C sont des arguments qui justifient pleinement le reclassement demandé, a par ailleurs estimé la représentante.

En ce qui concerne la révision du barème des quotes-parts, Cuba s'associe à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Toutefois, le représentant a indiqué que les procédures en vigueur pour discuter de nouveaux points doivent être respectées et qu'elle s'opposera de ce fait à la discussion d'une question qui n'aurait pas été inscrite à l'ordre du jour selon ces procédures.

M. RAMON A. MORALES (Panama) a indiqué que si sa délégation ne s'oppose pas à un réexamen périodique des aspects administratifs et financiers du maintien de la paix, elle a cependant des réserves quant au fait que certaines situations devraient être examinées d'urgence. Il faut plus de temps pour officialiser l'examen du barème relatif au maintien de la paix. L'argument principal avancé par les délégations souhaitant une réforme du système de financement porte sur la constatation selon laquelle les opérations de maintien de la paix se sont multipliées en nombre et en ampleurs alors que le système de financement de ces activités n'a pas, lui, évolué. Le second argument est qu'à la suite des événements récents en Sierra Leone, les Etats Membres doivent renouveler leurs engagements en faveur de l'amélioration de l'efficacité des activités de maintien de la paix. Aujourd'hui, l'Organisation doit de plus en plus intervenir dans des conflits internes. Or, le Panama estime que dans de telles situations, les Nations Unies devraient avant tout recourir à la médiation pacifique que peuvent offrir les organisations régionales, la commission des droits de l'homme ou d'autres grandes commissions des Nations Unies dévouées au renforcement des institutions démocratiques. Le représentant a appuyé l'idée de renforcer les efforts en matière de maintien de la paix et a estimé que la situation en Sierra Leone ne peut en aucun cas servir de guide ou d'excuse économique aux discussions sur ce point. Ce dont les Nations Unies ont besoin avant tout, c'est que tous les Etats Membres et, en premier lieu, ceux qui sont membres permanents du Conseil de sécurité, honorent sans condition leurs obligations, y compris leurs obligations financières, en matière de maintien de la paix.

M. VOLODYMYR YEL'CHENKO (Ukraine) a déclaré qu'avec la multiplication récente des opérations de maintien de la paix, la garantie de ressources suffisantes, condition indispensable à leur succès, est plus cruciale que jamais. L'Ukraine estime qu'il est temps que les Nations Unies envisagent un mécanisme de répartition des dépenses du maintien de la paix qui soit à la fois stable, transparent, équitable et efficace et qui repose sur des critères économiques objectifs. Le système mis en place en 1973 est demeuré intact, ce, pendant que les opérations de maintien de la paix ont elles évolué de manière spectaculaire et que les Etats Membres de l'ONU sont devenus plus nombreux. Il est impossible de faire fi des réalités auxquelles l'Organisation doit désormais faire face. L'Ukraine a été touchée injustement par la nature inajustable et rigide du barème de 1973 et elle a toujours prôné sa révision. La méthode de répartition des dépenses relatives au maintien de la paix devrait reposer sur le principe de la responsabilité collective des Etats Membres et leur capacité de paiement, mesurée sur la base du Produit national brut par habitant. Elle devrait reconnaître clairement la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité et la capacité limitée des pays économiquement moins développés. Le changement fondamental doit être d'établir officiellement des critères économiques, assurant à la fois l'équité et l'ajustabilité du barème. Il faut soutenir l'élan actuel de cette discussion en la canalisant sur des consultations officieuses au sein de la Cinquième Commission dès cette session, a déclaré en conclusion le représentant.

M. ANDRE ERDOS (Hongrie), s'associant à la déclaration de l'Union européenne, a noté que l'augmentation récente du nombre et de la portée des opérations de maintien de la paix rend encore plus impératif le besoin d'un financement adéquat. Conscient que le barème des quotes-parts contient certaines anomalies, il a estimé que celui-ci ne reflète pas les changements multidimentionnels de ces dix dernières années. La Hongrie soutient tout effort visant à trouver une solution viable et à établir un système de financement des opérations de maintien de la paix fondé sur la capacité de paiement de chaque pays. Le représentant a déclaré que son pays, qui se trouve actuellement dans la catégorie C du barème, est prêt à renoncer volontairement à la réduction dont il bénéficie. Toutefois, lors de ce changement, il est important de tenir compte de la nécessité d'un réajustement à cette nouvelle catégorie qui entraînera des dépenses supplémentaires. A cet égard, le représentant a souligné le besoin d'un processus progressif et graduel menant à une augmentation de la part d'un état dans le budget du maintien de la paix. Il est indispensable de préserver la crédibilité de l'Organisation en agissant au moment voulu, avec les moyens et mandats appropriés, a-t-il ajouté.

M. MARIO CASTELLON (Nicaragua) a partagé l'inquiétude de nombreuses délégations concernant les activités et le destin du maintien de la paix des Nations Unies. C'est une question qui doit être considérée comme prioritaire par tous les membres. Le Nicaragua reconnaît la nécessité de revoir le barème de répartition des dépenses pour redéfinir une méthode plus juste et plus équitable, mais il faut tenir compte, ce faisant, de la capacité de paiement des Etats Membres. Les pays disposant de moins de ressources ne doit nullement voir leur fardeau alourdi suite à un tel examen. Il faut aussi tenir compte des obligations particulières qui incombent à certains Etats Membres. Toutefois, le maintien de la paix est bien une responsabilité collective et les discussions sur ce point doivent donc voir la participation de tous les Etats Membres.

M. AMRAIYA NAIDU (Fidji) a rappelé que son pays, petit état insulaire en développement, contribue en troupes à plusieurs opérations de maintien de la paix. Bien que s'associant à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine, le représentant a déclaré qu'il est inévitable que la question du barème soit discutée tôt ou tard et ce qu'elle qu'en soit l'issue. La question doit être abordée par chacun avec un esprit ouvert. Les dépenses occasionnées par le maintien de la paix augmenteront cette année de manière exponentielle et il n'y a pas d'espoir de limiter le niveau de ces dépenses. Il faut donc que les activités de maintien de la paix soient examinées de manière globale. Ce faisant, il est clair que les pays les moins avancés peuvent difficilement assumer un fardeau supplémentaire en matière de maintien de la paix. Avant tout, les pays en développement, qui sont contributeurs de troupes, ne doivent pas être pénalisés davantage par l'impasse actuelle qui retarde substantiellement les remboursements de la part de l'Organisation. Fidji demande donc que cette question soit réglée de manière objective.

M. ADRIAN SPIROLLARI (Albanie) a rappelé que l'action de l'Organisation a non seulement permis de régler certains conflits dans le monde entier mais aussi d'en prévenir d'autres. L'Albanie est reconnaissante aux forces des Nations Unies présentes dans la région des Balkans. Selon le représentant, il existe néanmoins un besoin de réviser ces opérations de maintien de la paix pour qu'elles soient aptes à assumer leur mandat. Il a appuyé les propositions des Etats-Unis et a estimé que le consensus pour trouver une solution à cette question servira à renforcer le rôle des Nations Unies. Tous les Etats Membres doivent augmenter leur contribution ce qui renforcera davantage leur engagement individuel et en général le rôle des Nations Unies dans le monde. M. JOSEPH MUTABOBA (Rwanda) s'associant aux déclarations du Groupe africain et du Groupe des 77, a rappelé que l'histoire a prouvé que les activités de maintien de la paix ont connu des moments difficiles. Mais ces échecs ne sont pas des raisons suffisantes pour baisser les bras, a-t-il ajouté. L'ensemble de l'Organisation a besoin de réformes, en priorité dans le domaine du maintien de la paix internationale et de celui du barème des quotes-parts. L'Afrique ne peut rester silencieuse devant les problèmes de maintien de la paix qui sévissent sur ce continent, a relevé le représentant. Ainsi le Rwanda appuie un changement radical dans le mode de financement des activités de maintien de la paix. En effet, l'Afrique continue de souffrir de toutes sortes de préjudices et il faut rendre prioritaires les activités qui y sont développées pour rétablir la paix et la sécurité. Nous avons besoin de justesse et de réalité, a-t-il ajouté.

M. MIRMOHAMMAD (République islamique d'Iran) a partagé l'opinion exprimée par le Groupe des 77 et la Chine. Il a insisté que les débats sur ce point doivent se faire conformément à la procédure prévue sur ce point dans le Règlement de l'Assemblée générale.

Mme LIDIJA TOPIC (Bosnie-Herzégovine) a estimé que le débat d'aujourd'hui est crucial pour le fonctionnement et l'avenir des Nations Unies. Le financement du maintien de la paix ne doit pas par conséquent être fondé ni sur un barème ad hoc ni sur des conditions posées par les Etats Membres. Il faut au contraire le faire reposer sur les nouvelles dispositions qui régissent le monde. La représentante a fait remarquer que la discussion d'aujourd'hui déborde sur un certain nombre d'autres questions à l'ordre du jour. Elle a par exemple mis l'accent sur le déclin du taux de contribution des 5 membres permanents du Conseil de sécurité, qui est passé de 71,2 à 46,9% entre 1946 et 2000, alors que leur poids dans les décisions en matière de maintien de la paix est demeuré inchangé. La Bosnie-Herzégovine estime en outre que les pays dont la situation économique s'est améliorée devraient payer une part plus conforme à leur niveau de développement. Selon elle, le calcul périodique de la répartition des dépenses au titre du maintien de la paix contribuerait à répondre efficacement aux changements qui ont lieu dans le monde. Elle se félicite de plus de l'initiative du Secrétaire général de créer un groupe de haut niveau sur l'examen de tous les aspects du maintien de la paix ainsi que de sa proposition de créer un groupe de mission à déploiement rapide. La représentante a néanmoins fait observer que les échecs des opérations de maintien de la paix sont la plupart du temps dus à un manque de volonté politique des plus grands plus qu'à un manque d'enthousiasme et de dévouement du Secrétariat. La représentante a en conclusion fait remarquer que la République fédérale de Yougoslavie n'a pas encore demandé à être membre de l'Organisation et que par conséquent les quotes-parts calculées pour ce pays doivent être revues.

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