En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/453

LES IMPERFECTIONS DES SYSTEMES FINANCIERS INTERNATIONAUX ET LES MESURES POUR LEUR REDRESSEMENT SONT SOULIGNEES DEVANT L'ECOSOC

18 avril 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/453


LES IMPERFECTIONS DES SYSTEMES FINANCIERS INTERNATIONAUX ET LES MESURES POUR LEUR REDRESSEMENT SONT SOULIGNEES DEVANT L'ECOSOC

20000418

Réuni ce matin sous la présidence de M. Makarim Wibisono, son Président, le Conseil économique et social a tenu une réunion extraordinaire de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods. Au centre des débats de cette rencontre figuraient notamment les questions de la réforme du système financier international et du financement du développement, de l’ouverture des marchés des pays du Nord aux produits des pays en développement, de la lutte contre la pauvreté et de la nécessité de la mise en œuvre de politiques favorables à la croissance économique et à la création d’emplois dans les pays du Sud. La réunion qui se tenait après les travaux de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Washington a souligné les imperfections des institutions de Bretton Woods et a suggéré des recommandations afin de mieux les adapter aux réalités du monde d'aujourd'hui, à savoir la généralisation de la pauvreté, les inégalités du commerce international et l'accroissement de l'endettement, etc.

Dans son intervention, M. Kofi Annan a attiré l’attention de la réunion sur les propositions énoncées dans son Rapport du Millénaire, qui sont des suggestions allant dans le sens des priorités actuelles de la situation économique internationale, situation qui se caractérise par une marginalisation des pays en développement et émergents des structures et des échanges de la nouvelle économie mondiale. “Il est honteux et inacceptable qu’à un âge où la mondialisation et les nouvelles technologies apportent des bienfaits inimaginables à une partie de l’humanité, la part la plus nombreuse de la société humaine soit exclue de ces avantages et vive dans un état de pauvreté abjecte, de malnutrition et de maladie”, a dit le Secrétaire général, qui a proposé que le nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour, soit réduit de moitié d’ici à l’an 2015.

Les Ministres, représentants et délégués des Etats Membres dont les interventions ont suivi se sont tous inquiétés de la situation difficile créée par le fardeau de la dette sur les pays les plus pauvres et les plus vulnérables. A ce propos, il a été suggéré de faciliter la participation des pays à l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) dont les conditions d’accès et de bénéfice ont été jugées trop restrictives et inadaptées à la situation de la majorité des Etats en difficulté. Les représentantes de l’Allemagne et

des Pays-Bas se sont, sur cette question, vivement offusquées que des pays en développement soient obligés de financer le Fonds de cette Initiative qui vient en aide aux pays les plus pauvres, alors que certaines nations riches tardent à remplir leurs obligations en la matière.

La solution aux problèmes des pays en développement ne peut être trouvée sans leur sincère engagement et la prise de responsabilités qui leur incombent, a reconnu le Nigéria, qui s’exprimait au nom des délégations du Groupe des 77 et de la Chine. Et pour respecter les engagements pris devant la communauté internationale, les pays doivent s’efforcer d’établir un cadre, des normes et des mécanismes de gouvernance responsables et transparents. Intervenant en tant que pays du Groupe des 77, les délégations du Bangladesh et de l’Inde ont insisté sur le fait que les pays en développement, qui ne demandent pas forcément une aide accrue, ont besoin que les conditions du commerce international leur soient favorables pour assurer leurs propres revenus et les conditions de leur développement.

Les pays en développement ne pourront arriver à des résultats positifs que s’ils font preuve de rigueur dans la gestion de leurs ressources, a dit M. Stanley Fischer, Directeur général par intérim du FMI, en répondant aux remarques des délégations qui s’inquiétaient de voir des Etats dépouillés de certaines prérogatives de leur souveraineté par les conditionnalités imposées par les institutions de Bretton Woods. Parlant de la question délicate du contrôle et de la réduction des dépenses militaires, M. Fischer a dit qu’il paraissait anormal aux yeux des observateurs que des nations qui consacrent une part importante de leurs budgets nationaux à constituer des arsenaux militaires qui ne servent pas à grand chose, demandent aussi à bénéficier d’annulations de dettes.

Dans ses remarques de clôture, le Président du Conseil économique et social a souhaité que la concertation et la collaboration entre l'ECOSOC, les organes de développement du système de l’ONU et les institutions de Bretton Woods soit renforcée. Il a souhaité la mise en place des termes d’une mondialisation de l’économie plus juste et plus équitable, qui donnerait aux pays en développement de meilleures chances d’accès et d’intégration aux échanges internationaux.

Ont également participé à cette réunion, en tant que panélistes, MM. Tarrin Nimmanahaeminda, Ministre des finances de la Thaïlande et Président du Comité du développement; M. Germán Suarez, Président de la Banque centrale du Pérou et Président du Groupe des 24; M. Ulrich Gygi, Secrétaire d’Etat aux finances de la Suisse et Président du Groupe des 10 et M. Seven Sandström, Directeur général de la Banque mondiale.

Déclarations

M. MAKARIM WIBISONO, Président de l’ECOSOC et représentant permanent de l’Indonésie, a rappelé que dans un monde économique dominé par la mondialisation et l’interdépendance, les leçons de Seattle montrent qu’il est nécessaire de permettre une plus grande participation. Cinq ans après le Sommet social de Copenhague, la lutte contre la pauvreté est loin d’être gagnée, a regretté le Président. Les pays exclus de l’économie mondiale sont plus nombreux que jamais. Même les pays en développement voient leurs progrès annulés par les crises financières récentes. Nous avons le devoir de faire de la mondialisation une force positive pour les pauvres, a plaidé le Président.

Sur les recommandations de l’Assemblée générale, deux questions seront examinées en particulier lors de cette réunion: l’étude des moyens pour renforcer et stabiliser le système financier international et la promotion de l’équité sociale et économique au sein de l’économie mondiale. Il est absolument impératif, a noté M. Wibisono, de poursuivre nos efforts pour prévenir les crises financières et stabiliser le système financier, les intérêts des pays les plus pauvres devant être mieux pris en compte dans l’élaboration des réformes financières. Il a souhaité que l’on s’interroge sur les raisons de la baisse des ressources de la coopération au développement ces dernières années. Seule la collaboration permettra la mobilisation de toutes les ressources nécessaires au développement, a-t-il souligné.

L’Assemblée générale prépare actuellement une réunion internationale de haut niveau sur le financement du développement qui se tiendra en 2001. Cette réunion examinera les questions relatives à l’architecture financière, à la stabilité des flux financiers, à une politique générale d’élimination de la dette et à l’éradication de la pauvreté. Un système international stable qui puisse relever les défis du développement est un élément essentiel du partenariat mondial en faveur de l’élimination de la pauvreté, a insisté le Président. A cet égard, il a noté que de nombreux pays avaient mis en place des programmes d’élimination de la pauvreté et qu’il est encourageant de constater que le FMI a inclus cet objectif dans ses activités. Aujourd’hui, le partenariat international doit être renforcé grâce à des actions concrètes et à une collaboration qui permette aux institutions de travailler ensemble et avec les pays en développement, a déclaré M. Wibisono, tout en rappelant le rôle qu’ont à jouer les Nations Unies et son Conseil économique et social pour permettre l’avènement d’un consensus sur les questions sociales et celles se rapportant à l’économie mondiale.

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a observé qu'à une époque où la mondialisation et les nouvelles technologies apportent des avantages inimaginables à une partie de l’humanité, il est honteux et inacceptable qu’une autre partie de cette humanité, la plus nombreuse, reste exclue de ces bénéfices et reste soumise à une vie de pauvreté qui engendre souvent la malnutrition et la maladie. Il a rappelé que dans son Rapport du Millénaire, il propose l’objectif de réduire de moitié, avant l’année 2015, la proportion de personnes qui vivent avec un dollar par jour ou moins. En Afrique subsaharienne, par exemple, cet objectif pourrait être atteint si seulement on pouvait avoir une croissance économique de 7% à 10% au cours des 15 prochaines années, et les politiques à mettre en place pour y arriver sont claires. Ce sont des politiques qui mèneront à une croissance soutenue, car toutes les évidences montrent une corrélation étroite entre la croissance économique et le revenu des pauvres. Ces politiques doivent encourager l’investissement privé, créer des emplois, en particulier pour les jeunes, maîtriser la puissance des nouvelles technologies de l’information et améliorer l’efficacité et la transparence des gouvernements. Des actions doivent être parallèlement engagées pour mettre fin aux guerres. Rien n’est plus hostile à la croissance et rien ne perpétue et n’aggrave davantage la pauvreté que les conflits armés. Nous devons mettre fin à ce cercle vicieux et le remplacer par un cercle de vertu. En plus, les gouvernements, notamment en Afrique subsaharienne, doivent faire face aux dévastations du VIH/sida, qui paralysent les esprits et détruisent leurs économies. Par-dessus tout, nous devons investir dans l’éducation et j’ai demandé instamment aux Etats Membres d’adopter l’objectif universel d’une éducation de base en 2015. Plus de 110 millions d’enfants sont aujourd’hui non scolarisés dans le monde. Les deux tiers sont des filles et c'est pourquoi la semaine prochaine, je lancerai une initiative des Nations Unies intitulée “Eduquer les filles maintenant”. Cette initiative est un partenariat entre une dizaine d’entités de l’ONU et la Banque mondiale.

Les pays en développement ne peuvent faire tout seuls le travail nécessaire pour leur développement, même s’il est vrai qu’aucune nation ne peut participer à la nouvelle économie mondiale si son gouvernement et son peuple ne s’y attèlent pas. L’essence de l’économie de marché, c’est que les gens doivent être libres de vendre et d’acheter. Les pays en développement ne pourront s’en sortir que s’ils bénéficient d’un libre accès aux marchés de leurs produits. C’est ainsi qu’ils pourront attirer les investissements dont ils ont besoin pour atteindre des taux de croissance élevés et sortir de la pauvreté. Seule leur libération de la dette permettra aux pays les plus pauvres de consacrer une part adéquate de leurs revenus à la lutte contre la pauvreté. Les pays qui combattent réellement la pauvreté ont besoin d’aide. Mon Rapport du Millénaire vise à mobiliser l’énergie du monde autour d’un programme commun réalisable, a affirmé le Secrétaire général, avant d'ajouter que les Ministres des finances jouent un rôle crucial. Aujourd'hui, il ne leur est toutefois pas demandé de financer tel programme ou tel projet, mais d'aider à trouver des solutions.

M. TARRIN NIMMANAHAEMINDA, Ministre des finances de la Thaîlande et Président du Comité du développement, a rappelé que la réduction de la pauvreté ainsi que la recherche d’un plus grand appui pour aboutir à cet objectif constituent les thèmes majeurs des réunions de cette année. Présentant le compte rendu de la réunion du Comité du développement qui s’est tenue le 17 avril, le Ministre a indiqué que les résultats des discussions pourraient être utiles à la Réunion de haut niveau sur le financement du développement qui se tiendra en 2001.

Lors de la réunion du Comité du développement, les Ministres des finances ont notamment évoqué la question du sida dont la propagation entrave la croissance économique, les efforts des gouvernements et la productivité et sape les efforts pour lutter contre la pauvreté. La participation active de la Banque mondiale au partenariat avec l’ONUSIDA a été particulièrement encouragée. En ce qui concerne le commerce, le développement et la réduction de la pauvreté, il a été conclu qu’une croissance accélérée et durable est une des conditions de la réduction de la pauvreté et que les économies ouvertes connaissent une croissance plus rapide que les économies fermées. Ainsi, les pays industrialisés ont été priés d’ouvrir plus largement leurs marchés aux produits des pays en développement, en particulier aux produits agricoles et textiles. Le Comité du développement a estimé qu’il fallait particulièrement envisager la suppression des quotas quant à l’accès des produits en provenance des pays pauvres aux marchés des pays industrialisés. L’absence d’infrastructures nationales et de programmes sociaux entravent l’intégration de certains pays à l’économie mondiale.

Pour ce qui est de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (HIPC), le nombre croissant des contributions au Fonds d’affectation spéciale est encourageant même si les Ministres ont reconnu que l’Initiative ne bénéficie toujours pas d’un financement adéquat.

Au vu des stratégies de réduction de la pauvreté, les Ministres se sont félicités des progrès réalisés depuis la publication des documents et autres plans de lutte contre la pauvreté, a indiqué M. Nimmanahaeminda qui a observé que la Banque mondiale et le FMI ont été priés de travailler en collaboration avec les Etats Membres et les autres partenaires. Une action plus rapide en faveur de la réduction de la dette a également été demandée. Dans ce contexte, les institutions multilatérales ont été encouragées à adapter leurs programmes aux stratégies du FMI afin de favoriser la collaboration entre tous les partenaires.

M. STANLEY FISCHER, Directeur général par intérim du Fonds monétaire international (FMI), a rappelé que le Comité monétaire et financier international du Conseil des gouverneurs a tenu sa session d'ouverture à Washington DC le 16 avril 2000, sous la présidence de M. Gordon Brown, Chancelier de l'Echiquier du Royaume-Uni.

Abordant la question du renforcement du rôle du FMI dans l'économie mondiale, M. Fischer a admis qu'un débat important se déroule en ce moment au sein de l'opinion publique sur la manière dont le FMI et le système financier international devraient évoluer afin de s'adapter à un environnement économique qui change rapidement. L'opinion publique est également préoccupée par le fait que les bénéfices que l'économie mondiale engendre de la liberté des échanges, de l'intégration et de l'élargissement des marchés de capitaux internationaux n'atteignent personne, et particulièrement dans les pays en développement. Le FMI change en permanence pour être mieux préparé à aider ses membres à jeter les fondements macroéconomiques et institutionnels nécessaires à la stabilité financière internationale et à un partage élargi des bénéfices et des chances qu'offre une économie mondiale ouverte, a souligné le Directeur par intérim. Toutefois, il a jugé que le FMI doit encore agir davantage dans le sens de l'efficacité, de la transparence et de la responsabilité.

Pour ce qui est des perspectives de l'économie mondiale, M. Fischer a prévu une croissance encore plus forte en 2000, après avoir salué la reprise rapide qu'elle a opérée en 1999 dans presque toutes les régions du monde. Il a attribué ces améliorations à la poursuite de politiques macroéconomiques saines et aux réformes structurelles dans de nombreux pays développés et en développement.

En outre, le Comité a noté que les bonnes performances économiques de l'Amérique du Nord et le développement de la croissance en Europe occidentale ont constitué un environnement favorable à la croissance d'autres régions du monde. Ainsi en Asie, la Chine et l'Inde ont connu une croissance continue et rapide. Le Comité appelle tous les pays à poursuivre leurs efforts de réforme structurelle. En Amérique latine, le ralentissement de la croissance a été moins fort que prévu en 1999. Le Comité estime que la consolidation des systèmes fiscaux reste une priorité dans cette région. M. Fischer a aussi estimé que la croissance économique de la Russie ne sera durable que si d'importants efforts sont déployés pour le renforcement des institutions. La récente reprise des cours du pétrole et d'autres matières premières a favorisé les efforts déployés par de nombreux pays du Moyen-Orient et d'Afrique, qui ont la possibilité d'accélérer les réformes économiques et la diversification. D'autres pays ont eu de moins bons résultats pour différentes raisons, y compris la poursuite de politiques inappropriées, des conditions climatiques défavorables ou des conflits persistants. Le Comité recommande que ces pays renforcent leurs mesures d'ajustement avec l'aide de la communauté internationale. Le Comité réitère l'importance critique des marchés ouverts et compétitifs dans le cadre des efforts visant à maintenir la croissance et la stabilité de l'économie mondiale et à réduire la pauvreté. Dans ce contexte, le Comité appelle le FMI à poursuivre sa collaboration avec la Banque mondiale, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et les autres acteurs concernés, pour accroître l'efficacité de l'assistance technique en matière commerciale et pour renforcer la capacité institutionnelle.

Le Comité admet que les opérations financières du Fonds doivent continuer à s'adapter à la nature changeante de l'économie mondiale, et notamment à la croissance et à l'intégration rapide des marchés des capitaux internationaux. A cet égard, le Comité approuve les mesures de simplification des mécanismes du FMI. Il estime en outre qu'il faut préserver la capacité du Fonds à fournir et faciliter la fourniture de supports financiers à tous ses membres, en fonction de leur situation individuelle et des implications sociales de cette aide. Le Fonds doit également soutenir les réformes s'attaquant aux problèmes structurels en encourageant les pays à créer des conditions d'accès durable aux capitaux privés, a déclaré M. Fischer.

Dans le cadre de la surveillance de l'usage de ses fonds et des déclarations des pays qui reçoivent l'assistance du FMI, le Comité salue la décision d'instaurer l'audit indépendant des déclarations des banques centrales de ces pays. Pour ce qui est du rôle du secteur privé, le Directeur général par intérim a préconisé l'établissement d'un dialogue renforcé et continu entre les pays qui participent aux marchés des capitaux internationaux et leurs créanciers privés. Des clauses d'action collectives devraient faciliter considérablement la résolution des crises, a-t-il ajouté, avant de saluer l'adaptation des mécanismes de surveillance du FMI aux nouvelles réalités mondiales. Le Comité est d'avis que le Fonds devrait se concentrer davantage sur les points faibles des systèmes financiers. A cet égard, il se félicite que le système d'évaluation de la stabilité financière ait été élargi à 24 pays. Soulignant l'importance des principes de transparence et de responsabilité dans l'élaboration des politiques visant à améliorer le fonctionnement des économies nationales et du système financier international, le Comité salue la décision du Fonds d'établir un bureau d'évaluation indépendant. Le Comité a noté une amélioration récente dans la mise en œuvre de l'initiative PPTE en faveur des pays pauvres très endettés. A cet égard, il salue la décision de fournir régulièrement aux deux organes dirigeants du FMI des rapports sur les progrès en la matière enregistrés dans chaque pays. Le Comité est satisfait de la délimitation claire des rôles respectifs de la Banque mondiale et du FMI, dans le cadre de rapports de coopération. Pour ce qui est du développement de politiques de lutte contre la pauvreté et de l'amélioration des conditions sociales dans chaque pays, le Comité note que le Fonds s'appuiera pleinement sur l'assistance que la Banque fournit prioritairement.

M. ULRICH GYGI, Secrétaire d’Etat aux finances de la Suisse et Président du Groupe des 10, a déclaré que les crises financières qui ont eu lieu ces dernières années ont montré les failles du système financier international. Il a évoqué quelques mesures à l' étude pour en améliorer le fonctionnement et mettre en place un code de conduite. Selon lui, il existe un problème profond de distorsion des flux financiers et la tâche immense qui aurait permis de les corriger a été sous-estimée au cours des années écoulées. Il faut rapidement y trouver une solution, d'autant que l’accumulation d’aide à court terme peut porter un immense préjudice aux pays qui en sont bénéficiaires, comme cela a été le cas lors de la crise asiatique. Le FMI joue aujourd’hui un rôle qui pourrait être amélioré, et la participation du secteur financier privé, qu’il ne faut pas remettre en cause, devrait se poursuivre pour pouvoir résoudre les futures crises. Le secteur financier privé devra être, à l’avenir, partenaire à part entière de la résolution des crises financières.

Il est important que les pays en développement soient parties prenantes des milieux et des centres de décisions internationaux où se discutent des mesures et des initiatives qui les concernent. Ces débats et ces pourparlers devraient donc se tenir dans le cadre des institutions internationales ouvertes aux Etats membres et à la société civile. Concernant cette dernière, il revient à chaque pays de définir la légitimité de ses représentants pour leur participation aux discussions en cours. Il est important, d’autre part, de prendre des mesures efficaces de protection sociale. Les couches les plus démunies de la société doivent faire l’objet d’une certaine attention. Les institutions internationales, il faut le reconnaître, sont devenues plus transparentes et plus ouvertes, ce qui leur permet d’être sensibilisées à cette question. La stabilité macroéconomique est importante dans le redressement des pays et dans la lutte contre la pauvreté. Elle constitue l’un des chevaux de bataille du FMI, qui, par la vertu du respect de ces politiques, peut mobiliser plus d’aide en faveur des nations les plus défavorisées, a déclaré en conclusion M. Gygi.

M. GERMAN SUAREZ,Président de la Banque centrale du Pérou et Président du Groupe des 24, a présenté le compte rendu de la réunion des Ministres du Groupe des 24. Ceux-ci ont estimé que la croissance économique devrait se poursuivre bien que des risques d’instabilité persistent. Si les résultats de la croissance dans les pays en développement sont meilleurs que ce que l’on attendait, les perspectives restent néanmoins précaires. Les politiques macroéconomiques des pays industrialisés doivent prendre en compte non seulement la stabilisation de l’économie nationale mais aussi l’incidence sur les pays en développement, a expliqué M. Suarez, affirmant que les pays ne doivent pas trop avoir recours au taux d'intérêt pour stabiliser leur économie. Il a souligné que la suppression des restrictions à l’exportation est essentielle pour contribuer à la lutte contre la pauvreté. Des efforts ont été faits pour renforcer l’architectue financière, notamment, grâce au régime des taux de change des flux financiers et au contrôle de la la dette. Cependant, il faut aujourd’hui tenir compte de l’effet que peut avoir sur les pays en développement toute mesure de réforme et c’est là que les institutions de Bretton Woods ont un rôle à jouer. L’établissement de codes et de normes internationales doit continuer de relever de la compétence de tout Etat membre, a souligné M. Suarez, et il est important de mettre en place un cadre opérationnel pour prévenir les crises financières. Le rôle du FMI doit rester celui d’un conseiller qui laisse les pays débiteurs et les pays créanciers parvenir, entre eux, à un accord.

Le Groupe des 24 estime que le mécanisme élargi de financement et la facilité de financement compensatoire sont importants et qu'il faut les développer encore pour les rendre plus attrayantes. M. Suarez a fait remarquer que les débats internes et publics doivent viser a améliorer l’efficacité du fonctionnement du FMI et de la Banque mondiale. Les Ministres appuient fermement l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, la contribution des pays donateurs restant toutefois insuffisante. L’allégement de la dette doit venir compléter des ressources qui devraient être mises à la disposition du financement du développpement. Ils estiment aussi qu'il faut protéger l’intégrité

des institutions internationales et accroître la participation des institutions financières régionales. M. Suarez a fait remarquer en conclusion que l’Aide publique au développement a enregistré une relance, ce qui marque la fin d’une période de déclin de cinq ans.

M. MARTINS-KUYE (Nigéria), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a déclaré que la mondialisation et ses mécanismes ont transformé le mode d’intervention des organes du système des Nations Unies dans le domaine du développement. Depuis 10 ans, les institutions internationales de financement se sont attelées à prendre des mesures pour soulager le sort économique des pays en développement. L’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés en est un exemple. Mais les termes de cette initiative sont largement insuffisants car en fait, ils ne visent que les pays qui ont le plus souffert de la transformation de l’économie internationale et des programmes d’ajustement. L’accès au crédit reste fermé à de nombreuses autres nations. Il s’agit de savoir comment la situation des pays à revenu intermédiaire peut être réglée? Plusieurs pays s’endettent aujourd’hui auprès de financiers du secteur privé. Plusieurs dirigeants sont aujourd’hui préoccupés par le fonctionnement des institutions de Bretton Woods, et le représentant a cité ici un rapport du Congrès des Etats-Unis qui demande une réforme de ces institutions. Il semble que la Banque mondiale ait pris des mesures pour réduire le niveau de ses engagements envers un certain groupe de pays. Cela veut-il dire qu’elle a aussi pris des contacts pour que d’autres sources de financements soient mises à la disposition de ces nations? D’autre part, le Groupe des 77 et la Chine aimerait savoir si des consultations ont lieu entre les institutions de Bretton Woods et l’OMC? Et si oui, qu’en est-il?

Le Nigéria a, pour sa part, décidé de mettre de l’ordre dans sa propre maison. La société civile et l’armée ont pris l’engagement de renforcer la démocratie, de réduire les dépenses militaires, de limiter l’inflation à moins de 10% et de prendre des mesures favorisant la croissance et la lutte contre la pauvreté. C’est là son engagement en faveur du développement.

M. PINA MOURA, Ministre des Finances du Portugal, a estimé, au nom de l’Union européenne, que cette réunion devrait se concentrer sur les modalités permettant de renforcer et de rendre plus stable le système financier international afin qu’il réponde aux défis auxquels font face les pays en développement et qu’il fasse la promotion de l’égalité économique et sociale en vue d’éliminer la pauvreté. La mondialisation comporte des bénéfices mais elle nous oblige aussi à prendre en compte les risques qu’elle fait courir tant aux pays en développement qu’aux pays développés. Les institutions financières multilatérales doivent répondre à ces défis en développant de nouvelles formes de coopération et en travaillant ensemble à la réalisation des objectifs élaborés en commun lors des grandes conférences mondiales des années 90. L’Union européenne attache une grande importance à la tenue de la réunion de haut niveau sur le financement du développement qui réunira les acteurs engagés dans la coopération internationale pour le développement, dont notamment les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle soutient les vues du Comité du Fonds Monétaire international(FMI) concernant la direction dans laquelle le FMI et le système financier international doivent évoluer. Le FMI doit être réformer afin d’éviter de nouvelles crises financières et d’améliorer la coordination de la coopération internationale pour le développement. Il doit devenir plus efficace, plus transparent et plus responsable. L’Union européenne est attachée à l’idée d’un FMI universel, partenaire de tous les Etats Membres, riches ou pauvres. Elle considère que la fonction du FMI de préserver la stabilité financière et monétaire doit être accomplie grâce à la surveillance - un des instruments les plus importants du FMI en matière de prévention des crises qui inclut les questions macroéconomiques et les réformes structurelles, y compris la promotion de la transparence et la mise en œuvre des normes et codes internationaux – et, grâce au soutien aux balances des paiements des pays en difficulté par le moyen de mécanismes appropriés et de programmes d’ajustement. Pour sa part, la Banque mondiale est l’institution centrale en charge de la réduction de la pauvreté et de la stabilité macroéconomique. Par conséquent une coordination plus grande entre les institutions de Bretton Woods doit permettre d’éviter les doubles emplois et l’inefficacité des politiques. A cet égard, l’Union européenne se félicite du document sur la stratégie de réduction de la pauvreté qui se base notamment sur une approche par pays. L’Union européenne se félicite de la reprise rapide de l’économie mondiale en 1999 et est encouragée par les perspectives pour l’an 2000. Elle soutient les vues du Comité du FMI sur l’importance de marchés concurrentiels et ouverts pour soutenir la croissance et la stabilité de l’économie mondiale et pour réduire la pauvreté.

L’Union européenne considère que la réforme doit permettre au FMI de rester universel et de se concentrer davantage sur la prévention des crises. Elle soutient les efforts continus pour développer un cadre de codes et de normes économiques et financières qui soit accepté et mis en œuvre par tous les pays participant au système financier international. Elle considère qu’un engagement plus fort dans le secteur privé est crucial pour la prévention et la résolution des crises et que la transparence joue un rôle clef dans la promotion de la propriété, la responsabilité et la bonne gouvernance en ce qu’elle favorise en retour le flux des capitaux privés vers les pays en développement. L’Union européenne considère l’Initiative relative à la dette des pays pauvres très endettés (HIPC) comme essentielle à la promotion de l’égalité économique et sociale visant l’élimination de la pauvreté et se félicite des propositions de la Banque mondiale, du FMI et des participants de la société civile pour l’approfondir et l’élargir. L’Union européenne insiste auprès de la Banque mondiale et du FMI pour que ¾ des pays éligibles au titre de cette initiative en bénéficient d’ici à la fin de l’an 2000. A cette fin, l’Union européenne a décidé de contribuer largement au financement de cette initiative, en allégeant la dette, en fournissant une aide supplémentaire et en contribuant à hauteur de 734 millions d’euros au fonds d’affectation spéciale de l’initiative et encourage tous les pays et institutions engagés dans cette initiative à en faire de même.

M. AMATO (Italie) rejoignant les propos du Secrétaire général, a souligné le rôle crucial de la stabilité financière et la réforme de l’architecture financière internationale. Puisque la mission du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale est de permettre à chacun de tirer parti des bénéfices de la mondialisation, les ressources de ces institutions doivent être utilise à cette fin et se concentrer sur les économies les plus faibles. Rappelant que l’Italie a été l’un des premiers pays à demander que la dette soit annulée à 100%, le représentant a averti que si d’autres ressources n’étaient pas libérées et si les barrières qui protégent les marchés n’étaient pas levées, cette démarche demeurerait sans résultat. M. Amato a estimé que la stabilité financière fait de plus en plus partie de la mission du FMI. A cet égard, les déséquilibres des balances de paiement sont aussi dangereux que ceux des comptes courants. Le représentant a fait remarquer que le ressentiment à l’égard de ce qui est imposé aux pays est probablement du à la réduction de la légitimité des institutions qui proposent ces normes. La communauté internationale doit résoudre cette question au plus vite, a-t-il ajouté. La création du Groupe des 20 a, par exemple, été un élément positif qui a permis de faire participer de nouveaux interlocuteurs.

Les normes imposées aux pays, lorsqu’elles ne sont pas élaborées de manière démocratique, ont tendance a être unilatérales et standardisées et non adaptées aux besoins des différents pays, a insisté M. Amato, jugeant cette question cruciale pour l’avenir.

Mme FERRERO WALDNER, Ministre de la Coopération de l’Autriche, a déclaré que la réunion annuelle entre les institutions de Bretton Woods et le Conseil économique et social (ECOSOC), lancée il y a quelques années, est un excellent cadre de discussion des dimensions économiques et sociales du développement. Les approches diplomatiques au début de ce nouveau siècle doivent être multisectorielles et pluridisciplinaires. Les dernières consultations du Conseil de sécurité consacrées à l’Afrique ont amplement démontré que cette démarche était la mieux adaptée à notre époque.

La lutte contre la pauvreté est un thème important de l’ordre du jour du Ministère à la coopération de l’Autriche. Il est nécessaire à cet égard de mieux coordonner nos initiatives en vue d’optimiser l’usage des ressources que nous pouvons consacrer à cette tâche, et mettre à la disposition de l’amélioration de la vie des individus. La marginalisation et l’exclusion se sont accrues, ces dernières années, et le nombre de personnes qui vivent aujourd’hui avec moins d’un dollar par jour a atteint des proportions alarmantes. Les paroles de M. Camdessus avant son départ du FMI pourraient servir d’hypothèse de travail à cette assemblée. Que pouvons-nous faire pour améliorer le sort de cette importante faction de l’humanité qui vit dans le dénuement? Notre réunion, aujourd’hui, devrait se situer dans la continuation du Sommet du Groupe des 77 et la Chine, qui vient de se tenir à La Havane, et devrait se soucier des thèmes qui viennent d’être discutés par les assemblées de printemps des institutions de Bretton Woods.

M. MERTLIK (République tchèque) a souligné que des pays comme la République tchèque font face à une tâche très difficile de réforme économique et sociale. Dans le cadre de ce processus, des gouvernements et des structures appropriées sont essentiels pour utiliser efficacement les rares ressources fournies généreusement. Une leçon de la décennie qui vient de s’achever est qu’il convient d’améliorer le cadre institutionnel de nos économies pour ne pas gaspiller ces ressources. Tous les pays qui bénéficient d’un appui extérieur doivent le faire sous condition d’une bonne gouvernance. Le représentant a souligné l’importance d’une coopération efficace entre les organisations internationales qui doivent coordonner leurs efforts pour faire face aux problèmes de la pauvreté. Il s’est félicité que, ces dernières années, les institutions sont davantage en mesure d’entamer le dialogue sur ces questions. L’agent principal dans la restructuration d’un pays est le pays lui-même qui doit être en mesure de mettre en valeur ses propres ressources et de s’aider lui-même de façon appropriée. Il faut aider tous les pays en situation défavorable à améliorer leur position pour qu’ils puissent participer à l’économie internationale.

M. PHILIP J. PIERRE, Ministre du commerce, des services financiers internationaux et de la consommation de Sainte -Lucie, s'exprimant au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a fait remarquer que, pour être en mesure de tirer avantage des possibilités qu'offre le développement, les pays de la région des Caraïbes doivent faire en sorte que leurs systèmes financiers soient sains, stables et sûrs. Il a rappelé la grande dépendance des pays des Caraïbes face au commerce international, aux exportations (de biens et de services) et aux importations (pour les revenus gouvernementaux). Il a indiqué aussi que les obstacles à un transfert sans entrave des paiements au-delà des frontières nationales peuvent avoir des répercussions très négatives sur les perspectives de croissance et de développement des îles. Par ailleurs, dans les pays des Caraïbes comme dans les pays en développement en général, les banques commerciales se trouvent au cœur des systèmes de paiement. L'amélioration du contrôle de ces institutions devrait par conséquent représenter un domaine de priorité pour les autorités de contrôle.

En réponse à la baisse des flux financiers internationaux vers la région des Caraïbes, plusieurs initiatives ont été prises, parmi lesquelles celles de la Banque Centrale de l'Est des Caraïbes (ECCB) en vue de développer un marché régional de valeurs au niveau des gouvernements, qui sera bientôt opérationnel. L'objectif de cette initiative est de mobiliser les fonds au sein de la région de l'ECCB afin de financer différents programmes dans des pays donnés et de promouvoir la croissance économique et sociale ainsi que le développement. Parmi les modalités qu'examinent les pays des Caraïbes pour renforcer et stabiliser le système financier international figurent, entre autres, l'amélioration du contrôle des banques commerciales, l'élaboration de programmes régulatoires notamment pour les institutions financières non bancaires et la réforme des systèmes de paiement en vue de réduire les risques systémiques. Le représentant a rappelé que la vulnérabilité des mouvements de capitaux, en particulier des capitaux à court terme, étant une question critique dans la région des Caraïbes, des efforts supplémentaires en vue de réduire cet état de fait doivent être déployés pour le développement futur de la région.

M. AZIZ (Pakistan) a insisté sur la mise en place de mécanismes concernant le règlement des problèmes causés par la dette et son service. De nombreux pays, qui ne sont pas pris en compte par l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés, sont, eux aussi, lourdement endettés. Il est nécessaire de mettre en place des indicateurs de pauvreté pour permettre d’avoir une meilleure évaluation de cette question et améliorer les conditions et modalités d’intervention des institutions de Bretton Woods. D’autre part, il a estimé que ce sont les échanges et non l’aide qui permettront de sortir les pays en développement de la mauvaise passe dans laquelle ils se trouvent.

Mme WIEZCIZEKZEUL, Ministre de la Coopération et du Développement de l’Allemagne, a associé sa délégation à la déclaration faite par le Portugal au nom de l’Union européenne. Nous soutenons d’autre part les termes de l’allocution du Secrétaire général, a t-elle dit. Elle a dit comprendre certaines craintes exprimées par ceux qui ont manifesté au cours des derniers jours à Washington. La mondialisation exige des normes et des règles qui en fassent un phénomène à visage humain et le Gouvernement allemand est en faveur des changements dans les institutions de Bretton Woods.

Comment lutter contre la pauvreté? L’Allemagne pense qu’il faut que le processus de décision au sein de l’OMC tienne compte de la présence et des intérêts des pays en développement qui en sont membres et qui sont concernés par les décisions prises. Nous sommes prêts à ouvrir nos marchés au pays du Sud, a affirmé la Ministre. Mais comment la production des pays en développement peut- elle être adaptée à ces marchés, compte tenu des évolutions technologiques que le monde a connues au cours de ces dernières années ? Il faut conjuguer allégement de la dette et élimination de la pauvreté. Il faut permettre aux pays concernés de garder des possibilités de financement externes. Il faut aussi leur assurer un minimum de structures de soins et des prestations sociales. Les pays riches doivent se concerter de manière plus opérationnelle et, à cet égard, la Ministre s’est réjouie de la collaboration établie avec certains de ses partenaires européens. Elle a espéré que le début du siècle qui commence verra disparaître la pauvreté et s’épanouir la démocratie dans le monde.

M. RESTREPO (Colombie) a souligné que les réunions de Washington ont abouti, malgré les manifestations, a des progrés sur le role du FMI et de la Banque mondiale par rapport a l’architecture internationale financière. Il a évoqué la révision du concours du secteur privé de même que la fonction de surveillance du FMI dans ce domaine. La Colombie jouit de l’appui de la Banque Mondiale et de la Banque interaméricaine de dévelopment a travers un crédit au secteur financier colombien, a-t-il indiqué. En ce qui concerne les facilités de financement du FMI, il est important de maintenir le mécanisme élargi de financement qui permet des réformes structurelles et ne limite pas l’aide à des ressources à court terme. La Colombie insiste sur le fait qu’il faut prendre des dispositions de précaution pour ce qui est de la participation du secteur privé dans la fourniture de fonds. Comme l’a constaté le Comité monétaire et financier, il convient de recherche une solution au cas par cas puisque le concours du secteur privé dépend de la situation spécifique de chaque pays. Le représentant s’est réjoui du fait qu’actuellement l’Amérique du sud enregistait des signes de reprise qui devront être consolidés par des ressources extérieures. Il a appuyé la stratégie mise en place par le FMI et la Banque mondiale en matiere de réduction de la pauvreté.

M. RADEV, Ministre des finances de la Bulgarie, a observé que les mandats des institutions de Bretton Woods exigent une coopération efficace entre la Banque mondiale et le FMI, dont les actions doivent être complémentaires et concertées. Le FMI est-il d’accord pour un partage efficace du travail avec la Banque mondiale? M. Stanley Fischer pourrait-il répondre à cette question?

M. CARAMURI DE PANA (Brésil) a déclaré qu’après la réunion qui vient de se tenir à Washington, et malgré les hauts et bas de la Bourse ces derniers jours, l’économie internationale donne des signes de bonne santé. Mais, en ce qui concerne la situation des pays en développement, comment peut-on trouver un équilibre entre les politiques macroéconomiques voulues par la communauté internationale et la nécessité de laisser les pays concernés élaborer eux-mêmes des programmes adaptés à leurs réalités? Comment intégrer aussi les petits pays au nouveau contexte international? Et quelle est la solution à trouver pour une meilleure libéralisation des échanges? Ces questions se poseront avec acuité au cours des mois et années à venir et seront au centre de tous les débats internationaux. Il faut arrêter la progression de l’écart croissant entre pays riches et pays pauvres et mettre fin à la marginalisation d’une importante partie de l’humanité.

M. MANUEL (Afrique du Sud) a déploré la situation de pauvreté et d’inégalité actuelle qui doit impérativement conduire à l’évaluation des institutions financières internationales et de leurs politiques. Si des changements significatifs ont eu lieu comme nous en informent les experts, les institutions de Bretton Woods et leurs structures doivent être néanmoins restructurées notamment par rapport à la représentation et à la prise de décision. En effet, les facilités de financement sont souvent utilisées par les pays les plus mal représentés. Il est impératif que cette réunion refuse la suppression des institutions de Bretton Woods car celles-ci occupent une place particulière et prennent en compte les besoins des pays en développement. Le représentant a fait remarquer que les relations entre les membres des institutions ressemblaient à celles qui existent au sein d’une union de crédit et non pas à celles qui règnent à Wall Street. Aujourd’hui les plus grands risques sont liés à l’inertie, a affirmé le représentant, recommandant que l’on reconsidère le mécanisme de prises de décision dans les institutions financières au cours de la Réunion de haut niveau de 2001.

M. XIAO GANG (Chine) a indiqué que la communauté internationale doit réformer le système financier actuel pour parvenir à une croissance économique soutenue et permettre que les pays en développement soient traités sur un pied d’égalité. Les pays développés appliquent actuellement une politique de deux poids deux mesures quand il s’agit de l’ouverture de leurs marchés. Cette attitude non seulement nuit a l’expansion des pays en développement, mais aussi à la paix et à la stabilité internationales. Les nations industrialisées se sont trop préoccupées des matières premières et n’ont pas assez prêté attention à la circulation de la main d’œuvre et des technologies. Les pays développés sont aujourd’hui les principaux bénéficiaires de la mondialisation et ils devraient prendre des mesures pour renforcer les économies des pays en développement et leur ouvrir leurs marchés, a souhaité le représentant, demandant le transfert d’une partie des gains de la mondialisation en direction des pays en développement. En tant qu’organisation intergouvernementale, les Nations Unies devraient renforcer leur collaboration avec les institutions de Bretton Wood de façon à assurer la pleine participation des pays en développement à la prise de décision dans ce domaine. En outre, les institutions devraient exécuter leur tâche sans considération politique et ne pas favoriser les intérêts de certains groupes. Dans ce cadre, la capacité de participation des pays en développement au processus de réforme doit également être améliorée.

Mme ANNE KRISTIN SYDNES, Ministre du développement international de la Norvège, a estimé que les réunions récentes de La Havane et de Washington ont démontré l'importance des questions traitées aujourd'hui. La Norvège est, pour sa part, disposée à examiner en détail les propositions du Sommet du Groupe des 77 qui a clairement fait de la pauvreté, de la dette, du commerce et du financement international des questions prioritaires. Elle est également prête à collaborer en vue de régler ces problèmes. La similarité des questions à l'ordre du jour des réunions de La Havane et de Washington est frappante et reflète la perception commune qui prévaut quant aux priorités de la coopération internationale pour le développement. Mais plus remarquable encore, pour Mme Sydnes, est le fait que les manifestants de Washington ont eux aussi le même ordre du jour. Simplement, ils ne semblent pas en être conscients, a-t-elle fait remarquer, avant d'ajouter que la faute en revient aussi pour une part aux institutions financières, elles-mêmes, qui n'ont pas su faire passer leur message.

La Ministre s'est ensuite dit encouragée par l'émergence d'une nouvelle architecture du développement, tel que le Cadre d'aide au développement des Nations Unies (UNDAF) ou les études stratégiques de pays pour réduire la pauvreté. Elle a qualifié de cruciale l'importance de l'initiative HIPC, mais a précisé que pour que tous ces outils fonctionnent correctement, les pays concernés doivent prendre la barre en main et se réapproprier leur propre développement. De leur côté, les institutions multilatérales et les bailleurs de fonds doivent coordonner leurs efforts en mettant en commun leurs ressources, en évitant les doubles emplois et les gaspillages et en optimisant les effets de leurs activités. Il faut enfin s'assurer que les Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et les banques régionales de développement œuvrent, ensemble, dans le même sens. A cet égard, la Réunion de haut niveau sur le financement du développement, programmée l'an prochain, offre une occasion à ne pas manquer. L'évaluation à mi- parcours des Sommets de Beijing et de Copenhague fournissent l'occasion de redynamiser la coopération internationale en faveur de la réduction de la pauvreté par l'intermédiaire d'un développement social intégrant les questions de sexospécificité. Les institutions de Bretton Woods devraient participer activement à ces événements importants, a estimé Mme Sydnes.

La Ministre s'est dit préoccupée par l'insuffisance du financement de l'initiative HIPC. Afin de ne pas compromettre l'Assistance internationale au développement et les autres sources de financement, le processus de négociation sur le financement de l'initiative doit, selon elle, impérativement être séparé et transparent. Parallèlement, il faut régler la question intolérable du niveau bas de l'Aide publique au développement. Pour ce faire, les pays donateurs doivent impérativement honorer les engagements pris lors des grandes conférences des années 90. Pour sa part, la Norvège dont l'APD atteint déjà 0,9% de son Produit national brut, entend porter cette proportion à 1%.

M. MARTINEZ-AGUILAR (Mexique) a dit qu’il est de plus en plus évident qu’il faut consolider les efforts communs des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods. Il est satisfaisant de noter l’accent mis par la Banque mondiale et le FMI sur les aspects sociaux des crises. Il faut renforcer les efforts en faveur des secteurs les plus vulnérables des sociétés affectées par les crises financières et économiques. Il convient d’accorder une importance particulière à la dimension régionale des crises et aux efforts à consacrer à leur résolution. Le Mexique a organisé à cet égard une réunion régionale au mois de septembre dernier, qui a mis l’accent sur la juste répartition des revenus de la croissance mondiale. L’éducation a aussi été au centre des débats de cette réunion et il faudrait que la communauté internationale s’en soucie davantage et appuie les initiatives en sa faveur.

M. TIDJANI-DOURODJYE (Togo) a dit que la question qui se pose aujourd’hui est celle de trouver une réponse à la réduction de la pauvreté et à la nécessité de faciliter l’accès à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés. Une concertation doit être institutionnalisée entre le FMI, la Banque mondiale et l’OMC. C’est à cette condition que l’on pourra éviter une marginalisation accrue des pays du continent africain qui ont besoin d’une intégration juste aux échanges mondiaux.

M. METIVIER (Canada) a indiqué que la coopération est un ingrédient fondamental des progrès futurs. Les documents stratégiques de lutte contre la pauvreté ont aussi un rôle essentiel à jouer, bien qu’ils présentent l’inconvénient de demander parfois beaucoup de temps de préparation. Le représentant a estimé que l’Initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés doit être considérée de manière souple pour ne pas limiter la capacité d’agir des pays et ne pas faire de l’allégement de la dette une contrainte. Pour ce qui est des questions relatives au financement du développement, le Canada appuie le processus de préparation de la Réunion de haut niveau de 2001 qui ne sera efficace que si un maximum d’interlocuteurs y participent et si les discussions se fondent sur les résultats des Sommets des dix dernières années.

M. CULLEN (Nouvelle-Zélande) a fait remarquer que le consensus des élites n’est pas toujours partagé par la population et qu’il faut faire mieux en matière de communication. La Nouvelle-Zélande se félicite du rapport de la Banque mondiale sur la vulnérabilité des petits Etats et appuie l’Initiative HIPC. En ce qui concerne la réforme de l’architecture financière internationale, le représentant a appuyé les remarques du Président, à savoir la nécessité d’une plus grande transparence et l’examen du problème de la mobilité des capitaux.

M. SHARMA, Sous-Secrétaire d’Etat aux finances de l’Inde, a déclaré que le système d’échanges mis en place à l’OMC est profondément inéquitable. L’Inde, qui a été l’un des premiers Etats parties à certains accords et codes commerciaux internationaux estime que la mise en oeuvre de certaines mesures, et notamment les normes, laisse fortement à désirer. Le respect des normes doit tenir compte de la situation et de l’évolution de chaque pays, tous les systèmes juridiques n’ayant pas atteint le même stade de développment. La lutte contre les pandémies, et notamment celle du VIH/sida dans les pays en développement est une priorité, si on veut leur donner la moindre chance de développment économique. L’Inde est en faveur du maintien et du renforcement des rôles de la Banque mondiale et du FMI.

M. DROBNIAK (Croatie) a dit que l’ONU doit utiliser ses avantages comparatifs pour devenir le forum de prédilection de la mondialisation. Parlant des principes généraux en ce qui concerne le système financier international, il faudrait développer le multilatéralisme et la transparence. Il revient à chaque pays de chercher à préserver ses équilibres internes. Quant aux institutions de Bretton Woods, elles doivent appuyer la mise en place de systèmes de gouvernement responsables et transparents. La mise en place de filets de sécurité sociaux est aussi un impératif auquel elles doivent s’atteler. Des politiques sectorielles doivent être énoncées et appliquées en faveur de la bonne gouvernance et de la lutte contre la pauvreté. L’architecture financière mondiale doit se réformer en faveur de la lutte contre la pauvreté et non en faveur des riches qui se sont toujours plus enrichis au cours de ces dernières années. Les portes de l’OMC doivent être équitablement ouvertes à tous, et la Croatie attend son accès à cette organisation.

Mme HERFKENS (Pays-Bas) a fait remarquer que le système des institutions de Bretton Woods est un système universel dans lequel tout le monde possède une voix. Au Comité du développement, par exemple, il y a un système représentatif où les petits pays pauvres s’expriment par le biais d’un représentant de leur groupe. Dire que ce système ne marche pas revient à oublier que les Etats membres ne travaillent pas suffisamment pour le faire fonctionner, a affirmé la représentante, estimant que toutes les autres possibilités de représentation sont moins démocratiques. La stratégie participative de réduction de la pauvreté locale représente un succès important et elle doit être appuyée par une collaboration efficace, a noté la représentante.

Mme TUYA (Mongolie) a souligné que la volonté politique nationale, l’élaboration de programmes explicites, la formation de partenariats avec la communauté des donateurs et la persévérance sont essentiels à la réduction de la pauvreté. En Mongolie, un programme national pour atténuer la pauvreté a été mis en place, la Mongolie ayant été l’un des premiers pays à signer un accord dans ce domaine avec la Banque asiatique de développement. La représentante a salué le rapport 2000 du PNUD sur la pauvreté. A cet égard, la Mongolie estime que les questions de bonne gouvernance doivent être examinées pour que la lutte contre la pauvreté soit bien menée. En outre, il est important de renforcer la coopération pour répondre aux besoins des pays sans littoral en développement qui payent environ 18% des frais d’exportation pour les coûts de transport. La représentante a évoqué la place d’un partenariat public-privé, en particulier pour ce qui est de l’utilisation des technologies de l’information qui offrent de meilleures possibilités dans le cadre de la mondialisation. Elle a salué le dialogue constant qui a lieu actuellement sur le développement.

M. SAMAD, Premier Secrétaire du Premier Ministre du Bangladesh, a déclaré que la lutte contre la pauvreté était le combat le plus urgent de la communauté internationale. Le Bangladesh partage les propositions faites par le Secrétaire général dans son Rapport du Millénaire. Le nouvel ordre économique international que veulent les pays en développement demande un régime commercial plus juste et plus équitable. Nous ne demandons pas l’aide gratuite, mais le commerce équitable, a-t-il insisté. Les stratégies de développement doivent être conçues au niveau national. Les causes de la pauvreté sont mal connues, car peu étudiées et peu discutées par les milieux internationaux. La pauvreté est le résultat de la structure de l’économie politique qui voit l’action de différents acteurs et une affectation des ressources qui ne se fait pas en faveur des pauvres. Il y a beaucoup de discours et beaucoup de bonnes intentions, mais le résultat attendu ne se produit pas dans la vie des gens. L’objectif de réduction de la pauvreté à l’horizon 2015 est louable, mais nous devons prendre dès maintenant les mesures concrètes qui permettraient de l’atteindre. Les évènements qui se sont produits à Seattle puis à Washington sont là pour nous rappeler que tout ne va pas bien.

M. KEMP (Australie) a dit que la responsabilité du développement incombe à toute la communauté internationale. Tous ceux qui coopèrent aux efforts de lutte contre la pauvreté doivent collaborer avec les gouvernements des différents pays pour leur faire comprendre l’importance de l’intégration à la mondialisation. M. Stanley Fischer a eu raison de dire qu’il ne servirait à rien de réduire ou annuler la dette si on ne favorise pas aussi les possibilités de promotion des échanges commerciaux en faveur des pays concernés. Les petits pays et les pays insulaires doivent recevoir une attention particulière au vu de leur vulnérabilité. Il faut leur favoriser un accès à des débouchés durables.

Mgr DIARMUID MARTIN (Saint-Siège) a souligné que l’investissement dans l’individu est aussi une nécessité économique. Il a félicité les gouvernements qui ont tenu leurs promesses en matière de l’Initiative HIPC. De même, il est nécessaire d’investir dans la société civile pour qu’elle participe plus pleinement aux changements. Le Saint-Siège a noté que l’on ouvre plus facilement les marchés aux pays qui ont déjà des avantages comparatifs. Dans ce contexte, il faudra donc s’efforcer d’offrir un meilleur accès aux pays les moins développés. Le Saint-Siège a demandé si l’on avait pu envisager l’utilisation de la réduction des dépenses militaires pour lutter contre la pauvreté.

Mme BETTY KING (Etats-Unis), se référant aux propos de la représentante des Pays-Bas, a insisté sur la nécessité d’une bonne représentation dans les institutions financières internationales. Elle a indiqué que son pays appuie la réforme du FMI et de la Banque mondiale qui ont mis au premier plan de leurs priorités la réduction de la pauvreté. Il faudra une nouvelle division du travail entre la Banque et le FMI, a-t-elle ajouté, pour mettre en place des réformes fondamentales et conserver le rôle du FMI en matière d’évaluation macroéconomique. Il faudra sans cesse faire pencher la balance vers les pays qui en ont le plus besoin et qui utiliseront bien les ressources attribuées. Les Etats-Unis estiment que les institutions de Bretton Woods doivent des comptes à leurs actionnaires.

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a déclaré que la résolution de la question sociale est essentielle à l’heure actuelle. Les Etats Membres doivent savoir que l’Union européenne a lancé, dans le cadre de Copenhague + 5, une initiative en faveur des services sociaux. Le Royaume-Uni estime que l’ONU a des avantages comparatifs en ce qui concerne toute discussion et tout programme relatifs aux questions sociales. C’est pourquoi, l’Organisation devrait travailler avec la Banque mondiale pour résoudre la question sociale.

Concernant les questions de sécurité, il s’avère nécessaire de rapprocher les travaux du Conseil économique et social et ceux du Conseil de sécurité.

M. BOJER (Danemark) a dit que le processus actuel permet de travailler en faveur de l’émergence d’un consensus sur les termes et les conditions d’une économie internationale à visage humain. L’ONU et les institutions de Bretton Woods doivent travailler ensemble pour trouver des solutions acceptables aux questions qui se posent actuellement. Il a demandé au représentant du FMI si cet organisme partage l’idée des initiatives en cours et est prêt à y participer pleinement. La réforme de l’architecture financière internationale doit être liée à la question du financement du développement, et le Danemark attend que l’on se joigne à lui pour travailler aux questions liées à ce problème.

M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a noté que les inégalités entre les richesses actuelles sont très profondes et aliènent certains pays pour qui cette situation ne peut être viable. La mondialisation et la libéralisation des échanges ont eu des retombées tout à fait inégales sur les marchés internationaux et les mouvements de capitaux ont rendu plus vulnérables les pays du Sud. Au vu de la dette des pays en développement, qui se situe à 2 500 milliards de dollars, le représentant a estimé que l’Initiative HIPC ne couvre qu’une petite partie de ce qui serait nécessaire. En outre, seuls 4 pays sur 33 ont pu satisfaire aux exigences de l’Initiative. Les règles du protectionnisme sont bien sélectives, a- t-il ajouté, comme l’a réaffirmé le Sommet du Groupe de 77 à La Havane. L’ordre économique international est un colosse aux pieds d’argile et ne bénéficie qu’à 20% de la population, a-t-il déploré, s’indignant de cette situation insupportable.

Réponses aux questions

M. SVEN SANDSTRÖM, Directeur général de la Banque mondiale, a estimé qu’il y avait une convergence de points de vue entre les initiatives prises par la Banque en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté et les soucis évoqués par les délégations. A l’avenir, les mesures qui seront prises en faveur du financement du développement devraient encore plus rapprocher les points de vue des différents pays. Les préoccupations du Groupe des 77 et la Chine devraient trouver des réponses acceptables. Il est question de lier le niveau de l’aide à celui du niveau de pauvreté de chaque pays, et la Banque mondiale, avec la communauté des donateurs, travaille dans ce sens. A cet égard, les dépenses militaires feront l’objet d’un examen scrupuleux pour voir dans quelle mesure ces dépenses et toutes celles qui ne sont pas productives obèrent les possibilités de développement des pays en difficulté. L’allégement de la dette représente quelques 15 milliards de dollars, et le fonds PPTE en faveur des pays pauvres très endettés doit faire l’objet de discussions au cours de cette année.

Il a précisé qu’une réunion importante aura lieu pour déterminer la participation de la Banque internationale pour le développement et du Club de Paris aux stratégies qui permettront aux débiteurs les plus pauvres de bénéficier de l’initiative PPTE. L’accès aux marchés étant crucial pour le développement des pays du Sud, sa nécessité sera incluse dans les discussions. Concernant l’OMC, les discussions avec son Directeur, M. Michael Moore, ont permis de conclure qu’une coopération accrue entre la Banque, le FMI et l’OMC était nécessaire.

A ce sujet, on examinera au mois de juillet les moyens de renforcer le cadre intégré de cette coopération. Concernant la Banque mondiale, l’accent sur la lutte contre la pauvreté sera maintenu et l’atténuation de la dette fera l’objet d’une politique soutenue. Avec tous les donateurs, la Banque doit aider les pays à définir eux-mêmes les stratégies à mettre en place en la matière.

M. GIGY a précisé que les institutions de Bretton Woods ont été conçues en tenant compte du niveau économique de chaque pays. Il a partagé le point de vue de la représentante des Pays-Bas qui a estimé que ce système est bien défini et fonctionne. Si les règles devenaient inadaptées, il faudrait envisager de les réviser.

M. FISCHER a noté que le projet de participation du FMI aux réunions de haut niveau est un projet intéressant. Il a fait remarquer que contrairement à ce que certains semblent penser les propositions commerciales ne couvrent pas une pénurie d’aide. Il est cependant vrai que très peu de pays dépassent 0,7% de leur PNB pour financer l’aide au développement et que ceux qui se prétendent en faveur du libre échange ne font pas toujours des propositions qui reflètent ce point de vue. Si les méthodes de coopération entre le FMI et la Banque mondiale sont souvent informelles pour des raisons d’économie, a précisé M. Fischer, dans certains domaines, des modes de coopération plus officiels ont été mis en place et un Comité d’exécution commun a été créé dans le cadre de l’Initiative HIPC. Le FMI doit tenir compte des incidences sociales de ses politiques de même que la Banque doit tenir compte du contexte macroéconomique de chaque pays. Selon M. Fischer, les stratégies des pays sont tout aussi importantes que les stratégies des institutions de Bretton Woods. Il a rappelé qu’une évaluation du secteur financier aide les pays qui le demandent en utilisant des normes internationales pour mesurer la vigueur de leur système.

Quant a la question de Mgr MARTIN a propos des dépenses militaires, M. FISCHER a indiqué que le FMI n’évalue pas ce qui se passe à l’intérieur des budgets militaires mais fait régulièrement rapport sur les dépenses militaires dans chaque pays. Il est par exemple difficile de prôner un allégement de la dette dans les pays où il y a des dépenses militaires massives. Il a noté un changement dans la manière dont chacun est disposé à examiner cette question.

M. GERMÁN SUAREZ, Président de la Banque centrale du Pérou et Président du Groupe des 24, a dit son accord avec les déclarations faites par la délégation des Pays-Bas en ce qui concerne l’initiative en faveur des pays des pays pauvres très endettés. L’intégration des pays en développement doit être facilitée au sein de l’économie internationale, a-t-il déclaré. Il a précisé à l’assistance que le Groupe des 77 avait demandé que la participation de ses membres soit facilitée lors de la réunion internationale qui se tiendra sur la question du financement du développement.

Remarques de clôture

M. MAKARIM WIBISONO, Président du Conseil économique et social, a regretté que de nombreux pays ne soient pas inclus dans le dynamisme actuel de l’économie internationale. Au contraire, leur marginalisation s’est accrue. La mondialisation est un processus inégal qui exige qu’on lui impose de nouvelles règles politiques et techniques, a-t-il souhaité. Des conditions devraient être créées pour permettre une participation efficace des pays en développement et en transition aux processus de la nouvelle économie internationale dont ils sont pour le moment exclus. L’évolution du fonctionnement des institutions internationales est incomplète et parcellaire et doit faire l’objet de réformes visant une meilleure participation des pays en développement. L’ECOSOC se fait un devoir d’entretenir un dialogue fructueux avec les institutions de Bretton Woods. Nous avons besoin de liens vigoureux entre les institutions et les programmes du système entier de l’ONU, a dit M. Wibisono, ajoutant que l’on doit respecter les aspirations et les rêves de nos peuples et de nos pays sans exclusion. Notre réunion annuelle a fait la démonstration de la valeur d’un dialogue qui doit créer la compréhension entre nos politiques, nos institutions et les Etats Membres.

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